Vertical Road - Archives

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Vertical Road - Archives
Saison
2010-2011
Saison
2010-2011
Vertical Road
Lundi 23 et mardi 24 mai 2011
© Rachel Cherry
Au Grand T
Dossier Jeune Public
1
Sommaire
Présentation .......................................................................................... 3
Le propos............................................................................................... 4
A propos de Vertical Road ................................................................... 5
Vertical Road : scénographie et inspiration ........................................ 6
Akram Khan, chorégraphe ................................................................... 9
Entretien avec Akram Khan ................................................................ 10
Vertical Road : photos ........................................................................ 11
Les échos de la presse ....................................................................... 13
Dossier réalisé à partir de documents divers
dont ceux fournis par Akram Khan Company.
2
Vertical Road
De et par
Akram Khan
Musique
Dramaturgie
Lumières
Recherche
Direction technique
Nitin Sawhney
Ruth Little
Jesper Kongshaug
Jess Gormley
Fabiana Piccioli
Avec
Eulalia Ayguade Farro
Konstatina Efthymiadou
Salah El Brogy
Ahmed Khemis
Andrej Petrovic
Young Jin Kim
Yen-Ching Lin
Paul Zivkovich
Elias Lazaridis
Espagne
Grèce
Egypte
Algérie/Tunisie
Slovaquie
Corée du Sud
Taiwan
Australie
Production
Akram Khan Company
Coproduction
ADACH / Abu Dhabi Authority for Culture and Heritage, Sader’s Wells / London,
Curve Theatre / Leicester, Théâtre de la Ville / Paris, National Arts Centre / Ottawa,
Mercat de les Flors / Barcelone
Production des résidences
Curve / Leicester et DanceEast / Ipswich
Avec le soutien de
Arts Council England
Sponsor
COLAS
Le lundi 23 mai 2011 à 20h30
Le mardi 24 mai 2011 à 20h
Au Grand T
Durée du spectacle : 1h15
e
Public : à partir de la 3
Tarif : 9€ par élève ou un pass-culture
3
Le propos
« Je suis de plus en plus happé, contre mon gré, par un courant
horizontal fort, qui est un lieu où le temps se déplace à une telle
vitesse, que même notre souffle est obligé de s’accélérer juste pour
que nous, humains, puissions survivre. Et j’ai toujours cru que c’était
dans notre lente expiration que le sens de cette profonde énergie
spirituelle réside. Dans un monde qui bouge si vite, avec la
croissance de la technologie et des informations, je suis d'une façon
ou d'une autre poussé à agir contre ce courant, à la recherche de ce
qui pourrait être connecté non seulement spirituellement, mais aussi
verticalement. »
Akram Khan, chorégraphe
Acclamé sur la scène internationale, le chorégraphe Akram Khan est reconnu pour la vitalité
et l’innovation qu’il apporte à l’expression interculturelle et transdisciplinaire.
Vertical Road, sa dernière création contemporaine, poursuit son ambition d’explorer les liens
entre les différentes cultures et disciplines créatives. Akram Khan rassemble des danseurs et
artistes venus d’Asie, d’Europe et du Moyen-Orient, d’âge, de disciplines et de vécu
différents.
© Rachel Cherry
Inspiré par les histoires d’anges présentes à travers différentes cultures, croyances et
mythologies, Vertical Road contemple leur rôle universel en forme de trait d’union
entre l’humain et le sacré. A partir du folklore moyen-oriental et de la philosophie, il
investigue la signification du terme arabe 'zénith' ou 'ligne verticale', point culminant
atteint par tout corps céleste. Par une scénographie et une mise en scène innovantes,
Vertical Road parvient à créer une expérience visuelle inspirante et profondément
spirituelle.
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A propos de Vertical Road
Vertical Road : Akram Khan tout en puissance
[…] « La diversité culturelle est omniprésente dans le travail du chorégraphe, et se retrouve
dans Vertical Road.
Créée en septembre 2010 au Curve Theatre de Leicester avec huit danseurs venus d’Asie,
d’Europe et du Proche-Orient, Vertical Road forme un chœur vibrant à l’unisson de ses
membres. La danse apparaît sous une lumière crue, les danseurs émanent dans une fumée
blanche, la musique se fait quasi mystique. En fond de scène, une membrane sépare deux
mondes, signalant l’existence d’un ailleurs, d’un au-delà. De l’autre côté, des silhouettes et
des ombres se laissent entrevoir. Energique, puissante, la danse semble relever d’un rite et
les danseurs appartenir à une tribu lointaine, dont la gestuelle semble être codifiée. Les
martèlements lancinants de la musique de Nitin Sawhney scandent les frappés d’un peuple
venu d’un autre monde.
Entre chamanisme et rituels anciens, la danse bascule vers le mysticisme. Esthétique,
la chorégraphie devient une cérémonie à part entière. Les chutes et les courses
effrénées des danseurs laissent place à des phases de recueillement. Tout en
contrastes, cette création surprend par sa force et son élan. Un vent nouveau souffle
sur la danse, le corps de la création contemporaine semble être porté par une âme, en
quête d’un au-delà. Les pulsions de ce voyage résonnent dans la création d’Akram
Khan qui dit s’être abreuvé à la source du poète et philosophe Roumi, instigateur du
soufisme. Il ajoute être parti en quête d’un chemin spirituel qui s’opposerait à
l’horizontalité de la vie profane.
Avec cette nouvelle création, Akram Khan confirme son talent de chorégraphe, mais aussi
de père spirituel. Vertical Road n’est pas seulement une danse mais un état d’esprit, une
vision du monde, apportant une inspiration exaltante à la création contemporaine. La
puissance de ces danseurs nous confortent dans la croyance et l’assurance que la danse
ouvre le monde vers un au-delà désormais accessible pas la communion des corps. »
Aliénor de Foucaud
http://toutelaculture.com
5
Vertical Road :
scénographie et inspirations
« Quand une personne quitte ce monde,
il part au ciel. Ce dernier s'ouvre à lui
comme le centre d'une roue. Grâce à
cela, il monte là-haut. »
Brihad-Aranyaka-Upanishad IV
DR
L'ascension verticale est un motif religieux commun. On pense souvent que l’âme part
vers le haut quand elle est libérée après la mort, s’élevant vers le ciel et le « créateur
suprême ». C'est une géographie abstraite, un endroit où beaucoup croient que nous
allons quand nous n'existons plus sur terre, et peut-être l'endroit dont nous sommes
tous venus. Tandis que les progrès de la science sont incapables de révéler ce
territoire inconnu, la mort reste pour nous tous notre destin suprême.
Textes religieux
© Kaddia Attia
Vertical Road s’inspire de deux textes religieux importants qui se concentrent sur l'ascension
verticale comme ligne directe entre le royaume spirituel du "dessus" et une existence
terrestre du "dessous" :
L'Islam « le Kitab Al-Miraj » (la nuit de
l'ascension) : le Prophète Mohammed monte
de Jérusalem, par les 7 Ciels de l'Islam, pour
se prosterner devant Allah. C'est à ce moment
qu'Allah commande à Mohammed de retourner
sur terre et de dire au peuple Musulman de
prier.
Le Christianisme « l'Échelle de Jacob » (le Livre de la Genèse) : Jacob rêva d'une échelle
qui reliait la terre au ciel, le long de laquelle tous les anges de Dieu montaient et
descendaient.
6
Les interprétations historiques de ces récits s’opèrent à deux niveaux : le premier, appelé
l'échelle ascétique, où ses actes vertueux sur terre élèvent l'âme de nos préoccupations
terrestres pour nous rapprocher d'un royaume spirituel. Le second est le voyage que l'âme
entreprend après la mort, montant au ciel jusqu'à la lumière de Dieu.
William Forsythe, Scattered Crowd (2009)
L'Odyssée humaine
Nous éprouvons tous la naissance, la mort et le temps qui passe. Nous avons un corps
durant toute notre vie, qui se transforme durant toute sa durée, mais qui reste notre coquille
unique. C'est ce même corps que nous avons aujourd’hui, qui a appris à marcher quand
nous étions bébé, qui s'affaiblira au moment de la vieillesse et qui se décomposera
finalement en poussière à notre mort. Nos corps éprouveront tous ces états de
transformation.
« Nos vies individuelles ne sont pas
éternelles. Elles incluent la
naissance et la mort, mais la vie
humaine est courte et nous sommes
si petits comparés au cosmos ;
cependant nous pouvons atteindre
la grandeur et toucher des idées
éternelles. »
Bill Viola, artiste
7
Les Axes des mondes de l’après
© Au Revoir Parapluie, James Thierrée
Les cultures antiques ont situé 'le monde de l’après' sur
différents axes géographiques, c'est-à-dire, au-dessus, audessous ou sur la terre.
1) AU-DESSUS : 'le royaume spirituel le plus haut' et 'le
Paradis Haut' de l'Islam, du Christianisme et du Judaïsme.
2) AU-DESSOUS : le monde des 'Enfers' en Grèce antique,
ou l'obscurité profonde de 'Sheol' dans le Judaïsme antique.
3) SUR TERRE : l'île mystique de 'Java' où le peuple de la
Mer du Sud croit que la vie et les morts coexistent sur terre.
Les morts nous regardent-ils d’en haut ou vivent-ils parmi nous ? Levons-nous les yeux vers
les étoiles et y voyons-nous une vie infinie ? Est-ce que les vertueux montent et les damnés
descendent ?
© William Blake
Quand nous naissons, descendons-nous grâce à la force de gravité ? Et dans la mort, notre
âme est-elle si lumineuse qu'elle flotte dans le ciel ? Comment les forces de l'univers ontelles un effet sur nous tant dans la vie que dans la mort ?
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Akram Khan, chorégraphe
Né en 1974 à Londres, Akram Khan est issu d’une famille
bangladaise. Ayant découvert la danse à l’âge de 7 ans
auprès du grand danseur et professeur de « kathak », Sri
Pratap Pawar, il décroche son premier rôle à 14 ans dans
le Mahâbhârata, épopée sanskrite mise en scène par
Peter Brook.
DR
A partir des années 90, Akram Khan commence à donner, des représentations en soliste,
faisant converger le répertoire classique de danse « kathak » et la danse moderne,
notamment dans Polaroid Feet (2001), Ronin (2003) et Third Catalogue (2005).
Avec le producteur Farooq Chaudhry, il crée sa propre compagnie en août 2000.
Akram Khan Dance Company présente des créations originales, notamment Ma (2004), pour
laquelle il reçoit un South Bank Show Award (2005), et Zero degrees (2005) en collaboration
avec le danseur Sidi Larbi Cherkaoui, le sculpteur Antony Gormley et le compositeur Nitin
Sawhney. En 2007, Zero degrees a été distingué au niveau international avec le prix de la
meilleure chorégraphie et le prix du meilleur danseur aux Helpman Awards.
Akram Khan poursuit ses collaborations interdisciplinaires avec la danseuse classique Sylvie
Guillem dans Sacred monsters (2006), créé avec le chorégraphe taïwanais Lin Hwai Min. La
même année, il présente à Cologne Variations, en collaboration avec le London Sinfonietta,
pour célébrer le 70e anniversaire du compositeur Steve Reich. Cette création a ensuite
effectué une tournée en Europe et en Amérique du Nord. Toujours ouvert à la diversité de
l’expression artistique, Akram Khan a également écrit une partie des chorégraphies de la
tournée Showgirl de Kylie Minogue (2006).
In‐I, duo créé en 2008 avec l’actrice Juliette Binoche et le scénographe Anish Kapoor, vient
d’achever une grande tournée internationale. Salué par les critiques du monde entier, son
dernier spectacle, intitulé Bahok, produit en collaboration avec le Ballet national de
Chine et accueilli au Grand T en novembre 2009, a terminé sa tournée internationale
en mai 2010 à Pékin, la ville de sa création.
Gnosis est la dernière création solo d’Akram Khan. Mélange de danse classique indienne et
de danse contemporaine, Gnosis met en opposition deux mondes : celui de la tradition et
celui de l’innovation. Akram Khan est accompagné par des musiciens de renommée
internationale, en provenance de l’Inde, du Japon et du Royaume‐Uni.
Dans Vertical Road, Akram Khan explore les interfaces entre différentes cultures et
différentes disciplines artistiques. Réunissant danseurs et artistes d’Orient et
d’Occident, Vertical Road célèbre la diversité à travers la danse. La première a eu lieu
au Sadler’s Wells à Londres le 5 octobre 2010.
Akram Khan a reçu de nombreux prix au cours de sa carrière. Il est membre de l’Ordre
de l’Empire britannique depuis 2005 pour services rendus à la danse.
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Entretien avec Akram Khan
Akram Khan: « Nos corps ont besoin de s'exprimer »
Que raconte ce spectacle?
« Ce n’est vraiment pas ce qui importe, pas dans ce spectacle-ci en tous cas, qui est très
viscéral, laisse place à l’imagination. Je voudrais simplement que l’on sente les émotions
très fortes dégagées par les danseurs. Et que les spectateurs s’inventent leurs histoires.
C’est comme regarder une bande-dessinée, mais que les bulles soient vides. »
La troupe est très internationale, avec des danseurs qui viennent d’Asie, d’Europe, du
Moyen-Orient… C’était important?
« Non. Je ne suis pas un publicitaire pour Benetton! [Il rit.] Ca s’est simplement fait comme
ça. Certains dansent avec moi depuis longtemps. Deux sont très spécifiques; ils viennent du
monde arabe, c’est une approche différente, plus spirituelle de la danse. Ce n’est pas une
histoire de technique, c’est une histoire de croyance. Les autres danseurs ont autre chose,
mais eux respirent la spiritualité. »
Black Swan, Pina de Wim Wenders, la série Glee, la danse est de plus en plus
présente pour le grand public.
« Je pense que ça ne durera pas. C’est un cycle. A une époque, il y a eu Dirty Dancing,
Fame : toute une fièvre autour de la danse. La danse prend de nouveau de l’importance. Je
crois que de temps en temps, il faut se souvenir que nos corps ont besoin de s’exprimer. On
est dans un monde très verbal, avec beaucoup d’informations dans tous les sens, en
permanence. La danse est une forme d’expression dans laquelle on est vraiment sincères.
La société a peut-être besoin de cette sincérité en ce moment. Moi la danse est la seule
forme à travers laquelle je ne mens pas. Je mens tout le temps autrement ! »
Vous croyez que cet intérêt pour la danse peut amener le public vers des spectacles
comme les vôtres ?
« Non je ne crois pas. La danse dans la fiction est très différente. Et j’adore ça. J'ai trouvé
Black Swan très réussi, et j'adore les comédies musicales, Fred Astair et Gene Kelly. Et
quand j’étais plus jeune j’étais un très grand fan de Michael Jackson. C’est commercial et
très pointu à la fois, selon le regard que l’on porte sur lui. Dans tous les cas ce qu’il fait est
universel, incomparable à ce que je fais, qui est peut-être plus spécifique. »
Plus élitiste?
« J’espère que non. Je déteste les gens élitistes. Je déteste les artistes qui se croient, eux
ou leur art, au-dessus de tout le monde. Certains danseurs croient par exemple que
Bollywood, c’est de la merde. Moi j’adore Bollywood. Mais je ne peux pas danser comme ça,
je ne sais pas comment on fait, ce n’est pas moi. Pourtant je vais secrètement voir des films
de Bollywood tout le temps… »
Propos recueillis par Charlotte Pudlowski
20Minutes, le 10 mars 2011
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© Rachel Cherry
© Rachel Cherry
Vertical Road : photos
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© Rachel Cherry
Les échos de la presse
Akram Khan, de la terre vers le ciel
Avec Vertical Road, le chorégraphe anglais signe une pièce animale et primitive sur la
nature humaine. Sa création sera jouée au Théâtre de la Ville, à Paris, à partir de
vendredi.
Il est sans doute l’un des chorégraphes les plus intéressants de la nouvelle génération. A la
fois surprenant et touche-à-tout. Insaisissable et envoûtant. Mêlant avant-gardisme audacieux
et spiritualité humaniste. Akram Khan met en danse ce qu’il a vécu. Né de parents originaires
du Bangladesh, il a grandi à Londres, dans le quartier difficile (et raciste) de Wimbledon. Pris
entre la tradition familiale et le désir de se forger sa propre identité. Voilà pourquoi, tout en
étudiant l’art du kathak à l’académie de danse indienne, il suit les cours de la Northern School
of Contemporary Dance à Leeds, puis intègre un laboratoire de création fondé par la
chorégraphe flamande Teresa de Keersmaeker.
En 2002, sa première pièce longue, Kaash, fait sensation : on y découvre une gestuelle
moderne, fluide et rythmée, une énergie ébouriffante et une inventivité métissée. La touche
Akram Khan, que le chorégraphe décline en essayant d’éviter la redite. Le voilà donc
confrontant sa tradition de danse indienne avec les envolées hip-hop de Sidi Larbi Cherkaoui
dans Zero Degrees, dansant en duo avec la star du classique Sylvie Guillem dans Sacred
Monsters, ou entraînant dans la danse l’actrice Juliette Binoche dans In-I. Avec Vertical
Road, Akram Khan revient à un travail de groupe. "J’en avais assez d’être à deux sur scène.
J’avais besoin du contact avec d’autres danseurs venus d’horizons différents. D’autant que je
privilégie l’échange avec eux dans la création." Le chorégraphe renoue aussi avec la
spiritualité.
Entre tradition soufie et Sacre du printemps
"Tout est parti d’une anecdote. Alors que j’étais en Australie, un couple s’engouffre dans le
taxi que j’avais arrêté en sortant du théâtre. J’étais scandalisé. L’homme baisse la vitre, me
demande si je suis le danseur du spectacle et me félicite. Un peu énervé, je décide d’appeler
mon père, à qui je parle rarement. Au volant, le chauffeur, qui m’a entendu discuter en
bengali, m’explique qu’il le connaît. Il lui avait donné de l’argent pour quitter le pays
quarante ans plus tôt et ne l’avait jamais revu. J’ai appelé mon père et je lui ai passé
l’homme. Ils ont fini en larmes. Finalement, le couple du début, ce n’était pas des ennemis,
mais plutôt deux anges. C’est grâce à eux que je suis monté dans le second taxi et que j’ai eu
envie de parler à mon père. Du coup, je me suis demandé si on était vraiment seul, ou si une
force invisible nous connectait aux autres."
S’inspirant de la tradition soufie, "car il y a une grande spiritualité dans la danse arabe", et
des œuvres du poète persan Rumi, le chorégraphe imagine l’histoire d’un prophète qui revient
sur terre et découvre que les hommes sont devenus des guerriers primitifs. Il va alors essayer
de les entraîner vers plus de grâce, de faire grandir leur âme et de les mener vers une vie dans
l’au-delà. Il y a une dimension beaucoup plus animale et viscérale, voire tribale, dans ce
voyage de la terre vers le ciel pour neuf danseurs. Qui ne va pas sans rappeler Le Sacre du
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printemps de Pina Bausch. "Il y a en effet quelque chose de ressemblant en termes d’énergie.
On commence à danser sur des percussions, tels des battements du cœur, et la musique se fait
plus harmonieuse à mesure que les individus retrouvent leur humanité." Comme à son
habitude, Akram Khan a soigné la scénographie de Vertical Road. Un immense rideau opaque
sépare le gourou de ses ouailles, comme une frontière molle entre le monde terrestre et celui
de l’au-delà que les hommes veulent à tout prix traverser. "L’un des grands fantasmes de
notre civilisation".
Barbara Théate - Le Journal du Dimanche
Samedi 26 Février 2011
Vertical Road d'Akram Khan
Critique parue dans le n°304
Décembre 2010
Londres/Sadler's Well
Photo : R. Haughton
Du 4 au 13 mars 2011 au théâtre de la Ville à Paris.
Salah El Brogy se cogne à la membrane qui occulte le fond de scène tandis que l'espace
ruisselle de bruits aquatiques.
Bientôt, cette fine pellicule s'envolera et les sept danseurs, rejoints par le premier, se lanceront
dans des ondulations, chutes spiralées, tours à la rapidité vertigineuse, qui toutes semblent
répercuter cette première onde de choc envahissant le plateau, par vagues successives. Sorte
de tourbillon chorégraphique, Vertical Road n'a rien d'une ligne droite mais tout de circulaire.
Ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait qu'Akram Khan se réfère dans cette pièce au poète et
philosophe persan Roumi, instigateur du soufisme. Vertical Road exprimant le chemin
spirituel face à l'horizontalité de la vie profane. La scénographie, plutôt majestueuse avec ses
lumières extrêmement travaillées, ses costumes aux plissés qui semblent suinter de la
poussière d'os à chaque mouvement, rappelle par moments un butô raffiné alors que la
gestuelle fait irrésistiblement penser à certaines chorégraphies des années 80, mais dont la
technicité aurait terriblement évolué jusqu'à devenir virtuose. D'ailleurs, outre l'époustouflant
Salah El Brogy, les sept danseurs (trois femmes, quatre hommes) venus de tous les coins du
monde sont exceptionnels. Finalement, cette nouvelle veine du chorégraphe, jusque-là plutôt
connu pour ses relectures du khatak ou la fable narrative, ouvre une sorte de perspective vers
un “ballet contemporain”.
Par Agnès Izrine
www.dansermag.com
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Akram Khan veut monter au ciel mais peine
à décoller
|
| Edition du 11.03.11
Quelle mouche mystique a piqué Akram Khan ? Sa nouvelle pièce pour huit danseurs,
Vertical Road, à l'affiche du Théâtre de la Ville, à Paris, jusqu'au 13 mars, tente de monter au
ciel mais peine à décoller du plateau. A croire qu'il manque quelques barreaux à l'échelle
spirituelle rêvée par le chorégraphe britannique d'origine bangladaise.
La première vision des danseurs, couverts de terre et disposés en pointe de flèche, impose
l'idée d'une expédition tribale. Cette imagerie, au demeurant léchée et plutôt réussie dans un
registre repéré, persiste tout au long de la pièce, alourdie par une charge chorégraphique
massive et une partition percussive de même acabit du compositeur Nitin Sawhney.
Akram Khan compte sur l'impact du groupe lancé dans des salves de mouvements presque
martiaux pour raconter cet élan vers un ailleurs. Acrobatique, viscéral, le mouvement fait
monter la pression sans qu'arrive l'ascension annoncée dans le titre Vertical Road. Un "leader"
barbu, figure solitaire et exemplaire, semble mener comme il faut la petite troupe sur la voie
de la connaissance. Curieusement, on a beau reconnaître parfois la patte vive d'Akram Khan,
Vertical Road ne possède pas la verve fonceuse de ses productions habituelles, très
contemporaines dans l'esthétique et les thèmes. Il est loin, l'aéroport no man's land de Bahok
(2008) qui accueillait tous les migrants du monde sur ses sièges-coquilles en plastique.
Idem pour le traitement virevoltant des corps. Leur enracinement paradoxal dans le sol et leur
précision rythmique rappellent évidemment les origines d'Akram Khan, la danse kathak, style
traditionnel du nord de l'Inde, bâti sur des pirouettes cinglantes, des frappes de pieds
impératives, mais sans en posséder l'audace.
Une seule séquence, vers la fin du spectacle, retrouve la dynamique d'ivresse, la vitesse et la
fluidité combinées, qui a fait le succès d'Akram Khan depuis 2000. Transformés en particules
d'énergie, les danseurs balayent le plateau à coups de tornades, happés par des bras qui
semblent leur échapper. Décollage à vue dans l'espace, enfin un ange plane.
"Vertical Road" d'Akram Khan. Théâtre de la Ville, place du Châtelet, Paris 4°. Jusqu'au
13 mars, à 20 h 30. Dimanche, 15 heures. Tél. : 01-42-74-22-77. De 15 à 28 euros.
Rosita Boisseau
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Saison 2010-2011
Contacts Jeune Public
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Annie Ploteau / 02 28 24 28 17
[email protected]
Le Grand T
BP 30111
44001 Nantes cedex 01
Tel 02 28 24 28 24
Fax 02 28 24 28 38
De nombreuses pistes de travail autour des spectacles
sont disponibles dans le document
« Aller au théâtre :
lire, voir, dire, écrire et faire… avec les élèves »
Rendez-vous sur :
http://www.legrandT.fr/IMG/pdf/aller_au_theatre.pdf

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