Récupérer l`eau de pluie
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Récupérer l`eau de pluie
Collecteur en bois naturel muni d'une bâche d'imperméabilisation. (Gardena). Par Christine Grandin Réservoir extérieur ou cuve enterrée, que préconisez-vous? Cela dépendra de l'usage et des quantités souhaités. Pour de l'arrosage de plantes en pots ou sur des terrasses, on préférera un réservoir, parce qu'il n'y a pas de grands besoins : une capacité de 500 à 600 litres sera suffisante. Souvent, la surface de toiture permet de remplir ce réservoir en une seule journée de précipitations, dans certaines régions(1). Si on veut arroser tous ses massifs, son potager, et en sus, laver son véhicule ou nettoyer sa terrasse, là on préconise un volume beaucoup plus important. Avec une cuve enterrée, parce que le volume d'eau restera ainsi plus longtemps stocké. Une solution plus onéreuse qui nécessite du terrassement, avec une entreprise extérieure spécialisée. On équipera cette cuve d'un pré-filtre, installé soit à l'intérieur, soit à côté, qui évitera aux mousses, feuilles, insectes, lichens d'infiltrer la réserve d'eau. Il faudra aussi l'équiper d'une pompe, généralement immergée, reliée à une prise d'eau. On peut adapter à ce système un arrosage intégré (pelouse, massifs, parterres, potager) ou du goutte-à-goutte, avec une pompe et une pression adaptées. Tout cela se fait en fonction de la configuration du terrain et de la surface à arroser. Mais on peut aussi faire, avec un réservoir, de l'arrosage gravitaire avec un goutte-à-goutte, par exemple, sans qu'il y ait besoin d'une pompe. Récupérer l’eau de pluie L'eau qui tombe du ciel est gratuite, sans chlore, et abondante. On peut ainsi arroser son jardin en faisant des économies tout en préservant la ressource en eau. L’avis de l’expert Bertrand Gonthiez, hydrogéologue et directeur de la société Aquavalor, spécialiste en récupération des eaux de pluie et économie d'eau pour l'habitat. Quels sont les avantages de la récupération des eaux de pluie pour alimenter son jardin ? Cela permet de moins utiliser l'eau du réseau, d'avoir une réserve en cas de période sèche que l'on peut utiliser en appoint. Ou bien d'avoir de l'eau disponible en cas de restriction, dans certains départements, lorsque la préfecture interdit le puisage de l'eau pour l'arrosage. De plus, ce n'est pas une eau chlorée et elle est très faible- ment minéralisée, généralement à température ambiante, ce que préfèrent les plantes. Enfin, avec un petit jardin, on peut aller jusqu'à l'autonomie en eau, puisqu'il y a aussi des systèmes, aujourd'hui, pour récupérer et utiliser intégralement les eaux pluviales pour tous les usages dans la maison. Cela se fait déjà en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas (lire également notre encadré). RACINES 44 Existe-t-il des dispositifs plus esthétiques qui s'intègrent aussi dans le décor du jardin ? Oui. Il existe une multitude de réservoirs de jardin. Aquavalor commercialise par exemple des réservoirs imitant la pierre, couleur sable ou granit, d'autres qui imitent un mur de pierres, d'autres encore en forme de jarre. Et bien sûr, il y a les réservoirs en plastique vert, que l'on voit un peu partout. S’il est en PVC et non en polyéthylène, comme le sont la plupart des réservoirs que l'on appelle muraux (avec fixation), il aura tendance à fendiller au bout d'un ou deux ans, à cause des UV. Le polyéthylène est plus robuste : il tiendra dans le temps et ne craindra pas non plus le gel. Pompes, robinets, filtres, que peut-on adapter sur un réservoir pour faciliter un bon arrosage ? Il y a les pompes de surface, que l'on septembre 2008 peut brancher sur un robinet en sortie de réservoir pour soutirer de l'eau en plus grande quantité et en plus gros débit. Pour optimiser la récupération, il est conseillé de poser des collecteurs filtrant directement sur la descente de gouttière. Certains filtrent à 0,3 mm, d'autres à 0,9 mm. D'autres encore fabriqués en zinc, en cuivre, pour l'intégration paysagère sont munis d'une fermeture hiver/été. Ceci dit, il est indispensable de filtrer l'eau qui arrive dans un réservoir mural pour éviter les matières organiques qui pourraientt obstruer le dispositif ou favoriser la prolifération des bactéries, en cas de forte chaleur (eutrophisation). Il existe aussi des adaptateurs pour les descentes à section rectangulaire, notamment pour les nouvelles constructions. • À lire pour en savoir plus : Utiliser l'eau de pluie de Bertrand Gonthiez aux éditions Eyrolles (2008, 9 €). Récupérer les eaux de pluie de Brigitte Vu, aux éditions Eyrolles (2006, 9 €) ; Un jardin (presque) sans eau de Michèle et Jean-Claude Lamontagne, Planète Jardin, aux éditions Rustica (2008, 15 €) ; L'eau au jardin, les bons gestes pour la terre, de Anne Valéry et Patrick Smith, aux éditions Aubanel (2008, 25 €); Guide du jardinage responsable, L'Eau, distribué gratuitement dans les enseignes Gamm vert. Tonneau en chêne récupérateur d'eau de 225 litres, esthétique dans le décor du jardin. (Nature et découvertes). Photo : Nature et Découvertes Réservoir mural en polyéthylène recyclable se plaçant contre un mur, peu encombrant. Existe en couleur granit, sable, ou vert olive, 750 litres. Livré avec ses accessoires. (Aquavalor) Photo : Gamm Vert (1) En moyenne, on considère qu'une toiture de 100 m2 possède un potentiel de récupération de 4 à 7 m3 par mois selon les régions. Photo : Truffaut Photo : Aquavalor Quel est, à votre avis, le meilleur rapport qualité-prix? Les jardiniers se tournent facilement vers le réservoir qui ne nécessite pas de technicité particulière pour se poser. En ce qui concerne notre entreprise, la fourchette des prix varie entre 150 € pour le 300 l, jusqu'à 600 € pour un modèle plus élaboré et plus esthétique de 700 ou 800 l. Mieux vaut le fixer au mur pour éviter, s'il est vide, qu'un grand coup de vent ne le fasse basculer. C'est avec ce genre de produit que l'on peut commencer à récupérer les eaux pluviales pour son jardin, ou, plus basique, avec les cuves vertes en vente en ce moment un peu partout. Ensuite, si le jardinier a de gros besoins en eau, avec un grand jardin potager, par exemple, il faudra peut-être opter pour une cuve enterrée, soit en béton, soit en polyéthylène. Comptez environ 2 000 €, sans les accessoires et la pose, comprise entre 800 et 1000 €. Mais avec une garantie décennale. Il existe aussi le système de citerne souple, sorte de grande bâche en forme de poche qui se pose sur le sol, reliée à une descente de gouttière, qui s'utilise notamment dans l'humanitaire pour l'approvisionnement en eau potable. Contact Aquavalor au 05 62 62 58 05 ou sur www.aquavalor.fr Réservoir Hercule, à placer à l'extérieur ou à enterrer, d'une capacité de 1600 litres en polypropylène, livré avec neuf accessoires. (Gamm vert) Colonne romaine murale verte en forme de demi-lune à fixer au mur. Encombrement 515 cm de profondeur, hauteur 212 cm, 550 litres (vendu chez Truffaut). Quelle réglementation ? “Certaines municipalités obligent déjà les particuliers qui construisent sur leur commune à faire une gestion des eaux pluviales à la parcelle (récupération des eaux de pluie ou réseau d'écoulement) et prochainement une loi va réglementer l'utilisation des eaux pluviales pour l'habitat, particulier ou collectif (wc, sanitaires, machine à laver, etc…). Avec sans doute une réglementation à la clé, des dispositifs, des réservoirs ou des récupérateurs avec une norme précise, comme ce qui se fait déjà en Allemagne”, précise Bertrand Gonthiez. Depuis 2004, et les épisodes de sécheresse, l'article 49 de la Loi sur l'eau et les milieux aquatiques (31 décembre 2006) en faveur des économies d'énergie et du développement durable, permet un crédit d'impôt de 25 % (selon certaines conditions d'équipement), pour les constructions neuves ou anciennes concernant l'achat plafonnant à 8 000 €(1), d'un système de collecte ou de récupération des eaux de pluie (arrêté du 4 mai 2007). (1) 8 000 € pour une personne seule et 16 000 € pour un couple soumis à une imposition commune. RACINES 45 septembre 2008