Résumés - Abstracts

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Résumés - Abstracts
résumés
– abstracts
Daniel Perret, École française d’Extrême-Orient, Kuala Lumpur & Danny Wong tze Ken,
Department of History, Faculty of Arts and Social Sciences, University of Malaya, Kuala
Lumpur
Monde insulindien et péninsule indochinoise : un panorama de contacts millénaires
Les relations historiques entre différentes régions d’Asie du Sud-Est restent une approche
encore largement sous-étudiée, surtout lorsqu’il s’agit d’examiner ces relations sur la longue
durée. Malgré des avancées notables depuis une trentaine d’années, l’histoire des relations
entre le monde insulindien et la péninsule indochinoise, deux aires qui vues globalement ont
emprunté des chemins divergents sur les plans linguistique, religieux et politique notamment,
n’échappe pas à ce constat.
Afin de stimuler ces recherches, ce panorama diachronique présente, à partir de données les
plus récentes, plusieurs jalons couvrant quelque 13 000 ans de contacts possibles ou avérés
depuis le « phénomène hoabinhien » jusqu’aux principaux phénomènes migratoires
observables aujourd’hui. Jusqu’au VIIe siècle EC, les données encore très fragmentaires ne
permettent pas pour l’instant d’aller au-delà de la mise en lumière d’espaces et de réseaux
caractérisés par des traits communs. Ensuite, progressivement la multiplication des
événements, toponymes et personnages connus permet de mieux préciser ces relations et
d’envisager des approches thématiques multiples allant de la culture matérielle jusqu’à la
circulation des idées.
Maritime Southeast Asia and Indochina: A Panorama of Contacts Across Millennia
Historical relations between regions of Southeast Asia remains a still largely under-studied
approach, especially for relations in the longue durée. Although significant progresses have
been made during the last thirty years, history of relations between Maritime Southeast Asia
and Indochina, two regions that took divergent paths, especially regarding languages,
religions and politics, is not an exception to this observation.
In order to stimulate these researches, this diachronic panorama, based on most recent data,
offers a number of milestones along the 13,000 years of possible or attested contacts, from the
“Hoabinhian phenomena” until the main migratory flows visible today. Until the 7th century
AD, the still very fragmentary data do not allow to go beyond the observation of spaces and
networks sharing a number of common features. Then, the gradual increase in the number of
known events, place names and individuals, allows a better insight into these linkages and
provides opportunities to conduct multiple thematic approaches, from material culture to
circulation of ideas.
arlo Griffiths, École française d’Extrême-Orient, Jakarta
The Problem of the Ancient Name Java and the Role of Satyavarman in Southeast Asian
International Relations Around the Turn of the Ninth Century CE
One of the most familiar narratives of ancient Southeast Asian history is the account of how
Cambodian king Jayavarman II liberated his country from Javā, and consequently declared
himself emperor in the year 802 CE. These events and this year are widely considered to
represent the beginning of the Angkorian “empire”. Recent years have seen several new
scholarly contributions questioning parts of this narrative. One issue is the very historicity of
the narrative elements about Jayavarman II, another topic of debate is the identity of Javā in
the narratives related to Jayavarman II, and, more generally, in the history of Southeast Asia.
After revealing the very weak foundations of certain recent attempts to argue that references
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to Javā in sources of the Southeast Asian mainland denoted a place on the continent or the
Malay peninsula, this paper argues that the Khmer inscriptions refer to the island of Java
when they use the term Javā. The paper shows, furthermore, that narratives involving Javā do
not exclusively concern Jayavarman II, but that a certain Satyavarman is in some sources
attributed a role very similar to that of the much more famous king Jayavarman II. It is
proposed that this Satyavarman may well have been the king of that name who ruled in
southern Campā around 800 CE, and hence that the epigraphical record of Satyavarman in
Campā is likely to hold important clues not only for the history of Campā itself, but equally
for international political relations between the Khmer, Cam and Javanese polities in the late
8th and early 9th century of our era.
Le problème de l’ancien nom Java et du rôle de Satyavarman dans les relations
internationales sud-est asiatiques vers le tournant du IXe siècle EC
L’un des récits les plus connus de l’histoire ancienne de l’Asie du Sud-Est est celui racontant
comment le roi Jayavarman II libére son pays de Javā et, par voie de conséquence, se proclame
lui-même empereur en 802 EC. Ces événements et cette année sont généralement considérés
comme représentant le début de « l’empire angkorien ». Des contributions savantes parues ces
dernières années ont remis en cause des éléments de ce récit. L’une des questions est celle de
l’historicité des éléments narratifs concernant Jayavarman II, un autre élément du débat étant
l’identité de Javā dans ces récits liés à Jayavarman II, et plus généralement dans l’histoire de
l’Asie du Sud-Est. Après avoir mis en avant les fondations très fragiles de certaines tentatives
récentes cherchant à démontrer que le Javā dans les sources d’Asie du Sud-Est continentale
renvoie à un lieu sur le continent ou en péninsule malaise, cet article avance que les inscriptions
khmères réfèrent à l’île de Java lorsqu’elles usent du terme Javā. Cet article montre, de plus,
que les récits impliquant Javā ne concernent pas exclusivement Jayavarman II, mais que dans
certaines sources un certain Satyavarman se voit attribuer un rôle très similaire à celui du roi
beaucoup plus célèbre Jayavarman II. Nous proposons ici que ce Satyavarman pourrait bien
être le roi du même nom ayant régné au Campā méridional vers 800 EC, et qu’ainsi les données
épigraphiques relatives à Satyavarman au Campā contiennent vraisemblablement des indices
importants, non seulement à propos de l’histoire du Campā lui-même, mais également à propos
des relations politiques internationales entre les entités politiques khmère, cam et javanaise à la
fin du VIIIe siècle et au début du IXe siècle de notre ère.
Geoff Wade, Nalanda Sriwijaya Centre, Institute of Southeast Asian Studies, Singapore
Maritime Routes Between Indochina and Nusantara to the 18th Century
This article offers an overview of historical Chinese, Arab and Vietnamese sources which
describe maritime links between the Indochina world and Maritime Southeast Asia from the
first century CE until the 18th century. It is in fact from the seventh century that texts begin to
provide a number of identifiable toponyms, and the burgeoning of Tang relations with distant
societies and polities in the following century saw new maritime routes developing in Southeast
Asia. In the 9th century, Chinese sources are supplemented with Arab accounts. Chinese sources
of the first millenium CE also contain details regarding the ships which sailed the seas between
Indochina and Nusantara, the 10th century being a key period of change in long distance trade
through Southeast Asia. By the 14th century the majority of the long-distance trading ships
which connected Nusantara and Indochina were Chinese and some possibly Southeast Asian.
The beginning of the 15th century brings new maritime route details in connection with the well
known voyages led by Zheng He. Further details are provided through three 16th century and
17 th century Chinese sources. The article ends with a presentation of data found in a
Vietnamese maritime guide dating to 1810 but based on earlier materials.
Routes maritimes entre l’Indochine et Nusantara jusqu’au XVIIIe siècle
Cet article offre un panorama de sources chinoises, arabes et vietnamienne qui décrivent les
relations maritimes entre le monde indochinois et l’Asie du Sud-Est maritime du premier siècle
de notre ère jusqu’au XVIIIe siècle. C’est en fait à partir du VIIe siècle que des textes
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commencent à livrer un certain nombre de toponymes identifiables et, au siècle suivant, l’essor
des relations entre les Tang et des sociétés et entités politiques lointaines voit le développement
de nouvelles routes maritimes en Asie du Sud-Est. Au IX e siècle, des sources arabes
complémentent les sources chinoises. Au cours du premier millénaire, ces dernières livrent
également des détails sur les navires qui sillonnent les mers entre l’Indochine et Nusantara, le Xe
siècle étant une période charnière pour le grand commerce maritime en Asie du Sud-Est. Dès le
XIVe siècle, la majorité des navires marchands hauturiers reliant Nusantara et l’Indochine sont
chinois et certains possiblement sud-est asiatiques. Le début du XVe siècle apporte de nouvelles
informations sur ces routes maritimes à l’occasion des expéditions bien connues de Zheng He.
Des données complémentaires sont également disponibles dans trois sources chinoises des XVIe
et XVIe siècles. L’article se termine par une présentation de données présentes dans un guide
maritime vietnamien datant de 1810 mais fondé sur des sources antérieures.
marie-France Dupoizat
Vietnamese Ceramics in the Malay World
Vietnamese ceramics were exported to the Malay World during periods when the ceramics
supply from China was restricted or reduced for domestic reasons, giving a rather clear
illustration of the importance and the structure of the trade networks in the China Sea. Specific
Vietnamese trade wares have been found in many places of the Malay World, from Sumatra to
the Philippines. The earliest group consists of underglaze black decorated bowls and
monochrome glazed bowls dating to the 14th century. Blue-and-white bowls, dishes and
covered boxes were the most frequently exported Vietnamese wares during the following
century, while monochrome wares were also in demand but to a lesser extent. Towards the end
of the 15th century, Vietnamese polychrome wares started to be exported along the same
maritime routes. The export of blue-and-white Vietnamese wares to the Malay World seems to
have ceased at the beginning of the 16th century. Again, under-supply of Chinese ceramics in
the late second half of the 17th century led to the export of a type of coarse Vietnamese ware to
the Malay World. Moreover, Vietnamese ceramics were also produced to respond to specific
orders, as was the case in the 15th century, with the Vietnamese wall tiles of Majapahit.
Céramiques vietnamiennes dans le monde malais
Des céramiques vietnamiennes furent exportées dans le monde malais à des périodes où, en
Chine, l’offre en céramiques était restreinte ou réduite pour des raisons intérieures, livrant
ainsi une image assez claire de l’importance de la structure des réseaux commerciaux en mer
de Chine méridionale. Des types particuliers de céramiques vietnamiennes ont été retrouvés à
divers endroits du monde malais, entre Sumatra et les Philippines. Le groupe le plus ancien
comprend des bols à décor noir sous couverte et des bols à couverte monochrome datés du
XIVe siècle. Durant le siècle qui suit, ce sont des bols « bleu et blanc », des plats et des boîtes
à couvercle qui représentent l’essentiel des exportations vietnamiennes, alors que les pièces
monochromes sont toujours en demande, mais dans une moindre proportion. C’est vers la fin
du XVe siècle que les céramiques polychromes vietnamiennes commencent à être exportées
en suivant les mêmes voies maritimes. L’exportation des « bleu et blanc » vietnamiens vers le
monde malais semble avoir pris fin vers le début du XVIe siècle. De nouveau, l’insuffisance
de l’offre en céramiques chinoises à la fin du XVIIe siècle, va conduire à l’exportation vers le
monde malais de pièces vietnamiennes de facture grossière. De plus, des céramiques
vietnamiennes furent également produites afin de satisfaire des demandes particulières. Ce fut
ainsi le cas au XVe siècle avec les carreaux vietnamiens de Majapahit.
Nicolas Weber, Nicolas Weber, Visiting lecturer, Department of South East Asian Studies,
Faculty of Arts and Social Sciences, University of Malaya, Kuala Lumpur
Les Cam et les Malais du Cambodge et de Cochinchine vus par les archives coloniales (1859-1954)
Cet article propose une étude des communautés cam et malaises du Cambodge et de
Cochinchine (Sud Viêt Nam) pendant la période coloniale à travers l’examen d’un corpus de
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documents administratifs tirés des Archives de la Résidence Supérieure du Cambodge. Les
documents étudiés mettent en valeur plusieurs aspects de la vie quotidienne des Cam et des
Malais pendant toute la période du Protectorat et nous apportent de précieuses informations
sur les difficultés auxquelles se sont heurtés les fonctionnaires de l’administration française
pour définir les questions d’identité, de nationalité et de statut légal des Cam et des Malais du
Cambodge. Les archives nous offrent également des informations sur les migrations des Cam
et des Malais et les tentatives de l’administration pour imposer une régulation. Enfin, les
archives nous apportent des renseignements inédits sur les conflits religieux
intracommunautaires qui ont secoué les communautés cam et malaises ainsi que sur la
question de la diffusion des mouvements réformistes religieux malais au Cambodge.
Cam and Malays in Cambodia and Cochinchina Seen Through Colonial Archives (1859-1954)
The aim of this paper is to study the Cam and Malay communities in Cambodia and
Cochinchina (South Vietnam) during the colonial period through the analysis of a corpus of
administrative documents belonging to the Archives of the Résidence Supérieure in
Cambodia. These documents highlight several aspects of the daily life of Cam and Malays
during the entire Protectorate period and provide precious data regarding the difficulties
encountered by the civil servants in the French administration in order to define questions of
identity, nationality and legal status of the Cam and Malays living in Cambodia. Archives also
offer information on the migrations of the Cam and Malays, as well as the administration’s
efforts to impose a regulation. Lastly, the archives offer new insights on the religious conflicts
inside the communities, that rocked the Cam and Malay communities, and also regarding the
diffusion of Malay religious reformist movements in Cambodia.
claudine salmon, Centre national de la Recherche scientifique, Paris
The Hạ châu or Southern Countries as Observed by Vietnamese Emissaries (1830-1844)
Although commercial relations between Vietnam and Insulinde go back to the remote past,
the Vietnamese have shown very little curiosity about their Southern neighbours; this explains
why travel accounts are so scarce. Here we intend to reflect on the reports and travel
impressions written by demoted civil servants who were sent to the Hạ châu or “Southern
Countries” to redeem their faults when the Nguyễn court became interested in obtaining
reports on the conditions and views of the European based in Bengal, the Straits, Java, and
Luzon. The original versions of these reports have apparently not survived, but several copies
are kept in various public libraries in Hanoi.
The first was Lý Văn Phức (1785-1849) demoted in 1829 and dispatched to Calcutta in early
1830 via Singapore, Malacca and Penang. He wrote three texts of which a record in prose and
a brief account in verse and prose more or less arranged in chronological order have survived.
Cao Bá Quát (1809-1854) who in 1844 accomplished a mission to Singapore and Batavia was
apparently the last demoted civil servant sent to the Hạ châu (after the arrival of the French in
Vietnam the Nguyễn court developed its relations with Hong Kong). He was the first to
realise that the Europeans were a particular danger to the region.
In order to perceive the political situation in the Malay world the emissaries had to rely on the
Chinese merchants who shared the same culture and who were the only people with whom
they could communicate at least by mean of the brush.
Les Hạ châu ou Contrées méridionales observées par des émissaires vietnamiens (1830-1844)
Bien que les relations entre le Viêt Nam et l’Insulinde remontent aux temps immémoriaux, les
Vietnamiens n’ont guère manifesté de curiosité pour leurs voisins méridionaux, ce qui explique
l’extrême rareté des récits de voyage. Ici, nous entendons réfléchir sur les rapports et
impressions de voyage écrits par des fonctionnaires civils dégradés ou révoqués qui furent
envoyés dans les Hạ châu ou « Contrées méridionales » pour racheter leurs fautes, lorsque les
Nguyễn devinrent désireux d’obtenir des rapports sur les conditions et les visées des Européens
établis au Bengale, dans les Détroits, à Java et à Luçon. Les textes originaux semblent avoir
disparu, mais des copies sont conservées dans diverses bibliothèques publiques de Hanoi.
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Le premier émissaire fut Lý Văn Phức (1785-1849), dégradé en 1829 qui, au début de l’année
1830, fut envoyé à Calcutta via Singapour, Malacca et Penang. Des trois textes qu’il composa,
deux ont survécu : un récit en prose et une brève relation chronologique mêlant vers et prose.
Cao Bá Quát (1809-1854) qui, en 1844, accomplit une mission à Singapour et à Batavia fut
apparemment le dernier fonctionnaire dégradé à avoir été envoyé dans les Hạ châu (après
l’arrivée des Français au Vietnam, les Nguyễn nouèrent des relations avec Hong Kong). Il fut
le premier à prendre conscience du fait que les Européens constituaient un danger particulier
pour la région. Afin de saisir la situation politique en Insulinde, les émissaires devaient avoir
recours aux marchands chinois dont ils partageaient la culture et qui étaient les seuls avec
lesquels ils pouvaient communiquer, au moins par écrit.
Danny Wong tze Ken, Department of History, Faculty of Arts and Social Sciences,
University of Malaya, Kuala Lumpur
The Cham Arrivals in Malaysia: Distant Memories and Rekindled Links
When Phnom Penh and Saigon fell in 1975, throngs of refugees fled Cambodia and Vietnam
in the face of incoming Communist regimes in the two countries. Malaysia became a
destination for many of them. However, Malaysia’s position in relations to the Indochinese
refugees was clear, namely, they were to be processed and to be resettled to a third country. In
spite of this, until 1985, some ten thousand among them were allowed to settle. They were
Muslims or practitioners of the Islamic faith, ethnically known as Chams or Islam Kemboja.
This paper sets out to investigate the reasons behind the Malaysian Government’s decision to
accept these refugees and the reasons the Chams chose Malaysia. Apart from the common
adherence to Islam as the main reason behind both decisions, this paper also argues that old
links, both religious and political, were strongly imprinted in the minds of the Chams so much
so that when Cambodia and Vietnam fell to the Communists, it was Kelantan and the Malay
Peninsula that the Chams had chosen to settle in. For the first time, first-hand information
from the personal papers of Mubin Sheppard, at the time Honorary Secretary of the Malaysian
Muslim Welfare Organisation, was consulted to write this paper.
L’arrivée des Cam en Malaisie : souvenirs lointains et liens ravivés
Lorsque Phnom Penh et Saïgon tombèrent en 1975, des foules de réfugiés s’enfuirent du
Cambodge et du Vietnam à l’arrivée de régimes communistes dans les deux pays. La Malaisie
fut une destination pour nombre d’entre eux. La position de la Malaisie sur cette question des
réfugiés indochinois était cependant claire : leur cas devait être traité puis ils devaient être
envoyés vers un pays tiers. Néanmoins, jusqu’en 1985 quelque 10 000 d’entre eux furent
autorisés à s’installer. Ils étaient musulmans ou adhérents à la foi islamique, identifiés
ethniquement comme Cam ou Islam Kemboja. Cet article se propose d’examiner les raisons
sous-jacentes à la décision du gouvernement malaisien d’accepter ces réfugiés et à la décision
des Cam de choisir la Malaisie. Mise à part l’adhésion commune à l’islam comme raison
principale derrière ces deux décisions, cet article avance également que les esprits des Cam
étaient si fortement imprégnés des liens anciens, à la fois religieux et politiques, que lorsque
le Cambodge et le Vietnam tombèrent aux mains des communistes, ils choisirent Kelantan et
la péninsule malaise pour s’installer. Pour la première fois, des informations de première main
tirées des archives de Mubin Sheppard, alors Secrétaire Honoraire de l’Organisation
Malaisienne de l’Aide Sociale Musulmane, ont été consultées pour rédiger cet article.
siti Nor awang, Department of Anthropology and Sociology, Faculty of Arts and Social
Sciences, University of Malaya, Kuala Lumpur
Daripada Pelarian Kepada Usahawan: Pengalaman Masyarakat Cam di Pekan, Pahang,
Malaysia
Berdasarkan sebuah studi di lapangan pada tahun 2000an, kertas kerja ini memberi tumpuan
kepada sekelompok masyarakat Muslim yang berasal dari negara Kemboja dan pada masa
kini menetap di Negeri Pahang, khasnya di daerah Pekan. Mereka merupakan kumpulan
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pelarian terawal yang ditempatkan di negeri Kelantan sebelum berpindah keluar dari negeri
tersebut untuk memulakan kehidupan baru dengan bekerja sendiri menjelang awal tahun
1980an. Di daerah Pekan, mereka menemukan sebuah kawasan yang menunjukkan persamaan
dengan keadaan penempatan mereka di negara asal Kemboja. Antara aktiviti ekonomi yang
dilakukan sehingga kini adalah menternak ikan air tawar dalam sangkar. Kertas kerja ini
menggambarkan aktiviti ini yang mulai diperkenalkan sekitar tahun 1984, dan pada masa kini
merupakan aktiviti utama masyarakat Cam di tiga buah kampung di daerah Pekan.
Masyarakat ini merupakan salah satu contoh kumpulan pelarian yang berasal dari Indochina
dan berjaya diintegrasikan ke dalam masyarakat tempatan seterusnya berjaya mengukuhkan
kedudukan ekonomi mereka sebagai pengeluar ikan air tawar terbesar di daerah Pekan.
De réfugiés à entrepreneurs : l’expérience d’une communauté Cam de Pekan, Pahang,
Malaisie
Cette étude, basée sur un travail de terrain conduit durant les années 2000, est centrée sur une
communauté musulmane originaire du Cambodge et aujourd’hui installée dans l’État de
Pahang, précisemment dans la région de Pekan. Ses membres font partie des premiers
réfugiés, d’abord hébergés à Kelantan avant de quitter cet État afin d’entamer une nouvelle
vie indépendante au début des années 1980. Dans la région de Pekan, ils vont retrouver un
environnement proche de celui qu’ils ont connu au Cambodge et l’aquaculture en eau douce
figure au nombre des activités économiques qu’ils pratiquent jusqu’à aujourd’hui. Cet article
décrit cette activité que la communauté a débutée vers 1984, et qui représente aujourd’hui
l’activité principale de la communauté Cam dans trois villages de la région de Pekan. Cette
communauté constitue l’un des cas d’intégration réussie de réfugiés d’origine indochinoise,
qui de plus est parvenue à s’épanouir économiquement en devenant l’acteur le plus important
de l’aquaculture en eau douce de la région de Pekan.
Ludvik Kalus, Université de Paris IV, Sorbonne, Paris & claude Guillot, Centre national de
la Recherche scientifique, Paris
La principauté de Daya, mi-XVe-mi-XVIe siècle [Épigraphie islamique d’Aceh 6]
Cet îlot de tombes à Daya (ou Lamno) est assez remarquable par le nombre et la qualité des
personnages qui y sont enterrés. On y trouve en effet la sépulture du sultan ʻAlâʼ al-dîn, fils de
ʻInâyat shâh, premier prince musulman de Daya, mais surtout celle de sa fille Dame Hûr.
Mariée au sultan d’Aceh, ʻAlî Mughâyat shâh, elle est devenue la mère du sultan Salâh al-dîn
renversé par son frère ʻAlâʼ al-dîn Riʼâyat shâh, celui qui a fait Aceh.
The Principality of Daya, mid-15th Century – mid-16th Century [Islamic Epigraphy of Aceh 6]
This small corpus of tombstones in Daya (or Lamno) is remarkable by the number and the
quality of individuals who are buried there. Actually, there is the grave of Sultan ʻAlâʼ al-dîn,
son of ʻInayat shâh, first Muslim prince of Daya, and particularly that of his daughter Dame
Hûr. Married to the sultan of Aceh, ʻAlî Mughâyat shâh, she became the mother of Sultan
Salâh al-dîn overthrown by his brother ʻAlâʼ al-dîn Riʼâyat shâh, the one who made Aceh.
Hans Hägerdal, School of Cultural Sciences, Linnaeus University, Växjö, Sweden
Cycles of Queenship on Timor: A Response to Douglas Kammen
The present article is a rejoinder to Douglas Kammen recent study “Queens of Timor”
(Archipel 84, 2012). Studying the numerous small polities (“kingdoms”) of Portuguese Timor,
Kammen found a remarkable upsurge of female rulers in the nineteenth century, explained
through the interplay between house, kingdom and colonial administration. However, the
occurrence of female rule before 1800 is not as rare as suggested by Kammen. On the
contrary, the available contemporary (Dutch and Portuguese) archival sources reveal a
cyclical pattern of reigning queens. While almost no women in power are attested for the
eighteenth century, there are at least eleven such cases on Timor and the adjacent islands in
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the period 1640-1700, that is, from the time when detailed documentation on Timor starts.
Some of these queens owed their position to inheritance while others were widow-rulers. On
average they appear personally active to a higher degree than the nineteenth century
counterparts. The article discusses Timorese queenship in relation to the upsurge of female
rule found in Aceh, Patani, and so on, in the same period. Like in these areas, the
discontinuation of female rule on Timor after 1700 might be connected to external forces, in
this case the new networks forged by European authorities.
Cycles de royauté féminine à Timor : une réponse à Douglas Kammen
Le présent article se veut une réplique à l’étude récente de Douglas Kammen “Queens of
Timor” (Archipel 84, 2012). Étudiant les nombreuses petites entités politiques (« royaumes »)
du Timor portugais, Kammen y relève la remarquable multiplication de dirigeantes féminines
au cours du XIXe siècle, phénomène expliqué par l’interaction entre maison, royaume et
administration coloniale. Cependant, l’existence du pouvoir féminin avant 1800 n’est pas
aussi rare que le suggère Kammen. Au contraire, les sources archivistiques contemporaines
(néerlandaises et portugaises) révèlent un modèle cyclique de reines au pouvoir. Alors que
pratiquement aucune dirigeante n’est attestée au cours du XVIIIe siècle, il existe au moins
onze de ces cas à Timor et dans les îles environnantes durant la période 1640-1700, c’est-àdire dès le moment où l’on dispose d’une documentation détaillée sur Timor. Certaines
acquirent leur position par héritage, d’autres par leur statut de veuve d’ancien dirigeant. Cet
article discute la question de la royauté timoraise en relation avec la montée contemporaine du
pouvoir féminin à Aceh, Patani, et ailleurs. Comme dans ces régions, la disparition provisoire
du pouvoir féminin à Timor après 1700 pourrait être liée à des forces externes, dans ce cas les
nouveaux réseaux mis en place par les autorités européennes.
Archipel 85, Paris, 2013