cr conférence du Dr JF Chicoine - oct 2011 nancy

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cr conférence du Dr JF Chicoine - oct 2011 nancy
HOA TRANG
FLEUR BLANCHE
Beaucoup de bras font plus
qu’un esprit seul
Destinées
Association Loi 1901
Organisme Agréé et habilité
pour l’Adoption
77 AVENUE DU XX EME CORPS
54000 NANCY
TÉL. (+33) 6 83 40 88 98
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Notes sur la conférence du Dr Jean-François Chicoine du 11 octobre 2011 à Nancy
Compte rendu Destinées – Fleur Blanche
Résumé(1) de la conférence du Dr Jean Francois Chicoine,
le mardi 11 octobre 2011 :
Développement sensori-perceptif, moteur, cognitif, langagier, affectif
et social de l’enfant adopté.
Introduction................................................................................................................................................. 2
Le développement de l’enfant dans le ventre de sa maman et avec son environnement............................ 2
Le développement sensori-perceptif ........................................................................................................... 3
Le développement moteur........................................................................................................................... 4
Le développement des émotions................................................................................................................. 5
Les troubles et retards de langage............................................................................................................... 7
Le développement social de l’enfant .......................................................................................................... 7
Caractéristiques de l’enfant adopté qui va bien .......................................................................................... 8
Caractéristiques des enfants qui vont moins bien. ...................................................................................... 8
Questions / réponses à l’issue de la conférence ........................................................................................ 10
Question 1 : On constate que beaucoup d’enfants adoptés oublient très rapidement leur langue
maternelle après leur arrivée. Que pouvez vous dire sur ce point ? ......................................................... 10
Question 2 : Si on ne peut pas punir, que doit-on faire quand les limites que l’on donne ne sont pas
acceptées par l’enfant ?............................................................................................................................. 10
Comment mettre un enfant dans le coin ?............................................................................................. 11
Question 3 : Quel est l’impact si un enfant adopté garde contact avec ses parents biologiques ? ........... 12
Question 4 : Que faire quand l’enfant demande une lumière dans sa chambre ? ..................................... 12
Question 5 : Que peut-on dire d’un enfant (de 11 ans) qui aurait d’un côté un QI verbal de 140 et par
ailleurs un QI général < 80 ?..................................................................................................................... 12
Question 6 : Qu’est-ce qu’un enfant velcro ? ........................................................................................... 12
Question 7 : Que faire quand l’enfant demande pourquoi il a été abandonné ? ....................................... 12
Question 8 : comment réagir si l’enfant petit demande à voir ses parents biologiques ? ......................... 13
Question 9 : Comment envisager des compétences égales ou parfois précoces montrées souvent par ces
enfants, et qui pourraient être un point d’appui pour travailler les développements retardés? ................ 13
Question 10 : Les équipes dont vous parlez se développent au Canada, aux Etats-Unis. Comment fait-on
lorsqu’on est en France ? .......................................................................................................................... 14
Question 11 : Comment aider un enfant qui a des difficultés en mémoire de travail ? ............................ 14
Notes sur la conférence du Dr Jean-François Chicoine du 11 octobre 2011 à Nancy
Compte rendu Destinées – Fleur Blanche (V3)
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Le Dr Chicoine introduit la conférence en exprimant son plaisir de revenir en quelque sorte à ses
origines puisque son arrière grand-mère était lorraine.
C’est dans les années 1980 qu’à l’hôpital Ste Justine au Québec, le Dr Chicoine et ses équipes ont
commencé à accueillir des « enfants venus d’ailleurs ». A cette époque, le Québec, qui ne représente que
7 millions d’habitants, adoptait près de 1000 enfants par an.
Depuis il travaille avec toute une équipe composée d’excellentes infirmières et des personnels de
multiples disciplines comme des psychologues, des ergothérapeutes ou des travailleurs sociaux. Ils
accueillent une très forte proportion des enfants adoptés du Québec.
Tout le travail de l ‘équipe est très axé sur les aspects sociaux et familiaux de l’enfant.
Introduction
Le premier point important est de comprendre les notions de blessures ou de traumatismes.
La plupart des enfants adoptés sont blessés mais pas traumatisés. Ils sont blessés par exemple quand ils
ont eu plusieurs ruptures, des carences éventuelles qui engendrent des différences (blessures) par rapport
aux autres enfants.
Le deuxième point est que les enfants se développent à leur rythme, chacun avec ses particularités. Le
plus difficile est d’identifier quelle est la particularité : est-ce une particularité de l’individu, de l’enfant
blessé, ou de l’enfant traumatisé ?
Le développement de l’enfant dans le ventre de sa maman et avec son environnement.
Ce sont 2 premiers points importants dans le développement de l’enfant.
Dans le ventre de sa maman, l’enfant va apprendre à goûter, l’équilibre, etc, jusqu’à la fin de la
grossesse. L’enfant est déjà en contact avec son environnement.
La malnutrition infantile est souvent plus importante à l’adoption internationale : 15% des enfants des
pays « du monde » au lieu de 5% des enfants des pays « développés » naissent à moins de 2.5kg pour
cause de malnutrition ou de prématurité, ce qui peut affecter leur développement.
D’autres éléments de l’environnement peuvent affecter la croissance de l’enfant : insecticides, plomb,
produits chimiques. Par exemple le taux de plomb est maintenant mesuré à l’arrivée des enfants adoptés
aux USA, ce qui en soit est peu utile car le mal est fait et le taux de substance toxique va aller en
diminuant car l’enfant n’y est plus soumis.
Deux autres éléments sont importants, ils viennent de la maman :
 Le stress maternel : il peut donner au fœtus un tempérament alerté, avide, au bord de la crise de
nerfs. Ces enfants à la naissance seront perçus comme « difficiles ».
D’un point de vue plus général, le tempérament des enfants à la naissance a sa part génétique et sa
part utérine.
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
Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale. (SAF)
Concerne beaucoup d’enfants adoptés en Russie, Corée du Sud, Nord Québec.
Le fait de prendre régulièrement de l’alcool aux 1er et 2ème trimestres de grossesse influe sur le
développement moteur et cognitif des enfants.
En Russie on note qu’environ 1 enfant sur 5 peut souffrir du syndrome d’alcoolisation fœtale à
l’adoption. A l’attention des parents adoptants, le fait d’avoir une photo de l’enfant avant pourrait
réduire à 1 sur 10 ce risque. On est en effet capable de reconnaître certains signes de SAF : les
enfants atteints sont généralement petits en taille, avec une petite tête, des oreilles basses, la lèvre
supérieure très fine, absence de philtrum et petits yeux.
Les impacts du SAF peuvent être repérés très jeune chez les enfants.
Le philtrum est la petite saillie entre la base du nez et la lèvre supérieure. Chez certaines personnes,
le trait est plus évident que chez d’autres, maïs chez les enfants atteints de SAF, la saillie a tendance
à s’effacer. Selon une échelle particulière, elle est gradée de 1 à 5. Plus elle est inapparente, plus il y
a risque de SAF.
Tous les éléments de développement évoqués ci-dessus affectent le petit bébé à la naissance.
Le développement sensori-perceptif
Le développement sensori-perceptif commence dans l’utérus et se fait tout au long de la vie, mais
surtout dans les 6 premiers mois de vie.
Pour illustrer par un exemple, on peut noter la différence très importante entre les enfants des
orphelinats de Roumanie dans les années 90-93 qui ne voyaient personne et les enfants des orphelinats
ayant eu les bras d’une nourrice.
Les principales périodes de développement des neurones sont :
- beaucoup de 0 à 3 ans,
- encore beaucoup de 3 à 6 ans : on peut rattraper des carences
- encore beaucoup entre 6 et 9-10 ans : le meilleur moment pour montrer de l’information aux enfants,
leur apprendre une 2ème langue…
Nous naissons avec beaucoup (trop) de neurones dont on en élimine une partie. Cet « élagage neuronal »
continue jusque 24 ans. On attribue la fin de l’adolescence à 22-24 ans. L’enfant arrive donc avec une
masse génétique qui doit être formatée par son environnement : s’il reçoit la possibilité de bien se
développer en sécurité, alors il n’y a pas de problèmes.
Les premiers mois de la vie vont servir à développer le tronc cérébral.
A titre d’image, si le cerveau est représenté comme une main poing fermé, alors le tronc cérébral est
représenté par le poignet, qui doit développer tout le système sensori-perceptif dans les 6 premiers mois.
« Le moi-peau est l’élément le plus important pour un enfant »
L'homme possède 7 sens différents.
 Le premier est le toucher.
Il est très important qu’un enfant soit touché. Le « moi peau » est l’élément le plus important pour un
enfant.
Un enfant qui n’est pas touché aura des difficultés à être touché par la suite.
 Le deuxième plus important est le système vestibulaire (l’équilibre)
Correspond au besoin de l’enfant d’être bougé, d’être bercé.
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
Les autres sens, comme :
o la vue.
Ce sens a un développement très primitif. A titre d’illustration sur les modes de développement de ce
sens : dans les années 1970 on a fermé les yeux à des chatons pendant 6 semaines. Après ils ne voyaient
plus rien , le nerf ne s’était pas développé. De même on ne les a exposés qu’à des lignes verticales. A
l’issue ils étaient incapables de suivre des lignes horizontales.
o La proprioception
Permet de sentir son corps et sa position dans l’espace. Se caractérise aussi par le bon positionnement
dans l’espace par rapport aux autres dans une situation donnée.
C’est donc la perception de son corps, de sa position, du déplacement de ses muscles dans l’espace. Une
proprioception peu développée conduit à des problèmes de modulation sensorielle, de planification
motrice et de modulation émotionnelle.
Par exemple un adolescent adopté, même à 8 mois, pourrait avoir des difficultés à sentir son corps bien
assis sur son siège, à bien tourner à gauche ou à droite.
Un étudiant qui bougerait sur son siège à l’école pourrait avoir des problèmes du système vestibulaire.
Il y a tout une panoplie d’actions qui peuvent permettre de rattraper des retards de développements
sensori-perceptif :
 Pour reprendre les mouvements de bercements on essaie de donner des rocking chair à 2, 3, 4 et
6 ans.
 Il faut beaucoup bercer les enfants
 Regarder les enfants dans les yeux
 Leur faire écouter de la musique
 En règle générale faire travailler tous les sens.
Dans une population non adoptive 7% des gens souffrent de troubles d’intégration sensorielle. C’est le
processus neurologique qui implique la réception, la modulation et l’intégration des informations
sensorielles Le système nerveux transforme les sensations en perceptions en organisant les informations
sensorielles provenant du corps et de l’environnement (fournies par les différents systèmes sensoriels :
tactile, auditif, visuel, gustatif/olfactif, vestibulaire, proprioceptif) afin d’utiliser efficacement le corps.
La sensation est donc objective, la perception subjective, propre à l’enfant, à sa personne même.
Un enfant adopté qui a des problèmes à l’école, il faut le faire évaluer par des professionnels en
ergothérapie ou psychologie éducative pour déterminer s’il a de tels troubles avant d’envisager d’autres
problèmes. Par exemple lorsque l’enfant ne regarde pas ses parents, se balance sur sa chaise, ne parle
pas à la bonne distance…
Ceci a un sens aussi lors de l’apprentissage de la lecture où il y a un lien entre le cortex et les yeux, les
oreilles et la langue.
En adoption 1 enfant sur 5 peut souffrir d’intégration sensorielle.
Il est donc très important d’insister sur le développement des enfants et de leur sensorialité, ce qui est
encore possible jusqu’à 5 ans et même encore jusque 9-10 ans.
Par exemple : donner un biberon de lait chaud à un enfant de 7 ans lui réapprend à identifier la chaleur,
le goût.
Le développement moteur
Les enfants adoptés ont en moyenne un retard moteur.
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Normalement un enfant se retourne vers 5/6 mois et s’assoit vers 6/8 mois. Les enfants adoptés sortant
d’orphelinats se retournent plutôt vers 6/8mois et s’assoient vers 9 mois.
Même avec des parents « modernes » qui stimulent très bien leur enfant on peut trouver des situations où
l’enfant a des retards de développement moteur car ses parents ne le laissent pas suffisamment pleurer et
faire des efforts, par exemple en le mettant sur le ventre.
De même en adoption les enfants ont souvent été mis sur le dos et ont donc des difficultés à se mettre
sur le ventre et à ramper.
Pour développer sa motricité, un enfant doit être mis sur le ventre. Ainsi il apprend à ramper, à exercer
son poignet et pourra faire l’acte de donner vers 10-12 mois. Un enfant qui n’a pas été mis sur le ventre
ne donnera qu’à 16 mois.
Un enfant adopté qui sort d’une institution et qui n’a pas eu de nourrice ne marchera que vers 15 mois.
On demande donc aux parents de bien regarder l’évolution de leur enfant dans les 2 mois suivant
l’arrivée de l’enfant.
En général les compétences parentales sont très bonnes de la part des parents adoptifs. Il faut que les
parents continuent à s’amuser avec leur enfant.
L’enfant va par ailleurs développer de plus en plus son système cognitif.
Avec le retard moteur, il existe aussi souvent un petit retard cognitif, totalement récupérable.
L’idée est de faire énormément de cocooning dans la première année qui suit l’adoption.
Le développement des émotions
Le développement des émotions se passe dès le début de la « vie poignet ».
Au travers des « amygdales cérébrales » se développent les tonalités affectives.
Normalement l’amygdale cérébrale est relativement sécure (chez 60% des personnes).
10% des personnes sont plus sensibles.
10 à 15% des personnes réagissent de façon plus colérique.
10 à 15% des personnes (plus chez les adoptés) réagissent de façon discrète et primitive à la peur.
L’amygdale cérébrale ne fait que réagir. Derrière, ces émotions sont transmises à l’hippocampe qui
emmagasine une partie de la mémoire des événements : l’enfant qui reçoit des stimulations, positives ou
négatives, les emmagasine dans l’hippocampe.
Par exemple, la peur, la rage, la colère s’emmagasinent dans l’hippocampe à partir de 3 à 4 mois de vie.
Se forme ainsi la « mémoire sans souvenir », contrairement à la mémoire avec souvenir qui dépend du
cortex cérébral et de la parole.
Dans le développement normal de l’enfant blessé, il existe toujours une mémoire sans souvenir :
plusieurs ruptures, de la maltraitance ou de la négligence ont toutes des effets sur l’hippocampe.
Plus on emmagasine de stress sur les amygdales cérébrales, plus il y a de blessures enregistrées au
niveau de l’hippocampe, et plus il y a de sécrétion de cortisol au niveau de l’hypothalamus qui atteint le
fonctionnement de l’hippocampe (diminue la mémoire). La mémoire de travail est ainsi moins présente
chez les enfants qui ont souffert.
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Dans les premiers mois de vie, la seule façon de soigner les amygdales cérébrales, de corriger les effets
ci-dessus, est de donner de l’affection à l’enfant afin qu’il développe ses sentiments de confiance, de
sécurité, son attachement.
C’est d’affection dont l’enfant a besoin, pas d’amour.
Ce qui est important c’est :
 Ne pas mettre de temps pour changer la couche quand l’enfant est sale
 Ne pas mettre de temps à lui donner à manger quand il a faim
 Faire tous ces gestes régulièrement
Alors toutes ces actions vont calmer l’amygdale cérébrale => l’enfant se sentira bien avec des adultes
qui sont dignes de confiance.
Si au contraire l’adulte prend du temps pour satisfaire ces besoins, il expose l’enfant à des changements
fréquents alors le stress augmente, il y a plus de sécrétions de cortisol et il y a risque de trouble de
l’attachement à terme : après 8 à 9 mois risque de développement de l’attachement sélectif (Gyrus
cingulaire).
Le « gyrus cingulaire » est une partie du système limbique à la fois responsable des émotions et des
fonctions exécutives/cognitives.
Au moment de l’adoption, 90% des enfants ne sont pas sécurisés.
Le travail de l’adoptant est donc de sécuriser l’enfant et de développer ses sens.
Toute cette sécurisation va faire que l’enfant, plus tard, sera bien socialement. Même si un enfant semble
bien en sortant d’un orphelinat, il faut considérer que c’est un enfant blessé. Dans les 2-3 ans après son
adoption, il faut s’atteler à lui donner cette confiance et faire attention au développement cognitif. Les
éléments affectifs et cognitifs se conjuguent.
Pour un groupe d’enfants adoptés avant 18 mois, il faut attendre environ 3 ans pour qu’il revienne dans
la moyenne des autres enfants. Dans les 2/3 des cas, il n’y a pas besoin d’assistance professionnelle pour
rattraper.
Pour tous les éléments affectifs, il faut être présent. C’est plus important de ramasser un enfant qui
tombe que de lui dire je t’aime.
Exemple sur une situation :
On ne dit pas à un enfant : « Tu mets tes bottes ! »
 Impact : l'ordre va directement à l’hippocampe => réflexe => ravive le démon en lui qui lui dit :
« J’avais raison, cet adulte n’est pas digne de confiance » et qui fait que par la suite l’enfant
« aime » presque être humilié, pour se donner raison. On dit de l’enfant qu'il « carbure à la
honte ».
Mais il faut dire : « Maman t’aime mais j’aimerais que tu mettes tes bottes ».
 Impact : Ces adultes là sont là pour prendre soin de moi.
Au niveau comportemental, pour sécuriser l’enfant et ne pas raviver ces réflexes moins on élève le ton et
moins on punit, mieux c’est.
Et en particulier : NE JAMAIS FRAPPER UN ENFANT ADOPTE.
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C’est aujourd’hui très difficile car on va chercher des enfants qui ont souffert, on les amène à un certain
niveau, mais le fait de passer de moins en moins de temps avec eux, c’est la vie d’aujourd’hui, convient
mal à des enfants abandonnés.
Les troubles et retards de langage
Les enfants parlent souvent avec 6 mois à 1 an de retard.
Chez tous les enfants adoptés il faut vérifier leur audition et leur parler.
Les enfants adoptés ont en moyenne des problèmes sensoriels (+50%), moteur (équivalent aux taux des
naissances prématurées) et cognitifs.
Chez les enfants d’Europe de l’Est par exemple, beaucoup fonctionnent avec un QI « frontière » de 70 à
85 et présentent des problèmes affectifs. Le regard et les attentes élevées de leurs parents éduqués sont
souvent difficiles à satisfaire.
Le développement social de l’enfant
Tous les développements vus précédemment vont aboutir au développement social de l’enfant.
Le cortex, siège de l’empathie cognitive et affective, va se développer entre 12 et 14 ans.
Tous les éléments de perturbation de l’adolescent (alcool, vitesse, etc.) finissent par se calmer vers 22-23
ans.
Il n’y a pas a priori de comportement à risque pour les enfants adoptés ayant eu une nourrice.
Dès 3-4 ans, un enfant agressif, qui mord par exemple, a 4 fois plus de chance d’avoir des
comportements à risques plus tard.
 il faut le prendre en charge de suite
 il faut que l’enfant aille bien vers 8-9 ans, sinon il aura des problèmes par la suite.
Il faut identifier rapidement ceux qui doivent bénéficier de soins intensifs par soutien scolaire,
ergothérapeutes, éducateurs, etc., et pas uniquement des psychologues. Il faut aussi assurer
l’accompagnement des parents.
Le Dr Chicoine cite le livre « J’ai mal à ma mère » de Michel Lemay qui traite de comment travailler
auprès d’enfants en difficulté.
« Elever avant d’éduquer »
On élève un enfant en général entre 0 et 3 ans, on l’éduque ensuite.
Mais éduquer un enfant n’est pas une priorité tant que l’enfant n’a pas été élevé.
Si 30 à 40% des enfants adoptés ont un retard d’apprentissage, ce n’est pas grave ! Il faut leur laisser le
temps.
Il faut pouvoir leur donner du temps pour jouer. Un enfant adopté à l’âge de 3 ans ne devrait pas aller à
l’école à l’âge de 4 ans. C’est bien s’il passe du temps avec des éducateurs, ses parents, à la crèche…
Le souhait du Dr Chicoine est qu’on arrive à se donner du temps, type méditerranéen, et laisser à
l’enfant le temps de vivre.
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Caractéristiques de l’enfant adopté qui va bien
L’enfant qui va bien a bénéficié d’une grossesse normale. Son poids à la naissance était supérieur à
2.5kg.
 Par exemple en Chine lorsque les enfants sont abandonnés à cause de leur sexe à la naissance =>
grossesse normale.
Au niveau sensoriel l’enfant qui va bien ne regarde pas forcément dans les yeux. Il a besoin de
stimulations sensorielles.
Il trébuche un peu plus, mais il se débrouille déjà bien.
L’enfant qui va bien, au niveau cognitif, quand il commence à lire et à écrire, peut avoir quelques petits
problèmes de mémoire.
Il a des fonctions de planification de travaux parfois difficiles.
Il a des fonctions d’abstraction pas toujours aussi bonnes, par exemple en maths.
Au niveau affectif il peut être très velcro (pleurnichard), solitaire (un peu, à ne pas oublier quand même).
Au niveau scolaire il évolue dans la moyenne, pas forcément dans la moyenne supérieure.
S’il a été adopté à 2-5 ans, il pourra être très « Tanguy ».
Une petite différence pour les enfants à particularités. Si elle a bien été évaluée par les parents, alors ça
va (hépatite B, pied bot, fente labio-palatine). Si elle est plus éprouvante ou complexe (trisomie 21,
VIH+, etc.) alors c’est difficile. Attention, il ne faut pas voir l’adoption comme un acte humanitaire. Un
enfant au handicap lourd peut finir par trouver sa famille, même si au début on ne le présente pas
forcément aux familles prêtes.
Caractéristiques des enfants qui vont moins bien.
On parle de syndrome traumatique développemental.
Ce sont des enfants qui auraient eu des négligences importantes ou maltraitances.
Ils ont parfois l’air autiste.
Ces enfants ont des défis d’attachements très importants (extrêmement velcro / sumo / solo).
Un enfant « sumo » est un enfant colérique du style affectif ambivalent, dont le mode d’expression est
souvent le trouble de conduite, l’agressivité.
Il existe des problèmes de motricité, parfois cognitifs.
Ils ont parfois des syndromes post-traumatiques :
 ont été battus, au moins une fois (1 grand traumatisme)
 ont manqué plusieurs fois de nourriture (nombreux petits traumatismes)
 ces enfants parfois sont bien et en une fraction de seconde se mettent à hurler. Ils ont souvent des
réminiscences vers 6-7 ans.
Côté médication.
Au moins une fois sur deux c’est un enfant qui a besoin de « psychostimulant » ( médication à base de
Ritaline).
Si l’enfant a des troubles du sommeil, on lui donne parfois de la mélatonine.
Pour les enfants les plus agressifs, de 10 à 12 ans, on peut donner parfois des anti psychotiques doux.
Quand il y a un traumatisme, tout est affecté (cortex…), alors quelle que soit la stimulation, l’enfant
pourra avoir crise, dépression, peur, stress.
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Le Dr Chicoine fait remarquer tous les progrès effectués depuis quelques années en adoption et en
neurosciences qui permettent aujourd’hui de mieux comprendre tous ces problèmes de développement
des enfant adoptés et de mieux les prendre en charge.
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Questions / réponses à l’issue de la conférence
Question 1 : On constate que beaucoup d’enfants adoptés oublient très rapidement leur langue
maternelle après leur arrivée. Que pouvez vous dire sur ce point ?
Un enfant commence à acquérir sa langue maternelle à l’âge de 9 mois.
Les enfants adoptés à l’âge de 3-4 ans comprennent encore un peu 6 mois après l’adoption et plus du
tout un an après.
Ensuite l’enfant apprend une deuxième langue.
Au début, l’enfant acquiert le visuel, les sons, les formes de son entourage. Par exemple, avoir vu un
ballon avant l’âge de 6 mois est plus important que de voir une lettre O.
Il faut comprendre que le cerveau de l’enfant oublie une première langue d’usage qui ne lui sert plus et
apprend une nouvelle langue d’usage par besoin de communiquer.
Il peut éventuellement y avoir un rejet, un déni de la langue d’origine, qui peut se traduire par une
réaction violente quand l’enfant entend sa langue d’origine.
Il ne faut pas éviter de parler à l’enfant de son pays d’origine. Il faut savoir en parler objectivement, sans
secret mais sans forcer l’enfant. Il faut arriver à rétablir la fierté de l’enfant pour sa langue d’origine.
Il y a donc des raisons organiques et possiblement psychiques à l’oubli de la langue maternelle.
Pour terminer, un enfant adopté vers l’âge de trois ans, compte tenu des acquis de ses premiers mois de
vie et même s’il oublie sa langue maternelle, pourra avoir des facilités s’il veut apprendre sa langue
d’origine vers l’âge de 20 ans.
Question 2 : Si on ne peut pas punir, que doit-on faire quand les limites que l’on donne ne sont pas
acceptées par l’enfant ?
L’enfant abandonné a besoin de 2 à 3 fois plus de nourriture affective.
Il a toujours besoin qu’on lui dise : « Maman t’aime mais… ».
Il faut lui marquer des attentions particulières parce que « maman t’aime beaucoup » :
 « je te mets tel vêtement rien que pour toi »
 lui mettre un jour de semaine la « super assiette » qu’on ne sort d’habitude que pour les invités
mais qu’on sort exprès pour lui
Autorité ou plutôt autorisation parentale : c’est une grande erreur de faire de la charité avec son enfant.
Un enfant adopté a aussi besoin de 2 à 3 fois plus d’interventions disciplinaires : il ne faut rien tolérer.
 ne jamais tolérer un enfant qui veut mordre ou taper, même chez un tout petit ! Il faut dire « Non ! »
pour freiner son amygdale cérébrale.
Il ne faut rien lâcher et répondre d’une manière très « comptable » (et pas humaine) « Non ! ». Il ne faut
pas ignorer et dire « non ! » autant de fois qu’il faut. Ignorer les incartades ramène à la négligence de
l’enfant.
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Comment aider un enfant à se structurer, sur 2 exemples à 2 âges différents de réveils la nuit :
 un enfant adopté il y a 2 mois pleure la nuit. On va le voir pour lui dire qu’on l’aime. On s’assoit
à côté de lui, sur une chaise berçante, on lui montre qu’on est là. On n’en fait pas trop, on le
laisse faire le travail lui même de ré-endormissement.
 Vers 4-5 ans, quand l’enfant se réveille et réveille ses parents la nuit, on peut par exemple utiliser
la technique des "billets de sommeil". On donne à l’enfant 2 billets avant la nuit qui sont 2 billets
permettant à l’enfant de demander une chose à ses parents durant la nuit. Si l’enfant se réveille,
on va le voir, on lui prend son 1er billet, on lui demande ce qu’il veut et on le réalise (un peu
comme un génie). Il lui reste son 2ème billet mais s’il l’utilise pour autre chose il ne pourra plus
rien demander ensuite. On le lui dit clairement. A ce stade 9 enfants sur 10 n’utilisent pas le 2ème
billet et se structurent ainsi.
Une autre façon de se structurer, qui est en train d’être développée est :
Comment mettre un enfant dans le coin ?
Par exemple un enfant de 4-5 ans (valable jusque 8-9 ans) fait une bêtise ou ne se comporte pas bien.
1) On commence par lui dire : tu ne fais pas ça, ce n’est pas bien, sinon tu vas dans le coin, je te
donne une deuxième chance.
2) Si l’enfant continue : « tu as fait le mauvais choix ». Il faut toujours donner le choix aux enfants,
multiplier les choix.
3) Ensuite : « tu vas dans le coin seul ou avec moi ? ». Il ne faut pas envoyer un enfant seul dans le
coin. Surtout avec un enfant adopté. Si on l’envoie seul, c’est une humiliation qui « conforte »
l’enfant dans le fait qu’il est humilié, qu’il n’a aucune valeur et qu’il fera encore pire la
prochaine fois.
4) On va dans le coin avec l’enfant et on dit à l’enfant de se calmer. Et on y reste avec lui le temps
qu’il faut.
5) Compter une minute par an d’âge. S’il y a rechute, remettre la minuterie au départ.
On peut aussi mettre au coin un adulte, les enfants adorent ça.
C’est important de faire comprendre que ça ne vient pas de nous mais que ce sont les règles de la
maison.
Cette méthode permet, par un moyen qui est même parfois un peu ludique, de faire comprendre à
l’enfant quelles sont les règles sans avoir à crier, à humilier, etc.
L’enfant a continuellement besoin de choix et de conséquences à ses choix.
Cette méthode peut être appliquée par exemple lors d’un (grand) week-end.
Ca fonctionne un peu moins bien avec les enfants qui ont une grande déficience cognitive, de gros
déficits de l’attention.
Pour les grosses crises, pour les enfants qui n’ont jamais été contenus, bercés, etc. par leurs parents, il
faut même aller jusqu’à les empêcher de se débattre. Pour avoir un exemple, aller sur YouTube voir la
thérapie du contenu de Martha Welch. Dans ce cas, tenir, tenir, tenir, lui dire qu’on l’aime et à la fin
quand l’enfant est calmé, tout le monde pleure. C’est un moment très fort car c’est une formidable
occasion de montrer sa valeur à l’enfant et qu’on l’aime. Il faut d’ailleurs réagir à l’anxiété comme à la
colère. Par exemple une petite fille qui pleure parce qu’elle ne veut pas mettre ses bottes doit être
contenue.
Notes sur la conférence du Dr Jean-François Chicoine du 11 octobre 2011 à Nancy
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Question 3 : Quel est l’impact si un enfant adopté garde contact avec ses parents biologiques ?
Il faut être capable de dire : c’est moi ta maman, c’est elle ta mère.
Vu du coté de l’enfant, c’est toujours un point de vue de rupture, d’abandon.
Il y a par exemple de gros problèmes avec Haïti : la mère biologique haïtienne a toujours l’impression
que c’est une adoption simple alors qu’au Québec il n’y a que des adoptions plénières.
Les parents d’origine font partie du tableau, il ne faut pas les nier. Pour chaque situation il faut voir en
fonction aussi du niveau d’intrusion des parents biologiques.
A voir ensuite la volonté de l’enfant de retrouver ses parents entre 14 à 18 ans.
Question 4 : Que faire quand l’enfant demande une lumière dans sa chambre ?
On peut donner une veilleuse à l’enfant puis une lampe de chevet avec quelques livres et c’est lui qui
contrôle la lumière.
On peut aussi faire une fête pour célébrer l’arrivée de la lumière (un gâteau, une danse, etc…). Ca
permet de servir de la haute nourriture affective.
Question 5 : Que peut-on dire d’un enfant (de 11 ans) qui aurait d’un côté un QI verbal de 140 et
par ailleurs un QI général < 80 ?
C’est a priori un enfant velcro, anxieux. Il a besoin de beaucoup de nourriture affective.
Au niveau affectif il faut retrancher quelques années à son âge. Par exemple un enfant de 11 ans pourra
avoir une intelligence affective d’un enfant de 8 ans. Il ne faut pas alors s’adresser au cerveau de
l’enfant mais à son intelligence affective.
Il faut aussi identifier d’où viennent les peurs.
Question 6 : Qu’est-ce qu’un enfant velcro ?
Beaucoup d’enfants sont anxieux car ils ont été adoptés.
Ces enfants collent / décollent et pleurent beaucoup.
Ils ont un style affectif plutôt tourné du côté de la peur.
Si l’enfant a peur c’est surtout à cause de l’orphelinat, mais ça peut être aussi la peur d’un parent
adoptant anxieux.
L’enfant velcro se définit par :
- plus je pleure, plus je suis pris dans les bras
- réveille ses parents la nuit
- n’écoute pas à l’école car a perdu ses privilèges de la maison, a des difficultés à se motiver.
- Vers 7-9 ans peut aller vers l’échec scolaire car trop anxieux
- A l’adolescence, veut plaire mais ne séduit pas forcément
- a un système d’attachement fort et part peu en exploration
- peut convaincre n’importe qui de n’importe quoi. Souvent dans l’excellence et dans la peur. C’est
un enfant anxieux du style « affectif résistant » dont le mode d’expression est l’anxiété et la peur et
qui finit par convaincre tout le monde qu’il y a danger alors qu’il n’y en a pas. C’est un enfant
insécurisé qui pose trop de questions, parle sans arrêt, joue à l’adulte.
Question 7 : Que faire quand l’enfant demande pourquoi il a été abandonné ?
Cette question arrive entre 4 et 7 ans, lorsque la pensée passe de « concrète » à « logique ».
L’enfant vers 7 ans fait le lien entre j’étais – je suis – je serai.
Vers 6-7 ans, l’enfant comprend dans son for intérieur qu’il est adopté.
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Il peut apprécier qu’on ne sache pas mais qu’on ait des possibilités de savoir. On peut écrire 10
possibilités de son abandon et les mettre dans un pot.
Par exemple :
- ta maman ne s’est pas aperçue qu’elle était enceinte, que tu étais là
- ta maman a laissé le petit bébé, pas le grand, pas toi comme personne
- etc.
Il faut le faire simplement. Il faut lui dire qu’il a la possibilité de choisir cette raison, il ne faut pas le
faire pour lui.
Les histoires de viol ou inceste sont à dévoiler entre 11 et 14 ans, pas avant, pas après.
Aucun n’enfant n’a été simplement « trouvé ».
Une bonne idée peut être : " Avant, tu as eu une vie, une maman, une ou plusieurs nourrices, puis nous
nous sommes rencontrés. Nous, avant, on t’attendait et on était triste. Maintenant ça nous ennuie de ne
pas connaître ta vie d’avant."
C’est une opportunité que l’enfant pose la question, il faut s’inquiéter si ça ne vient pas.
 dans ce cas il faut entretenir la « boîte à trésors » qui fera ressurgir les questions.
Vers 6-7 ans, les enfants aiment aussi constituer un arbre généalogique, par exemple en scrapbooking,
avec du bon matériel:
- On commence par faire le dessin avec l’enfant qui peut mettre ce qu’il veut en décor.
- Puis on commence l’arbre « à l’envers », on part de l’enfant et au-dessus, on place papa, maman,
les grands parents, les frères et sœurs, etc… On met des photos…
- Puis on demande à l’enfant : de quoi ça a besoin un arbre pour pousser ? De racines ? Alors on va
placer tes racines au Vietnam. Tu as une photo de ta maman ? Non ? Alors on va faire un dessin.
Etc avec le papa, les grands parents, les frères et sœurs éventuels, en s’aidant de ce qu’on connaît
par ailleurs au travers des documents. Et là on complète les racines généalogiques avec l’enfant. Si
l’enfant avait une nourrice, la placer près des racines de l’arbre.
Quand l’arbre sera terminé, l’enfant sera très fier de montrer à ses proches son arbre généalogique, son
histoire et sa réalisation en même temps.
C’est une méthode très importante que de montrer les choses plutôt que de les dire. Voir « theraplay »
sur Internet. Pour les enfants qui souffrent et qui sont encore jeunes, avant la thérapie du « dire » il faut
celle du "montrer". C’est très important.
Question 8 : comment réagir si l’enfant petit demande à voir ses parents biologiques ?
Il faut répondre : "Ce n’est pas possible maintenant car c’est moi ton papa ou c’est moi ta maman. On
verra peut-être plus tard."
C’est probablement peu significatif pour l’enfant, moins grave que ce qu’on peut penser.
Attention quand même à ne pas faire croire à l’enfant qu’on appréhende, il risque d’en faire un élément
de contrôle.
Question 9 : Comment envisager des compétences égales ou parfois précoces montrées souvent par
ces enfants, et qui pourraient être un point d’appui pour travailler les développements retardés?
Il y a plusieurs formes d’intelligences : académique, musicale, artistique, sociale, environnementale, etc.
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Beaucoup d’enfants adoptés ont une intelligence brouillonne qui peut mener à des éléments artistiques,
de la danse, etc. Ils sont moins dans la précision, ont un cahier à l’école moins net que celui des autres
enfants, ont leur chambre mal rangée.
Au delà des compétences et des talents, il faut surtout pouvoir identifier des problèmes de fractures ou
de blessures.
Il ne faut pas tolérer que l’enfant soit agressif à 4 ans. Il faut dépister et intervenir. Si l’enfant est
insécurisé, agressif, il ne sert à rien de le mettre à l’école.
Si on n’accepte pas de redonner le temps à l’enfant pour jouer, se restructurer, se sécuriser, alors on ne
devrait pas adopter.
Question 10 : Les équipes dont vous parlez se développent au Canada, aux Etats-Unis. Comment
fait-on lorsqu’on est en France ?
Des équipes se développent aux Etats-Unis, au Canada, mais aussi de plus en plus en Belgique, au
Luxembourg, etc.
Au Canada il n’y a pas de séparation entre vie organique et psychique, et le Dr Chicoine ne pourrait plus
travailler sans travailleurs sociaux ou sans infirmières.
Les psychologues interviennent essentiellement sur la théorie de l’attachement et du comportement.
Des livres qu’il faut avoir lus pour s'éclairer sur tous ces sujets : tous les livres de la collection
Parentalité de chez De Boeck. Voir aussi et en particulier ouvrage de Rygaard.
Nous avons aujourd’hui 20 ans de recherche dernière nous sur l’adoption et les enfants adoptés. Ils nous
nous permettent de mieux comprendre et traiter les difficultés des enfants adoptés. Nous sommes
maintenant en terrain connu.
Une très grande partie des recherches sur l’adoption ont été établies par des chercheurs français, mais ne
sont plus appliquées.
Le champ de la blessure est du ressort de la pédiatrie.
Le champ du traumatisme est du ressort de la psychiatrie.
Question 11 : Comment aider un enfant qui a des difficultés en mémoire de travail ?
C’est très fréquent chez l’enfant adopté, surtout après un syndrome d’alcoolisation fœtale ou un petit
poids à la naissance.
Cette mémoire à court terme ou de travail est par exemple celle qui permet de retenir un numéro de
téléphone le temps de le noter.
La mémoire à long terme, elle, va passer par l’hippocampe et le cortex (lobes frontaux), par association
avec une émotion ou au travers de l’intelligence.
L’enfant qui a souffert, ou pour des raisons génétiques, ou surtout pour des raisons carentielles (sensoriperceptives) dans les 6 premiers mois de vie, peut présenter des problèmes de mémoire de travail.
Cette mémoire peut être améliorée et favorisée par des exercices continus avec par exemple une aide aux
devoirs : une personne par enfant, orthopédagogues (au Canada) une à deux fois pars semaine.
S’il y a en plus un problème de déficit d’attention identifié, il faut l’éliminer. Cette attention se décline
en deux types : l’attention alerte (être en alerte) et l’attention divisée (parler à une personne et identifier
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qu’il y a quelqu’un qui parle un peu plus loin). Sans médication « phénostimulante », c’est difficile
d’améliorer. Avec une médication adaptée, ça peut guérir vite. Un déficit de l’attention, lié à des
problèmes de développement de l’hippocampe dans les deux premières années de la vie, correspond en
effet à une maladie neurologique et pas psychiatrique.
Attention cependant à bien faire la différence entre un déficit de l’attention et un trouble ou déficit
affectif (par exemple un velcro qui est envahi par ses émotions), avant de conclure au problème
neurologique.
 par exemple un enfant adopté né à 1200g issu d’un pays de l’est avec un syndrome d’alcoolisation
fœtal probable sera orienté vers la médication
 pour un autre enfant on cherchera à éliminer l’hypothèse de trouble affectif avant d’orienter vers un
traitement par médicament.
Il est très important de savoir traiter par médicament quand c’est nécessaire et de savoir ne pas traiter
quand ce n’est pas nécessaire.
(1) Avertissement : Ce compte rendu n’est pas une retranscription mot pour mot de la conférence du Dr Chicoine mais un
résumé des notes prises par le rédacteur en cours de conférence, réalisé pour le compte des associations Fleur Blanche et
Destinées. L’objectif de ce compte rendu est d’essayer de souligner les idées fortes issues de la conférence du Dr Chicoine
telles qu’elles ont été comprises et retenues par le rédacteur à l’adresse de parents adoptants. Il s’adresse d’abord aux
personnes ayant assisté à la conférence afin de leur donner un résumé de ce qu’elles ont entendu, et aux personnes
intéressées qui n’ont pas pu assister et qui souhaitent être informés des thèmes abordés et des principaux points soulevés.
Le rédacteur n’étant pas un professionnel de la médecine ni de l’adoption, malgré toute l’attention portée à la rédaction et
malgré les relectures effectuées par plusieurs personnes de l’assistance, ne peut garantir l’exactitude et la véracité de
l’ensemble des propos résumés ici. Il est bien entendu que ce compte rendu, diffusé à la demande aux membres des
associations concernées, ne peut engager une quelconque responsabilité ni du Dr Chicoine, ni du rédacteur, ni des
associations suscitées. Il n’est en aucun cas destiné à être diffusé sur un périmètre plus large que celui des membres des
associations ci-dessus ou des personnes ayant assisté à la conférence.
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