la notion de famille chez les Lobi
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la notion de famille chez les Lobi
Découvrons un pan de la culture des Lobi : la notion de famille chez les Lobi La famille lobi traditionnelle regroupe un certain nombre de gens unis par le lien de sang et le lien des alliances matrimoniales. Comme plusieurs cercles concentriques imbriqués, la famille lobi comprend quatre niveaux : le cuor ou famille domestique, le caar ou famille matriclanique (issue de la mère), le thicaar ou famille patriclanique (issue du père d’égo), et le kuon ou famille initiatique (issue d’un ancêtre mâle). Le cuor ou famille domestique désigne l'unité de production et de consommation, réunie autour du paterfamilias, ou codaarkuun en lobiri. Elle comprend donc le chef de la maisonnée, ses diverses épouses (car la polygamie subsiste encore dans les familles traditionnelles) et leurs enfants, tous placés sous la protection des mêmes entités spirituelles ou Thila, que l'on peut apercevoir à l'entrée de la grande maison lobi traditionnelle, sur la terrasse ou dans le sanctuaire domestique contigu à la chambre de la première épouse appelée codaarkhèr. Par exemple, Sansan est habitant de la maison de Sié. Il est de la famille domestique de Sié. Au delà du cuor, le caar ou famille matriclanique revêt une grande importance pour le Lobi. Il comprend un très grand nombre de personnes, réunies par le lien du sang et par leur commune descendance d'un ancêtre féminin. Il y a quatre familles matriclaniques (ou matriclans) majeures en milieu lobi qui constituent des matronymes ayant de multiples subdivisions. Kambiré/Kambou, Hien, Da et Palé sont les quatre principaux matriclans ayant chacun ses interdits et son entité spirituelle ou Wathil. Ces matriclans sont alliés deux à deux. Les Kambiré/Kambou sont alliés aux Hien, et les Da sont alliés aux Palé. Des relations culturelles et sociales les lient fermement. Il y a interdiction formelle de conflits entre eux. Mais une opposition larvée légendaire marque les deux camps antagonistes dans la société lobi. Par exemple, si Sansan est Kambiré, cela veut dire que sa mère a pour nom Kambiré. Le Lobi porte toujours le nom de sa mère et non de son père. Le matriarcat est très fort chez les Lobi. On est plus sûr de sa mère que de son père, dit-on dans cette société ! Le thicaar ou famille matriclanique du père de l'enfant lobi, joue aussi un grand rôle dans sa vie. Le Lobi appellera père (î thi) tous les membres de la famille matriclanique de son père. Car c'est son père ou un de ses représentants qui lui donnera l'autonomie en temps opportun, par le don symbolique de la houe. C'est lui qui marquera de l'empreinte de son pied gauche sa nouvelle maison qui n'est en fait qu'une « succursale » de la maison paternelle. C'est lui encore qui plantera le thilkhaa ou esprit tutélaire du patriclan devant cette maison. En cas de maladie du fils, c'est le père qui consulte le devin ou bùordaar. En cas de décès prématuré du fils, c'est le père qui organise et dirige les funérailles jusqu'à la fin. On le retrouvera dans tous les moments importants de la vie du Lobi. Le patriarcat existe aussi chez les Lobi mais il est entouré de nombreux secrets. Par exemple, Sansan Kambiré a pour thicaar (matriclan de son père) Hien. C’est-à-dire que son père est né d’une mère Hien. Le Kùon est le cercle le plus large de la famille lobi. Il regroupe tous ceux qui sont liés de par leur descendance d’un ancêtre mâle commun. C’est ceux du même clan ou patrilignage majeur du Lobi. Il est très capital pour le Lobi. Celui-ci est intégré dans son clan qu'il découvre à l'initiation septennale du Joro. C'est à l'occasion de cette longue marche qui le conduit en pèlerinage initiatique et culturel aux abords du fleuve Mouhoun (situé vers Nako), que le Lobi découvrira les interdits, les coutumes et les secrets liés au culte de son Kùon dont l'entité spirituelle est le thilkhaa. C'est là qu'il reconnaîtra ses frères de même clan à qui il est lié par un pacte de solidarité dans le bien comme dans le mal. C'est enfin là qu'on lui apprendra à ne jamais faillir à l'égard des interdits de clan (ne jamais tuer un parent, ne jamais courir la femme d'un parent, ou ne jamais révéler les secrets de sa famille clanique...). Toute défaillance entraîne la mort culturelle, sociale, morale et même physique du fautif. Au-delà des familles, le Lobi peut s’intégrer dans des confréries traditionnelles où naissent des liens très forts de solidarité cultuelle, culturelle et socio-religieuse. On a par exemple les confréries des devins ou buordara, des chasseurs ou cocola, des commandos ou khèldara etc. Dans ces confréries, on dépasse les appartenances claniques pour respecter des liens de solidarité plus forts. Père Hervé Sansan POODA, Traducteur et coordinateur biblique B.P. 07 Gaoua - Burkina Faso [email protected] - Tel: (00226) 70 66 82 06