Verre rubis à l`or, histoire et structure

Transcription

Verre rubis à l`or, histoire et structure
Les peintures pourpres pour porcelaine de
Sèvres
Olivier Dargaud
Laboratoire de Sèvres, Cité de la Céramique,
Département de la Création et de la production
Peintures pour porcelaine
Synthèse du pourpre
« à l ’ancienne »
Le chlorure stanneux réduit l ’or sous forme de métal nano-divisé
et produit un gel stannique qui protège les nano-particules
SnCl2
SnClxOH4-x
Peinture pour porcelaine
Grandes étapes de la préparation d ’une peinture (ici le n° 601 de la
palette de petit feu, c ’est à dire pour une cuisson à 860°C maximum)
HAuCl4
Nanoparticules d ’or Au°
Spiritus Salis & Pourpres de Cassius
Les références aux pourpres aqueux dans la littérature montrent que l’on peut plus
ou moins attribuer la paternité de ces derniers à Rudolph Glauber en 1659, mais
Andréas Cassius de Lyden “fils” publie en 1685 un mode opératoire dans un ouvrage
“De Auro” [1],[2] et son nom est associé à la découverte. La recette de Glauber est
d’attaquer de l’or en poudre par du “Spiritus Salis” (l’esprit de sel ou acide
chlorhydrique, en fait il faut ‘’aqua regia’’, l’eau reine, un mélange d’acides nitrique et
chlorhydrique) , puis de diluer un peu la solution obtenue. Il ajoute de l’étain
métallique (le plus pur possible précise-t-il), chauffe la solution sur un bain de sable
(mais ne la porte pas à ébullition) et obtient un colloïde pourpre [1]. Les couleurs
disponibles sur le marché à la création de la Manufacture Royale de Sèvres (qui
achète alors ses couleurs à Tauney [3]) en 1740 comptent déjà des pourpres à base
d’or. Ceux ci sont à l’époque, et selon toute vraisemblance, déjà produits selon la
méthode dite “de Cassius”, la méthode étant déjà maîtrisée: un mode opératoire en
apparence inchangé dans les notes du laboratoire de la fin du XIXème siècle.
La méthode consacrée à Sèvres pour la synthèse
du pourpre est de préparer séparément du
chlorure d’or et du chlorure d’étain par attaque des
deux métaux aux acides. S’ensuit l’ajout du
chlorure d’étain dans le chlorure d’or, c’est une
réaction de réduction de l’or suivie de
l’agglomération en un colloïde empourpré qui
décante naturellement. Le colloïde est lavé
plusieurs fois. On le sépare, en partie, de l’eau
surverse. On obtient un liquide épais fortement
teinté. Pour en faire une peinture pour porcelaine
le pourpre est mélangé à un fondant (verre
amorphe réduit en poudre), broyé et séché à l’air.
On ré-homogénise à l’éthanol. Pour finir la poudre
obtenue est tamisée au tamis de 80µm. Plusieurs
formules de fondants différents servent à la
production de différents pourpre-rouges.
[1] Hunt L.B., Gold Bulletin, 1976, 9, 135
[2] Frank S., Glass Technology, 1984, 25, 47
[3] Béquet F., Notes personnelles
[4] Dargaud et al., Gold Bulletin, 2007, 4, 40
Les nanoparticules d’or métallique dans le gel stannique vues au
microscope électronique en transmission [4] et la distribution de
taille des particules d ’or
Le pourpre est enfin
mélangé à un fondant qui,
à la cuisson, emprisonne
le pigment dans une
matrice de verre…. Pour
résister au temps…
Quelques peintures de la palette faites avec un
même pourpre de Cassius dans différents fondants
« Recette » de 1889 dans
Les cahiers de laboratoire
de la Cité
Pièces avec un fond « rose pompadour » du XVIIIème (ré-édition), à gauche et
pièce contemporaine de l ’artiste V. Dupont Rougier, à droite
(Copyrights Sèvres Cité de la Céramique / Gerard Jonca).
Exposition Poitiers 2012

Documents pareils