Document - Mémorial de l`Alsace

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Document - Mémorial de l`Alsace
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PÉDAGOGIQUE
L E S PA G E S I E T I V S O N T D E S T I N É E S A U X E N S E I G N A N T S .
La Résistance des Alsaciens et Mosellans
Georges Wodli
Ouvrier ajusteur aux ateliers du matériel
des chemins de fer de Bischheim,
il adhère au parti communiste à 22
ans. Militant syndicaliste, il devient
secrétaire permanent du syndicat CGTU
des cheminots d’Alsace et de Lorraine
et membre du Comité central du Parti
Communiste. Dès le début de la guerre,
il organise la résistance communiste :
sabotage de l’exploitation ferroviaire,
aide à l’évasion de prisonniers, diffusion
de tracts et de journaux clandestins…
Arrêté par la police française qui le
livre à la Gestapo de Strasbourg, il est
torturé à mort.
OBJEC TIFS PÉDAGOGIQUES :
A. Acquérir et consolider des savoir-faire :
- Comprendre des documents et en tirer des informations
- Résumer un document et lui trouver un titre
- Faire le commentaire d’une photo, d’une carte, d’une caricature
- Trier et classer des informations pour l’élaboration d’un plan de synthèse
- Rédiger la synthèse en plusieurs parties avec une introduction
et une conclusion
B. Acquérir des connaissances sur la résistance en Alsace et en Moselle :
Marcel Weinum
Marcel Weinum est un jeune homme de
17 ans lorsqu’il lance une grenade sur
la voiture du Gauleiter Wagner. A la tête
d’un petit groupe de jeunes gens nommé
« La Main Noire », peu organisé et sans
grands moyens, il lutte courageusement
contre le régime nazi (incivilités,
sabotages etc.)
Arrêté à la frontière suisse, il est torturé,
jugé et décapité à Stuttgart le 14 avril
1942.
- Les motivations des résistants
- Leurs actions
- Les principaux réseaux et leurs chefs
- Les résistants alsaciens et mosellans hors de leurs provinces
- Les martyrs
C. Faire des recherches :
- Comment travailler dans un CDI
- Comment utiliser les ressources d’un musée
I
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PÉDAGOGIQUE
L E S PA G E S I I E T I I I S O N T D E S T I N É E S A U X É L È V E S ( P H O T O CO P I E S A U T O R I S É E S ).
Document 1
Documents à étudier
Document 2
André Valentin, passeur, insoumis et résistant
Agé de vingt-six ans, j’ai été fait prisonnier de guerre le 15 juin 1940 à
Lyon, alors que j’appartenais au premier régiment d’artillerie. Libéré
comme Alsacien le 4 août 1940, je suis revenu à Lapoutroie où j’ai repris
mon travail de boulanger dans la boulangerie familiale. Dès le début nous
avons dû assister aux cours d’allemand du soir, car la population était
francophone. La langue française a été interdite dans les lieux publics,
mais le patois vosgien, toléré. Avec quelques camarades démobilisés
comme moi, nous avons organisé un petit réseau de résistance composé
de sept membres, et dont le but principal était de faire passer les
prisonniers de guerre évadés, et de jeunes Alsaciens voulant rejoindre
l’armée française au-delà de la frontière. La frontière franco-allemande
d’avant 1918 avait en effet été rétablie par les occupants. Plusieurs
chaînes de passeurs ont vu le jour, et notre petit groupe a été affilié au
réseau Résistance-Est du commandant Bareiss. Nous avons également
fabriqué et ronéotypé un petit journal qui a été adressé à des députés de
l’époque et à d’autres personnalités, notamment le maréchal Pétain et le
chanoine Kir. Ce journal a été tiré à deux cents exemplaires que j’ai moimême postés en partie à la poste de Fraize (Vosges), après avoir franchi
clandestinement la fameuse frontière…
J’ai été dénoncé par un habitant de ma commune vers le 15 juillet 1942.
J’ai été arrêté et écroué à la prison de Colmar pour le motif suivant :
« soupçon de contrebande de lettres missives et complicité de passage
illégal de la frontière », j’ai été transféré au camp de Schirmeck… J’ai
été libéré au bout de six mois à condition de me présenter au conseil de
révision de février 1943 pour être incorporé dans la Wehrmacht.
André Valentin
En fait, Valentin, l’auteur de ce texte, se cache et ne va pas au conseil de
révision. Il est condamné à mort par contumace, sa mère et ses deux sœurs
sont déportées en Silésie…Quant à Valentin, il continue ses activités de
résistance dans la clandestinité.
D’après La grande encyclopédie des années de guerre, pages 538-539.
Document 3
Quelques jours après l’armistice de juin
1940, dans sa ferme du Fleix en Dordogne,
Armbruster était rejoint par Eschbach et par
leur ami commun Paul Dungler. C’est là qu’ils
jetèrent les bases de la 7ème colonne d’Alsace
(ou réseau Martial), par référence à la rumeur
entourant la 5ème colonne d’agents nazis
infiltrés sur les arrières de l’armée française.
Pour Paul Dungler et ses amis, c’était la
bonne stratégie dans la lutte à mener contre
l’Allemagne…
Quelques mois plus tard, à l’automne 1940,
Dungler et Kibler, à partir de Thann, donnaient
une nouvelle impul sion au ré seau qui
s’inscrivait ainsi au premier rang de la longue
aventure de la Résistance française…
C’est dans ce cadre que fut conçue et menée
1. Nous insistons une nouvelle fois pour faire détruire le repaire de 1400
SS que constitue l’Asile des Aliénés de St-André (Haut-Rhin) à 1500
mètres au sud de Cernay. Objectif très facile à repérer et ne risquant
pas d’atteindre d’Alsaciens. Aucune DCA dans un rayon de 20 km. La
population alsacienne restée en Alsace demande instamment cette
destruction.
2. Le viaduc de Dannemarie dans le Haut-Rhin au-dessus duquel passe
tout le trafic du sud-est présente un objectif de premier ordre. Pas de
DCA ni d’habitations à proximité.
3. …
4. La destruction de quelques ponts de chemin de fer sur le Rhin
présenterait des ennuis beaucoup plus grands pour le trafic allemand
que l’attaque de gares importantes. Ces objectifs seraient également
faciles à repérer. Nous insistons une nouvelle fois sur l’importance
primordiale des bombardements demandés. Dans nos quatre
précédents rapports. La guerre pourra encore se terminer cette année
si la R.A.F pouvait exécuter des attaques selon les programmes tracés
dans nos précédents rapports.
Des renseignements qui nous parviennent à l’instant démontrent
que dans les milieux ruraux règne une véritable anxiété au sujet de
la moisson que tout le monde s’attend à voir incendiée. Il s’agit de
prendre dans les plus courts délais les mesures nécessaires pour que
sur toute la profondeur de l’Allemagne soit déclenchée pendant cinq
ou six nuits de suite de grosses expéditions incendiaires affectant les
champs et les forêts. Ces attaques devraient être exécutées le plus
près possible après la tombée de la nuit avant qu’une forte rosée rende
l’opération inopérante.
Rapport sur les bombardements R.A.F envoyés par les résistants alsaciens
à Londres le 10 juillet 1941 in La grande encyclopédie des années de guerre,
page 614.
à bien la spectaculaire évasion du général
Giraud, le 16 avril 1942. M.J. Bopp notait
alors dans son journal : « grande agitation
en Alsace : le général Henri Giraud a réussi à
s’évader de la forteresse où il était prisonnier.
Partout et surtout au Pays de Bade et en Alsace,
on a mobilisé pour rechercher l’évadé ».
puis Adam, Bareiss et Welchinger étaient
anéantis. En juillet 1944, Paul Winter de
Mulhouse et Georges Kiefer de Strasbourg
pouvaient retrouver à Grendelbruch les chefs
qui s’étaient réunis un mois plus tôt à Couzon
et sceller l’acte majeur de l’unification de la
résistance alsacienne.
Dans ses mémoires, Otto Abetz, ambassadeur
du Reich auprès du gouvernement de Vichy,
fait état de la fureur d’Hitler quand il apprit
cette évasion. On a écrit que cet exploit fut une
affaire strictement alsacienne et trois de ses
acteurs ont payé de leur vie leur dévouement à
la patrie : René Ortlieb, l’Abbé Stamm et Henri
Veit…
D’autres combats attendaient les résistants
du réseau Martial. Dans les Vosges, avec leurs
camarades venus de Lorraine, ils connaîtront
la bataille de Viombois avec ses trop nombreux
morts. Au total, le GMA- Vosges (Groupe Mobile
d’Alsace- Vosges)* perdra 427 combattants.
Durant quatre ans, les hommes du réseau
Martial ont tenu, alors qu’en dépit de leur
grand courage, les groupes Weinum et Wodli,
B. Metz, J.P. Spenle, R. Souchal et B. Veit
in Courrier du Mémorial n° 8, octobre 2006
* Du réseau Martial sont issus : le GMA-Vosges, le
GMA- Sud et le GMA-Suisse.
Document 4
La filière de Novéant-sur-Moselle
in Mémorial D’Alsace Moselle,
Editions Un, Deux… Quatre.
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PÉDAGOGIQUE
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Document 5
Document 6
La diaspora des Alsaciens et Mosellans a été un véritable vivier pour la
résistance et pour la France Libre.
26 février 1942
An den Befehlshaber der Sicherheitspolizei,
SS-Oberführer Dunkern, Metz.
Traduction
Répartition en Zone Libre de la population d'Alsace-Lorraine
réfugiée (septembre-octobre 1941)
Rapport de la part du DAF – Zellenwarte, P.S. habitant… à Metz.
« Mardi matin le 17.2.1942 à 9 heures, j’ai pris le tramway à l’arrêt de
la Lothringerstrasse. Sur le pont du chemin de fer, nous eûmes vingt
minutes d’arrêt. A ce moment, Madame Bertrand Thérèse habitant
Scharnhorststrasse n° 26, demanda son billet en français, ce à quoi
le chauffeur répondit : « ici on parle uniquement allemand ». Cela ne
la dérangea pas pour autant. A ce moment débouchèrent dans la rue
environ soixante soldats de fort bonne humeur qui se rendaient à leur
poste en chantant. Madame Bertrand dit alors à une autre passagère :
« Ils sont obligés de chanter alors qu’ils n’ont rien dans leur panse (chez
nous, en allemand, on dirait ventre) car ils s’évanouissent presque de
faim ; ils vont tous crever ».
D’après ce rapport, cette famille est très mal disposée à l’égard de
l’Allemagne. Il convient de bien s’occuper de cette Madame Bertrand.
Heil Hitler
Signé : Merkle, Kreisleiter
Collection Ivan Epp.
Document 8
A Strasbourg dans le tram, deux personnes se rencontrent et tiennent
le dialogue suivant :
Wie geht’s (Comment vas-tu ?)
Ligne de démarcation
Wie im Bendelwurm ! (comme au ver solitaire !)
? ? ?
In Jérôme Verdeaux,
« Les expulsions de la population
mosellane vers la France, 1940-1944 ».
Mémoire de maîtrise sous la direction
de Fr. Roth, Nancy II, 1999.
M’r schlengeld sich durich d’brün mass un löjt dass m’r net abgefiehrt
wird. (on se faufile à travers la masse brune et on essaye de ne pas être
arrêtés ; jeu de mots sur abführen = purger, mais aussi emprisonner).
« Witz » raconté par Emma Sarg
Document 7
Voir Courrier du Mémorial n° 11, avril 2008, page 9.
Le front de la Jeunesse Alsacienne ou réseau Adam du nom de son chef,
Alphonse Adam, est composé pour la plupart de jeunes étudiants catholiques... Ses membres, au cours d'un rituel de prestations de serment,
juraient fidélité au crucifix et au drapeau tricolore... A. Adam et 5 de ses
camarades seront fusillés, 18 autres envoyés dans des camps.
Dessin de Pascal Muguier in La grande encyclopédie des années de
guerre, page 549
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IV
PÉDAGOGIQUE
L E S PA G E S I E T I V S O N T D E S T I N É E S A U X E N S E I G N A N T S .
Guide pédagogique.
PROPOSITION DE QUESTIONNEMENTS ET DE TRAVAUX :
A. ANALYSER LES DOCUMENTS
1. Lire les documents et chercher le sens des mots nouveaux, expliquer les mots ou expressions suivants :
Doc 1 : réseau de résistance, ronéotypé, Wehrmacht
Doc 2 : DCA, RAF
Doc 3 : réseau Martial
Doc 4 : filière
Doc 5 : diaspora alsacienne, ligne de démarcation
Doc 8 : Witz (mot allemand), masse brune
2. Construire un tableau de 5 colonnes et y placer, pour chaque document, les informations demandées :
Doc
Nature
Auteurs et date
(si possible)
Résumé du contenu
en une ou deux phrases
Titre à donner au document
1
2
Etc.
3. Quelle forme de résistance est évoquée dans le document 4 ?
Quel nom a-t-on donné à ceux qui se livrent à cette activité ?
4. Quelle est l’origine de la diaspora alsacienne au sud de la Loire ? Quel rapport entre cette diaspora et la résistance ? (doc. 5)
5. D’après le doc. 6 pourquoi est-il plus difficile de résister en Alsace-Moselle que dans le reste de la France ?
6. Doc. 7 : décrire la photo ; pourquoi cette mise en scène ?
7. Doc. 8 : Les « Witz » et les caricatures peuvent-ils être des actes de résistance ?
B. RÉDIGER UNE SYNTHÈSE
8. Avec l’ensemble des documents, rédiger un paragraphe montrant quelles peuvent être les motivations pour s’engager
dans la résistance.
9. Avec l’ensemble des documents, rédiger un paragraphe montrant sous quelles formes d’actions se manifeste la
résistance.
10. Avec l’ensemble des documents, rédiger un paragraphe montrant qu’il est dangereux d’être résistant.
11. Rédiger une composition sur la résistance en Alsace-Moselle en reliant les trois paragraphes précédents par des
transitions et en les complétant par une introduction qui pose une problématique et une conclusion qui élargit la
question.
12. Sur quels aspects de la résistance alsacienne et mosellane non évoqués dans ce dossier, faudrait-il des compléments
d’information ? Où les trouver ?
C. RECHERCHER DES INFORMATIONS
a) Au CDI ou dans une médiathèque : en Alsace-Moselle on devrait y trouver des informations sur la Deuxième Guerre
mondiale, notamment :
- L a grande encyclopédie des années de guerre, Nuée Bleue 2009. 1664 pages avec un index thématique.
- L e NBDA : Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne.
13. Rechercher des informations sur le thème qui est apparu dans la réponse à la question 12.
14. Les documents proposés dans ce dossier évoquent un certain nombre de résistants alsaciens : Dungler, Kibler, Veit,
Weinum, Wodli, Bareiss, Adam… Trouvez quelques informations sur leur rôle dans la résistance.
15. Le document 3 évoque le général Giraud. Trouver des informations sur ce général, notamment sur son passage en Alsace
lors de son évasion.
b) Au Mémorial de l’Alsace-Moselle à Schirmeck :
Mieux qu’au CDI, on peut trouver la réponse aux questions précédentes par un travail de recherche au Mémorial de l’AlsaceMoselle.
Dans le parcours muséographique des informations sur la résistance en Alsace-Moselle sont regroupées sur un mur, le long
d’un axe chronologique ; on y découvre les multiples formes de la résistance et la sauvage répression dont elle fut victime :
textes, photos, films, cartes, dessins, et schémas vous informent.
Marcel Spisser, IA-IPR d’histoire-géographie honoraire

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