UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES - MICM-arc
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UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES - MICM-arc
UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de Philosophie et Lettres LES ATELIERS D’ARTISTES Les ateliers de Géo Bernier et Jenny Hoppe situés au 4, rue de la Réforme à Ixelles URBANOWIEZ Fanny Travail présenté dans le cadre du cours Questions d’histoire comparée des arts en Belgique HAAR-B-5085 Laurence Brogniez et Tatiana Debroux ANNÉE ACADÉMIQUE 2013-2014 1 Introduction Dans le cadre du cours de questions d’histoire comparée des arts en Belgique, nous travaillons cette année sur les ateliers d’artistes à Bruxelles. En tant qu’étudiants en langues et littératures françaises et romanes, notre objectif est de rassembler une documentation la plus complète possible sur certains ateliers. Cette recherche documentaire sera éventuellement mise à disposition d’étudiants en architecture afin qu’ils puissent ensuite réaliser des courts-métrages en images de synthèses sur les bâtiments concernés. Ce travail s’intègre au projet de recherche plus général « MICM-arc », qui entend « questionner l’identité métropolitaine qui émerge de la rencontre entre mobilité et culture »1. Dans ce présent travail, je me concentrerai plus particulièrement sur les ateliers du couple d’artistes peintres Géo Bernier et Jenny Hoppe, situés au 4, rue de la Réforme, à Ixelles. Une première partie sera consacrée à l’aspect documentaire à proprement parler. Elle visera à remettre les ateliers dans leur contexte, en regard notamment de sources de l’époque telles que des coupures de presse, des lettres, des photographies, etc. Je tâcherai d’informer sur les personnes impliquées dans la création du lieu (les deux artistes et l’architecte) et de décrire au mieux les ateliers dans leur dimension artistique et sociale, dans leur dimension architecturale, et en tant que lieux représentés, porteurs d’une certaine image pour les artistes. La deuxième partie de ce travail sera plus créative puisqu’il s’agira d’un scénario inventé dont les étudiants en architecture pourront peut-être s’inspirer pour la réalisation de leur court-métrage sur la maison. Ce scénario a pour objectif de rendre compte de façon attractive des enjeux liés aux ateliers et exposés dans la première partie. Notons qu’en plus de la bibliographie traditionnelle, la documentation primaire2 sera jointe en annexe de ce travail, sur un support numérique, afin de permettre aux étudiants en architecture de retrouver aisément les documents dont ils auraient besoin. 1 2 http://micmarc.ulb.ac.be/, dernière consultation le 20 janvier 2014. Ainsi qu’une liste sous forme de tableau reprenant tous les documents. 2 2 Partie documentation Dans cette première partie, il s’agira d’apporter un maximum d’éléments de documentation relatifs aux ateliers et à la maison en général, aux artistes qui l’ont occupée et à l’architecte qui l’a conçue. Cet aspect documentaire sera abordé selon trois dimensions afin d’ancrer le bâtiment dans son contexte. Les ateliers seront ainsi envisagés comme foyers artistiques et sociaux, comme lieux architecturaux et comme lieux représentés. 2.1 Dimension artistique et sociale Cette première dimension permettra de mettre en avant les ateliers en tant que lieux de travail pour le couple d’artistes Géo Bernier et Jenny Hoppe, mais aussi en tant que lieux sociaux servant à montrer des œuvres lors d’expositions. Dans un premier temps, il s’agira de donner quelques éléments biographiques sur le couple afin de mettre en avant leur statut et leur position dans le champ artistique. Ensuite, je tâcherai de montrer dans quelle mesure leurs ateliers constituaient de véritables espaces de sociabilité. 2.1.1 Les artistes : Géo Bernier et Jenny Hoppe Géo Bernier : peintre animalier Le peintre Géo Bernier (né Georges-Henri Clément Antoine Marie Bernier3) naît à Namur le 16 juillet 1862. Arrivé à Bruxelles dès l’âge de neuf ans, il y fait ses humanités et entre ensuite vers 18804 dans l’atelier privé de Michel Van Alphen5. Tout jeune déjà, il semble avoir une prédilection pour les animaux et vouloir se destiner à la carrière de peintre animalier6. De 1883 à 18877, il suit une formation à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles auprès de J. Portaels, J. Stallaert et J. Van Severdonck (chez qui il apprend le dessin d’après l’antique8)9. 3 Archives de la Ville de Bruxelles, recensement de la population, année 1890, lettre X, folio 583. Charles Donos & A. Breuer, Nos contemporains. Portraits et biographies des personnalités belges résidant en Belgique, connues par l'œuvre littéraire, artistique ou scientifique, ou par l'action politique, par l'influence morale ou sociale, Ixelles-Bruxelles, 1904, p. 242. 5 Paul Piron, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, Éditions Art In Belgium, p. 88. 6 Jules Potvin, Géo Bernier. 1862-1918, Bruxelles, Weissenbruch, 1926, p. 29 et 35. 7 Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 73. 8 Jules Potvin, Op. cit., p. 30. 9 Paul Piron, Op. cit. 4 3 Disciple et admirateur d’Alfred Verwée10, il sera souvent assimilé à ce dernier11, en témoignent de nombreux articles de presse12. En 1887, alors qu’il quitte l’Académie, Géo Bernier se marie le 21 mai à Saint-Gilles13 avec l’artiste peintre Jenny Hoppe14. Grâce à M. Demolder, il bénéficie de l’accès aux écuries des Tramways bruxellois pour réaliser ses études de chevaux. M. Madoux, officier au régiment des guides, met également à sa disposition ses écuries d’Auderghem15. Il suit aussi des cours à l’École vétérinaire, auprès du professeur Reul, afin d’acquérir des connaissances sur l’anatomie équestre. Peignant les « plus beaux représentants de la race brabançonne », il est donc amené à fréquenter de riches propriétaires. Il réalise aussi des portraits de chevaux de course et de sportsmen très en vue. Géo Bernier acquiert peu à peu une renommée grâce à ses qualités de coloriste et de dessinateur, ses tableaux figurant dans des collections de nobles de l’époque (MM. le comte d'AspremontLynden, baron du Sart, comte d'Hespel, vicomte de Spoelberg, comte de Pouilly, etc.), et dans certains de leurs galeries ou de leurs salons (MM. le comte de Mérode-Westerloo, baron de Marsan, John Jaffé, Égide Dansaert, baron Pycke de Peteghem, etc.). Dès 1897, il est chargé par la Société Royale Hippique de réaliser les diplômes attribués aux vainqueurs de joutes équestres. Il produit également quantité d’affiches à l’occasion de divers concours16. Géo Bernier, « peintre des dunes et des polders de Flandre »17, se situe dans la tradition des peintres animaliers flamands et semble marquer une prédilection particulière pour les environs de Furnes-Ambacht18. Son style est réaliste, « avec une prédominance pour une pâte étalée en larges couches »19. En 1893, il est l’un des fondateurs du cercle « Le Sillon ». Il s’agit au départ de quinze artistes qui se retrouvent pour créer « un cercle à l’instar du groupe des XX (fondé dix ans plus tôt par Octave Maus) » et en rivalité avec ce dernier20. Les artistes du Sillon souhaitent réagir contre « ce qu’ils appellent les exagérations de l’art « esprit nouveau » »21 et prônent un retour vers un art plus traditionnel, vers l’art flamand. Alors qu’ils ne sont que quinze à la création du cercle, ils sont déjà trente-quatre en 1897, date à laquelle se constitue un comité 10 Dictionnaire des peintres, Bruxelles, Maison Larcier, 1951, p. 35. ; Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours, Op. cit. ; Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 244 ; Paul Piron, Op. cit. 11 Jules Potvin, Op. cit., p. 62. 12 Par exemple, dans Le Petit Bleu du 14 juillet 1901 ou dans L’Art flamand et hollandais. Revue mensuelle et illustrée, 7e année, tome 13, janvier-juin 1910, p. 180 et 9e année, tome 17, janvierjuin 1912, p. 188, (disponibles sur http://gallica.bnf.fr). 13 Archives de la Ville de Bruxelles, Op. cit. 14 Jules Potvin, Op. cit., p. 30. 15 Ibid., p. 31. 16 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 243. 17 Albert Croquez, Les peintres flamands d'aujourd'hui, Bruxelles, Xavier Havermans, 1910, p. 6. 18 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 244. 19 Paul Piron, Op. cit. 20 François Loyer, Paul Hankar : la naissance de l'art nouveau, Bruxelles, Archives d'architecture moderne, 1986, p. 120. 21 Jules Potvin, Op. cit., p. 37-38. 4 d’honneur de seize membres, parmi lesquels Fernand Khnopff, Maurice Carthuyvels ou Jef Lambeaux22. Les expositions de Géo Bernier au Sillon (jusqu’en 1901) semblent avoir eu un grand impact sur sa carrière. Dès les années 1894, 1895 et 1896, l’artiste attire l’attention grâce à des expositions qui étaient de plus en plus suivies23. Même s’il semble débuter sa carrière en 1887, c’est vraiment au Salon de 1893, au Sillon en 1897 (avec sa toile La rue de l'Equarisseur24, revue pour une exposition d’ensemble du peintre en 1898 au Cercle artistique25) et au Salon de Bruxelles de 1898 que Géo Bernier obtient un véritable succès26. Des recherches à la Bibliothèque des Musées Royaux des Beaux-Arts m’ont permis de prouver la présence de Géo Bernier (et de sa femme Jenny Hoppe) à certaines expositions (du Sillon notamment), grâce à des catalogues qui sont répertoriés sur le support numérique en annexe de ce travail. En 1912, Géo Bernier intègre la Fédération des artistes wallons, fondée à Bruxelles la même année, à la suite d’une Exposition des Beaux-Arts de Charleroi27. Le talent du peintre pour le paysage et pour l’anatomie des chevaux ou des bovins le conduit à exposer aussi aux Salons triennaux de Belgique (régulièrement dès 1890), à des expositions périodiques en province (Tournai, Verviers, Namur, Dinant, Mons, Charleroi, Spa, Huy, etc.), à des expositions spéciales à Bruxelles, aux salons de la Société Royale des Beaux-Arts, aux salons du Printemps, au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles (qui constituent aussi de grandes étapes dans sa carrière, en 1898, 1901, 1903, 1907 et 1910)28, et de 1915 à 1918 à diverses expositions bruxelloises : au Musée Moderne, au Palais de Glace, au Cercle d’art, au Salon d’études et à la Galerie royale peu avant sa mort29. Aussi, Géo Bernier et sa femme exposaient dans leurs ateliers, point sur lequel je reviendrai dans la partie suivante. Ils semblent d’ailleurs avoir été des précurseurs dans cette pratique30. De nombreux articles de presse témoignent de ces expositions à domicile, qui ont vraisemblablement eu beaucoup de succès31. Par exemple, l’on retrouve des témoignages d’expositions dans un atelier à SaintJosse-ten-Noode, à Saint-Gilles (peut-être un de leurs premiers domiciles communs) et à Ixelles (l’atelier rue de la Réforme, sur lequel s’axera ce travail)32. Le succès de Géo Bernier se manifeste aussi si l’on considère que certaines de ses expositions comptent de hautes personnalités parmi les visiteurs. Par exemple, la grande exposition de soixante-six œuvres qu’il organise dans son 22 François Loyer, Op. cit. Jules Potvin, Op. cit., p. 60. 24 Ibid., p. 62. 25 Ibid., p. 63. 26 Ibid., p. 59. 27 L’Art Moderne du 7 janvier 1912. 28 Jules Potvin, Op. cit., p. 54. 29 Ibid., p. 57. 30 Ibid., p. 54 et 55. 31 Ibid., p. 54. 32 Ibid. 23 5 atelier en 1912 est visitée par la Comtesse de Flandre et par le Roi en personne33. Aussi, l’un de ses tableaux, Quiétude, fut acquis par Léopold II lors de l’Exposition du Centenaire de l’Académie de Bruxelles34 ; un dossier de presse sur Géo Bernier disponible aux Archives de l’Art contemporain en Belgique reprend d’ailleurs un article de La fédération artistique de décembre 1900 qui témoigne de cette acquisition. Un autre tableau, Vache au pâturage, est acquis par le ministre des Beaux-Arts, Jules de Burlet, lors d’une exposition au Sillon35. Notons en outre qu’en 1901, Géo Bernier devient chevalier de l’Ordre de Léopold36. Le peintre meurt à Ixelles en 191837. Du 30 avril au 16 mai 1920, une exposition rétrospective avec deux cent six de ses œuvres est organisée au Cercle littéraire et artistique, et Albert Ier fait partie des visiteurs38. Jenny Hoppe : peintre de portraits, de fleurs, de paysages et d’intérieurs Jenny Hoppe (née Marie Anne Hoppe) naît le 26 septembre 1865 à Düsseldorf39. Fille du graveur Édouard Hoppe, c’est grâce à lui qu’elle et sa sœur Ketty sont dès leur plus jeune âge initiées à l’art du dessin. Notons que Ketty est la future épouse du peintre Victor Gilsoul, lui-même ami de Géo Bernier40. La famille Hoppe ayant déménagé à Bruxelles, Jenny y entame des études à l’école Bischoffsheim et remporte « brillamment tous ses diplômes ». Dès l’âge de seize ans, elle est nommée professeure. Cependant, « sa nature d’artiste, éprise d’indépendance, ne put s’assujettir à toutes les obligations professionnelles ». Elle abandonne donc le professorat pour se consacrer entièrement à la peinture41. Épouse de Géo Bernier en 1887, c’est comme lui qu’elle prend part à toutes les expositions triennales en Belgique, qu’elle participe à tous les Salons de Bruxelles depuis 189042 et qu’elle se fait peu à peu une réputation43. Sa renommée est manifeste en regard des critiques parues dans la presse de l’époque44. 33 Ibid., p. 55. Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 243. 35 Ibid., p. 244. 36 Albert Croquez, Op. cit., p. 8. 37 Jean-Marie Duvosquel & Philippe Cruysmans (texte), Patrick et Viviane Berko (réal.), Prince Laurent de Belgique (préface), Dictionnaire des peintres d'animaux belges et hollandais nés entre 1750 et 1880, Knokke-Zoute, Berko, 1998, p. 142 ; Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours, Op. cit., p. 73. 38 Jules Potvin, Op. cit., p. 127. 39 Archives de la Ville de Bruxelles, Op. cit. 40 Linda Smismans, Profiel van de Belgische kunstenares geboren tussen 1800 en 1900, en werkzaam op het gebied van schilderkunst, voornamelijk het pleinairisme, het impressionisme en het fauvisme, Het aanleggen van een corpus, met uitwerking van 53 betekenisvolle biografieën, (mémoire sous la direction de Jeanine Lambrecht), vol. II : corpus, Bruxelles, VUB, 1990-1991, p. 175. 41 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 244. 42 Norbert Hostyn, Willem Rappard (texte), Patrick et Viviane Berko (réalisation), Comte de Kerchove de Denterghem (préface), Dictionnaire des peintres de fleurs belges et hollandais nés entre 1750 et 1880, Knokke-Zoute, Berko, p. 119. 43 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit. 44 Dans La Fédération Artistique, n°7 du 17 novembre 1907 par exemple. 34 6 Dans un style plus impressionniste45, Jenny Hoppe peint de nombreux genres de tableaux : des portraits, des fleurs, des intérieurs et des paysages46. Certains tableaux de fleurs ou d’intérieurs figurent dans des salons d'amateurs d’art, notamment chez MM. le baron Garcia de la Véga, J. Urban, Becker, Van Hoebroek, le docteur Ledoux, Fay, Devinck, etc. Tout comme son mari, Jenny Hoppe est membre du cercle Le Sillon, y expose dès sa création jusqu’en 1901 et y sera la seule femme membre. En février 1901, elle expose au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, à côté d'œuvres de son mari47. Elle semble d’ailleurs avoir toujours été auprès de lui dans les expositions d'ensemble48. Sa date de mort reste aujourd’hui incertaine49. 2.1.2 Les ateliers comme espaces de sociabilité Le 4, rue de la Réforme à Ixelles n’est pas le premier domicile du couple d’artistes. Selon les catalogues d’exposition (qui mentionnent les lieux de résidence des artistes) que j’ai pu consulter à la Bibliothèque des Musées Royaux des Beaux-Arts, et d’après les archives de la Ville de Bruxelles, ils ont d’abord habité notamment à Saint-Gilles50, à Schaerbeek, rue du Pavillon, 1151 et rue Simonis, 66, à Ixelles52. Toujours est-il que d’après les nombreux témoignages dans la presse, les artistes semblent avoir souvent exposé dans leurs ateliers, qui étaient vraisemblablement toujours à la même adresse que leur lieu de domicile. La maison du 4, rue de la Réforme à Ixelles est à ce titre exemplaire. Le peintre Géo Bernier la fait construire en 1902 à usage d’habitation et d’atelier53 par l’architecte Alban Chambon54. Je reviendrai sur les détails de la commande dans le point suivant. Le peintre y organisera ensuite de nombreuses expositions. Comme je l’ai souligné à travers les éléments biographiques, le couple d’artistes, et plus particulièrement Géo Bernier, semble avoir été précurseur dans la pratique d’exposer à domicile. Le peintre avait pour habitude de convier la presse, les amateurs et le public à venir voir « ses dernières œuvres » dans son 45 Paul Piron, Op. cit. Charles Donos & A. Breuer, Op. cit. 47 Ibid., p. 245. 48 Jules Potvin, Op. cit., p. 67. 49 Linda Smismans, Op. cit., p. 176. ; notons qu’au fil de mes recherches et de manière générale, les informations furent plus nombreuses pour Géo Bernier que pour Jenny Hoppe, tant pour documenter la dimension sociale que pour la dimension architecturale, qui comprend l’aspect administratif (c’est Géo Bernier qui a réglé avec l’architecte toutes les démarches concernant la maison). 50 Archives de la Ville de Bruxelles, Op. cit. et Jules Potvin, Op. cit., p. 54. 51 Catalogue de la 4e exposition du Cercle d’Art, Bruxelles, 1896. 52 Catalogue du 6e salon du Cercle d’Art, Bruxelles, 1899. 53 Michel Hainaut & Laurence Montens d'Oosterwyck , À la découverte de l'histoire d'Ixelles n°11 : Berkendael (1), Commune d'Ixelles (éd. responsable : Paul Van Gossum), décembre 1997, p. 25. 54 Voir le dossier sur la maison aux archives d’Ixelles. 46 7 atelier55. On retrouve dès 1894 des témoignages de ces expositions dans la presse56. D’ailleurs, l’Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale précise qu’au moment de la réalisation du dossier sur la maison de la rue de la Réforme, les cimaises métalliques auxquelles Bernier pendait ses tableaux se trouvaient encore sur les murs57. Il exposait vraisemblablement dans les deux ateliers présents et dans les couloirs de la maison58. À partir de 1907, il agrandit le lieu et fait construire une véritable galerie d’exposition59. L’exposition d’ensemble que Géo Bernier organise en 1912 chez lui, rue de la Réforme, est exemplaire tant elle eut un impact dans les journaux et revues de l’époque. Jules Potvin en rend compte : « À cette époque, il n'existait à Bruxelles presque aucune salle d'exposition particulière pour des expositions d'ensemble, et l'idée de Géo Bernier - l'idée d'exposer « at home » - était, en fait, une nouveauté, aussi ces expositions furent-elles très commentées dans la presse. »60 Dès décembre 1911, elle est ainsi déjà annoncée dans La Belgique artistique et littéraire61, et dans L’Art Moderne62 en mars 1912 (période à laquelle se déroule l’exposition). Les journaux de l’époque ont ensuite énormément commenté l’événement, mettant l’accent sur les points positifs liés au fait d’exposer dans l’atelier même. Le Pourquoi pas ? du 7 mars 1912 mentionne ainsi : « l'atelier est joli, confortable, il y règne une bonne lumière, et les tableaux font le meilleur effet »63. Le national témoigne lui aussi : « M. Bernier expose dans son home où il tamise la lumière comme il lui plaît et entoure ses œuvres du cadre le moins banal qu'on puisse imaginer. C'est infiniment intéressant. (...) M. Bernier a absolument raison d'éduquer le public sur le traitement qu'il convient de réserver aux belles œuvres qui, décidément, ne sont pas des « meubles » comme les autres !... »64. On voit ici que l’atelier participe véritablement à l’image artistique que le peintre souhaite donner de son œuvre : les tableaux s’organisent dans un espace aménagé en circonstance. Nous verrons dans le dernier point consacré au lieu représenté que le lieu contribue aussi à véhiculer une certaine image de l’artiste lui-même. 55 Jules Potvin, Op. cit., p. 54. Jules Potvin cite ainsi L’Opinion Libérale du 29 décembre 1894, Le National du 5 novembre 1898 et Le Thyrse en 1901, p. 54-55. Voir aussi l’article d’Ergaste, « Nos artistes chez eux », dans Le Petit Bleu, 14 juillet 1901 qui rend compte d’une visite de l’atelier de Géo Bernier par le journaliste (l’article est repris parmi les documents en annexe). 57 Voir http://www.irismonument.be/fr.Ixelles.Rue_de_la_Reforme.html, dernière consultation le 20 janvier 2014 (dossier réalisé entre 2005 et 2007 sur le n°4, rue de la Réforme). 58 Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Mardaga, Région de Bruxelles-Capitale, 1999, p. 124. 59 Michel Hainaut & Laurence Montens d'Oosterwyck , Op. cit., p. 26. 60 Jules Potvin, Op. cit., p. 55. 61 Ray Nyst, « Les Salons », dans La Belgique artistique et littéraire, n°75, Bruxelles, décembre 1911. 62 L’Art Moderne, 10 mars 1912. 63 Cité dans Jules Potvin, Op. cit. 64 Ibid., p. 56. 56 8 Plusieurs autres journaux et revues commentent l’exposition de mars 1912, tels que L’Art flamand et hollandais65, L’Éventail66, ou encore La Belgique artistique et littéraire, où l’auteur précise avec humour : « son atelier est un des plus beaux ateliers de peintre que j’aie vus (…) L’atelier de Bernier est le temple du soleil et de la bonne humeur. Le peintre et sa charmante femme vous reçoivent comme si, vraiment, votre visite leur faisait plaisir. »67 Notons aussi que dans le même numéro de la revue, Ray Nyst décrit les pièces exposées et le talent du peintre au sein de sa rubrique « Les Salons »68, ce qui témoigne bien du fait qu’à l’époque, ces expositions artistiques étaient véritablement perçues comme des événements sociaux. Précisons qu’un carton d’invitation avait été créé pour l’événement : Carton d’invitation pour l’exposition de Géo Bernier en mars 1912 au 4, rue de la Réforme.69 Il est intéressant d’observer que le carton précise « et sa famille », ce qui prouve que l’exposition devait être destinée à un large public et qu’elle devait sans doute rassembler beaucoup de monde. Aussi, comme je l’ai déjà mentionné dans les éléments biographiques, l’exposition de 1912 fut visitée par la Comtesse de Flandre et par le Roi en personne70, ce qui prouve que de hautes personnalités se rendaient dans l’atelier du peintre. De ce fait, le lieu peut être considéré comme un vrai théâtre social où de grands noms se rassemblaient pour observer et discuter des toiles de l’artiste. 65 L’Art flamand et hollandais. Revue mensuelle illustrée, neuvième année, tome 17 ; janvier – juin 1912, p. 188. 66 L. Dumont-Wilden, « Petite Chronique des Arts et des Lettres », dans L’Éventail, 10 mars 1912. 67 F.-Charles Morisseaux, « Le douzième provisoire », dans La Belgique artistique et littéraire, n°79, Bruxelles, Avril 1912. 68 Ray Nyst, « Les Salons », dans La Belgique artistique et littéraire, Op. cit. 69 Archives de l’Art contemporain en Belgique : fichier Bernier, cote 107. 999. 70 Jules Potvin, Op. cit., p. 55 et 56. 9 Enfin, Géo Bernier est décrit comme ayant une double facette, il est tantôt présenté comme un artiste « travailleur peu soucieux de la toilette, aimant à s’enterrer (…) dans les Flandres »71 lorsqu’il s’isole puis peint dans son atelier, mais tantôt comme un « mondain élégant, vivant dans le monde », qui sait se montrer raffiné en public lorsqu’il s’agit de présenter ses toiles72. Cela rend bien compte du fait que l’atelier était un lieu de travail, certes, mais aussi un lieu véritablement social où, par moments, l’artiste se montrait et exposait son travail. 2.2 Dimension architecturale et urbanistique Dans cette partie, je tâcherai de donner des informations sur Alban Chambon, l’architecte du bâtiment situé au 4, rue de la Réforme. Il s’agira, comme pour Géo Bernier et Jenny Hoppe, de resituer le personnage dans son contexte. Ensuite, je me focaliserai sur le bâtiment en tant que lieu architectural, en mettant en avant les relations entre l’artiste et l’architecte lors de la construction. Je situerai la maison dans son quartier afin d’avoir une vision plus générale et je témoignerai aussi de l'aspect extérieur et intérieur du bâtiment, en ciblant plus spécifiquement les ateliers qui en font partie. Enfin, je rendrai compte de la succession de la maison, de sa création à aujourd’hui. 2.2.1 L’architecte Décorateur d’intérieur, sculpteur ornemaniste puis architecte, Alban Chambon naît à Varzy (France) le 13 juin 1847 et décède le 24 février 1928 à Ixelles73. De 1860 à 1863, il étudie la sculpture à l’École des beaux-arts de Paris et entre ensuite comme apprenti chez son professeur Michel Petit 74. Il travaille dans plusieurs ateliers « de sculpture, de tapisserie, de ciselure, de travail du plâtre et du bois » et acquiert ainsi la maîtrise de différentes techniques 75. C’est en 186876 qu’il quitte la France pour tenter de percer à Bruxelles. Il s’y plaît, se marie en 187077 et fonde une famille78. Notons qu’un des témoins de son mariage est le sculpteur Georges Houtstont qui « réalise notamment les modèles pour la sculpture sur bois de la nouvelle salle gothique de l’hôtel de Ville de Bruxelles » et que cette amitié joue certainement un rôle dans les débuts de Chambon à 71 Ibid., p. 46-47. Ibid. 73 Anne Van Loo (dir.), Dictionnaire de l'architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003, p. 199. 74 Ibid. 75 Jean-Paul Midant, La fantastique architecture d'Alban Chambon, préface de Maurice Culot, photographies contemporaines de Luc Boegly et Philippe De Gobert, Bruxelles, Archives d'Architecture Moderne, 2009, p. 7. 76 The Brooklyn Museum, Belgische Kunst. Belgian Art. L'Art Belge 1880-1914, Brooklyn, N.Y., Brooklyn Museum, Division of Publications and Marketing Services, 1980, p. 236. 77 France Maurus, Les bâtiments de la Caisse Générale d'Épargne et de Retraite (CGER) : de l'îlot délimité par les rues Fossé aux Loups, d'Argent, des boiteux et Montagne aux Herbes Potagères à Bruxelles, Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles (série Studia Bruxellae, volume 10), 2013, p. 23. 78 Jean-Paul Midant, Op. cit. 72 10 Bruxelles79. Il commence par se faire connaître en tant que sculpteur ornemaniste et staffeur « auprès des ébénistes et professionnels de la construction », puis établit son propre atelier à Ixelles en 1874. Il exécute et conçoit alors la décoration d’intérieurs bourgeois80. Sa carrière démarre lorsqu’il entre en franc-maçonnerie le 17 septembre 1873. C’est à cette époque qu’il lance une entreprise « spécialisée en sculpture, en dessin et en ciselure dans le domaine de la décoration intérieure et extérieure »81. Son entreprise va peu à peu se faire une réputation et être recherchée comme collaboratrice par de nombreuses firmes de décorations bruxelloises (comme Tasson et Washer et Snyers-Rang) et par des architectes de différents pays82. Il va ensuite acquérir une renommée en tant que compositeur et décorateur de nombreux bâtiments publics83. Ainsi, il imagine tout le décor de l’ÉdenThéâtre à Bruxelles en 1880, édifie en collaboration avec A. Dumont le Théâtre du Parc à Amsterdam en 1883 et conçoit l’aménagement intérieur du Théâtre de la Bourse84 à Bruxelles en 188585. Les réalisations de Chambon eurent beaucoup de succès et un grand retentissement dans la presse de l’époque86, ce qui lui permit alors de concevoir des projets à Londres, Paris, Amsterdam, Vienne, Maastricht et même jusqu’en Bolivie87. Dans les années 1880, ses ateliers (installés au numéro 128 puis au numéro 158 de la rue de Livourne en 188588) comptent jusqu’à deux cent cinquante ouvriers89. Signalons que l’entreprise est familiale puisqu’Alban Chambon est secondé dès la fin du XIXe siècle par ses fils, Gaston, Alfred et Fernand Chambon90, qui, nous le verrons, joueront un rôle dans la création des ateliers de Géo Bernier et Jenny Hoppe. Alban Chambon se fait peu à peu véritable architecte. En 1893, il dirige la construction et la décoration de l’Hôtel Métropole91, place de Brouckère à Bruxelles ; il réédifie le pavillon sud des Halles centrales en 1895 et crée la salle du Pôle Nord, pour laquelle il utilise « des matériaux émaillés et des produits 79 France Maurus, Op. cit. Anne Van Loo (dir.), Op. cit. 81 France Maurus, Op. cit. 82 Jean-Paul Midant, Op. cit. 83 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 136. 84 Qui sera détruit par un incendie en 1890, voir photographie dans Philippe Roberts-Jones (dir.), Paul Aron, Françoise Dierckens, Michel, Draguet, Serge Jaumain & Michel Stockhem (coll.), Bruxelles. Fin de siècle, Paris, Flammarion, 1994, p. 25. 85 Ibid. ; Jean-Paul Midant, Op. cit. 86 Midant mentionne par exemple un article élogieux dans La Gazette du 14 juin 1880 à propos de l’ouverture de l’Eden-Théâtre (Op. cit, p. 8). 87 Jean-Paul Midant, Op. cit., p. 8. 88 Philippe Bovy, Ixelles, Bruxelles, Guides CFC Editions, 2001, p. 10. Voir aussi http://www.iris monument.be/fr.Bruxelles_Extension_Sud.Rue_de_Livourne.158.html, dernière consultation le 20 janvier 2014. 89 Anne Van Loo, Op. cit. 90 Philippe Bovy, Op. cit. 91 Des photographies de l’Hôtel Métropole sont présentes dans Philippe Roberts-Jones (dir.), Op. cit., p. 23 et 26. 80 11 incombustibles associés au fer »92. En 1898, il transforme aussi le kursaal et le Théâtre-Royal d’Ostende93, ce qui lui vaudra encore de nombreux éloges au sein de la presse94. Citons par exemple Le Monde artistique qui rend compte de l’inauguration du Théâtre-Royal et qui montre bien le succès de Chambon : « Nous avons eu enfin l’inauguration du nouveau théâtre tant désiré depuis plusieurs années. La soirée du 15 juillet était attendue avec impatience ; ce soirlà, la foule a fort admiré les alentours du vaste bâtiment éclairé a giorno ; tandis que dans la salle de spectacle, toutes les places étaient occupées par un public de choix. M. Alban Chambon, l’éminent architecte bruxellois, qui a construit le nouveau théâtre, a été de toutes parts félicité. Chacun voulait faire sa connaissance, et pour un peu les spectateurs auraient réclamé « l’auteur » pour l’applaudir. On avait cru à la présence de Sa Majesté pour cette grande solennité ; mais le roi était retenu à Bruxelles par les fêtes du 75 e anniversaire de 95 l’Indépendance Belge (…) » . Aussi, dans les années 1910-1918, il transforme la Caisse Générale d’Épargne et de Retraite (CGER)96. Architecte de la Liste Civile pour divers travaux (le château d’Ardenne par exemple97), Alban Chambon est apprécié par le roi Léopold II98, ce qui lui assurera une certaine clientèle aristocratique99. En regard de ce profil, on comprend pourquoi Géo Bernier, peintre reconnu par le public et par les grandes personnalités de l’époque, fera appel à Alban Chambon pour la réalisation de sa maison-atelier du 4, rue de la Réforme. Alban Chambon n’est certes pas spécialiste dans la création d’ateliers d’artistes, mais à côté des grandes réalisations de lieux de spectacle, d’hôtels de maître et d’autres bâtiments publics qui ont fait sa renommée, il travaille aussi pour des particuliers bourgeois. Outre la maison de Géo Bernier et Jenny Hoppe, Chambon conçoit par exemple une maison particulière pour son gendre100. Il est intéressant de noter que même pour la maison-atelier de Bernier et Hoppe en 1902, Alban Chambon ne néglige rien, accordant une importance toute particulière aux détails de la décoration intérieure101, j’y reviendrai. En matière d’esthétique, Alban Chambon compose avec tous les styles et avec différents matériaux102. Il n’a jamais souhaité être inscrit à l’école de l’Art 92 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit., p. 136. Voir photographie dans The Brooklyn Museum, Op. cit. 94 Ibid. 95 Le Monde artistique du 30 juillet 1905, année 45, n°31, p. 490. 96 France Maurus (Op. cit.) reprend en détail tout le projet. 97 Charles Donos & A. Breuer, Op. cit. 98 Il lui confiera par exemple l’aménagement du Mont des Arts (Anne Van Loo, Op. cit.) 99 Jean-Paul Midant, Op. cit., p. 7. 100 http://www.irismonument.be/fr.Schaerbeek.Avenue_Dailly.48.html, dernière consultation le 20 janvier 2014. 101 Voir l’arrêté du gouvernement pour la proposition de classement du lieu : http://www.monume nt.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf, dernière consultation le 20 janvier 2014. 102 Anne Van Loo, Op. cit. 93 12 nouveau, refusant « tout dirigisme de la mode, synonyme pour lui de banalité. »103 Cependant, le style de la maison du 4, rue de la Réforme est bien qualifié d’Art nouveau104 ; il faut souligner que Paul Hamesse a peut-être participé lui aussi à la création du bâtiment, comme je vais en rendre compte dans le point suivant. 2.2.2 La construction du bâtiment C’est en 1902 que Géo Bernier fait appel à l’architecte Alban Chambon pour la construction d’une maison au 4, rue de la Réforme, à Ixelles. Un dossier sur la maison est disponible aux Archives d’Ixelles, il comprend le permis de bâtir mais les plans d’origine ont malheureusement été perdus. L’introduction du dossier pour la construction du bâtiment fut faite le 23 août 1902 et l’autorisation donnée par le collège le 23 septembre 1902105. Dès le début, le peintre souhaite y faire intégrer deux ateliers106, sans doute un pour lui et un pour sa femme Jenny Hoppe. Nous verrons dans le détail de l’aspect physique du bâtiment que la maison est conçue spécialement pour des artistes, les ateliers étant placés selon des dispositions particulières. Les Archives d’Architecture Moderne disposent d’un fonds Alban Chambon dans lequel j’ai pu retrouver des lettres qui confirment la commande. Il semblerait que le peintre ait véritablement eu son mot à dire concernant la construction puisque dans une des lettres par exemple, Alban Chambon s’adresse à Géo Bernier pour qu’il vienne approuver certains plans 107. Ainsi, la maison semble avoir été conçue selon les souhaits de l’artiste108. Le chantier a duré jusqu’en 1904109. Une lettre du 4 novembre 1904 est d’ailleurs adressée par Chambon à Bernier pour lui faire savoir les différents frais des entrepreneurs110. De plus, plusieurs sources mentionnent que Géo Bernier et Jenny Hoppe s’installent cette année-là dans la maison111. 103 France Maurus, Op. cit. (repris du mémoire de Bernard Chambon, Alban et Alfred Chambon, architectes, La Cambre, 1995, p. 323.) 104 La maison est reprise sous ce style par la fiche de l’inventaire du Patrimoine par exemple (http://www.irismonument.be/fr.Ixelles.Rue_de_la_Reforme.html, dernière consultation le 20 janvier 2014) et elle est répertoriée dans le livre de Maurizio Cohen, Art nouveau, con la collaborazione degli Archives d’Architecture Moderne di Bruxelles, Milano, ClupGuide, 1994, p. 46. 105 Ces informations sont tirées du dossier disponible aux Archives d’Ixelles. 106 Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Op. cit. 107 Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 30 juin 1902, Archives d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon, p. 424 de l’année 1902. 108 Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale, Le quartier Berkendael (Ixelles) : Introduction architecturale, p. 11, Brochure disponible sur www.irismonument.be/, dernière consultation le 20 janvier 2014. 109 Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Op. cit. ; AnneMarie Pirlot (coord. par Direction des Monuments et des Sites), Ixelles à la carte. 110 Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 4 novembre 1904, Archives d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. 111 Philippe Bovy, Op. cit., p. 119 ; Almanach du commerce et de l’industrie (disponible sur le site Internet de la Ville de Bruxelles), Bruxelles, volume « rues », 1904 (AC-1904-RUES STRATEN), page 283. 13 Il est particulièrement intéressant de signaler que Géo Bernier a rémunéré le travail de l’architecte en tableaux112. Dans une lettre, Chambon demande en effet à l’artiste de choisir un tableau en guise de rétribution113. Géo Bernier semble avoir aussi payé en toiles l’un des entrepreneurs chargés des travaux114. Ceci rend bien compte une fois de plus de la notoriété du peintre. Les plans du bâtiment ont été réalisés dans l’atelier d’Alban Chambon115. Cependant, même si ce dernier est l’architecte officiel qui régit les accords administratifs et les décisions prises avec Géo Bernier, c’est vraisemblablement son fils, Fernand Chambon, qui a réalisé les plans116. En outre, la décoration d’intérieur a été confiée à son autre fils, Gaston Chambon. Géo Bernier semble avoir attaché une importance à la décoration du lieu (j’y reviendrai dans la description de l’aspect intérieur du bâtiment) : une lettre témoigne par exemple qu’un choix pour le papier peint devait être fait et que des carreaux spéciaux avaient été choisis pour les revêtements des cheminées117. La décoration est véritablement recherchée, tous les éléments tels que les vitraux, les poignées de porte ou les cheminées furent réalisés avec le soin propre aux ateliers Chambon118. En 1907, une salle d’exposition est ajoutée à la maison119. Les plans de cette annexe sont également dus à Fernand Chambon120. Enfin, il n’est pas exclu que Paul Hamesse ait participé à la réalisation du bâtiment. À l’époque, cet élève de Paul Hankar réalise en effet un stage dans l’atelier d’Alban Chambon. De plus, la maison rue de la Réforme est d’un style très proche de celui de certaines constructions réalisées par Hamesse à cette époque121. Par exemple la façade en brique jaune et orange sur un socle en pierre et la présence de bossage rustique sont des éléments qui se rapprochent stylistiquement d’autres conceptions de l’architecte à l’époque122. 2.2.3 Le quartier, l’environnement La rue de la Réforme, dans laquelle le couple d’artistes décide de faire 112 Jean-Paul Midant, Alban Chambon. Artiste industriel, sculpteur et architecte. 1847-1928, thèse de doctorat d’Histoire dirigée par François Loyer, Université Louis Lumière Lyon II, 1992, p. 121. 113 Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 13 juin 1902, Archives d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon, p. 349 de l’année 1902. 114 Lettre d’Alban Chambon à J. Herbays, s. l., 9 octobre 1903, Archives d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. 115 Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Op. cit. 116 Ibid ; Jean-Paul Midant, Alban Chambon. Artiste industriel, sculpteur et architecte. 1847-1928, Op. cit. 117 Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 9 juillet 1903, Archives d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. 118 Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Op. cit. 119 Michel Hainaut & Laurence Montens d'Oosterwyck , Op. cit., p. 26. 120 Arrêté du gouvernement pour la proposition de classement du lieu http://www.monument.irisne t.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf : dernière consultation le 20 janvier 2014. 121 Ibid. 122 Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Op. cit. 14 construire leur maison, fait partie du quartier Berkendael, « domaine fortement vallonné, principalement couvert de terrains agricoles, de prairies et de prés à blanchir » jusqu’au dernier quart du XIXe siècle123. Ce quartier est un exemple typique d’aménagement urbain dû à une initiative privée124. En effet, le développement de Berkendael est dû à Georges Brugmann, financier qui avait déjà développé l’avenue Brugmann (achevée en 1875) et qui souhaitait urbaniser les nombreux terrains qu’il possédait dans le quartier125. La rue de la Réforme apparaît pour la première fois sur un plan réalisé par César Boon en 1899 qui « prévoit un axe principal qui prolonge la rue Tenbosch, la future avenue Louis Lepoutre, qui débouche sur une place en deux parties. Six voies, les rues de la Réforme, Camille Lemonnier, Emmanuel Van Driessche, Alphonse Renard, François Stoobant et Mignot-Delstanche, partent en oblique de l’avenue Louis Lepoutre (…) »126. Le quartier Berkendael se développe cependant véritablement en 1902127. Si l’on regarde les almanachs du commerce et de l’industrie de l’époque, on constate qu’en 1903, en dehors des numéros 5, 7, 13, 15 et 21, tous les autres numéros de la rue de la Réforme sont en construction128. Dès 1904, la rue se veut déjà beaucoup plus habitée. La construction de la maison du couple de peintres coïncide donc parfaitement avec le développement général du quartier. Berkendael est, dès son origine, un quartier en grande majorité résidentiel qui attire une clientèle bourgeoise et « désireuse de s’établir dans un secteur aéré »129, il s’agit surtout « de médecins, d’avocats, de politiciens, d’hommes d’affaires, d’artistes et d’écrivains »130. L’architecture du quartier est de qualité et la végétation vient lui conférer un caractère « vert et pittoresque »131. La plupart des maisons sont unifamiliales (mais un peu plus tard, apparaissent des immeubles à appartements), et l’on constate une pluralité de styles au niveau des façades : l’architecture est majoritairement éclectique132. La maison de Géo Bernier et de Jenny Hoppe correspond au prototype des maisons d’artistes que l’on peut rencontrer dans le quartier. En effet, il s’agit pour la plupart du temps de maisons qui comprennent 123 Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale, Le quartier Berkendael (Ixelles) : Introduction architecturale, p. 3. 124 Michel Hainaut & Laurence Montens d'Oosterwyck, Op. cit., p. 8. 125 Le détail du développement urbanistique du quartier est repris dans Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale, Les quartiers Berkendael et Tenbosch (Ixelles) : Développement urbanistique, disponible sur http://www.irismonument.be. 126 Ibid., p. 5-6. 127 Le Conseil d’administration de l’E.R.U., J. de Salle, V. Carton, C. Frisque, L. Maufroy, J.P. Thiry, Ixelles : ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, Bruxelles, mars 1990, p. 159. 128 Almanach du commerce et de l’industrie (disponible sur le site Internet de la Ville de Bruxelles), Bruxelles, volume « rues », 1903 (AC-1903-RUES STRATEN), page 270. 129 Michel Hainaut & Laurence Montens d'Oosterwyck, Op. cit. 130 Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale, Le quartier Berkendael (Ixelles) : Introduction architecturale, p. 4. 131 Ibid., p. 4-5. 132 Philippe Bovy, Op. cit., p. 119. 15 « un atelier ouvert, orienté vers le nord et qui vient remplacer la véranda »133. C’est bien le cas pour nos ateliers, nous le verrons dans le point suivant consacré à la description physique du bâtiment. Puisque de nombreux artistes habitent le quartier, ce n’est sans doute pas un hasard si Géo Bernier et Jenny Hoppe s’y installent. Leurs expositions à domicile rassemblaient, comme je l’ai dit, bon nombre de personnalités et leurs ateliers (en particulier le grand atelier situé au rez-de-chaussée) devaient très probablement constituer à l’occasion des lieux de rassemblement pour de nombreux artistes. Parmi les maisons d’artistes du quartier, citons par exemple la maisonatelier de style éclectique teinté d’Art nouveau de Georges Lemmers, située dans la même rue, au numéro 74, que le peintre fait construire en 1904 d’après les plans de l’architecte Gabriel Charles134. D’autres artistes installent aussi leurs ateliers dans le quartier : Eugène Mahaux (rue E. Van Driessche, 74), Firmin Baes (avenue Molière, 66) et Victor Gilsoul (avenue Molière, 513)135, ce dernier étant, rappelons-le, ami de Géo Bernier et époux de la sœur de Jenny Hoppe. Dans le quartier Tenbosch avoisinant le quartier Berkendael, deux membres du Sillon, cercle dont font partie Géo Bernier et Jenny Hoppe, installent leurs ateliers (rue Defacqz, 50 pour René Janssens et rue Simonis, 64 pour Alfred Crick, les deux conceptions sont de Paul Hankar)136. Ceci renforce encore l’idée d’une concentration artistique dans la commune d’Ixelles, au sein des deux quartiers que sont Tenbosch et Berkendael. Enfin, si la majorité des habitants du quartier Berkendael sont issus de classes plutôt fortunées, on peut faire l’hypothèse que les peintres s’y installent aussi pour être plus proches de leur clientèle qui, d’après les témoignages dans la presse sur la réputation de Géo Bernier, devait être relativement aisée. Des recherches à la Bibliothèque de l’Académie royale (dans le Fonds Dexia) et au Cabinet des Estampes ne m’ont malheureusement pas fourni de témoignage visuel de la rue de la Réforme à l’époque, mais je donnerai toutefois sur le support numérique en annexe de ce travail certaines cartes postales qui rendent compte des environs. 2.2.4 Description physique du bâtiment et des ateliers En ce qui concerne les plans, comme je l’ai déjà dit, ceux d’origine ont été perdus. En revanche, des plans datant de 2000 sont disponibles aux archives d’Ixelles et rendent compte des divers travaux entrepris par l’actuel propriétaire de la maison. Il semble cependant que le bâtiment n’ait pas beaucoup changé depuis la fin du XXe siècle puisqu’il fut classé dès 1997. En effet, une proposition 133 Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale, Le quartier Berkendael (Ixelles) : Introduction architecturale, p. 11. 134 Michel Hainaut & Laurence Montens d'Oosterwyck , Op. cit., p. 26. ; Philippe Bovy, Op. cit. 135 Inventaire du Patrimoine architectural de la Région de Bruxelles-Capitale, Le quartier Berkendael, Op. cit. 136 Philippe Bovy, Op. cit., p. 118. 16 de classement est faite le 13 avril 1995137 et l’arrêté qui certifie le classement est daté du 3 juillet 1997138. Les ateliers ont été conservés. En effet, le bâtiment se composait en 2000 de la façon suivante : un sous-sol comprenant caves et locaux techniques ; un entresol partiellement enterré comprenant une pièce ; un rez-de-chaussée comprenant un hall d’entrée, un atelier d’artiste (sans doute l’ancien atelier de Géo Bernier), une annexe arrière (l’ancienne salle d’exposition), un jardin avec une cour et une cage d’escalier menant au premier étage ; un niveau intermédiaire comprenant deux pièces à l’avant ainsi qu’un vestiaire-sanitaire (à l’arrière) ; un premier étage comprenant un hall, deux pièces à l’avant, un living avec verrière (sans doute l’ancien atelier de Jenny Hoppe), une cuisine, une terrasse et le départ de l’escalier vers le deuxième étage ; et enfin, un deuxième étage comprenant deux chambres à coucher, une salle de bain et une terrasse139. Aspect extérieur Le bâtiment « comporte trois niveaux et trois travées, la troisième comptant un niveau de plus »140. La façade « présente un soubassement de pierre blanche à bossage rustique pourvu de deux jours de cave. À partir du rez-dechaussée surélevé, le parement est en briques beiges interrompues par des bandeaux de briques orange »141. On ne voit pas les ateliers de la façade avant côté rue puisqu’ils se situent tous deux à l’arrière, côté jardin. Les baies sont de plusieurs formes et de plusieurs dimensions, chaque fois « surmontées d’un linteau métallique » et reposant « sur des appuis saillants en pierre ». Certaines (de même que la porte) sont « précédées de ferronneries ornées de motifs végétaux stylisés », d’autres sont « pourvues de lambrequins en bois ». Au premier étage, l’on peut observer une logette en bois142. Comme on peut le remarquer, la maison est d’un style Art nouveau, à tendance plutôt géométrique, et se rapproche, comme je l’ai déjà mentionné, des autres conceptions que Paul Hamesse réalise à la même époque, ce qui pousse à confirmer qu’il aurait bien participé à la création du bâtiment. 137 http://www.monument.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014. 138 http://www.monument.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/022_047.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014. 139 Dossier sur la maison disponible aux archives d’Ixelles. 140 http://www.irismonument.be/fr.Ixelles.Rue_de_la_Reforme.html, dernière consultation le 20 janvier 2014. 141 http://www.monument.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014. 142 Une description plus détaillée et plus précise est faite dans le document réalisé dans l’Inventaire du Patrimoine (Op.cit.) et dans le document qui confirme le classement de la maison. Je n’ai pas cru bon de tout retranscrire ici, mais les étudiants en architecture pourront aisément se référer aux documents qui reprennent les éléments architecturaux de façon plus systématique. 17 Rue de la Réforme, 4, vue de la façade avant (photographie de 2006) © Monuments & Sites – Bruxelles Aspect intérieur143 Comme je l’ai déjà expliqué, Géo Bernier a également confié la décoration intérieure à l’architecte Alban Chambon, qui l’a déléguée à son fils Gaston. Il semblerait qu’il y ait eu une volonté chez le peintre d’avoir un ensemble cohérent au niveau de l’intérieur autant qu’au niveau de l’extérieur du bâtiment. Ainsi, des détails tels que le papier peint, un lanterneau garni de vitraux au-dessus de l’escalier, une balustrade en bois à motifs géométriques, un plafond métallique à caissons « rempli de carreaux de céramique jaune à décor floral en relief » dans le vestibule, des montants « en caryatide gainée » d’une cheminée dans le grand atelier, des lustres, des détails sur les poignées de porte, etc. ont véritablement été pensés. Certains éléments comme les cheminées en marbre ou 143 Un ensemble de photographies est disponible dans le document réalisé dans l’Inventaire du Patrimoine, je ne reprends ici que certaines d’entre elles. 18 en céramique, les poignées de porte et les suspensions lumineuses de la cage d’escalier ont été conservés jusqu’à l’époque du classement de la maison144. Le premier atelier, celui du rez-de-chaussée, est le plus grand. Il devait s’agir de l’atelier de Géo Bernier puisque selon les témoignages, l’atelier du peintre est décrit comme « vaste »145, voire occupant « plus de la moitié de la spacieuse maison (…) bâtie rue de la Réforme »146. L’atelier est orienté vers le Nord (permettant une lumière stable pour l’artiste147), se développe en profondeur et est éclairé par « une grande verrière latérale se prolongeant dans l’appentis » afin de bénéficier de toute la lumière nécessaire au peintre ; il donne sur l’annexe construite en 1907 et qui était destinée à la galerie d’exposition. Rue de la Réforme, 4, le vaste atelier avec sa grande verrière (photographie de 1994) © Monuments & Sites – Bruxelles Une « très belle cheminée de pierre encadrée par des caryatides engainées » occupe l’un des murs et une petite réserve est aménagée sous l’escalier dont la balustrade en bois est décorée de motifs végétaux en fer148. Le deuxième atelier se situe au premier étage, il est moins profond que l’autre mais est également orienté vers le Nord et présente lui aussi une grande verrière. Un petit escalier situé « dans la travée de droite et éclairé par une verrière 144 145 146 147 148 http://www.monument.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014 et http://www.irismonument.be/fr.Ixelles.Rue_de_la_Reforme.html, dernière consultation le 20 janvier 2014. Selon M. Verdavaine dans L’Art belge, cité par Jules Potvin, Op. cit., p. 41. Gustave Vanzype, Nos peintres, deuxième série (Emile Fabry, Georges Bernier, Léon Fréderic,...), Bruxelles, Paul Lacomblez, 1904, p. 24. Tatiana Debroux, Des artistes en ville. Géographie rétrospective des plasticiens à Bruxelles (1833-2008), thèse de doctorat en géographie, ULB, Bruxelles, 2012, p. 194. http://www.monument.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014. 19 zénithale, mène à l’étage supérieur en retrait »149. Puisqu’une source m’indique que Jenny Hoppe possédait son propre atelier dans une autre maison habitée auparavant par le couple150, j’aurais tendance à penser que ce deuxième atelier fut le sien. Rue de la Réforme, 4, l’escalier du grand atelier, on aperçoit la cheminée sur le côté gauche et les cimaises encore présentes sur les murs (photographie de 1994) © Monuments & Sites – Bruxelles Rue de la Réforme, 4, le petit atelier au premier étage (photographie de 1994) © Monuments & Sites – Bruxelles 2.2.5 La succession des ateliers Géo Bernier a occupé le bâtiment jusqu’à sa mort en 1918151. Après lui, c’est l’artiste peintre Émile Baes qui en fit l’acquisition. Selon Rachel Baes, la fille du peintre, ce dernier achète la maison en 1920. Elle explique sur une note au verso d’une photographie présentant la maison : « C'est là que mon père tint de 1920 à 1940 ce brillant « salon », qui fut si contraire à ma nature et dans lequel je me sentais comme une étrangère... Les dernières années, mon père ne s'y montrait plus étant de plus en plus à Paris, mais il continue toujours à lancer les invitations pour ses « dimanches matin », ses salons restaient ouverts à ses amis, l'un ou l'autre nous recevait à sa place... J'ai quitté cette maison en 1931 le jour de mon mariage... »152. Il semble donc que le lieu soit resté un véritable espace de rayonnement à la fois artistique et social. De plus, il faut souligner que le Roi Albert « professait pour le peintre Émile Baes une profonde estime et lui avait accordé de nombreuses séances de pose »153, ce qui montre que le 4, rue de la 149 Ibid. Ergaste, Op. cit. 151 Jules Potvin, Op. cit., p. 55. 152 Rachel Baes, Note au verso d’une photographie, AML 1070/1442. 153 Emile Van den Berghe, Emile Baes, Courtrai/Paris/Bruxelles, Editions Jos. Vermaut, 1954. p. 16. 150 20 Réforme accueillait encore de hautes personnalités même après la mort de Géo Bernier. Il semble qu’à partir de 1953, à la mort d’Émile Baes, la maison ait été occupée par le fondeur de bronze S. Baes154. En 2000, un couple de Français venu habiter en Belgique fait l’acquisition de la maison155. Il semblerait qu’avant eux le bâtiment ait été investi par plusieurs sociétés (entre autres de design et de photographie)156. Ces particuliers sont encore aujourd’hui les propriétaires du lieu, qui a peu changé depuis l’origine. Des travaux de rénovation ont été entrepris en 2000, avec Anne Derasse pour architecte d’intérieur157. Actuellement, l’atelier du premier étage est encore utilisé par la propriétaire qui est artiste peintre, mais l’atelier du bas est utilisé comme pièce de vie158. 2.3 Projection de l’imaginaire, l’atelier représenté Dans ce dernier point, il s’agira de montrer à travers des témoignages écrits et visuels comment l’atelier participe à une certaine image des artistes qui l’ont occupé. 2.3.1 Les témoignages écrits Les témoignages que j’ai pu trouver dans la presse, comme nous l’avons vu dans la première partie, rendent compte du lieu comme d’un véritable espace de sociabilité. À travers la mention du vaste atelier et plus généralement de la maison, les témoignages écrits confèrent souvent au peintre Géo Bernier une double image à la fois d’artiste simple, « travaillant dans le silence de son atelier »159, mais aussi d’homme mondain, « éminemment fantasque, facétieux, exubérant, insouciant, instable, plein de fantaisie »160 lors des grandes expositions. M. Verdavaine écrit dans L'Art belge à la mort du peintre : « Élégant, homme du monde dans le monde, dans les salons, Bernier était chez lui, à l'atelier des plus simples »161. Une anecdote que nous donne Jules Potvin rend bien compte de cette double image, en montrant ici le caractère simple de l’artiste dans l’intimité : « Un grand éleveur, qui ne connaissait pas notre artiste, se rend chez lui, rue de la Réforme. Il est reçu dans la riche demeure, dans le vestibule, par un individu à l'allure 154 http://www.irismonument.be/fr.Ixelles.Rue_de_la_Reforme.html, dernière consultation le 20 janvier 2014. 155 Il s’agit d’Eric Fabre et de Sabine Blanc, l’acquisition est certifiée par le notaire J.-F. Taymans le 25 février 2000 (voir le dossier aux Archives d’Ixelles). 156 D’après l’actuelle propriétaire Sabine Blanc (entretient téléphonique). 157 Dossier de la maison disponible aux Archives d’Ixelles. 158 Toujours selon l’actuelle propriétaire. 159 Le Soir, Bruxelles, 31 décembre 1918. 160 Joseph Delmelle, « Géo Bernier. Peintre animalier », dans Le cahier des arts, Bruxelles, octobre 1962. 161 Cité dans Jules Potvin, Op. cit., p. 44. 21 encore jeune, vêtu comme quatre sous. « Un frotteur sans aucun doute », pense notre homme, qui d'un air protecteur dit : - « Monsieur Bernier est chez lui, mon garçon ? » - « Je crois bien, m'sieu... c'est moi !... » dit l'artiste en parlant comme un gosse ! Tête du monsieur, excuses, etc.»162 Un autre témoignage, de Gustave Vanzype, souligne en revanche le caractère exubérant de l’homme, à travers la position qu’il adopte dans son atelier lors d’événements mondains. Soulignons ici la mention de l’atelier de Jenny Hoppe : « C'est, dans la vie, l'homme le moins méthodique, le plus fugace, le moins pondéré qui se puisse trouver. Pas d'esprit de suite, pas de projets réalisés après mûre réflexion, pas de résistance aux suggestions du caprice, aux mouvements spontanés. Une volonté d'enfant. Il suffit, pour s'en rendre compte, de regarder l'artiste dans son atelier, un atelier superbe, vaste, encombré de tapis, garni de vieux meubles, qui occupe, avec celui de sa femme, - car Bernier a épousé une femme peintre de talent -, plus de la moitié de la spacieuse maison récemment bâtie rue de la Réforme ; il suffit de suivre sa silhouette maigre, allant de droite et de gauche, ses yeux vifs dont le regard saute, dans un visage d'expression mobile, mais le plus souvent rieur avec l'accent que lui imprime un vieux chapeau de feutre posé de travers sur la tête. (...) »163. 2.3.2 Les témoignages visuels Rares sont les témoignages visuels de Géo Bernier et Jenny Hoppe. Néanmoins, une photographie de Géo Bernier est insérée dans le livre que Jules Potvin consacre à l’artiste164. Elle est particulièrement intéressante car elle nous montre le peintre devant son harmonium, témoignant peut-être d’une volonté de se créer une image d’amateur de musique. Jules Potvin nous confirme que Géo Bernier « adorait la musique » et qu’il « passait de longues heures dans son atelier, au soir tombant, à l’harmonium… »165. La photographie ne nous permet pas de déterminer s’il s’agissait de l’atelier rue de la Réforme, mais savoir que le peintre jouait de la musique dans son atelier témoigne qu’il devait y avoir une certaine convergence des arts au sein de cet espace de rayonnement tant artistique que social, comme nous l’avons vu. Je n’ai malheureusement pas trouvé d’images représentant les ateliers de la rue de la Réforme à l’époque de Géo Bernier et Jenny Hoppe. En revanche, l’artiste peintre Émile Baes, qui occupa la maison après le couple, se fait photographier à de nombreuses reprises au sein de son atelier. Ainsi, sur deux 162 Ibid. Gustave Vanzype, Op. cit. 164 Jules Potvin, Op. cit., n. p. 165 Ibid., p. 40. 163 22 photographies166, il se met en scène en train de peindre dans le grand atelier de la maison. La posture qu’il adopte est loin de l’image bohème de l’artiste travaillant dans des conditions difficiles. Bien au contraire, le peintre est bien habillé, en costume et dans des poses plutôt rigides, ce qui confère à l’artiste une image se rapprochant plus du mondain chic que de l’artiste qui se voudrait hors des conventions sociales. On peut penser que le profil de Géo Bernier (et peut-être dans une moindre mesure celui de Jenny Hoppe) devait se rapprocher de celui d’Émile Baes puisque tous deux présentaient leurs tableaux dans leur atelier lors de grandes expositions mondaines. Pour preuve, deux photographies de Géo Bernier et Jenny Hoppe les présentent aussi bien habillés, chacun devant l’une de leurs œuvres167. Emile Baes dans le grand atelier rue de la Réforme, 4. L’artiste adopte une position plutôt rigide et est bien habillé. Deux autres photographies montrent des vues de l’atelier et rendent bien compte de la décoration particulièrement soignée du lieu. Cette décoration qui date de l’époque de Bernier et Hoppe montre à quel point l’artiste était vraisemblablement soucieux de créer un espace artistique très riche, qui devait sans doute renforcer l’image du peintre qui a réussi et qui se positionne comme tel. La première photographie représente un coin de l’atelier168, où l’on peut voir la cheminée avec ses caryatides. Il est intéressant de noter aussi la tapisserie sur le 166 « L’artiste achevant le portrait de la famille de Bontridder » et « L’artiste achevant le portrait d’une violoniste américaine », dans Georges Verdavaine, Les nus d’Emile Baes, Bruxelles, Editions Gauloises, 1923, p. 25 et p. 39 (MLA 20385). 167 Archives de l’Art contemporain en Belgique : fichier Bernier, 36. 708 (pour la photographie de Géo Bernier) et 36. 709 (pour la photographie de Jenny Hoppe). On ignore le lieu où ont été prises les photographies. 168 « Coin de l’atelier », dans Ibid. ; la photographie est reprise aussi dans le Fonds Rachel Baes (AML 1070/1433). 23 mur (dont Gustave Vanzype rendait compte dès 1904 à l’époque de Bernier) et l’abondance d’objets décoratifs. La deuxième photographie représente l’ensemble de l’atelier169 et montre à quel point il était vaste. Ici encore, la richesse esthétique est manifeste en regard des tapis, des objets épars, du lustre, etc. L’ensemble du grand atelier du 4, rue de la Réforme, à l’époque d’Émile Baes (l’escalier est au fond). On remarque la profondeur du lieu ainsi que l’abondance décorative. 169 « Ensemble de l’atelier », dans Ibid., p. 73 ; à nouveau, elle est reprise dans le Fonds Rachel Baes, encadrée cette fois et sous le titre « Atelier du peintre Emile Baes – 4 rue de la réforme à Bruxelles 1920-1953 » (AML 1070/1434). 24 3 Partie création : scénario [Supprimé pour publication en ligne] 25 4 Conclusion Par ce travail, j’ai essayé de documenter au mieux la maison-atelier du couple d’artistes peintres Géo Bernier et Jenny Hoppe, afin de rendre compte d’une réalité encore peu couverte par la recherche aujourd’hui. La première partie nous a montré comment un atelier d’artiste au tournant du XXe siècle pouvait constituer un réel centre de rayonnement artistique et social, à travers les expositions que le fameux couple Bernier organisait à domicile et qui rassemblaient un large public, essentiellement bourgeois. Comme nous l’avons vu, la renommée des peintres leur permettait d’être soutenus par une clientèle aisée. Aussi, c’est ce succès qui permet au couple de se tourner vers un architecte comme Alban Chambon pour la conception de leur maison du 4, rue de la Réforme. J’ai tenté de rendre au mieux les rapports qu’avaient Chambon et Bernier lors de la construction du lieu à travers leur correspondance et j’ai ensuite développé l’architecture de la maison de façon plus approfondie. Le détail dans la décoration intérieure nous a montré que les artistes souhaitaient véritablement une maison cohérente dans sa dimension esthétique, et qui participait sans doute à valoriser encore plus leur statut de peintres amateurs d’art de façon générale, d’autant plus que la maison était destinée à être visitée. Enfin, j’ai montré comment le lieu participait à la création d’une certaine image pour le peintre Géo Bernier puisqu’il se montrait véritablement comme un personnage exubérant, fantasque et plus mondain dans son atelier ouvert au public que dans l’intimité. À travers le scénario dans la deuxième partie plus créative, j’espère avoir rendu compte de manière un peu plus attrayante de tous ces éléments, mais surtout de la dimension sociale de l’atelier avec les expositions organisées par les peintres – plus particulièrement par Géo Bernier – dans le grand atelier et la salle d’exposition du 4, rue de la Réforme. Ainsi, j’espère avoir pu mettre en évidence que cet espace constituait véritablement un lieu de rassemblement pour la presse, les mondains, les hautes personnalités et les amateurs d’art de l’époque. 26 5 Références bibliographiques 5.1 Sources primaires Je séparerai les sources primaires en fonction de leur type et de leur lieu de provenance. Dans le but de témoigner de tous les lieux investigués dans le cadre de ce travail, je mentionnerai aussi les lieux qui n’ont pas abouti en termes de recherche, sous la rubrique « autres archives consultées ou autres lieux investigués ». La plupart des sources primaires se retrouvent sur le support numérique joint à ce travail. Lorsque le document n’a pas pu être reproduit, j’en rends compte et je renvoie toujours au lieu où il est conservé. 5.1.1 Lettres disponibles aux Archives d’Architecture Moderne Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 20 mai d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 13 juin d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 30 juin d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. Lettre d’Alban Chambon à J. Herbays, s. l., 9 octobre d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 9 juillet d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. Lettre d’Alban Chambon à Géo Bernier, s. l., 4 novembre d’Architecture Moderne, Fonds Alban Chambon. 1902, Archives 1902, Archives 1902, Archives 1903, Archives 1903, Archives 1904, Archives 5.1.2 Coupures de presse - Archives de l’Art contemporain en Belgique, dans un dossier de presse sur Géo Bernier : DELMELLE Joseph, « Géo Bernier. Peintre animalier », dans Le cahier des arts, Bruxelles, octobre 1962. « Notes et paroles », dans La fédération artistique n°8, décembre 1900, p. 65. Le Soir, Bruxelles, 31 décembre. « Exposition, Paysagistes belges, aux Galeries de l’Art belge », dans L’Art Belge, décembre 1943. - Bibliothèque Royale de Belgique (KBR), espace réservé aux périodiques : ERGASTE, « Nos artistes chez eux », Le Petit Bleu, 14 juillet 1901 (supplément). 27 - http://gallica.bnf.fr/ : L’Art flamand et hollandais. Revue mensuelle illustrée, première année, tome 1, janvier – juin 1904, p. 21-22. —, sixième année, tome 12, juillet – décembre 1909, p. 182. —, septième année, tome 13, janvier – juin 1910, p. 180. —, huitième année, tome 15, janvier – juin 1911, p. 169. —, neuvième année, tome 17, janvier – juin 1912, p. 188. —, dixième année, tome 20, juillet – décembre 1913, p. 185. —, onzième année, tome 21, janvier – juin 1914, p. 209. Le Figaro, 3 janvier 1919, p. 2. Gil Blas, 25 avril 1907. Le Mois littéraire et pittoresque, janvier 1908 (année 10, tome 19, n°109), - juin 1908 (année 10, tome 19, n°114), p. 173-174. Le Monde artiste, année 45, n°31, 30 juillet 1905. Revue de Lille, année 18, série 3, tome 1, novembre 1906-octobre 1907, p. 1076. - Archives et Musées de la Littérature (AML) : CROQUEZ Albert, « Nos peintres d’aujourd’hui II/Géo Bernier », La Fédération Artistique, n°7, 17 novembre 1907 (fiche Bernier). DUMONT-WILDEN L., « Petite Chronique des Arts et des Lettres », dans L’Éventail, 10 mars 1912 (fiche Bernier). La Dernière Heure, 27e année, n° 51, 20 février 1932 (dossier Emile Baes : ML 08478). L’événement illustré, n°40, s.l.n.d. (dossier Émile Baes : ML 08478). « Peintres belges », s.l.n.d. (dossier Émile Baes : ML 08478). - Digithèque de l’ULB : L’Art Moderne, 7 janvier 1912. —, 10 mars 1912. MORISSEAUX F.-Charles, « Le douzième provisoire », dans La Belgique artistique et littéraire, n°79, Bruxelles, avril 1912. NYST Ray, « Les Salons », dans La Belgique artistique et littéraire, n°75, Bruxelles, décembre 1911. —, « Les Salons », dans La Belgique artistique et littéraire, n°79, Bruxelles, avril 1912. —, « Les salons et les ateliers », dans La Belgique artistique et littéraire, n°112, Bruxelles, 16 novembre 1913. 28 5.1.3 Photographies - Bibliothèque d’architecture : COHEN Maurizio, Bruxelles, Art nouveau, con la collaborazione degli Archives d’Architecture Moderne di Bruxelles, Milano, ClupGuide, 1994, p. 46-47 (ARCH 720.949.33 COHE). - Archives et Musées de la Littérature (AML) : « L’artiste achevant le portrait de la famille de Bontridder », dans VERDAVAINE Georges, Les nus d’Émile Baes, Bruxelles, Éditions Gauloises, 1923, p. 25 (MLA 20385). « L’artiste achevant le portrait d’une violoniste américaine », dans VERDAVAINE Georges, Les nus d’Émile Baes, Bruxelles, Éditions Gauloises, 1923, p. 39 (MLA 20385). « Atelier du peintre Émile Baes – 4 rue de la Réforme à Bruxelles 1920-1953 », Fonds Rachel Baes (AML 1070/1434). « Coin de l’atelier », dans VERDAVAINE Georges, Les nus d’Émile Baes, Bruxelles, Éditions Gauloises, 1923, n. p. (MLA 20385). « Coin de l’atelier rue de la Réforme, 4 », 1920, Fonds Rachel Baes (AML 1070/1433). « Ensemble de l’atelier », dans VERDAVAINE Georges, Les nus d’Émile Baes, Bruxelles, Éditions Gauloises, 1923, p. 73 (MLA 20385). « La façade du 4, rue de la Réforme », Fonds Rachel Baes (AML 1070/1442). Photographie de Géo Bernier devant son harmonium, dans POTVIN Jules, Géo Bernier. 1862-1918, Bruxelles, Weissenbruch, 1926 (MLA 1519). - Archives de l’Art contemporain en Belgique : Photographie de Géo Bernier devant l’un de ses tableaux (fichier Bernier, 36. 708). Photographie de Jenny Hoppe devant l’un de ses tableaux (fichier Bernier, 36. 709). - Bibliothèque Royale de Belgique (KBR) : Ces photographies ne sont pas reprises sur le support numérique mais sont disponibles dans des ouvrages de la bibliothèque. « The Casino of Ostend : Elevation of the Seafront », 1903, Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles, dans THE BROOKLYN MUSEUM, Belgische Kunst. Belgian Art. L'Art Belge 1880-1914, Brooklyn, N.Y., Brooklyn Museum, Division of Publications and Marketing Services, 1980, p. 236. « L’hôtel Métropole, 1893. Place de Brouckère, Alban Chambon », dans ROBERTS-JONES Philippe (dir.), ARON Paul, DIERCKENS Françoise, DRAGUET 29 Michel, JAUMAIN Serge & STOCKHEM Michel (coll.), Bruxelles. Fin de siècle, Paris, Flammarion, 1994, p. 23. « Alban Chambon, théâtre de la Bourse, 1885 (détruit par un incendie en 1890) », photographie ancienne, Bruxelles, coll. Archives d’Architecture Moderne, dans ROBERTS-JONES Philippe (dir.), ARON Paul, DIERCKENS Françoise, DRAGUET Michel, JAUMAIN Serge & STOCKHEM Michel (coll.), Bruxelles. Fin de siècle, Paris, Flammarion, 1994, p. 25. « Alban Chambon, hôtel Métropole, 1893. Place de Brouckère », dans ROBERTSJONES Philippe (dir.), ARON Paul, DIERCKENS Françoise, DRAGUET Michel, JAUMAIN Serge & STOCKHEM Michel (coll.), Bruxelles. Fin de siècle, Paris, Flammarion, 1994, p. 26. 5.1.4 Catalogues d’exposition disponibles à Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique la Bibliothèque des CERCLE ARTISTIQUE ET LITTERAIRE DE BRUXELLES, catalogue de l’exposition des Femmes artistes, sous le haut patronage de S. A. R. Mme la Comtesse de Flandre. Peinture, sculpture, gravure, etc., du 15 au 30 mai 1906 (B. 1096). —, catalogue de l’exposition jubilaire, Bruxelles, 4-26 novembre 1922 (B. 966). CERCLE D’ART, catalogue de la 3e exposition, Bruxelles, 1895 (B. 994). —, catalogue de la 4e exposition, Bruxelles, 1896 (B. 995). —, catalogue du 6e salon, 1899 (B. 993). LE SILLON, catalogue d’exposition de 1897 (B. 454). —, catalogue d’exposition de 1900 (B. 455 S.P.). 5.1.5 Plans - Bibliothèque d’architecture COHEN Maurizio, Bruxelles, Art nouveau, con la collaborazione degli Archives d’Architecture Moderne di Bruxelles, Milano, ClupGuide, 1994, p. 46-47 (ARCH 720.949.33 COHE). - Archives d’Ixelles Les plans ne sont pas reproduits sur le support numérique mais ils sont disponibles dans le dossier consacré à la maison du 4, rue de la Réforme aux Archives d’Ixelles. Le dossier mentionne que les plans d’origine sont perdus mais il contient des plans datant de 2000, qui concernent les différents travaux entrepris par l’actuel propriétaire, M. Éric Fabre. 5.1.6 Permis de bâtir Le permis de bâtir n’est pas reproduit sur le support numérique mais il est disponible aux Archives d’Ixelles. 30 5.1.7 Documents officiels Arrêté du gouvernement pour la proposition de classement du bâtiment situé au 4, rue de la Réforme à Ixelles, 13 avril 1995. Disponible sur http://www.monume nt.irisnet.be/images/REGISTRE/AG/018_034.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014. Arrêté du gouvernement qui certifie le classement du bâtiment situé au 4, rue de la Réforme à Ixelles, 3 juillet 1997. Disponible sur http://www.monument.irisn et.be/images/REGISTRE/AG/022_047.pdf, dernière consultation le 21 janvier 2014. 5.1.8 Cartes postales disponibles à la Bibliothèque de l’Académie Royale Ferme de Berkendael à Ixelles, Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Place Georges Brugmann et rue Darwin, Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Place Georges Brugmann, Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Place Georges Brugmann (2), Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Avenue Brugmann, Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Avenue Louis Lepoutre, Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Avenue Louis Lepoutre (2), Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. Chaussée de Waterloo, Bibliothèque de l’Académie Royale, Fonds Dexia, album IV. 5.1.9 Registre visuel des monuments protégés MINISTERIE VAN HET BRUSSELS HOOFDSTEDELIJK GEWEST BROH – DIRECTIE MONUMENTEN EN LANDSCHAPPEN, Register van het beschermd onroerend erfgoed van het Brussels Hoofdstedelijk gewest, octobre 2010, 1165 p., disponible sur atheneumbrussel.files.wordpress.com/2011/07/register_visueel.p df, dernière consultation le 22 janvier 2014. 5.1.10 Almanachs disponibles sur le site de la Ville de Bruxelles Almanach du commerce et de l’industrie, Bruxelles, volume « rues », 1902 (AC_1902_RUES STRATEN), 170 p., disponible sur http://www.bruxelles.be/ artdet.cfm?id=6332&PAGEID=5070&startrow=51&foldername=AC_1902-04, dernière consultation le 22 janvier 2014. —, Bruxelles, volume « rues », 1903 (AC_1903_RUES STRATEN) 181 p., disponible sur http://www.bruxelles.be/artdet.cfm?id=6332&PAGEID=5070& startrow=51&foldername=AC_1903, dernière consultation le 22 janvier 2014. 31 —, Bruxelles, volume « rues », 1904 (AC_1904_RUES STRATEN,) 189 p., disponible sur http://www.bruxelles.be/artdet.cfm?id=6332&PAGEID=5070& startrow=51&foldername=AC_1904%20-%2007, dernière consultation le 22 janvier 2014. 5.1.11 Enquête Je suis allée sur le terrain, au 4 rue de la Réforme, au tout début de mon travail de recherche mais je n’ai malheureusement pas pu entrer dans la maison. J’ai eu de nombreux entretiens téléphoniques avec les propriétaires actuels, qui m’ont orientée dans mes recherches et donné certaines informations (ils m’ont par exemple permis de creuser un peu plus quant à une éventuelle participation de Paul Hamesse dans la construction de la maison). Le propriétaire m’avait dit qu’il me transmettrait des plans d’origine de la maison, il s’est hélas finalement rendu compte qu’il n’en disposait pas. 5.1.12 Carton d’invitation disponible aux Archives de l’Art contemporain en Belgique Carton d’invitation de Géo Bernier à une exposition de ses œuvres dans son atelier du 4, rue de la Réforme, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fichier Bernier (107. 999). 5.1.13 Registre de recensement de la population aux Archives de la Ville de Bruxelles Recensement 1890, Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles, lettre X, folio 583. 5.1.14 Autres archives consultées ou autres lieux investigués Je me suis rendue au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Royale de Belgique, sans résultat probant en termes de recherche. J’ai aussi consulté les Archives de l’État belge en ligne, mais à nouveau sans résultat. Enfin, la base de données BalaT ne m’a pas fourni plus de sources que celles dont je disposais déjà, hormis quelques tableaux des peintres Géo Bernier et Émile Baes ainsi que des photographies de réalisations d’Alban Chambon, que les étudiants en architecture retrouveront facilement, avec une recherche par personne, s’ils en ont besoin. 32 5.2 Sources secondaires ALAIN Gérard, « La Région au chevet de son patrimoine », Le Soir (archives), 21 novembre 2000, disponible sur http://archives.lesoir.be/la-region-au-chevet-deson-patrimoine_t-20001121-Z0JY92.html, dernière consultation le 21 janvier 2014. BOVY Philippe, Ixelles, Bruxelles, Guides CFC-Éditions, 2001, 127 p. THE BROOKLYN MUSEUM, Belgische Kunst. Belgian Art. L'Art Belge 1880-1914, Brooklyn, N.Y., Brooklyn Museum, Division of Publications and Marketing Services, 1980, 256 p. Brussels hoofdstedelijk gewest : Gevrijwaarde monumenten en landschappen, Mardaga, Région de Bruxelles-Capitale, 1999, p. 124 CHAMBON Bernard, Alban et Alfred Chambon, architectes (mémoire), La Cambre, 1995. COHEN Maurizio, Bruxelles, Art nouveau, con la collaborazione degli Archives d’Architecture Moderne di Bruxelles, Milano, ClupGuide, 1994, 159 p. LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’E.R.U., DE SALLE J., CARTON V., FRISQUE C., MAUFROY L., THIRY J.P., Ixelles : ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, Bruxelles, mars 1990, 266 p. COUVREUR Daniel, « Fondation pour l’architecture ouvre trésor de l’architecture bruxelloise frapper sous l’oriflamme à la porte de l’art nouveau », Le Soir (archives), 23 janvier 1992, disponible sur http://archives.lesoir.be/fondationpour-l-architecture-ouvre-tresors-de-l-archit_t-19920123-Z04WVE.html, dernière consultation le 21 janvier 2014. 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VERDAVAINE Georges, Les nus d'Émile Baes, Bruxelles, Éditions Gauloises, 1923, 67 p. 35 6 Table des matières 1 Introduction 2 2 Partie documentation 3 2.1 Dimension artistique et sociale 3 2.1.1 Les artistes : Géo Bernier et Jenny Hoppe 3 Géo Bernier : peintre animalier 3 Jenny Hoppe : peintre de portraits, de fleurs, de paysages et d’intérieurs 6 2.1.2 Les ateliers comme espaces de sociabilité 7 2.2 Dimension architecturale et urbanistique 10 2.2.1 L’architecte 10 2.2.2 La construction du bâtiment 13 2.2.3 Le quartier, l’environnement 15 2.2.4 Description physique du bâtiment et des ateliers 17 Aspect extérieur 17 Aspect intérieur 18 2.2.5 La succession des ateliers 20 2.3 Projection de l’imaginaire, l’atelier représenté 21 2.3.1 Les témoignages écrits 21 2.3.2 Les témoignages visuels 22 3 Partie création : scénario 25 3.1 Explications relatives au scénario / 3.2 Scénario : un journaliste se rendant à l’atelier de Géo Bernier / 4 Conclusion 26 5 Bibliographie 37 5.1 Sources primaires 27 5.1.1 Lettres disponibles aux Archives d’Architecture Moderne 27 5.1.2 Coupures de presse 27 5.1.3 Photographies 29 5.1.4 Catalogues d’exposition 30 5.1.5 Plans 30 5.1.6 Permis de bâtir 30 5.1.7 Documents officiels 31 5.1.8 Cartes postales 31 5.1.9 Registre visuel des monuments protégés 31 5.1.10 Almanachs 31 5.1.11 Enquête 32 5.1.12 Carton d’invitation 32 5.1.13 Registre de recensement de la population 32 5.1.14 Autres archives consultées ou autres lieux investigués 32 5.2 Sources secondaires 33 6 Table des matières 36 36