MN - Nicolas symbole d`une guerre froide civile

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MN - Nicolas symbole d`une guerre froide civile
Mauvaise Nouvelle - Nicolas symbole d’une guerre froide civile
Nicolas symbole d’une guerre froide civile
Par Maximilien Friche
Nicolas Bernard-Busse, étudiant parisien de 23 ans. Voilà donc le pedigree de la première victime de l’arbitraire au
pouvoir. Voilà l’exemple qui nous est donné pour nous contraindre à rentrer dans nos chaumières avant le 14 juillet
et le Tour de France. Il écope de deux mois de prison ferme et 1.000 euros d'amende pour rébellion et refus de
prélèvements ADN et d'empreintes. Le Nicolas en question n’a bien-sûr cassé aucune vitrine, incendié aucune
voiture et encore moins blessé qui que ce soit. Il a été arrêté parce qu’il arborait son sweatshirt Manif Pour Tous
sur les Champs Elysées, après l’accueil de François Hollande devant les locaux de M6. Il a été condamné parce
qu’il a refusé d’être fiché par son ADN comme délinquant, dans le même fichier que les violeurs et les assassins.
Inutile d’aller plus loin, nous comprenons que nous sommes face à une arrestation et une condamnation d’ordre
politique, une manœuvre d’intimidation du système vers le peuple. Le juge Dutartre (son nom même suscite
l’entartrage…) qui a condamné Nicolas avait dispensé de peine Michaël Youn qui avait insulté et brutalisé deux
policiers. Les Femen qui agissent contre la liberté de culte à Notre Dame n’ont même pas été interpellées. Les
auteurs de l’attaque du RER D n’avaient écopé d’aucune peine ferme. Ça suffit, on a compris. Nous savons que
les tenants de l’Etat et du système ne représentent plus la France mais un parti. Nous sommes en guerre civile
froide. Il y aura peut-être d’autres exemples, l’Homen de Roland Garros ou ceux promis au Tour de France…
Selon le pôle juridique de La Manif pour Tous, on dénombre depuis le début du mouvement contre la loi Taubira
plus de 1.000 arrestations et plus de 600 gardes-à-vue. Quel courage subit face aux manifestants pacifiques dans
une France qui multiplie les zones de non-droit !
La revanche d’un clan
L’arrivée au pouvoir de Hollande s’est faite dans le mythe du rassemblement après un Sarkozy trop clivant. Inutile
de revenir sur la litanie des « Moi président de la République etc. », emballement d’orgueil de la marionnette d’un
clan désireux de prendre sa revanche. Le mythe du rassemblement a eu la vie brève et nous avons vite compris
qu’un parti avait pris le pouvoir, avec la haine d’une partie de la France comme seul moteur. Nous avons aussi
compris, grâce aux propos de Vincent Peillon sur la nécessité d’extraire les enfants des déterminismes familiaux et
notamment religieux, que nous étions revenus en 1905. Nous avons également compris que Valls se rêvait en
Fouché en fantasmant sur l’automatisation des séquences : identification de l’opposant politique au faciès,
arrestation immédiate, condamnation immédiate. Avec les Femen sponsorisées par Caroline Fourest et le service
public télévisuel, 1793 pointe son sein avant son nez, elles se veulent « la liberté guidant le peuple », mais vers
quoi, la guillotine ? Ce qui est surprenant aujourd’hui avec Hollande, c’est l’absence totale de volonté de préserver
l’unité nationale. Il y a en ce sens une réelle rupture avec l’ensemble de la ligne des dirigeants français de
Catherine de Médicis à Mitterrand. Une rupture de même niveau que celle incarnée par Robespierre. Ce n’est donc
plus la haine uniquement d’une partie de la France, mais le refus de servir la France tout court qui se manifeste au
profit d’une idéologie. On peut dire que Hollande aime moins la France que Mitterrand. En effet, ce dernier avait
préféré reculer sur la réforme de l’école libre en 1984 pour garantir l’unité nationale. Hollande est prêt à sacrifier la
civilisation française, l’unité des Français au profit de l’idéologie révolutionnaire qu’il a décidé de servir.
Cette revanche généralisée, cette revanche de principe, affichée avec morgue depuis la distribution de chaque
ministère à l’énarchie franc-maçonne comme autant d’armes, prend donc ici et là des attitudes plus ciblées. Elle
sort du bois. Nicolas en prison, Frigide expulsée de son logement : « il ne fait pas bon être hostile au mariage
homosexuel » en France note Jean-Pierre Pernaut à son JT 1 . Et à côté, dans les corps d’état, la chasse aux
sorcières a commencé. D’abord dans l’armée, on rappelle le devoir de réserve des militaires, on liste ceux dont les
proches sont actifs dans le mouvement. Les dénonciations sont accueillies les bras ouverts, cela donne toujours
des opportunités de carrière. Qui sera le prochain d’entre les Français à avoir son nom sur le mur des cons, qui
n’est autre que la liste des ennemis de la révolution ? Christian Vanneste constate : « l’opposition politique est
davantage sanctionnée dans notre pays que la délinquance et le banditisme. » 2 Nous avons changé de régime,
notre république est devenu populaire, réjouissons-nous, ce sera beaucoup plus simple de s’y opposer.
Les corps intermédiaires garants du système
On a commencé par être récemment déniaisé en découvrant une police politique en France, et maintenant avec
l’affaire de Nicolas, une justice politique. Mais bien avant, nous vivions déjà baignés dans une culture politique. Le
parti du progrès avait déjà gagné bien avant la mise en œuvre de la démocratie lors de nos dernières élections
présidentielles. Déjà gagné d’une part parce que la structure même de notre société est d’esprit révolutionnaire
depuis deux siècles sans qu’il n’y ait jamais eu de volonté de réconcilier les Français sous un même drapeau. La
droite au pouvoir s’est seulement contentée de ralentir de temps à autre la marche du progrès sans jamais changer
Mauvaise Nouvelle - Nicolas symbole d’une guerre froide civile
de cap. Déjà gagné aussi parce que les sphères de l’éducation et de la culture ont été envahies depuis 68 par une
philosophie des Lumières updatée. Pas étonnant qu’on parvienne à évoquer un changement de civilisation à partir
du moment où l’art et la culture ont été détournés par l’administration. Déjà gagné enfin parce que les salles de
presse sont sous contrôle politico-financier depuis la même époque avec 90% des journalistes classés à gauche.
C’est sûr qu’il faut du courage quand on fait partie des 10% pour ne pas fuir. Ce constat de la puissance des corps
constitués avaient été l’occasion d’une prise de conscience tardive de la part de l’ex-président de la république au
moment de l’établissement de son bilan avant campagne. Trop tard.
Tout était prêt. Le frein actionné par la droite leur a juste donné le temps de prendre de l’élan en prenant appui sur
les corps intermédiaires. Et maintenant qu’ils sont au pouvoir exécutif, les socialistes sont devenus légitimistes.
L’utilisation du mot rébellion comme chef d’accusation pour Nicolas relève d’un certain retournement des choses
pour ceux qui se sont construits dans le mythe de la rue, de la prise du pouvoir par la rue, la révolution. Les
révolutionnaires arrivés au pouvoir en appellent aux institutions et à la loi. Quelle ironie ! De Gaulle pensait-il que
sa constitution servirait à ceux qui rêvaient de prendre le pouvoir par la rue ? La gauche use aujourd’hui de la
fermeté à laquelle elle s’attendait à être confrontée du temps où elle ne tenait que la rue. Quand un parti met à son
service tout l’appareil du pouvoir, nous entrons automatiquement dans un système. Tout ne devient que rouage. La
violence froide et légitime passe partout, sur tous. Avec l’aide de ceux qui collaborent encore, agrippés à leur
sacro-saint devoir de réserve pour patienter le temps nécessaire pour avoir de l’influence et surtout, finalement
pour faire carrière.
Répétition et entraînement
Le monstre froid se fissurera un jour à l'aune de tragédies dont les affaires récentes comme celle du jeune Nicolas
ne sont que les prémices. J'attends avec espérance qu'un de nous s'immole romantiquement par le feu sur la
flamme du soldat inconnu. Venner s'est trompé de scénario. Le monstre froid se fissurera depuis l'étranger comme
ce fut le cas pour l'Europe de l'Est. Nos médias relayent bien les révoltes à travers le monde avec exactitude. En
Turquie ou au Brésil, nos médias savent compter les millions. Il faut donc bien espérer qu'ailleurs on sache
compter les nôtres. On saura aussi condamner notre police et notre justice politique. Déjà, à l’occasion de la
procédure d’Examen Périodique Universel (EPU) qui a eu lieu au siège de l’ONU le 6 juin 2013, l’ECLJ (l’European
Center for Law and Justice), représenté par son directeur Grégor Puppinck, a dénoncé devant le Conseil des
Droits de l’Homme la répression policière à l’encontre des manifestants en faveur de la famille et des droits de
l’enfant. On se pince pour y croire. Ailleurs, la vérité a droit de citer. L’histoire a besoin de répétitions. Notre
automne, notre hiver et notre printemps ont été des zones d'essais, d'entraînements. Une génération politique a
été formée avec précision. Une génération politique a été d'autant mieux formée qu'elle été confrontée au mépris
et à l'injustice. Rassurons-nous, la prison est le lieu idéal pour apprendre à être hors la loi sur le long terme. Cela
tombe bien, c'est le défi qui est maintenant à relever.
1. JT du 20/06/2013 sur TF1
2. Christian Vanneste pour LesObservateurs.ch 21/06/2013