rue du faubourg saint antoine
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rue du faubourg saint antoine
DOSSIER Commerce RUE DU FAUBOURG SAINT ANTOINE : « MASS MARKET » ET NUMÉRO 1 Il suffit de se promener un samedi après-midi rue du Faubourg Saint Antoine, pour constater que cette artère est devenue un « spot » en matière de « shopping ». Mais il est révolu le temps des artisans du meuble ! La population du secteur a profondément évolué au cours des ans, tout comme sa demande. Cherchant à y répondre, les enseignes ont investi cette rue, dans laquelle aujourd’hui les opportunités d’implantation se raréfient… Consultante senior au sein du département commerce de Cushman & Wakefield France, Catherine Dukaez l’analyse dans le détail... «L a rue du Faubourg Saint Antoine se présente comme une artère commerciale majeure de l’est parisien, en particulier pour les 11ème et 12ème arrondissements. Une artère « mass market » après la disparition progressive des magasins de meubles, qui ont longtemps constitué son ADN, au profit d’enseignes nationales et internationales » précise d’entrée Catherine Dukaez. Et si, pour les enseignes, aujourd’hui, cette artère « n’est pas prioritaire comme peut l’être la rue de Rivoli, par exemple », elle « n’en demeure pas moins une rue numéro 1 pour le commerce » précise la consultante senior au sein du département commerce de Cushman & Wakefield France, mixant enseignes grand public et d’autres, plus branchées, parfaite illustration de l’évolution du commerce dans le secteur… Quatre candidatures en un mois pour une offre ! Effectivement, à part deux ou trois enseignes spécialisées telles que Ligne Roset, présente au 25 de la rue ou Cinna, au 37, le créneau du meuble ne caractérise plus la rue du Faubourg Saint Antoine. Compte tenu d’une baisse de leur chiffre d’affaires, de valeurs locatives en hausse et, donc, aussi, d’opportunités financières pour la cession de leurs fonds, les spécialistes du meuble et autres ébénistes ont laissé la place, en particulier aux enseignes d’équipement de la personne. Et ce n’est pas sans une certaine tristesse que les aficionados ont vu fermer il y a quelques mois les clinquantes boutiques Roméo de 69 Immoweek Magazine mars/avril 2015 l’entrée du Faubourg, côté place de la Bastille. Toujours est-il que cette rue, comme le souligne la commercialisatrice qui a suivie son évolution au fil des ans, a effectivement toutes les caractéristiques d’une artère numéro 1. D’abord, une forte demande. Catherine Dukaez prend l’exemple de la récente transaction qu’elle a réalisé au numéro 24. Une surface (et un immeuble) inoccupée depuis de nombreuses années, revenue sur le marché après que l’ensemble ait changé de main et que le nouveau propriétaire ait décidé de le restructurer. Pour cette surface plutôt importante puisque l’on parle de 163 m2 en rez-de-chaussée, 87 m2 à l’étage et 55 m2 en sous-sol (pour un loyer annuel de 330 000 euros dans le cadre d’un bail neuf), la spécialiste a reçu pas moins de quatre dossiers de candidature en l’espace d’un mois. Deux émanant d’enseignes spécialisées dans l’équipement de la personne, les deux autres spécialisées dans l’équipement de la maison. C’est, finalement, Bata qui remporte l’affaire. Et si, depuis, cette enseigne bat de l’aile, de nouvelles se sont déjà fait connaître pour prendre la suite… Un dossier qui reflète, effectivement, cette pression de la demande, qui a d’ailleurs permis, au passage, d’éliminer une « verrue » le long de la rue. Des valeurs en hausse Autre caractéristique des rues numéro 1 parisiennes qui se vérifie rue du Faubourg Saint Antoine : la faiblesse de l’offre. Les opportunités d’implantation ont une nette tendance à la (suite en page 72).../... DOSSIER 54 Commerce Immoweek Magazine mars/avril 2015 › Légende 2 000 - 2 500 € 1 500 € 1 000 - 1 800 € 1 000 - 1 300 € 900 - 1 000 € 800 - 900 € Les valeurs locatives moyenne €/m2 pondéré HT, HC Rental value Zone A in € per sq.m Merci à Cushman & Wakefiel qui nous a permis de réaliser ce “key plan“ mars/avril 2015 Immoweek Magazine 55 › La Maison Hugnet, au 69 : l’une des rares enseignes d’ameublement encore présente rue du Faubourg Saint Antoine et ce, depuis 1846... .../... raréfaction. Ainsi, ne dit-on pas que Claude Dalle, le propriétaire de l’enseigne Roméo et des murs des magasins, actuellement en cours de restructuration, chercherait un nouveau locataire pour les surfaces du 10-14. On parle également d’une autre grande surface qui pourrait être disponible également au début de la rue, mais côté impair cette fois, ou encore du programme en cours de restructuration par Altarea-Cogedim au 45. S’y ajoutent quelques petites boutiques dont les cessions seraient possibles et… c’est à peu près tout. D’autant plus qu’ici, comme à chaque fois qu’il s’agit de commerce, l’emplacement est primordial. C’est pourquoi, il convient de distinguer les bons des moins bons emplacements. S’agissant du Faubourg Saint Antoine, c’est le tronçon entre la place de la Bastille et la rue Ledru Rollin qui est le bon et le côté pair qui est le meilleur car « le trottoir est plus large et le flux des passants, plus important ». Au final, un rapport demande/offre qui, sans surprise, oriente les valeurs locatives à la hausse, autre tendance des artères commerciales numéro 1. Bien sûr, sans surprise, plus on s’éloigne de la place de la Bastille et plus elles décroissent. Cependant, « les valeurs sont encore orientées à la hausse » affirme Catherine Dukaez, mais elle tempère cependant : « la rue du Faubourg Saint Antoine n’est pas la rue de Rivoli, même si toutes deux sont « mass market ». S’agissant de la première, nous parlons, certes, d’une artère numéro 1, mais pas d’une artère « prime ». La croissance des valeurs locatives aura donc une limite liée aux chiffres d’affaires réalisés par les enseignes dans ce secteur ». Elle aussi, essaime… A propos de secteur, la rue du Faubourg Saint Antoine s’est attachée une caractéristique supplémentaire des artères numéro 1 : elle rayonne autour d’elle. « Nous observons que des enseignes s’intéressent aux emplacements de la rue du Faubourg Saint Antoine au delà de la rue Ledru Rollin, frontière qui, jusqu’ici, délimitait la « bonne partie » du Faubourg Saint Antoine ». Et de citer l’exemple récent de l’enseigne Calzedonia qui va s’installer dans cette partie de l’artère. « On peut envisager que cette partie évolue positivement » prévoit prudemment la commercialisatrice, qui fait valoir un autre mouvement : « de nouvelles enseignes, à l’exemple de Repetto, s’installent rue de Charonne, qui font aussi monter en gamme cette rue, dans la foulée du Faubourg Saint Antoine ». Mais, néanmoins, la prudence reste de mise car, règle du bon emplacement oblige, d’autres rues du secteur auraient, de leur côté, plutôt tendance à voir leur attraction diminuer… Au final, la rue du Faubourg Saint Antoine a clairement le vent en poupe. Mais dans sa catégorie, celle des artères « mass market » recherchées. Certainement que les investisseurs devraient, eux aussi, s’y intéresser… Le Barrio Latino a ouvert ses portes en 1999, dans l’ancien magasin de meubles Gouffé, classé aux monuments historiques en 1992, dont la façade et la structure métallique sont signées par Gustave Eiffel (et date de 1907). Catherine Dukaez, consultante senior au sein du département commerce de Cushman & Wakefield France n Thierry Mouthiez L’enseigne d’origine hollandaise Hema, au 86. mars/avril 2015 Immoweek Magazine 53