La Directive Oiseaux en Limousin : gros plan sur la Zone de

aménagement du territoire
La Directive Oiseaux en Limousin :
gros plan sur la Zone de Protection Spéciale
(Z.P.S.) du Plateau de Millevaches
Le Plateau de Millevaches,
petite entité d’un vaste réseau
européen.
La Directive Oiseaux, prise par
l’Union Européenne en 1979,
engage les états membres à
conserver sur leur territoire
les populations de certaines
espèces d’oiseaux sauvages.
L’une des mesures découlant
de ce texte législatif (et de sa
cousine, la Directive Habitats),
a été la constitution d’un
réseau de sites reconnus par
les naturalistes européens
pour abriter des populations
importantes de ces espèces :
le Réseau Natura 2000,
qui couvre environ 15 % de la
surface de l’U.E..
Au titre de la Directive
Oiseaux, la contribution du
Limousin à ce réseau est
de 3 zones de protection
spéciale (Z.P.S.) dont la plus
grande, celle du Plateau de
Millevaches, ne couvre pas
moins de 65 000 hectares et
doit permettre la conservation
de douze espèces d’oiseaux
d’intérêt communautaire.
MEMO
9 913 espèces d’oiseaux sur Terre
273 espèces nichant en France
métropolitaine
135 espèces nichant en Limousin
12 espèces ayant justifié la désignation
de la Z.P.S. Plateau de Millevaches
L’équilibre agriculture/forêt, une donnée déterminante pour
la plupart des espèces.
Avec une occupation du sol où les
milieux agricoles et forestiers comptent
pour moitié chacun et s’entremêlent, la
Z.P.S. accueille un peuplement d’oiseaux
original. Les espèces qui fréquentent
alternativement les espaces agricoles
et les espaces forestiers présentent
d’ailleurs de bonnes densités sur le
Plateau de Millevaches, alors que les
espèces spécialistes de l’un ou de l’autre
sont plus rares, éprouvant des difficultés
à trouver de grandes entités homogènes
leur convenant.
Dans la ZPS, les bois résineux comptent pour moitié de la
surface terrière. Certains d’entre eux sont fréquentés par la
rare Nyctale de Tengmalm (Photo P.N.R.M.L)
Par exemple, les busards sont des espèces typiques des milieux ouverts, qui
recherchent de vastes étendues de landes sèches, pelouses, pâturages… pour y
capturer de petites proies et y établir leur nid. Dans la Z.P.S., quelques couples de
busard Saint-Martin subsistent, alors que le busard cendré en aurait disparu à la fin
des années 1 990. Cette situation est vraisemblablement due à la forte régression
des surfaces de landes sèches, qui dure depuis un demi-siècle.
Dans le même ordre d’idée, le pic noir et la nyctale de Tengmalm (petite chouette
pesant une centaine de grammes) sont des oiseaux exclusivement forestiers, qui
sont apparus en Limousin ces trente dernières années, avec la recrudescence des
surfaces forestières et le vieillissement des peuplements. Toutefois, ces espèces
demeurent peu communes, voire extrêmement rare pour la nyctale. Les multiples
exigences que cette dernière a vis-à-vis de son milieu expliquent sa très faible
abondance : moins de dix couples connus dans la Z.P.S..
En effet, elle affectionne les grands massifs forestiers, à l’intérieur desquels elle
pourra trouver des arbres à cavité pour pondre ses œufs. En l’occurrence, tous les
nids trouvés sur le Plateau l’ont été dans des petites hêtraies dont certains arbres
sont forés par le pic noir, le tout à l’intérieur de massifs de plusieurs centaines
d’hectares où l’épicéa commun domine.
Entre les espèces typiques des milieux agricoles et celles typiques des milieux
forestiers, toute une série d’espèces s’accommode fort bien du paysage semiforestier de la Z.P.S. : le Circaète Jean-le-Blanc, grand rapace d’un mètre quatre-vingt
d’envergure installe son nid dans les vieilles landes boisées de pin sylvestre et part
chasser des serpents dans les tourbières et landes pâturées. Là, il peut être rejoint
par la bondrée apivore, un autre rapace migrateur qui est spécialisé dans le déterrage
des larves d’hyménoptères, et qui recherche les futaies feuillues ou vieux taillis pour
installer son nid.
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aménagement du territoire
Le milan noir installe fréquemment son nid dans les
boisements voisins de zones humides (photo. Frédéric Fara)
Dans la ZPS, la reproduction du
Pic Noir n’est connue que dans les
vieilles futaies de hêtres (photo.
O. Villa)
En vol, ces oiseaux croisent souvent la
trajectoire du milan noir, qui fréquente
assidûment les bords d’étangs et de
lacs, aussi bien pour bâtir son nid dans
un arbre de rive que pour ramasser
quelque poisson mort flottant à la
surface des eaux.
Quant à l’alouette lulu et la piegrièche écorcheur, petits passereaux
insectivores, elles se plaisent dans les
secteurs où les arbres isolés, haies,
lisières étagées se mêlent aux prés.
Elles trouvent là tous les postes d’affût
ou de chant qu’elles utilisent à longueur
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La pie-grièche écorcheur est un oiseau typique des landes
sèches. Elle fréquente parfois les coupes de résineux
(photo O. Villa)
de journée. C’est également dans ces
espaces intermédiaires entre l’agricole
et le forestier qu’au crépuscule venu, le
très discret et mimétique engoulevent
d’Europe laisse entendre son chant,
sorte de petit bruit de moteur.
Enfin, parmi les douze espèces ayant
justifié la désignation de la Z.P.S.,
la grue cendrée et le martin pêcheur
d’Europe sont les seules dont
l’abondance n’est pas déterminée par
la proportion entre espaces agricoles
et forestiers.
C’est que la première est un oiseau
de passage qui se pose dans la
Z.P.S. uniquement lors de ses haltes
migratoires, généralement au bord des
lacs de barrage. Quant à la seconde,
elle est liée aux milieux aquatiques
riches en proies, qui présentent des
berges suffisamment meubles pour y
creuser son nid.
Le Docob : un outil pour la
prise en compte des oiseaux
dans la gestion forestière
Le Parc Naturel Régional de Millevaches
en Limousin rédige actuellement le
Document d’Objectifs (Docob) de la
Z.P.S., qui devrait être achevé fin 2009.
Ce Docob dressera un état des lieux
des populations d’oiseaux dans le site,
précisera les enjeux de conservation,
et proposera une série de mesures
destinées à intégrer la préservation des
espèces dans des projets de gestion
de l’espace. Dans le domaine forestier,
cela pourra se traduire par l’inclusion
dans les documents de gestion de
mesures du type : maintien d’ilots
de vieillissement, irrégularisation de
peuplements, création de lisières
étagées… Rédigé dans un esprit de
concertation et prenant en compte
les aspects socio-économiques du
territoire, le Docob se veut avant tout
un guide d’accompagnement des
forestiers, agriculteurs, gestionnaires
d’espaces naturels. Car sa finalité est
bien de permettre à des espèces de
continuer à cohabiter avec l’homme et
ses activités.
Olivier Villa
Chargé de mission Natura 2000
PNR de Millevaches en Limousin
[email protected]
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