gilles 8 octobre ONF_Mise en page 2

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gilles 8 octobre ONF_Mise en page 2
JEUDI 8 OCTOBRE 20H
MAISON DE LA RADIO - AUDITORIUM
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
DANIELE GATTI DIRECTEUR MUSICAL
DENIS KOZHUKHIN PIANO
KAZUKI YAMADA DIRECTION
ELISABETH GLAB VIOLON SOLO
PROGRAMME
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Marche slave
1. Moderato in modo di marcia funebre
2. Più mosso. Allegro
3. Allegro risoluto
(10 minutes environ)
Concerto pour piano et orchestre n° 1 en si bémol mineur op. 23
1. Allegro non troppo e molto maestoso. Allegro con spirito
2. Andantino semplice. Prestissimo. Tempo primo
3. Allegro con fuoco
(35 minutes environ)
ENTRACTE (20 minutes)
Alexandre Glazounov
Symphonie n° 5 en si bémol majeur op. 55
1.
2.
3.
4.
Moderato maestoso. Allegro
Moderato
Andante
Allegro maestoso
(33 minutes environ)
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PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKI 1840-1893
MARCHE SLAVE EN SI BÉMOL MINEUR OP. 31
COMPOSÉE EN 1876 / CRÉÉE À MOSCOU LE 17 NOVEMBRE 1876 SOUS LA DIRECTION
DE NICOLAÏ RUBINSTEIN (1835-1881) / PUBLIÉE PAR LA MAISON D'ÉDITION RUSSE
PIOTR IVANOVICH JURGENSON : VERSIONS POUR PIANO SOLO (TCHAÏKOVSKI) ET À 4
MAINS (ALEXANDRA HUBERT), 1879 ; PARTITION D'ORCHESTRE, 1880 ; ÉDITIONS
DES PARTIES, 1887 ; RÉVISION GÉNÉRALE DE LA PARTITION D'ORCHESTRE, 1891.
La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une
énigme. Churchill
L'un des épisodes militaires ayant précédé la guerre russo-turque proprement
dite (1877-1879), sur fond de panslavisme* conférant à la Russie le rôle
éminent de protectrice des autres nations orthodoxes d'Europe, fut à l'origine
de la Marche slave de Tchaïkovski. Elle lui fut commandée par la Société de
Musique Russe pour un concert de charité au bénéfice de la Croix-Rouge
et des victimes serbes des affrontements de juin 1876. Proche d'un poème
symphonique initialement intitulée Marche russo-serbe (le titre en français
de Marche slave prévaudra par la suite en occident), l'œuvre suggère de
prime abord l'oppression du peuple serbe par les Turcs. La lente désintégration
de l'Empire ottoman avait déjà commencé, donnant lieu dans les Balkans
à l'émergence de royaumes indépendants, dont bientôt celui de Serbie (1882).
L'introduction de la Marche slave repose sur deux mélodies inspirées du
folklore serbe. Vient ensuite l'évocation de l'armée russe, venue à la rescousse
des Serbes où retentit l'hymne impérial, Dieu sauve le Tsar (composé en
1833 par Alexeï Lvov pour Nicolas Ier). Cette section, dans l'ex Union soviétique,
sera supprimée et remplacée par une mélodie de Glinka. La grandeur de la
Russie sera de nouveau à l'ordre du jour pour Tchaïkovski, en 1880, avec
l'Ouverture 1812.
*Le panslavisme est une doctrine politique, culturelle et sociale qui valorise l'identité commune
que partageraient les différents peuples slaves et qui préconise leur union politique sur la base
de cette identité.
CONCERTO POUR PIANO ET ORCHESTRE N° 1 EN SI BÉMOL MINEUR OP. 23
COMPOSÉ ENTRE 1874 ET FÉVRIER 1875, REVU DURANT L'ÉTÉ 1879, PUIS EN
DÉCEMBRE 1888 / VERSION ORIGINALE CRÉÉ À BOSTON LE 25 OCTOBRE 1875
PAR HANS VON BÜLOW (SON DÉDICATAIRE) SOUS LA DIRECTION DE BENJAMIN
JOHNSON LANG / PUBLIÉ PAR P. JURGENSON, SANS DATE (APRÈS 1890) ; TCHAÏKOVSKI
EN COMMENÇA DÈS DÉCEMBRE 1874 UNE VERSION POUR DEUX PIANOS.
Beaucoup plus joué que les deux autres (créés en 1881 et 1895) et contemporain
de sa Troisième Symphonie donnée en première audition le 7 novembre
1875 sous la baguette de Nicolaï Rubinstein (Tchaïkovski fit alors la connaissance
de Saint-Saëns, venu jouer à Moscou, le 28 novembre et sous la baguette
du même Rubinstein, son fameux Deuxième concerto pour piano), l'Opus
23 fut créé à Boston le 25 octobre 1875 par Hans von Bülow. Tchaïkovski
enseignait au Conservatoire de Moscou, institution entièrement soumise à
la férule de Nicolaï Rubinstein, grand pianiste et homme de goût (celui de
Saint-Pétersbourg l'était à celle de son frère Anton, dont Tchaïkovski avait
été l'élève). Le compositeur ayant soumis sa partition, qu'il voulait lui dédier,
au pianiste et chef d'orchestre adulé par le tout-Moscou et acclamé à
l'étranger, il n'en reçut que des critiques acerbes, jusqu'au dénigrement
complet de l'œuvre.
Tchaïkovski s'est fait l'écho de cette présentation à Nicolaï Rubinstein :
« C'était la veille de Noël 1874. Je joue le premier mouvement. Pas un mot,
pas une observation. À dire vrai, je ne sollicitais pas un verdict sur la valeur
musicale de mon concerto, mais un avis sur sa technique pianistique.
Or, le silence de Rubinstein était lourd de signification : “Comment voulezvous, mon cher, semblait-il vouloir dire, que je fasse attention à des détails,
alors que votre musique me répugne dans son ensemble ?” Je m'armai de
patience et jouai la partition jusqu'au bout. Un silence. Je me lève. “Eh bien ?”
demandai-je. Courtois et calme au début, Rubinstein devint bientôt une
sorte de Jupiter tonnant. Mon concerto n'avait aucune valeur, était injouable ;
deux ou trois pages, à la rigueur, pouvaient être sauvées ; quant au reste,
il fallait le mettre au panier ou le refaire d'un bout à l'autre. “Je n'y changerai
pas une note, répliquai-je, et le ferai graver comme il est.” C'est ce que je
fis. » Leopold Auer ne réagira pas autrement, en 1878, quand Tchaïkovski
lui soumettra son Concerto pour violon.
Tchaïkovski décida alors de dédier son concerto à Bülow, qui fut par ailleurs un
artisan de première importance pour la diffusion de la musique de Tchaïkovski
en Allemagne. Également homme de tête et de cœur, Rubinstein revint sur
son préjugé et à son tour, jusqu'à sa mort prématurée, contribua à la popularité
de l'œuvre, notamment à Paris. Tchaïkovski ayant décliné l'offre d'y représenter
la Russie lors de l'Exposition Universelle de 1878, ce fut Rubinstein qui se rendit
dans la capitale française. « Paris… Mon Dieu ! Comme les nouvelles de Paris
sont extraordinaires ! Nicolaï Rubinstein brille d'un éclat glorieux : au Trocadéro,
quatre concerts de musique russe ; une salle pleine à craquer ; un éclatant
succès. Pour la première fois le nom de Tchaïkovski sur une affiche parisienne.
Et dire qu'il y a peu de temps encore, Rubinstein ne voulait pas jouer son Concerto… »
(Tchaïkovski, Nina Berberova). D'une virtuosité aussi prodigieuse que
l'orchestration en est éclatante, généreux sur le plan mélodique (certains
thèmes sont inspirés du folklore ukrainien), mais également raffiné (Andantino),
ce Premier Concerto de Tchaïkovski assura un lien essentiel entre le répertoire
virtuose de la première moitié du siècle (depuis les concertos de Liszt) et la
sensibilité slave.
Ces années-là :
1874 : L'éditeur Lemerre refuse le poème de Mallarmé L'après-midi d'un faune
(publié par Derenne en 1876) ; Victor Hugo : Quatrevingt-treize (autobiographie de
l'auteur), Jules Verne : L'Île mystérieuse, Gustave Flaubert : La tentation de
saint Antoine. Naissance de Reynaldo Hahn, Arnold Schoenberg, Charles Ives,
Winston Churchill ; mort de Jules Michelet. Création au Theater an der Wien
de Die Fledermaus (« La Chauve-souris ») de Johann Strauss et du Requiem
de Verdi à San Marco de Milan ; Moussorgski compose ses Tableaux d'une
exposition. Le second Traité de Saigon reconnaît la souveraineté de la France sur
la Cochinchine.
1875 : Bosnie et Herzégovine se soulèvent contre les Ottomans. Dix-sept
états européens signent à Paris la Convention du Mètre. Traité de Saint-Pétersbourg :
le Japon renonce au sud de l'île de Sakhaline contre les îles Kouriles. Paris :
inauguration de l'Opéra ou Palais Garnier ; début de la construction du
Sacré-Cœur de Montmartre – et du pont Maria-Pia de Porto par Gustave
Eiffel. Création à l'Opéra-Comique de Carmen (3 mars) et mort de Georges
Bizet (3 juin) ; naissance de Maurice Ravel, Fritz Kreisler, Ricardo Viñes,
Pierre Monteux. 1876 : soulèvement de patriotes en Bulgarie puis répression
turque (massacre de Batak). Philadelphie : Exposition universelle pour le
centenaire de l'indépendance américaine. Convention de Reichstadt
(Bohême) : les empereurs de Russie et d'Autriche se partagent les zones
d'influence dans les Balkans. Création des quotidiens Le Petit Parisien et
Corriere della Sera (Milan). Inauguration du Festspielhaus de Bayreuth avec
l'intégrale de Der Ring des Nibelungen ; création à la Scala de Milan de La
Gioconda d'Amilcare Ponchielli. Début des fouilles à Mycènes (site antique
grec connu depuis 1822) par Heinrich Schliemann. 1877 : Léon Tolstoï publie en
feuilleton Anna Karénine. Création des ballets La Bayadère de Léon Minkus
à Saint-Pétersbourg et Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski à Moscou ; des
opéras Samson et Dalila de Saint-Saëns à Weimar, L'Étoile de Chabrier et
Le Roi de Lahore de Massenet à Paris ; Moussorgski termine ses Chants et
danses de la mort, Tchaïkovski ses Variations sur un thème Rococo. Brevet
de Charles Cros pour le paléophone, quelques mois avant celui de Thomas
Edison pour son phonographe.
ALEXANDRE GLAZOUNOV 1865-1936
SYMPHONIE N° 5
COMPOSÉE ENTRE AVRIL ET OCTOBRE 1895 / CRÉÉE À SAINT-PÉTERSBOURG LE
17 NOVEMBRE 1896, LE COMPOSITEUR DIRIGEANT L'ORCHESTRE DE LA SOCIÉTÉ
DE MUSIQUE RUSSE, FONDÉE EN 1859 PAR ANTON RUBINSTEIN (1829-1894)
DÉDIÉE AU COMPOSITEUR ET PIANISTE SERGUEÏ TANEÏEV / PUBLIÉE EN 1896 PAR
LA MAISON D'ÉDITION FONDÉE À LEIPZIG EN 1885, POUR LA PROMOTION DE LA
MUSIQUE RUSSE, PAR L'INDUSTRIEL MITROFAN BELAÏEV.
La philosophie est comme la Russie : pleine de marécages,
et souvent envahie par les Allemands. Roger Nimier, Le Hussard bleu
Né à Saint-Pétersbourg, Alexandre Glazounov rencontre très jeune Balakirev
puis Rimski-Korsakov, avec lequel il étudie en privé, sans jamais suivre de
formation académique (il publiera en 1933, au Mercure de France, un article
intitulé Sur N. A. Rimsky-Korsakoff, pour le 25e anniversaire de sa disparition –
en ligne sur le site de la Bibliothèque Russe et Slave). Outre plusieurs
poèmes symphoniques, dont le fameux Stenka Razine, évocation de la
destinée tumultueuse du brigand cosaque du XVIIe siècle, quelques ballets
toujours au répertoire (Raymonda, Les Saisons) ou de la musique concertante
(Concerto pour violon op. 82, de 1904, mais aussi Concerto pour saxophone
alto et orchestre à cordes op. 109 bis, de 1934, dans la foulée de son
Quatuor pour saxophones), Alexandre Glazounov composa huit Symphonies
entre 1882 et 1905 : la première à seize ans, qui sera créée par Balakirev
puis dirigée par Liszt, qu'il rencontre lors d'un grand voyage en Europe de
l'ouest et tandis qu'il s'affirme en tant que chambriste au sein du Groupe
Belaïev (dont Rimski était la figure de proue). Glazounov est notamment
l'auteur de sept Quatuors à cordes. Il connut une intense carrière de chef
d'orchestre, dirigeant à partir de 1888 les Concerts Symphoniques Russes
organisés à Saint-Pétersbourg par le magnat du bois et mécène Mitrofan
Belaïev, mais aussi à l'étranger.
Composée en 1895 – il a trente ans – la Symphonie n° 5, parfois dite
« Héroïque » et l'une des plus prisées de son auteur, passe pour le premier
témoignage d'envergure d'une maturité situant le musicien dans la lignée
de Borodine (en 1887, il prêta son concours à Rimski-Korsakov pour terminer et
orchestrer Le Prince Igor) et de Tchaïkovski. Quarante ans plus tôt, l'accueil
réservé par les Pétersbourgeois à sa Symphonie n° 5 avait été si chaleureux
que le scherzo (Moderato) avait dû être bissé !
Michel Roubinet
Cette année-là :
1895 : Madagascar sous protectorat français (jusqu'en 1897 – puis colonie
jusqu'à l'autonomie, en 1958). Création de l'Afrique-Occidentale Française.
Le tsar Nicolas II, les qualifiant de « rêve insensé », condamne les velléités
russes d'une assemblée élue. Arrestation de Lénine – quinze mois de
prison puis trois ans d'exil en Sibérie. Le Kaiser Guillaume II inaugure le
canal de Kiel reliant Mer du Nord et Baltique. Brevet d'un « appareil servant
à l'obtention et à la vision des épreuves chronophotographiques » des frères
Auguste et Louis Lumière, puis tournage de Sortie d'usine, rue Saint-Victor
à Lyon, actuelle rue du Premier-Film. Fondation des Films Gaumont.
Premier des Promenade concerts au Queen's Hall de Londres (détruit en
1941 par un bombardement – les concerts auront lieu dès lors au Royal
Albert Hall). Création de l'opéra de Taneïev Oresteïa au Mariinski de
Saint-Pétersbourg ; de Till l'Espiègle de Richard Strauss au Gürzenich de Cologne ;
première audition intégrale, à Berlin, de la Symphonie n° 2 de Mahler,
« Résurrection ». Naissance de Clara Haskil, Carl Orff, Kirsten Flagstad,
Paul Hindemith. Sigmund Freud, avec Josef Breuer, publie ses premiers
travaux : Études sur l'hystérie, et commence son auto-analyse (le terme
psychanalyse apparaît l'année suivante). Découverte des rayons X par
Wilhelm Röntgen. Guglielmo Marconi travaille sur les ondes découvertes
par Heinrich Rudolf Hertz – première expérience de transmission sans fil.
À Paris, la première pièce de Tristan Bernard, Les Pieds nickelés, triomphe
au Théâtre de l'Œuvre. Émile Verhaeren publie Les Villes tentaculaires,
André Gide Paludes, satire (qu'il qualifie de « sotie ») du Paris littéraire.
Oscar Wilde : L'Importance d'être Constant – Wilde qui, la même année,
est condamné à deux ans de travaux forcés pour homosexualité, « interdite »
en Angleterre depuis 1885.
Pour en savoir plus :
- André Lischke, Piotr Ilyitch Tchaikovski, Fayard, 1993 ; Tchaikovski au
miroir de ses écrits, Fayard, 1996 ; La musique en Russie depuis 1850,
Fayard/Mirare, 2012.
- Jérôme Bastianelli, Tchaïkovski, Actes Sud / Classica, 2002.
- Nina Berberova, Tchaïkovski (1937) – réédition avec nouvelle préface de
l'auteur, Actes Sud, coll. Babel,‎ 1987.
- Henri Troyat, La baronne et le musicien : Madame von Meck et
Tchaïkovski, Le Grand livre du mois (2003) puis Grasset (2004).
- Frans C. Lemaire, La musique du XXe siècle en Russie et dans les anciennes
Républiques soviétiques, Fayard, collection Les chemins de la musique, 1994.
JEUDI 15 OCTOBRE 20H
THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CHOEUR DE RADIO FRANCE
SAIMIR PIRGU TÉNOR
FLORIAN SEMPEY BARYTON
ALBERTO MALAZZI CHEF DE CHOEUR
PAOLO ARRIVABENI DIRECTION
Giacomo Puccini
Capriccio sinfonico
Richard Wagner
Siegfried Idyll
Giacomo Puccini
Messa di gloria
Coproduction Théâtre des Champs-Élysées / Radio France
85 € - 65 € - 45 € - 30 € - 10 €
Renseignements : 01 56 40 15 16 - maisondelaradio.fr
JEUDI 22 OCTOBRE 20H
MAISON DE LA RADIO - AUDITORIUM
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
LOUIS LORTIE PIANO
EMMANUEL KRIVINE DIRECTION
Hector Berlioz
Chasse royale et orage (extrait des Troyens)
Frédéric Chopin
Concerto pour piano et orchestre n° 2
Alexander von Zemlinsky
La petite sirène
60 € – 49 € – 38 € – 25 € - 10 €
Renseignements : 01 56 40 15 16 - maisondelaradio.fr