André Devigny - CRISES - Université Paul Valéry

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André Devigny - CRISES - Université Paul Valéry
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DEVIGNY André ( 1916-1999)
I Le témoin :
- L'enfance et la famille :
Il est né le 25 mai 1916 à Habère-Lullin dans la vallée de la Boëge en Haute Savoie dans une
famille d'agriculteurs et de militaires. Marié et père de trois enfants ; deux fils Serge l'ainé et
Christian restés en Afrique avec sa femme à Port Lyautey pendant son emprisonnement en 1943
et une fille Chantal restée avec sa grand-mère en Savoie. Il a le souhait que ses fils fassent l'école
militaire de St Cyr. (p43) Son père le lieutenant Devigny a servi durant la Première Guerre
mondiale.
- La guerre :
Il est l'élève pupille de la Nation à l’École Normale d’Instituteurs de Bonneville, puis il entre à
l'école des officiers de Saint Maixent dans la promotion Weygand et en sort la veille de la guerre
avec le grade de sous lieutenant du 5iem RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains). Il sera
affecté en première ligne en Lorraine.
Décembre 1939 : Après une préparation d’artillerie, la position tenue par sa section est
violemment attaquée par une compagnie allemande. Dans cet affrontement ils sont en infériorité
numérique, il engage une contre-attaque à la baïonnette après épuisement des munitions et les
survivants parviennent à repousser l'ennemi en lui infligeant de lourdes pertes. Cette action lui
vaut, à 23 ans, d'être le plus jeune chevalier de la légion d'Honneur de France et le premier de la
guerre.
20 mai 1940 : grièvement blessé à Ham ( Somme ) est évacué vers l’hôpital de Bordeaux.
Voulant rejoindre Londres à la fin de 1940, il contacte les services de renseignements
britanniques ( l'Intelligence Service) qui, compte tenu de son appartenance au 5e RTM
l’orientent sur le Maroc, à Port-Lyautey, pour participer à la préparation du débarquement allié,
lequel aura lieu le 8 novembre 1942 à cet endroit. Reçu au concours d’admission à l’École de
Saint Maixent, il rejoint la Métropole. Novembre 1942 : L'invasion de la zone sud par l’armée
allemande, le met en congé d’armistice.
- La résistance :
Il prend contact avec le consul anglais à Genève qui le recommande au Colonel Groussard. Il
rejoint les réseaux déjà existant du Colonel en 1942. Le colonel lui confie la mission d'organiser
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un réseau de renseignement militaire « Gilbert » couvrant la zone sud de la France. La
préparation du débarquement en Provence, du sabotage de la poudrerie de Toulouse, et
l’exécution du dangereux chef du contre-espionnage italien « Angrisani » le 14 avril 1943, sont
parmi ses premières tâches. Il crée également un service des passages clandestins vers la Suisse
qui sera utilisé par toute la Résistance. Les femmes qui assuraient les passages délicats à la
frontière étaient appelées les Violettes. Infiltré par un agent double allemand, Robert Moog, le
réseau est trahi, mais restera opérationnel grâce à son cloisonnement.
- Fort -Montluc :
Il est arrêté en gare d’Annemasse par la Gestapo le 17 avril 1943, et l’un de ses adjoints abattus à
Lyon. Interné au fort Montluc à Lyon ; il tente une première évasion au cours d'un transfert, mais
est aussitôt repris et torturé
du 17 avril au 25 mai.
Prisonnier indomptable, il prépare
minutieusement son évasion avec l'aide de ses camarades de cellules. Le 20 août 1943, le colonel
Barbier ou plus communément Klaus Barbie lui notifie sa condamnation à mort par la cour
martiale allemande.
Nuit 25 août Il s'évade, gagne la Suisse puis l'Espagne où il est incarcéré pendant deux mois. Il
rejoint l'Afrique du Nord et entre comme volontaire au bataillon parachutiste de choc, il
participe au débarquement en Provence en août 1944 et remonte vers l'Allemagne avec les
armées alliées.
- Carrière militaire et grades après Montluc :
1944 Nommé Capitaine
1945 Compagnon de la Libération
1946 Promu chef de bataillon.
Il exerce par la suite plusieurs commandements de bataillons (du 5e RTM et du 7e RTA en
Allemagne) puis de régiments ; il est ensuite chef du Service central des Sports des Forces
armées et Directeur du Bataillon de Joinville.
1957 Promu lieutenant-colonel (1955-1962) commande successivement trois secteurs en Algérie
puis est blessé au combat en 1959. Juge à la Cour de Sûreté de l'Etat, il est ensuite, à partir de
1965, Directeur du Service "Action" du SDECE (service de documentation extérieure et de
contre espionnage) jusqu'en 1971.Général de brigade en 1971, il se retire dans sa Haute-Savoie
natale en octobre. André Devigny est décédé le 12 février 1999 à Hauteville sur Fier en HauteSavoie où il a été inhumé.
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II Le témoignage :
L'auteur André Devigny ne prend pas de pseudonyme. On note qu'il avait toutefois un nom de
code Valentin pendant ses missions de surveillance dont il ne s'est pas servi ici. « Un condamné
à mort s'est échappé » éditions Gallimard, Collection L'air du Temps dirigée par Pierre Lazareff,
préfacée par le Colonel Groussard (1891-190) ,1956, imprimé à Montrouge ( Seine) 258 pages
est le récit autobiographique de son arrestation en gare d'Annemasse le 17 avril 1943 et son
incarcération à la prison de Montluc mais surtout son évasion du 25 août 1943. Ces mémoires
feront l'objet d'un film en noir et blanc en 1956 Un condamné à mort s'est échappé (ou le vent
souffle où il veut ) par Robert Bresson, cinéaste français ( 1901-1999) primé au festival de
Cannes en 1957 ( prix de la mise en scène) dont le scénario est écrit en collaboration avec André
Devigny. http://www.bifi.fr/public/ap/article.php?id=119
Il y a apparemment deux séries d'éditions une première qui date des années 1956 avec la préface
du Colonel Groussard 264 pages sous couv. ill., 140 x 205 mm. Collection L'Air du Temps,
Gallimard -doc. ISBN 2070218961. Elle compte au moins quatre éditions.
Puis une autre série dans les années 1977 sans la préface du Colonel Groussard cette fois ,192
pages, ill., cart., sous couv. ill., 122 x 204 mm. Collection Exploits, Gallimard Jeunesse -doc.
ISBN 2070520226. Cet ouvrage est aujourd'hui procurable d'occasion sur les sites d'achat en
ligne comme amazone ou priceminister. Il possible de se le procurer en fouillant les rayons de
livres bradés chez Gibert Joseph ou de le commander.
III L'analyse :
A. Réseaux de résistance autour d'André Devigny
- Le réseau du Colonel Groussard :
Toute une liste de nom est mentionnée dans les mémoires d'André Devigny : le colonel
Groussard à la tête du réseau; le docteur Bacharach qui tenait la boite aux lettres à Nice, Eugène
Laidevant un inspecteur de police, Pierre Ponchardier, capitaine de Corvette, chez qui André
logeait à Nice ; Pierre Perrin; Alfred Newton, capitaine anglais; Perkins, tenait la radio,
prisonnier et fusillé par les Allemands; Jean Cambus, professeur d'école de la place des minimes
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à Lyon ; le Capitaine Bulard; les camarades d'André pour sa mission de Nice: Muller qu'il avait
connu au Maroc, camarade de chambré à l'école militaire d'Aix en Provence, qui devait surveiller
le sports de Marseille et Toulon, Roland Netter et d'autres encore surement non cités.
- En prison :
Il a vingt-six ans lorsqu'il se fait arrêter. En prison un réseau de résistance passive s'organise ;
dans le but de continuer la lutter contre les Allemands. André Devigny est très précis dans la
description de ses camarades, il note les numéro de cellules, les noms, origines, les motifs
d'arrestations. On peut donc dresser la liste des détenus qu'André à fréquenté pendant son séjour,
et savoir ceux qui ont été fusillé. Devigny est d'abord incarcéré dans le quartier des condamnés à
morts, cellule 45. Là il fait là connaissance de Ruffet, 19 ans, originaire de Lyon condamné à
mort par un tribunal français ; cela faisait déjà trois semaines qu'il était incarcéré quand André est
arrivé. Emprisonné tout d'abord à Saint Paul, il sera fusillé la semaine précédant le dimanche 30
mai 1943. André Devigny fait aussi la connaissance Mr Bury,(p138-139) de Saint Étienne, qui
délivre les messages à l'extérieure de la prison par l'intermédiaire de sa fille puis Mr Blanchonnet
directeur d'un journal et Mr Kuster commissaire de police qui sont tous les deux originaires de
Saint Étienne. Une femme est aussi enfermée dans le quartier des condamnés à mort: Mme
Gilberte Champion, radio du réseau Jade- Fidezeroy, et mère de trois enfants,qui avait été arrêtée
au cours d'une émission. Le 2 juin 1943 il change de cellule, il monte au deuxième étage à
gauche, avant dernière cellule à droite numéro 107. Il peut enfin sortir dans la cour ; son
régime alimentaire change. Il n'est plus soumis à des restrictions. Il fait ainsi la connaissance des
autres détenus : Nathan ( Marseille), Grimaud( qui s'improvise coiffeur dans la cour aux moments
des sorties), Joulian, Aymard, Roland de Pury (pasteur, originaire de Lyon, ayant cinq enfants,
cellule 119), Brunoy ( inspecteur de police à Lyon qui élabore les prémices du plan d'évasion et
le mettra en pratique, il échouera et sera fusillé), Duflot ( qui remplace Brunoy dans sa cellule
après qu'il ai été fusillé, jeune homme de 17 ans,arrêté en distribuant des tracts, qu'il jetait dans
des hôtels occupés par des Allemands ), Schoeller, Jeantet Eugène (cellule voisine de celle
d'André 109, réformé, en prison pour des dollars qu'une juive lui a donné le jour de son
arrestation. Il sera fusillé après l'évasion de Devigny ), Gimenez( camarade de cellule d'André
Devigny et compagnon d'évasion) ; Mercier (cellule 110, s'est évadé d'Allemagne mais dénoncé
par sa femme qui ne l'avait pas attendu pour le remplacer dans le lit conjugal ) ; un chemineau,
savoyard d'adoption par sa femme, qui était de Jeoire en Faucigny, aucun nom.
Tous ces hommes et femmes sont là pour les mêmes raisons, une volonté de défier l'occupant
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allemand: trafic d'armes, réseau d'espionnage, distribution de tracts.
- Contact à l'extérieur :
Emprisonné, Devigny du trouver le moyen de communiquer avec l’extérieur. Il y a ceux qui font
le lien entre la prison et l'extérieur et ceux qui vont recevoir les lettres de Devigny. Mlle Bury, la
fille de Mr Bury obtint d'un Mr Hermann, un allemand de venir rendre visite à son père en prison
et grâce à elle les lettres de Devigny purent sortir. p 141-142 Elle les posta toutes de SaintÉtienne pour plus de discrétion. Jean Cambus déjà cité faisait parti du réseau du Colonel
Groussard, et vint en aide au père d'André quand celui ci vint à Lyon prendre des nouvelles de
son fils prévenu par une certaine Madame Edmée Deletraz. Cambus recevait les lettres de
Devigny et devait faire circuler les informations. Seulement avec les contrôles les lettres ne lui
étaient transmises qu'avec du retard. A l'extérieur, son père, le Lieutenant Devigny, fit plusieurs
fois le déplacement pour apporter des colis à son officier de fils. Il essaya en vint de convaincre
le colonel Barbier (Klaus Barbie, 1913-1991) de faire libérer son fils, du moins essaya de le
convaincre de son innocence. p 151-152.
Le colonel Groussard est ne disparaît pas sitôt son emprisonnement, il est mentionnée dans une
de ses lettres p 134 « au papa de Françoise », il désirait qu'il s'occupa de la sécurité matérielle
de sa famille.
- Collaboration à sa sortie de prison :
Trombert Jean, né à Essert - Homans de Haute Savoie marié à une Suissesse, installé depuis 30
ans à Lyon, plus précisément Vaux-en-Velin, 29 rue Masséna (p 251) prend d'énormes risques en
hébergeant Devigny chez lui. Trois habitants de son quartier avaient déjà étaient arrêtés et deux
personne abattus en pleine rue.
B. André Devigny, témoignage d'un rescapé
- Le quartier des condamnés à mort :
Après son arrestation, le 17 avril 1943 gare d'Annemasse par la police allemande, il est conduit
sous la garde de trois Allemands Moog, Timman, et Ellers, pour interrogation. Il apprend alors
que Robert Moog s'était introduit dans le réseau. p 19 Le 23 avril 1943 il fait une première
tentative d'évasion en voiture. p21 Récupéré par des officiers allemands se trouvant là, il est
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incarcéré dans le quartier des condamnés à mort sous la garde de Fränzel gardien chef de la
prison décrit comme une brute. p 22 « Tous ceux qui sont passés par les cellules de Montluc se
souviennent, c'est certain, de Fränzel, gardien chef de cette prison. Ils n'ont pu oublier sa forte
corpulence, son visage carré, ses lunettes à monture de métal blanc; ils n'ont pu oublier ses cris,
ses imprécations continuelles; je crois qu'il ne devait pas savoir parler, mais seulement hurler et
frapper. » Ce personnage n'était pas qu'une brute comme cette description le laisse à penser,
puisqu'il autorise Mr Bury à voir sa fille. L145 « Ce dernier fut toujours courtois vis-à-vis d'elle.
Il essayait de ne pas avoir l'air d'un geôlier et refusa toujours d'être payé sous une forme
quelconque. Par la suite la jeune fille s'arrangea pour lui offrir quelques chocolats ou pâtisseries
; il se montra très touché. » Il ne faut donc pas tomber dans le stéréotype de l'allemand mauvais,
l'homme est une mécanique complexe. Pendant son incarcération , André Devigny est surpris
d'apprendre qu'un de ses voisins de cellules est une femme « Une femme, dans la cellule voisine,
souffre aussi comme moi. » En effet, elle n'est pas traitée différemment; elle est battue avec la
même violence que les autres et privé de nourriture. Devigny devait être privé de nourriture
pendant trois jours « Kein essen 28 »mais avec le soutien de Bury, (qui lui fit passer un colis
contenant du chocolat, du papier un crayon, rasoir et une serviette, ) il put tenir retrouver des
forces. Mais quel était son moral en cet instant? Et bien comme l'indique les lettres destinées à sa
famille il se pensait condamné. « Ces nouvelles sont destinées à tout le monde, à vous , à mes
parents, à ma femme lors de son retour( elle est en Afrique avec ses deux fils) Transmettez les
bien. Ce sont les nouvelles d'un prisonnier qui, après avoir songé à son pays, n'a plus de pensée
que pour sa femme, ses enfants, ses parents,pour tous ceux pour qui il éprouve de l'amour et de
l'affection. [...] c'est maintenant que tout me manque et que j'apprécie tout » p 128
Mais c'est la faim et la souffrance des premiers jours qui lui avait fait perde tout espoir. De
pouvoir communiquer avec l'extérieur lui avait comme il le dit « rendu un peu de liberté »
Devigny hésite malgré tout à partager ses doutes et ses peurs avec ses proches p43. Cela pourrait
s'expliquer par son éducation, comme l'expliquait son père en lisant une de ses lettres, dans leur
famille, on ne s'épanche pas sur ses sentiments si facilement. P128
- Conditions de vie :
Plein feu sur la prison de Montluc. André Devigny nous donne un flot de détails sur les
conditions de détention des prisonniers. La nourriture, tout d'abord, la soupe servie a ceux qui
n'ont pas l'affichette « Kein essen » sur leur porte. Elle pouvait être accompagnée de pain et d'un
peu de margarine. p41 Il fait mention d'un distribution de café p 58 « jus fade et tiède »
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Le changement de quartier pour Devigny signifiait une amélioration de sa situation enfin en
apparence car il ne pouvait plus correspondre avec l'extérieur, privé du contact de Bury. p57
« J'avais quitté le quartier des condamnés à mort, les menottes m'avaient été ôtées, une évolution
favorable se produisait dans mon affaire et ma tentative d'évasion du 23 avril semblait donc
oubliée. Sans aucun doute, j'allais désormais mener la vie commune, avoir droit à de longues
sorties et à une alimentation meilleure, voir des visages nouveaux, mais rien ne pouvais
remplacer Bury, la chaude affection qu'il m'avait témoignée dans des moments difficiles, sa
présence chaque jour dans la cour, ses paroles de réconfort et de courage. Et je perdais avec lui
le moyen de correspondre avec ma famille, mes amis: j'étais à nouveau coupé du monde
extérieur. »
Un détenu s'était improvisé coiffeur, pendant la sortie, du matin, improvisation au rasoir, souvent
malheureuse mais nécessaire pour garder le contact entre détenus. C'était le moyen d'échanger
des informations. Les détenus devaient se tenir à une distance de six pas pendant la sortie et la
colonne était précédée d'un gardien. On n'empêchait les détenus de se parler le plus possible
pendant les sorties. Mais ils avaient mis au point le système des toilettes..qui consiste à rejoindre
aux toilettes du fond de la cour celui à qui on veut s'adresser. Sur l'hygiène en prison, quelques
détails; on essaie de maintenir sa cellule propre, il y a quelques punaises. L'épisode de poux de
corps du camarade de cellule de Devigny est dès lors assez marquant. Ces poux qu'il n'a pas
attrapé en prison d'ailleurs mais dans une maison close. Devigny s'étonne de leurs existences et
pour cause, celles qui ont été conservées le sont pour les Allemands. P 189
- La religion :
Devigny est un homme pieux comme il le dit lui même et c'est sa foi en Dieu qu'il lui rendra
espoir bien des fois. C'est sa foi en Dieu en un avenir meilleur qui le pousse à aller de l'avant.
André Devigny n'est pas un homme résigné. Il se rapproche de de Pury le pasteur et trouve
surement auprès de lui un réconfort alors que son avenir est incertain. Il cherche à s'amender
auprès de Dieu. Il revoit souvent l'image d'Angrisani, cette mission de Nice, une image sanglante
qui le hante. Le pasteur le donne une page des épitres à St Jean, qu'il donnera ensuite à Eugène.
p165« Je suis heureux, dis-je à Eugène, je suis maintenant en règle avec Dieu » Être en règle
avec Dieu, quand on est croyant, se laver de ses pêchers avant de mourir est un acte majeur.
Devigny ne sait pas encore à ce moment s'il va pouvoir mettre son plan d'évasion à exécution.
Les cellules se vident de plus en plus.
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- Montluc, la mort au quotidien :
La mort est permanence en prison. Les détenus doivent y faire face. Les départs pour les prisons
Compiègne ou Fresnes sont permanent. Quand les détenus ne sont pas fusillés( Brunoy), ils
pensent eux même à se donner la mort avec l'exemple de Jeantet. Quand ils n'ont plus de famille,
plus d'espoir, qu'ils n'espèrent plus rien de la vie, c'est dans ces moments là que tout peut basculer
pour un homme. P 77 « oui..j'ai essayé de me pendre.. A côté, vous avez bougé, cela m'a
arrêté. »
Alors pourquoi resté en vie en prison ? Devigny essaie de redonner de l'espoir à son camarade et
on comprend bien que ceux qui se suicident passent auprès de tous pour des déserteurs. «
L'exemple d'un seul atteint tout les autres. Demain, toute la prison l'aurait su. Les Allemands
nous auraient vu accablés. Nous n'aurions plus osé les regarder en face, comme maintenant. La
dignité est une arme, le courage en est une autre. Et quelles que soient les circonstances nous
pouvons nous en servir. » « [...]Chacun a quelque chose a défendre..Ne jamais s'avouer vaincu,
s'est déjà une victoire »
Mais la mort finit par l'atteindre lui aussi. Il est condamné par le Colonel Barbier sans jugement.
« L'instruction de votre affaire est terminée. Vous allez payer votre action contre les troupes
allemandes. En conséquence, vous serez fusillé. L'espionnage dont vous vous êtes rendu coupable
et l'attentat que vous avez préparé sont punis de mort. »
C. André Devigny, une évasion spectaculaire
- Le sacrifice de tous pour la survie d'un seul :
Devigny n'a pu s'échapper avec Gimenez que, parce que ne nombreux incarcérés ont participé à
l'élaboration du plan et ont parfois été jusqu'à le mettre en pratique. C'est donc une œuvre
commune. D'abord initié par Brunoy p88, dans son impatience il échoue et est récupéré par la
Allemands qui lui promettent une libération. Malheureusement ce n'est qu'une ruse et un coup dur
pour Devigny. P 96 « Les coups de feu semblaient provenir du chemin de ronde; ils l'ont fusillé
contre le mur certainement. [...]Voyez ce que cela coute une évasion manquée » Devigny
apprend des erreurs de Brunoy, la corde qui n'était pas assez solide, la manière de lançait le filin
derrière le mur.
Mais ce qui sera déterminant pour son évasion c'est l'aboutissement du
démontage de sa porte. Mercier fit de même mais trop bruyant se fit prendre. P117.Dans la
confection du matériel Jeantet participe à son évasion en lui donnant ses couvertures! Les
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crochets sont fabriqués avec le fer des lampes. Devigny nous fait une description très précise de
la fabrication du matériel ( p 118-119-120) ainsi que celle du démontage du châlit de la porte ( p
73-74-81). Une fois dehors Devigny appris que Jeantet avait était fusillé avait de nombreux
autres et que nombreuses sanctions avaient été prises. « J'étais loin de me douter que cinq d'entre
eux, dont Jeantet, mon bon Jeantet, avaient pris ma place contre le mur, que la sentinelle cycliste
était dès l'aube, et la première, tombée sous la salve d'un peloton, que tout ce qui avait servi à la
fabrication de mon matériel d'évasion: couvertures, châlit, cuiller, paillasse, avait été ôté des
cellules et que la fureur sans bornes de la police allemande s'abattait sur toute ma famille. Si je
l'avais su, le remords aurait vaincu ce qui me restait de nerfs et de force et le Rhône, sans aucun
doute, aurait mis un terme à mes tourments. »
- Des obstacles à la liberté :
De quels tourments parle à ce moment précis Devigny? Il a réussi à sortir de prison avec
Gimenez mais il est récupéré par une patrouille allemande « cinq soldats allemands en file
indienne venaient de surgir de la berge » P243-247 « fatalité du sort , destin impitoyable »
« O vie que tu m'étais chère pour je supporte de tels tourments » Mais il va malgré tout se battre
pour sa liberté et en chemin il perd de vu Gimenez. Gimenez à qui il a promis en prison de
s'occuper de lui, de le prendre avec lui au combat. L'histoire se termine sur la trahison de ce jeune
homme, qui dévoile à la Gestapo le domicile de Baccharach contact de Devigny qui les avaient
hébergés et nourri le lendemain de leur évasion. P 255 « Gimenez, Gimenez, murmurai-je, tu t'es
vengé en faisant arrêter mon ami. Les papiers brulés, le chloroforme, l'officier italien, le
télégramme, tu sais tout. ( en référence à la mission de Nice) Quelle imprudence et, docteur, que
de charge contre vous! » Mais déjà en prison, les contrôles fréquents des cellules lui rendait la
tâche difficile. Et de nombreuses fois , il a redouté qu'on ne le changea de cellule après la
préparation de son matériel, comme il tardait à mettre son plan d'évasion à exécution.
- L'évasion :
Voici le message qu'il expédia une fois sortie à ses parents « Sorti de clinique-Stop-craint
contagion-Stop- Prendre d'urgence précautions-André » Devigny sait que son évasion est
spectaculaire, il a du tuer un homme pour ça. Passer la surveillance de plusieurs guets ainsi que
du cycliste-sentinelle. Ce n'est que sous les coups de quatre heures du matin sois près de six
heures après leur départ de la cellule qu'ils furent libre. P211-230 Une vingtaine de pages, où le
lecteur est tenu en haleine. Vont ils être repris? Vont ils tombés du toit ou mourir? Dans quel état
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d'esprit est il? Il est sans doute passé par plusieurs stades. Mais au moment de passer de l'autre
coté du bâtiment c'est la peur qui domina un court instant. «La vérité doit être dite: j'avais peur,
effroyablement peur de me briser les reins sur le sol, car, posant mes mains sur le filin et m'y
appuyant de tout mon poids,je le sentais fléchir et s'allonger; Pourtant, un effort, un petit effort et
tout serait terminé, mais j'étais au bout de mon courage, de mon énergie, de ma volonté. » p229
- Prisonniers Allemands : P 258
18 novembre 1944 bataille pour la Libération de Belfort, André Devigny est ivre de vengeance
mais c'est un autre sentiment qui survient lorsqu'il se retrouve face à un Allemand, un prisonnier
enfin à lui...« L'instant d'un éclair je lus dans son regard cette angoisse que j'avais tant
connue...J'abaissai lentement, sans cesser de le fixer, le canon de mon arme et je le tirai à l'abri
du mur... [...]Je venais de remporter là, peut-être, ma plus belle victoire. » Son père lui-même
aurait sauvé deux soldats allemands en 1914 et s'en serait vanté devant le Colonel Barbier (
Klaus Barbie) p152
Bibliographie :
http://www.ordredelaliberation.fr/
Wikipédia pour les personnages cités
Devigny, André, Je fus ce condamné, Presse de la cité, Paris 1978.
Barbara WUYTS (Université Paul-Valéry Montpellier III)

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