Médecins de Montagne Publications Titre : « Ski de fond

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Médecins de Montagne Publications Titre : « Ski de fond
Médecins de Montagne
Publications
Titre : « Ski de fond : présentation, pathologies traumatiques et microtraumatiques, diététique, entraînement »
Auteur(s) : Dr Alain PUIG
Date : 1995
Cadre : NC
PLAN :
1) Présentation. Percée du SKATING
2) Traumatologie
3) Micro - Traumatologie
4) Conseils : Diététique, Préparation générale, Lutte contre le froid
5) Conseils spécifiques pour progresser.
6) Quelques compétitions de masse en France.
PRESENTATION. LA PERCEE DU SKATING
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"Vieux comme la neige", apparu dans les pays nordiques avec la nécessité de se déplacer, le SKI
NORDIQUE ou SKI DE FOND a connu ces dernières années un bouleversement technique qui en
modifie la pratique et la compétition.
En marge du SKI ALTERNATIF (ou technique classique), se pratiquant dans des rails et
s'apparentant - pour la majorité des pratiquants - à de la "marche glissée", existe depuis une
dizaine d'année le SKATING (ou technique du pas du patineur).
Beaucoup plus rapide, beaucoup plus "fun" car associant une notion de glisse à celle du seul
déplacement qui était l'image du SKI DE FOND.
Avènement comparable à celui du SURF DES NEIGES, il a modifié le déroulement des épreuves
olympiques : interdit au début, il a maintenant sa place à part entière à coté des compétitions en
style CLASSIQUE et la majorité des épreuves de masse, dans le monde entier, se court en SKATE.
La population pratiquant s'est ainsi rajeunie et diversifiée.
La grande majorité des pratiquants de masse reste toutefois fidèle à l'ALTERNATIF, plus facile à
apprendre, utilisant un matériel plus traditionnel et moins onéreux, avec un plus grand parc de
location en station.
Le SKATING est encore réservé à une clientèle plus jeune et plus sportive, le CLASSIQUE au 3° age
actif ou aux ballades en famille.
L'équipement est différent, tant au niveau des chaussures que des skis, les fixations modernes
étant mixtes.
EN CLASSIQUE : skis à écailles pour la pratique quotidienne ou skis à farter pour la compétition ou
l'entraînement.
chaussures tenant très peu la cheville.
EN SKATING ; skis beaucoup plus courts et légers, ne nécessitant qu'un fartage de glisse et non de
retenue, très
facile techniquement. chaussures avec arrière pied beaucoup plus rigide.
Il existe également des solutions mixtes : skis à demi-écailles permettant l'ALTERNATIF sur neige
souple (la retenue sur neige dure étant beaucoup plus problématique) et le SKATING sur neige
damée, mais avec des sensations moins satisfaisantes. chaussures mixtes où une "attelle"
postérieure amovible permet de raidir la cheville en SKATING.
TRAUMATOLOGIE
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C'est essentiellement une pathologie liée aux chutes et aux collisions, elle a peu de caractéristiques
spécifiques au sein de la pathologie des sports d'hiver, en dehors de la répartition des accidents et
du faible pourcentage des lésions potentiellement dangereuses.
QUELQUES CHIFFRES
Le réseau d'épidémiologie de "MEDECINS DE MONTAGNE" a dénombré pendant l'hiver 94/95, 1064
accidents de SKI DE FOND, grâce à la participation de 62 MEDECINS DE MONTAGNE, dans 45
STATIONS. Parmi ces accidentés, 64% de femmes et 36% d'hommes (à rapprocher du chiffre
concernant la pratique : 63% des skieurs de fond sont des femmes)
TRANCHE D'AGE : Avant 15 ans : 8% des accidentés
15/30 ans : 11% des accidentés
30/60 ans : 65% des accidentés
Après 60 ans : 16% des accidentés.
A rapprocher de la tranche d'age majoritaire chez les pratiquants : 40 à 70 a.
En ce qui concerne les blessés dénombrés, 33% d'entre eux sont débutants 41% d'entre eux
"débrouillés" 9% seulement sont "experts" (17% non renseignés)
Le réseau épidémiologique de "MEDECINS DE MONTAGNE" va bientôt réaliser le comptage de la
population témoin pour vérifier l'existence d'un sur-risque chez les débutants.
Parmi les accidents, seuls 8% d'entre eux sont causés par des collisions, contre 10.1 % tous
SPORTS D'HIVER confondus ; 9% des accidentés sont amenés dans les cabinets de stations par le
service des pisteurs-secouristes, contre 27,6% des blessés en SKI DE PISTE ; la notion de
"ramassage et de surveillance" des pistes de SKI DE FOND est donc à améliorer dans la plupart des
stations.
Si l'on démembre les 1064 accidentés recensés, l'on retrouve :
* 271 FRACTURES, soit 25.5%
* 423 ENTORSES, soit 39.8%
* 38 LUXATIONS, soit 3.6%
* 214 CONTUSIONS, soit 20.1%
* 29 PLAIES, soit 2.7%
* 76 LESIONS MUSCULO-TENDINEUSES, soit 7.1%
* 3 TRAUMAS CRANIENS, soit 0.3%
LOCALISATION DES BLESSURES :
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461 siègent au MEMBRE SUPERIEUR, soit 43.3%
421 siègent au MEMBRE INFERIEUR, soit 40%
28 au niveau de la FACE et du CRANE, soit 4.4%&127;
120 au niveau du BASSIN et du THORAX, soit 13%
3% des skieurs sont des SKIEURS DE FOND
Les accidents représentent 2.7% des accidents de SKI (le "sous-risque" est donc faible,
contrairement
aux idées reçues)
PARMI LES 423 ENTORSES RECENSEES :
* 288 siègent au MEMBRE INFERIEUR, soit 68%
- 205 au GENOU (48.5%)
- 78 à la CHEVILLE (18.5%)
* 135 siègent au MEMBRE SUPERIEUR, soit 32%
- 46 sont des M.C.P. du POUCE (10.9%)
- 28 AU POIGNET (6.6%)
- 21 sont des ACROMIO-CLAVICULAIRES (5%)
PARMI LES 271 FRACTURES RECENSEES :
* 179 siègent au MEMBRE SUPERIEUR (66%)
- 89 au POIGNET (32.9%)
63 Radius isolé, 19 Radius + Cubitus, 7 Scaphoïde
- 45 à la CEINTURE SCAPULAIRE (16.6%)
20 Trochiter, 6 Clavicule, 10 Tête Humérale et 8 Col chirurgical de l'Humérus.
* 46 siègent au MEMBRE INFERIEUR (17% seulement) dont 25 (9.2%) au niveau de la MALLEOLE
EXTERNE,
les autres se répartissant également, quel que soit le segment touché.
PARMI LES 38 LUXATIONS RECENSEES :
19 (soit la moitié) sont des LUXATIONS ANTERIEURES DE L'EPAULE, les autres représentent
chacune 5 à 10%, réparties entre doigt, orteil, rotule, coude, etc..
LES PATHOLOGIES RENCONTREES sont globalement les mêmes qu'en SKI ALPIN ; seule la
répartition change :
Prédominance de la traumatologie du membre supérieur
On retrouve 9% de FRACTURES du POIGNET et 6.5% d'ENTORSES DE LA MCP
Très peu de PIVOT CENTRAL du genou (moins de 5%)
Plus d'ENTORSES DE LA CHEVILLE
Les CONTUSIONS et HEMATOMES sont très fréquents.
GLOBALEMENT, sur 1064 LESIONS, l'on retrouve :
* FRACTURE AVT BRAS et POIGNET 86 8.1%
* FRACTURE JAMBE + CHEVILLE 33 3.1%
* ENTORSE DU PIVOT CENTRAL 34 3.7%
* AUTRES ENTORSES GENOU 166 15.6%
* ENTORSES DU POUCE 55 5.2%
LE MECANISME des accidents explique parfaitement cette répartition
Il s'agit en général d'une chute sur les mains à vitesse réduite, le talon du skieur étant libre.
Amortissement de la chute sans solliciter le membre inférieur en torsion.
MICRO-TRAUMATOLOGIE
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Il s'agit le plus souvent de lésions musculo-tendineuses dont la survenue est fréquente en début de
pratique (par inadéquation de la musculature et un geste technique insatisfaisant) ou en
compétition (par surcharge d'entraînement)
EN CLASSIQUE : Activité de glisse dans un seul axe, sans torsion ni contrainte forcée des membres
inférieurs.
Courbatures quadricipitales et des ischio-jambiers, des moyens fessiers.
Tendinopathies tricipitales et de la coiffe des rotateurs
EN SKATING : Sollicitation des jambiers antérieurs et du tenseur du fascia lata (pathologie
spécifique)
CONSEILS GENERAUX. PREPARATION PHYSIQUE. DIETETIQUE.
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La préparation des athlètes, les méthodes d'entraînement et la planification annuelle évoluent
régulièrement. Les méthodes utilisées par les entraîneurs des équipes nationales permettent de
conseiller au mieux les pratiquants occasionnels. Le volume d'entraînement annuel d'un senior de
niveau international est de 750 à 900 heures. Le travail est très varié, l'entraînement sur neige
n'occupant qu'un tiers du temps (4 mois/an)
L'objectif est d'améliorer tous les paramètres de l'activité sportive, ce qui fait du SKI DE FOND une
activité très complète.
La spécificité du SKI DE FOND de compétition est la juxtaposition de phases anaérobie et aérobie,
lactique et alactique, ce qui oblige à travailler :
- LA VO2 MAX et la P.M.A. (puissance maximale aérobie) par "intervalle-training", équivalent des
fractionnés du coureur à
pied.
- L'ENDURANCE AEROBIE nécessaire à tout sport de longue distance
- LA CAPACITE ANAEROBIE LACTIQUE.
La puissance musculaire et l'endurance ne doivent pas faire oublier le travail technique spécifique
(geste sportif, travail de glisse, fartage)
L'entraînement du SKIEUR DE FOND fait donc appel à différentes activités préparatoires, selon le
mois de l'année, avec un volume maximal en été pour aller en diminuant jusqu'aux mois de
compétition (Décembre, Janvier, Février et Mars). 5
4 ORIENTATIONS dans l'entraînement :
* TRAVAIL SPECIFIQUE : SKI et SKI à roulettes
* TRAVAIL ORIENTE Course à pied, marche avec bâtons, Foulées bondissantes.
* TRAVAIL GENERAL : Divers sports développent l'endurance générale (vélo, V.T.T., natation,
canoë), les qualités de coordination, d'équilibre et de vitesse (Tennis squash, sports collectifs,
planche à voile)
* MUSCULATION GENERALE, ETIREMENTS. Sont travaillés essentiellement : Quadriceps, ischiojambiers et moyens
fessiers ; Pectoraux, triceps, deltoïde et dorsaux ; Abdominaux et lombaires. Ici trouve sa place le
travail de STIMULATION ELECTRIQUE, très utilisé en SKI DE FOND.
Cet entraînement très varié et tendant à améliorer des qualités sportives souvent contradictoires
fait que les SKIEURS de FOND sont les sportifs chez lesquels on retrouve les valeurs de VO2max
les plus importantes ; leur puissance musculaire n'est pas négligeable et leur endurance
proverbiale. Inversement, le SKI DE FOND est un sport pratiqué dans beaucoup de
fédérations en phase de préparation physique foncière.
Le SKIEUR occasionnel, s'il veut profiter au mieux de son séjour et de sa pratique du SKI doit donc
être endurant mais aussi résistant, puissant mais bien coordonné.
Le SKI DE FOND est un sport complet peu traumatisant.
DIETETIQUE : Il faut tordre le cou à une idée reçue développant qu'il faut manger gras pour lutter
contre le froid.
En fait, seuls l'habillement et la contraction musculaire, donc le mouvement permettent de lutter
efficacement contre le froid.
Un skieur maigre ne souffrira pas du froid pendant une épreuve, même très longue, au contraire
des spectateurs, immobiles au bord de la piste, même s'il est obèse.
La diététique du compétiteur en SKI DE FOND devrait être la même que celle des coureurs de fond
ou 1/2 fond, c'est à dire avec une nette prédominance des sucres lents et une quasi disparition des
corps gras, les protéines étant le plus souvent limitées, surtout celles d'origine animale. Seuls les
sucres lents permettent un stockage hépatique et musculaire suffisant en glycogène pour servir de
combustible pour un effort prolongé (jusqu'à 90 mn environ), quelque soit la température
extérieure.
La mobilisation et l'utilisation des graisses, indispensables à la poursuite de l'effort bien au delà
d'une heure et demi, sont améliorées par l'entraînement et ne dépendent pas du pourcentage de
masse grasse de l'athlète.
Par ailleurs, l'absorption pré ou per-compétition de corps gras entraîne le plus souvent des troubles
digestifs, au contraire de l'absorption des sucres.
Le R.D.S. (Régime Dissocié Scandinave), très en vogue en SKI DE FOND, doit être réservé au
sportif de bon niveau et être testé hors période de compétition. On peut le résumer suivant le
schéma type suivant :
- LUNDI/MARDI/MERCREDI : Entraînement long et intensif Régime riche en Protéines et Lipides et
pauvre en Glucides
- JEUDI/VENDREDI/SAMEDI : Repos sportif relatif Régime très riche en Glucides
- DIMANCHE : compétition.
Ce régime repose sur la théorie d'une surcompensation en Glucides et donc la réalisation d'un
stock de Glycogène plus abondant et plus facilement mobilisable.
LUTTE CONTRE LE FROID
Les grands principes connus sont évidemment à respecter :
- Le mouvement, par la contraction musculaire créée et la chaleur dégagée est le principal acteur
dans la lutte contre le froid ; ce qui peut entraîner un "coup de chaleur" souvent grave lors des
activités physiques intenses et prolongées sous des températures "normales", permet une activité
par grand froid, sans risque pour l'organisme.
- Les vêtements complètent bien entendu cette lutte contre le froid, par l'utilisation de textiles
modernes, notamment au niveau des extrémités. Il faut toujours préférer plusieurs épaisseurs
fines, emprisonnant entre chacune d'elle un "coussin d'air" isolant.
CONSEILS SPECIFIQUES AU SKIEUR QUI VEUT PROGRESSER.
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Le SKIEUR DE FOND qui veut évoluer de la simple activité de promenade en forêt (le déplacement
en raquette semble alors le compromis idéal) vers une sensation de glisse et un authentique plaisir
sportif aura donc deux possibilités.
Soit rester en CLASSIQUE, en investissant alors dans un matériel plus sophistiqué (skis à farter), et
en abandonnant ses écailles, lourdes et peu satisfaisantes. Il devra donc s'initier à la technique du
fartage, pas toujours très évidente.
Soit s'initier au SKATING, où la technique de fartage est beaucoup plus accessible, puisqu'il s'agit
uniquement de fart de glisse. Il lui faudra, là aussi, changer de matériel et acquérir une technique
totalement différente. Le plaisir est à ce prix...
La progression en SKI DE FOND repose sur :
* Une bonne préparation physique, générale et spécifique.
* Une hygiène de vie (alimentaire entre autres) sans faille.
* La participation à des compétitions de masse, où le SKIEUR débutant côtoie l'élite et échange de
précieux conseils en matériel de fartage notamment.
Le calendrier des courses de masse est marqué depuis 2 ans par la création d'un GRAND PRIX
NATIONAL, chalenge des grandes distances, qui comprend, cette année, 4 courses dans différents
massifs Français :
* La FOULEE BLANCHE. 50 km dans le Vercors, à AUTRANS le 21 Janvier 96.
* La TRANSPYRENEENNE. 42 km dans les Pyrénées Orientales, autour de FONT-ROMEU, le 4
Février 1996.
* La TRANSJURASSIENNE. 76 km dans le Jura, entre LAMOURA et MOUTHE, le 18 Février 1996.
* L'ETOILE DES SAISIES. 42 km dans le Massif Beaufortain le 24 mars 1996.

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