Collège Notre-Dame de Jamhour Juillet 2013 Classe de 5ème Vous

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Collège Notre-Dame de Jamhour Juillet 2013 Classe de 5ème Vous
Collège Notre-Dame de Jamhour
Juillet 2013
Classe de 5ème
Vous traiterez les cinq sujets suivants :
Sujet 1 :
L’hiver était rude et il faisait un froid de canard. Les paysans avaient creusé un trou dans la glace et
laissé à proximité un seau qui leur servait à puiser de l’eau. C’est là que Renart conduisit Ysengrin, le loup
et le tenta en lui tenant ce discours :
« Approchez, approchez, mon bon oncle. Vous trouverez là, en grand nombre, les barbeaux, les
tanches, les harengs et les anguilles… Voici le seau qui sert à les prendre et pour bien faire, voici un
conseil : attachez-le à votre queue… »
Rédigez une suite à ce récit dans lequel Renart essayera de duper Ysengrin. Vous respecterez les
critères de la suite d’un récit, sans oublier d’insérer dans la DA un dialogue court et expressif.
Sujet 2 :
Ce matin, le château de Brocéliande est sens dessus dessous. L’épée du roi Arthur a disparu. Un
voleur se cache donc dans le château. Seul un chevalier preux pourra le démasquer et retrouver l’arme
invincible du souverain.
Imaginez ce récit de chevalerie, dans lequel vous utiliserez le vocabulaire de la chevalerie, insisterez
sur les qualités du chevalier, insérerez une scène de combat et respecterez les cinq étapes du schéma
narratif.
Sujet 3 :
Jadis vivait un vilain qui se faisait passer pour médecin. À force de mensonges et de supercheries,
tout le monde crut en ses fausses capacités. Un jour, la fille du Roi fut prise d’un grave malaise, et on fit
appel au faux médecin pour la guérir…
Imaginez une suite à ce début de fabliau en respectant les critères de la suite d’un récit.
Sujet 4 :
Après le naufrage de leur navire, Capitaine Flint et son équipage échouèrent sur une île sauvage au
large du Pacifique. Affamés et à bout de forces, ils s’enfoncèrent alors dans la forêt vierge dans l’espoir de
trouver de quoi se nourrir. Soudain, ils entendirent une musique étrange, Ils avancèrent de quelques pas et
distinguèrent, entre les fourrés, des sauvages vêtus de peaux de bêtes qui effectuaient une danse
frénétique autour d’un feu. Tout près, un homme blanc était attaché à un poteau…
Imaginez un récit d’aventures en respectant le schéma narratif et dans lequel vous placerez deux
pauses descriptives (la description d’un lieu et un portrait) en ménageant un moment de suspense dans un
passage du récit.
Sujet 5 :
Au cours d’une expédition au Pôle Nord, vous deviez traverser une plaine glacée pour arriver au
campement des ingénieurs. Votre attelage avançait péniblement dans cette plaine blanche, sous un vent
glacial. Soudain, vous aperçutes, au lointain, des taches sombres qui se déplaçaient dans cette immensité…
Imaginez le récit des événements, en respectant les cinq étapes du schéma narratif et en faisant
part de vos sentiments et émotions.
Collège Notre-Dame de Jamhour
Classe de 5ème
Récit d’aventures
Le Lion
Patricia, la fille de Bull Bullit, administrateur1 du parc naturel du Kenya2, donne rendez-vous au
narrateur dans la brousse3 où, stupéfait, il la trouve en train de jouer avec un lion, King, qu’elle a adopté
depuis sa naissance. Un amour profond lie la bête à la fillette. Oriounga, un guerrier Masaï, a décidé
d’affronter King, afin de prouver sa bravoure aux yeux de sa tribu.
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King, le mufle aplati contre l’herbe, contemplait Patricia et de temps à autre l’appelait d’un
grondement affectueux. Il était là, sous leur arbre, Patricia tout près de lui, le regard fixé sur l’horizon.
Sous les paupières pesantes et à peu près closes, les yeux de King n’étaient plus qu’un fil jaune. Il
ressemblait au sphinx . Le jeu commença enfin. Il avança un peu le mufle, lécha très légèrement la
joue de la petite fille. Elle lui donna un coup de poing sur les narines, agrippa sa crinière, la tira à
pleines mains, posa son visage enfiévré contre les narines du lion. Et King rit de nouveau et de
nouveau se laissa glisser sur le flanc. Les yeux heureux du lion étaient de nouveau des yeux d’or.
Patricia s’étendit contre lui. Mais elle ne quittait pas du regard la lointaine lisière de la brousse .
Quelques instants s’écoulèrent en silence. Et, enfin, émergea d’un fourré lointain un homme que
je ne reconnus pas tout de suite. Sa silhouette semblait sortir de la nuit des temps. Un grand bouclier
tenu à bout de bras la précédait et, couronnant la tête aux reflets d’argile et de cuivre, flottait, à la
hauteur du fer de lance, l’auréole royale des lions4. Armé, paré selon la coutume sans âge, Oriounga le
guerrier venait pour l’épreuve – qui d’un Masaï faisait un homme et pour gagner par elle Patricia.
Patricia et King furent debout dans le même instant. Le lion avait senti approcher l’insolite5, le
trouble, la menace. Maintenant, la petite fille et King, côte à côte, elle, le tenant par la crinière et lui,
les babines légèrement retroussées sur les crocs terribles, regardaient grandir le guerrier Masaï.
C’était la fin du jeu.
La petite fille l’avait soudain compris. Sa figure n’exprimait plus ni la gaieté, ni la curiosité, ni
l’amusement, ni la colère, ni la tristesse. Pour la première fois, je voyais sur les traits de Patricia la
surprise épouvantée devant le destin en marche, l’angoisse la plus nue et la plus enfantine devant
l’événement qu’on ne peut plus arrêter. Elle cria des paroles en masaï. Je compris qu’elle ordonnait,
qu’elle priait Oriounga de ne plus avancer. Mais Oriounga agita sa lance, leva son bouclier, fit ondoyer
la toison fauve qui ornait sa chevelure et avança plus vite. Oriounga était à quelques pas de nous.
Un grondement sourd mais qui glaçait le sang ébranla la nuque et les côtes de King. Sa queue
avait pris le mouvement du fléau6 . Il sentait l’ennemi. Et l’ennemi avait cette fois une lance
étincelante et un morceau de cuir aux couleurs barbares, et, surtout, surtout cette crinière. Oriounga
s’était arrêté. Il ramena son bouclier contre lui et poussa un cri dont la stridence me parut aller
jusqu’au ciel.
- King, non ! King, ne bouge pas, murmura Patricia. King obéit encore.
Oriounga rejeta une épaule en arrière et leva le bras dans le geste éternel des lanceurs de
javelot. La longue tige de métal étincelant, à la pointe effilée, prit son vol. Alors, à la même seconde
où le fer entra dans la chair de King et juste à l’instant où le sang parut, Patricia hurla comme s’il
s’était agi de sa propre chair et de son propre sang. Et au lieu de retenir King de toutes ses forces, de
toute son âme comme elle l’avait fait jusque-là, elle le lâcha, le poussa, le jeta droit sur l’homme noir.
Le lion s’éleva avec une légèreté prodigieuse et sa masse hérissée, rugissante, retomba d’un seul coup
sur Oriounga. Les deux crinières, la morte et la vivante, n’en firent qu’une. Patricia criait au lion, sans
mesurer la portée de son cri :
-Tue, King, tue !
Déjà le bouclier, malgré la triple épaisseur du cuir, s’ouvrait sous les griffes tranchantes et déjà la
misérable et sombre quenille7 humaine dépouillée de sa carapace dérisoire8 se tordait, se débattait,
sous la gueule du trépas9.
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Je fermai les yeux, mais les rouvris aussitôt. Un grondement mécanique avait soudain couvert le
grondement animal. Un tourbillon de poussière s’éleva de la savane. De son sein, la Land Rover surgit,
lancée à la limite de sa puissance. Bull Bullit était au volant. Arrivé à la hauteur d’un fourré proche, il
freina de telle manière que la voiture hurla. À l’instant où King allait saisir le cou du guerrier entre ses
crocs, une balle, puis une autre l’atteignirent là où il le fallait, droit au cœur. Il fut soulevé, rejeté par
le choc et rugit de surprise plus encore que de colère.
Et tout à coup ce fut le silence. Et tout à coup, à l’ombre des longues branches chargées
d’épines, il y eut, couronnées deux crinières, deux formes inertes : le corps d’un homme et le corps
d’un lion. À leur côté une petite fille se tenait sans mouvement. Patricia regardait King.
Le lion gisait sur le flanc, les yeux ouverts, la tête appuyée contre l’herbe. Il semblait attendre
que Patricia vînt s’allonger contre lui une fois de plus. Et Patricia, qui n’avait pas encore compris qu’il
existait une fin aux jeux les plus beaux, à l’être le plus précieux, Patricia se pencha sur King et tendit
alors une main vers les yeux d’or, vers celui qui, à l’ordinaire, semblait rire et cligner. L’expression du
regard n’avait plus de sens, plus de nom. Patricia appuya ses paumes contre ses tempes.
- King, cria-t-elle d’une voix épouvantable, King, réveille-toi !
Une espèce de voile vitrifié 10 commençait à recouvrir les yeux du lion. Patricia agrippa
furieusement, sauvagement la crinière de King pour le secouer, le forcer à gronder ou à rire. La tête
du lion ne bougea pas. La gueule resta béante11, mais inerte12. Le regard était de verre. Patricia lâcha
la toison et leva le visage vers le ciel, le soleil. (Elle vit de grandes formes noires aux ailes déployées
et à la tête chauve tournoyer au-dessus de l’arbre de King). Étendu près d’elle, il s’éloignait chaque
instant davantage et (Patricia se demandait où il s’en allait), où il était déjà parti.
Joseph KESSEL, Le Lion
1
Personne qui assure l’organisation du parc.
Etat de l’Afrique Orientale.
3
Contrée sauvage des régions tropicales couverte d’arbrisseaux et d’arbustes.
4
Crinière d’un lion mort qui recouvre la tête du Masaï.
5
L’étrange.
6
Tige horizontale d’une balance aux extrémités de laquelle sont suspendus les plateaux. Dans le texte cela signifie que la queue
de King bougeait de droite à gauche comme le mouvement de la tige du fléau.
7
Chose misérable, corps sans défense.
8
Nom donné au bouclier qui sert à parer les coups mais qui est devenu ridicule et inutile car il n’a pas pu sauver le guerrier des
griffes du lion.
9
La mort.
10
Qui ressemble au verre, sans vie.
11
Grande ouverte.
12
Inanimée, immobile.
2
QUESTIONS
1. Quels sont les personnages principaux dont il est question dans cet extrait ? Quelle relation existe-t-il
entre eux ?
2. a) Relevez, entre les lignes 1 et 10, les termes qui renvoient au paysage.
b) Quelle impression se dégage de cet endroit ?
3. a) L. 1 à 8 : Relevez, dans ce passage, les expressions qui caractérisent les yeux du lion.
- Sur quoi mettent-elles l’accent ?
b) L. 51 à 60 : « Le lion gisait… de verre. »
- Relevez les mots et expressions qui désignent le regard de King dans ce passage.
- Que réalise Patricia à ce moment ? Comment réagit – elle ?
4. a) L. (9 à 13) et (24 à 34) : « Quelques instants… Patricia » / »Un grondement… l’homme noir. »
Relevez, dans un tableau à deux entrées, d’une part, l’aspect physique du guerrier et, d‘autre part, ses
actions.
(L.9 à L.13) ASPECT PHYSIQUE
(L.24 à L.34) ACTIONS
b) - Quels sentiments inspire à Patricia le personnage ?
- Relevez, dans les lignes 18 à 24, les deux groupes nominaux qui justifient votre réponse.
5. a) L. 24 à 38 : « Un grondement sourd… tue ! »
Quelles ont été les réactions du lion et de Patricia à la vue du guerrier ? Relevez pour chacun une
expression qui justifie votre réponse.
b) L. 32 – 33 : « Patricia hurla…propre sang. »
Nommez et interprétez la figure de rhétorique contenue dans la phrase ci-dessus.
6. « Je compris qu’elle ordonnait à Oriounga de ne plus avancer.» (L.21-22)
a) Donnez la nature et la fonction des propositions dans cette phrase.
b) Récrivez la phrase en remplaçant le verbe « comprendre » par le verbe « douter » au présent et faites
les transformations qui s’imposent.
c) Justifiez le mode et le temps du verbe ainsi obtenu dans la proposition subordonnée.
7. « À l’instant où King allait saisir le cou du guerrier entre ses crocs, une balle l’atteignit droit au cœur. »
(L.45-46)
a) Faites l’analyse des propositions dans cette phrase.
b) Récrivez la phrase en conjuguant le verbe « atteindre » au présent et en remplaçant « à l’instant où »
par « avant que » et faites les modifications nécessaires.
c) Justifiez le mode et le temps du verbe ainsi obtenu dans la proposition subordonnée.
8. Écrivez les verbes entre parenthèses au mode et au temps convenables :
La petite fille (comprendre) que c’était la fin du jeu. Elle réalisa que King ne (bouger) plus. Son père
s’avance vers elle mais avant qu’il (pouvoir) la serrer dans ses bras, elle s’écrie : « Ne me touche pas, je ne
peux plus te voir. »
9. a) Analysez grammaticalement les mots et groupes de mots soulignés et en gras dans le texte :
- L. 15 : « Par la crinière »
- L. 33 : « De toutes ses forces »
- L. 42 : « Aussitôt »
b) L. 60 à 62 : « Elle vit… parti. »
Analysez logiquement les propositions entre parenthèses et en gras dans le passage ci-dessus.
10. Comment comprenez-vous la dernière phrase du texte : « Étendu près d’elle, il s’éloignait chaque
instant davantage et Patricia se demandait où il s’en allait, où il était déjà parti. »
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Classe de 5ème
Fabliau
Le Curé qui mangea des mûres !
« Un curé voulait se rendre au marché. Il fit préparer sa mule et se mit en chemin. L’automne
s’éternisait, il faisait beau, un délicieux parfum flottait dans la douceur de l’air et le curé sur sa bête
parcourait les pages de son bréviaire1 en levant de temps à autre son regard sur la paisible
campagne.
Il s’approchait du village, quand il remarqua, surgissant du côté de la route, un étroit chemin,
avec par delà le fossé une haie chargée de mûres brillantes.
« Sainte Vierge, s’exclama l’homme, jamais je n’ai vu de tels fruits ! »
Aussitôt, il s’engage sur le chemin. Il juge de la profondeur du fossé, réfléchit un moment, mais il se
décide : il avance sa mule et atteint le buisson. Il cueille avec gourmandise les mûres fondantes. Elles
sont délicieuses, sucrées et aigres à la fois. Il se pique la main mais, tout à son péché, il remarque à
peine la brûlure des épines. Il ne veut pas laisser perdre pareil trésor.
Cependant, les fruits les plus gros couvrent le sommet de la haie. Ils luisent à la lumière brillante du
soleil. Pour s’en saisir, le curé se dresse en équilibre sur la mule ; il se campe bien sur ses deux
jambes, et, comme un porc, s’engraissait, s’emplissait la panse en savourant les mûres offertes à la
dérobée. La mule est patiente, elle n’esquisse pas le moindre mouvement.
Satisfait et comblé, le curé contemple sa compagne. Il admire son air tranquille et ne peut
s’empêcher de songer :
« La brave bête que voici ! S’il arrivait qu’un farceur se mette à crier « Hue », je chuterai de tout mon
long dans le fossé ! »
Le maladroit ! Il avait songé à voix haute et avait dit « Hue ». La mule s’écarte du buisson, le curé
perd l’équilibre et tombe à la renverse. Sa cheville s’est tordue et enfle, le fossé est glissant de terre
humide, il ne parvient pas à se redresser pris dans les plis de sa soutane2, il dérape3. Il souffre,
impossible de tenir sur ses jambes, il retombe. La mule l’observe, elle regagne la route. Elle a faim
elle aussi. Au petit trot, elle regagne le presbytère 4 sans plus attendre son infortuné maître.
Quand ils la voient arriver, seule, les valets sont inquiets :
« Notre curé a eu un malheur, disent-ils. Partons à sa recherche, sans doute est-il en bien mauvaise
posture ».
Ils se mettent en route aussi vite qu’ils peuvent et arrivent près du chemin. Le chapelain5 entend
leurs pas précipités, il s’écrie :
« Holà ! Je suis dans ici, dans le fossé. J’ai des épines partout, portez moi aide !
Enfin, les valets tirent le curé hors du fossé. L’un d’eux lui demande :
- Mais que faisiez vous en pareil lieu, monsieur le curé ? Tenez vous bien....Par quelle infortune êtes
vous parvenu en cet endroit si misérable ? La route est loin d’ici.
Il leur répondit :- Ah ! Le péché, le péché. Je suis un homme faible, j’avais beau me consacrer à la
lecture de mon bréviaire, les mûres m’ont tenté. Je suis monté debout sur la selle ! Aidez moi à
rentrer je vous en prie. Je suis épuisé de douleur.
Il ne faut jamais penser tout haut, Messeigneurs. »
1 Livre contenant des prières et que l’on considère comme un guide- Bible.
2 Vêtement long en forme de robe.
3 Glisse involontairement.
4 Habitation du curé dans une paroisse
5 Prêtre qui dessert une chapelle privée.
Néanmoins, la mésaventure du curé rassure le public : l’histoire montre que les prêtres eux-mêmes
peuvent succomber au plaisir coupable de fruits sucrés. Comme toute autre personne, ils doivent
lutter contre les tentations de l’existence quotidienne et peuvent oublier à l’occasion les
enseignements moraux qu’ils dispensent à leurs paroissiens.
Questions
1- À quel genre littéraire appartient ce texte ? Justifiez votre réponse à l’aide de deux
caractéristiques illustrées d’exemples.
2- a) Délimitez la situation initiale et l’élément modificateur dans le texte. Justifiez votre réponse à
l’aide d’indices précis illustrés d’exemples.
b) Donnez un titre nominal et expressif à chaque partie.
3- a) Repérez dans le texte toutes les expressions qui désignent le curé.
b) À votre avis, lesquelles qualifient le mieux le personnage ? Expliquez pourquoi.
4- a) Dégagez les trois traits de caractère du curé. Justifiez votre réponse dans chaque cas.
b) « Il se campe bien sur ses deux jambes, et, comme un porc, s’engraissait, s’emplissait la panse en
savourant les mûres offertes à la dérobée. »
Identifiez et interprétez la figure de style présente dans cette phrase.
5- Etablissez le schéma actanciel de ce fabliau en prenant pour sujet le curé.
6- Relisez le dernier paragraphe du texte. Que résume-t-il ? Expliquez-le en deux ou trois phrases.
7- Précisez le mode, le temps et la valeur des verbes soulignés.
8- Réécrivez le passage en gras en conjuguant les verbes aux temps convenables du système du
passé.
9-« La mésaventure du curé rassure les femmes du village. »
a) Remplacez le groupe de mots souligné par le pronom convenable et précisez sa classe
grammaticale et sa fonction.
b) Réécrivez cette phrase en conjuguant le verbe au plus-que parfait et justifiez l’accord du participe
passé.
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Récit d’aventures
L’île perdue
Dans ce célèbre roman édité en 1883, le docteur Livesey, qui a découvert une carte indiquant
l’emplacement d’un trésor de pirates, monte une expédition pour le retrouver. Le jeune mousse, Jim,
raconte leur arrivée à l’île au trésor et leur abordage.
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Nous nous arrêtâmes à l’endroit même où une ancre était marquée sur la carte, à un tiers de
mille environ de la côte, entre la terre et l’île du Squelette. Le fond était de sable fin. La chute de notre
ancre mit en rumeur des milliers d’oiseaux qui s’élevèrent en tournoyant au-dessus des bois. Mais ils
redescendirent en moins de quatre ou cinq minutes, et tout retomba dans le silence.
Cette petite rade1 était complètement entourée de terres, perdue dans les bois, en quelque
sorte, car les arbres venaient jusqu’à la ligne des hautes marées, sur une plage très basse, et les
collines se trouvaient à une assez grande distance. Deux ruisseaux marécageux2 se déversaient dans
cette espèce d’étang3. Aussi la végétation, sur cette partie de la côte, avait-elle une sorte d’éclat
empoisonné. On n’entendait ni un souffle de vent ni un bruit quelconque, hors le ressac4 des vagues
sur les brisants5, à plus d’un mille de distance. Il y avait dans l’air une odeur toute spéciale d’eau
stagnante, de feuilles et de troncs pourris. Je remarquai que le docteur en était désagréablement
impressionné et faisait la grimace, comme s’il avait senti un œuf gâté.
« Je doute qu’il y ait des trésors ici, dit-il, mais je crois bien qu’il y a quelque danger. »
À peine eut-il prononcé ces mots que j’entrevis une forme qui, d’un bond rapide, s’abritait parderrière le tronc d’un pin. Était-ce un ours, un homme ou un singe ? il m’était impossible de le
deviner. L’être semblait noir et velu : je n’en savais pas davantage. Mais dans l’effroi de cette nouvelle
apparition, je m’immobilisai.
Aussitôt, la forme reparut et, faisant un grand détour, parut s’appliquer à me couper la retraite.
J’étais las, certes, mais eussé-je été aussi frais qu’à mon lever, je vis bien qu’il me serait impossible de
lutter de vitesse avec un tel adversaire. Passant d’un tronc à l’autre, la mystérieuse créature filait
comme un daim. Elle se tenait sur deux jambes, à la manière des hommes, elle courait presque pliée
en deux. Et malgré cela, je n’en pouvais plus douter, c’était un homme.
Il venait de se dissimuler derrière un tronc d’arbre ; mais il me surveillait attentivement car, au
premier geste que je risquai dans sa direction, il reparut et fit un pas à ma rencontre. Puis il se ravisa,
recula, s’avança derechef, et enfin, à mon étonnement et à ma confusion, se jeta à genoux et tendit
vers moi des mains suppliantes.
Je m’arrêtai de nouveau et lui demandai :
- Qui êtes-vous ?
- Ben Gunn, me répondit-il, d’une voix rauque et embarrassée comme le grincement d’une
serrure rouillée. Je suis le pauvre Ben Gunn, oui, et depuis trois ans je n’ai pas parlé à un chrétien.
Je m’aperçus alors que c’était un Blanc comme moi, et qu’il avait des traits assez agréables. Sa
peau, partout où on la voyait, était brûlée du soleil ; ses lèvres mêmes étaient noircies, et ses yeux
bleus surprenaient tout à fait, dans un si sombre visage. De tous les mendiants que j’avais vus ou
imaginés, c’était le maître en fait de haillons. Des lambeaux de vieille toile à voile et de vieux cirés le
vêtaient ; autour de sa taille, il portait un vieux ceinturon de cuir à boucle de cuivre, qui était la seule
partie solide de tout son accoutrement6 .
Petit bassin naturel comportant une libre issue (ouverture) vers la mer où les navires peuvent trouver un bon mouillage.
Petits cours d’eau dormante peu profonde.
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Etendue d’eau profonde et stagnante ; marais.
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Retour des vagues sur elles-mêmes après avoir frappé un obstacle ou le rivage.
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Rocher ou banc de sable où les vagues viennent mourir.
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- Trois ans ! m’écriai-je. Vous avez fait naufrage ?
- Non, camarade, répondit-il, marronné.
Je connaissais le terme et savais qu’il désignait un de ces horribles châtiments usités chez les
40 flibustiers7, qui consiste à déposer le coupable, avec un peu de poudre et quelques balles, sur une île
déserte et lointaine.
Marronné depuis trois ans, continua-t-il, et pendant ce temps j’ai vécu de chèvres, de fruits et de
coquillages. À mon avis, n’importe où l’on se trouve, on peut se tirer d’affaire. Mais, camarade, mon
cœur aspire à une nourriture de chrétien. Dis, n’aurais-tu pas sur toi, par hasard, un morceau de
45 fromage ? Non ? Ah ! c’est qu’il y a des nuits et des nuits que je rêve de fromage… grillé, surtout… et
puis je me réveille, et je me retrouve ici.
- Dès que je pourrai retourner à bord, répliquai-je, vous aurez du fromage, au quintal8.
Robert-Louis STEVENSON, L’île au trésor.
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Habillement étrange ou grotesque.
Pirates des mers américaines au 17e et au 18e siècles
8 Cent kilogrammes.
Questions :
-I- a- Précisez en deux ou trois lignes ce dont il s’agit dans cet extrait.
b- A quels types de textes appartient dans cet extrait ? Justifiez votre réponse à l’aide de deux critères
illustrés d’exemples.
-II - Lignes 5 à 12 :
a- Relevez tous les termes appartenant au champ lexical de la nature (végétation et relief).
b- Quelles sensations sont-elles mises en valeur ? Justifiez votre réponse à l’aide d’expressions tirées du
texte.
c- Quelle impression se dégage donc de cet endroit ?
d- Relevez les deux phrases qui justifient votre réponse.
-III- « Je doute (qu’il y ait des trésors ici) mais je crois bien (qu’il y a quelque danger »).
a- Identifiez la nature et la fonction des propositions entre parenthèses.
b- Précisez et justifiez le mode et le temps du verbe, dans chacune des propositions.
-IV- Retrouvez aux lignes 29-30 une figure de style. Identifiez-la et expliquez-la.
-V- Relevez, entre les lignes 14 et 22, tous les GN qui désignent la créature qui apparaît tout à coup. Que
remarquez-vous ?
-VI- a- Dégagez toutes les expressions qui décrivent Ben Gun dans le passage compris entre les lignes 31
et
36, puis complétez le tableau suivant :
Portrait physique
Tenue vestimentaire
b- Quels sont les sentiments que vous inspire le portrait de cet homme ? (1 pt)
c- Pourquoi, à votre avis, Ben Gun est-il dans cet état déplorable ? Justifiez votre réponse (1 pt)
d-Repérez, dans le passage allant de la ligne 34 à 36 (« Des lambeaux….accoutrement »), trois
expansions du nom de nature et de fonction différentes que vous précisez. (3pts)
3
-VII- « Dès que je pourrai retourner à bord, vous aurez du fromage au quintal. »
a- Trouvez la nature et la fonction des propositions subordonnées dans cette phrase.
b- Précisez si l’action de la subordonnée est postérieure, antérieure ou simultanée à celle de la
principale.
Justifiez votre réponse.
-VIII- Dans les phrases qui suivent, conjuguez au mode et au temps convenables les verbes entre
parenthèses :
a- Que cette créature (être) inoffensive étonne Jim.
b- La créature se faufile derrière les arbres avant que Jim (avoir) la possibilité de la voir.
c- Jim sait bien que l’expédition (s’annoncer) dangereuse mais il n’y renoncera pas.
d- Jim souhaite que la forme (reparaître) pour qu’il (pouvoir) l’identifier.
e- Il éprouve une grande peur en attendant qu’il (savoir) qui est la mystérieuse forme.
f- Ben Gun espère que Jim lui (offrir) un peu de fromage.
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Renart vole les bacons d’Ysengrin
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Malade et tout couvert de boutons, Renart arriva un jour chez son oncle.
- Beau neveu qu’as-tu ? lui dit Ysengrin. Tu me sembles bien mal en point.
- Je suis malade, répondit Renart.
- Vraiment ! As-tu déjeuné aujourd’hui ?
- Non, sire, et je n’en ai pas envie.
- Dame Hersent, levez-vous vite et préparez-lui deux rognons avec une rate.
Renart se taisait, la tête baissée ; il pensait avoir des bacons. C’était leur fumet qui l’avait attiré.
Trois beaux bacons étaient en effet suspendus au faîte de la salle. En souriant, il s’adressa aux
bacons :
- Il faut qu’il soit bien fou celui qui vous a suspendus là-haut ! Savez-vous, mon bel oncle, qu’il existe
des mauvais voisins qui pourraient voir vos bacons et en vouloir leur part ? À votre place, je ne
perdrais pas une minute pour les détacher et dire qu’on me les a volés.
- Bah ! répondit Ysengrin, tel peut les voir qui n’en aura jamais.
Renart se mit à rire et ajouta :
- Vous ne pourrez pas toujours refuser à ceux qui pourraient vous en demander.
- Laissez cela, reprit Ysengrin. Je n’en donnerais pas même un morceau à mon frère, à mon neveu
ou à ma nièce ; pas plus qu’à leur père, leur femme ou leur oncle.
Renart n’insista pas ; il prit congé. Mais, à la nuit, il revint tout doucement devant la maison
d’Ysengrin. Tout le monde dormait. Il monta sur le toit, creusa une ouverture, passa, arriva aux
bacons, les emporta, revint chez lui, les coupa en morceaux et les cacha dans la paille de son lit.
Cependant, le jour se leva ; Ysengrin ouvrit les yeux. Qu’est-ce là ? Le toit ouvert, les bacons, ses
chers bacons enlevés !
- Au secours ! Au voleur ! Hersent ! Hersent ! Nous sommes perdus !
Hersent, réveillée en sursaut, se lève, échevelée.
- Qu’y a-t-il ? Quelle aventure ! Nous, dépouillés par les voleurs ! À qui nous plaindre ?
Ils criaient à qui mieux mieux, mais ils ne savaient qui accuser ; ils faisaient d’inutiles efforts pour
trouver l’auteur d’un pareil crime.
Renart, après avoir bien mangé, s’en vint prendre du bon temps en la maison de son oncle qu’il
trouva fort mal en point.
- Bel oncle, dit-il, qu’avez-vous ? Vous me paraissez très en colère.
- Beau neveu, répondit Ysengrin, j’ai de bonnes raisons. Mes trois beaux bacons ont été volés.
- Bel oncle, c’est bien cela qu’il faut dire ! Criez dans toute la rue qu’on vous les a volés et ainsi
personne ne vous ennuiera plus.
- Beau neveu, je te dis la vérité ; on m’a pris mes bacons et j’enrage.
- Allons, reprit Renart, ce n’est pas à moi qu’il faut dire cela.
Tel se plaint qui n’a pas le moindre mal. Je sais bien que vous les avez mis en lieu sûr pour vos
parents et vos amis.
- Est-ce que tu te moques ? Par la foi que tu dois à l’âme de ton père, ne crois-tu pas ce que je dis ?
- Dites, dites toujours.
- Ce n’est pas bien, dit alors Dame Hersent, de ne pas nous croire. Si nous les avions, ce serait pour
nous un plaisir de les partager.
- Dame, je sais que vous connaissez toutes les ruses, poursuivit Renart. Pourtant vous avez
beaucoup de perte : votre maison est trouée. C’est par là que les voleurs sont passés.
- Mais oui, Renart, c’est la vérité.
- Vous ne sauriez dire autre chose.
- Renart, cela ne me fait pas rire, dit Ysengrin. Je suis furieux que mes bacons aient été volés ; c’est
pour moi une grande perte.
Renart les quitta tout joyeux, tandis qu’Ysengrin et dame Hersent restèrent tristes et abattus.
Le Roman de Renart, Branche XXIV, vers 213 à 314.
Questions (30 points)
1. a. Qui sont les personnages présents dans ce texte ?
b. Quel lien de parenté les unit ? Illustrez votre réponse par des exemples tirés du texte.
2. a. Observez le passage de la ligne 1 à 7 et relevez, dans un tableau à double entrée, d’une part le
champ lexical de la maladie, et d’autre part celui de la nourriture.
La maladie
La nourriture
b. Quelle rôle la maladie et la nourriture jouent-elles par rapport à Renart? (1 pt) Expliquez pourquoi.
3. a. Relevez deux indices qui montrent que Renart et Ysengrin sont personnifiés. Justifiez votre
réponse en citant le texte.
b. Pour quelle raison sont-ils présentés sous cet aspect ?
4. a. Quelles sont les étapes du stratagème élaboré par Renart afin de s’emparer des bacons ?
b. Que révèle ce stratagème quant au caractère de Renart ? Développez votre réponse.
5. a. Observez les lignes 16 et 17 : Quelle forme de phrase est-elle utilisée dans le passage souligné ?
b. Comment apparaît donc Ysengrin ?
6. Sur quel trait de caractère d’Ysengrin le goupil s’appuie-t-il pour aboutir à ses fins ? Développez votre
réponse.
7. Observez la phrase : « Il monta sur le toit, creusa une ouverture, passa, arriva aux bacons, les
emporta, revint chez lui, les coupa en morceaux et les cacha dans la paille de son lit. » (L. 19-20)
a. Relevez les verbes conjugués et précisez-en le mode, le temps et la valeur.
b. Précisez le mode, le temps et la valeur des verbes « étaient » (l. 8) et « criaient » (l.26)
8. Comparez la situation initiale et la situation finale des personnages. Quel changement constatezvous ? Répondez au moyen de deux phrases.
9. « Il monta sur le toit, creusa une ouverture, passa, arriva aux bacons, les emporta, revint chez lui,
les coupa en morceaux et les cacha dans la paille de sont lit. »
- Mettez le pronom souligné au pluriel et conjuguez les verbes au plus-que-parfait en faisant les
modifications nécessaires.
10. a. Précisez la nature et la fonction des quatre mots en gras et en italique dans le texte.
b. Relevez dans la ligne 34 deux COS et précisez leur nature commune.
Classe de 5e
Collège Notre-Dame de Jamhour
Poème
Hermina
1
J’atteignais l’âge austère1 où l’on est fort en thème2,
Où l’on cherche, enivré d’on ne sait quel parfum,
Afin de pouvoir dire éperdument Je t’aime !
Quelqu’un3.
5
J’entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes !
Jardins ! croissance obscure et douce du printemps !
Et j’aimais Hermina, dans l’ombre. Elle avait, certes,
Huit ans.
1
0
1
5
Parfois, bien qu’elle fût à jouer occupée,
J’allais, muet, m’asseoir près d’elle, avec ferveur,
Et je la regardais regarder sa poupée,
Rêveur.
Il est une heure étrange où l’on sent l’âme naître ;
Un jour, j’eus comme un chant d’aurore au fond du cœur,
Soit, pensai-je, avançons, parlons ! c’est l’instant d’être
Vainqueur !
Je pris un air profond, et je lui dis : - Minette,
Unissons nos destins. Je demande ta main4. –
Elle me répondit par cette pichenette5 :
- Gamin !
2
0
1
Dur, sévère, rigoureux.
Un très bon élève.
3
Complément d’objet direct du verbe cherche (v. 2)
4
Je te demande en mariage.
5
Petit coup donné avec le doigt ; une chiquenaude.
2
Victor HUGO, « Hermina », dans Toute La Lyre, 1888
QUESTIONS
-I- a) Combien y a-t-il de strophes dans ce poème ?
b) Quels sont les mètres utilisés ?
Comment sont-ils disposés ?
-II- a) Relevez, dans un tableau à deux entrées, les mots et expressions qui caractérisent chacun des deux
personnages (âge, occupations, préoccupations).
b) Que remarquez-vous après les avoir comparés ?
-III- a) Dans quel état d’esprit se trouve le poète ? Justifiez votre réponse à l’aide d’une phrase tirée du
texte.
b) Nommez et repérez le champ lexical dominant dans les vers 5 et 6.
Que symbolise la saison évoquée ?
-IV- a) Quelle partie du schéma narratif annonce l’indice de temps « un jour » au vers 14 ?
b) Quel changement constatez-vous au niveau du temps des verbes ?
Précisez la valeur du verbe conjugué dans ce même vers.
c) Identifiez l’image contenue dans le vers 14 et expliquez-la.
-V- a) Repérez tous les mots mis en valeur dans le quatrième vers de chaque strophe.
b) En quoi constituent-ils les éléments essentiels du poème ?
-VI- a) Quel personnage apparaît comme le plus fort au début du poème ? et à la fin ? Justifiez votre
réponse.
b) Quel rapport pouvez-vous établir entre le titre et le poème ?
-VII- De qui se moque Victor Hugo dans son poème ? Expliquez pourquoi
-VIII- Analysez grammaticalement les mots soulignés dans le poème :
- On (V. 1) – Rêveur (V. 12) – La (V. 11) – Profond (V. 17) – Lui (V. 17) –
-IX- Repérez, dans ce poème, un sujet inversé. Précisez sa nature et justifiez-en l’inversion.
-X- Mettez les phrases suivantes à la voix active ou passive, selon le cas :
a) Elle était occupée par ses jouets.
b) Hermina n’aimait pas vraiment le jeune garçon.
c) À cet âge, on recherche l’amour.

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