1 Turandot à Metz Les 21 et 23 septembre 2014 L`Opéra
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1 Turandot à Metz Les 21 et 23 septembre 2014 L`Opéra
Turandot à Metz Les 21 et 23 septembre 2014 L’Opéra-Théâtre Metz Métropole a ouvert sa nouvelle saison en présentant, pour la première fois, la Turandot de Puccini, son dernier opéra que la maladie et la mort l’empêchèrent d’achever. L’œuvre devait faire l’objet, l’an dernier, d’une co-production avec l’Opéra National de Nancy. Mais la différence de plateau entre les deux scènes lorraines empêchant la réutilisation des décors, c’est une version de concert qui a été retenue pour Metz. Seules subsistaient du projet initial la participation de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy et la réunion des chœurs des deux établissements. Le livret, s’il permet une scénographie à grand spectacle, repose avant tout sur la confrontation entre les principaux personnages (Liù/Calaf, Calaf/Turandot, Liù/Turandot) et les interventions mi comiques, mi méditatives du trio Ping, Pang, Pong. Autrement dit, en dépit des apparences, on a affaire à une œuvre intimiste et les nombreuses interventions du chœur ne sont que la prolongation vocale du magnifique tapis sonore que tisse les somptueuses trouvailles orchestrales de Puccini. Aussi l’absence de mise en scène ne constitue pas une gêne pour la compréhension de cet opéra. Plus problématique est l’équilibre auditif à trouver entre l’orchestre, occupant toute la scène, les solistes placés au premier plan, et les chœurs situés dans les loges latérales. Force est de reconnaître que l’accent mis par le chef, José Miguel Pérez-Sierra, sur les éclats des percussions, ajouté aux stridences aiguës de certains solistes (Liù, Calaf), proches parfois du cri, agressaient désagréablement les oreilles des spectateurs des premiers rangs, alors que la disposition habituelle des musiciens dans la fosse, et celle de solistes entourés de décors, auraient atténué les premiers et adouci les secondes. Le résultat reste cependant positif grâce à la force inventive de la partition. Même si, après la mort de Liù -au-delà de laquelle Alfano reprit, sans génie particulier, les esquisses laissées par son maître pour terminer l’opéra-, l’intérêt retombe. Saluons la parfaite homogénéité des chœurs, l’excellence des seconds -mais indispensables- rôles : une mention particulière pour le Ping du baryton coréen Ilhun Jung, accompagné par deux ténors, le Français Marc Larcher (Pong), et le Chinois Ge Song (Pang) ; un autre Chinois, la basse Ke Zhang, incarnait avec autorité un Mandarin. Alain Gabriel, loin des Empereurs chevrotants souvent distribués dans ce rôle, donnait beaucoup d’humanité à Altoum et Giovanni Furnaletto avait la noblesse résignée de Timur. On regrettera d’autant plus de ne pas trouver chez Bing Bing Wang le legato, le phrasé et la science des sons filés qui font les grandes Liù, quand elles savent y joindre l’intensité émotionnelle. Hélas, la soprano, venue de Shaghaï, n’offrit au spectateur messin que maniérisme et les aigus déplaisants d’une voix sans charme particulier. La dureté des sons ne répondait guère à ce qu’on attend de la douce et humble esclave. On pourrait faire presque les mêmes remarques sur le Calaf de Jean-Pierre Furlan. Ce n’est pas la vaillance qui lui manque et il assume le registre tendu du rôle sans faiblir, mais aussi sans nuances. Les aigus deviennent criards et la voix bouge avec la fatigue. Le public acclame un Nessum dorma à réveiller un mort mais totalement dépourvu du frémissement impatient de l’amant. 1 Heureusement Cécile Perrin sut se montrer royale dans le rôle, combien périlleux, de Turandot. Elle se joue du registre aigu sans difficulté apparente, tout en gardant la souplesse de l’émission qui lui permet des notes filées propres à traduire les failles du personnage. Une magistrale leçon de chant digne des plus grandes. Le chef conduit avec fougue un orchestre discipliné mais souvent plus bruyant que brillant, et il sait maîtriser la cohésion des nombreux et complexes ensembles que comporte l’œuvre. On eût aimé plus de subtilité dans le rendu des nuances et des couleurs chatoyantes de la partition. L’ultime chefd’œuvre de Puccini laisse songeur l’auditeur, réduit à imaginer toutes les pages que le compositeur aurait pu encore lui offrir. À commencer par ce finale de Turandot que le musicien voulait grandiose et dont nous resterons frustrés à jamais. Danielle Pister 2