Résumés - Abstracts
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résumés – abstracts Daniel Perret, École française d’Extrême-Orient, Kuala Lumpur & Danny Wong tze Ken, Department of History, Faculty of Arts and Social Sciences, University of Malaya, Kuala Lumpur Monde insulindien et péninsule indochinoise : un panorama de contacts millénaires Les relations historiques entre différentes régions d’Asie du Sud-Est restent une approche encore largement sous-étudiée, surtout lorsqu’il s’agit d’examiner ces relations sur la longue durée. Malgré des avancées notables depuis une trentaine d’années, l’histoire des relations entre le monde insulindien et la péninsule indochinoise, deux aires qui vues globalement ont emprunté des chemins divergents sur les plans linguistique, religieux et politique notamment, n’échappe pas à ce constat. Afin de stimuler ces recherches, ce panorama diachronique présente, à partir de données les plus récentes, plusieurs jalons couvrant quelque 13 000 ans de contacts possibles ou avérés depuis le « phénomène hoabinhien » jusqu’aux principaux phénomènes migratoires observables aujourd’hui. Jusqu’au VIIe siècle EC, les données encore très fragmentaires ne permettent pas pour l’instant d’aller au-delà de la mise en lumière d’espaces et de réseaux caractérisés par des traits communs. Ensuite, progressivement la multiplication des événements, toponymes et personnages connus permet de mieux préciser ces relations et d’envisager des approches thématiques multiples allant de la culture matérielle jusqu’à la circulation des idées. Maritime Southeast Asia and Indochina: A Panorama of Contacts Across Millennia Historical relations between regions of Southeast Asia remains a still largely under-studied approach, especially for relations in the longue durée. Although significant progresses have been made during the last thirty years, history of relations between Maritime Southeast Asia and Indochina, two regions that took divergent paths, especially regarding languages, religions and politics, is not an exception to this observation. In order to stimulate these researches, this diachronic panorama, based on most recent data, offers a number of milestones along the 13,000 years of possible or attested contacts, from the “Hoabinhian phenomena” until the main migratory flows visible today. Until the 7th century AD, the still very fragmentary data do not allow to go beyond the observation of spaces and networks sharing a number of common features. Then, the gradual increase in the number of known events, place names and individuals, allows a better insight into these linkages and provides opportunities to conduct multiple thematic approaches, from material culture to circulation of ideas. arlo Griffiths, École française d’Extrême-Orient, Jakarta The Problem of the Ancient Name Java and the Role of Satyavarman in Southeast Asian International Relations Around the Turn of the Ninth Century CE One of the most familiar narratives of ancient Southeast Asian history is the account of how Cambodian king Jayavarman II liberated his country from Javā, and consequently declared himself emperor in the year 802 CE. These events and this year are widely considered to represent the beginning of the Angkorian “empire”. Recent years have seen several new scholarly contributions questioning parts of this narrative. One issue is the very historicity of the narrative elements about Jayavarman II, another topic of debate is the identity of Javā in the narratives related to Jayavarman II, and, more generally, in the history of Southeast Asia. After revealing the very weak foundations of certain recent attempts to argue that references Archipel 85, Paris, 2013, pp. 265-271 266 Résumés – Abstracts to Javā in sources of the Southeast Asian mainland denoted a place on the continent or the Malay peninsula, this paper argues that the Khmer inscriptions refer to the island of Java when they use the term Javā. The paper shows, furthermore, that narratives involving Javā do not exclusively concern Jayavarman II, but that a certain Satyavarman is in some sources attributed a role very similar to that of the much more famous king Jayavarman II. It is proposed that this Satyavarman may well have been the king of that name who ruled in southern Campā around 800 CE, and hence that the epigraphical record of Satyavarman in Campā is likely to hold important clues not only for the history of Campā itself, but equally for international political relations between the Khmer, Cam and Javanese polities in the late 8th and early 9th century of our era. Le problème de l’ancien nom Java et du rôle de Satyavarman dans les relations internationales sud-est asiatiques vers le tournant du IXe siècle EC L’un des récits les plus connus de l’histoire ancienne de l’Asie du Sud-Est est celui racontant comment le roi Jayavarman II libére son pays de Javā et, par voie de conséquence, se proclame lui-même empereur en 802 EC. Ces événements et cette année sont généralement considérés comme représentant le début de « l’empire angkorien ». Des contributions savantes parues ces dernières années ont remis en cause des éléments de ce récit. L’une des questions est celle de l’historicité des éléments narratifs concernant Jayavarman II, un autre élément du débat étant l’identité de Javā dans ces récits liés à Jayavarman II, et plus généralement dans l’histoire de l’Asie du Sud-Est. Après avoir mis en avant les fondations très fragiles de certaines tentatives récentes cherchant à démontrer que le Javā dans les sources d’Asie du Sud-Est continentale renvoie à un lieu sur le continent ou en péninsule malaise, cet article avance que les inscriptions khmères réfèrent à l’île de Java lorsqu’elles usent du terme Javā. Cet article montre, de plus, que les récits impliquant Javā ne concernent pas exclusivement Jayavarman II, mais que dans certaines sources un certain Satyavarman se voit attribuer un rôle très similaire à celui du roi beaucoup plus célèbre Jayavarman II. Nous proposons ici que ce Satyavarman pourrait bien être le roi du même nom ayant régné au Campā méridional vers 800 EC, et qu’ainsi les données épigraphiques relatives à Satyavarman au Campā contiennent vraisemblablement des indices importants, non seulement à propos de l’histoire du Campā lui-même, mais également à propos des relations politiques internationales entre les entités politiques khmère, cam et javanaise à la fin du VIIIe siècle et au début du IXe siècle de notre ère. Geoff Wade, Nalanda Sriwijaya Centre, Institute of Southeast Asian Studies, Singapore Maritime Routes Between Indochina and Nusantara to the 18th Century This article offers an overview of historical Chinese, Arab and Vietnamese sources which describe maritime links between the Indochina world and Maritime Southeast Asia from the first century CE until the 18th century. It is in fact from the seventh century that texts begin to provide a number of identifiable toponyms, and the burgeoning of Tang relations with distant societies and polities in the following century saw new maritime routes developing in Southeast Asia. In the 9th century, Chinese sources are supplemented with Arab accounts. Chinese sources of the first millenium CE also contain details regarding the ships which sailed the seas between Indochina and Nusantara, the 10th century being a key period of change in long distance trade through Southeast Asia. By the 14th century the majority of the long-distance trading ships which connected Nusantara and Indochina were Chinese and some possibly Southeast Asian. The beginning of the 15th century brings new maritime route details in connection with the well known voyages led by Zheng He. Further details are provided through three 16th century and 17 th century Chinese sources. The article ends with a presentation of data found in a Vietnamese maritime guide dating to 1810 but based on earlier materials. Routes maritimes entre l’Indochine et Nusantara jusqu’au XVIIIe siècle Cet article offre un panorama de sources chinoises, arabes et vietnamienne qui décrivent les relations maritimes entre le monde indochinois et l’Asie du Sud-Est maritime du premier siècle de notre ère jusqu’au XVIIIe siècle. C’est en fait à partir du VIIe siècle que des textes Archipel 85, Paris, 2013 Résumés – Abstracts 267 commencent à livrer un certain nombre de toponymes identifiables et, au siècle suivant, l’essor des relations entre les Tang et des sociétés et entités politiques lointaines voit le développement de nouvelles routes maritimes en Asie du Sud-Est. Au IX e siècle, des sources arabes complémentent les sources chinoises. Au cours du premier millénaire, ces dernières livrent également des détails sur les navires qui sillonnent les mers entre l’Indochine et Nusantara, le Xe siècle étant une période charnière pour le grand commerce maritime en Asie du Sud-Est. Dès le XIVe siècle, la majorité des navires marchands hauturiers reliant Nusantara et l’Indochine sont chinois et certains possiblement sud-est asiatiques. Le début du XVe siècle apporte de nouvelles informations sur ces routes maritimes à l’occasion des expéditions bien connues de Zheng He. Des données complémentaires sont également disponibles dans trois sources chinoises des XVIe et XVIe siècles. L’article se termine par une présentation de données présentes dans un guide maritime vietnamien datant de 1810 mais fondé sur des sources antérieures. marie-France Dupoizat Vietnamese Ceramics in the Malay World Vietnamese ceramics were exported to the Malay World during periods when the ceramics supply from China was restricted or reduced for domestic reasons, giving a rather clear illustration of the importance and the structure of the trade networks in the China Sea. Specific Vietnamese trade wares have been found in many places of the Malay World, from Sumatra to the Philippines. The earliest group consists of underglaze black decorated bowls and monochrome glazed bowls dating to the 14th century. Blue-and-white bowls, dishes and covered boxes were the most frequently exported Vietnamese wares during the following century, while monochrome wares were also in demand but to a lesser extent. Towards the end of the 15th century, Vietnamese polychrome wares started to be exported along the same maritime routes. The export of blue-and-white Vietnamese wares to the Malay World seems to have ceased at the beginning of the 16th century. Again, under-supply of Chinese ceramics in the late second half of the 17th century led to the export of a type of coarse Vietnamese ware to the Malay World. Moreover, Vietnamese ceramics were also produced to respond to specific orders, as was the case in the 15th century, with the Vietnamese wall tiles of Majapahit. Céramiques vietnamiennes dans le monde malais Des céramiques vietnamiennes furent exportées dans le monde malais à des périodes où, en Chine, l’offre en céramiques était restreinte ou réduite pour des raisons intérieures, livrant ainsi une image assez claire de l’importance de la structure des réseaux commerciaux en mer de Chine méridionale. Des types particuliers de céramiques vietnamiennes ont été retrouvés à divers endroits du monde malais, entre Sumatra et les Philippines. Le groupe le plus ancien comprend des bols à décor noir sous couverte et des bols à couverte monochrome datés du XIVe siècle. Durant le siècle qui suit, ce sont des bols « bleu et blanc », des plats et des boîtes à couvercle qui représentent l’essentiel des exportations vietnamiennes, alors que les pièces monochromes sont toujours en demande, mais dans une moindre proportion. C’est vers la fin du XVe siècle que les céramiques polychromes vietnamiennes commencent à être exportées en suivant les mêmes voies maritimes. L’exportation des « bleu et blanc » vietnamiens vers le monde malais semble avoir pris fin vers le début du XVIe siècle. De nouveau, l’insuffisance de l’offre en céramiques chinoises à la fin du XVIIe siècle, va conduire à l’exportation vers le monde malais de pièces vietnamiennes de facture grossière. De plus, des céramiques vietnamiennes furent également produites afin de satisfaire des demandes particulières. Ce fut ainsi le cas au XVe siècle avec les carreaux vietnamiens de Majapahit. Nicolas Weber, Nicolas Weber, Visiting lecturer, Department of South East Asian Studies, Faculty of Arts and Social Sciences, University of Malaya, Kuala Lumpur Les Cam et les Malais du Cambodge et de Cochinchine vus par les archives coloniales (1859-1954) Cet article propose une étude des communautés cam et malaises du Cambodge et de Cochinchine (Sud Viêt Nam) pendant la période coloniale à travers l’examen d’un corpus de Archipel 85, Paris, 2013 268 Résumés – Abstracts documents administratifs tirés des Archives de la Résidence Supérieure du Cambodge. Les documents étudiés mettent en valeur plusieurs aspects de la vie quotidienne des Cam et des Malais pendant toute la période du Protectorat et nous apportent de précieuses informations sur les difficultés auxquelles se sont heurtés les fonctionnaires de l’administration française pour définir les questions d’identité, de nationalité et de statut légal des Cam et des Malais du Cambodge. Les archives nous offrent également des informations sur les migrations des Cam et des Malais et les tentatives de l’administration pour imposer une régulation. Enfin, les archives nous apportent des renseignements inédits sur les conflits religieux intracommunautaires qui ont secoué les communautés cam et malaises ainsi que sur la question de la diffusion des mouvements réformistes religieux malais au Cambodge. Cam and Malays in Cambodia and Cochinchina Seen Through Colonial Archives (1859-1954) The aim of this paper is to study the Cam and Malay communities in Cambodia and Cochinchina (South Vietnam) during the colonial period through the analysis of a corpus of administrative documents belonging to the Archives of the Résidence Supérieure in Cambodia. These documents highlight several aspects of the daily life of Cam and Malays during the entire Protectorate period and provide precious data regarding the difficulties encountered by the civil servants in the French administration in order to define questions of identity, nationality and legal status of the Cam and Malays living in Cambodia. Archives also offer information on the migrations of the Cam and Malays, as well as the administration’s efforts to impose a regulation. Lastly, the archives offer new insights on the religious conflicts inside the communities, that rocked the Cam and Malay communities, and also regarding the diffusion of Malay religious reformist movements in Cambodia. claudine salmon, Centre national de la Recherche scientifique, Paris The Hạ châu or Southern Countries as Observed by Vietnamese Emissaries (1830-1844) Although commercial relations between Vietnam and Insulinde go back to the remote past, the Vietnamese have shown very little curiosity about their Southern neighbours; this explains why travel accounts are so scarce. Here we intend to reflect on the reports and travel impressions written by demoted civil servants who were sent to the Hạ châu or “Southern Countries” to redeem their faults when the Nguyễn court became interested in obtaining reports on the conditions and views of the European based in Bengal, the Straits, Java, and Luzon. The original versions of these reports have apparently not survived, but several copies are kept in various public libraries in Hanoi. The first was Lý Văn Phức (1785-1849) demoted in 1829 and dispatched to Calcutta in early 1830 via Singapore, Malacca and Penang. He wrote three texts of which a record in prose and a brief account in verse and prose more or less arranged in chronological order have survived. Cao Bá Quát (1809-1854) who in 1844 accomplished a mission to Singapore and Batavia was apparently the last demoted civil servant sent to the Hạ châu (after the arrival of the French in Vietnam the Nguyễn court developed its relations with Hong Kong). He was the first to realise that the Europeans were a particular danger to the region. In order to perceive the political situation in the Malay world the emissaries had to rely on the Chinese merchants who shared the same culture and who were the only people with whom they could communicate at least by mean of the brush. Les Hạ châu ou Contrées méridionales observées par des émissaires vietnamiens (1830-1844) Bien que les relations entre le Viêt Nam et l’Insulinde remontent aux temps immémoriaux, les Vietnamiens n’ont guère manifesté de curiosité pour leurs voisins méridionaux, ce qui explique l’extrême rareté des récits de voyage. Ici, nous entendons réfléchir sur les rapports et impressions de voyage écrits par des fonctionnaires civils dégradés ou révoqués qui furent envoyés dans les Hạ châu ou « Contrées méridionales » pour racheter leurs fautes, lorsque les Nguyễn devinrent désireux d’obtenir des rapports sur les conditions et les visées des Européens établis au Bengale, dans les Détroits, à Java et à Luçon. Les textes originaux semblent avoir disparu, mais des copies sont conservées dans diverses bibliothèques publiques de Hanoi. Archipel 85, Paris, 2013 Résumés – Abstracts 269 Le premier émissaire fut Lý Văn Phức (1785-1849), dégradé en 1829 qui, au début de l’année 1830, fut envoyé à Calcutta via Singapour, Malacca et Penang. Des trois textes qu’il composa, deux ont survécu : un récit en prose et une brève relation chronologique mêlant vers et prose. Cao Bá Quát (1809-1854) qui, en 1844, accomplit une mission à Singapour et à Batavia fut apparemment le dernier fonctionnaire dégradé à avoir été envoyé dans les Hạ châu (après l’arrivée des Français au Vietnam, les Nguyễn nouèrent des relations avec Hong Kong). Il fut le premier à prendre conscience du fait que les Européens constituaient un danger particulier pour la région. Afin de saisir la situation politique en Insulinde, les émissaires devaient avoir recours aux marchands chinois dont ils partageaient la culture et qui étaient les seuls avec lesquels ils pouvaient communiquer, au moins par écrit. Danny Wong tze Ken, Department of History, Faculty of Arts and Social Sciences, University of Malaya, Kuala Lumpur The Cham Arrivals in Malaysia: Distant Memories and Rekindled Links When Phnom Penh and Saigon fell in 1975, throngs of refugees fled Cambodia and Vietnam in the face of incoming Communist regimes in the two countries. Malaysia became a destination for many of them. However, Malaysia’s position in relations to the Indochinese refugees was clear, namely, they were to be processed and to be resettled to a third country. In spite of this, until 1985, some ten thousand among them were allowed to settle. They were Muslims or practitioners of the Islamic faith, ethnically known as Chams or Islam Kemboja. This paper sets out to investigate the reasons behind the Malaysian Government’s decision to accept these refugees and the reasons the Chams chose Malaysia. Apart from the common adherence to Islam as the main reason behind both decisions, this paper also argues that old links, both religious and political, were strongly imprinted in the minds of the Chams so much so that when Cambodia and Vietnam fell to the Communists, it was Kelantan and the Malay Peninsula that the Chams had chosen to settle in. For the first time, first-hand information from the personal papers of Mubin Sheppard, at the time Honorary Secretary of the Malaysian Muslim Welfare Organisation, was consulted to write this paper. L’arrivée des Cam en Malaisie : souvenirs lointains et liens ravivés Lorsque Phnom Penh et Saïgon tombèrent en 1975, des foules de réfugiés s’enfuirent du Cambodge et du Vietnam à l’arrivée de régimes communistes dans les deux pays. La Malaisie fut une destination pour nombre d’entre eux. La position de la Malaisie sur cette question des réfugiés indochinois était cependant claire : leur cas devait être traité puis ils devaient être envoyés vers un pays tiers. Néanmoins, jusqu’en 1985 quelque 10 000 d’entre eux furent autorisés à s’installer. Ils étaient musulmans ou adhérents à la foi islamique, identifiés ethniquement comme Cam ou Islam Kemboja. Cet article se propose d’examiner les raisons sous-jacentes à la décision du gouvernement malaisien d’accepter ces réfugiés et à la décision des Cam de choisir la Malaisie. Mise à part l’adhésion commune à l’islam comme raison principale derrière ces deux décisions, cet article avance également que les esprits des Cam étaient si fortement imprégnés des liens anciens, à la fois religieux et politiques, que lorsque le Cambodge et le Vietnam tombèrent aux mains des communistes, ils choisirent Kelantan et la péninsule malaise pour s’installer. Pour la première fois, des informations de première main tirées des archives de Mubin Sheppard, alors Secrétaire Honoraire de l’Organisation Malaisienne de l’Aide Sociale Musulmane, ont été consultées pour rédiger cet article. siti Nor awang, Department of Anthropology and Sociology, Faculty of Arts and Social Sciences, University of Malaya, Kuala Lumpur Daripada Pelarian Kepada Usahawan: Pengalaman Masyarakat Cam di Pekan, Pahang, Malaysia Berdasarkan sebuah studi di lapangan pada tahun 2000an, kertas kerja ini memberi tumpuan kepada sekelompok masyarakat Muslim yang berasal dari negara Kemboja dan pada masa kini menetap di Negeri Pahang, khasnya di daerah Pekan. Mereka merupakan kumpulan Archipel 85, Paris, 2013 270 Résumés – Abstracts pelarian terawal yang ditempatkan di negeri Kelantan sebelum berpindah keluar dari negeri tersebut untuk memulakan kehidupan baru dengan bekerja sendiri menjelang awal tahun 1980an. Di daerah Pekan, mereka menemukan sebuah kawasan yang menunjukkan persamaan dengan keadaan penempatan mereka di negara asal Kemboja. Antara aktiviti ekonomi yang dilakukan sehingga kini adalah menternak ikan air tawar dalam sangkar. Kertas kerja ini menggambarkan aktiviti ini yang mulai diperkenalkan sekitar tahun 1984, dan pada masa kini merupakan aktiviti utama masyarakat Cam di tiga buah kampung di daerah Pekan. Masyarakat ini merupakan salah satu contoh kumpulan pelarian yang berasal dari Indochina dan berjaya diintegrasikan ke dalam masyarakat tempatan seterusnya berjaya mengukuhkan kedudukan ekonomi mereka sebagai pengeluar ikan air tawar terbesar di daerah Pekan. De réfugiés à entrepreneurs : l’expérience d’une communauté Cam de Pekan, Pahang, Malaisie Cette étude, basée sur un travail de terrain conduit durant les années 2000, est centrée sur une communauté musulmane originaire du Cambodge et aujourd’hui installée dans l’État de Pahang, précisemment dans la région de Pekan. Ses membres font partie des premiers réfugiés, d’abord hébergés à Kelantan avant de quitter cet État afin d’entamer une nouvelle vie indépendante au début des années 1980. Dans la région de Pekan, ils vont retrouver un environnement proche de celui qu’ils ont connu au Cambodge et l’aquaculture en eau douce figure au nombre des activités économiques qu’ils pratiquent jusqu’à aujourd’hui. Cet article décrit cette activité que la communauté a débutée vers 1984, et qui représente aujourd’hui l’activité principale de la communauté Cam dans trois villages de la région de Pekan. Cette communauté constitue l’un des cas d’intégration réussie de réfugiés d’origine indochinoise, qui de plus est parvenue à s’épanouir économiquement en devenant l’acteur le plus important de l’aquaculture en eau douce de la région de Pekan. Ludvik Kalus, Université de Paris IV, Sorbonne, Paris & claude Guillot, Centre national de la Recherche scientifique, Paris La principauté de Daya, mi-XVe-mi-XVIe siècle [Épigraphie islamique d’Aceh 6] Cet îlot de tombes à Daya (ou Lamno) est assez remarquable par le nombre et la qualité des personnages qui y sont enterrés. On y trouve en effet la sépulture du sultan ʻAlâʼ al-dîn, fils de ʻInâyat shâh, premier prince musulman de Daya, mais surtout celle de sa fille Dame Hûr. Mariée au sultan d’Aceh, ʻAlî Mughâyat shâh, elle est devenue la mère du sultan Salâh al-dîn renversé par son frère ʻAlâʼ al-dîn Riʼâyat shâh, celui qui a fait Aceh. The Principality of Daya, mid-15th Century – mid-16th Century [Islamic Epigraphy of Aceh 6] This small corpus of tombstones in Daya (or Lamno) is remarkable by the number and the quality of individuals who are buried there. Actually, there is the grave of Sultan ʻAlâʼ al-dîn, son of ʻInayat shâh, first Muslim prince of Daya, and particularly that of his daughter Dame Hûr. Married to the sultan of Aceh, ʻAlî Mughâyat shâh, she became the mother of Sultan Salâh al-dîn overthrown by his brother ʻAlâʼ al-dîn Riʼâyat shâh, the one who made Aceh. Hans Hägerdal, School of Cultural Sciences, Linnaeus University, Växjö, Sweden Cycles of Queenship on Timor: A Response to Douglas Kammen The present article is a rejoinder to Douglas Kammen recent study “Queens of Timor” (Archipel 84, 2012). Studying the numerous small polities (“kingdoms”) of Portuguese Timor, Kammen found a remarkable upsurge of female rulers in the nineteenth century, explained through the interplay between house, kingdom and colonial administration. However, the occurrence of female rule before 1800 is not as rare as suggested by Kammen. On the contrary, the available contemporary (Dutch and Portuguese) archival sources reveal a cyclical pattern of reigning queens. While almost no women in power are attested for the eighteenth century, there are at least eleven such cases on Timor and the adjacent islands in Archipel 85, Paris, 2013 Résumés – Abstracts 271 the period 1640-1700, that is, from the time when detailed documentation on Timor starts. Some of these queens owed their position to inheritance while others were widow-rulers. On average they appear personally active to a higher degree than the nineteenth century counterparts. The article discusses Timorese queenship in relation to the upsurge of female rule found in Aceh, Patani, and so on, in the same period. Like in these areas, the discontinuation of female rule on Timor after 1700 might be connected to external forces, in this case the new networks forged by European authorities. Cycles de royauté féminine à Timor : une réponse à Douglas Kammen Le présent article se veut une réplique à l’étude récente de Douglas Kammen “Queens of Timor” (Archipel 84, 2012). Étudiant les nombreuses petites entités politiques (« royaumes ») du Timor portugais, Kammen y relève la remarquable multiplication de dirigeantes féminines au cours du XIXe siècle, phénomène expliqué par l’interaction entre maison, royaume et administration coloniale. Cependant, l’existence du pouvoir féminin avant 1800 n’est pas aussi rare que le suggère Kammen. Au contraire, les sources archivistiques contemporaines (néerlandaises et portugaises) révèlent un modèle cyclique de reines au pouvoir. Alors que pratiquement aucune dirigeante n’est attestée au cours du XVIIIe siècle, il existe au moins onze de ces cas à Timor et dans les îles environnantes durant la période 1640-1700, c’est-àdire dès le moment où l’on dispose d’une documentation détaillée sur Timor. Certaines acquirent leur position par héritage, d’autres par leur statut de veuve d’ancien dirigeant. Cet article discute la question de la royauté timoraise en relation avec la montée contemporaine du pouvoir féminin à Aceh, Patani, et ailleurs. Comme dans ces régions, la disparition provisoire du pouvoir féminin à Timor après 1700 pourrait être liée à des forces externes, dans ce cas les nouveaux réseaux mis en place par les autorités européennes. Archipel 85, Paris, 2013