alternatives aux produits phytosanitaires pour le

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alternatives aux produits phytosanitaires pour le
AFPP – 3e CONFÉRENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORÊTS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE – 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013
ALTERNATIVES AUX PRODUITS PHYTOSANITAIRES POUR LE DESHERBAGE DES
VOIES FERREES EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
V. BERNARD(1), chargée de mission Environnement
Réseau Ferré de France,
185 rue Léon Blum, 34043 MONTPELLIER,
FRANCE
(1) [email protected]
RÉSUMÉ
Sur le Réseau Ferré National, la maitrise de la végétation doit être assurée pour des raisons
de sécurité et de maintien de la structure des talus ferroviaires. La voie et les pistes sont
désherbées annuellement avec des produits phytosanitaires. Dans le cadre d’une
réglementation de plus en plus restrictive et de préoccupations grandissantes liées à l’usage
de pesticides, Réseau Ferré de France développe plusieurs techniques dites « alternatives »
er
pour l’entretien des voies. Le 1 secteur expérimental sur le réseau ferré français se trouve
dans le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise (Aude). Une étude de vulnérabilité sur
l’ensemble du réseau régional a également permis de recenser les abords ferroviaires les
plus sensibles aux produits phytosanitaires. Valorisant ces résultats, d’autres actions ont été
lancées dans la région par Réseau Ferré de France. Elles visent à améliorer les
connaissances techniques et économiques d’installation des membranes anti-végétation lors
des travaux de modernisation et d’entretien du réseau.
Mots-clés : Réseau Ferré de France, voie ferrée, désherbage, alternatives aux
phytosanitaires, membranes anti-végétation.
ABSTRACT
On the national rail network, Réseau Ferré de France implements a vegetation management
policy which aims at maintaining lineside vegetation for safety reasons and in order to
maintain the structure of the railway embankments and cuttings. The tracks themselves and
the area between the rails are weeded annually with pesticides. Under the increasingly
restrictive regulations and growing preoccupations related to the use of pesticides, RFF has
developed various environnementally neutral solutions for weeding the tracks and managing
the trackside vegetation. The first experimental area on the French rail network is located in
the Regional Natural Park of Narbonne (département Aude). A vulnerability study,
undertaken on the entire regional network also identified the most vulnerable sites with
regards to pesticides used for railway weeding purposes. Furthermore, other actions are
being carried out in the region by Réseau Ferré de France. They aim to improve the
technical and economic knowledge of installing anti-vegetation geo-membranes during track
renewal operations.
Keywords: Réseau Ferré de France, railway, vegetation management, alternatives to
pesticides, membranes anti-vegetation.
INTRODUCTION
Dans le cadre d’une demande externe grandissante et d’un contexte législatif de plus en
plus exigeant, RFF se doit d’adapter les pratiques de maîtrise de la végétation pour les
rendre encore plus respectueuses de l'environnement. Malgré une diminution constante de
l’utilisation des ces herbicides depuis une dizaine d’années, il convient de mettre en place
des solutions alternatives dans les zones les plus sensibles. La direction Régionale
Languedoc-Roussillon de RFF est très investie dans cette thématique et pilote plusieurs
opérations pour développer les alternatives aux produits phytosanitaires.
PREMIERE EXPERIMENTATION NATIONALE MENEE EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
RFF s’est engagé en 2009 dans une démarche expérimentale en proposant la mise en
œuvre de différents types de systèmes anti-végétation dans la traversée des étangs de la
Narbonnaise, dans le cadre d’un appel à projet lancé par l’Agence de l’Eau RhôneMéditerranée-Corse.
RFF a élaboré ce projet en partenariat avec le parc Naturel Régional de la Narbonnaise, la
DRAF SRPV, les jardins des cheminots de Narbonne et la SNCF.
La mise en place de ces différents systèmes, couplée à une utilisation raisonnée des
herbicides a permis d'éviter l'épandage d’environ 35 kg de substances actives herbicides par
an, sur un linéaire de 21 km.
Quatres techniques ont été testées, dont trois innovantes en France. Elles consistent en des
membranes antivégétation déposées sur les pistes, secteur de la voie le plus sensible à la
colonisation de la végétation.
Le coût de ce projet, financé à hauteur de 80 % par l’agence de l’eau Rhône-MéditerrannéeCorse et à hauteur de 20 % par RFF, s’est élevé à 210 000€.
Figure 1 : Expérimentation Zéro pesticide dans le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise
Figure 2 : Technique Rugleï®
Description :
Figure 3 : Technique Plast Sol
Description :
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Nettoyage de la piste : débroussaillage avec arrachage des souches et
nivellement du sol,
Pose de membranes Plast Sol (nates bituminées fournies par l’entreprise
CIPLAST),
Superposition de deux laies parallèle sur environ 20 à 30 cm de large,
Thermocollage des laies au chalumeau,
Fixation des membranes par des piquets d’ancrages en fer.
ETUDE REGIONALE DE VULNERABILITE DU RESEAU
Suite au projet de la Narbonnaise, la Direction régionale a souhaité mieux connaître la
vulnérabilité des milieux traversés par le réseau ferré aux produits phytosanitaires. En 2011,
Envilys a réalisé pour RFF une étude régionale permettant de croiser 3 thématiques :
 Vulnérabilité des eaux superficielles,
 Vulnérabilité des eaux souterraines,
 Vulnérabilité des milieux naturels.
Le bilan de cette étude a permis, sur l’ensemble du réseau ferré régional, de prioriser le
niveau de vulnérabilité par tronçon, de faible à prioritaire.
RFF peut aujourd’hui identifier les secteurs sensibles et les croiser avec les travaux de
renouvellement de voie programmés. De cette façon, RFF souhaite bénéficier de grands
travaux de renouvellement pour installer des techniques alternatives préventives type
géomembranes sur des linéaires plus importants.
Figure 4 : Extrait des résultats de l’étude régionale de vulnérabilité aux phytosanitaires
Source : étude menée par Envilys, Berga Sud et Ginger Strategis pour RFF, 2012
EXPERIMENTATIONS A VENIR EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
La Direction Régionale de RFF a lancé deux études complémentaires pour tester la pose de
nouvelles géomembranes sur l’Ile de Sainte Lucie, située dans le Parc Naturel Régional de
la Narbonnaise et classée en Réserve Naturelle Régionale depuis 2009 et dans les étang
littoraux, à proximité de Frontignan.
Si les études préliminaires de ces deux opérations conclent favorablement, les travaux de
pose de géomembranes anti-végétation sur les pistes seront réalisés en 2014 et 2015.
Plus au Nord, dans le cadre de l’opération de renouvellement voie ballast (RVB) entre
Narbonne et Montpellier prévue en 2015, la Direction Régionale envisage de mettre en
œuvre de façon industrielle et concomitante avec l’avancement de la suite rapide (ensemble
de trains qui enlèvent la voie et reposent la voie neuve), des systèmes anti-végétation sur
une quinzaine de kilomètres dans la zone du Castellas (lido entre Marseillan et Sète), très
sensible aux produits phytosanitaires. Les études d’avant-projet sont en cours. Elles
permettront de définir le mode opératoire le plus adapté, ainsi que les économies d’échelle
pouvant être réalisées par rapport aux expérimentations menées localement.
Si ces études confirment la faisabilité technique et financière de cette opération, ce tronçon
ne sera plus traité en phytosanitaires pendant au moins 20 – 25 ans.
CONCLUSION
La maîtrise de la végétation sur le réseau ferré est indispensable pour des raisons de sécurité
des circulations ferroviaires. A l’échelle des 30 000 km de lignes circulées au niveau national,
le désherbage chimique par le biais de trains désherbeurs est la solution la plus adaptée aux
contraintes d’intervention sur les voies. Toutefois, de façon localisée et à la lumière des enjeux
à la fois sanitaires et écologiques, certains secteurs particulièrement sensibles doivent
bénéficier d’un traitement alternatif.
RFF s’est engagé dans la recherche de techniques innovantes depuis 2009. La première
expérimentation a été lancée en Languedoc-Roussillon en 2010 et plusieurs autres tests ont
eu lieu depuis, dans d’autres régions françaises. Les premiers résultats disponibles permettent
de consolider le retour d’expérience indispensable pour envisager le déploiement de ces
techniques sur des linéaires plus importants.
La pose de géosynthétiques lors de la maintenace du réseau semble aujourd’hui être une
technique bien adaptée aux contraintes d’exploitation et de sécurité lors des interventions sur
le réseau ferré en explotation. C’est la solution à privilégier, mais des pistes d’optimisation
sont encore à rechercher pour industrialiser ce procédé afin d’en optimiser les coûts.