Depassement sur autoroute

Transcription

Depassement sur autoroute
Le danger et l'infraction de se rabattre trop vite
sur autoroute après un dépassement
Le syndrome de la file de gauche
L'article R.414-10 du code dont la première version a été écrite il y a plus de 60 ans, stipule :
"Tout conducteur qui vient d'effectuer un dépassement par la gauche doit revenir sur sa droite sans
provoquer de ralentissement du véhicule dépassé".
L'exagération de cette obligation constitue une véritable plaie sur autoroute et sur routes à
chaussées séparées : se rabattre VITE est différent de "se rabattre quand il faut, sans commettre
d'autres infractions".
Cet article du code de la route a été fait pour les routes bidirectionnelles car
on roule sur SA gauche et les véhicules peuvent venir en face, mais il a été
étendu sans nuances aux routes à chaussées séparées (autoroute, etc.)
rabattement rapide
justifié sur route
bidirectionnelle
Sur les routes bidirectionnelles (ci-dessus) où des voitures peuvent vernir en face : on peut
comprendre qu'il faille se rabattre assez vite, mais n'est absolument pas adapté aux routes à
chaussées séparées (autoroute, etc.) (ci-dessous) où rien ne vient en face, l'automobiliste a tout
son temps pour se rabattre sans gêner la voiture que l'on double.
En dehors de la région parisienne et en dehors des jours de pointe sur autoroute de campagne,
lorsque le trafic est peu dense, les automobilistes ont une véritable hantise de rester
sur la 2ème voie, ce qui génère une circulation infractionniste sur la voie de droite, ne
respectant pas l'interdistance.
Infraction d'interdistance
Depuis la rédaction initiale de cet article, il y a 60 ans, plusieurs choses essentielles ont changé :
1 -- d'une part la circulation est fondamentalement différente sur les routes bidirectionnelles
pour lesquelles le code de la route a été écrit et sur les routes à chaussées séparées qui se sont
développées depuis 50 ans.
2 - d'autre part le besoin de faciliter les dépassements sur autoroute n'a plus lieu d'être
puisque maintenant toutes les voitures peuvent rouler à 130 km/h et qu'elles n'ont pas le droit
de rouler à plus de 130 km/h.
Le devoir de se rabattre (sous entendu assez vite) à droite était motivé, et donc justifié, sur
les routes bidirectionnelles par le fait que celui qui doublait roulait sur SA gauche, sur la voie
affectée au sens opposé, or sur les routes à chaussées séparées, même si l'on roule sur la 2ème
ou 3ème voie, on n'est pas sur sa gauche, on n'est PAS sur LA PARTIE gauche puisque cette partie
gauche se trouve de l'autre côté du terre-plein, donc la même règle n'aurait pas dû s'appliquer. Une
première faute a donc été commise dans les années 50 de ne pas avoir différencié dans le code de
la route le comportement requis sur les routes à chaussées séparées. Depuis 60 ans on a continué
l'omission. En fait cela arrangeait bien les tenants de la vitesse qui voulaient que le plus vite
possible on laisse libre la deuxième voie pour permettre à ceux qui voulaient rouler vite de rouler
vite.
Il apparait donc que sur les routes à chaussées séparées (autoroute, etc.) ce n'est pas le
danger qui justifie à la voiture doublante de se rabattre sur la droite, mais le besoin de laisser vite la
voie de gauche libre pour permettre aux voitures venant derrière, de doubler également. Ici
précisément nous touchons le début de l'incohérence : "de doubler qui ?" Non pas pour doubler le
véhicule qui roule sur la file de droite mais pour permettre de rouler plus vite que la voiture qui est
devant lui sur la file de gauche en train de doubler. C'est ici que nous nous enfonçons dans
l'incohérence : actuellement, contrairement à 60 ans en arrière, toutes les voitures peuvent rouler à
130 km/h, et l'observation montre que dans 99,99 % des cas la voiture qui double roule déjà à la
limite de la vitesse "non verbalisable" (115 sur voies express et 135 sur autoroute).
En conséquence, l'incitation que propage les divers entités (médias, forces de l'ordre, autoécoles, …) d'obliger à se rabattre vite, aurait pour raison non formulée de permettre l'infraction des
voitures venant derrière la première voiture qui double et aurait pour conséquence une queue de
poisson faite à la voiture doublée ce qui provoque couramment des quasi-accidents et provoque
réellement des accidents graves, n'en citons qu'un entre des dizaines : " Saint-Ambreuil Autoroute
A6 - 12 septembre 2008 : Un enfant de 10 ans est mort, deux autres sont entre la vie et la mort et
30 ont été blessées samedi dans l'accident sur l'A6 en Saône-et-Loire d'un car qui emmenait des
jeunes jouer pour les 10 ans de la victoire des Bleus à la Coupe du Monde de football. Selon la
préfecture, le car a été heurté à l'avant par une voiture qui tentait de se rabattre alors qu'elle se
faisait elle-même doubler. La collision a précipité le car vers la glissière de sécurité et l'autocar s'est
renversé dans un fossé en contrebas de l'autoroute."
Quelle doit être la manœuvre normale ? (voir photo ci-après)
La manœuvre normale de la voiture qui double est d'attendre pour se rabattre quelle ait
dépassé la voiture de la file de droite d'une longueur correspondant aux 2 secondes requises par
l'article R.412-12, (soit 72 m à 130 km/h) sinon elle met ipso-facto en infraction la voiture qu'elle
vient de doubler. De même, elle doit s'assurer que devant elle une même distance de 72 m la
sépare de la voiture précédente. Personne ne doit donc admonester le conducteur d'une voiture qui
ne se rabat pas s'il ne dispose pas d'un créneau de 2x 72=144 m entre les deux voitures qui roulent
sur la voie de droite : il peut et DOIT continuer à rouler sur la file de gauche sans dépasser la
vitesse limite.
Et si une autre voiture est plus loin devant lui sur la file de droite (exemple sur photo) il peut
continuer sur la file de gauche pour dépasser cette autre voiture qui est devant à moins de 144 m.
Ceci est expliqué très simplement dans le code de la route belge qui traite du dépassement : "le
conducteur doit reprendre sa place à droite aussitôt qu'il peut le faire sans inconvénient. Toutefois,
sur les chaussées à sens unique, le conducteur n'est pas tenu de reprendre sa place à droite s'il
veut effectuer aussitôt un nouveau dépassement (article 16.6).
La manœuvre
normale
Allons plus avant dans l'observation des comportements des conducteurs
réalisant un dépassement sur la voie de gauche, même en l'absence d'une autre voiture
derrière eux : j'observe que souvent, roulant sur la voie de droite autour de la vitesse limite
(114 ou 134), je me fais dépasser par une voiture dont le conducteur s'apercevant
brutalement que pour me doubler il doit dépasser la vitesse sanctionnable, il se passe la
chose suivante : on lui a tellement ressassé qu'il "ne faut pas rester sur la voie de gauche"
qu'il se rabat devant ma voiture mais sans dépasser la vitesse sanctionnable, même si
personne ne vient derrière lui, alors que le comportement légal serait celui décrit au
paragraphe précédent : de continuer sur la voie de gauche, le temps qu'il faut pour me
distancer de 2x72m (ou 2x60m sur route à 110). Ce mauvais comportement est nouveau
depuis quelques années, c’est-à-dire depuis que les dépassements de vitesse sont
réellement contrôlés.
À l'étranger, on ne trouve pas cette hantise de ne pas circuler sur la voie de gauche
(voir plus loin photos US et Chine)
Afin d'éviter ces comportements dangereux, plusieurs actions sont urgentes : -- une modification des articles du code de la route pour différencier, pour les
dépassements, le cas des routes bidirectionnelles du cas des routes à chaussées.
-- une attention particulière des forces de l'ordre pour contrôler et sanctionner les
automobilistes qui, sur la voie de gauche, font le "forcing" en roulant trop près de la voiture
précédente, en Allemagne ce comportement est plus souvent contrôlé par la police.
-- des campagnes de presse et télévision pourraient être réalisées
-- les autoécoles et les forces de l'ordre pourraient insister davantage sur ces
comportements. Ne plus fustiger systématiquement "les automobilistes qui restent
sur la voie de gauche" : c'est ce matraquage qui crée la hantise.
Photos d'exemples innombrables
(en situation de trafic peu dense)
1 --- Cette voiture se rabat TROP VITE devant ma voiture : elle me met ipso facto en infraction avec
l'article. 412-12 du code de la route puisque je la suis à moins de 2 secondes (72 m à 130 Km/h) et
parfois de telles voitures restent devant la voiture doublée, à la même vitesse.
2 --- elle devrait continuer sur la voie de gauche le temps qu'il faut, jusqu'au moment où le créneau
entre les deux voitures de la voie de droite dispose de 4 traits latéraux en rive.
Photos A1 A2 A3
rabattement trop
rapide, interdistance
non respectée, danger
Ce type de comportement N'EST PAS une exception : dans toutes les situations où la
circulation est "normale" (c’est-à-dire en dehors de la région parisienne ainsi qu'en dehors
des périodes de vacances en campagne) une voiture sur deux ou trois qui double agit
de la sorte.
Exemple B
La voiture peut se rabattre puisqu'il y a 4 lignes en rive, mais elle se rabat TROP VITE, trop
près de ma voiture sans raison (sauf sans doute pour la peur d'être admonestée par les
forces de l'ordre). Elle me met ipso facto en infraction avec l'article. 412-12 du code de la
route puisque je la suis à moins de 2 secondes (72 m à 130 Km/h), et parfois de telles
voitures restent devant la voiture doublée, à la même vitesse.
rabattement trop
rapide, interdistance
non respectée, danger
Exemple C
Dans cet exemple, la voiture rouge ne devrait pas se rabattre si près de moi car elle me met ipso
facto en infraction puisque je la suis à moins de 2 secondes d'elle (article. 412-12 du code de la
route)
rabattement trop
rapide, interdistance
non respectée, danger
Exemple D
Dans cet exemple, il y a à peine la valeur de 2 bandes latérales donc la voiture rouge ne devrait
pas se rabattre car elle me met ipso facto en infraction puisque je la suis à moins de 2 secondes, et
elle se met aussi elle-même en infraction car elle est à moins de 2 secondes de la voiture qu'elle
suit. Pour se rabattre il aurait fallu qu'il y ait 4 bandes latérales afin que devant elle il y en ait 2 et
derrière elle égalent 2 pour avoir 2 secondes devant et 2 secondes derrière (l'article. 412-12 du
code de la route
rabattement trop
rapide, interdistance
non respectée, danger
Exemple E : les slaloms dangereux
1 --- Lorsque le trafic est un peu plus dense, le syndrome de la voie de gauche devient
encore plus dangereux car, en plus du non respect des interdistances, un slalom
continuel s'établit. La voiture blanche se rabat TROP VITE devant ma voiture sans raison
puisque que de suite elle va se remettre sur la voie de gauche pour doubler la voiture
noire.
rabattement trop
rapide, interdistance
non respectée, danger
Voir le slalom
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Exemple E suite
2 --- La voiture aurait dû rester sur la voie de gauche pour continuer à doubler l'autre
voiture devant puisque c'est son intention (effectivement elle l'a doublé ensuite). Le
conducteur a slalomé tout simplement (mais en fait injustifié) parce qu'il y avait une
voiture derrière lui sur la voie de gauche.
Toutes ces manœuvres sont dangereuses et motivées par la crainte de circuler le temps
qu'il faut sur la voie de gauche, crainte entretenue par les autoécoles, les médias et les
forces de l'ordre qui lors des interviews à la télévision ne manquent jamais l'occasion, en
premier lieu, DE FUSTIGER LES AUTOMOBILISTES QUI NE SE RABATTENT PAS
ASSEZ VITE.
Slalom continuel
infractionniste sur
les interdistances :
danger
Exemple F
En plus d'être en infraction pour l'interdistance, la hantise de rester sur
la 2ème voie génère de continuels slaloms dangereux
Slalom continuel
infractionniste sur
les interdistances :
danger
Ce comportement n'est pas propre aux autoroutes à 2 voies (ou voies express) mais se
produit aussi lorsqu'il y a 3 ou 4 voies :
rabattement trop
rapide, interdistance
non respectée, danger
À l'étranger ils n'ont pas cette même hantise
À l'étranger, cette hantise de vouloir revenir très vite, trop vite sur la voie de droite, n'existe
pas : ils se rabattent quand il le faut mais ils attendent qu'il y ait la place à droite, sinon ils
roulent sur leur file, à au moins 2 secondes de celui qui est devant.
E1
En haut région Californie, en bas région de Shanghai. (Photos J. ROBIN)
Si une file roule plus vite (gauche ou droite) cela ne dérange personne et ne constitue pas
un danger.
E2
La règle : laisser 2 secondes d'espacement avec la voiture qui
précède requises : article R.412-12 du code de la route
photo du panneau rappelant la consigne de l'article R.412-12 du code de la route
de laisser 2 secondes de distance avec le véhicule précédent.
Exemple de ce qu'il faut faire et que seulement 5 à 10% des conducteurs font.