1840 les armes de l`empereur

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1840 les armes de l`empereur
1840
LES ARMES DE L’EMPEREUR
A Sainte-Hélène, Napoléon avait confié par testament au grand
maréchal (Bertrand) l’épée d’Austerlitz, un poignard et un glaive (1).
Bertrand avait pour mission de remettre ces armes à l’Aiglon, mais le
gouvernement autrichien avait refusé. Après la mort du duc de Reichstadt,
Joseph Bonaparte avait revendiqué ces armes, et Bertrand avait déclaré « Qu’il
les suspendrait à la colonne Vendôme » lorsque l’Empereur serait inhumé à
son pied.
Au début de 1840, les Bonaparte revinrent à la charge. Gourgaud, aide
de camp de Louis-Philippe, parla de l’affaire du Roi, qui le chargea de
convaincre Bertrand de remettre ces armes à la nation française.
Le 23 mai, jour pour la remise solennelle, le grand maréchal fit savoir
qu’il ne retrouvait plus les armes… La remise fut reportée au 4 juin, puis
reportée de nouveau – Bertrand avait récupéré les armes, mais il n’avait pas
les clés de la caisse.
Thiers se fâcha, et ordonna à Gourgaud d’aller chercher le grand
maréchal et ses caisses. Ainsi le jour même, 4 juin, dans ce palais des Tuileries
qu’il se souvenait avoir défendu en vain le 10 août, quarante-huit ans
auparavant, le grand maréchal remettait enfin les armes au Roi :
« Sire, les derniers vœux de l’Empereur sont enfin accomplis… Prêts à
m’éloigner pour aller remplir un devoir pieux, je remercie Votre Majesté de
m’avoir associé au noble voyage de Sainte-Hélène…
C’est à Votre Majesté, à sa démarche solennelle et patriotique, que
nous devons l’accomplissement des derniers désirs de l’Empereur, désirs qu’il
m’avait particulièrement exprimé à son lit de mort, avec des circonstances qui
ne peuvent s’échapper de ma mémoire…
Je viens déposer entre les mains de Votre Majesté ces armes glorieuses
que depuis si longtemps j’étais réduit à dérober au jour, et que j’espère placer
bientôt sur le cercueil du grand capitaine…. »
Le 12 juin, sur sa lancée, le grand maréchal confia à la Ville de Paris, le
nécessaire en porcelaine et cristal de l’Empereur. (2)
(1)
L’épée d’Austerlitz est au musée de l’Armée. Le poignard et le glaive sont au
Louvre.
(2)
Ces objets sont au musée Carnavalet.
L’aventure du retour des cendres /Georges Poisson/2004