une communication de proximité du risque allergo
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une communication de proximité du risque allergo
PRÉVENTION Laëtitia DAVRANCHE 1, Aymeric BLANCHET 1, Caroline CHAMBON 1 UNE COMMUNICATION DE PROXIMITÉ DU RISQUE ALLERGOPOLLINIQUE - PRÉVENTION EN NORD-PAS DE CALAIS RÉSUMÉ Les allergies aux pollens, réelle préoccupation de santé publique, nécessitent des mesures de prévention nombreuses. Parmi les plus allergisants, les pollens de graminées et de bouleau représentent les principaux agents d’allergie en Nord-Pas de Calais. Ainsi, toute prévention pour limiter l’exposition de la population sensible est primordiale. 1 Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (APPA), 235 avenue de la Recherche, BP 86, 59373 LOOS Cedex. ldavranche@ appanpc.fr a PRQA Nord-Pas de Calais, 2001, 125 p. Depuis 2005, l’Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (APPA) s’est investie dans le domaine de la santé respiratoire et des allergies polliniques, en intégrant le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA). Des actions préventives ont été initiées pour aider les personnes sensibles à prendre conscience de leur allergie, à mieux la connaître et à diminuer l’incidence du risque allergo-pollinique. Ces messages de sensibilisation sont à destination des professionnels de santé, des scolaires, du grand public ou des patients. Des partenariats ont donc été développés pour mener à bien ces missions. I - LES GRAMINÉES ET LE BOULEAU : UNE PRÉOCCUPATION DE SANTÉ PUBLIQUE Les allergies aux pollens sont extrêmement fréquentes et en constante augmentation : on estime que 10 à 20 % de la population sont touchés. Le nombre croissant d’allergies (qui a doublé en 10 ans) constitue une réelle préoccupa- tion de santé publique, nécessitant des mesures plus nombreuses. Parmi les plus allergisants, les pollens de graminées responsables du fameux rhume des foins, représentent le principal agent d’allergie par inhalation dans le monde. Du côté des arbres, comme nous avons pu le voir dans l’article du RNSA (cf. Thibaudon et Olivier dans ce numéro), c’est le bouleau qui prédomine. De plus, les réactions allergiques peuvent être amplifiées par la présence simultanée de plusieurs pollens allergisants, la prédisposition génétique, l’existence de réactions croisées entre des pollens de la même famille ou avec certains aliments, ou encore la pollution atmosphérique. Ainsi, toute prévention pour limiter l’exposition de la population sensible est primordiale. II - UNE DISPARITÉ RÉGIONALE Lors de la rédaction du Plan Régional pour la Qualité de l’Air (PRQAa) du Nord-Pas de Calais en 2001, la question des allergies respiratoires n’avait pas fait l’objet d’une orientation spécifique et n’apparaissait pas en tant que telle comme une priorité en matière de prévention. En effet, l’attention des acteurs s’est portée sur des pathologies essentiellement liées à une exposition professionnelle, du fait d’un contexte régional particulier au lourd passé industriel. En comparaison, le radon, dont le risque fut identifié par la suite comme très faible en région, avait fait l’objet d’une orientaAir Pur N° 71 - Premier semestre 2007 - 17 tion. D’autre part pour la même période, les régions Picardie et Loire-Atlantique, entre autres, avaient intégré le risque lié aux allergies et défini des orientations principalement axées sur la prévention et l’information du public. Ainsi en Nord-Pas de Calais, deux capteurs volumétriques étaient positionnés localement sur les villes de Lens et Lille, mais leurs exploitations se faisaient hors région. Les praticiens hospitaliers et libéraux disposaient donc d’une information de niveau national, quand bien même ils connaissaient l’existence de ces capteurs et le moyen d’obtenir cette information auprès du RNSA. En 2004, suite à des discussions avec des membres du RNSA, il s’est avéré qu’il pouvait être particulièrement avisé pour des questions de logistique et de prévention, de qualifier un acteur local. Ainsi l’APPA au cours de l’année 2005, a entamé un travail de prévention et de communication de proximité, autour du seul capteur maintenu à Lille. III - LA PRÉVENTION DU RISQUE ALLERGO-POLLINIQUE Les analyses et les séries temporelles de données polliniques existant depuis plus de 25 ans en région, la pratique médicale, déjà structurée et organisée autour des pathologies, n’était pas spécifiquement dans l’attente d’une nouvelle forme de communication sur les risques allergo-polliniques. Pourtant, décliner des actions de mesures préventives qui prennent place dans le cadre d’un dispositif d’actions locales, en complément du Figure 1 : Bulletin allergo-pollinique 18 - Air Pur N° 71 - Premier semestre 2007 relais du message du RNSA, a répondu et suscité une demande croissante des professionnels et des collectivités locales et cela, afin de diminuer l’incidence du risque allergo-pollinique. Toutefois, la structuration de la communication se définit selon un schéma temporel particulier. En effet, la saisonnalité du risque et les aléas climatiques ont une incidence importante sur la communication proprement dite. Toutes les semaines, un bulletin allergo-pollinique (Figure 1, trente bulletins par an) est édité à destination des personnes sensibles ainsi que des professionnels de santé (allergologues, pneumologues, pédiatres, écoles de l’asthme…), des institutions, des associations… par courriel et fax (environ 850 envois, sans compter la rediffusion par les structures relais). Ce bulletin allergo-pollinique fait la synthèse des quatre espèces de pollens prédominantes accompagnées de leur risque allergique potentiel sur la période considérée. Le tout est également complété d’un commentaire de vigilance. Le but est de permettre aux personnes allergiques de mieux connaître le risque et de prendre les dispositions nécessaires ou d’anticiper leur traitement. Cette information hebdomadaire répond donc à une nécessaire vigilance tant des personnes affectées par ces pathologies, que des praticiens. Les collectivités locales ont été aussi vivement intéressées pour être relais de cette information. Ainsi, les six panneaux lumineux d’information répartis dans le centre ville de Lille diffusent un message de prévention sur l’indice allergique et les pollens incriminés. La fréquence de diffusion de ces messages est amplifiée en cas de risque sanitaire élevé et est renouvelé toutes les semaines. Figure 2 : La fiche pollen sur le dactyle aggloméré (graminées) Par ailleurs, chaque mois, une fiche pollen accompagne le bulletin allergo-pollinique (huit fiches par an). Cette fiche descriptive porte sur le risque allergique en région pour un pollen-cible (exemple de la figure 2 : le dactyle aggloméré pour les graminées). Les caractéristiques biologiques et écologiques de la plante, le risque allergique, les éventuelles réactions croisées ainsi que sa répartition en région y sont décrits. Pour cela, un partenariat a été créé avec le Conservatoire de Botanique National de Bailleul et le laboratoire de Botanique de la Faculté de Pharmacie de Lille. Cette seconde action est une communication de fond, qui vise à améliorer la connaissance de la population et des personnes allergiques. De plus, à la fin de chaque année pollinique, un bilan est effectué sous forme de calendrier pollinique. Un calendrier est réalisé par saison pollinique et un autre par pollens les plus allergisants ainsi que son évolution au cours des ans. Il s’agit d’une photographie annuelle, à l’image de celle réalisée par le RNSA au niveau national, mais qui pour les acteurs de santé locaux représente un outil de travail intéressant, comme par exemple dans le cadre du PRSEb (Plan Régional Santé Environnement) Nord-Pas de Calais. Figures 3 & 4 : Calendriers polliniques par saison et par espèce Figure 5 : Page internet présentant les résultats pollens 2007 Un onglet « pollens et moisissures » a été créé sur le site internet de l’APPA (www.appanpc.fr). On y retrouve des pages généralistes sur les pollens et les moisissures, leur mesure, les pollinoses, le risque allergique, des conseils de prévention, ainsi que des graphes de l’évolution du nombre de pollens. Lors de pics polliniques, on observe une recrudescence de connexions sur le site. Est-ce le résultat d’une augmentation des symptômes dans la population qui souhaite alors établir un autodiagnostic et une corrélation ? Ou l’effet secondaire d’une communication de masse nationale et locale, sur une recrudescence des rhinites allergiques, par exemple ? Les hypothèses sont invérifiables pour l’instant. Toutefois, le fait qu’un correspondant soit localement disponible, autre qu’un praticien, permet de répondre à des demandes locales des médias et d’information du public. Ainsi, tous les supports ont fait appel, ou furent relais de l’information, télévision, presse écrite, radio. b PRSE Nord-Pas de Calais, 2006, 80 p. Air Pur N° 71 - Premier semestre 2007 - 19 de relais d’information mobilisable dans le cadre des allergies respiratoires mais aussi pour d’autres problématiques comme par exemple le risque d’intoxications oxycarbonées. Ainsi, en partenariat avec l’Hôpital Saint-Vincent de Paul de Lille et la mutuelle Radiance, une journée de l’allergie avait été organisée en 2005. Elle avait pour but de sensibiliser le jeune public, les patients, le personnel médical ainsi que le grand public. IV - CONCLUSION Figure 6 : Les pollens lors du parcours découverte de la qualité de l’air Pour être encore plus proche de la population destinatrice de l’information et en vue de la sensibiliser, des supports de communication adaptés ont été développés pour des manifestations particulières (stand, forum, animation, parcours-thématiques…). Cette information se fait au travers de partenariats qui permettent de qualifier un réseau d’acteurs et c Sondage 2006 APPA-ATOO, échantillon de 500 personnes en NordPas de Calais d Castano C., Roussel I., et al, 2007, Les habitants du Nord-Pas de Calais face à la santé environnementale, perceptions et attentes, Rapport PRASE, 34 p. 20 - Air Pur N° 71 - Premier semestre 2007 Les collectivités locales et la DRASS ont intégré au sein du Plan Régional Santé Environnement (PRSE), en 2006, la problématique des allergies respiratoires en région Nord-Pas de Calais. L’implication de l’APPA, soutenue par le Conseil Régional, et de nombreux autres acteurs en région (CHRU de Lille, ATMO Nord-Pas de Calais…) s’appuie sur des données sanitaires et sur un fort ressenti de la population quant à une cause environnementale de la recrudescence des allergies. En effet 97,9 % de la population pensent que l’environnement peut jouer un rôle dans l’apparition de ces allergiesc (Castano et al, 2006d). Il importe donc de poursuivre la démarche de création d’outils de communication et de sensibilisation afin de répondre de manière plus ample aux demandes de la population dans des buts préventifs.