LA COMBUSTION GAZ NATUREL – OXYGENE
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LA COMBUSTION GAZ NATUREL – OXYGENE
LA COMBUSTION GAZ NATUREL – OXYGENE Thierry FERLIN, Ingénieur Chercheur, Direction de la Recherche, Gaz de France Joel ADAMS, Ingénieur, Direction de la Recherche, Gaz de France Frédéric MILCENT, Ingénieur, Direction de la Recherche, Gaz de France 1 CONTEXTE DE L’ETUDE Depuis de nombreuses années, Gaz de France a la volonté de développer et de promouvoir, en collaboration avec les constructeurs d‘équipement de chauffe et les utilisateurs, des techniques d’utilisations industrielles du gaz naturel de plus en plus performantes et de plus en plus respectueuses de l’environnement. L’Industrie du Verre est l’un des secteurs pour lesquels la Direction de la Recherche de Gaz de France a mis en place des moyens et des compétences indispensables au développement de nouveaux produits ou à leur amélioration. Des actions concrètes ont été réalisées avec la filière Verre dans le domaine : - des techniques de réduction primaire des émissions d’oxydes d’azote, - du reburning gaz naturel, - de l’oxycombustion gaz naturel. L’utilisation de l’oxygène comme comburant est une technique efficace pour diminuer la formation des oxydes d’azote dans les flammes et augmenter le transfert thermique. Depuis plusieurs années, l’oxycombustion est utilisée dans le monde et en France pour les verres spéciaux, mais son utilisation dans le verre creux ou le verre plat est restée marginale. Seules existaient quelques références aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en Allemagne. Les résultats obtenus par cette technologie, encore confidentielle au milieu des années 90, ont conduit Gaz de France à s’impliquer dans la filière oxycombustion afin de pouvoir accompagner ses clients dans leurs choix technologiques pour diminuer les émissions d’oxydes d’azote et augmenter le transfert thermique sur leurs fours de fusion de verre. L’objectif de cette communication est d’illustrer l’intérêt de Gaz de France pour l’oxycombustion gaz naturel à travers, les études de simulations numériques réalisées à la Direction de la Recherche d’une part, l’étude puis la conversion à l’oxycombustion du four n°1 de la Verrerie du Languedoc d’autre part. 2 LA SIMULATION NUMERIQUE DE L’OXYCOMBUSTION GAZ NATUREL Afin de compléter ses connaissances en oxycombustion, parallèlement à des essais semiindustriels, la Direction de la Recherche a réalisé plusieurs études de simulations numériques à l’aide du logiciel CFX. Le principal objectif de ces études était de mettre en évidence le rôle de l’étagement de l’oxygène sur le transfert thermique et la formation de NOx (sensibilité à la teneur en azote du gaz ou de l’oxygène, sensibilité aux entrées d’air parasite). Cette étude est également motivée par le fait que la Direction de la Recherche de Gaz de France possède les résultats expérimentaux de plusieurs brûleurs qu’elle a testés dans sa cellule d’essais 2MW. Cette cellule, d’un volume de 15 m3, permet de tester à l’échelle semi-industrielle de nombreux type de brûleurs et cela, en dehors de toute contrainte de production. Les résultats de simulation obtenus ont été confrontés aux données expérimentales disponibles. 2.1 LES BRULEURS RETENUS POUR LES SIMULATIONS NUMERIQUES : Les deux brûleurs retenus pour les simulations sont les suivants : - Brûleur n°1 : C’est un brûleur d’une puissance nominale de 880 kW de type pipe in pipe où l’injection de gaz se fait par un tube central et celle d’oxygène dans une section annulaire autour du jet de gaz. La plage de puissance de fonctionnement normale est comprise entre 220 et 1030 kW. - Brûleur n°2 : Il s’agit d’un brûleur à flamme plate de nouvelle génération permettant d’obtenir une combustion qui n’est plus régie par la turbulence mais par la diffusion chimique. Il est muni d’un étagement de l’oxygène. 2.2 MISE EN ŒUVRE DES SIMULATIONS NUMERIQUES Les simulations numériques ont été réalisées à l’aide du code CFD CFX®-4.4 de AEA Technology. Le modèle de turbulence utilisé est le modèle RNG k-ε (RNG pour ReNormalisation Group). Le modèle de combustion employé est le modèle « Mixed Is Burnt ». Ce dernier est basé sur l’hypothèse de réactions chimiques infiniment rapides, c’est à dire que les temps caractéristiques chimiques sont considérés négligeables devant les temps caractéristiques des phénomènes turbulents. Les transferts radiatifs ont été représentés par le modèle de transferts discrets en supposant un coefficient d’absorption uniforme du fluide. Les oxydes d’azotes d’origine thermique ont également été calculés. Des corrélations adaptées aux hautes températures ont été utilisées par le code CFX pour les lois de capacités calorifiques massiques [1, 2]. 3 3.1 CELLULE D'ESSAI GAZ DE FRANCE ET SA MODELISATION CELLULE D'ESSAI DE GAZ DE FRANCE Gaz de France dispose d'une cellule d'essai permettant de faire fonctionner des brûleurs à hauteur d'une puissance de 2MW. L’installation est présentée en figure 1. Elle est composée des sous-ensembles suivants : Une enceinte parallélépipédique calorifugée dans laquelle se développe la combustion: - en face avant, à une extrémité de l’installation, une porte mobile support brûleur qui vient fermer l’enceinte de combustion, - en face arrière, à l’autre extrémité, une cheminée d’évacuation des produits de combustion équipée d’un clapet mobile permettant de réguler la pression de l’enceinte. Une charge thermique double constituée par : - une nappe de tubes fixes installés en sole (afin de réguler la température dans l'enceinte), - un faisceau de tubes mobiles répartis sur les deux faces latérales de l’enceinte (afin d'affiner la régulation en température). Sur une des faces latérales, un ensemble de neufs hublots permettant l’introduction de sondes de mesures dans les flammes étudiées, sur la deuxième face latérale, une panoplie d’alimentation et de régulation du combustible et du comburant nécessaires au brûleur en essai, en complément une armoire de contrôle commande assure le pilotage et la gestion des sécurités de l’installation. Charge mobile Hublots 3.2 Figure 1 : Cellule 2MW MODELISATION DE LA CELLULE D'ESSAI Dans le cas du brûleur n°1 qui est un brûleur du type "pipe in pipe", l'ensemble cellule d'essai et du Brûleur a été représenté de manière axisymétrique. En conséquence, seule une portion angulaire de 0,1 rd a été prise en considération afin de mener les calculs. En ce qui concerne le brûleur n°2 qui est un brûleur à flamme plate à étagement de l'oxygène, une modélisation tridimensionnelle de l'ensemble cellule d'essai + brûleur a été utilisée. Toutefois, la symétrie du plan médian vertical nous à permis de ne simuler qu'une demi cellule. Cette géométrie est illustrée en figure 2. Figure 2 : Modélisation tridimensionnelle de la cellule pour le brûleur 2 Les maillages utilisés sont du type structurés et les principales caractéristiques sont mentionnées dans le tableau 1. De plus, un maillage radiatif créé par regroupement de plusieurs mailles issues du maillage fluide a été utilisé pour les calculs des transferts thermiques radiatif. Ceci permet de réduire les temps de calculs sans pour autant nuire à la précision des résultats. La modélisation des charges thermiques a été prise en compte par la mise en place de conditions de flux imposés au niveau de la sole et des parois latérales. On remarquera que dans le cas de la modélisation axisymétrique du brûleur Primefire 100, la sole, la voûte et les parois latérales sont confondues. L'ensemble des autres parois est considéré comme adiabatique. Brûleur n°1 Brûleur n°2 Nombre de mailles fluides 26200 162000 Nombre de mailles radiatives 400 1350 Tableau 1 : Caractéristiques des maillages utilisés 4 4.1 SIMULATIONS REALISEES AVEC LE BRULEUR N°1 CONFIGURATIONS SIMULEES Pour le brûleur n°1, une étude paramétrique sur la variation de la quantié d'azote présente dans le mélange réactif a été réalisée. Quatre configurations ont été modélisées. Le tableau 2 présente les caractéristiques des mélanges réactifs mis en jeu. Configurations Type de gaz naturel utilisé Type d'oxygène utilisé Débit de gaz naturel en Nm3/h Débit d’oxygène en Nm3/h 1.1 Type Algérie (Fos) Cryogénique 92,10 201,90 1.2 Type Mer du Nord Cryogénique 94,57 201,90 1.3 Type Groningue Cryogénique 101,53 201,90 1.4 Type Algérie (Fos) VSA 92,10 216,98 Tableau 2 : Configurations simulées 4.2 RESULTATS OBTENUS La figure 3 montre le champ de température pour le cas 1.1. On constate une zone importante à haute température au niveau de l'axe. Ceci est typique d'une combustion non étagée où la turbulence gouverne la combustion. La température maximale de flamme est bien traduite par le ode de calcul (2727°C en expérimental pour 2780°C en théorie). Par contre le volume de gaz porté à cette température semble trop important (il en résulte une flamme trop volumineuse). On obtient des résultats peu différents pour les cas 1.2 à 1.4. Figure 3 : Cas 1.1, champ de température (en K) Comme on peu le voir sur le tableau 5, les résultats de simulation concernant les fumées sont en accord avec les résultats expérimentaux. En effet, en terme de composition volumique, on retrouve les bonnes teneurs en eau, dioxyde de carbone, azote et oxygène. Sur le plan des puissances mise en jeu, la puissance entrante, évacuée par les parois et évacuée en cheminée est en accord avec les résultats expérimentaux. Cas 1.1 Cas 1.3 Expérimental Numérique Expérimental Numérique Puissance entrante en kW 985,47 975,15 1003,9 970,75 Puissance sortante en kW 924,72 (sans les pertes aux parois) 974,89 924,72 (sans les pertes aux parois) 970,94 Débit massique total en entrée en kg/s 0,1009 0,1007 0,1031 0,1041 Débit massique total en sortie en kg/s 0,1009 0,1007 0,1031 0,1041 Puissance évacuée par la charge (mobile +fixe) en KW 719 728 729 728 Débit massique de NOx en kg/h en sortie 0,270 0,447 0,692 1,284 Température de sortie en °C 1466 1401 1459 1359 Fraction molaire de H2O dans les fumées humides 0,6427 0,6327 0,6173 0,6290 Fraction molaire de N2 dans les fumées humides 0,008 0,007 0,0386 0,0158 Fraction molaire de CO2 dans les fumées humides 0,3341 0,3379 0,3276 0,3367 Fraction molaire de O2 dans les fumées humides 0,0150 0,0215 0,0153 0,0183 Emissions de NOx en ppm à 4% d'excès en O2 1235 3415 2820 8726 Tableau 3 : Analyse des fumées Enfin, sur l'aspect des polluants émis, l'étude paramétrique réalisée sur le taux d'azote dans le gaz naturel et dans l'oxygène permet de caractériser l'importance de ce paramètre sur la production de NOx en cheminée. La figure 5 nous permet de constater que la tendance d'évolution du taux de NOx en sortie est respectée : plus on ajoute d'azote en entrée (que ce soit dans le gaz naturel ou dans l'oxygène), plus le taux de NOx est élevé en sortie. Cependant, d'un point de vue quantitatif, les résultats sont moins satisfaisants. De plus, le taux d'émission de NOx est un paramètre qui est fortement corrélé avec le flux massique total d'azote en entrée. Ces constatations issues des résultats des simulations sont en accord avec les observations faites par les industriels verriers sur leurs fours industriels. Toutefois dans le cas des simulations, les taux d'émissions sont largement surestimés (de l'ordre d'un facteur 2). A titre d'indication, les simulations ont permis d'établir la corrélation suivante : [NOx] = 443,88.DN 2 + 2213,8 Les unités respectives des deux variables sont celles de la figure 4. Le coefficient de corrélation est de 0,99. NOx en cheminée en ppm à 4% O2 11000 NOx en fonction du débit N2 dans le gaz 9000 NOx en fonction du débit N2 dans l'oxygène 7000 NOx en fonction du débit N2 total entrant 5000 NOx expérimental en fonction du débit N2 total entrant Linéaire (NOx en fonction du débit N2 total entrant) 3000 1000 0 5 10 15 20 25 débit d'azote en Kg/h Figure 4 : Emissions de NOx simulées Pour ce qui est de l'évolution de la température en voûte, les résultats de simulation sont moins satisfaisants. On constate que les simulations donnent des résultats sous estimés par rapport à l'expérience (entre 100 et 200°C de moins). Une explication à ce problème se situe probablement au niveau de la prise en compte des transferts radiatifs. En effet, en imposant un flux au niveau de la sole, on perturbe l'ensemble des transferts radiatifs (qui sont prépondérants à ce niveau de température). 5 5.1 SIMULATION REALISEES SUR LE BRULEUR N°2 CONFIGURATIONS SIMULEES En ce qui concerne ce brûleur, une étude paramétrique sur la variation du taux d'azote dans le mélange réactif a été réalisée comme pour le brûleur n°1. Cette étude n'est pas présentée dans ce document. En effet, les conclusions issues de ces modélisations sont identiques à celles émises pour le brûleur n°1. Par contre comme le brûleur n°2 est un brûleur à étagement, une seconde étude, à mélange réactif entrant constant, a été entreprise. Le paramètre variable est dans ce cas le taux d'étagement de l'oxygène. Le tableau 4 présente les configuration simulées. Configuration Type de gaz naturel utilisé Type d'oxygène utilisé Etagement Débit de d'oxygène gaz naturel en % en Nm3/h Débit total d’oxygène en Nm3/h Débit "entrée oxygène étagée" en Nm3/h 2.2 Mer du Nord Cryogénique 50 97,24 204,50 102,25 2.5 Mer du Nord Cryogénique 100 97,24 204,50 204.5 2.6 Mer du Nord Cryogénique 75 97,24 204,50 153,38 2.7 Mer du Nord Cryogénique 25 97,24 204,50 51,25 2.8 Mer du Nord Cryogénique 0 97,24 204,50 0 Tableau 4 : Configurations simulées 5.2 RESULTATS OBTENUS Les figures 5 à 7 illustrent l'influence de l'étagement sur la température. On peut y voir l'évolution d'une combustion non retardée (figure 7) vers une combustion retardée (figure 6). Le code de calcul CFX a traduit cet aspect fondamental de l'étagement. On remarque la zone à haute température sur la figure 7 caractéristique d'une combustion "rapide" : on libère beaucoup d'énergie dans un volume faible. Il en résulte un pic de température et un volume important à haute température (zone génératrice de NOx. Plus on étage (figures 5 et 6), plus la zone à haute température se réduit, ce qui traduit parfaitement la physique. En particulier, on remarquera la répartition spatiale du champ de température au sein de la cellule : on passe d'une répartition ramassée autour du point d'injection (figure 7) à une répartition volumique (figure 6). Par contre, concernant l'évolution des températures en fin de cellule, on constate qu'une augmentation de l'étagement n'aboutit pas à un réchauffement significatif. Figure 5 :Cas 2.2, champ de température (en K) Figure 6 : Cas 2.5, champ de température (en K) Figure 7 : Cas 2.8, champ de température (en K) Au niveau de l'analyse des fumées, le tableau 5 montre que la comparaison entre simulation et expérience reste satisfaisante, puisque comme pour le brûleur n°1, la teneur des fumées issues des simulations est très proche des mesures réalisées lors des essais. D’autre part, les puissances mises en jeu dans les simulations et lors des essais sont très voisines. Cas 2.2 Puissance entrante en kW Cas 2.5 Expérience Numérique Expérience 1002,2 1003,8 1003,3 Puissance sortante en kW 998,6 Cas 2.8 Numérique Expérience Numérique 1003,8 1018,1 987,6 1003,8 1003,8 Débit massique total en entrée en kg/s 0,1031 0,1033 0,1032 0,1034 0,1047 0,1034 Débit massique total en sortie en kg/s 0,1031 0,1033 0,1032 0,1034 0,1047 0,1034 Puissance évacuée par la charge (mobile +fixe) en KW 716,9 707,8 709,9 707,8 718,5 707,8 Débit massique de NOx en kg/h en sortie 0,401 0,518 0,306 0,562 0,477 0,517 Température de sortie en °C 1403 1579,4 1416 1534 1385 1589 Fraction molaire de N2 dans les fumées sèches en % 6,8178 4,3359 7,2586 4,2052 5,5938 4,2859 Fraction molaire de CO2 dans les fumées sèches en % 88,4967 92,5293 88,1053 89,7396 89,6947 91,4630 Fraction molaire de O2 dans les fumées sèches en % 4,4974 3,0550 4,5019 5,9590 4,4997 4,1534 Emissions de NOx en ppm à 4% d'excès en O2 1803 3260 1376 4146 2112 2789 Tableau 5 : Analyse des fumées Concernant l'étude des émissions de NOx en fonction du taux d'étagement, d'après la figure 8 on note que l'expérience montre clairement une décroissance des NOx avec l'augmentation de l'étagement. Les simulations, elles, nous prédisent le contraire. C'est la première fois que cette tendance n'est pas respectée, car dans toutes les simulations réalisées en combustion aérogaz avec CFX ce fût le cas. Alors que la température dans le four diminue avec l'étagement, les NOx d'origine thermique augmentent. Plusieurs explications sont possibles: - Avec l'augmentation de l'étagement, le pic de température est atténué. Toutefois, comme les températures sont surestimées dans l'enceinte, ces résultats laissent supposer que le volume à un niveau thermique supérieur à la température d'activation des réactions de production des NOx d'origine thermique est constant et tend même à augmenter avec l'étagement, - Le niveau thermique général est surestimé, cela va se retrouver sur le taux de production des NOx. NOx en cheminée en ppm à 4% O2 4000 3500 NOx en fonction du % d'étagement d'oxygène 3000 NOx expérimental en fonction du % d'étagement d'oxygène 2500 2000 1500 1000 0 15 30 % d'étagement 45 60 75 90 Figure 8 : Influence de l'étagement sur les NOx L’évolution de la température en voûte confirme les limitations constatées pour les différentes simulations figure (5 à 7). En effet, plus on étage, plus la température de voûte à tendance à diminuer à la racine de la flamme (x~0 m) et à augmenter en fin de flamme (x~3 m). Toutefois, les résultats sont surestimés de 200 à 250°C. On peut constater qu'en racine de flamme, la tendance est respectée. Par contre, alors qu'en expérimental, on observe une inversion des profils de température pour x compris entre 2 et 3 m (du à l’étagement), en simulation, on observe plutôt des oscillations des profils qui ne font pas apparaître un réel réchauffement de la fin de la flamme avec l'étagement. 6 CONCLUSION DES SIMULATIONS (ESSAIS SEMI-INDUSTRIELS) : La réalisation de simulations en oxycombustion a permis de mettre en évidence plusieurs aspects au niveau du code de calcul CFX. En effet, la simple prise en compte de capacités calorifiques "haute température" ne suffit pas à rendre compte de l'oxycombustion. Pour les deux brûleurs testés, si certaines grandeurs sont bien traduites et certaines évolutions respectées (baisse de la température et hausse des NOx avec l'augmentation du taux de N2 dans le gaz et dans l'oxygène), d'autres le sont moins (pic de température dans la cellule et surtout l'influence de l'étagement sur le taux de NOx en sortie). Ces aspects peuvent s'expliquer par : - La modélisation de la cellule et en particulier l'hypothèse faite sur les conditions aux limites au niveau de la sole et des parois latérales ainsi que l'hypothèse d'axisymétrie de la cellule (pour le brûleur n°1). En effet, en sole et sur les parois latérales (on impose un flux), - La modélisation de la combustion et des NOx. Le modèle mixed is burnt avec une chimie infiniment rapide rend bien compte de l'étagement, mais il produit une flamme trop volumineuse qui a pour conséquence une surestimation des NOx et un contresens manifeste au niveau de l'étude des NOx avec la variation de l'étagement (brûleur n°2). Afin de poursuivre et d'améliorer la modélisation de l'oxycombustion, plusieurs voies sont envisageables : - Utilisation d'un mécanisme chimique à plusieurs étapes (prise en compte d'une ou deux réactions de dissociation), - Réalisation de simulations à l'aide du modèle eddy break-up et du modèle de flammelettes qui comparent les temps caractéristiques de la chimie et de la turbulence, - Prise en compte des prompt NOX qui ne sont peut être pas négligeables dans le phénomène de l'oxycombustion. 7 LA CONVERSION A L’OXYCOMBUSTION DU FOUR N°1 DE LA VERRERIE DU LANGUEDOC Avant la conversion à l’oxycombustion, le four unit melter n°1 de la Verrerie du Languedoc (France) était équipé de 28 brûleurs bas NOx alimentés en air chaud et gaz naturel préchauffé. Sa surface était de 170 m² pour une tirée de 360 à 400 t/j avec boosting électrique. En vue de la reconstruction de ce four, différentes options ont été envisagées. Des études de simulations numériques pour un fonctionnement en aérocombustion et pour un fonctionnement en oxycombustion ont été réalisées par Gaz de France et TNO. Parallèlement à ces études, des essais de brûleurs oxygaz ont été effectués en conditions semi-industielles (essais simulés dans les paragraphes précédents) et industrielles (sur le four n°1 de VDL). 7.1 TESTS SEMI-INDUSTRIELS DE BRULEURS OXYGAZ DE LA FILIERE EN LABORATOIRE : Deux familles de brûleurs ont été testées : - Brûleurs sans étagement de l’oxygène (première génération), - Brûleurs avec étagement de l’oxygène (seconde génération). Différentes formes de flammes ont été testées : - Flammes « classiques », - Flammes « plates ». Les paramètres plus particulièrement étudiés étaient : - Le transfert thermique à la charge, - La sensibilité à la nature du gaz naturel ou de l’oxygène utilisés, - La sensibilité à l’air parasite (NOx). Pour tous les brûleurs testés, nous avons effectué les mêmes séries de mesures pour différents fonctionnements (différents gaz naturels, pureté de l’oxygène, étagement …) : - Profils transversaux et longitudinaux d’espèces chimiques dans la flamme (CH4, CO, CO2, NOx, O2), - Profils de température (voûte, sole …), - Analyse des fumées (CO, CO2, NOx, O2, température), - Bilan thermique (pertes aux fumées, pertes aux parois, transfert à la charge, rendement de combustion). La figure n°9 donne un exemple de profil transversal pour les teneurs en NOx pour un brûleur flamme plate. NO(ppm): -22.4 27.9 78.3 128.6179.0229.3279.7330.1380.4430.8481.1531.5581.8632.2682.5 600 550 500 450 400 350 300 hauteur four axe y(mm) 250 200 150 100 50 0 -50 -100 -150 -200 -250 -300 -350 -400 -450 -500 -500 -400 -300 -200 -100 0 100 200 300 400 500 largeur du four Axe X (mm) Figure n°9 : Profil transversal NOx Ces essais en laboratoire sur la cellule de 2 MW de Gaz de France ont permis, par exemple, de mettre en évidence la sensibilité variable des brûleurs à la teneur en azote du comburant et du carburant (émissions d’oxydes d’azote voir figure n°10) en fonction de leur technologie (importance de l’étagement du carburant et/ou du comburant) et d’évaluer l’influence des entrées d’air parasite sur les émissions d’oxydes d’azote . N Ox en fonction de la teneur en azote du gaz natu rel 1,2 1 Brû leurs de p remière gén éra tion "Pipe in ip e" classiq ue N Ox (g /kW) 0,8 0,6 0,4 0,2 Brûleu rs d e seco nd e gén ération E tag emen t de la c ombu stio n 0 0,5 2,5 4 ,5 6,5 8,5 10,5 12,5 14,5 16,5 T en eur en azote du g az n aturel (%) Figure n°10 : NOx et Azote (N2) du gaz naturel - Rôle de l’étagement de la combustion 7.2 TRAVAUX DE SIMULATION GDF – TNO DU FONCTIONNEMENT DU FOUR EN OXYCOMBUSTION : Les caractéristiques du four retenues pour les simulations du fonctionnement en combustion gaz naturel oxygène étaient les suivantes : - Tirée : 360 t/j, - Calcin : 60 %, - 15 brûleurs en quinconce, - oxygène VSA (pur à 93 %). Ces travaux de simulation ont permis d’optimiser différents paramètres en vue de la reconstruction éventuelle du four en combustion oxygène gaz naturel. Les paramètres plus particulièrement optimisés étaient : - La hauteur de voûte (points chauds, points froids…), - La position des brûleurs au-dessus du bain, - Le profil de chauffe des brûleurs (transfert, courbe de température …), - La taille du bassin. Les résultats obtenus sur les champs de température de voûte et dans différents plans du four ont permis de définir la position de la voûte. La figure n°11, présente les bilans thermiques comparatifs entre un fonctionnement aérocombustion et un fonctionnement oxycombustion gaz naturel. Fonctionnement aérogaz PAROIS = 7117 kW AIR PRECHAUFFE 7967 kW FUMEES 17 650 kW 8395 kW Fonctionnement oxygaz simulé OXYGENE 0 kW 712 KW FUMEES 5 128 kW 9 095 kW GAZ NATUREL 24 731 kW PAROIS = 5 591 kW 670 KW GAZ NATUREL 19 200 kW VERRE = 8464 kW BOOSTING = 781 kW VERRE = 8 425 kW BOOSTING = 0 kW Figure 11 : résultats comparatifs Aérocombustion – Oxycombustion Ces résultats montrent une économie potentielle de l’ordre de 22 % sur le combustible et la possibilité de supprimer le boosting électrique. 7.3 RECONSTRUCTION DU FOUR ET PASSAGE EN OXYCOMBUSTION : La reconstruction du four en oxycombustion a donc été décidée et les principales caractéristiques du nouveau four sont les suivantes : - 10 brûleurs AL Glass FC, - Tirée : 360 t/j sans boosting, - Surface de bain : 150 m² ( - 20 m²), -Tirée spécifique : 2,4 t/m² (+ 20 %), - Calcin : 60 %, - Oxygène : VSA pureté de 93 % avec sauvegarde oxygène cryogénique. 7.4 L’INSTALLATION DE PRODUCTION D’OXYGENE SUR SITE (VSA AIR LIQUIDE) L’installation d’Air Liquide est constituée d’un VSA d’une capacité de production de 110 t/j d’oxygène pur à 90 % et d’une sauvegarde oxygène cryogénique d’une capacité légèrement supérieure. Il est possible de passer d’un fonctionnement à l’autre et même de compenser une éventuelle « sous capacité de production » du VSA par un appoint d’oxygène cryogénique. 7.5 PERFORMANCES DU NOUVEAU FOUR DE LA VERRERIE DU LANGUEDOC Les résultats obtenus sur le four ainsi reconstruit montrent tout l’intérêt de l’oxycombustion gaz naturel en fusion du verre. En effet, dans les mêmes conditions de tirée (360 t/j) et avec le même pourcentage de calcin (60 %), on obtient : Avant conversion [air chaud (700°C) - gaz naturel chaud (500°C)] : - Consommation spécifique gaz naturel : 1550 kWh(PCI)/tonne de verre, - Emissions NOx : 0,8 kg/tonne de verre. Après conversion [oxygène-gaz naturel] : - Consommation spécifique gaz naturel : 1050 kWh(PCI)/tonne de verre ( - 32 % ), - Emissions NOx : 0,2 kg/tonne de verre ( - 75 % ) en oxygène cryogénique, - Emissions NOx : 0,4 kg/tonne de verre ( - 50 % ) en oxygène VSA. Le four est de plus équipé d’une chaudière de récupération ce qui a imposé une dilution des fumées pour abaisser leur température de 1350 °C (sortie four) à 700 °C (entrée chaudière), les fumées sortie four sont suffisamment « froides » pour que cette dilution ne génère pas d’oxydes d’azote ce qui pouvait être craint a priori. En complément de la conversion à l’oxycombustion, un système permettant une combustion oscillante a été installé. 8 PRINCIPE DE LA COMBUSTION OSCILLANTE En faisant varier le débit de combustible selon une fréquence définie suivant le procédé (de 0,2 à 2 Hertz) entre deux valeurs (haute et basse), on crée dans la flamme une alternance de zones de combustion riches et pauvres qui ont pour effet de : - Baisser la température maximale de la flamme et donc la formation d’oxydes d’azote, - Générer en rapport riche des hydrocarbures et des suies rayonnants, - Allonger la flamme d’environ 30 % et donc d’assurer une meilleure couverture de bain. Eléments clef pour la gestion de la combustion oscillante, l’instrumentation est constituée d’une vanne pulsante par brûleur et de son contrôleur. Ces éléments permettent de pulser les débits de gaz sur les dix brûleurs. La fonction principale du contrôleur est de gérer l’ensemble du fonctionnement des vannes, leur synchronisation. 8.1 RAPPEL DES OBJECTIFS DE LA COMBUSTION OSCILLANTE L’objectif du passage en combustion oscillante sur le four n°1 était le suivant : - Economie d’énergie supplémentaire de l’ordre de 5 %, - Economie d’oxygène et donc l’électricité de l’ordre de 5 % voire plus, - Abaissement de la température de voûte, - Pas d’impact sur la qualité du verre, - Diminution des émissions NOx de l’ordre de 50 % par rapport à une solution oxy-combustion non pulsée.RAPPEL PREMIERS RESULTATS D’ ESSAIS DE COMBUSTION OSCILLANTE : Des premiers essais de courte durée en combustion oscillante ont été effectués. Le matériel de mesure (sortie four) étant en place les mêmes données que pour les autres fonctionnements ont été enregistrées. Le tableau ci-dessous donne les moyennes sur 15 minutes des analyses fumées sortie four pour les différents tests réalisés. 14/11/2001 CO2Four COFour O2 Four NOxFour NOx Four T fumées Brûleurs pulsés Référence 1 0 Oscillante 4 brûleurs 7-8-9-10 Oscillante 6 brûleurs 5-6-7-8-9-10 Oscillante 8 brûleurs 3-4-5-6-7-8-9-10 Référence 2 0 % 58,8 59,9 61,2 62,1 63,1 ppm 626 567 701 996 511 % 5,4 5,1 4,8 4,4 4,9 ppm 958 1021 991 891 990 mg/m3(n) 1641 1713 1629 1431 1639 °C 1407 1407 1403 1406 1392 Tableau 6 : Résultats en combustion oscillante Ces premiers essais avaient pour but de vérifier le fonctionnement des vannes gaz qui permettent de pulser. De nombreux autres essais seront nécessaires afin d’optimiser ce système de combustion (fréquence de la pulsation, amplitude sur le débit gaz, pulsation par paire de brûleurs, par côté four, …). En matière de NOx, on ne peut, rien conclure car en pulsant, les longueurs de flammes ont tendance à augmenter ce qui fait augmenter le taux de CO dans les fumées en sortie four. 9 RESULTATS DES MESURES COMPARATIVES COMBUSTION CLASSIQUE & OSCILLANTE Ces premiers résultats de mesures rassemblés dans le tableau qui suit, nous ont été fournis par VDL, ils correspondent à un fonctionnement sans boosting électrique pour une tirée de l’ordre de 350 t/j avec 60 % de calcin, un taux d’humidité de 5 % à l’enfournement et une température de verre, à la gorge, proche de 1300 °C. Ces résultats de mesures sont intéressants car, comme dans les campagnes de mesures précédentes, il n’y a pas utilisation de boosting électrique. Type de combustion Combustion classique Combustion classique Combustion oscillante Combustion oscillante Alimentation oxygène VSA Cryogénie VSA Cryogénie Date 21/09/2001 05/12/2001 11/12/2001 12/12/2001 NOx ppm 1114 823 727 596 NOx mg/m3(n) à 8 % O2 1687 1246 1078 819 NOx kg/t verre 0,4 0,26 0,25 0,13 Conso. spécifique kWh/t verre 1041 1029 1062 1048 Consomation instantanée kWh/tv 1065 1059 1089 1084 Puissance entrante 15839 15141 15479 15409 Tirée 357 343 341 341 Tableau 7 : Comparaison combustion classique / combustion oscillante 9.1 COMPARAISON DES EMISSIONS DE NOX ENTRE COMBUSTION CLASSIQUE ET COMBUSTION OSCILLANTE : Le passage de la combustion classique à la combustion oscillante permet aussi de diminuer les émissions d’oxydes d’azote : - Diminution de 35 % en oxygène VSA (0,4Î0,25 kg/tonne de verre), - Diminution de 50 % en oxygène cryogénique (0,26Î0,13 kg/tonne de verre). 9.2 CONSOMMATION SPECIFIQUE Pour la consommation spécifique ces essais, de courte durée, ne permettent pas aujourd’hui de donner de conclusion. 9.3 CONCLUSION L’optimisation accrue des procédés industriels conduit à développer des équipements de chauffage toujours plus performants vis-à-vis des préoccupations environnementales (économies d’énergie et réduction des émissions de polluants), de la qualité de chauffage (homogénéité de température), de la sécurité (Norme EN 746) et de la fiabilité nécessaire aux nouveaux modes de gestion de la production. Dans cette perspective, le gaz naturel occupe une place de choix. Les importants investissements réalisés par Gaz de France en moyens d’essais d’équipements thermiques, en modélisation/simulation ainsi que le savoir-faire acquis pour ses besoins propres ou ceux de ses partenaires permettent de faire face aux problèmes de plus en plus spécifiques posés par la clientèle industrielle notamment l’industrie du verre. Gaz de France se propose ainsi d’être un interlocuteur de l’ensemble de la filière gaz, des laboratoires de recherche, aux centres techniques, constructeurs d’équipements et clients industriels ; sa participation dans de nombreux projets de collaboration et en particulier dans des projets financés par la Commission Européenne, par l’ADEME témoignent de la performance de ses moyens, de la qualité et de la confidentialité de ses travaux. La collaboration Verrerie du Languedoc - Gaz de France et les résultats obtenus illustrent parfaitement les travaux de Gaz de France pour l’Industrie Verrière Française. REFERENCES 1. Combustion Fundamentals, Roger A. Strehlow, Mc Graw-Hill INTERNATIONAL EDITIONS 1985. 2. Oxygen enhanced combustion, Charles E. Baukal, Jr, Ph. D, CRC PRESS 1998