Lorsqu`un crocodile fait de la prévention contre les caries
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Lorsqu`un crocodile fait de la prévention contre les caries
Santé communautaire 60 K r a n k e n p f l e g e I S o i n s i n f i r m i e r s I C u r e i n f e r m i e r i s t i c h e 9/2014 Dépistage bucco-dentaire auprès des jeunes enfants Lorsqu’un crocodile fait de la prévention contre les caries A Genève, un projet de collaboration inédite vise la prévention des caries auprès des enfants avant quatre ans. C’est là qu’un charmant crocodile entre en scène. Texte: Catherine Freudweiler et Danielle Cretegny / Photos: Céline Lambert La promotion de la santé bucco-dentaire est un atout important pour le bon développement de l’enfant. On sait que son altération a des conséquences non seulement sur la mastication et l’élocution, mais aussi sur l’esthétique et l’image de soi. En outre, il faut tenir compte que durant les premières années de vie, le jeune enfant est dépendant de l’adulte autant pour son alimentation que son hygiène dentaire. Les déterminants de la fréquence de la carie (introduction du brossage des dents, régularité du brossage, aide de l’adulte pour les enfants en bas âge et alimentation, etc.) et les conditions d’accès aux messages de prévention et aux soins ne sont pas identiques pour tous. Mission auprès de la petite enfance En 2011, dans les écoles primaires publiques genevoises, 27% des enfants qui commençaient l’école avaient des caries, selon les statistiques du service dentaire scolaire (SDS) du département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP). La place de l’hygiène bucco-dentaire dans la promotion de la santé dès la petite enfance a donc toute son importance, notamment pour favoriser les bonnes habitudes dès le plus jeune âge. Les professionnels du service dentaire scolaire commencent le dépistage systématique de la carie dès l’entrée à l’école. Pour les plus petits, il nous a semblé important de soutenir et com- pléter le travail du pédiatre, en particulier pour les enfants dont les parents ne consultent qu’en urgence et pour les populations vulnérables. Des dents de lait saines sont essentielles pour permettre notamment une alimentation adaptée à la croissance de l’enfant. Les infirmières du service de santé de l’enfance et de la jeunesse (SSEJ) sont bien placées pour agir dans ce domaine puisque celui-ci a comme mission de promouvoir le bien-être et de prévenir les atteintes à la santé des enfants. Elles interviennent dans les écoles publiques mais également dans les institutions de la petite enfance. Depuis de nombreuses années, elles animent par exemple au sein des crèches et les jardins d’enfants une activité ponctuelle autour du brossage des dents, permettant la promotion de la santé buccodentaire ainsi qu’un repérage de la carie. Ces interventions touchent environ 2000 enfants par an. Afin de réaliser cette action de prévention sur plusieurs semaines et d’en augmenter l’impact, l’idée est née de construire, conjointement avec les professionnels du service dentaire scolaire et du SSEJ, un projet d’intervention Les auteurs Catherine Freudweiler et Danielle Cretegny sont infirmières spécialistes en santé communautaire et travaillent au service de santé de l’enfance et de la jeunesse (SSEJ) de la République et canton de Genève. Contact: [email protected] www.sbk-asi.ch >Petite enfance >Prévention >Rôle infirmier K r a n k e n p f l e g e I S o i n s i n f i r m i e r s I C u r e i n f e r m i e r i s t i c h e 9/2014 plus complet dans le but de le pérenniser en rendant les équipes éducatives parties prenantes et actrices au travers d’activités dans ce domaine. Il convient de préciser que dans la plupart des crèches, le brossage des dents après le repas de midi fait partie du projet pédagogique. Il est pratiqué systématiquement dans le groupe des enfants de 3–4 ans. Les éducatrices sont déjà sensibilisées à l’importance de l’acquisition de cette habitude. Mallette et dossier pédagogique Le projet a pour objectifs d’approfondir les messages de prévention auprès des adultes s’occupant des enfants, de renforcer l’apprentissage du brossage des dents et de développer des compétences chez les enfants Un dossier pédagogique a été créé à l’intention des équipes éducatives. Une mallette leur a également été remise comprenant du matériel: une marionnette de crocodile avec des dents, des images tirées de l’histoire «Crocky le crocodile a mal aux dents», des images, des miroirs, des aliments sucrés et salés à goûter et des brosses à dents à remettre à chaque enfant. Les parents sont avertis préalablement de la démarche et sensibilisés à la problématique. Ils reçoivent le dépliant «Pour des dents de lait saines», édité par la Société suisse d’odontologie. L’intervention repose sur cinq activités autour de la bouche, des dents, des goûts, du sucre et du brossage des dents. Ces activités sont réalisées à la suite les unes des autres dans un laps de temps d’une à deux semaines. Soutien aux équipes éducatives Le rôle de l’infirmière est de sensibiliser et de motiver les équipes éducatives à s’impliquer dans la démarche, de leur apporter les connaissances et les outils nécessaires, et de proposer des moyens afin de les soutenir dans la mise en place des activités. Sa présence est nécessaire pour la présentation de la mallette à l’équipe, et pour la dernière activité qui comprend le brossage des dents et le repérage de la carie. La mallette a été testée dans quatre institutions de la petite enfance au printemps 2013. Celle-ci a été très bien accueillie par les équipes, qui en ont apprécié le contenu. Les enfants ont particulièrement aimé les images de 61 Interview «Les habitudes s’acquièrent dès le plus jeune âge» Infirmière au service de santé de l’enfance et de la jeunesse (SSEJ) à Genève, Catherine Freudweiler s’engage pour que les petits enfants aient accès à la santé buccale. Elle explique pourquoi et comment. Soins infirmiers: Les enfants sont-ils égaux devant le risque de carie? Catherine Freudweiler: Il semble que non. Selon un recensement effectué à Genève dans les écoles primaires entre 1999 et 2006, il est apparu que les quartiers urbains avec les plus grandes inégalités sociales sont les plus touchés, par exemple certains quartiers de la rive droite. Quelle est votre rôle auprès des enfants de milieux vulnérables? Celui de favoriser des soins dentaires et leur accès. Il est parfois nécessaire d’expliquer aux parents que bien que les dents de lait ne soient pas permanentes il est important de les soigner. Sans assurance complémentaire, les frais peuvent être conséquents. Notre rôle est d’orienter et aussi d’activer le réseau pour trouver les aides nécessaires. Comment réussissez-vous à sensibiliser les parents? Lors d’animation sur la thématique dans les institutions de la petite enfance, une affiche est mise en évidence et permet aux enfants et éducateurs de la com- Crocky, la marionnette, et l’atelier sur la découverte du sucré-salé. Les infirmières de l’équipe projet ont noté une meilleure compréhension des messages parmi les enfants qui ont bénéficié des activités proposées comparés à ceux qui n’avaient eu que l’activité ponctuelle, comme effectuée précédemment. Le but n’est pas de proposer menter avec les parents. Un dépliant illustré est distribué et une brosse à dents remise à chaque enfant afin de renforcer les messages de prévention. Pensez-vous que les parents qui travaillent ont le temps de veiller au brossage des dents de leurs jeunes enfants? Oui, certainement. Les habitudes s’acquièrent dès le plus jeune âge au sein de la famille. C’est d’ailleurs un moment de partage, d’intimité avec son ou ses enfants qui peut être ludique et agréable pour tous. Certains aliments sucrés représentent-ils un danger de santé publique? Oui, particulièrement les boissons sucrées de type sodas. Faudrait-il les interdire? Une interdiction est peu efficace si elle n’est pas accompagnée d’autres mesures de prévention. Le SSEJ préfère diffuser des recommandations et mettre l’accent sur la promotion de la santé en favorisant par exemple les goûters sains dans les institutions de la petite enfance. (ft) cette mallette aux 200 institutions de la petite enfance genevoise, mais de cibler celles qui se trouvent dans des quartiers où la prévalence de la carie est la plus élevée. Ce projet a pu être réalisé grâce à l’excellente collaboration entre les différents professionnels et leur implication.