4 Saisons - 2 éleveurs de reines

Transcription

4 Saisons - 2 éleveurs de reines
RENCONTRE
MES VACHES ET MOI
avec deux éleveurs de la vallée
Eloi Abbe, éleveur passionné, 9 têtes
de bétail, 2 bêtes classées dans le
top 10 à Moiry en 2010.
A quand remonte cette passion?
Je l’ai dans le sang! Cela remonte à
mes ancêtre… J’ai acheté mon premier veau à l’âge de 15 ans.
Selon toi, quelles sont les 5 secrets
pour faire d’une vache une reine?
Premièrement, il faut aimer les vaches
et s’en occuper avec soin. Par exemple,
j’ai dormi trois nuits de suite à côté de
ma vache Paloma parce qu’elle n’était
pas bien. La vache doit sentir qu’elle
est en sécurité à nos côtés, qu’elle
peut compter sur nous en cas de pépin.
C’est important de leur parler et de les
appeller par leur prénom. Une vache
peut être aussi affectueuse qu’un
animal domestique. Et quand j’ai des
soucis, certaines viennent vers moi et
me lèchent la figure. C’est un phénomène qu’on ne trouve en principe que
chez les éleveurs. On m’a reproché de
trop les pouponner mais maintenant,
elles donnent des résultats, il faut
savoir patienter. J’ai même soigné les
bêtes de propriétaires «concurrents»
qui avaient été blessées à l’alpage.
C’est ça aimer les bêtes!
Deuxièmement, dans le choix de la
bête, il faut avoir le coup d’oeil.
Troisièmement, il faut préparer la
reine, lui accorder des moments pour
la promener et lui préparer son physique pendant la période hivernale.
Je sors mes vaches deux fois par
semaine. Quatrièmement, il faut lui
assurer la meilleure santé possible,
qu’elle soit traite convenablement et
agouttée de façon à ce qu’elle n’ait
pas de suites fâcheuses. Et cinquièmement, il faut assurer la relève de la
reine et lui trouver un bon géniteur et
espérer que cela engendre quelques
femelles.
Selon toi, qu’est-ce qui est le plus
difficile à vivre dans ce monde-là?
Pour moi, le plus dur, c’est le jour où je
dois me séparer de l’une de mes bêtes
(je les appelle mes maîtresses!). Je ne
me sens pas bien. Je m’isole et j’ai les
larmes aux yeux. Par contre, quand
il m’arrive de retourner voir l’une de
mes bêtes à l’étable de son nouveau
propriétaire, elle me reconnait et c’est
une vraie fête!
Quel est l’un de tes plus beaux souvenirs?
Cet hiver, Paloma a fait une fièvre
du lait. On a du la mettre sous perfusion. Elle était prostrée et amorphe.
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On avait peur qu’elle meurt. Elle ne se
relevait plus. Puis j’ai eu une idée: je
lui ai mis son veau à côté. Au bout de
quelques minutes, elle s’est relevée
et s’est mise à le lécher. Ça a acceléré la guérison, c’est sûr! Cela m’a
beaucoup touché. Et puis, j’ai reçu le
secret contre les dartes, alors je suis
très heureux de me mettre occasionnellement au service des éleveurs qui
en ont besoin.
On dit «tel père, tel fils», en est-il
de même dans le rapport éleveurvaches?
Certainement! Un propriétaire ou un
éleveur connu pour faire des coups
tordus possède souvent des vaches
qui ont le même comportement que
lui (par exemple, elles attaquent partout sauf où il faut, ce n’est pas un
tête-à-tête loyal). Hélas, des vaches
peuvent devenir reine en étant pas
fair-play du tout. C’est pour cela que
personnellement, je préfère avoir une
bête qui n’est pas nécessairement
reine mais qui s’est fait une bonne
place, avec respect et panache.
IBg
Combat de reines,
le dimanche 17 avril
aux arènes de Mission, dès 9h.
Eliminatoires et finales dès 15h.
220 bêtes inscrites.
Entrée: Fr. 15.-
Raphaël Zufferey, président du Comité d’organisation du combat de
reines de Mission.
Deux vaches classées parmi le top
10 à Moiry en 2010, 40 têtes de
bétail.
Comment t’es-tu passionné pour les
vaches?
La passion m’a pris depuis tout petit.
Papa a toujours eu des vaches. Mon
plus beau souvenir, était de faire des
saisons au Mayen des Moyes (Ayer)
avec mon oncle Robert Antille. Cette
ambiance du Mayen, les odeurs, une
tante qui faisait la popote; il y avait
Léonce Faust qui faisait le fromage;
on a pris des bains de petit-lait au feu
de bois… Une autre fois, j’avais 6-7
ans, mon père avait une vache qui
s’appelait Fauvette, c’était une bonne
vache à lait qui se laissait tout faire;
une vache de rêve pour les gamins,
elle se laissait caresser de partout, on
allait par-dessous les tétines!
Etre Président d’un Comité d’organisation de combat de reines, cela
consiste en quoi?
D’abord, il faut faire la demande officielle des combats à la Fédération
d’élevage de la race d’Hérens. Ensuite,
je dois réunir les syndicats de la vallée
et former les Comités respectifs. Le 17
avril à Mission, cela sera le premier
combat dont je suis président mais
c’est le 4ème match auquel je participe dans le comité d’organisation.
Combien de têtes de bétail possèdes-tu?
J’ai 40 têtes de bétail sur deux exploitations, 32 têtes dont je suis seul à
m’occuper et 8 bêtes en étable communautaire à St-Jean. Je passe 6
heures par jour à m’occuper de mes
bêtes et 7 heures au restaurant. Heureusement que je peux compter sur le
soutien de mes parents!
Toutes mes vaches ont un nom, ce ne
sont pas des numéros. J’ai un rapport
personnel avec chacune d’elles. J’en
prends soin. En hiver, ma priorité c’est
le lait. Sur une quinzaine de bêtes qui
vêlent sur l’année, je prépare environ
3 bêtes spécifiquement pour la lutte
(alpage et match).
Qu’est-ce que cela t’apporte dans ta
vie?
Pour moi, c’est une source de revenu,
de plaisir et une grande passion.
Quelle est le rôle de l’argent dans
tout cela?
Une vache qui gagne un match nous
fait gagner une cloche, c’est tout. Par
contre, la vache prend de la valeur et
l’élevage aussi. Toute sa descendance
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prend de la valeur de même que la
réputation de l’éleveur. En ayant des
Hérens qui luttent bien, tu peux gagner de l’argent en vendant du lait et
en vendant une combattante ou de la
descendance.
Est-ce que le mérite est le même
pour le riche propriétaire d’une
vache dont il ne s’occupe pas?
Oui, ces gens-là, on en a besoin. Ils
font vivre toute une communauté
d’éleveurs et même les vachers. Grâce
à eux, on peut maintenir le nombre de
vaches d’Hérens en Valais. Si ces gens
arrêtent de nous acheter des vaches,
nous en Anniviers, on peut fermer.
Où va les bénéfices des matchs?
Cet argent rémunèrent les Caisses
d’Assurance de bétail. Par exemple,
pour St-Jean, on a une caisse d’assurance privée et grâce à elle, s’il devait
arriver malheur à l’une de mes vaches,
je pourrais me faire rembourser. En
2010, on a eu six décès de vaches!
IBg