La Marne : un axe stratégique pour Epernay Partie 2

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La Marne : un axe stratégique pour Epernay Partie 2
Ville d'Epernay – Archives municipales
La Marne : un axe stratégique pour Epernay
Partie 2
Le canal latéral
Le canal latéral longe la rivière de Dizy à Vitry-le-François et dessert Châlons-en-Champagne et
Épernay. Il court sur 67 km et est relié aux canaux de la Marne au Rhin et de la Marne à la Saône. Le
projet voit le jour en 1836 et s'achève en 1846.
Il est issu d'une décision du Directeur général des Ponts-et-Chaussées datant de 1833, qui demande
que soit établi un projet d'amélioration de la navigation sur la Marne entre Saint-Dizier et la Seine.
S'en suit, en 1835, un rapport qui indique que la meilleure proposition est de faire un canal latéral à
la Marne. A la demande du Gouvernement, les Chambres ont voté une loi sur le perfectionnement
des rivières (6 juillet 1835) et voté des crédits dès le budget de 1836. 4 millions de francs sont prévus,
sans compter les achats de terrains.
Dès 1836, ce projet suscite des craintes à Épernay pour le commerce de la ville. L'activité du port est
"vivace" et le Conseil municipal (soutenu par le Tribunal de commerce) craint que les relations avec
les vignobles alentour ne s'en ressentent et ce, d'autant plus que le déplacement du port est assez
rapidement évoqué. Le port sera installé à Dizy. La Ville trouve que le projet serait cher pour les
bénéfices à en retirer. Le port va notamment toucher des terres agricoles. Le Conseil municipal
propose donc d'améliorer plutôt le cours de la Marne.
Lors de la 2e séance de la commission d'enquête publique du 11 juin 1836, n'étant pas satisfait des
conclusions du débat autour de la situation d’Épernay, Louis-Isidore Godart-Roger, alors maire
d'Epernay, laisse des conclusions écrites reprenant la position de la ville (améliorer plutôt le cours de
la Marne) et quitte la séance. La commission d'enquête réfute les craintes d’Épernay sur les futures
difficultés de naviguer et indique aussi que le commerce sera favorisé par une baisse des prix des
transports.
En 1844, le Conseil municipal se montre favorable au canal latéral à la Marne et au canal reliant la
Marne au Rhin. Il souhaite même que les travaux aillent plus vite.
En 1853, la Ville estime de nouveau que le projet se fait au détriment d’Épernay. Elle est jugée
"isolée" et "privée de ses avantages naturels". Une pétition signée par les mariniers et marchands de
Paris, Bercy, La Villette, Château-Thierry et Dormans, ainsi que des départements de l'Aisne, de la
Marne et de la Seine, qui fréquentent le port d'Épernay, est transmise au Gouvernement. Sont en
cause à la fois :
- le déplacement du port à Dizy. Épernay ne comprend pas pourquoi les fonctions
commerciales ne sont pas concentrées en son sein ;
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- la diminution du tirant d'eau, qui risquerait de ne plus permettre la navigation. En effet,
les bateaux à vapeur demandent un niveau d'eau plus important. La rivière risquerait de
devenir non navigable à certaines périodes de l'année. La Ville aimerait que le chemin de
fer et le transport fluvial se fassent concurrence afin de tirer les prix vers le bas.
Le Gouvernement accepte de réétudier le projet et le tirant d'eau est légèrement augmenté.
Toutefois, malgré les dragages autorisés dans les années 1870, il ne sera effectivement pas suffisant.
Un port qui ne verra jamais le jour
Avec le canal latéral, le port est déplacé à Dizy. Les craintes exprimées au moment de l’établissement
du canal latéral étaient justifiées. Le transport sur la Marne est compliqué pour les Sparnaciens et
toutes les personnes liées à leur commerce. En 1870, les Conseillers municipaux, négociants et
propriétaires d'établissements industriels résidant à Épernay soumettent une pétition au
Gouvernement (voir document joint). Ils demandent le prolongement du canal latéral jusqu'à
Épernay. La Ville est appuyée par le Conseil général. L'Etat soumet un projet à la Ville qui n'y donne
pas suite car la collectivité a lié l'acceptation du projet à l'annexion des hameaux de La Villa et
Magenta, qu'elle n'obtient pas.
En 1881, la Ville décide de formuler un vœu pour l'amélioration de la navigation sur la Marne dans sa
traversée d’Épernay, en y créant un port. Il est indiqué que le niveau des eaux n'est pas suffisant
pour les bateaux, qui sont souvent obligés de décharger une partie de leur cargaison au port de Dizy
pour pouvoir continuer leur chemin. De plus, Épernay ne dispose ni de port, ni de quai de
déchargement. Ce qui fait que les commerçants ont renoncé au transport fluvial au profit des
chemins de fer, mais cela leur coûte plus cher. La Ville est soutenue par la commission d'enquête
d'utilité publique et la Chambre de commerce et d'industrie. Une pétition des habitants du hameau
de La Villa indique que le port de Dizy est déserté car trop loin d’Épernay. Ils demandent aussi qu'il
soit rapproché pour favoriser leurs nouvelles industries.
Le Préfet répond que la ville a été sollicitée en 1873, mais qu'elle n'a jamais répondu. Une
commission municipale est donc chargée d'étudier le projet. De plus, les Ponts et Chaussées
indiquent que les travaux qui sont faits sur le canal latéral devraient améliorer le tirant-d'eau à
Épernay.
En 1899, Eugène Mercier, alors conseiller municipal, relance la question. Il lui est répondu que le
Service de la Navigation s'occupe activement de la question. Mais Épernay n'est pas satisfaite que la
rive droite soit choisie. Le projet est remis à l'étude pour la rive gauche. Un projet de dépôt de
matériaux est étudié également. Toujours à l'étude en 1909, ce projet ne semble pas avoir eu de
suite. Il est probable que la Première Guerre mondiale ait mis un terme aux études. La Ville ne
disposait plus des finances nécessaires.
Une source de loisirs
La rivière de la Marne est également une source de loisirs pour les Sparnaciens :
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- on s'y baigne (http://www.epernay.fr/article/premiere-baignade-en-bord-de-marne) ;
- on y fait des compétitions (http://www.epernay.fr/article/epernay-au-fil-du-temps-lanautique) ;
- des fêtes nautiques sont également régulièrement organisées ;
- on y pêche ;
- on s'y promène à pied ou à velo.
Photographie noir et blanc des bords de Marne (années 1970),
1 Fi non coté, Archives municipales d’Épernay.
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Sources
Photographie : photographie noir et blanc des bords de Marne (années 1970), 1 Fi non coté, Archives
municipales d’Épernay.
Document : pétition des Conseillers municipaux, négociants et propriétaires d'établissements
industriels résidant à Épernay (1870), non coté, Archives municipales d’Épernay.
Registres des délibérations du Conseil municipal (1790-1982), sous-série 1D, Archives municipales
d’Épernay.
Registres des séances du Conseil municipal (1976-1978), 1 D 53-55, Archives municipales d’Épernay.
Statistiques industrielles, (1789-an IX), 2 F 1, Archives municipales d’Épernay.
Dossiers sur les crues (an VI-1948), 1 I 15, Archives municipales d’Épernay.
Dossiers relatifs à l'usine à gaz et à la sucrerie (1830-1947), 5 I 2, Archives municipales d’Épernay.
Dossier relatif à la rivière de Marne (1869-1942), non coté, Archives municipales d’Épernay.
Dossier relatif à la création d'un port fluvial (1873-1909), non coté, Archives municipales d’Épernay.
Dossiers relatifs à l'aménagement du quai de l'Ile-Belon, non coté, Archives municipales d’Épernay.
Dossier relatif au projet de canal latéral à la Marne (1835-1837), 3 S 191, Archives départementales
de la Marne.
Dossier relatif à la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg : Épernay (1883), 5 S 69, Archives
départementales de la Marne.
Bibliographie
Gérard Rondeau, La grande rivière Marne, 2010.
Georges Machet, Pages d’histoire d’une rivière champenoise.
JF Wiedemann, Lacs, forêts et rivières de Champagne.
1- Niveau moyen le plus bas d'un cours d'eau, parfois marqué par un zéro pour mesurer la hauteur
des eaux au-dessus de ce point au moyen de chiffres inscrits sur une échelle. Dictionnaire Larousse.
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