Sœur Mariam an Nour a prononcé un discours félicitant les élèves

Transcription

Sœur Mariam an Nour a prononcé un discours félicitant les élèves
CARMEL SAINT JOSEPH
Mechref , le 21 novembre 2013
Chers élèves,
La célébration de l’Indépendance cette année porte votre signature. Aussi je
voudrais commencer en vous adressant des félicitations pour l’exposition que vous
avez organisée avec vos professeurs et la collaboration de tous. Mes félicitations
pour tous les préparatifs, les découvertes, tout ce que vous avez appris et qui s’est
exprimé dans cette exposition.
Cette manifestation représente une action d’édification du Liban.
Je vous félicite pour cette quête des richesses du Liban à travers ses grands
hommes, ses savants, ses écrivains, ses artistes qui ont renforcé son indépendance
et dessiné son identité créatrice. Vous avez ainsi incarné votre foi constante dans le
Liban et dans son indépendance. Vous avez aussi rendu hommage à ceux qui ont cru
en lui et ont travaillé pour lui. Vous proclamez ainsi, la promesse de développer
l’esprit de citoyenneté avec les autres dans votre vie d’étudiants, plus tard
professionnelle, familiale et sociale.
L’olivier que vos camarades de la promotion des terminales 2013-2014 vont
planter symbolise le bien, la bénédiction et l’enracinement dans la terre du Carmel
et la terre du Liban. Cet olivier représente chacun de vous. C’est un acte de foi en
vous et en ce que vous portez d’amour pour l’autre et pour la patrie. C’est votre acte
de foi en la grandeur du Liban et ce que chacun de vous sèmera pour son élévation.
Nous célébrons aujourd’hui le 70ème anniversaire de notre indépendance
nationale mais nous ressentons qu’une blessure profonde touche cette indépendance
du fait des circonstances actuelles et de la détérioration des relations entre les
groupes et les partis, allant jusqu’à la rupture.
Les Libanais sont divisés, la vie politique est arrêtée, le parlement est
paralysé, le gouvernement est démissionnaire depuis 9 mois et aucun nouveau
gouvernement ne paraît à l’horizon. Le discours politique est à un niveau de
décadence éthique et de valeurs jamais atteint jusque là. Les régions du Nord et de
l’Est ainsi que la capitale et ses banlieues vivent dans la peur et l’angoisse. Près de 2
millions de réfugiés syriens connaissent les pires conditions de vie aux portes de
l’hiver.
Voilà le tableau national à la veille de cet anniversaire de l’Indépendance,
qu’allons-nous faire ?
Allons-nous nous soumettre au désespoir, à l’acceptation du fait accompli ?
Accepteriez-vous ceci, vous les jeunes filles et les jeunes gens, vous l’espoir de
l’avenir que nous devenions avec notre pays une bouchée facile à avaler ?
Seriez-vous juste de faux témoins ? ou allez-vous vous insurger contre cette
situation et chercherez-vous une issue qui nous fera sortir de ce cauchemar qui
détermine votre vie, le sort de votre pays et vous rend victime du fait accompli ?
/2
Il est de mon devoir d’attirer votre attention sur la nécessité de prendre
conscience de la situation, une conscience existentielle.
Ce pays ne sera sauvé que par vous. Ne soyez pas des instruments entre les
mains de ceux qui jouent avec le destin des autres. Dites votre mot, exprimez votre
refus, votre insoumission, proclamez votre espoir. Révoltez-vous. Prenez les armes
de la connaissance et de l’instruction. Accrochez- vous aux valeurs morales,
spirituelles, humaines et nationales et insurgez-vous. Prenez votre avenir dans vos
mains car personne ne vous fera cadeau de l’avenir, de l’indépendance et de la vie.
L’indépendance est orpheline de vous, la patrie est orpheline de vous.
Abritez-les dans vos cœurs, dans vos esprits et dans votre dignité.
Chers élèves,
Voici le temps des changements des destins non seulement au Liban mais
dans toutes les régions arabes. Ne laissez pas votre pays seul dans la tempête. Soyez
dignes de lui, construisez la véritable indépendance qui le sauvera de ce que l’on
trame contre lui dans les coulisses internationales.
Construisez votre Liban, le Liban de la liberté, de la culture et du vivreensemble, le Liban de la civilisation.
Mais rappelez-vous que la révolution ne se fait pas toujours avec des armes. Il existe
une révolution plus importante, plus digne…. celle de la richesse culturelle,
artistique, écologique, économique et sociale, la richesse morale et spirituelle.
Rappelez-vous que l’image du Liban n’a jamais été aussi sombre
qu’aujourd’hui, le Liban n’est pas ce que vous observez autour de vous. Le Liban est
celui de toutes les figures culturelles, artistiques, sportives. C’est le Liban de
Gebran Khalil Gebran, de Al Akhtal al Saghir, de Ghassan Tuéni, des savants de
Jabal Amel, du cheick Abdallah al Alayli, de Amine Maalouf, de Riad Salamé, de
Gabriel Yared, de Fouad el Turk, de Philippe Salem, de Charles Malek, de Michaël
Dabaghi, de Hassan Kamel el Sabbah, de Rammal Rammal, des Rahbani, de Feyrouz,
de Wadih el Safi, de Sabah, de Maxime Chaïa, des Saints et des Saintes, de tous les
Justes en Islam et de tous les hommes au cœur droit, et combien et combien
d’autres !
Soyez à leur image, participez à la restauration de l’image du Liban
aujourd’hui défigurée.
Créez votre indépendance et faites du Liban un phare de liberté, un
laboratoire de culture, un espace du vivre-ensemble et une oasis de paix.
Vivez et que vive le Liban !
Sœur Mariam an Nour