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CHOISIR UN MéTIER n° 226 . dossier n° 52 2e trimestre 2010 Les métiers du design Le design. Une définition qui appelle des questions pages II & III Les différents domaines du design pages IV à VII Profession : designer pages VIII & IX Devenir designer pages X & XI Formations et diplômes pages XII à XV Carnet d’adresses page XVI Dossier coordonné par Françoise Cœur, Inspectrice générale design & arts appliqués LUMINAIRES Projet de luminaires, réalisé en partenariat avec la société SCE (Société Centrale d’Eclairage). Objectif : présentation de prototypes au salon « Maison et objet » à Paris en septembre 2010. Projet réalisé par Julie Ozanne, DSAA 1 création industrielle, promotion 2009/2010. © Lycée Rive gauche, Toulouse Les métiers du design Design et société Le Design, une définition qui appelle des questions Le design est au cœur des questions de société, il interroge l’humain. Il est une démarche de questionnement face aux problèmes que pose notre avenir immédiat. « Vivre ensemble » ou comment un mobilier urbain, un aménagement collectif peuvent tisser des liens ; « Communiquer » ou comment l’ergonomie du signe peut rendre intelligible la pensée ; « Travailler / jouer » ou comment l’espace ou l’outil peuvent accompagner l’activité ; « Se vêtir » ou comment, et pourquoi, s’habiller, se parer, se costumer… Il induit, outre les bases technologiques indispensables à toute production, des croisements disciplinaires qui font appel à la sociologie, la philosophie, l’économie et la gestion, le marketing… et au rêve. Design et développement durable BEKINI : Véhicule de loisir conçu et prototypé en partenariat avec deux écoles d’ingénieur (Ensam Arts et Métiers de Cluny, et Institut Supérieur du Transport et de l’Automobile de Nevers). La voiture repose sur le principe technique de 4 roues directrices, et sur l’absence de colonne de direction, ce qui permet de la piloter pieds nus cheveux aux vents. Véhicule de loisir et de service, elle est pensée pour les stations balnéaires, les terrains de golf. Son design reprend les codes du contexte (serviette de bain déroulée en une feuille d’aluminium usiné créant les zones d’assise du véhicule, planches de surf servant de dossiers aux passagers...) Ce prototype a été conduit et exposé au Salon Mondial de l’automobile de Paris. Les étudiants Designers créateurs sont maintenant designers chez Matra et Dassault Aviation. © École supérieure des arts appliqués de bourgogne / Lycée de la communication, Nevers Le design selon l’International Council of Societies of Industrial Design « Cette définition s’applique à tous les métiers du design. Elle contribue à l’élaboration d’une discipline unique. Le design est une activité créatrice dont le but est de présenter les multiples facettes de la qualité des objets, des procédés, des services et des systèmes dans lesquels ils sont intégrés, au cours de leur cycle de vie. C’est pourquoi il constitue le principal facteur d’humanisation innovante des technologies et un moteur essentiel dans les échanges économiques et culturels. Les fonctions du design : le design a pour objectif de découvrir et d’assurer des relations structurelles, organisationnelles, fonctionnelles, sensibles et économiques, qui permettent de : - veiller à la protection de l’environnement et à sa pérennité à l’échelle mondiale (éthique globale) ; - assurer des avantages et une liberté accrue à la communauté humaine, aux utilisateurs finaux, aux producteurs et aux acteurs des marchés, qu’il s’agisse d’individus ou de groupe (éthique sociale) ; - promouvoir la diversité culturelle face à la mondialisation (éthique culturelle) ; - proposer des produits, des services et des systèmes, dont les formes expriment (sémiologie) la complexité intrinsèque au sein d’une cohérence interne (esthétique). Le design s’attache à des produits, des services et des systèmes conçus au moyen d’outils, d’une organisation et d’une logique impulsés par l’industrialisation – même lorsqu’ils ne sont pas fabriqués en série. Appliquée à la conception, l’adjectif « industriel » doit être associé au mot industrie ou à sa signification de secteur de production, voire à son ancienne définition « d’activité industrieuse ». Ainsi, le design est une activité qui implique un large éventail de professions dans lesquelles produits, services, graphisme, architecture intérieure et architecture ont un rôle à jouer ; L’objectif du design : à elles toutes et de concert avec d’autres professions complémentaires, ces activités devraient souligner encore davantage la valeur de la vie. Ainsi, le designer exerce une activité intellectuelle et pas simplement un métier ou un service destiné à des entreprises. » http://www.icsid.org II L « Faire du design », c’est un métier, et ça s’apprend ! ’engouement suscité par le design et le retentissement médiatique dont il bénéficie ont l’avantage de conforter quelque peu l’image de cette discipline en France et de la rendre visible. Quelques designers phares sont hissés au rang de vedettes, voire de divas. Ils font l’objet d’articles savants ou vulgarisateurs, d’interviews rigoureuses ou complaisantes ; leurs productions, photographiées par des artistes de renom, sont largement diffusées sur papier glacé. La piste est bientôt suivie par les « branchés », bientôt rattrapés par les autres. Ce bruitage est positif, le grand public adhère, les chefs d’entreprise et les industriels intègrent la dimension design. Mais cet engouement, en ce sens qu’il débouche sur l’élargissement d’un « marché », réduit le design à une mode alors qu’il est un mode de pensée. Sa notoriété grandissante produit donc des effets pervers. L’intérêt du public allant grandissant, par glissement de sens, on amalgame « design » et « décoration » et l’écran télévisuel, évidemment assoiffé d’audience, multiplie les sujets qui, plus que de la rubrique design, ressortissent de l’onglet « bricolage ». L’objet devient artefact et n’est plus perçu que superficiellement, dans sa seule apparence visuelle et ludique. Et, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, chacun trouve à s’improviser « designer » pour exprimer sa « créativité ». Ce foisonnement est sympathique. Or, « faire du design », c’est un métier, et ça s’apprend. Ce qu’est le « design » : une démarche, un processus de conception qui met en tension un besoin, les possibilités technologiques et les qualités formelles d’un produit. Ce qu’il n’est pas : un « geste artistique », isolé et sans autre finalité que la volonté de son créateur. Il n’est pas non plus un habillage « décoratif ». Le design doit améliorer les performances du produit et, soyons clairs, le vendre. Et pour cela, séduire. Le produit doit séduire selon les cas par une ou plusieurs qualités étroitement associées : sa forme, sans doute, et sa fonctionnalité et son ergonomie, sa technicité, son potentiel d’innovation, l’imaginaire qu’il véhicule, la pensée qu’il induit, la poésie qu’il suggère, la surprise qu’il crée… Cohabitent donc et interagissent dans la conception les relations entre la fonction et la forme : la démarche créative et les contraintes techniques, économiques, commerciales. Serait-il plus lisible si l’on flanquait le mot « design » d’un complément d’objet ? Design de produit (le TGV ou la brosse à dent ?), design graphique (la page web ou la campagne d’affichage ?), Design d’espace (l’abribus ou la salle de bain ?), design de mode (le défilé haute couture ou le maquillage ?). Finalement, qu’est-ce que « l’objet du design » ? Et dans quel fichier ranger le design qui ne réfléchit plus des objets mais des univers, qui ne conçoit plus des produits ou des services mais des scénarios d’usage, qui prospecte l’avenir, ou le design « atout-marketing » qui remplace le besoin par le désir. Mais désir et besoin ne sont-ils pas synonymes ? Et, en fin de compte, qu’est-ce qu’un produit réussi ? La performance se lit-elle du point de vue économique, fonctionnel, technologique, esthétique ? La complexité du processus de création rencontre l’étendue des applications possibles : de l’objet le plus modeste, réalisé en petite série mais à forte valeur d’estime, au produit de haute technologie mais agissant sur l’environnement, de la scénographie éphémère d’une manifestation commerciale ou culturelle à l’aménagement pérenne d’un espace de vie chargé de sens, de la page virtuelle à la campagne publicitaire engageant des financements lourds … chaque projet met en jeu des compétences pointues, des hypothèses de résolution variées, des démarches plasticiennes et créatives confrontées à des démarches scientifiques exigeantes et rigoureuses. Le design, valeur ajoutée, enjeu fort pour l’économie, est obligatoirement prospectif et s’inscrit dans les innovations technologiques, la Recherche & Développement. Le design doit interroger l’industrie et renouveler la vision de la production et de la consommation. De longue date, les sciences et techniques industrielles se préoccupent d’éco-conception et, pour l’habitat et la construction, de haute qualité environnemental (HQE). Le design est en première ligne car il intervient dans tous les domaines : logement, communication, transport, santé, équipement, services. « Concevoir un produit à consommer » induit que les produits conçus s’intéressent aux modes de production et aux habitudes de consommation, à la provenance géographique des matériaux, à la quantité d’emballage, à la durée de vie de l’objet, à son recyclage, au sort fait aux déchets… Ces contraintes sont sources de créativité, des solutions concrètes sont directement issues de la recherche en design. HQE : Démarche de création de modèles de maisons et de principes de mobiliers industriels à ossatures bois, réalisé dans le cadre d’un partenariat avec un industriel basé en Bourgogne. Les projets ont consisté à la conception d’architecture intérieure visant la cible de personnes à mobilité réduite (ergonomie, circulation normées), l’accueil de sportifs lors d’une installation événementielle (mobiliers de couchage, et rangements des effets personnels...) et la conception d’architecture légères de loisir (de type chambre d’hôtes). Tous les projets ont considéré les impératifs de haute qualité environnementale. Projet réalisé par des étudiants de DSAA Créateur-Concepteur, options Création Industrielle et Architecture Intérieure. © École supérieure des arts appliqués de Bourgogne Lycée de la communication, Nevers III Les métiers du design Les différents domaines du design De produits, d’espace, événementiel, graphique, de mode, industriel ou artisanat d’art... le design est multiple Le design de produits NESPRESSO : Prototype de machine à café nomade. Le dispositif fonctionne comme une gourde aux propriétés thermiques développées. L’emballage est pensé pour recevoir quelques capsules de la marque pour choisir le parfum idéal. Projet réalisé en DSAA Créateur Concepteur Option Création industrielle dessiné par Delphine Klein et Marion Pannier. Finaliste du concours Nespresso et exposé au salon du meuble de Milan. © École supérieure des arts appliqués de Bourgogne Lycée de la communication, Nevers IV Le design de produits renvoie à différents domaines de pratique : les cibles varient (consommateur, industriel, producteur, etc.) ; les secteurs diffèrent (biens d’équipement, services) ; les activités sont innombrables. À l’image de la définition donnée au niveau international, l’évolution et la remise en cause des pratiques du designer sont permanentes. Les domaines répertoriés peuvent aller du design opérationnel (réponse à un besoin existant) au design prospectif (recherche de nouveaux comportements, par exemple). Le designer produits doit avoir la capacité à transcrire, à traduire les besoins par les scénarios d’usage et de comportements (schémas complexes prenant en compte les consommateurs potentiels, les fonctions, l’ergonomie, le contexte… liés à l’utilisation future). La dimension technique est prégnante, elle implique la connaissance des matériaux, de leur mise en œuvre et de leurs propriétés, la prise en compte des enjeux économiques et la faisabilité des projets. De plus, la connaissance des univers « produit », l’identification des comportements de l’utilisateur, l’intuition des nouveaux modes de vie sont essentielles. Sans ignorer le phénomène de la marque (« branding »), la conception de projet réunit une équipe pluridisciplinaire : modeleurs 2D/3D, prototypistes, maquettistes, ingénieurs produit, ergonomes, sociologues, écologues, spécialistes marketing, sémiologues, gestionnaires spécialistes de la démarche qualité… Le design de produits vise deux cibles principales : - Le grand public : de l’entreprise au consommateur, B to C (business to consumer) - Les entreprises : de l’entreprise à l’entreprise B to B (business to business) Il concerne deux secteurs : les biens d’équipement (l’automobile et les transports en général, la bijouterie, le commerce de détail, la construction et le BTP, l’électricité et l’électronique, l’équipement radio – TV et les télécoms, l’édition, la presse et l’imprimerie, l’habillement, le textile, le cuir et la chaussure, l’hôtellerie-restauration, le meuble, le jouet, les sports et les loisirs…), et les services (l’administration publique, les activités financières, l’éducation, la Recherche & Développement, la santé et l’action sociale, les services aux particuliers…). Le design d’espace Le domaine de l’espace recouvre plusieurs réalités : l’espace habité qui concerne l’architecture d’intérieur, l’espace scénographique des lieux de représentation, l’espace environnemental qui s’intéresse au cadre naturel ou paysager comme au cadre construit. Le design d’espace rencontre donc l’aménagement de sites publics ou privés, collectifs ou individuels mais aussi la conception d’éléments mobiliers, urbains ou intérieurs. Les activités du designer d’espace sont fondées sur l’interprétation des attentes du maître d’ouvrage et la prise en compte qualitative et ciblée des besoins des usagers, elles requièrent des connaissances scientifiques, techniques et artistiques mais aussi des qualités organisationnelles et méthodologiques Le designer d’espace propose des solutions conceptuelles, stratégiques et formelles adaptées aux problématiques de la demande, qui nécessairement s’inscrivent dans un contexte culturel, historique, social, économique, juridique et réglementaire. Il s’attache à concevoir et mettre au point le projet tout en participant au suivi de sa mise en œuvre. Chacune des étapes de conception est concrétisée par la production de documents de communication du projet ainsi que des éléments de visualisation des choix technologiques et techniques. Le design d’espace concerne différents secteurs d’activité économique : - l’espace architectural et urbain : habitat, tertiaire, industriel, commercial, culturel, cultuel, loisirs… ; - le paysage urbain, naturel et construit ; - le patrimoine architectural, industriel, historique ; - les produits d’environnement, mobilier, luminaire, objet… ; - la mise en scène : muséographie, scénographie, arts de la rue… Le design événementiel Le domaine de l’événementiel porte sur la conceptualisation et la création de produits de communication appliqués à des volumes et par extension, sur l’aménagement d’espaces communicants. Comme pour le design de produits, deux cibles principales : le grand public et les entreprises et deux secteurs : les biens d’équipement et les services auxquels s’ajoute, de façon non négligeable, l’exposition à vocation culturelle. Les outils de communication ainsi créés s’adressent à tous types d’annonceurs, quel que soit son marché, son mode de distribution et sa clientèle, B to B ou B to C. Les marchés d’application sont très vastes, on peut les regrouper en trois catégories : - volumes éphémères de communication : le secteur de la publicité sur le lieu de vente (PLV), de la communication sur le lieu de vente (CLV) et du packaging, - espaces éphémères de communication : les secteurs du stand d’exposition dédié à la communication sur les foires, salons et congrès, la scénographie commerciale et d’expositions temporaires ou itinérantes, les espaces événementiels, - espaces pérennes de communication. A l’articulation du design d’espace et du design graphique, l’exigence technique fait coïncider les deux domaines. Il s’agit de bien concevoir des volumes mais ceux-ci doivent porter du sens, à des fins commerciales ou culturelles. Les stratégies de communication et leur mise en œuvre rencontrent la connaissance des matériaux, de leurs propriétés, des modes d’assemblage, la maîtrise des procédés d’éclairage, des outils informatiques, des logiciels professionnels spécifiques et des techniques d‘impression. La prise en compte des enjeux économiques, ergonomiques, écologiques, de la règlementation en vigueur et de la faisabilité des projets est essentielle et le respect des délais, souvent très courts, impératif. PROPOS RECUEILLIS Patrick Le Quément Directeur de Renault Design - in Design(s), ed. Bréal, 2004 « La concurrence a toujours existé dans l’automobile. Mais plus ou moins dure, selon les rapports entre l’offre et la demande. Et puis, il y a le fait que le design est devenu un argument de vente, comme l’image de marque. Vous pouvez prendre l’image de n’importe quel produit industriel pour vous en convaincre… » Christophe Pillet Concepteur de l’hôtel Sezz à Saint-Tropez - in La Parisienne, avril 2010 « Avant, nous consommions tous du style international avec l’idée que nous pouvions être partout chez nous. Je trouvais cela satisfaisant, mais là aussi cette idée est derrière nous ». Olivier SIDET Designer « Je crois que ça fait plusieurs années qu’il y a des débats récurrents sur : design/art, lieux ou on trouve le design et lieux de l’art… Je sais qu’aujourd’hui je suis heureux de pouvoir montrer des choses qui n’ont aucun autre scénario d’existence que celui de la galerie. Alors, savoir si ce qui est montré c’est de l’art ou du design… Moi je pense que c’est toujours du design. Simplement c’est exercé de manière totalement libre. Effectivement, ce n’est pas du tout du design industriel. Je trouve qu’il y a une chose simple qui est l’exercice de la liberté. Moi je revendique ça. ». V Les métiers du design Le design graphique des médias, du hors média et du multimédia Le design graphique a pour fondement la conceptualisation et la création de produits de communication au service d’un particulier, d’une institution ou d’une entreprise ; il donne forme et sens à un concept de communication, à une identité, à une idée, à un message, etc. Il s’agit donc de maîtriser la stratégie de communication dans différents domaines dont le cœur de l’activité reste le graphisme. L’activité est centrée sur la mise en page ou la mise en forme de contenus graphiques fixes ou animés sur des supports médias très variés. Le design graphique investit trois grands champs : - Le graphisme éditorial : les secteurs du livre, de la presse et du hors médias avec les plaquettes, flyers, rapports, etc.), - Le graphisme d’identité : les secteurs de l’identité visuelle : corporate (tout ce qui relève de la stratégie d’entreprise, du nom, de l’identité, etc.) et branding (tout ce qui relève de la marque, du nom, de l’image, etc.), - La signalétique, l’affiche, l’illustration de presse et du livre. Les produits de communication ainsi créés sur tous types de supports traditionnels, © ESAIG Estienne VI EN BTS, informatique rime… avec innovation ! dit « print », ou multimédia, s’adressent à tout commanditaire ou annonceur quel que soient son marché, son mode de distribution, le média utilisé et sa clientèle B to B ou B to C. Le design graphique s’intéresse à l’actualité mondiale, aux évolutions en termes de design, de techniques de communication et de marketing. Il requiert une créativité pragmatique, inspirée de l’analyse des attentes du client, de sa vision du produit, de son message. Œuvrant essentiellement dans des domaines qui impliquent un renouvellement constant et rapide des formes, il doit anticiper et être prospectif. Il s’agit de décliner l’image d’une marque, de mettre en valeur des produits ou des services, d’interpréter les signes et les messages à véhiculer par le ou les médias proposés, de proposer un ton pour une formule éditoriale. Le dialogue du designer graphique entre pairs et avec d’autres interlocuteurs (y compris commerciaux), demande une forte capacité d’adaptation et d’organisation dans des contextes simultanés et donc, une forte réactivité. La maîtrise du dessin, mais aussi des outils informatiques, des logiciels professionnels spécifiques et des techniques d’impression et de multimédia sont indispensables TRAITS D’ORCHESTRE : Les musiciens de l’orchestre national de France vus par les étudiants de l’École supérieure des arts appliqués et des industries graphiques Estienne. Grand hall de la Maison de Radio France, exposition du 16 mars au 31 mai 2009. DESIGN de MODE Re-matérialiser. Variations autour d’un matériau unique. BTS 1 design de mode et d’environnement en partenariat avec la société Balas Textile. ESAA Duperré. Professeurs : Fabienne Fradet (crédit photographique), Valérie Batelot, François-Xavier Hérody. Le design de mode, le design textile Si les autres domaines du design sont ouverts et polyvalents et si l’insertion s’opère dans différentes structures, celui de la mode est particulièrement éclaté et pluriel. Les terrains sont variés et peuvent relever stricto sensu de l’univers « mode » : la haute couture, le prêt-à-porter, les créateurs, les grands magasins, les centrales d’achat des grandes surfaces et les bureaux d’achat à l’étranger, mais concerner aussi les différents domaines du design (produit, communication, espace), la VPC (vêtement, aménagement de la maison, cosmétique, paramédical, etc.) ou l’industrie lourde (automobile, aéronautique…). L’image du « créateur » ou du « styliste » qui renvoie au succès médiatisé d’un petit nombre d’enseignes, mérite d’être revisitée. Les profils d’emploi dans le secteur de la mode sont extrêmement divers, parfois inattendus. Il reste que le profil des designers de mode est lui, assez stéréotypé : la passion de « la Mode », de l’air du temps, de la tendance et… une forte puissance de travail. On relève cependant, sous le terme « mode », plusieurs entrées et on trouve des fonctions qui s’apparentent au métier de « consultant », des fonctions qui engagent une « conception » dans le domaine du vêtement, du textile, de l’accessoire ou de l’environnement maison et des fonctions qui relèvent du « dessin ». Pour simplifier : Les stylistes : le « styliste vêtement », le « styliste tendance », le « styliste accessoire », « chaîne et trame » ou « maille » ou bien le « styliste conseil-acheteur », le « styliste photo » qui met en situation et en valeur les produits textiles, les vêtements, les véhicules, l’environnement maison, les cosmétiques, l’alimentation, pour la presse, le net, les agences publicitaires, la télévision (images fixes, séquences courtes)… Les designers : « le designer couleur », le « designer matière », le « designer polysensoriel »… Les « dessinateurs-stylistes textile », « infographistes » ou encore « graveurs » (impression textile), « illustrateurs vêtement »… L’« attaché de presse » qui assure l’interface et l’information auprès de la presse écrite, la télévision, le net, réalise le shopping boutiques ou show-room ou l’« assistant rédactionnel » qui effectue la liaison entre le rédacteur (journaliste) et le bureau de presse. Design industriel et artisanat d’art Contrairement au designer qui ne produit la plupart du temps que des projets, ceuxci étant réalisés dans le cadre de l’industrie ou de l’artisanat, l’artisan d’art suit la plupart du temps sa production d’un bout à l’autre : il conçoit, il fabrique et il commercialise. De plus, il doit trouver sa clientèle, maîtriser ses outils de gestion, renouveler son outil de production et, bien souvent, former. Mais comme le design qui, bien qu’ayant une histoire, s’inscrit dans l’actualité et dans l’avenir immédiat, les métiers d’art dépassent aujourd’hui l’image de la transmission de savoir-faire patrimoniaux, voire simplement traditionnels. Outre la valeur artistique des productions et l’indéniable nécessité de conserver ces savoir-faire et de leur permettre de perdurer, les métiers d’art représentent un enjeu économique fort, notamment dans les métiers du luxe. Les 69 entreprises que rassemble le Comité Colbert pèsent environ 12 milliards d’euros. Cette excellence patrimoniale doit impérativement s’impliquer dans la création contemporaine pour trouver ou garder ses marchés. DMA ébénisterie : Console Autour du jeu Nicolas Viel. © Lycée des métiers de l’ameublement, Revel VII Les métiers du design Le design est une profession de synthèse, il s’appuie sur une activité conceptuelle et créatrice, dans une dialectique entre « dessin » et « dessein ». Profession : designer S i, de toute évidence, concevoir une campagne de communication est différent de concevoir une salle de bain ou un canapé, des points communs relient l’ensemble de l’activité du design. De plus, pour identifiés qu’ils soient, ces différents domaines développent de plus en plus de porosité entre eux. On voit un designer graphique s’intégrer dans une agence produit, un styliste tissu intervenir dans le service design intégré d’un constructeur automobile… Le design est une profession de synthèse, il s’appuie sur une activité conceptuelle et créatrice, dans une dialectique entre « dessin » et « dessein ». Dans tous les cas, la technique implique une ouverture pluridisciplinaire permettant de travailler en équipe et de distinguer les dif- CROQUIS ET MAQUETTE Contenant de type vase, dont la particularité est d’anticiper sur sa casse, puisqu’il en renferme un autre, puis un autre... A l’instar des poupées russes. Croquis d’intention et premières modélisations sur le thème « Exprimer et canaliser ses émotions au moyen d’un objet exutoire», mémoire de DSAA, Jessica Lévy. © Lycée rive gauche, Toulouse VIII férents champs technologiques mais aussi de les mettre en relation. La culture technologique passe aussi par la veille et la maîtrise des outils informatiques et des logiciels professionnels. La prise en compte des enjeux éthiques, économiques, ergonomiques, écologiques et des règles déontologiques est indispensable. Parallèlement, la démarche de projet impose curiosité, sensibilité artistique et plastique, goût de l’innovation, prise de risques calculés. Quoi qu’il en soit, le designer possède les bases des vocabulaires spécialisés pour dialoguer avec l’ingénieur, le chef de projet, le directeur du marketing. Créatif, il est ouvert à l’international, capable d’identifier les enjeux sociaux et perméables aux tendances trop agressifs, les matières hostiles, les odeurs déplaisantes. Tout doit être feutré, lisse et accueillant, sentir « le neuf »… L’emploi s’est aussi développé grâce aux nouvelles générations de designers. L’offre a créé la demande et le prosélytisme des designers récemment sortis des écoles, mais aussi leur conviction et leur talent, ont fait émerger un marché du travail. Leur compétence confirmée par leurs résultats leur a permis de se constituer un réseau de relation et de définir les profils de postes, donc, de « coopter » les nouveaux entrants. L’entrée dans le métier s’effectue le plus souvent à l’issue de stages, en France ou à l’étranger. Un quart des designers choisissent le statut de travailleur indépendant. Agence de design ou service de design intégré, designer indépendant ? L’insertion professionnelle s’effectue dans une agence, un bureau de création indépendant, un service intégré à une entreprise publique ou privée, une administration, une collectivité territoriale, une association. Le designer indépendant travaille en free lance ou en qualité de consultant. Le « designer junior » ou « concepteur », est Le design est une discipline jeune en France et cette complexité des domaines, des pratiques, des produits et des structures engendre un paysage un peu flou, difficile à cerner. Les designers stars, qui rendent visible la profession, sont un peu l’arbre qui cache la forêt, mais eux-mêmes animent souvent une équipe. La profession est créatrice d’emploi. Des milliers de designers sont salariés et travaillent au sein d’agences ou d’entreprises dont le chiffre d’affaire est considérable. Les structures se répartissent en 3 codes APE. A peine 20% des structures réalisent plus des trois quart du chiffre d’affaires et emploient 80% des effectifs. Le design de produits représente la majorité des emplois, avec une forte composante packaging, mais plus de la moitié des structures pratique parallèlement le design de communication. Le design graphique, dans sa dimension multimédia, connaît actuellement un fort développement. De plus, l’activité n’est pas réduite au seul design, les supports de communication d’un produit ou d’une marque sont également traités, ainsi que le conseil stratégique et le suivi technique. Le nombre d’emplois indirects est largement augmenté par l’élargissement des spécialités. On voit émerger un « design sonore » (qui ne se souvient des quelques notes qui suivent 118..., remplaçant le numéro d’appel des renseignements téléphoniques ?), un « design olfactif »… Une équipe de designer travaille sur le design sensoriel chez Renault pour traquer les claquements de portières un débutant encadré : dans le cadre d’une équipe dirigée par le chef d’équipe, il conçoit et présente le projet sous forme de roughs, plans, maquettes, et/ou images de synthèse. Le « designer sénior », « directeur artistique », « responsable de bureau d’étude » est un chef d’équipe, confirmé, autonome. Il peut encadrer une équipe et, à terme, devenir chef de projet. Le « chef de projet », adjoint au directeur d’étude ou de création, coordonne la conception et le suivi de production du projet avec mise en relation client et assure de manière autonome un ou plusieurs projets. Le « directeur d’étude » ou « directeur de création », cadre, suit les projets transversaux. Le « chef de fabrication » ou « responsable technique », dans les métiers de l’exposition, assure le suivi de production, la réception du chantier et la relation avec les fournisseurs ; dans le secteur du packaging ou de la PLV, assure le suivi de production et signe les bons à tirer. Le « design manager », cadre supérieur, investit les domaines de la stratégie et du management du design. PROPOS RECUEILLIS Boris BOUISSAGUET, professeur agrégé, Lycée Rive gauche, Toulouse Design et dessin « Il est question de se situer en conscience dans une période charnière entre l’utilisation de la main comme principal outil de projection de la pensée, et la révolution numérique, qui n’en est plus à ses balbutiements. L’enseignement du design peut de ce point de vue particulier parfois sembler réactionnaire. Privilégier le dessin dans l’ère du tout numérique est-il encore concevable ? Nombreux sont les praticiens, et parmi eux la plus jeune génération de designers à s’accorder sur le fait que la pensée se projette, éclot, explose même littéralement, dans sa spontanéité, par l’acte de jeter un premier trait. Le plus court chemin entre l’idée et sa projection : la main qui pense. Et pas seulement dans ce jaillissement initial, mais la main triture la matière aussi, sculpte la forme, démonte les interactions, creuse les inflexions voulues. Le modeleur informatique, bien nommé, a ses propres logiques, son propre langage, et donc formule ses propres choix, in fine. Loin d’être une guerre entre anciens et modernes, c’est bien la conscience qui se doit d’être interrogée ici. L’analyse de la production des formes actuelles, pour qui y aiguise son œil, permet d’en percevoir l’influence. Et s’il s’agit d’une question de langage, poser la question du balbutiement, du repentir, de l’hésitation, ou du bug ne revient pas au même. Il y a par exemple un long chemin entre l’anti design italien ou la fougue punk du premier Ron Arad, la bride lâchée par Coop Himmelblau, et les plus virtuoses des récentes envolées de Franck O’Gehry ou Zaha Hadid permises par l’outil numérique. Il n’empêche, ce qui trie ce très bon grain de l’ivraie, ce n’est pas juste une accélération technologique, mais bien une pensée claire projetée spontanément en actes, et simplement relayée même si magnifiée, par un outil un peu plus performant. Une conscience critique est en train de naitre face au tout venant d’une production industrielle nivelée et sans imagination. L’enseignement du dessin-dessein, trouve dans cette question précise toute sa légitimité. » IX Les métiers du design Devenir designer Le discours dominant veut que, plus que le titre, c’est le parcours de formation qui est important. A la question « Comment enseigner le design ? », Ettore S0TTSAS répondait : « Le design est une façon de concevoir la vie. C’est une façon de concevoir la société, la politique, l’érotisme, la nourriture, et même le design. Au bout du compte, c’est une utopie figurative ou une métaphore sur la vie. Assurément, le design, pour moi, ne se limite pas à la nécessité de donner forme à un produit plus ou moins stupide pour une industrie plus ou moins raffinée. Si l’on veut dispenser un enseignement quelconque sur le design, le premier des enseignements à donner porte sur la vie et l’on doit insister en expliquant que la technologie est l’une des métaphores de la vie. ». Pourquoi former les designers, pourquoi les former dans des structures diversifiées, pourquoi les diplômer ? X Tous les indicateurs confirment l’importance et la vitalité d’une formation de haut niveau relayée par la diversité des cursus. Le métier est jeune, il se structure, il s’impose car il répond à une réalité moderne. Socialement, économiquement et culturellement, il est en pleine expansion. Une étude sur les politiques européennes de design, réalisée par l’Agence pour la promotion de la création industrielle (APCI) en 2004, confirme que la profession est créatrice d’emploi mais aussi que les formations de haut niveau qui sont aujourd’hui proposées aux étudiants présentent une grande diversité de statuts, de cursus, de méthodes pédagogiques et font de l’offre de design française l’une des plus riches et des plus diversifiées. Les études menées sur la liaison formationemploi, notamment celle de Monique Vervaeke, sociologue chargée de recherche au CNRS (article de CPC Info, juin 2006), montrent qu’il existe des passages d’un secteur de design à un autre mais que la spécialité de formation est un « critère de différentiation d’insertion ». Le « créatif autodidacte » est une vue de l’esprit. Au contraire, les entreprises privilégient à l’embauche les candidats ayant une solide formation et apprécient de plus en plus les diplômes étrangers. De plus, la diversité des formations initiales est un atout pour la profession. Le discours dominant veut que, plus que le titre, c’est le parcours de formation qui est important. Fortement valorisé par une dimension internationale. C’est naturellement exact. Pourtant on constate une forte évolution du profil des recrutés : environ 60% des designers embauchés avant 1998 sont diplômés d’une formation spécialisée en design. Ils sont près de 90% entre 1998 et 2002 et les profes- sionnels récemment recrutés ont un niveau d’études correspondant à bac+4 ou bac+5. Le diplôme est un atout, confirmé par la notoriété de l’établissement où il a été préparé, quel que soit leur statut ou leur tutelle. On constate également que le recrutement à bac + 2 est très minoritaire (7% des nouveaux embauchés entre 98 et 2002). Pour autant, un cycle court peut accéder à des postes de responsabilité si ce cycle est repris postérieurement par une formation longue, avec notamment un passage à l’étranger. On sait que le maillage du territoire par les formations répond à la demande des étudiants mais aussi aux besoins de la société. Plus de la moitié des agences de province ont moins de 10 ans et la progression se poursuit. L’activité design est maintenant exercée par des professionnels formés dans des écoles spécialisées. Ces écoles s’attachent les talents des designers les plus actifs. Les stages à l’étranger et les échanges d’étudiants et d’enseignants s’intensifient. Donc nous formons. Design ou arts appliqués ? Ce n’est qu’en 1996 que l’Éducation nationale accepte l’appellation « design », lors de la rénovation du baccalauréat F12 Arts appliqués. En effet, en seconde « de détermination », deux options sont créées : « Création design » et « Culture design ». Rentrée 2010, cet enseignement, rénové, devient « d’exploration » sous l’intitulé « Création & culture design ». Le baccalauréat prend, lui, l’intitulé « Sciences et techniques Design & arts appliqués », intégrant ainsi la double dimension « design » et « arts appliqués », qui englobe les « métiers d’art ». À partir de 2002, le mot « design » est acquis et qualifie l’ensemble des BTS rénovés : design de produits, design graphique, design d’espace, design de mode, textile & environnement, design de communication espace et volume… La demande des familles est forte pour ce type de formation, attractive en terme d’image, motivante pour les élèves. L’Éducation nationale entre dans une dynamique nouvelle : offrir, à un secteur professionnel naissant un socle de formation élargi. Aux écoles tutélaires viennent progressivement s’ajouter des lycées de province pour aboutir à un maillage cohérent de l’ensemble du territoire. La suite d’études et l’insertion professionnelles sont possibles à bac + 2 et bac + 4 ainsi que l’accueil des élèves aux parcours non encore fixé à plusieurs niveaux d’entrée. En somme, des formations d’excellence sont ouvertes à des publics variés, pour des itinéraires souples et des sorties diversifiées. Quels contenus pour quels profils ? Le développement exponentiel des métiers du design, la reconnaissance récente de sa « valeur ajoutée » par les entreprises, l’engouement du public – pour de bonnes ou de mauvaises raisons – produisent un choc salutaire. Même si des malentendus subsistent, le design n’est plus considéré comme l’habillage du produit, le « style » dicté par la « tendance », la forme. Cette rupture met à jour de nouveaux besoins pour les designers, notamment celui d’intégrer progressivement des conventions collectives afin de se situer sur une grille salariale correspondant à des niveaux de qualification. Et donc, définir et hiérarchiser les compétences requises. Entre la sensibilité de l’autodidacte autoproclamé et la rigueur de l’ingénieur passionné par la relation forme/fonction/matière/technique, un individu plus complexe apparaît qui évolue entre le « tout technique », le « tout mercatique » et le « tout plastique ». Cette tension entre des pôles complémentaires rejaillit auprès des acteurs de la formation. Ils doivent intégrer la complexité des langages employés et des enjeux disciplinaires pour que leurs étudiants comprennent la place qu’ils occupent au cœur des activités de la conception. La filière Design & Arts appliqués à l’Éducation nationale L’ensemble des formations est centré sur la démarche créative liée au respect d’un cahier des charges et sur l’acquisition de l’autonomie. Aux différents niveaux, l’enseignement s’appuie sur une approche expérimentale et une permanente pratique du dessin. Il fait interagir culture générale, artistique et technique et créativité et s’appuie sur la maîtrise des outils traditionnels et numériques pour mettre en œuvre la démarche de projet. Remarque : Les formations marquées d’un astérisque accèdent au niveau supérieur si ce dernier est de la même spécialité. XI Les métiers du design Formations et diplômes Au niveau IV, le baccalauréat STI arts appliqués est une première étape vers une poursuite d’études (rénové, il prendra à la rentrée 2011 le titre : Sciences et techniques Design & arts appliqués - STD2A). Il apporte le socle nécessaire pour un accès à l’enseignement supérieur dans l’ensemble © ESAA Boulle « Réinventer notre manière d’être, habiter le vivant, intensifier le présent, enchanter le réel, voyager… » Le BTS Design de Communication, Espace et Volume (DCEV) explore dans le champ du design des problématiques liées aux concepts de l’éphémère et de l’événementiel. Certains dispositifs pédagogiques s’appuient sur des partenariats avec des entreprises qui par leur ancrage à un contexte réel permettent d’enrichir le propos et les apprentissages. Bien souvent, le postulat de travail repose sur un cahier des charges fourni par le partenaire, qui est analysé, critiqué, réécrit. L’investigation est menée jusqu’au stade de l’avant-projet, parfois jusqu’au prototype. Elle permet ainsi à l’entreprise partenaire de disposer à l’issue de l’étude d’un champ varié d’hypothèses autour de la proposition première. La gamme des millésimés chez VCP Depuis plus de six ans, nous poursuivons une collaboration régulière et fructueuse avec l’entreprise Veuve Clicquot Ponsardin du groupe LVMH autour des différents produits de la gamme et de ses positionnements. Cette année, la demande consistait à reconsidérer le packaging de la gamme des millésimés, en l’associant au moment subtil et particulier de la dégustation. Lors de la prise de contact sur le site de Reims, il s’agissait pour les étudiants de comprendre le positionnement et les engagements de l’entreprise, d’appréhender l’univers poétique du champagne et les indices gustatifs de la dégustation et de qualifier la notion de luxe propre au produit, en vue des approches et des recherches à venir. Les propositions peuvent être parfois surprenantes, comme celle consistant à habiller un Rare Vintage 1988 d’une armure d’acier. Ce millésime, caractérisé par sa grande finesse et sa rareté, se révèle quasiment inaccessible par la présence d’un hérissement de pointes acérées. Qui s’y frotte s’y pique, il convient alors si l’on souhaite le déguster de faire preuve d’une extrême délicatesse. Tel un livre précieux, rarement sorti de la bibliothèque, le packaging lauréat adopte un tout autre parti pris qui permet de dévoiler peu à peu une secrète bouteille millésimée. Une modernité affirmée par le choix de lignes franches et une élégante simplicité. Les deux étudiants, auteurs du projet lauréat, ont ainsi pu bénéficier d’un stage au sein de la société VCP. XII des formations préparant aux métiers du design, notamment dans les filières technologiques mais aussi en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE ENS Cachan département design). La pédagogie développée en classes de première et de terminale s’appuie sur des démarches expérimentales qui permettent aux élèves d’appréhender de manière active les univers complexes du design et des métiers d’art. Il s’agit, en cycle terminal, de permettre aux élèves d’acquérir une première culture du design, d’engager une pratique expérimentale et de maîtriser les bases des outils capables de traduire leurs intentions. Les résultats à l’examen sont excellents et relativement stables sur les dix dernières années : 1999 : 90% reçus ; 2005 : 92% reçus ; 2009 : 88,3% reçus Les effectifs augmentent régulièrement. En 1996, environ 1400 élèves étaient scolarisés en terminale baccalauréat STI arts appliqués, ils sont près de 2400 aujourd’hui. Les Classes de mise à niveau des arts appliqués Ces classes sont ouvertes aux élèves issus d’un baccalauréat d’une filière autre qu’arts appliqués. Sur une durée d’une année, elles permettent une réorientation à des élèves particulièrement motivés. Comme le bac STI arts appliqués, elles donnent accès à des poursuites d’études diversifiées bien que majoritairement ciblées sur les formations design. La classe de mise à niveau des arts appliqués accueille près de 1500 élèves aujourd’hui. Les Classes préparatoires à l’École Normale Supérieure de Cachan, département design L’accès est ouvert à tous bacheliers, sur dossier scolaire. Les études se déroulent sur deux ans et préparent au concours de l’ENS les élèves qui souhaitent se diriger vers l’enseignement (agrégation d’arts appliqués). Les places en CPGE sont rares mais les réussites au concours d’entrée à l’ENS sont encore plus rares (8 postes offerts en 2009). Cependant, ces deux années de formation bénéficient d’une excellente notoriété et permettent aux élèves qui n’intègrent pas l’ENS de poursuivre dans les différentes structures d’enseignement supérieur artistique. Une centaine d’étudiants fréquentent les 2 années des 3 sections. Au niveau III (bac + 2), les BTS design et les Diplômes des métiers d’art accueillent les élèves titulaires d’un bac STI Arts appliqués, les étudiants issus d’une classe de mise à niveau des arts appliqués ou encore les élèves issus d’une formation de niveau IV en relation avec la spécialité du diplôme postulé. L’élargissement de l’offre de formation se poursuit. En 1996, toutes spécialités confondues, le nombre d’étudiants se présentant aux BTS design était d’un peu plus de 900, ils sont aujourd’hui plus de 2500. En 2002, les constats sur le devenir des étudiants en BTS montraient que seulement 20% d’entre eux entraient directement sur le marché du travail, la plupart du temps dans des petites structures. Les chiffres ont peu évolué, ils restent 80% à poursuivre leurs études, en France ou à l’étranger. Cela conforte l’opinion des professionnels qui assurent qu’un designer doit être formé à bac + 4 ou bac + 5. Le BTS remplit bien son rôle de socle, de période d’apprentissage des notions fondamentales. La poursuite d’étude est ensuite ouverte en Diplôme supérieur d’arts appliqués (DSAA), à l’université ou dans les Ecoles supérieures d’art. Les Brevets de technicien supérieur design (bac + 2) Six spécialités de BTS sont proposées : design de produits, design d’espace, design de mode-textile & environnement (option design de mode, option textile, matériaux, surface), design graphique (communication visuelle option graphisme-édition-publicité, option multimédia), design de communication espace et volume, concepteur en arts et industries céramiques. La structure des formations est analogue pour chacune des spécialités. À titre d’exemple, le BTS design de produits, récemment actualisé, répartit les enseignements de la façon suivante : - une dizaine d’heures d’enseignement général : culture générale et expression, philosophie, langue vivante, mathématiques et sciences physiques, économie et gestion. - un peu plus de 20 heures en enseignement artistique et professionnel : culture design, technologies, pratique plastique, atelier 3D, atelier de conception (1. analyse et méthode, 2. construction et process, 3. communication et infographie), On peut noter que le vaste et polymorphe secteur du graphisme est très attractif pour les étudiants mais aussi celui qui offre le plus d’emplois. Les formations s’orientent de plus en plus vers le numérique, en sachant que l’image se concrétise en image fixe ou image animée et que l’image imprimée passe de toute façon actuellement le plus souvent par l’état numérique, les deux étant souvent liés. Les Diplômes des métiers d’art (bac + 2), de l’habitat, du décor architectural, du spectacle, du textile, du bijou, du livre, du verre, de la céramique, du cinéma d’animation… Les titulaires d’un diplôme des métiers d’art s’insèrent prioritairement dans le secteur artisanal, voire en qualité de travailleurs indépendants, affiliés à la Maison des Artistes. Pour autant, l’enseignement dispensé poursuit des objectifs analogues à ceux des formations « design » tournées vers l’industrie. Le nombre d’implantations des DMA est réduit, compte tenu des besoins professionnels limités. Très attractifs, ils sont sélectifs à l’entrée. Les référentiels sont découpés en crédits d’enseignement pour faciliter les parcours européens et les poursuites d’études à l’étranger. Les étudiants issus des DMA sont particulièrement intéressés par la création ou la reprise d’entreprise. Pour leur permettre de conforter leurs compétences dans le domaine de la gestion d’une très petite entreprise, une licence professionnelle en alternance a été créée à leur intention en partenariat avec l’université de Marne-laVallée. En 1996, 250 étudiants se présentaient aux DMA, ils sont aujourd’hui 600. MANGEOIRE A OISEAUX Projet de diplôme de DSAA Créateur-Concepteur option Création Industrielle dans le champ des céramiques techniques. L’objet reprend les codes formels d’une pièce de céramique tournée, mais ses qualités de surface permettent d’amplifier le chant des oiseaux lorsqu’ils sont à l’intérieur. La partie concave contient de l’eau pour leur toilette, moment idéal pour déclencher le chant, ce dernier est alors amplifié par la forme du volume, et les qualités de finitions de l’objet (émaillé-biscuit), et sert de porte voix au volatile. Suspendu dans un arbre la pièce est un système audio de haute définition mais bucolique. © École supérieure des arts appliqués de bourgogne Lycée de la communication, Nevers XIII Les métiers du design Après le DSAA, Les CQP de d’études l’industrie poursuite oupharmaceutique insertion professionnelle ? Les étudiants de DSAA, comme l’ensemble de la population étudiante, souhaitent de plus en plus poursuivre des études. La vocation professionnalisante à haut niveau du DSAA conduit donc à établir des passerelles qui permettent aux diplômés de poursuivre un cursus en master, tout en maintenant fermement le cap de l’insertion professionnelle. C’est-à-dire que les étudiants qui le souhaitent peuvent entrer en master 2 dans certaines formations. En particulier, un partenariat est établi avec l’ENS Cachan, département design. Au niveau II (bac + 4), l’accès aux Diplômes supérieurs d’arts appliqués (DSAA) est ouvert. Sept spécialités de DSAA sont proposées : créateur concepteur, option création industrielle, option architecture intérieure et environnement et option communication visuelle, architecture intérieure et création de modèles, mode et environnement, créateur concepteur textile, arts et techniques de la communication (la particularité de cette formation est de recruter des étudiants de divers horizons (design, commerce, édition) pour un travail en équipe pluridisciplinaire, création typographique (travail de la lettre, création de caractères et communication textuelle appliqués à diverses problématiques et divers supports), illustration médicale et scientifique. La certification des DSAA est construite au cours de la deuxième année autour d’un projet qui donne lieu à une soutenance, appuyée sur un mémoire. Des professionnels, de notoriété nationale ou internationale, suivent les étudiants à toutes les étapes de leur formation et de leur certification. On rencontre ainsi dans les classes et au cours des workshops : Ruedi Bauer, Olivier Sidet, Frédéric Ruyant, Matali Crasset, Nestor Perkal, Patrick Lecharpy, Tardi, Paul Cox, etc. CASQUE Concours design : le casque de vélo et la protection de tête pour cyclistes. Une initiative de l’association Prévention MAIF, en partenariat avec le magazine Intramuros, dans le cadre de l’opération Ensemble à vélo / Permis Cycliste pour enfants. Le projet présenté ci-dessus a été réalisé par Audrey De Launay, DSAA 1 création industrielle, finaliste du concours, projet prototypé et exposé. Publication sur Intramuros. © Lycée rive gauche, Toulouse XIV Les établissements accueillant les DSAA, au nombre de 13, sont peu nombreux. La particularité de ces formations, qui sont avant tout professionnalisantes, nécessite une structure pédagogique et matérielle confirmée ainsi que de solides partenariats professionnels pour les accueillir. C’est donc dans les écoles « historiques » que se sont implantés les premiers DSAA : Duperré (créée en 1856), Boulle (créée en 1886), Estienne (créée en 1889), Olivier de Serres (qui a regroupé en 1969 l’ancienne École d’arts appliqués à l’industrie et l’École des métiers d’art). Ces établissements ont rejoint de longue date le Réseau Cumulus. Pour autant, compte tenu du succès de ces formations, reconnues par les designers et plébiscitées par les étudiants, un élargissement de l’offre s’est avéré indispensable. Ont été ouverts les DSAA de Roubaix, Lyon, Nevers et, à la rentrée 2006, celui de Marseille, à la rentrée 2007, ceux d’Illchirch-Graffenstaden et de Toulouse. La rentrée 2010 verra l’ouverture de trois nouveau DSAA : à Chaumont, à Nantes et à Rennes. PROPOS RECUEILLIS Valérie de CALIGNON, professeur agrégé, ESAA Boulle L’exemple du DSAA architecture intérieure à l’École supérieure des Arts appliqués Boulle La poursuite d’études La promotion de juin 2009 a vu sept étudiants sur quinze prolonger leurs études en 2010. Trois d’entre eux sont entrés en école d’architecture, trois autres en master design à l’ENS, la septième étudiante est en dernière année d’architecture intérieure à l’école des Beaux arts de Pékin. Par ailleurs, plusieurs étudiants ont repris des études d’architecture après une à trois années d’expérience professionnelle. L’insertion professionnelle A l’issue du DSAA, le délai d’insertion durable sur le marché du travail varie de 0 à 6 mois, exceptionnellement de 9 à 12 mois. Une fois acquise une première expérience professionnelle, aucun jeune diplômé, n’est au chômage durablement. Cependant l’embauche directe en CDI est exceptionnelle. Plusieurs contrats en CDD en sont le préalable général. Le champ d’insertion professionnelle est vaste (événementiel, architecture commerciale et design global, agences d’architecture intérieure et d’architecture, images et films d’animation spécifiques au projet d’espace). Les lieux d’évidence de l’insertion professionnelle des DSAA sont les agences d’architecture intérieure et d’architecture commerciale : Jean-Michel Wilmotte, Andrée Putman, Saguez&Partners… mais aussi toutes les agences d’architecture intérieure sans renommée particulière, de moyenne et petite taille ; également : les bureaux de design global intégrés de groupes et grands magasins. À Paris, les jeunes diplômés embauchés dans un bureau d’études intégré (Printemps, Bon Marché, L’Oréal, Dior, LVMH) sont d’emblée rémunérés 2000 € brut. Dans ces mêmes structures, le salaire passe rapidement à 3000 € brut et plus, après 2 à 3 années d’expérience. Dans ces structures également, l’augmentation du niveau de responsabilité, la prise en charge de chantiers et le suivi complet des projets arrivent rapidement. Les DSAA trouvent également leur place dans les grandes agences d’architecture, soit au sein d’une équipe dédiée à l’architecture intérieure et au design (chez Jean Nouvel, Valode et Pistre…) soit pour tenir un rôle spécifique lié à la communication ou la recherche de produits et matériaux (concours, expositions, publications, banque de données, répertoire). Dans le cadre de ces missions précises, ils sont valorisés pour un regard particulier, une culture différente, des compétences complémentaires à celles des architectes. C’est aussi dans les agences d’architecture les plus réputées que les DSAA sont le moins bien payés à l’entrée : 1500 € de salaire brut dans les grandes agence parisiennes qui embauchent régulièrement des DSAA sortants. Après deux ans d’ancienneté la fourchette salariale varie de 2000 à 2500 € brut. Certains anciens DSAA se tournent rapidement et définitivement vers la représentation du projet, en indépendant ou au sein d’agences spécialisées, comme Arte Factory. Le degré d’exigence concernant la communication des projets augmente sans cesse, y compris dans le cadre des concours publics, où le rendu doit souvent associer perspective 3d, power point et film d’animation. La compréhension de l’espace et du projet sont nécessaires pour mener à bien ces différentes missions de représentationcommunication. C’est une des options d’entrée dans la vie professionnelle les plus rémunératrices. Quelques uns ont fait le choix de conserver un statut de free lance qui les rémunère correctement, leur donne l’opportunité de rencontres et d’expériences variées, une bonne autonomie de travail, avec une responsabilité (au sens juridique) qui reste circonscrite. Ils deviennent ainsi des prestataires sous-traitants d’agences d’architecture intérieure, capables de suivre un projet de bout en bout, y compris en phase chantier. Quelques anciens DSAA ont créé leur propre agence, après minimum cinq ans d’expérience en agence. Quelques uns ont passé le CAPET et/ou l’Agrégation et sont devenus professeurs après quelques années d’expérience professionnelle. Ceux qui s’exportent à l’étranger (Melbourne, Mexico, New York, Nouméa) au sein d’agence d’architecture intérieure en demande de compétences reconnues, semblent obtenir rapidement des responsabilités en tant que chefs de projet. Les projets suivis sont majoritairement des constructions ou restructurations de grands hôtels. A Barcelone, trois diplômés de 1999 ont fondé leur propre agence d’architecture intérieure. On retrouve la promotion de juin 2009 au bureau design de Martin Margiela, dans l’équipe archi intérieure de Jean Nouvel, dans l’agence de Paul Chemetov, pour des missions de représentation et communication graphique, dans le bureau intégré (architecture intérieure) du Bon Marché, enfin une étudiante est embauchée, après avoir effectué une mission d’assistance à maitrise d’ouvrage pour le lancement d’un grand concours d’architecture. XV Les métiers du design Carnet d’adresses Des écoles du ministère de la Culture Les institutions Agence pour la promotion du design industriel (APCI) 24 rue du Charolais, 75012 Paris www.apci.asso.fr École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) 48 rue Saint-Sabin, 75011 Paris Agence régionale du développement et de l’innovation 41 rue Garibaldi, 69006 Lyon http://www.ardi-rhonealpes.fr/ Alliance française des designers (AFD) c/o Maison des photographes, 121 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris www.alliance-francaise-des-designers.org Cité du design 3 rue Javelin Pagon, 42048 Saint-Etienne cedex 1 www.citedudesign.com *L’ENSCI est également sous la tutelle du ministère de l’Industrie Le Lieu du design 74 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris www.lelieududesign.com École nationale supérieures des arts décoratifs (ENSAD) 31 rue d’Ulm, 75240 Paris Valorisation des industries de l’ameublement (VIA) Viaduc des Arts, avenue Daumesnil, 75012 Paris www.viafrance.fr École supérieure d’art et de design de Saint-Etienne 3 rue Javelin Pagon, 42048 Saint-Etienne cedex 1 Où préparer les Diplômes supérieurs arts appliqués du ministère de l’Éducation nationale Paris, École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art DSAA créateur concepteur : Lyon, Lycée La Martinière Terreaux-Diderot - option création industrielle Marseille, Collectif des lycées Jean Perrin, Denis Diderot, Marie Curie, Antoine de Saint-Exupéry - option architecture intérieure et environnement Strasbourg Illkirch – Graffenstaden, Lycée Le Corbusier - option communication visuelle Toulouse, Lycée Les Arènes, Rive-Gauche Rennes, Lycée de Bréquigny Paris, École supérieure des arts appliqués Boulle Nevers, Lycée de la communication DSAA architecture intérieure et création de modèles Nantes, Lycée Eugène Livet Paris, École supérieure des arts et industries graphiques DSAA arts et techniques de la communication : - option communication - option typographie DSAA illustration médicale et scientifique Paris, École supérieure des arts appliqués Duperré DSAA mode et environnement Roubaix, École supérieure des arts appliqués et du textile DSAA créateur concepteur textile Lyon, Lycée La Martinière Terreaux Chaumont, Lycée Charles de Gaulle DSAA créateur concepteur - option communication visuelle Consulter www.lycee-pasteur.com/sitenational/artsappli.htm www.onisep