L O H E N G R I N

Transcription

L O H E N G R I N
RICHARD WAGNER
LOHENGRIN
Livret du compositeur
Opéra romantique
en trois actes
1850
OPERA de LYON
Illustration.
Gravure de MARTIN SCHONGAUER,
Médaillon au cygne (vers 1470-1480), Musée d’Unterlinden, Colmar
LIVRET
9
13
17
22
68
126
Fiche technique
L’argument
Les personnages
LOHENGRIN
Erster Aufzug / Premier acte
Zweiter Aufzug / Deuxième acte
Dritter Aufzug / Troisième acte
CAHIER de LECTURES
Correspondance Wagner / Liszt
171
Fais jouer mon Lohengrin
Gérard de Nerval
173
Souvenir de la création de Lohengrin
Richard Wagner
176
Mythologies I
Charles Baudelaire
178
Mythologie II
3
Franz Liszt
180
Wolfram von Eschenbach, Lohengrin et le Graal
Richard Wagner
182
Le Prélude de Lohengrin / I
Franz Liszt
183
Le Prélude de Lohengrin / II
Charles Baudelaire
185
Le Prélude de Lohengrin / III
187
L’Albatros
Richard Wagner
188
Solitude de Lohengrin, solitude de l’artiste
Thomas Mann
190
La beauté fait mal
CARNET de NOTES
Richard Wagner
194
Repères biographiques
208
Notice bibliographique
Lohengrin
209
Discographie sélective
LIVRET
En 1841, alors qu’il réside à Paris, Wagner prend connaissance de la légende de Lohengrin dans un numéro des Études
historiques et littérairesde la Société royale allemande de
Königsberg. Dès lors, il projette d’en faire un opéra. Il commence à y travailler concrètement lors d’un séjour à
Marienbad en juillet et août 1845. Le texte du livret est achevé le 27 novembre 1845.
Le manuscrit original du livret daté de ce jour est conservé à
la Bibliothèque nationale d’Autriche à Vienne.
PARTITION
Wagner commence le travail de composition au printemps
1846 et d’orchestration en septembre de la même année.
Pour ce dernier, il commence par le troisième acte. Une
ébauche complète, comprenant le prélude est achevée le 29
août 1847. La partition complète de l’œuvre est achevée le
28 avril 1848.
Le manuscrit autographe daté de ce jour est conservé aux
Archives nationales de la Fondation Richard-Wagner à
Bayreuth.
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PERSONNAGES
HENRICH DER VOGLER, deutscher König
HENRI L’OISELEUR, roi allemand
LOHENGRIN
ELSA VON BRABANt / ELSA DE BRABANT
HERZOG GOTTFRIED, ihr Bruder
LE DUC GODEFROI, son frère
FRIEDRICH VON TELRAMUND, brabantischer Graf
FRÉDÉRIC DE TELRAMUND, comte brabançon
ORTRUD, sein Gemahlin
ORTRUDE, son épouse
DER HEERUFER des Königs
LE HÉRAUT du roi
VIER BRABANTISCHE EDLE
QUATRE NOBLES BRABANÇONS
VIER EDELKNABEN / QUATRE ÉCUYERS
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Basse
Ténor
Soprano
Rôle muet
Baryton
Soprano
Basse
Ténors
& Basses
Sopranos
& Altos
ORCHESTRE
3 flûtes dont 1 piccolo
2 hautbois
1 cor anglais
2 clarinettes
2 bassons
4 cors
2 cornets
2 trompettes
3 trombones
1 tuba
Timbales
Percussions : grosse caisse, cymbale, triangle,
tambourin, tambour.
Harpe
Cordes
Musique de scène
Acte II, scène 12 & 14
Acte III, scène 15
3 cors
4 trompettes
3 trombones
1 tuba
1 caisse claire
1 tambour militaire
Orgue
DURÉE MOYENNE
3 heures 30 minutes
CRÉATION
28 août 1850 au Grossherzogliches Hoftheater de Weimar
Direction musicale. Franz Liszt
AvecMM. Batsch (Le Roi Henri), Beck (Lohengrin),
Von Wilde (Telramund) et Mesdames Agthe (Elsa)
et Fasztlinger (Ortrude)
CRÉATION en FRANCE
21 mars 1881 à Nice dans une version en italien
Direction musicale.Romeo Accursi
AvecEmile Cossira dans le rôle-titre
L’ŒUVRE à LYON
26 février 1891, création à Lyon
Direction musicale. Alexandre Luigini
AvecMM. Bourgeois (Le Roi Henri), Massart (Lohengrin),
Noté (Telramund) et Mesdames Janssen (Elsa) et Bossy
(Ortrude).
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1976, au Théâtre romain de Fourvière
Direction musicale.Serge Baudo
Mise en scène.Jean-Claude Riber
Décors & costumes.Jacques Rapp
AvecSiegfried Vogel (Le Roi Henri), Guy Chauvet
(Lohengrin), Siv Wennberg (Elsa), Hermann Becht
(Telramund), Krystina Szostek-Radkowa (Ortrude),
Vladimir de Kanel (Le Héraut)
1987, à l’Auditorium Maurice-Ravel
Direction musicale.Woldemar Nelsson
Mise en scène.Jacques Karpo
Décors et costumes. Ghislain Uhry
AvecJohn Macurdy (Le Roi Henri), Paul Frey (Lohengrin),
Mechtild Gessendorf (Elsa), Hermann Becht (Telramund),
Nadine Denize (Ortrude), Pierre-Yves Le Maigat
(Le Héraut)
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PREMIER ACTE
Anvers, sur les rives de l’Escaut. Première moitié du Xe
siècle. Le roi allemand HENRI 1er L’OISELEUR, est venu en
Brabant demander le concours des hommes de cette province
pour repousser une nouvelle fois des envahisseurs venus de
l’Est. Mais, devant l’assemblée des nobles et du peuple, il
s’étonne de trouver le Brabant sans chef, en proie aux dissensions. Le comte FRÉDÉRIC DE T ELRAMUND lui en expose les
motifs : après la mort du duc régnant, il avait été chargé de la
tutelle du duc héritier, Godefroi, et de sa sœur, Elsa. Or,
celle-ci est revenue un jour de la forêt sans son frère, disparu. TELRAMUND accuse donc Elsa du meurtre de son frère.
Il a lui-même renoncé à épouser la princesse et a pris pour
femme Ortrude, de la vieille lignée de Radbod. Il demande le
Brabant pour lui.
On fait comparaître ELSA qui ne répond pas à l’accusation, mais évoque un chevalier qui lui est apparu en rêve et
qui viendra la sauver.
Le ROI décide de provoquer le jugement de Dieu. Frédéric
se battra contre le champion qui acceptera de défendre Elsa.
Pour qu’il se dévoile, LE HÉRAUT DU ROI lance un appel, auquel
succède le silence, puis un autre, qui reste également sans
réponse. ELSA supplie Dieu d’exaucer son vœu et c’est alors
qu’on voit apparaître un chevalier, dans une barque tirée par
un cygne. Après avoir fait ses adieux à son guide, le chevalier
propose à ELSA de combattre pour elle et, s’il est victorieux, de
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l’épouser. Mais il pose une condition : qu’elle ne lui demande
jamais d’où il vient, ni quel est son nom, ni quelle est sa
lignée. ELSA accepte. Le chevalier combat à l’épée avec
FRÉDÉRIC et gagne. Il lui laisse la vie.
DEUXIÈME ACTE
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Au château d’Anvers. C’est la nuit. Sous les fenêtres,
FRÉDÉRIC et ORTRUDE observent avec amertume les lumières
de la fête qu’on donne en l’honneur d’Elsa et du chevalier
inconnu. FRÉDÉRIC reproche violemment à sa femme de
l’avoir incité, par ses témoignages, à porter accusation contre
Elsa. Il est brisé par la honte et le désespoir : Dieu l’a jugé.
Mais ORTRUDE ne crois pas au jugement de Dieu et ne
s’avoue pas vaincue. Pour elle, le chevalier n’est qu’un magicien qu’elle pourra confondre facilement : s’il était forcé à
dire son nom et sa lignée, toute sa force serait anéantie. Il
s’agit donc de semer le doute dans l’esprit d’Elsa pour l’inciter à poser la question interdite. FRÉDÉRIC accusera publiquement le chevalier d’avoir utilisé la magie et ORTRUDE se
chargera d’Elsa.
Celle-ci apparaît sur la terrasse. ORTRUDE l’appelle et lui
dit sa souffrance. Prise de pitié, ELSA va descendre vers elle.
Avant qu’elle n’arrive, ORTRUDE invoque l’aide de ses dieux
anciens et profanés : Wotan, Freia. ELSA émue par l’abaissement d’ORTRUDE, l’invite à être à ses côtés lorsqu’elle se rendra à la cathédrale pour épouser son chevalier. Dès lors,
ORTRUDE commence son travail de sape, insinuant que le
chevalier pourrait bien repartir comme il est venu.
Le jour se lève, on se rassemble devant la cathédrale. LE
HÉRAUT du roi annonce que TELRAMUND est condamné à l’exil
et que l’armée se mettra en marche, sous les ordres du chevalier, dès la fin des fêtes nuptiales. Le cortège d’E LSA
approche. Mais ORTRUDE se dresse devant la princesse. Avec
violence, elle refuse de la suivre comme une servante, défend
l’honneur de Telramund et met en doute celui du chevalier
qui a interdit qu’on lui demande son nom et ses origines. La
scène est interrompue par l’arrivée du ROI et du chevalier
qui s’enquièrent de la querelle. ELSA, traumatisée, demande
protection à son fiancé qui la console. Alors que le cortège se
reforme, c’est TELRAMUND qui intervient pour affirmer qu’il
est victime d’une injustice et que le jugement de Dieu a été
souillé par un sorcier. Et puisque personne ne l’a fait, il
demande au chevalier quel est son nom, quelle est sa lignée.
Mais le chevalier affirme que seule ELSA a le pouvoir de l’interroger. Celle-ci affirme que son amour saura vaincre la
force du doute, et ainsi reconnaît que le doute agit en elle.
Mais pour l’heure, les fiancés se dirigent vers la cathédrale,
sous le regard d’ORTRUDE, sûre de sa victoire.
TROISIÈME ACTE
Conduits par un chœur nuptial, les nouveaux époux ont
gagné leurs appartements. Seuls tous deux, ils chantent les
douceurs et les délices de leur amour, se rappellent leurs
rêves, leur première rencontre. Tout doucement, presque
hésitante, ELSA amène le dialogue sur la question du nom de
son époux : il pourrait le lui confier, elle le cacherait au
monde, aucune menace ne le lui arracherait. Puis elle se fait
plus anxieuse, plus violente, l’accusant de vouloir repartir.
Elle croit entendre le cygne revenir pour le chercher et, dans
son angoisse, pose la question interdite : quel est ton nom ?
Alors FRÉDÉRIC surgit, l’épée dégainée. Mais c’est le chevalier qui le frappe et le tue. Le chevalier inconnu annonce
qu’il répondra à la question d’ELSA devant le roi.
Sur les rives de l’Escaut comme au premier acte, les
hommes sont rassemblés pour partir en guerre, mais celui qui
doit les commander, tarde à arriver. Il est précédé par QUATRE
NOBLES portant le corps de Telramund, puis par ELSA, complètement défaite. Tous s’interrogent.
Le chevalier apparaît, se justifie du meurtre de Frédéric
puis donne réponse à son épouse : il vient du château de
Montsalvat qui abrite le Graal ; il fait partie de la chevalerie qui
sert le Graal et défend la vertu et le droit, à condition qu’on
n’identifie pas ses membres ; c’est le Graal qui l’a envoyé vers
ELSA ; il est fils du roi Parsifal, son nom est LOHENGRIN.
Devant ELSA terrifiée, le cygne approche et vient chercher
son chevalier. LOHENGRIN remet à ELSA son cor, son épée et
son anneau pour qu’elle les remette à son frère Godefroi s’il
revenait chez lui.
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ORTRUDE triomphe. Elle sait que le cygne n’est autre que
Godefroi et qu’au bout d’un an d’union entre Elsa et
Lohengrin, il aurait été libéré du charme par lequel elle
l’avait métamorphosé.
LOHENGRIN s’est recueilli, en une prière muette. La
colombe du Graal descend du ciel et le cygne se transforme :
c’est le jeune duc. ORTRUDE s’effondre. Le Brabant a retrouvé
un chef. ELSA est désespérée.
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Les indications de la partition situent Lohengrin dans
l’histoire, de façon assez précise : à Anvers, dans la première
moitié du Xe siècle. Le ROI HENRI L’OISELEUR est un
personnage qui a réellement existé : roi de Germanie de 919
à 936, il contint avec efficacité les envahisseurs venus de
l’Est, Slaves et Hongrois : conflits évoqués dès le début de
l’opéra. Le ROI HENRI est venu à Anvers s’assurer de la
loyauté et du concours armé du duché du Brabant dans sa
lutte contre l’envahisseur. Chef militaire, le ROI représente
également le pouvoir politique et l’unité de la patrie. Ses
appels pour la défense de l’empire allemand (Deutsche Reich)
sont éloquents (et semblent faire écho aux aspirations nationalistes allemandes contemporaines de l’œuvre et qui furent
aussi celles de Wagner).
Le ROI est accompagné par son HÉRAUT, à la fois
porte-voix, messager et chef de protocole. Cest lui qui ouvre
l’opéra, annonçant aux nobles du Brabant la venue du souverain et s’assurant de leur écoute loyale avant que le ROI ne
parle. Il est l’ordonnateur du jugement de Dieu. C’est lui qui
annonce les décisions royales. Le HÉRAUT chante une très
belle partie ; son rôle est totalement dénué d’affects, il assure
ses fonctions avec une autorité et une neutralité parfaites.
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Si le ROI représente le pouvoir, il est aussi le garant de la
justice ; il doit juger, avec l’aide de Dieu qu’il invoque avec
l’humilité du pécheur, de l’accusation de fratricide portée
contre ELSA par le comte FRÉDERIC DE TELRAMUND.
Au début de Lohengrin, TELRAMUND est le plus haut personnage du duché de Brabant. Tuteur du duc héritier GODEFROI et de
sa sœur ELSA, il est, dans l’ordre de succession au trône, un
héritier très proche. Aussi, après la disparition de GODEFROI , il
affirme ses prétentions à la succession, confortées par son
accusation contre ELSA. Accusation qui tombera d’elle-même
après sa défaite dans son duel avec LOHENGRIN : le jugement
de Dieu l’a désigné comme félon. Or, TELRAMUND était reconnu
par tous et par le ROI lui-même comme un homme d’honneur,
exemple de vertu et de courage, un politique et un guerrier
essentiel dans la défense de l’empire. L’histoire de Lohengrin
est aussi celle de sa déchéance. TELRAMUND est fortement
influencée par son épouse, ORTRUDE qui, par son témoignage et
ses récits, le persuade qu’ELSA a tué son frère. C’est elle encore, au deuxième acte, qui va le convaincre que sa chute est due
à la tricherie du chevalier. Cet aveuglement amène TELRAMUND
à la mort : au troisième acte, il surgit dans la chambre nuptiale
pour tuer LOHENGRIN mais c’est lui qui est transpercé par
l’épée du chevalier.
ORTRUDE est l’héritière de la vieille lignée princière
de Radbod, celle qui doit refleurir pour régner sur le
Brabant : elle en a convaincu son époux dont l’ambition s’est
nourrie de cette prédiction. Mais, dans ce cadre médiéval,
baigné par une foi chrétienne d’autant plus prégnante qu’elle
est récente, ORTRUDE représente avant tout le monde ancien,
celui des dieux antiques. Invoquant Wotan et Freia, « dieux
profanés », elle est comme la prêtresse clandestine de ces
cultes voués à la disparition ; sa motivation essentielle est
peut-être la restauration des dieux chassés par le christianisme qui s’est imposé comme religion d’état dans toute
l’Europe occidentale. Dans cette lutte, tous les moyens lui
sont bons. Elle manipule son mari, trompe la confiance
d’ELSA. Elle sait que ce chevalier inconnu est son ennemi
irréductible. Ses pouvoirs magiques sont réels – elle a transformé le jeune GODEFROI en cygne – mais moins puissants
que ceux du Graal, dont LOHENGRIN est le dépositaire.
LOHENGRIN est un personnage surnaturel, d’une pureté
presque désincarnée. Il arrive de façon inattendue, dans une
barque tirée par un cygne. Il se bat pour ELSA, il gagne, il la
sauve. En lui proposant de l’épouser, il fait jurer à ELSA
qu’elle ne l’interrogera jamais sur son nom et ses origines.
ELSA ne peut tenir sa promesse. Il révèle son identité et
part, non sans avoir réussi – dernière victoire sur le mal incarné par ORTRUDE – à libérer le jeune GODEFROI du charme
qui l’avait transformé en cygne. LOHENGRIN est un personnage
presque monolithique, son parcours dramaturgique est d’une
simplicité linéaire ; envoyé par le Graal, son identité personnelle s’efface presque entièrement derrière sa mission. Il est
aussi une figure de solitude et de l’errance, une sorte d’avatar
autobiographique du compositeur lui-même.
Si le spectateur est parfaitement informé de son nom –
c’est le titre de l’œuvre – il faut noter que pour les protagonistes de l’opéra, il est le chevalier sans nom, un inconnu. Le
ROI lui voue une entière confiance puisqu’il a gagné au tribunal de Dieu et lui donne la couronne du Brabant.
ELSA en revanche, va se poser plus de questions... Elle
est un personnage apparemment simple. Jeune fille pure,
candide sinon naïve au début de l’œuvre, elle est centrée sur
son rêve : un chevalier splendide va venir la sauver et l’aimer. Le rêve qu’elle raconte est un chant d’une telle intensité
qu’on pourrait croire que c’est elle, par sa force, qui suscite
la venue de LOHENGRIN. Dès son apparition, dès le moment
où il gagne pour elle, elle lui fait don de tout ce qu’elle a, de
tout ce qu’elle est. ELSA a le bonheur généreux : quand
ORTRUDE, déchue comme son époux, implore sa pitié, elle
n’hésite pas à lui pardonner ses errements et à l’inviter à l’accompagner, au premier rang, lors de la cérémonie nuptiale.
La bonté d’ELSA la perd, elle ne se contente pas de pardonner
à ORTRUDE, elle l’écoute aussi. A partir de ce moment, il est
assez simple pour O RTRUDE de distiller un trouble profond
dans l’esprit d’ELSA. En effet, l’exigence de l’anonymat et du
secret posée par LOHENGRIN ne peut que susciter doute et
interrogation sur son identité réelle et, surtout sur ses intentions : ce chevalier ne repartira-t-il pas aussi mystérieusement
qu’il est arrivé ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Et
bien qu’à la fin du deuxième acte, ELSA promette à LOHENGRIN
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de mettre son amour au-dessus de ses doutes, elle n’y parviendra évidemment pas. Le doute ronge l’amour comme un acide
et elle pose la question interdite. ELSA apprendra donc le nom
et la lignée de son chevalier mais elle le perdra pour toujours.
On peut douter que le retour de son frère sous sa forme
humaine lui soit d’une grande consolation. Mais enfin le
Brabant retrouve un chef avec le retour sous sa forme humaine
du jeune duc GODEFROI. LOHENGRIN l’investit publiquement avant de partir à jamais : qu’il soit votre guide (Führer).
La vacance du pouvoir et la crise politique qui ouvrent
Lohengrin trouvent ainsi résolution à la fin de l’œuvre.
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RICHARD WAGNER
LOHENGRIN
MOZART DIE ZAUBERFLÖTE
Vorspiel
ERSTER AUFZUG
ERSTE SZENE
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Eine Aue am Ufer der Schelde bei Antwerpen.
Der Fluß macht dem Hintergrunde zu eine Biegung, so daß
rechts durch einige Bäume der Blick auf ihn unterbrochen
wird und man erst in weiterer Entfernung
ihn wiedersehen kann.
Im Vordergrunde links sitzt König Heinrich unter
einer mächtigen alten Gerichtseiche; ihm zunächst stehen
sächsische und thüringische Grafen, Edle und Reisige,
welche des Königs Heerbann bilden.
Gegenüber stehen die brabantischen Grafen und Edlen, Reisige
und Volk, an ihrer Spitze Friedrich von Telramund, zu dessen
Seite Ortrud. Mannen und Knechte füllen die Räume
im Hintergrunde. Die Mitte bildet einen offenen Kreis.
Der Heerrufer des Königs und vier Heerhornbläser
schreiten in die Mitte. Die Bläser blasen den Königsruf.
DER HEERRUFER
Hört! Grafen, Edle, Freie von Brabant!
Heinrich, der Deutschen König, kam zur Statt,
Mit euch zu dingen nach des Reiches Recht.
Gebt ihr nun Fried’ und Folge dem Gebot?
DIE BRABANTER
Wir geben Fried’ und Folge dem Gebot!
(An die Waffen schlagend)
Willkommen, willkommen, König, in Brabant!
ACTE I SCÈNE 1
Prélude
PREMIER ACTE
PREMIÈRE SCÈNE
Une prairie sur la rive de l’Escaut près d’Anvers.
A l’arrière-plan, le fleuve décrit une courbe, de sorte
qu’à droite, quelques arbres le dissimulent au regard
et qu’on ne peut le voir à nouveau que dans le lointain.
Au premier plan, à gauche, siège le roi Henri sous un vieux et
puissant chêne de la justice ; près de lui, des comtes saxons et
thuringiens, des nobles, des cavaliers, formant l’escorte du roi.
A l’opposé se tiennent les comtes et les nobles brabançons,
cavaliers et gens du peuple ; à leur tête,
Frédéric de Telramund, à ses côtés, Ortrude.
Au fond, hommes et écuyers emplissent l’espace.
Le centre forme un cercle ouvert. Le héraut du roi
et quatre trompettes s’avancent vers le centre.
Les instruments sonnent l’appel royal.
LE HÉRAUT
Oyez ! Comtes, nobles, hommes libres de Brabant !
Henri, le roi allemand est venu ici
Pour traiter avec vous selon le droit de l’empire.
A son commandement donnez-vous paix et adhésion ?
LES BRABANÇONS
Nous donnons paix et adhésion à son commandement !
(Entrechoquant leurs armes)
Bienvenue, bienvenue, Roi, en Brabant !
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RICHARD WAGNERLOHENGRIN
20
KÖNIG HEINRICH (erhebt sich)
Gott grüß’ euch, liebe Männer von Brabant!
Nicht müßig tat zu euch ich diese Fahrt;
Der Not des Reiches seid von mir gemahnt!
Soll ich euch erst der Drangsal Kunde sagen,
Die deutsches Land so oft aus Osten traf?
In fernster Mark hießt Weib und Kind ihr beten:
»Herr Gott, bewahr’ uns vor der Ungarn Wut!«
Doch mir, des Reiches Haupt, mußt’ es geziemen,
Solch wilder Schmach ein Ende zu ersinnen.
Als Kampfes Preis gewann ich Frieden auf neun Jahr’;
Ihn nützt’ ich zu des Reiches Wehr:
Beschirmte Städt’ und Burgen ließ ich bau’n,
Den Heerbann übte ich zum Widerstand.
Zu End’ ist nun die Frist, der Zins versagt,
Mit wildem Drohen rüstet sich der Feind.
(Mit großer Wärme)
Nun ist es Zeit, des Reiches Ehr’ zu wahren;
Ob Ost, ob West, das gelte Allen gleich!
Was deutsches Land heißt, stelle Kampfesscharen,
Dann schmäht wohl niemand mehr das deutsche Reich!
DIE SACHSEN UND THÜRINGER (an die Waffen schlagend)
Wohlauf! Mit Gott für deutschen Reiches Ehr’!
DER KÖNIG (hat sich wieder gesetzt)
Komm’ ich zu euch nun, Männer von Brabant,
Zur Heeresfolg’ nach Mainz euch zu entbieten,
Wie muß mit Schmerz und Klagen ich erseh’n,
Daß ohne Fürsten ihr in Zwietracht lebt!
Verwirrung, wilde Fehde wird mir kund;
Drum ruf ich dich, Friedrich von Telramund!
Ich kenne dich als aller Tugend Preis,
Jetzt rede, daß der Drangsal Grund ich weiß.
FRIEDRICH
Dank, König, dir, daß du zu richten kamst!
Die Wahrheit künd’ ich, Untreu’ ist mir fremd.
Zum Sterben kam der Herzog von Brabant,
Und meinem Schutz empfahl er seine Kinder,
Elsa, die Jungfrau, und Gottfried, den Knaben;
ACTE I SCÈNE 1
LE ROI HENRI (se levant)
Que Dieu vous bénisse, chers hommes de Brabant !
Je n’ai pas fait ce voyage vers vous en vain ;
Que je vous avertisse du péril de l’empire !
Dois-je d’abord vous dire les tourments qui venus
De l’Est, touchèrent si souvent le pays allemand ?
Aux frontières lointaines vous disiez aux femmes,
Aux enfants, de prier :
« Dieu, protège-nous de la fureur hongroise ! »
Mais moi, chef de l’empire, il m’échut
De mettre un terme à ce terrible outrage.
Au prix du combat je gagnai neuf années de paix ;
Je les ai mises à profit pour la défense de l’empire :
J’ai fait construire villes fortifiées et châteaux-forts,
J’ai entraîné mes armées à la résistance.
A présent la trêve est finie, le tribut refusé,
Avec de sauvages menaces, l’ennemi s’arme.
(Avec beaucoup de chaleur)
Il est temps de préserver l’honneur de l’empire ;
A l’Est, à l’Ouest, cela vaut pour tous !
Que toute terre allemande lève ses armées,
Personne alors n’outragera plus l’empire allemand !
LES SAXONS & LES THURINGIENS (entrechoquant leur armes)
Debout ! Avec Dieu pour l’honneur de l’empire allemand !
LE ROI (qui s’est rassis)
Moi qui suis venu à vous, hommes de Brabant,
Pour vous prier de me faire escorte jusqu’à Mayence,
Je vois avec peine et douleur
Que vous vivez sans prince et dans la dissension !
J’apprends qu’il y a des troubles, de farouches querelles ;
C’est pourquoi je t’appelle Frédéric de Telramund!
Je te connais comme exemple de vertu,
Parle à présent, je j’apprenne le motif de ce désordre.
FRÉDÉRIC
Merci à toi, Roi, d’être venu juger !
Je dirais le vrai, la félonie m’est étrangère.
Le duc de Brabant est mort
Et a placé ses enfants sous ma protection
Elsa, la damoiselle, et Godefroi, le jeune garçon ;
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RICHARD WAGNERLOHENGRIN
22
Mit Treue pflag ich seiner großen Jugend,
Sein Leben war das Kleinod meiner Ehre.
Ermiß nun, König, meinen grimmen Schmerz,
Als meiner Ehre Kleinod mir geraubt!
Lustwandelnd führte Elsa den Knaben einst zum Wald,
Doch ohne ihn kehrte sie zurück;
Mit falscher Sorge frug sie nach dem Bruder,
Da sie, von ungefähr von ihm verirrt,
Bald seine Spur – so sprach sie – nicht mehr fand.
Fruchtlos war all’ Bemühn um den Verlor’nen;
Als ich mit Drohen nun in Elsa drang,
Da ließ in bleichem Zagen und Erbeben
Der gräßlichen Schuld Bekenntnis sie uns sehn.
Es faßte mich Entsetzen vor der Magd;
Dem Recht auf ihre Hand, vom Vater mir verliehn,
Entsagt’ ich willig da und gern,
Und nahm ein Weib, das meinem Sinn gefiel:
(Er stellt Ortrud vor, diese verneigt sich vor dem Könige.)
Ortrud, Radbod’s, des Friesenfürsten Sproß.
(Er schreitet feierlich einige Schritte vor.)
Nun führ’ ich Klage wider Elsa von Brabant;
Des Brudermordes zeih’ ich sie.
Dies Land doch sprech’ ich für mich an mit Recht,
Da ich der Nächste von des Herzogs Blut,
Mein Weib dazu aus dem Geschlecht,
Das einst auch diesem Lande seine Fürsten gab.
Du hörst die Klage, König! Richte
Recht!
ALLE MÄNNER (in feierlichem Grauen)
Ha,
Schwerer Schuld zeiht Telramund!
Mit Grau’n werd’ ich der Klage kund!
DER KÖNIG
Welch fürchterliche Klage sprichst du aus!
Wie wäre möglich solche große Schuld?
FRIEDRICH
O Herr, traumselig ist die eitle Magd,
Die meine Hand voll Hochmut von sich stieß.
ACTE I SCÈNE 1
Fidèlement je veillais sur sa grande jeunesse,
Sa vie était le trésor de mon honneur.
Mesure à présent, Roi, ma rage et ma douleur
Quand le trésor de mon honneur me fut dérobé !
Un jour se promenant, Elsa emmena le garçon en forêt,
Mais elle revint sans lui ;
Avec une feinte inquiétude, elle s’enquit de son frère
Qu’elle avait perdu par hasard
Et dont – disait-elle – elle n’avait retrouvé trace.
Tous les efforts pour le retrouver furent vains ;
Comme je pressais Elsa de menaces,
Par sa pâleur, ses hésitations, ses tremblements,
Elle nous montra l’aveu de son terrible crime.
J’étais saisi d’horreur devant cette fille ;
Le droit à sa main, à moi promis par son père,
J’y renonçai volontiers, immédiatement,
Et je pris une épouse qui plaisait à mon cœur :
(Il présente Ortrude qui s’incline devant Roi.)
Ortrude, de la lignée de Radbod, prince de Frise.
(Il s’avance solennellement de quelques pas.)
A présent, je porte plainte contre Elsa de Brabant ;
Je l’accuse du meurtre de son frère.
Selon le droit, je demande ce pays pour moi,
Puisque je suis par le sang le premier héritier du duc,
Et de plus, mon épouse est de la race
Qui jadis donnait ses princes à cette terre.
Tu as entendu la plainte, Roi ! Juge
Avec justice !
TOUS LES HOMMES (avec un solennel effroi)
Ah,
Telramund accuse d’une lourde faute !
J’entends sa plainte avec effroi !
LE ROI
Quelle terrible plainte profères-tu !
Un si grand crime, comment serait-il possible ?
FRÉDÉRIC
Ô Seigneur, cette fille vaniteuse aime rêver
Pleine d’orgueil, elle rejeta ma main.
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RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Geheimer Buhlschaft klag’ ich drum sie an:
(Immer mehr einen bitter gereizten Zustand verratend)
Sie wähnte wohl, wenn sie des Bruders ledig,
Dann könnte sie als Herrin von Brabant
Mit Recht dem Lehnsmann ihre Hand verwehren,
Und offen des geheimen Buhlen pflegen.
DER KÖNIG (durch eine ernste Gebärde
Friedrichs Eifer unterbrechend)
Ruft die Beklagte her!
Beginnen soll nun das Gericht!
Gott laß mich weise sein.
DER HEERRUFER (schreitet feierlich in die Mitte)
Soll hier nach Recht und Macht Gericht gehalten sein?
DER KÖNIG (hängt mit Feierlichkeit den Schild an der Eiche auf)
Nicht eh’r soll bergen mich der Schild,
Bis ich gerichtet streng und mild!
24
ALLE MÄNNER (die Schwerter entblößend, welche die Sachsen
und Thüringer vor sich in die Erde stoßen, die Brabanter flach
vor sich niederstrecken)
Nicht eh’r zur Scheide kehr’ das Schwert,
Bis ihm durch Urteil Recht gewährt!
DER HEERRUFER
Wo ihr des Königs Schild gewahrt,
Dort Recht durch Urteil nun erfahrt!
Drum ruf ich klagend laut und hell:
Elsa, erscheine hier zur Stell’!
ZWEITE SZENE
(Elsa tritt auf in einem weißen, sehr einfachen Gewande;
sie verweilt eine Zeit lang im Hintergrunde; dann schreitet
sie sehr langsam und mit großer Verschämtheit der Mitte
des Vordergrundes zu; Frauen, sehr einfach weißgekleidet,
folgen ihr, diese bleiben aber zunächst im Hintergrunde an
der äußersten Grenze des Gerichtskreises.)
ACTE I SCÈNE 2
C’est pourquoi je l’accuse d’avoir un amour secret :
(Trahissant une amertume irritée et croissante)
Elle s’imaginait bien, débarrassée de son frère,
Comme souveraine du Brabant, pouvoir
De droit refuser sa main à son vassal
Et se consacrer ouvertement à son amant secret.
LE ROI (interrompant d’un geste impérieux
l’ardeur de Frédéric)
Qu’on appelle celle qui est accusée !
Que le jugement commence !
Que Dieu fasse que je sois sage !
LE HÉRAUT (se dirige solennellement au centre)
La justice s’exercera-t-elle ici selon le droit et le pouvoir?
LE ROI (suspend avec solennité son bouclier au chêne)
Que ce bouclier ne me protège plus
Jusqu’à ce que j’aie jugé, avec fermeté, avec bonté !
TOUS LES HOMMES (dégainant leurs épées que les Saxons et les
Thuringiens fichent en terre devant eux, et que les Brabançons
déposent à terre)
Que l’épée ne retrouve pas le fourreau
Avant que la justice ait consacré son droit.
LE HÉRAUT
Où vous voyez le bouclier du roi,
Là, par le jugement, vous entendrez le droit.
C’est pourquoi j’appelle haut et clair :
Elsa, vient comparaître ici !
DEUXIÈME SCÈNE
(Elsa entre dans un vêtement blanc, très simple ;
elle s’attarde un instant à l’arrière-plan ; puis elle s’avance
au premier plan, au centre, très lentement et avec une
grande timidité ; des femmes vêtues très simplement
de blanc la suivent mais demeurent à l’arrière-plan,
à la limite extérieure du cercle du jugement.)
25
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DIE MÄNNER
Seht hin! Sie naht, die hart Beklagte!
Ha! Wie erscheint sie so licht und rein!
Der sie so schwer zu zeihen wagte,
Wie sicher muß der Schuld er sein!
DER KÖNIG
Bist du es, Elsa von Brabant?
(Elsa neigt das Haupt bejahend.)
Erkennst du mich als deinen Richter an?
(Elsa wendet ihr Haupt nach dem König, blickt ihm in’s
Auge und bejaht dann mit vertrauensvoller Gebärde.)
So frage ich weiter: ist die Klage dir bekannt,
Die schwer hier wider dich erhoben?
(Elsa erblickt Friedrich und Ortrud, erbebt, neigt traurig
das Haupt und bejaht.)
Was entgegnest du der Klage?
(Elsa – durch eine Gebärde: »Nichts!«)
So bekennst du deine Schuld?
26
ELSA (blickt eine Zeit lang traurig vor sich hin)
Mein armer Bruder!
ALLE MÄNNER
Wie wunderbar! Welch seltsames Gebaren!
DER KÖNIG
Sag’, Elsa! Was hast du mir zu vertrau’n?
(Erwartungsvolles Schweigen.)
ELSA (in ruhiger Verklärung vor sich hinblickend)
Einsam in trüben Tagen hab’ ich zu Gott gefleht,
Des Herzens tiefstes Klagen ergoß ich im Gebet.
Da drang aus meinem Stöhnen ein Laut so klagevoll,
Der zu gewalt’gem Tönen weit in die Lüfte schwoll:
Ich hört’ ihn fern hin hallen, bis kaum mein Ohr er traf;
Mein Aug’ ist zugefallen, ich sank in süßen Schlaf.
ALLE MÄNNER
Wie sonderbar! Träumt sie? Ist sie entrückt?
ACTE I SCÈNE 2
LES HOMMES
Regardez ! Elle approche, celle qui est durement accusée.
Ah ! Comme elle paraît lumineuse et pure !
Celui qui a osé l’accuser si lourdement,
Il doit être certain du crime !
LE ROI
Est-ce toi, Elsa de Brabant ?
(Elsa incline la tête, faisant un signe affirmatif.)
Me reconnais-tu comme ton juge.
(Elsa tourne la tête vers le roi, le regarde dans les yeux,
puis fait signe que oui avec un geste plein de confiance.)
Alors, je te demande encore : connais-tu la plainte,
Qui a été lourdement élevée ici contre toi ?
(Elsa aperçoit Frédéric et Ortrude, frémit,
incline tristement la tête et fait un signe affirmatif.)
Qu’as-tu à opposer à la plainte ?
(Elsa, par un geste : « Rien ! »)
Ainsi, tu reconnais ton crime ?
ELSA (regarde un instant tristement devant elle)
Mon pauvre frère !
TOUS LES HOMMES
Comme c’est étrange ! Quelle singulière attitude !
LE ROI
Dis, Elsa! Qu’as-tu à me confier ?
(Silence plein d’attente.)
ELSA (calme, transfigurée, regardant devant elle)
Solitaire, dans les jours tristes, j’ai supplié Dieu,
La profonde plainte de mon cœur s’épanchait dans la prière.
De mes gémissements un son s’échappa, si plaintif,
Que sa violente vibration se dilata loin dans l’espace :
Je l’entendis résonner au loin, jusqu’à devenir inaudible,
Mes yeux se fermèrent, je sombrais dans un doux sommeil.
TOUS LES HOMMES
Très étrange ! Rêve-t-elle ? Délire-t-elle ?
27
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DER KÖNIG (als wolle er Elsa aus dem Traume wecken)
Elsa, verteid’ge dich vor dem Gericht!
(Elsas Mienen gehen von dem Ausdruck träumerischen
Entrücktseins zu dem schwärmerischer Verklärung über.)
ELSA
In Lichter Waffen Scheine ein Ritter nahte da,
So tugendlicher Reine ich keinen noch ersah:
Ein golden Horn zur Hüften, gelehnet auf sein Schwert,
So trat er aus den Lüften zu mir, der Recke wert;
Mit züchtigem Gebaren gab Tröstung er mir ein;
Des Ritters will ich wahren, er soll mein Streiter sein!
Er soll mein Streiter sein!
ALLE MÄNNER
Bewahre uns des Himmels Huld,
Daß klar wir sehen, wer hier
Schuld!
28
DER KÖNIG
Friedrich,
Du ehrenwerter Mann,
Bedenke wohl, wen klagst du an?
FRIEDRICH
Mich irret nicht ihr träumerischer Mut;
Ihr hört, sie schwärmt von einem Buhlen!
Weß’ ich sie zeih’, dess’ hab’ ich sich’ren Grund.
Glaubwürdig ward ihr Frevel mir bezeugt;
Doch eurem Zweifel durch ein Zeugnis wehren,
Das stünde wahrlich übel meinem Stolz!
Hier steh’ ich, hier mein Schwert!
Wer wagt von euch, zu streiten wider meiner Ehre Preis!
DIE BRABANTER
Keiner von uns! Keiner von uns!
Wir streiten nur für dich!
FRIEDRICH
Und, König, du! Gedenkst du meiner Dienste,
Wie ich im Kampf den wilden Dänen schlug?
ACTE I SCÈNE 2
LE ROI (comme s’il voulait réveiller Elsa de son rêve)
Elsa, défends-toi face à la justice !
(Les traits d’Elsa passent de l’expression d’un égarement
rêveur à celle d’une transfiguration exaltée.)
ELSA
Dans la lumière brillante des armes, un chevalier approchait,
Pureté si vertueuse, je n’avais jamais vue :
A la taille en cor en or, appuyé sur son épée,
Ainsi le héros valeureux vint à moi, par les airs ;
Avec des gestes chastes, il me consola ;
Pour me défendre, je veux ce chevalier,
Il doit être mon champion !
TOUS LES HOMMES
Que la grâce du ciel nous garde,
Que nous voyions clairement qui est ici
Criminel !
LE ROI
Frédéric,
Tu es un homme d’honneur,
As-tu bien pensé à celle que tu accuses ?
FRÉDÉRIC
Son humeur rêveuse ne me trompe pas ;
Vous l’entendez, elle s’est éprise d’un amant !
Si je l’accuse, j’ai des motifs sérieux.
On m’a démontré que son crime était crédible ;
Mais écarter vos doutes par un témoignage,
En vérité, serait fâcheux pour ma fierté !
Je suis là, voici mon épée !
Qui de vous veut se battre contre le prix de mon honneur !
LES BRABANÇONS
Nul d’entre nous ! Nul d’entre nous !
Nous ne combattons que pour toi !
FRÉDÉRIC
Et toi, Roi ! Te souviens-tu de mes services,
Alors que j’abattais en combat les farouches Danois ?
29
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DER KÖNIG
Wie schlimm, ließ’ ich von dir daran mich mahnen!
Gern geb ich dir der höchsten Tugend Preis;
In keiner andern Hut, als in der deinen,
Möcht’ ich die Lande wissen.
Gott allein soll jetzt in dieser Sache noch entscheiden!
ALLE MÄNNER
Zum Gottesgericht! Zum Gottesgericht! Wohlan!
(Der König zieht sein Schwert und stößt es feierlich vor sich
in die Erde.)
DER KÖNIG
Dich frag’ ich, Friedrich, Graf von Telramund!
Willst du durch Kampf auf Leben und auf Tod
Im Gottesgericht vertreten deine Klage?
FRIEDRICH
Ja!
30
DER KÖNIG
Und dich nun frag’ ich, Elsa von Brabant!
Willst du, daß hier auf Leben und auf Tod
Im Gottesgericht ein Kämpe für dich streite?
ELSA (ohne die Augen aufzuschlagen)
Ja!
DER KÖNIG
Wen wählest du zum Streiter?
FRIEDRICH (hastig)
Vernehmet jetzt den Namen ihres Buhlen!
DIE BRABANTER
Merket auf!
ELSA (hat Stellung und schwärmerische Miene nicht verlassen;
alles blickt mit Gespanntheit auf sie)
Des Ritters will ich wahren, er soll mein Streiter sein!
ACTE I SCÈNE 2
LE ROI
Il est funeste que ce soit toi qui me le rappelles !
Je te reconnais volontiers comme le plus courageux :
Je ne voudrais pas savoir ce pays
Sous une autre garde que la tienne.
A présent, Dieu seul peut encore décider de ce cas.
TOUS LES HOMMES
Au jugement de Dieu ! Au jugement de Dieu ! Allons !
(Le Roi tire son épée et l’enfonce solennellement
devant lui dans le sol.)
LE ROI
Je te le demande, Frédéric, comte de Telramund !
Veux-tu en un combat à la vie à la mort
Soutenir ta plainte au tribunal de Dieu ?
FRÉDÉRIC
Oui !
31
LE ROI
Et je te pose la question, Elsa de Brabant !
Veux-tu qu’ici, à la vie à la mort,
Un champion combatte pour toi au tribunal de Dieu ?
ELSA (sans ouvrir les yeux)
Oui !
LE ROI
Qui choisis-tu comme défenseur ?
FRÉDÉRIC (rapidement)
Apprenez maintenant le nom de son amant !
LES BRABANÇONS
Attention !
ELSA (n’a pas quitté sa place ni son expression exaltée ;
tous la regardent, tendus)
Je veux le chevalier, il doit être mon défenseur !
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Ohne sich umzublicken)
Hört, was dem Gottgesandten ich biete für Gewähr:
In meines Vaters Landen die Krone trage er;
Mich glücklich soll ich preisen, nimmt er mein Gut dahin,
Will er Gemahl mich heißen, geb’ ich ihm, was ich bin!
ALLE MÄNNER (für sich)
Ein schöner Preis, stünd’ er in Gottes Hand!
(Unter sich)
Wer um ihn stritt, wohl setzt’ er schweres
Pfand!
DER KÖNIG
Im
Mittag
Hoch steht schon die Sonne:
So ist es Zeit, daß nun der Ruf ergeh’!
32
(Der Heerrufer tritt mit den vier Heerhornbläsern vor,
die er, den vier Himmelsgegenden zugewendet,
an die äußersten Grenzen des Gerichtskreises vorschreiten
und so den Ruf blasen läßt.)
DER HEERRUFER
Wer hier im Gotteskampf zu streiten kam
Für Elsa von Brabant,
Der trete vor! Der trete vor!
(Langes Stillschweigen. Elsa, welche bisher in
ununterbrochen ruhiger Haltung verweilt, zeigt
entstehende Unruhe der Erwartung.)
ALLE MÄNNER
Ohn’ Antwort ist der Ruf verhallt!
FRIEDRICH (auf Elsa deutend)
Gewahrt, gewahrt, ob ich sie fälschlich schalt?
ALLE MÄNNER
Um ihre
Sache steht es schlecht!
ACTE I SCÈNE 2
(Sans regarder autour d’elle)
Écoutez ce que j’offre en garantie à l’envoyé de Dieu :
Dans le pays de mon père, qu’il porte la couronne ;
Je me dirai heureuse s’il accepte mon bien,
S’il veut m’appeler sa femme, je lui fais don de ce que je suis !
TOUS LES HOMMES (à part)
Belle récompense, entre les mains de Dieu !
(Chacun pour soi-même)
Qui lutte pour lui, peut compter sur un grand
Prix !
LE ROI
A
Midi
Le soleil est déjà haut :
C’est le moment, que l’appel soit proclamé !
(Le Héraut s’avance avec les quatre trompettes
qu’il envoie se placer aux quatre points cardinaux
aux limites extérieures du cercle de justice
pour qu’ils sonnent l’appel.)
LE HÉRAUT
Celui qui vient combattre au combat de Dieu
Pour Elsa de Brabant,
Qu’il s’avance ! Qu’il s’avance !
(Long silence. Elsa qui jusque là était calme, montre
les signes de l’angoisse de l’attente.)
TOUS LES HOMMES
L’appel résonne en vain !
FRÉDÉRIC (désignant Elsa)
Voyez, voyez, si je l’ai condamnée à tort ?
TOUS LES HOMMES
Son
Cas se présente mal !
33
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
Auf meiner Seite bleibt
Das Recht!
ELSA (etwas näher zum König tretend)
Mein lieber König, laß dich bitten,
Noch einen Ruf an meinen Ritter!
(Sehr unschuldig)
Wohl weilt er fern und hört’ ihn nicht.
DER KÖNIG (zum Heerrufer)
Noch einmal rufe zum Gericht!
(Auf das Zeichen des Heerrufers richten die Heerhornbläser
sich wieder nach den vier Himmelsgegenden.)
DER HEERRUFER
Wer hier im Gotteskampf zu streiten kam
Für Elsa von Brabant,
Der trete vor! Der trete vor!
34
(Wiederum langes, gespanntes Stillschweigen.)
ALLE MÄNNER
In düst’rem Schweigen richtet Gott!
(Elsa sinkt zu inbrünstigem Gebet auf die Knie.
Die Frauen, in Besorgnis um ihre Herrin, treten etwas
näher in den Vordergrund.)
ELSA
Du trugest zu ihm meine Klage,
Zu mir trat er auf dein Gebot:
O
Herr, nun meinem Ritter sage,
Daß er mir helf in meiner Not!
DIE FRAUEN (auf die Knie sinkend)
Herr! Sende Hilfe ihr!
Herr Gott! Höre uns!
ELSA (in wachsender Begeisterung)
Laß mich ihn sehn wie ich ihn sah,
ACTE I SCÈNE 2
FRÉDÉRIC
De mon côté demeure
Le droit !
ELSA (s’approchant un peu du Roi)
Mon Roi, laisse-moi t’en prier
Encore un appel pour mon chevalier !
(Très candide)
Sans doute est-il loin et ne l’entend-il pas.
LE ROI (au Héraut)
Appelle une nouvelle foi au jugement !
(Sur un signe du héraut, les quatre trompettes se dirigent
à nouveau vers les quatre points cardinaux.)
LE HÉRAUT
Celui qui vient combattre au combat de Dieu
Pour Elsa de Brabant,
Qu’il s’avance ! Qu’il s’avance !
(A nouveau un long silence, tendu.)
TOUS LES HOMMES
Dieu juge par un sombre silence !
(Elsa tombe à genoux, en une ardente prière.
Les femmes, s’inquiétant pour leur maîtresse,
s’avancent un peu au premier plan.)
ELSA
Tu lui as porté ma plainte,
Sur ton ordre il est venu vers moi :
Ô
Seigneur, dis maintenant à ton chevalier,
Que dans ma peine il me porte secours !
LES FEMMES (tombant à genoux)
Seigneur ! Envoie-lui ton secours !
Seigneur Dieu ! Écoute-nous !
ELSA (en une exaltation croissante)
Fais que je le voie comme je le vis,
35
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Wie ich ihn sah.
(Mit freudig verklärter Miene)
Sei er mir nah!
(Den ersten Chor bilden die dem Ufer des Flusses zunächtst
stehenden Männer; sie gewahren zuerst die Ankunft
Lohengrins, welcher in einem Nachen, von einem Schwan
gezogen, auf dem Flusse in der Ferne sichtbar wird.)
36
DIE MÄNNER
Seht! Seht! Welch ein seltsam Wunder!
Welch ein seltsam Wunder! Seht, welch Wunder!
Wie? ein Schwan? ein Schwan?
Ein Schwan zieht einen Nachen dort heran! Wie?
Ein Schwan zieht einen Nachen dort heran! Wie?
(Den zweiten Chor bilden die dem Ufer entfernter
stehenden Männer im Vordergrunde, welche, ohne zunächst
ihren Platz zu verlassen, mit immer regerer Neugier
fragend an die dem Ufer näher Stehenden wenden;
sodann verlassen sie in einzelnen Haufen den Vordergrund,
um selbst am Ufer nachzusehen.)
Ein Ritter drin!
Ha! Ein Ritter drin hoch aufgerichtet steht!
Was ist? Ein Ritter!
Wie glänzt sein Waffenschmuck! Seht den Ritter!
Ein Schwan? Ein Schwan? Ein Schwan?
Wie glänzt sein Waffenschmuck!
Das Aug’ vergeht vor solchem Glanz!
Das Aug’ vergeht vor solchem Glanz!
Wo? Wo? Wo? Vor einem Nachen?
Einen Nachen zieht er heran!
Seht, näher kommt er an!
Einen Ritter! seht! seht!
Wahrlich, ein Ritter ist’s!
Ein Ritter und ein Schwan!
Welch’ seltsam Wunder!
Seht, immer näher seht! Kommt er schon heran!
An einer gold’nen Kette zieht der Schwan!
An einer gold’nen Kette zieht der Schwan!
Seht immer näher kommt zum Ufer heran!
Seht hin! Er naht! Seht hin! Er naht! Seht er naht!
ACTE I SCÈNE 2
Comme je le vis.
(Le visage transfiguré par la joie)
Qu’il soit prêt de moi !
(Les hommes se tenant près de la rive du fleuve forment
le premier chœur ; ils voient les premiers l’arrivée
de Lohengrin, que l’on aperçoit loin sur le fleuve,
dans une barque tirée par un cygne.)
LES HOMMES
Voyez ! Voyez ! Quel étrange miracle !
Quel étrange miracle ! Voyez, quel miracle !
Comment ? Un cygne ? Un cygne ?
Un cygne s’approche, tirant une barque ! Comment ?
Un cygne s’approche, tirant une barque ! Comment ?
(Le deuxième chœur est formé des hommes se tenant plus
loin de la rive, au premier plan, et qui sans quitter
leur place interrogent avec une curiosité croissante
ceux qui sont près de la rive ; puis, par groupes isolés,
ils abandonnent le premier plan pour aller voir
eux-mêmes sur la rive.)
Un chevalier à bord !
Ah ! Un chevalier à bord, debout, il est grand !
Qu’est-ce ? Un chevalier !
Comme ses armes brillent ! Voyez le chevalier !
Un cygne ? Un cygne ? Un cygne ?
Comme ses armes brillent !
D’un tel éclat, le regard s’aveugle !
D’un tel éclat, le regard s’aveugle !
Où ? Où ? Où ? Une barque ?
Le cygne tire une barque !
Voyez, il approche !
Un chevalier ! Voyez ! Voyez !
Oui vraiment, c’est un chevalier !
Un chevalier et un cygne !
Quel étrange miracle !
Voyez, il se rapproche, voyez ! Il arrive déjà !
Le cygne tire une chaîne en or !
Le cygne tire une chaîne en or !
Voyez, il arrive à la rive !
Regardez ! Il approche ! Voyez, il approche !
37
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(In höchster Ergriffenheit nach vorn wieder stürzend)
Ein Wunder! Ein Wunder!
(Von seinem erhöhten Platze aus überblickt der König
Alles. Friedrich und Ortrud sind durch Schreck und
Staunen gefesselt; Elsa, die mit steigender Entzückung
den Ausrufen der Männer gelauscht hat, verbleibt in ihrer
Stellung in der Mitte der Bühne; sie wagt gleichsam nicht,
sich umzublicken.)
Ein Wunder ist gekommen,
Ein unerhörtes Wunder, nie geseh’nes
Wunder! Ein Wunder! Ein Wunder ist gekommen
Ein unerhörtes, nie geseh’nes...
DIE FRAUEN
Dank, du Herr und Gott,
der die Schwache...
DRITTE SZENE
38
(Der Nachen, vom Schwan gezogen, erreicht in der Mitte
des Hintergrundes das Ufer; Lohengrin, in glänzender
Silberrüstung, den Helm auf dem Haupte, den Schild im
Rücken, ein kleines goldenes Horn zur Seite, steht, auf sein
Schwert gelehnt, darin. Friedrich blickt in sprachlosem
Erstaunen auf Lohengrin hin. Ortrud, die während
des Gerichtes in kalter, stolzer Haltung verblieben,
gerät beim Anblick des Schwans in tödlichen Schrecken.
Sowie Lohengrin die erste Bewegung macht, den Kahn
zu verlassen, tritt bei allen sogleich das gespannteste
Stillschweigen ein.)
DIE MÄNNER
... Wunder!
DIE FRAUEN
... Beschirmet!
ELSA (hat sich umgewandt und schreit bei Lohengrins
Anblick laut auf)
Ha!
DIE MÄNNER
Gegrüßt, du gottgesandter Held!
ACTE I SCÈNE 3
(Avec la plus grande émotion, revenant vite vers l’avant)
Un miracle ! Un miracle !
(De sa place surélevée, le Roi voit tout. Frédéric et Ortrude
sont pris d’effroi et d’étonnement ; Elsa, qui a écouté avec
une extase croissante les appels des hommes, demeure
à sa place au centre de la scène ; elle n’ose pratiquement
pas regarder autour d’elle.)
Un miracle est arrivé,
Un miracle inouï, jamais vu
Un miracle ! Un miracle est arrivé
Inouï, jamais vu...
LES FEMMES
Merci à toi, Seigneur et Dieu
La faible créature...
TROISIÈME SCÈNE
(La barque, tirée par le cygne, aborde la rive au centre de
l’arrière-plan ; debout dans la barque, appuyé sur son
épée, Lohengrin, en armure d’argent étincelante, coiffé
d’un heaume, au dos son écu, au côté un petit cor en or.
Frédéric considère Lohengrin avec un étonnement muet.
En voyant le cygne, Ortrude, qui a gardé une attitude
froide et fière pendant la mise en accusation,
tombe dans une frayeur mortelle. Alors que Lohengrin
fait le premier mouvement pour quitter la barque,
tous observent immédiatement un silence très tendu.)
LES HOMMES
... Un miracle !
LES FEMMES
... Tu la protèges !
ELSA (s’est retournée et pousse un cri en voyant Lohengrin)
Ah !
LES HOMMES
Salut à toi héros envoyé par Dieu !
39
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Sei gegrüßt, sei gegrüßt
Du gottgesandter Mann!
DIE MÄNNER UND DIE FRAUEN
Sei gegrüßt, sei gegrüßt, sei gegrüßt
Du gottgesandter Mann,
Sei gegrüßt, sei gegrüßt, du gottgesandter Mann!
LOHENGRIN (mit einem Fuß noch im Nachen,
neigt sich zum Schwan)
Nun sei bedankt, mein lieber Schwan!
Zieh’ durch die weite Flut zurück,
Dahin, woher mich trug dein Kahn,
Kehr’ wieder nur zu unserm Glück!
Drum sei getreu dein Dienst getan!
Leb’ wohl! Leb’ wohl, mein lieber Schwan!
(Der Schwan wendet langsam den Nachen und schwimmt
den Fluß zurück. Lohengrin sieht ihm eine Weile
wehmütig nach.)
40
DIE MÄNNER UND DIE FRAUEN
Wie faßt uns selig süßes Grauen,
Welch’ holde Macht hält uns gebannt?
Wie ist er schön und hehr zu schauen,
(Lohengrin verläßt das Ufer und schreitet langsam
und feierlich nach dem Vordergrund.)
Den solch ein Wunder trug an’s Land!
Wie ist er schön und hehr zu schauen,
Den solch ein Wunder trug an’s Land!
LOHENGRIN (verneigt sich vor dem König)
Heil, König Heinrich! Segenvoll mög’ Gott
Bei deinem Schwerte steh’n!
Ruhmreich und groß dein Name soll
Von dieser Erde nie vergeh’n!
DER KÖNIG
Hab Dank! Erkenn’ ich recht die Macht,
Die dich in dieses Land gebracht,
So nahst du uns von Gott gesandt?
ACTE I SCÈNE 3
Salut, salut,
Toi héros envoyé par Dieu !
LES HOMMES & LES FEMMES
Salut, salut, salut
Toi héros envoyé par Dieu !
Salut, salut, toi héros envoyé par Dieu !
LOHENGRIN (un pied encore dans la barque se penche
vers le cygne)
A présent sois remercié, mon cher cygne !
Retourne-t’en sur les flots lointains,
Vers ce lieu d’où ta barque m’a emmené,
Ne reviens que pour notre bonheur !
Ainsi, que ton service soit fidèlement accompli !
Adieu ! Adieu, mon cher cygne !
(Le cygne fait lentement tourner la barque et remonte
le fleuve. Lohengrin le suit du regard un moment,
nostalgique.)
41
LES HOMMES & LES FEMMES
Quel heureux et doux effroi nous saisit,
Quel pouvoir sublime nous tient-il en ses liens ?
Comme il est beau, magnifique à regarder
(Lohengrin quitte la rive et s’avance solennellement
au premier plan.)
Celui qu’un tel miracle amena sur notre terre !
Comme il est beau, magnifique à regarder,
Celui qu’un tel miracle amena sur notre terre !
LOHENGRIN (s’incline devant le Roi)
Salut, Roi Henri ! Puisse Dieu qui bénit
Se tenir auprès de ton épée !
Que ton nom, renommé et grand
Ne s’efface jamais de cette terre !
LE ROI
Soit remercié ! Si je reconnais bien le pouvoir
Qui t’a amené en ce pays,
Tu viens vers nous envoyé par Dieu ?
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
LOHENGRIN (mehr in der Mitte tretend)
Zum Kampf für eine Magd zu steh’n,
Der schwere Klage angetan, bin ich gesandt.
Nun laßt mich seh’n, ob ich zu Recht sie treffe an.
(Er wendet sich etwas näher zu Elsa.)
So sprich denn, Elsa von Brabant:
Wenn ich zum Streiter dir ernannt,
Willst du wohl ohne Bang’ und Grau’n
Dich meinem Schutze anvertrau’n?
(Elsa, die, seitdem sie Lohengrin erblickte, wie im Zauber
regungslos festgebannt war, sinkt, wie durch seine
Ansprache erweckt, in überwältigend wonnigem
Gefühle zu seinen Füßen.)
ELSA
Mein Held, mein Retter! Nimm mich hin!
Dir geb’ ich Alles, was ich bin!
42
LOHENGRIN (mit großer Wärme)
Wenn ich im Kampfe für dich siege,
Willst du, daß ich dein Gatte sei?
ELSA
Wie ich zu deinen Füßen liege,
Geb’ ich dir Leib und Seele frei.
LOHENGRIN
Elsa, soll ich dein Gatte heißen,
Soll Land und Leut’ ich schirmen dir,
Soll nichts mich wieder von dir reißen,
Mußt Eines du geloben mir:
Nie sollst du mich befragen, noch Wissens Sorge tragen,
Woher ich kam der Fahrt, noch wie mein Nam’ und Art!
ELSA (leise, fast bewußtlos)
Nie, Herr, soll mir die Frage kommen!
LOHENGRIN (gesteigert, sehr ernst)
Elsa! Hast du mich wohl vernommen?
Nie sollst du mich befragen, noch Wissens Sorge tragen,
Woher ich kam der Fahrt, noch wie mein Nam’ und Art!
ACTE I SCÈNE 3
LOHENGRIN (se rapprochant du centre)
Afin de combattre pour une fille
Lourdement accusée, je suis envoyé.
A présent, voyons s’il est juste que je la rencontre.
(Il se tourne et se rapproche d’Elsa.)
Or donc parle, Elsa de Brabant :
Si tu m’as désigné comme défenseur,
Veux-tu, sans angoisse ni peur
Te fier à ma protection ?
(Elsa, qui depuis qu’elle regardait Lohengrin,
était immobile, captivée comme par magie,
tombe à ses pieds, comme éveillée par ses paroles,
dans une foudroyante émotion.)
ELSA
Mon héros, mon sauveur ! Prends-moi avec toi !
Je te fais don de tout ce que je suis !
LOHENGRIN (avec beaucoup de chaleur)
Si je suis victorieux dans ce combat pour toi,
Veux-tu que je sois ton époux ?
ELSA
Comme je suis à tes pieds,
Je te livre mon corps et mon âme.
LOHENGRIN
Elsa, si l’on doit me nommer ton époux,
Si je dois protéger ton pays et ton peuple,
Si rien ne doit me séparer de toi,
Tu dois me promettre une chose :
Tu ne dois jamais me questionner, ni vouloir connaître
D’où je suis venu, ni mon nom, ni ma lignée !
ELSA (douce, presque inconsciente)
Jamais, Seigneur, ne me viendra la question !
LOHENGRIN (plus intense, très grave)
Elsa ! M’as-tu bien entendu ?
Tu ne dois jamais me questionner, ni vouloir connaître
D’où je suis venu, ni mon nom, ni ma lignée !
43
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ELSA (mit großer Innigkeit zu ihm aufblickend)
Mein Schirm! Mein Engel! Mein Erlöser,
Der fest an meine Unschuld glaubt!
Wie gäb’ es Zweifels Schuld, die größer,
Als die an dich den Glauben raubt?
Wie du mich schirmst in meiner Not,
So halt’ in Treu’ ich dein Gebot!
LOHENGRIN (ergriffen und entzückt sie an seine Brust erhebend)
Elsa! Ich liebe dich!
(Beide verweilen eine Zeitlang in der angenommenen Stellung.)
44
DIE MÄNNER UND FRAUEN
Welch’ holde Wunder! Welch’ Wunder muß ich seh’n?
Ist’s Zauber, der mir angetan?
(Lohengrin geleitet Elsa zum König und übergibt
sie dessen Hut.)
Ich fühl’ das Herze mir vergeh’n,
Schau’ ich den hehren, wonnevollen Mann!
Ich fühl’ das Herze mir vergeh’n,
Schau’ ich den hehren, wonnevollen Mann!
LOHENGRIN (schreitet feierlich in die Mitte des Kreises)
Nun hört! Euch, Volk und Edlen,
Mach’ ich kund frei aller Schuld ist Elsa von Brabant!
Daß falsch dein Klagen, Graf von Telramund,
Durch Gottes Urteil werd’ es dir bekannt!
BRABANTISCHE EDLE (erst einige, dann immer mehrere,
heimlich zu Friedrich)
Steh’ ab vom Kampf! Wenn du ihn wagst,
Zu siegen nimmer du vermagst!
Wag’ ihn nicht! Laß ab vom Kampf!
Ist er von höchster Macht geschützt,
Sag, was dein tapf’res Schwert dir nützt?
Steh’ ab vom Kampf! Wir mahnen dich in Treu’!
Wir mahnen dich in Treu’!
Dein harret Unsieg, bitt’re Reu’!
FRIEDRICH (der bisher unverwandt und forschend sein Auge
auf Lohengrin geheftet, mit leidenschaftlich schwankendem
und endlich sich entscheidendem inneren Kampfe)
ACTE I SCÈNE 3
ELSA (avec une grande tendresse, le regardant)
Mon protecteur ! Mon ange ! Mon sauveur,
Qui fermement croit à mon innocence !
Quelle criminelle défiance serait plus grande
Que celle qui dérobe la foi en toi ?
Comme tu me protèges dans ma détresse,
Ainsi je serai fidèle à ton commandement !
LOHENGRIN (ému et émerveillé, la prenant sur son sein)
Elsa ! Je t’aime !
(Tous deux restent un instant dans cette position.)
LES HOMMES & LES FEMMES
Quel miracle sublime ! Quel miracle dois-je voir ?
Est-ce un enchantement qui me charme ?
(Lohengrin conduit Elsa vers Roi et la laisse
sous sa protection.)
Je sens mon cœur défaillir,
En voyant cet homme magnifique, plein de charme !
Je sens mon cœur défaillir,
En voyant cet homme magnifique, plein de charme !
LOHENGRIN (s’avance solennellement au milieu du cercle)
A présent, écoutez, vous, peuple et nobles,
Je vous annonce qu’Elsa de Brabant est vierge de tout crime !
Que ton accusation est fausse, comte de Telramund,
Tu l’apprendras par le jugement de Dieu !
DES NOBLES BRABANÇONS (d’abord quelques-uns,
puis davantage, furtivement, à Frédéric)
Renonce au combat ! Si tu le risques,
Tu ne pourras le gagner !
Ne le risque pas ! Renonce au combat !
S’il est protégé par un pouvoir supérieur,
Dis, à quoi te servira ta vaillante épée ?
Renonce au combat ! Fidèles, nous te mettons en garde !
Fidèles, nous te mettons en garde !
La défaite t’attend, amère expiation !
FRÉDÉRIC (qui jusqu’alors a fixé son regard sur Lohengrin,
hésite, lutte contre lui-même et finalement se décide)
45
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Viel lieber tod, als feig!
Welch’ Zaubern dich auch hergeführt,
Fremdling, der mir so kühn erscheint;
Dein stolzes Droh’n mich nimmer rührt,
Da ich zu lügen nie vermeint:
Den Kampf mit dir drum nehm’ ich auf,
Und hoffe Sieg nach Rechtes Lauf!
LOHENGRIN
Nun, König, ordne unsern Kampf!
(Alles begibt sich in die erste Gerichtsstellung.)
DER KÖNIG
So tretet vor, zu drei für jeden Kämpfer,
Und messet wohl den Ring zum Streite ab!
46
(Drei sächsische Edle treten für Lohengrin,
drei brabantische für Friedrich vor; sie messen mit
feierlichen Schritten den Kampfplatz aus und stecken ihn,
einen vollständigen Ring bildend, durch ihre Speere ab.)
DER HEERRUFER (in der Mitte des Kampfringes)
Nun höret mich und achtet wohl:
Den Kampf hier keiner stören soll!
Dem Hage bleibet abgewandt,
Denn wer nicht wahrt des Friedens Recht,
Der Freie büß’ es mit der Hand,
Mit seinem Haupte büß’ es der Knecht!
ALLE MÄNNER
Der Freie büß’ es mit der Hand,
Mit seinem Haupte büß’ es der Knecht!
DER HEERRUFER (zu Lohengrin und Friedrich)
Hört auch, ihr Streiter vor Gericht!
Gewahrt in Treue Kampfes Pflicht!
Durch bösen Zaubers List und Trug
Stört nicht des Urteils Eigenschaft!
Gott richtet euch nach Recht und Fug,
So trauet ihm, nicht eurer Kraft!
ACTE I SCÈNE 3
Vraiment, plutôt mort que lâche !
Quelle que soit la magie qui t’a conduit ici,
Étranger, qui me paraît si audacieux,
Ta fière menace ne me touche pas,
Car je ne crois pas avoir jamais menti :
J’accepte donc le combat avec toi,
Et espère la victoire selon le droit !
LOHENGRIN
A présent, Roi, ordonne notre combat.
(Chacun reprend la place qu’il avait au début du jugement.)
LE ROI
Que pour chaque combattant trois hommes s’avancent,
Et mesurez bien le cercle du combat !
(Trois nobles saxons s’avancent pour Lohengrin,
trois brabançons pour Frédéric ; ils mesurent, par des pas
solennels, la place du combat et en fixent les limites
avec leurs lances, formant un cercle.)
LE HÉRAUT (au centre du cercle de combat)
A présent écoutez-bien :
Personne ici ne doit troubler le combat !
Restez hors du cercle,
Car qui ne défend pas la loi de la paix
Le paye de sa main s’il est un homme libre,
De sa tête s’il est un serf !
TOUS LES HOMMES
Le paye de sa main s’il est un homme libre,
De sa tête s’il est un serf !
LE HÉRAUT (à Lohengrin et Frédéric)
Écoutez aussi, vous combattants devant la justice !
Observez fidèlement les règles du combat !
Par magie, par ruse ou par tromperie,
Ne troublez pas l’intégrité du verdict !
Dieu vous juge selon le droit
Fiez-vous à lui et non à votre force !
47
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
LOHENGRIN UND FRIEDRICH (zu beiden Seiten außerhalb
des Kampfkreises stehend)
Gott richte mich nach Recht und Fug!
So trau’ ich ihm, nicht meiner Kraft!
DER KÖNIG (schreitet mit großer Feierlichkeit in die Mitte vor)
Mein Herr und Gott, nun ruf’ ich dich,
(Alle entblößen das Haupt und lassen sich zur feierlichsten
Andacht an.)
Daß du dem Kampf zugegen sei’st!
Durch Schwertes Sieg ein Urteil sprich,
Das Trug und Wahrheit klar erweist!
Des Reinen Arm gib Heldenkraft,
Des Falschen Stärke sei erschlafft:
So hilf uns, Gott, zu dieser Frist,
Weil uns’re Weisheit Einfalt ist,
Weil uns’re Weisheit Einfalt
Ist!
48
ELSA UND LOHENGRIN
Du kündest
Nun
Dein wahr Gericht,
Mein Gott und Herr, drum zag’ ich nicht!
Du kündest nun dein wahr Gericht:...
ORTRUD
Ich baue fest auf seine Kraft,
Die, wo er kämpft, ihm Sieg verschafft!
Ich baue fest auf seine Kraft...
FRIEDRICH
Ich geh’ in Treu vor dein Gericht!
Herr Gott !
DER KÖNIG
Mein Herr und Gott, dich rufe ich.
FRIEDRICH
Herr Gott,
Nun verlaß’ mein’ Ehre nicht,...
ACTE I SCÈNE 3
LOHENGRIN & FRÉDÉRIC (se tenant de chaque côté
du cercle de combat)
Dieu me juge selon le droit
Je me fie à lui et non à ma force !
LE ROI (s’avance au centre avec une grande solennité)
Mon Seigneur et mon Dieu, je t’appelle à présent,
(Tous se découvrent et commencent une solennelle méditation.)
Assiste ce combat !
Par la victoire de l’épée, prononce un jugement,
Qui soit clair témoignage de justice et de vérité !
A l’homme pur donne la force du héros,
Endors la force de l’homme perfide ;
Aide-nous, Dieu, dans ce moment
Car notre sagesse n’est qu’imbécillité
Car notre sagesse n’est
Qu’imbécillité.
ELSA & LOHENGRIN
Tu vas faire
Connaître
Ton vrai jugement,
Mon Dieu et Seigneur, c’est pourquoi je n’hésite pas !
Tu vas faire connaître ton vrai jugement...
ORTRUDE
J’ai pleine confiance en sa force
Qui, où il combat, lui donne la victoire !
J’ai pleine confiance en sa force...
FRÉDÉRIC
Je me rends, fidèle, à ton jugement !
Seigneur Dieu !
LE ROI
Mon Seigneur et mon Dieu, je t’appelle à présent,
FRÉDÉRIC
Seigneur Dieu,
N’abandonne pas maintenant mon honneur...
49
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ORTRUD
... Die, wo erkämpft, ihm Sieg verschafft
ELSA
Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht,
Mein Gott, drum...
LOHENGRIN
Mein Gott, drum zag’ ich nicht,
Drum nun...
DER KÖNIG
Nun künd uns, nun künde uns dein...
FRIEDRICH
... Verlaß’ mein’ Ehre nicht, verlaß’ mein’...
ELSA
... Zag’ ich nicht!
50
LOHENGRIN
... Zag’ ich nicht!
DER KÖNIG
... Wahr Gericht!
FRIEDRICH
... Ehre nicht!
DER HEERRUFER UND ALLE MÄNNER
Des Reinen Arm gib Heldenkraft
Der falschen Stärke sei erschlafft:
So hilf uns, Gott, zu dieser Frist,
Weil unsre Weisheit Einfalt ist!
So künde nun dein wahr Gericht,
Du Herr und Gott, nun zög’re nicht!
Du Herr, mein Gott, nun zög’re nicht!
DER KÖNIG
Mein Herr und Gott, dich rufe jetzt ich an,
Daß du dem Kampf zugegen sei’st!
ACTE I SCÈNE 3
ORTRUDE
... Qui, où il combat, lui donne la victoire !
ELSA
Mon Dieu et Seigneur, c’est pourquoi je n’hésite pas !
Mon Dieu, c’est pourquoi...
LOHENGRIN
Mon Dieu c’est pourquoi je n’hésite pas,
C’est pourquoi maintenant...
LE ROI
Fais-nous connaître maintenant,
Fais-nous connaître maintenant ton...
FRÉDÉRIC
... N’abandonne pas mon honneur, n’abandonne pas...
ELSA
... Je n’hésite pas !
51
LOHENGRIN
... Je n’hésite pas !
LE ROI
... Vrai jugement !
FRÉDÉRIC
... Mon honneur !
LE HÉRAUT & TOUS LES HOMMES
A l’homme pur donne la force du héros,
Endors la force de l’homme perfide ;
Aide-nous, Dieu, dans ce moment,
Car notre sagesse n’est qu’imbécillité !
Fais connaître maintenant ton vrai jugement,
Toi Seigneur, Dieu, ne tarde pas !
Toi Seigneur, Dieu, ne tarde pas !
LE ROI
Mon Seigneur et mon Dieu, je t’appelle à présent,
Assiste ce combat !
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Durch Schwertes Sieg sprich dein Urteil,
Das Trug und Warheit klar erweist:
So künde nun dein wahr Gericht,
Herr mein Gott, so künde uns dein wahr Gericht
Mein Herr und Gott, nun zög’re nicht,
Herr, mein Gott, nun zög’re nicht!
FRIEDRICH
Ich geh’ in Treu’ vor dein Gericht;
Herr Gott verlaß mein’ Ehre nicht,
Herr Gott, Herr Gott! Verlaß’,
Verlaß’, verlaß’ mein’ Ehre nicht!
Herr Gott, verlaß’ mein’ Ehre nicht!
Ich geh’ in Treu’ vor dein Gericht,
Herr Gott, verlaß’ mein’ Ehre nicht!
Herr Gott, verlaß’ mein’ Ehre nicht!
Herr Gott, verlaß’, verlaß’ mein’ Ehre nicht!
52
LOHENGRIN
Du kündest nun dein wahr Gericht,
Dein wahr Gericht!
Mein Gott, drum zag’ ich nicht,
Drum zag’ ich nicht!
Du kündest nun dein wahr Gericht;
Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht,
Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht,
Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht,
Drum zag’ ich nicht!
ORTRUD
Ich baue fest auf seine Kraft, auf seine Kraft.
Ich baue fest auf seine Kraft, die, wo er kämpft,
Ihm Sieg verschafft; ich baue fest auf seine Kraft, die,
Wo er kämpft, ihm Sieg verschafft; ich baue fest
Auf seine Kraft, ich baue fest auf seine Kraft,
Die wo er kämpft, ihm Sieg verschafft!
ELSA
Mein Herr, o mein Gott!
Du kündest nun dein wahr Gericht ;
Drum zag’ich nicht, drum zag’ ich nicht;
ACTE I SCÈNE 3
Par la victoire de l’épée, prononce un jugement,
Qui soit clair témoignage de justice et de vérité :
Fais maintenant connaître ton vrai jugement,
Seigneur, mon Dieu, fais-nous connaître ton vrai jugement
Mon Seigneur et mon Dieu, ne tarde pas,
Seigneur, mon Dieu, ne tarde pas !
FRÉDÉRIC
Je me rends, fidèle, à ton jugement ;
Seigneur Dieu n’abandonne pas mon honneur,
Seigneur Dieu, Seigneur Dieu ! N’abandonne,
N’abandonne, n’abandonne pas mon honneur ;
Seigneur Dieu n’abandonne pas mon honneur !
Je me rends, fidèle, à ton jugement,
Seigneur Dieu, n’abandonne pas mon honneur !
Seigneur Dieu, n’abandonne pas mon honneur !
Seigneur Dieu, n’abandonne, n’abandonne pas mon honneur !
LOHENGRIN
Tu vas faire connaître ton vrai jugement,
Ton vrai jugement !
Mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas,
Je ne tremble pas !
Tu vas faire connaître ton vrai jugement ;
Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas,
Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas,
Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas,
C’est pourquoi je ne tremble pas !
ORTRUDE
J’ai pleine confiance en sa force, en sa force.
J’ai pleine confiance en sa force qui, où il combat,
Lui donne la victoire ; j’ai pleine confiance en sa force qui,
Où il combat, lui donne la victoire ; j’ai pleine confiance
En sa force, j’ai pleine confiance en sa force
Qui, où il combat, lui donne la victoire !
ELSA
Mon Seigneur, ô mon Dieu !
Tu vas faire connaître ton vrai jugement ;
C’est pourquoi je ne tremble pas,
C’est pourquoi je ne tremble pas ;
53
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht,
Drum zag’ ich nicht, mein Herr, mein Herr
Drum zag’ ich nicht!
DIE FRAUEN
Mein Herr und Gott!
Segne ihn!
Segne ihn!
Herr, mein Gott!
Herr, mein Gott, segne ihn!
54
(Alle treten unter großer feierlicher Aufregung an ihre
Plätze zurück; die sechs Kampfzeugen bleiben bei ihren
Speeren dem Ringe zunächst; die übrigen Männer stellen
sich in geringer Weite um ihn her. Elsa und die Frauen
im Vordergrunde unter der Eiche bei dem Könige.
Auf des Heerrufers Zeichen blasen die Heerhornbläser
den Kampfruf: Lohengrin und Friedrich vollenden
ihre Waffenrüstung.
Der König zieht sein Schwert aus der Erde und schlägt
damit dreimal auf den an der Eiche aufgehängten Schild.
Lohengrin und Friedrich treten in den Ring.
Sie legen den Schild vor und ziehen das Schwert.
Sie beginnen den Kampf, Lohengrin greift zuerst an.
Mit einem weitausgeholten Streiche streckt er
Friedrich nieder.
Friedrich versucht sich wieder zu erheben, taumelt einige
Schritte zurück und stürzt zu Boden. Mit Friedrichs Fall
ziehen die Sachsen und Thüringer ihre Schwerter
aus der Erde, die Brabanter nehmen die ihrigen auf.
Der König nimm seinen Schild von der Eiche.)
LOHENGRIN (das Schwert auf Friedrichs Hals setzend)
Durch Gottes Sieg ist jetzt dein Leben mein:
(von ihm ablassend)
Ich schenk’ es dir, mögst du der Reu’ es weih’n!
(Alle Männer stoßen ihre Schwerter in die Scheiden.
Die Kampfzeugen ziehen die Speere aus der Erde.
Jubelnd brechen alle Edlen und Männer in den vorherigen
Kampfkreis, so daß dieser von der Masse dicht erfüllt wird.)
ACTE I SCÈNE 3
Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas,
C’est pourquoi je ne tremble pas, mon Seigneur
C’est pourquoi je ne tremble pas !
LES FEMMES
Mon Seigneur et mon Dieu !
Bénis-le !
Bénis-le !
Seigneur, mon Dieu !
Seigneur, mon Dieu, bénis-le !
(Tous reprennent leur place dans une grande et solennelle
émotion ; les six témoins du combat restent autour
du cercle, avec leurs lances ; les autres hommes
les entourent à une certaine distance. Elsa et les Femmes
se tiennent au premier plan, sous le chêne, près du Roi.
Sur le signe du héraut, les trompettes sonnent l’appel
au combat ; Lohengrin et Frédéric achèvent de s’armer.
Le Roi tire son épée de terre et en frappe trois fois
le bouclier suspendu au chêne : Lohengrin et Frédéric
pénètrent dans le cercle ; ils présentent leurs boucliers
et tirent l’épée ; ils commencent le combat, Lohengrin
attaque en premier. D’un large mouvement d’épée,
il fait toucher terre à Frédéric.
Frédéric essaye de se relever, titube en faisant quelques pas
à reculons et s’écroule. A la chute de Frédéric, les Saxons et
les Thuringiens tirent leurs épées de terre, les Brabançons
ramassent les leurs. Le Roi reprend son bouclier suspendu
au chêne.)
LOHENGRIN (mettant son épée sur la gorge de Frédéric)
Par la victoire divine, ta vie est maintenant mienne :
(le laissant)
Je te l’offre, puisses-tu la consacrer à l’expiation !
(Tous les hommes remettent l’épée au fourreau.
Les témoins du combat retirent les lances de terre.
Se réjouissant, tous les nobles et les hommes envahissent
le cercle du combat si bien que celui-ci est rempli
par la masse compacte.)
55
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
MÄNNER UND FRAUEN
Sieg! Sieg! Sieg!
DER KÖNIG (sein Schwert ebenfalls in die Scheide stoßend;
er führt Elsa Lohengrin zu)
Sieg! Sieg!
MÄNNER UND FRAUEN
Heil!
Heil dir,
Held!
DER KÖNIG
Sieg!
56
ELSA
O fänd’
Ich Jubelweisen,
Deinem Ruhme gleich,
Dich würdig zu preisen,
An höchstem Lobe reich!
In dir muß ich vergehen,
Vor dir schwind’ ich dahin,
Soll ich mich selig sehen,
Nimm Alles, was ich bin,
Nimm Alles, nimm Alles, was
Ich bin!
(Sie sinkt an Lohengrins Brust.)
DIE MÄNNER
Ertöne Siegesweise,
Ertöne Siegesweise, dem Helden laut
Zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt!
Preis deinem Kommen! Heil deiner Art,
Schützer der Frommen!
Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art!
(In wachsender Begeisterung)
Du hast gewahrt das Recht der Frommen!
Preis deinem Kommen, Preis deiner Fahrt
Gesegnet deiner Art! Dich nur besingen wir, dir schallen
Unsre Lieder! Nie kehrt ein Held
ACTE I SCÈNE 3
LES HOMMES & LES FEMMES
Victoire ! Victoire ! Victoire !
LE ROI (remettant aussi son épée au fourreau ;
il conduit Elsa vers Lohengrin)
Victoire ! Victoire !
LES HOMMES & LES FEMMES
Gloire !
Gloire à toi,
Héros !
LE ROI
Victoire !
ELSA
J’aimerais trouver
Un chant de joie,
Égal à ta gloire
Pour te célébrer dignement,
Et riche des plus hauts éloges !
En toi je veux mourir
Devant toi je m’efface,
Je serais heureuse
Si tu prends tout ce que je suis
Prends tout, prends tout ce
Que je suis !
(Elle s’effondre sur le sein de Lohengrin.)
LES HOMMES
Retentis, chant de victoire,
Retentis, chant de victoire, clair pour le héros
Pour la plus haute récompense ! Gloire à ton parcours !
Gloire à ta venue ! Gloire à ta lignée,
Protecteur des justes !
Gloire à ton parcours ! Salut à ta lignée !
(En un enthousiasme croissant)
Tu as défendu le droit des justes !
Gloire à ta venue, gloire à ton parcours
Bénie soit ta lignée ! C’est toi seul que nous chantons,
Nos chants résonnent
57
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Gleich dir zu diesen Landen wieder!
Du hast gewahrt das Recht der Frommen!
Heil deinem Kommen, deiner Fahrt!
Heil sei deinem Kommen, deinem Kommen, deiner Fahrt!
Heil! Heil! Heil! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt!
Gesegnet dein Kommen, deine Fahrt! Gesegnet deine Fahrt!
Heil! Heil! Ertöne, Siegesweise, dem Helden laut
Zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt,
Preis deinem Kommen!
Heil deiner Art, Schützer der Frommen! Preis deiner Fahrt!
Heil deiner Art! Dir tönen Siegesweisen!
Heil deiner Fahrt, deiner Art! Heil deiner Fahrt!
Heil deiner Fahrt,
Heil deinem Kommen! Heil deiner Fahrt! Heil! Heil dir!
Heil dir! Heil deiner Art! Heil dir! Preis dir!
Heil dir! Heil dir! Heil dir! Heil dir!
58
DER KÖNIG
Ertöne, ertöne Siegesweise,
Dem Helden laut zum Preise!
Ruhm deiner Fahrt! Preis deinem Kommen!
Heil deiner Art, Schützer der Frommen!
Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art!
Du hast gewahrt das Recht der Frommen!
Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art!
Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art!
Heil sei deiner Fahrt, deinem Kommen! Heil deiner Fahrt,
Deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil deinem Kommen,
Deiner Fahrt! Ertöne Siegesweise, dem Helden laut
Zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art!
Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art! Heil deiner Art!
Heil! Heil! Heil deinem Kommen! Heil deiner Fahrt!
Heil deinem Kommen! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt!
Heil deiner Fahrt, Heil deinem Kommen! Heil deiner Fahrt!
Heil, heil, deinem Kommen, Heil deiner Fahrt! Heil dir!
Preis dir! Heil dir! Heil dir! Heil deiner Fahrt!
ACTE I SCÈNE 3
Pour toi ! Jamais un héros semblable
A toi ne reviendra dans ce pays !
Tu as défendu le droit des justes !
Gloire à ta venue, à ton parcours !
Que ta venue soit glorifiée, ta venue, ton parcours !
Gloire ! Gloire ! Gloire à ta venue, à ton parcours !
Que bénis soient ta venue, ton parcours !
Béni ton parcours !
Gloire ! Retentis chant de victoire, clair, pour le héros
Pour le plus haut prix ! Gloire à ton parcours, à ta venue !
Gloire à ta lignée, défenseur des justes ! Gloire à ton parcours !
Gloire à ta lignée ! Que résonnent pour toi
les chants de victoire !
Gloire à ton parcours, à ta lignée ! Gloire à ton parcours !
Gloire à ton parcours !
Gloire à ta venue ! Gloire à ton parcours ! Gloire !
Gloire ! Gloire à toi !
Gloire à toi ! Gloire à ta lignée ! Gloire à toi ! Loué sois-tu !
Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi !
LE ROI
Retentis, retentis, chant de victoire,
Clair, pour la louange du héros !
Gloire à ton parcours ! Louée soit ta venue !
Gloire à ta lignée, protecteur des justes !
Gloire à ton parcours ! Gloire à ta lignée !
Tu as défendu le droit des justes !
Loué soit ton parcours ! Gloire à ta lignée !
Loué soit ton parcours ! Gloire à ta lignée !
Glorifiés soient ton parcours, ta venue ! Gloire à ton parcours !
A ta venue, à ton parcours ! Gloire à ta venue,
A ton parcours ! Retentis chant de victoire, clair pour le héros
Pour le plus haut prix ! Gloire à ton parcours !
Gloire à ta lignée !
Gloire à ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Gloire à ta lignée !
Gloire ! Gloire à ta venue ! Gloire à ton parcours !
Gloire à ta venue ! Gloire à ta venue, à ton parcours !
Gloire à ton parcours, gloire à ta venue !
Gloire à ton parcours !
Gloire, gloire à ta venue, gloire à ton parcours ! Gloire à toi !
Loué sois-tu ! Gloire à toi ! Gloire à toi !
Gloire à ton parcours !
59
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ELSA
O fänd ich Jubelweisen, deine Ruhme gleich,
Dich würdig zu preisen, an höchstem Lobe reich!
Ach, soll ich mich selig sehen, nimm Alles, was ich bin!
In dir muß ich vergehen
Vor dir schwind’ ich dahin!
Soll ich mich selig sehen, nimm Alles, nimm Alles,
Alles was ich bin!
Nimm Alles, Alles, was ich bin, nimm Alles, was ich bin!
Nimm es hin, Alles hin! O nimm Alles hin!
60
ORTRUD (die Friedrichs Fall mit Wut gesehen, den finsteren
Blick unverwandt auf Lohengrin geheftet)
Wer ist’s, der ihn geschlagen, vor dem ich machtlos bin?
Sollt’ich vor ihm verzagen, wär’ all mein Hoffen hin?
Wär’ all mein Hoffen hin?
Wer ist’s, der ihn geschlagen?
Vor dem ich machtlos bin?
Wer ist’s, vor dem ich machtlos bin?
Sollt’ich vor ihm verzagen? Wär’ all mein Hoffen hin?
Sollt’ich vor ihm, vor ihm verzagen,
Sollt’ich vor ihm verzagen?
Wär’ all mein Hoffen hin, wär’ all mein Hoffen hin?
Wär’ all mein Hoffen hin? Wär’ es hin?
Wär’ es hin? Wär’ all mein Hoffen hin?
FRIEDRICH (sich am Boden qualvoll windend)
Weh’, mich hat Gott geschlagen, durch ihn,
Durch ihn ich sieglos bin; durch ihn,
Durch ihn sieglos ich bin!
Am Heil muß ich verzagen! Mein Ruhm und Ehr’ ist hin!
Am Heil muß ich verzagen! Mein Ruhm und Ehr’ ist hin!
Mein Ruhm und Ehr’, mein Ruhm und Ehr’ ist hin!
Mein Ruhm und Ehr’ ist hin! Weh’,
mich hatt Gott geschlagen,
Durch ihn ich sieglos bin! Am Heil muß ich verzagen!
Mein Ruhm und Ehr’ ist dahin!
Mein Ruhm und Ehr’ ist dahin!
ACTE I SCÈNE 3
ELSA
J’aimerais trouver un chant de joie égal à ta gloire
Pour te célébrer dignement, riche des plus hauts éloges !
Ah, je serais heureuse si tu prends tout ce que je suis !
En toi je veux mourir
Devant toi je m’efface !
Ah ! je serais heureuse si tu prends tout, si tu prends tout,
Tout ce que je suis !
Prends tout, tout ce que je suis, prends tout ce que je suis !
Prends-le, prends tout ! Oh, prends tout !
ORTRUDE (qui a observé la chute de Frédéric avec fureur,
fixant Lohengrin d’un regard noir)
Qui est-il, celui qui l’a frappé, devant qui je suis impuissante ?
Devant lui, dois-je perdre courage,
Tous mes espoirs anéantis ?
Tous mes espoirs anéantis ?
Qui est-il, celui qui l’a frappé ?
Devant qui je suis impuissante ?
Qui est-il, celui devant qui je suis impuissante ?
Devant lui, dois-je perdre courage,
Tous mes espoirs anéantis ?
Devant lui, devant lui dois-je perdre courage.
Devant lui dois-je perdre courage ?
Tous mes espoirs seraient-ils anéantis ?
Sont-ils anéantis ?
Tous mes espoirs seraient-ils anéantis ? Anéantis ?
Anéantis ? Tous mes espoirs seraient-ils anéantis ?
FRÉDÉRIC (au sol, se tordant de douleur)
Malheur, Dieu m’a frappé, par lui,
Par lui je suis vaincu ; par lui,
Par lui je suis vaincu !
Au salut je dois renoncer !
Ma gloire et mon honneur sont perdus !
Au salut je dois renoncer !
Ma gloire et mon honneur sont perdus !
Ma gloire et mon honneur sont perdus !
Ma gloire et mon honneur sont perdus !
Malheur, Dieu m’a frappé,
Par lui je suis vaincu ! Je dois renoncer au salut !
Ma gloire et mon honneur son anéantis !
Ma gloire et mon honneur sont anéantis !
61
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DIE FRAUEN
Wo fänd’ ich Jubelweisen, seinem Ruhme gleich,
Ihn würdig zu preisen, an höchstem Lobe reich,
Ihn würdig zu preisen ihn würdig zu preisen!
Heil! Heil der Fahrt! Heil! Heil!
Heil deinem Kommen, deiner Fahrt!
Gesegnet sei deine Fahrt! Heil! Heil! Ertöne Siegesweise
Dem Helden laut zum höchsten Preise!
Ruhm deiner Fahrt,
Preis deinem Kommen! Heil deiner Art,
Schützer der Frommen!
Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art!
Dir tönen Siegesweisen!
Heil deiner Fahrt, deiner Art! Heil deiner Fahrt! Heil!
Heil deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil! Heil!
Heil dir! Heil dir! Heil deiner Art! Heil dir! Preis dir!
Heil dir! Heil dir! Heil dir! Heil dir!
62
LOHENGRIN (Elsa von seiner Brust erhebend)
Den Sieg hab’ ich erstritten durch deine Rein’ allein;
Nun soll, was du gelitten, dir reich
Vergolten sein! Nun soll, was du gelitten,
Dir reich vergolten sein,
Was du gelitten, soll dir reich, ja reich vergolten sein!
Den Sieg hab’ ich erstritten durch deine Rein’ allein!
Nun soll, was du gelitten, dir reich vergolten sein!
Nun soll, was du gelitten, dir reich vergolten sein,
Nun soll, was du gelitten, was du gelitten, was du gelitten,
Dir reich vergolten sein! Dir soll nun reich vergolten sein!
(Friedrich sinkt zu Ortruds Füßen ohnmächtig zusammen.
Junge Sachsen erheben Lohengrin auf seinen Schild
und Brabanter Elsa auf den Schild des Königs,
auf welchen zuvor mehrere ihre Mäntel gebreitet haben;
so werden beide unter Jauchzen davongetragen.)
ACTE I SCÈNE 3
LES FEMMES
Où trouverais-je un chant de jubilation comparable à sa gloire,
Pour le célébrer dignement, riche des plus hauts éloges,
Pour le célébrer dignement, pour le célébrer dignement !
Gloire ! Gloire à son parcours ! Gloire ! Gloire !
Gloire à ta venue, à ton parcours !
Béni soit ton parcours ! Gloire ! Gloire !
Sonne chant de victoire
Haut pour le héros, pour le plus haut prix !
Gloire à ton parcours,
Louée soit ta venue ! Gloire à ta lignée !
Les chants de victoires sonnent pour toi !
Gloire à ton parcours, à ta lignée ! Gloire ! Gloire !
Gloire à toi ! Gloire à ta lignée ! Gloire à toi ! Loué sois-tu !
Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi !
LOHENGRIN (relevant Elsa qui s’est serrée contre sa poitrine)
J’ai conquis la victoire par ta seule pureté ;
A présent, ce que tu as souffert te sera richement
Payé ! A présent, ce que tu as souffert te sera richement payé,
Ce que tu as souffert te sera richement, oui richement payé !
J’ai conquis la victoire par ta seule pureté !
A présent, ce que tu as souffert te sera richement payé !
A présent, ce que tu as souffert te sera richement payé,
A présent, ce que tu as souffert, ce que tu as souffert,
Te sera richement payé ! Te sera maintenant richement payé,
(Frédéric s’effondre évanoui aux pieds d’Ortrude.
De jeunes Saxons élèvent Lohengrin sur son pavois
et les Brabançons élèvent Elsa sur celui du Roi ;
sur ce bouclier plusieurs avaient auparavant déployé
leurs manteaux ; ainsi tous deux sont emportés
sous les acclamations.)
63
RICHARD WAGNER LOHENGRIN
ZWEITER AUFZUG
ERSTE SZENE
64
In der Burg von Antwerpen. In der Mitte des Hintergrundes
der Palas (Ritterwohnung), links im Vordergrunde
die Kemenate (Frauenwohnung); rechts im Vordergrunde
die Pforte des Münsters; ebenda im Hintergrunde das Turmtor.
Es ist Nacht. Die Fenster des Palas sind hell erleuchtet;
aus dem Palas hört man jubelnde Musik, Hörner und
Posaunen klingen lustig daraus her. Auf den Stufen zur
Münsterpforte sitzen Friedrich und Ortrud, beide in düsterer,
ärmlicher Kleidung. Ortrud, die Arme auf die Knie gestützt,
heftet unverwandt ihr Auge auf die leuchtenden Fenster
des Palas; Friedrich blickt finster zur Erde.
Langes düstr’es Schweigen.
FRIEDRICH (erhebt sich rasch)
Erhebe dich, Genossin meiner Schmach!
Der junge Tag darf hier uns nicht mehr sehn.
ORTRUD (ohne ihre Stellung zu ändern)
Ich kann nicht fort: hierher bin ich gebannt.
Aus diesem Glanz des Festes unsrer Feinde
Laß’ saugen mich ein furchtbar tödlich Gift,
Das unsre Schmach und ihre Freuden ende!
FRIEDRICH (finster vor Ortrud hintretend)
Du fürchterliches Weib,
Was bannt mich noch in deine Nähe?
Warum laß’ ich dich nicht allein,
ACTE I SCÈNE 9
DEUXIÈME ACTE
PREMIÈRE SCÈNE
Le château d’Anvers. Au centre, à l’arrière-plan, le palais
(résidence des chevaliers), à gauche, au premier plan,
le gynécée (résidence des femmes) ; à droite, au premier plan,
la porte de la cathédrale et au fond la porte du château.
C’est la nuit. Les fenêtres du palais sont brillamment
éclairées ; on perçoit une musique de fête, cors et trombones
sonnent joyeusement. Sur les marches de la cathédrale,
Frédéric et Ortrude sont assis, dans de tristes et pauvres habits.
Ortrude, les bras appuyés sur les genoux, regarde fixement
les fenêtres du palais ; sombre, Frédéric fixe le sol.
Long et amer silence.
FRÉDÉRIC (se relève rapidement)
Lève-toi, complice de ma honte !
Le petit jour ne doit plus nous voir ici.
ORTRUDE (sans changer de place)
Je ne peux partir ; je suis enchaînée ici.
De cet éclat de la fête de nos ennemis
Laisse-moi tirer un poison terrible, mortel,
Qui mette fin à notre honte et à leur joie.
FRÉDÉRIC (sombre, s’avance devant Ortrude)
Toi, femme redoutable,
Qu’est-ce qui me retient auprès de toi ?
Pourquoi ne pas t’abandonner, seule,
65
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
66
Und fliehe fort, dahin, dahin,
Wo mein Gewissen Ruhe wieder fänd’!
Durch dich mußt’ ich verlieren
Mein’ Ehr’, all’ meinen Ruhm;
Nie soll mich Lob mehr zieren,
Schmach ist mein Heldentum!
Die Acht ist mir gesprochen,
Zertrümmert liegt mein Schwert,
Mein Wappen ward zerbrochen,
Verflucht mein Vaterherd!
Wohin ich nun mich wende,
Gefloh’n, gefehmt bin ich,
Daß ihn mein Blick nicht schände,
Flieht selbst der Räuber mich!
Durch dich mußt’ ich verlieren
Mein’ Ehr’, all’ meinen Ruhm;
Nie soll mich Lob mehr zieren,
Schmach ist mein Heldentum!
Die Acht ist mir gesprochen,
Zertrümmert liegt mein Schwert,
Mein Wappen ward zerbrochen,
Verflucht mein Vaterherd!
O, hätt’ ich Tod erkoren, da ich so elend bin!
Mein’ Ehr’, mein’ Ehr’ hab’ ich verloren,
Mein’ Ehr’, mein’ Ehr’ ist hin!
Mein’ Ehr’, mein’ Ehr’ ist hin!
(Er stürzt, von wütendem Schmerz überwältigt, zu Boden.
Musik aus dem Palas.)
ORTRUD (immer in ihrer ersten Stellung,
während Friedrich sich erhebt)
Was macht dich in so wilder Klage doch vergehn?
FRIEDRICH
Daß mir die Waffe selbst geraubt,
(Mit einer heftigen Bewegung gegen Ortrud)
Mit der ich dich erschlüg’!...
ORTRUD (mit ruhigem Hohn)
Friedreicher Graf von Telramund!
Weshalb mißtraust du mir?
ACTE II SCÈNE 1
Et fuir, là-bas, là-bas,
Où ma conscience retrouvera le repos !
Par toi, il me faut perdre
Mon honneur, toute ma gloire ;
Jamais plus les éloges ne me flatteront,
Mon héroïsme n’est que honte !
Le bannissement m’est promis,
Mon épée est brisée,
Mes armes sont détruites,
Ma maison est maudite !
Où qu’à présent je me tourne
Je suis proscrit, banni,
Et pour que ma vue ne l’outrage pas,
Le brigand même me fuit !
Par toi, il me faut perdre
Mon honneur, toute ma gloire ;
Jamais plus les éloges ne me flatteront,
Mon héroïsme n’est que honte !
Le bannissement m’est promis,
Mon épée est brisée,
Mes armes sont détruites,
Ma maison est maudite !
Oh, si j’avais choisi la mort, moi qui suis si misérable !
Mon honneur, mon honneur, je l’ai perdu,
Mon honneur, mon honneur est brisé !
Mon honneur, mon honneur est brisé !
(Il s’effondre, anéanti par une douleur furieuse.
Musique en provenance du palais.)
ORTRUDE (toujours dans la même position,
pendant que Frédéric se relève)
Pourquoi te perdre en de si sauvages lamentations ?
FRÉDÉRIC
Parce qu’on m’a même volé l’arme,
(Avec un geste violent à l’égard d’Ortrude)
Avec laquelle je t’aurais frappée !...
ORTRUDE (avec une calme ironie)
Pacifique comte de Telramund !
Pourquoi te défies-tu de moi ?
67
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
Du fragst? War’s nicht dein Zeugnis, deine Kunde,
Die mich bestrickt, die Reine zu verklagen?
Die du im düst’ren Wald zu Haus,
Logst du mir nicht, von deinem wilden Schlosse aus
Die Untat habest du verüben sehn
Mit eig’nem Aug’, wie Elsa selbst den Bruder
Im Weiher dort ertränkt? Umstricktest du
Mein stolzes Herz durch die Weissagung nicht,
Bald würde Radbod’s alter Fürstenstamm
Von neuem grünen und herrschen in Brabant?
Bewogst du so mich nicht, von Elsas Hand,
Der Reinen, abzustehn und dich zum Weib
Zu nehmen, weil du Radbod’s letzter Sproß?
ORTRUD (leise, doch grimmig)
Ha, wie tödlich du mich kränkst!
(Laut)
Dies alles, ja, ich sagt’ und zeugt’ es dir!
68
FRIEDRICH
Und machtest mich, dess’ Name hochgeehrt,
Dess’ Leben aller höchsten Tugend Preis,
Zu deiner Lüge schändlichem Genossen?
ORTRUD (trotzig)
Wer log?
FRIEDRICH
Du! Hat nicht durch sein Gericht
Gott mich dafür geschlagen?
ORTRUD (mit fürchterlichem Hohne)
Gott?
FRIEDRICH
Entsetzlich! Wie tönt aus deinem Munde furchtbar der
Name!
ORTRUD
Ha, nennst du deine Feigheit Gott?
ACTE II SCÈNE 1
FRÉDÉRIC
Tu poses la question ? N’est-ce pas ton témoignage,
tes révélations
Qui m’ont forcé à accuser l’innocente ?
Chez toi, dans la forêt obscure
Ne me mentis-tu pas en disant que, de ton château barbare,
Tu avais vu le crime
De tes propres yeux, et comment Elsa elle-même
Avait noyé son frère dans un étang ? Ne forças-tu pas
Mon cœur fier, prophétisant
Que bientôt la vieille lignée princière de Radbod
Reverdirait et règnerait sur le Brabant ?
Ne m’as-tu pas incité à renoncer à la main
D’Elsa, la pure, pour t’épouser
Parce que tu étais la dernière héritière de Radbod ?
ORTRUDE (à voix basse, mais avec courroux)
Ah, quel outrage mortel !
(A voix haute)
Oui, j’ai dit tout cela et t’en ai rendu témoignage !
69
FRÉDÉRIC
Et de moi, dont le nom était très honoré
Et la vie un modèle de haute vertu, tu as fait
Le honteux complice de ton mensonge ?
ORTRUDE (rétive)
Qui a menti ?
FRÉDÉRIC
Toi ! Par son jugement
Dieu ne m’en a-t-il pas puni ?
ORTRUDE (avec un formidable mépris)
Dieu ?
FRÉDÉRIC
Effrayant ! Comme dans ta bouche ce nom est terrible !
ORTRUDE
Ah ! ta lâcheté, tu l’appelles Dieu ?
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
Ortrud!
ORTRUD
Willst du mir droh’n? Mir, einem Weibe, droh’n?
O Feiger! Hättest du so grimmig ihm gedroht,
Der jetzt dich in das Elend schickt,
Wohl hättest Sieg für Schande du erkauft!
Ha, wer ihm zu entgegnen wüßt’,
Der fänd’ ihn schwächer als ein Kind!
FRIEDRICH
Je schwächer er, desto gewalt’ger kämpfte Gottes Kraft!
ORTRUD
Gottes Kraft? Ha, ha! Gib hier mir die Macht,
Und sicher zeig’ ich dir, welch’ schwacher Gott es ist,
Der ihn beschützt.
70
FRIEDRICH (von Schauer ergriffen)
Du wilde Seherin! wie willst du doch
Geheimnisvoll den Geist mir neu berücken?
ORTRUD (auf den Palas deutend, in dem das Licht verlöscht ist)
Die Schwelger streckten sich zur üpp’gen Ruh’;
Setz’ dich zur Seite mir! Die Stund’ ist da,
Wo dir mein Seherauge leuchten soll!
(Während des Folgenden nähert sich Friedrich, wie
unheimlich von ihr angezogen, Ortrud immer mehr und
neigt sein Ohr aufmerksam zu ihr herab.)
Weißt du, wer dieser Held,
Den hier ein Schwan gezogen an das Land?
FRIEDRICH
Nein!
ORTRUD
Was gäbst du doch, es zu erfahren,
Wenn ich dir sag’: ist er gezwungen,
Zu nennen, wie sein Nam’ und Art,
All’ seine Macht zu Ende ist,
Die mühvoll ihm ein Zauber leiht?
ACTE II SCÈNE 1
FRÉDÉRIC
Ortrude !
ORTRUDE
Tu me menaces ? Moi, une femme, tu me menaces ?
Ô lâche ! Si tu l’avais aussi violemment menacé,
Celui qui te plonge maintenant dans la misère,
Tu aurais obtenu la victoire au lieu de la honte !
Ah ! celui qui saurait le contrer
Le trouverait plus faible qu’un enfant !
FRÉDÉRIC
Plus il était faible, plus fort combattait la puissance de Dieu !
ORTRUDE
La puissance de Dieu ? Ha, ha ! Donne-moi le pouvoir,
Et je te montrerai sûrement, combien faible est ce Dieu
Qui le protège.
FRÉDÉRIC (saisi de peur)
Sauvage prophétesse ! Tu veux encore,
Avec tes mystères, égarer mon esprit ?
ORTRUDE (désignant le palais où la lumière s’est éteinte)
Les noceurs se sont étendus dans un repos délicieux ;
Assieds-toi à mes côtés ! L’heure est venue
Où mon œil de prophétesse doit t’éclairer !
(Pendant ce qui suit, Frédéric s’approche d’Ortrude,
comme mystérieusement attiré par elle et tend l’oreille
avec attention.)
Sais-tu qui est ce héros
Qu’un cygne a amené ici ?
FRÉDÉRIC
Non !
ORTRUDE
Que donnerais-tu donc pour l’apprendre et
Si je te disais que s’il était forcé
A dire son nom et sa lignée,
Toute sa force, par un sortilège
Laborieusement donnée, prendrait fin ?
71
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
Ha! Dann begriff’ ich sein Verbot!
ORTRUD
Nun hör! Niemand hier hat Gewalt,
Ihm das Geheimnis zu entreißen,
Als die, der er so streng verbot,
Die Frage je an ihn zu tun.
FRIEDRICH
So gält’ es, Elsa zu verleiten,
Daß sie die Frag’ ihm nicht erließ’?
ORTRUD
Ha, wie begreifst du schnell und wohl!
FRIEDRICH
Doch wie soll das gelingen?
72
ORTRUD
Hör! Vor allem gilt’s, von hinnen nicht
Zu flieh’n; drum schärfe deinen Witz!
Gerechten Argwohn ihr zu wecken,
Tritt vor, klag’ ihn des Zaubers an,
Mit dem er das Gericht getäuscht!
FRIEDRICH (mit fürchterlicher wachsender innerer Wut)
Ha! Trug und Zaubers List!
ORTRUD
Mißglückt’s, so bleibt ein Mittel der Gewalt!
FRIEDRICH
Gewalt?
ORTRUD
Umsonst nicht bin ich in geheimsten Künsten
Tief erfahren; drum achte wohl, was ich dir sage!
Jed’ Wesen, das durch Zauber stark,
Wird ihm des Leibes kleinstes Glied entrissen nur,
Muß sich alsbald ohnmächtig zeigen, wie es ist!
ACTE II SCÈNE 1
FRÉDÉRIC
Ah ! Je comprends maintenant son interdiction !
ORTRUDE
Maintenant écoute ! Personne ici n’a le pouvoir
De lui arracher le secret,
Sauf celle à qui il interdit si strictement
De le questionner.
FRÉDÉRIC
Alors, il s’agirait d’amener Elsa
A ne pas le dispenser de la question ?
ORTRUDE
Ah, comme tu saisis vite et bien !
FRÉDÉRIC
Mais comment parvenir à cela ?
ORTRUDE
Écoute ! Avant tout il s’agit de ne pas
Quitter ces lieux ; c’est pourquoi, aiguise ton esprit !
Pour éveiller ses légitimes soupçons,
Entre en scène, accuse-le d’avoir par magie
Trompé la justice !
FRÉDÉRIC (avec une terrible et croissante colère intérieure)
Ah ! Tromperie et artifice de magie !
ORTRUDE
Si cela échoue, il reste la force !
FRÉDÉRIC
La force ?
ORTRUDE
Ce n’est pas en vain qu’au plus profond j’ai étudié
Les arts les plus secrets ; entends donc bien ce que je te dis !
Quiconque est rendu fort par la magie,
Si on lui arrache une partie du corps, même la plus petite,
Aussitôt se révèle sans pouvoir, tel qu’il est !
73
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
Ha, sprächst du wahr!
ORTRUD
O hättest du im Kampf nur einen Finger ihm,
Ja, eines Fingers Glied entschlagen,
Der Held, er war in deiner Macht!
FRIEDRICH
Entsetzlich! Ha, was lässest du mich hören!
Durch Gott geschlagen wähnt’ ich mich.
Nun ließ durch Trug sich das Gericht betören,
Durch Zaubers List verlor mein’ Ehre ich!
Doch meine Schande könnt’ ich rächen,
Bezeugen könnt’ ich meine Treu’?
Des Buhlen Trug, ich könnt’ ihn brechen,
Und meine Ehr’ gewönn’ ich neu!
O Weib, das in der Nacht ich vor mir seh’,
Betrügst du jetzt mich noch, dann weh’ dir! Weh’!
74
ORTRUD
Ha, wie du rasest! Ruhig und besonnen!
So lehr’ ich dich der Rache süße Wonnen!
(Friedrich setzt sich langsam an Ortruds Seite
auf die Stufen nieder.)
ORTRUD UND FRIEDRICH
Der Rache Werk sei nun beschworen
Aus meines Busens wilder Nacht!
Die ihr in süßem Schlaf verloren,
Wißt, daß für euch das Unheil wacht!
Die ihr in süßem Schlaf verloren,
Wißt, daß für euch das Unheil wacht!
ACTE II SCÈNE 1
FRÉDÉRIC
Ah, si tu disais vrai !
ORTRUDE
Oh ! si dans le combat tu lui avais enlevé
Un doigt seulement, oui, même un bout de doigt,
Le héros, il était en ton pouvoir !
FRÉDÉRIC
Effrayant ! Ah ! que me fais-tu entendre :
Je me croyais frappé par Dieu.
Le jugement fut donc détourné par tromperie,
J’ai perdu mon honneur par un artifice magique !
Je pourrais donc venger ma honte,
Témoigner de ma loyauté ?
Je pourrais briser la tromperie de l’amant
Et gagner mon honneur à nouveau !
Ô femme, que je vois devant moi dans la nuit,
Si tu me trompes encore, alors malheur à toi ! Malheur !
ORTRUDE
Ah, comme tu enrages ! Calme-toi, réfléchis !
Je t’apprendrai les doux délices de la vengeance !
(Frédéric s’assoit lentement près d’Ortrude
sur les marches en contrebas.)
ORTRUDE & FRÉDÉRIC
Jurons d’accomplir la vengeance
Sortie de la nuit sauvage de mon sein !
Vous, perdus dans un doux sommeil,
Sachez que le malheur veille sur vous !
Vous, perdus dans un doux sommeil,
Sachez que le malheur veille sur vous !
75
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ZWEITE SZENE
(Elsa, in weißem Gewande, erscheint auf dem Söller;
sie tritt an die Brüstung und lehnt den Kopf auf die Hand.
Friedrich und Ortrud ihr gegenüber auf den Stufen
des Münsters sitzend. )
ELSA
Euch Lüften, die mein Klagen so traurig oft erfüllt,
Euch muß ich dankend sagen,
Wie sich mein Glück enthüllt!
ORTRUD
Sie ist es!
FRIEDRICH
Elsa!
76
ELSA
Durch euch kam er gezogen, ihr lächeltet der Fahrt;
Auf wilden Meereswogen habt ihr ihn treu bewahrt.
ORTRUD
Der Stunde soll sie fluchen, in der sie jetzt mein
Blick gewahrt!
ELSA
Zu trocknen
Meine Zähren hab’ ich euch oft gemüht;
Wollt Kühlung nun gewähren der Wang’, in Lieb’ erglüht!
ORTRUD
Hinweg! Entfern’ ein Kleines dich von hier!
FRIEDRICH
Warum?
ORTRUD
Sie ist für mich, ihr Held
Gehöre dir!
ACTE II SCÈNE 2
DEUXIÈME SCÈNE
(Elsa, en vêtements blancs, apparaît sur la terrasse ;
elle s’avance jusqu’à la balustrade et appuie sa tête
contre sa main. En face Frédéric et Ortrude, assis
sur les marches de la cathédrale.)
ELSA
A vous brises, que souvent mes plaintes
si tristement habitèrent,
A vous je dois dire, pleine de gratitude,
Combien ma joie se révèle !
ORTRUDE
C’est elle !
FRÉDÉRIC
Elsa !
ELSA
Poussé par vous, il est venu,
vous avez souri à son voyage ;
Sur la mer déchaînée, fidèlement vous l’avez protégé.
ORTRUDE
Elle maudira l’heure où elle va maintenant rencontrer
Mon regard !
ELSA
Pour sécher
Mes larmes, je vous ai souvent mis à la peine ;
Maintenant, rafraîchissez mes joues brûlantes d’amour !
ORTRUDE
Va-t-en ! Éloigne-toi un peu d’ici !
FRÉDÉRIC
Pourquoi ?
ORTRUDE
Elle est pour moi, son héros
T’appartient à toi !
77
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Friedrich entfernt sich und verschwindet im Hinter
grunde.)
ELSA
Wollt Kühlung
Nun gewähren der Wang’, in Liebe, in Liebe
In Lieb’ erglüht! In Liebe!
ORTRUD (in ihrer bisherigen Stellung verbleibend, laut,
mit klagendem Ausdruck)
Elsa!
ELSA (nach einem Schweigen)
Wer ruft? Wie schauerlich und klagend
Ertönt mein Name durch die Nacht?
ORTRUD
Elsa! Ist meine Stimme dir so fremd?
Willst du die Ärmste ganz verleugnen,
Die du ins fernste Elend schickst?
78
ELSA
Ortrud! bist du’s? Was machst du hier, unglücklich Weib?
ORTRUD
»Unglücklich Weib!«
Wohl hast du recht, so mich zu nennen!
In ferner Einsamkeit des Waldes,
Wo still und friedsam ich gelebt,
Was tat ich dir? was tat ich dir?
Freudlos, das Unglück nur beweinend,
Das lang belastet meinen Stamm,
Was tat ich dir? was tat ich dir?
ELSA
Um Gott, was klagest du mich an?
War ich es, die dir Leid gebracht?
ORTRUD
Wie könntest du fürwahr mir neiden das Glück,
Daß mich zum Weib erwählt der Mann,
Den du so gern verschmäht?
ACTE II SCÈNE 2
(Frédéric s’éloigne et disparaît à l’arrière-plan.)
ELSA
Rafraîchissez
Maintenant mes joues, d’amour, d’amour,
D’amour brûlantes ! D’amour !
ORTRUDE (demeurant à sa place, à voix haute,
avec une expression plaintive)
Elsa !
ELSA (après un silence)
Qui appelle ? Comme une lugubre plainte
Mon nom résonne dans la nuit !
ORTRUDE
Elsa ! Ma voix t’est-elle à ce point étrangère ?
Renieras-tu totalement la plus malheureuse,
Que tu as exilée dans la plus extrême misère ?
ELSA
Ortrude ! C’est toi ? Que fais-tu là, malheureuse femme ?
ORTRUDE
« Malheureuse femme ! »
Tu as bien raison de m’appeler ainsi !
Dans la lointaine solitude de la forêt
Où je vivais, calme et paisible,
Que t’ai-je fait ? Que t’ai-je fait ?
Sans joie, pleurant juste le malheur
Qui depuis longtemps accable ma lignée,
Que t’ai-je fait ? Que t’ai-je fait ?
ELSA
Par Dieu, de quoi m’accuses-tu ?
Est-ce moi qui t’ai fait souffrir ?
ORTRUDE
Vraiment, comment pourrais-tu m’envier le bonheur
D’avoir été élue pour épouse par l’homme
Que tu as si bien repoussé ?
79
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ELSA
Allgüt’ger Gott! Was soll mir das?
ORTRUD
Mußt’ ihn unsel’ger Wahn betören,
Dich Reine einer Schuld zu zeih’n,
Von Reu’ ist nun sein Herz zerrissen,
Zu grimmer Buß’ ist er verdammt.
ELSA
Gerechter Gott!
ORTRUD
O, du bist glücklich!
Nach kurzem, unschuldsüßem Leiden,
Siehst lächeln du das Leben nur;
Von mir darfst selig du dich scheiden,
Mich schickst du auf des Todes Spur,
Daß meines Jammers trüber Schein
Nie kehr’ in deine Feste ein!
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ELSA (sehr bewegt)
Wie schlecht ich deine Güte priese,
Allmächt’ger, der mich so beglückt,
Wenn ich das Unglück von mir stieße,
Das sich im Staube vor mir bückt!
O nimmer! Ortrud! harre mein!
Ich selber laß dich zu mir ein!
(Sie eilt in die Kemenate zurück.)
ORTRUD (springt in wilder Begeisterung von den Stufen auf)
Entweihte Götter! Helft jetzt meiner Rache!
Bestraft die Schmach, die hier euch angetan!
Stärkt mich im Dienst eurer heil’gen Sache!
Vernichtet der Abtrünn’gen schnöden Wahn!
Wodan! Dich Starken rufe ich!
Freia! Erhab’ne, höre mich!
Segnet mir Trug und Heuchelei,
Daß glücklich meine Rache sei!
ELSA (noch außerhalb)
Ortrud! wo bist du?
ACTE II SCÈNE 2
ELSA
Dieu très bon ! Qu’y puis-je ?
ORTRUDE
Si une malheureuse illusion l’a mené
A t’accuser d’un crime, toi, innocente,
Son cœur est maintenant déchiré de remord.
Il est condamné à une terrible pénitence.
ELSA
Dieu juste !
ORTRUDE
Oh, tu es heureuse !
Après une brève souffrance, adoucie par ta pureté,
Tu vois maintenant la vie sourire ;
Tu peux, heureuse, te séparer de moi,
Tu m’envoies sur le chemin de la mort,
Pour que le triste spectacle de ma misère
Ne pénètre jamais dans tes fêtes !
81
ELSA (très émue)
Comme je louerais mal tes bontés,
Tout-puissant, qui m’a comblée de bonheur,
Si j’écartais de moi le malheur
Qui, dans la poussière, s’incline devant moi.
Ô jamais ! Ortrude ! Attends-moi
Je vais moi-même te faire venir à moi !
(Elle retourne en hâte dans le gynécée.)
ORTRUDE (bondit des marches, dans un transport sauvage)
Dieux profanés ! Maintenant, aidez ma vengeance !
Punissez l’outrage qui vous est fait ici !
Rendez-moi forte au service de votre cause sacrée !
Anéantissez les chimères odieuses des renégats !
Wotan ! Toi, le fort, je t’appelle !
Freia, auguste ! Entends-moi !
Dotez-moi du mensonge et de l’hypocrisie,
Pour que réussisse ma vengeance !
ELSA (encore en coulisse)
Ortrude ! Où es-tu ?
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Elsa und zwei Mägde mit Lichten treten aus der unteren
Türe der Kemenate auf.)
ORTRUD (sich demütig vor Elsa niederwerfend)
Hier, zu deinen Füßen!
ELSA (bei Ortruds Anblick erschreckt zurücktretend)
Hilf Gott! So muß ich dich erblicken,
Die ich in Stolz und Pracht nur sah!
Es will das Herze mir ersticken,
Seh’ ich so niedrig dich mir nah!
Steh’ auf! O, spare mir dein Bitten!
Trugst du mir Haß, verzieh ich dir;
Was du schon jetzt durch mich gelitten,
Das, bitte ich, verzeih’ auch mir,
Das, bitte ich, verzeih’ auch mir!
ORTRUD
O habe Dank für so viel Güte!
82
ELSA
Der morgen nun mein Gatte heißt,
Anfleh’ ich sein liebreich Gemüte,
Daß Friedrich auch er Gnad’ erweist.
ORTRUD
Du fesselst mich in Dankes Banden!
ELSA (mit immer gesteigerter heiterer Erregtheit)
In Früh’n laß mich bereit dich seh’n,
Geschmückt mit prächtigen Gewanden
Sollst du mit mir zum Münster geh’n.
Dort harre ich des Helden mein,
(Freudig, stolz)
Vor Gott sein Eh’gemahl zu sein,
Vor Gott sein Eh’gemahl zu sein!
(Selig, entzückt)
Sein Eh’gemahl!
ORTRUD
Wie kann ich solche Huld dir lohnen,
ACTE II SCÈNE 2
(Avec des torches, Elsa et deux servantes sortent
par la porte inférieure du gynécée.)
ORTRUDE (se jette humblement aux pieds d’Elsa)
Ici, à tes pieds !
ELSA (voyant Ortrude, reculant effrayée)
Mon Dieu ! Il me faut te voir ainsi,
Toi que je ne vis que fière et splendide !
Mon cœur m’étouffe
A te voir près de moi, tombée si bas !
Relève-toi ! Ô, épargne-moi ta prière,
Si tu m’as porté de la haine, je te pardonne ;
Pour ce que tu as souffert à cause de moi,
Je t’en prie, pardonne-moi aussi,
Je t’en prie, pardonne-moi aussi !
ORTRUDE
Ô, sois remerciée pour tant de bonté !
ELSA
De celui qui demain sera mon époux
J’implorerai le cœur aimant
Pour qu’il accorde aussi sa grâce à Frédéric.
ORTRUDE
Tu m’enchaînes dans les liens de la gratitude !
ELSA (avec une excitation croissante et joyeuse)
Dès l’aube, que je te voie prête,
Parée de splendides vêtements,
Tu viendras avec moi à la cathédrale.
Là, j’attendrai mon héros
(Joyeuse, fière)
Pour être, devant Dieu, son épouse,
Pour être, devant Dieu, son épouse !
(Heureuse, émerveillée)
Son épouse !
ORTRUDE
Comment pourrais-je te rendre tant de grâce,
83
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Da machtlos ich und elend bin?
Soll ich in Gnaden bei dir wohnen,
Stets bleibe ich die Bettlerin!
(Immer näher zu Elsa tretend)
Nur eine Kraft ist mir geblieben,
Sie raubte mir kein Machtgebot;
Durch sie vielleicht schütz’ ich dein Lieben,
Bewahr’ es vor der Reue Not!
ELSA (unbefangen und freundlich)
Wie meinst du?
ORTRUD
Wohl, daß ich dich warne,
Zu blind nicht deinem Glück zu trau’n;
Daß nicht ein Unheil dich umgarne,
Laß mich für dich zur Zukunft schaun.
ELSA (mit heimlichem Grauen)
Welch’ Unheil?
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ORTRUD (sehr geheimnisvoll)
Könntest du erfassen,
Wie dessen Art so wundersam,
Der nie dich möge so verlassen,
Wie er durch Zauber zu dir kam!
ELSA (von Grausen erfaßt, wendet sich unwillig ab;
voll Trauer und Mitleid wendet sie sich dann wieder zu Ortrud)
Du Ärmste kannst wohl nie ermessen,
Wie zweifellos mein Herze liebt?
Du hast wohl nie das Glück besessen,
Das sich uns nur durch Glauben gibt?
(Freundlich)
Kehr’ bei mir ein! Laß mich dich lehren,
Wie süß die Wonne reinster Treu’!
Laß’ zu dem Glauben dich bekehren:
Es gibt ein Glück, es gibt ein Glück, das ohne Reu’!
ORTRUD (für sich)
Ha! Dieser Stolz, er soll mich
Lehren, wie ich bekämpfe ihre Treu’ er soll mich’s lehren!
ACTE II SCÈNE 2
Moi qui suis sans pouvoir et misérable ?
Si dans ta grâce je dois vivre près de toi,
Je resterai toujours la mendiante !
(Se rapprochant d’Elsa)
Il ne me reste qu’un pouvoir,
Aucun commandement ne me l’a ravi
Par lui peut-être protégerai-je ton amour,
Le préservant de la détresse et du regret !
ELSA (ingénue et amicale)
Que veux-tu dire ?
ORTRUDE
Il est bon que je t’avertisse
De ne pas te fier aveuglément à ton bonheur ;
Pour qu’un malheur ne te cerne pas,
Laisse-moi, pour toi, observer le futur.
ELSA (avec une terreur secrète)
Quel malheur ?
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ORTRUDE (très mystérieusement)
Si tu pouvais comprendre,
Celui dont la lignée est si mystérieuse,
Puisse-t-il ne jamais t’abandonner
Comme il est venu à toi, par magie !
ELSA (saisie de peur, elle s’écarte involontairement ;
pleine de tristesse et de compassion, elle se tourne
à nouveau vers Ortrude)
Ma pauvre, ne pourras-tu jamais mesurer
Combien mon cœur aime sans avoir de doute ?
Tu n’as jamais eu le bonheur
Qui ne s’offre à nous que par la foi.
(Avec amitié)
Viens près de moi ! Laisse-moi t’apprendre
Combien est doux le délice d’un repentir pur !
Laisse-toi gagner par la foi :
Il y a un bonheur, il y a un bonheur sans remord !
ORTRUDE (à part)
Ah ! Cette fierté m’enseignera
Comment combattre sa fidélité, elle me l’enseignera !
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Gen ihn will ich die Waffen kehren,
Durch ihren ihren Hochmut werd’ ihr Reu’,
Durch ihren Hochmut werd’ ihr Reu’!
Gen ihn will ich die Waffen kehren,
Durch ihren Hochmut werd’ ihr Reu’,
Durch ihren Hochmut werd’ ihr Reu’!
ELSA
Laß mich dich lehren,
Wie süß die Wonne reinster Treue,
Laß zu dem Glauben dich neu bekehren:
Es gibt ein Glück, es gibt ein Glück,
Ein Glück, das ohne Reu’,
Ein Glück das ohne Reu’!
(Ortrud, von Elsa geleitet, tritt mit heuchlerischem Zögern
durch die kleine Pforte ein; die Mägde leuchten voran
und schließen, nachdem Alle eingetreten.
Erstes Tagesgrauen.)
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FRIEDRICH (tritt aus dem Hintergrunde vor)
So zieht das Unheil in dies Haus!
Vollführe Weib, was deine List ersonnen;
Dein Werk zu hemmen fühl’ ich keine Macht!
Das Unheil hat mit meinem Fall begonnen,
Nun stürzet nach, die mich dahin gebracht!
Nur Eines seh’ ich mahnend vor mir stehn:
Der Räuber meiner Ehre soll vergeh’n!
DRITTE SZENE
Allmählicher Tagesanbruch. Zwei Wächter blasen vom Turme
das Morgenlied; von einem entfernteren Turme hört man
antworten. Friedrich, nachdem er den Ort erspäht, der ihn vor
dem Zulaufe des Volkes am günstigsten verbergen könnte, tritt
hinter einen Mauervorsprung des Münsters. Während die
Türmer herabsteigen und das Tor erschließen, treten aus
verschiedenen Richtungen der Burg Dienstmannen auf,
begrüßen sie, gehen ruhig an ihre Verrichtungen usw. Einige
schöpfen am Brunnen in metallenen Gefäßen Wasser, klopfen
an der Pforte des Palas und werden damit eingelassen.
ACTE II SCÈNE 3
Contre elle je vais tourner les armes
De son orgueil elle se repentira,
De son orgueil elle se repentira !
Contre elle je vais tourner les armes,
De son orgueil elle se repentira,
De son orgueil elle se repentira !
ELSA
Laisse-moi t’apprendre,
Combien est doux le délice d’un repentir pur,
Laisse-toi regagner par la foi :
Il y a un bonheur, il y a un bonheur,
Un bonheur sans remord,
Un bonheur sans remord !
(Ortrude, conduite par Elsa, entre par la petite porte avec
une hésitation feinte ; devant, les servantes les éclairent
puis referment après que tout le monde est entré.
Premières lueurs du jour.)
FRÉDÉRIC (rentre depuis le fond)
Ainsi le malheur pénètre dans cette maison !
Accomplis, femme, ce que ta ruse a imaginé ;
Je ne me sens pas la force d’entraver ton œuvre !
Le malheur a commencé avec ma chute,
Soyez abattus, vous qui m’y avez précipité !
Devant moi, une seule pensée :
Le voleur de mon honneur doit périr !
TROISIÈME SCÈNE
Peu à peu, le jour se lève. De la tour, deux gardes sonnent
le réveil ; d’une tour plus éloignée, on entend répondre.
Frédéric, après avoir repéré le lieu où il pourra le mieux se
cacher avant l’arrivée du peuple, se place derrière une saillie
du mur de la cathédrale. Pendant que les veilleurs descendent
et ouvrent les portes, des serviteurs arrivent de différents coins
du château, ils se saluent et se rendent tranquillement
à leurs occupations, etc. Certains puisent de l’eau à la fontaine
dans des vases en métal, frappent à la porte du palais
87
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Die Pforte des Palas öffnet sich von Neuem; die vier
Heerhornbläser des Königs schreiten heraus und blasen
den Ruf. Die Heerhornbläser treten in den Palas zurück.
Die Dienstmannen haben die Bühne verlassen. Aus dem
Burghofe und durch das Turmtor kommen nun immer
zahlreicher brabantische Edle und Mannen vor dem Münster
zusammen; sie begrüßen sich in heiterer Erregtheit.
88
DIE EDLEN UND MANNEN
In Früh’n versammelt uns der Ruf,
In Früh’n versammelt uns der Ruf,
Gar viel, gar viel, gar viel, gar viel verheißet wohl der Tag,
Gar viel verheißet wohl der Tag, gar viel!
Der hier so hehre Wunder schuf, der teure Held,
Manch’ neue Tat vollbringen mag,
Manch’ neue Tat vollbringen mag!
Gar viel verheißet wohl der Tag,
Gar viel verheißet wohl der Tag,
Der Held heut’ manch’ neue Tat vollbringen mag;
Der hier so hehre Wunder schuf,
Ganz sicher heut’ manche neue Tat vollbringt,...
Ganz gewiß! Gewiß! Gewiß! Ganz gewiß!
In Früh’n versammelt uns der Ruf,
Gar viel, gar viel, gar viel verheißet uns der Tag!
Gar viel, gar viel, gar viel, gar viel!
(Der Heerrufer schreitet aus dem Palas auf die Erhöhung
vor dessen Pforte heraus, die vier Heerhornbläser ihm
voran. Der Königsruf wird wiederum geblasen:
Alle wenden sich in lebhafter Erwartung dem
Hintergrunde zu.)
DER HEERRUFER
Des Königs Wort und Will’ tu’ ich euch kund;
Drum achtet wohl, was euch durch mich er sagt!
In Bann und Acht ist Friedrich Telramund,
Weil untreu er den Gotteskampf gewagt:
Wer sein noch pflegt, wer sich zu ihm gesellt,
Nach Reiches Recht derselben Acht verfällt.
DIE MÄNNER
Fluch ihm! Fluch ihm, dem Ungetreuen,
ACTE II SCÈNE 3
où on les fait entrer. Les portes du palais s’ouvrent à nouveau ;
les quatre trompettes du roi sortent et sonnent l’appel. Puis ils
retournent dans le palais. Les serviteurs ont quitté la scène.
De la cour du château et par la porte de la tour arrivent
à présent, de plus en plus nombreux, les nobles et les hommes
du Brabant, se rassemblant devant la cathédrale ;
ils se saluent dans une joyeuse agitation.
LES NOBLES & LES HOMMES
A l’aube, l’appel nous rassemble,
A l’aube, l’appel nous rassemble,
Beaucoup, beaucoup, la journée promet beaucoup,
Beaucoup, la journée promet beaucoup, beaucoup !
Le cher héros, qui a fait un si sublime prodige
Pourrait bien accomplir maint nouvel exploit,
Pourrait bien accomplir maint nouvel exploit !
La journée promet beaucoup,
La journée promet beaucoup,
Le héros aujourd’hui pourrait accomplir
maint nouvel exploit ;
Celui qui ici fit un si sublime prodige
Va sûrement accomplir maint nouvel exploit...
Très certainement ! Certainement ! Très certainement !
A l’aube, l’appel nous rassemble,
Beaucoup, beaucoup, la journée promet beaucoup !
Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup !
(Le Héraut sort du palais, sur la hauteur se trouvant
devant les portes. On sonne à nouveau l’appel du roi :
tous se tournent vers le fond, dans une intense attente.)
LE HÉRAUT
Je vous informe des paroles et de la volonté du roi ;
Prêtez donc bien attention à ce qu’il dit à travers moi !
Frédéric de Telramund est mis au ban et proscrit
Parce que, déloyal, il a risqué le combat de Dieu :
Quiconque l’héberge encore, quiconque le joint,
Sera pareillement exilé, selon le droit de l’empire.
LES HOMMES
Maudit ! Qu’il soit maudit, le félon
89
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Den Gottes Urteil traf! Den Gottes Urteil traf!
Ihn soll der Reine scheuen! Ihn soll der Reine scheuen,
Ihn soll der Reine scheuen! Ihn soll der Reine scheuen,
Es flieh’ ihn Ruh’ und Schlaf!
Fluch ihm! Fluch ihm! Fluch ihm, dem Ungetreuen!
(Beim Rufe der Heerhörner sammelt sich das Volk schnell
wieder zur Aufmerksamkeit.)
DER HEERRUFER
Und weiter kündet euch der König an,
Daß er den fremden, gottgesandten Mann,
Den Elsa zum Gemahle sich ersehnt,
Mit Land und Krone von Brabant belehnt;
Doch will der Held nicht Herzog sein genannt,
Ihr sollt ihn heißen: Schützer von Brabant!
90
DIE MÄNNER
Hoch, hoch der ersehnte Mann!
Heil ihm! Heil ihm! Heil ihm! Heil ihm!
Heil ihm, den Gott gesandt!
Heil ihm! Heil ihm, den Gott gesandt!
Treu sind wir untertan dem Schützer von Brabant!
Treu sind wir untertan dem Schützer von Brabant!
Hoch der ersehnte Mann! Hoch der ersehnte Mann!
Heil ihm, den Gott gesandt! Heil ihm, den Gott gesandt!
Heil ihm, den Gott gesandt!
Heil dem Schützer von Brabant! Heil ihm! Heil ihm!
Heil dem Schützer von Brabant! Heil ihm!
Heil dem Schützer von Brabant!
DER HEERRUFER
Nun hört, was er durch mich euch sagen läßt:
Heut’ feiert er mit euch sein Hochzeitfest;
Doch morgen sollt ihr kampfgerüstet nah’n,
Zur Heeresfolg’ dem König untertan;
Er selbst verschmäht der süßen Ruh’ zu pflegen,
Er führt euch an zu hehren Ruhmes Segen!
(Er geht nach einiger Zeit mit dem vier Heerhornbläsern
in den Palas zurück.)
ACTE II SCÈNE 3
Que le jugement de Dieu frappa !
Que l’innocent le fuit ! Que l’innocent le fuit,
Que l’innocent le fuit ! Que l’innocent le fuit,
Que le repos et le sommeil l’abandonnent !
Maudit ! Maudit ! Maudit le félon !
(A l’appel des trompettes, le peuple se rassemble à nouveau
et prête attention.)
LE HÉRAUT
De plus, le Roi vous annonce
Que l’homme étranger envoyé par Dieu
Et qu’Elsa désire pour époux,
Reçoit en fief le pays et la couronne du Brabant ;
Mais, le héros ne voulant être nommé duc,
Vous devez l’appeler : protecteur du Brabant !
LES HOMMES
Vivat, vive l’homme que nous attendions !
Gloire à lui ! Gloire à lui ! Gloire à lui !
Gloire à lui, envoyé de Dieu !
Gloire à lui, gloire à lui, envoyé de Dieu !
Nous sommes les fidèles sujets du protecteur du Brabant !
Nous sommes les fidèles sujets du protecteur du Brabant !
Vive l’homme que nous attendions !
Gloire à lui, envoyé de Dieu !
Gloire à lui, envoyé de Dieu !
Gloire à lui, envoyé de Dieu !
Gloire au protecteur du Brabant ! Gloire à lui !
Gloire à lui !
Gloire au protecteur du Brabant ! Gloire à lui !
Gloire au protecteur du Brabant !
LE HÉRAUT
A présent, entendez ce qu’il vous dit par ma voix :
Il célèbre aujourd’hui ses noces en votre compagnie ;
Mais demain, armés, vous devrez rejoindre
L’armée sous les ordres du Roi ;
Lui-même méprisant le doux repos,
Vous conduira vers la grâce d’une sublime gloire !
(Après quelques instants, il retourne dans le palais.)
91
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DIE MÄNNER (mit Begeisterung)
Zum Streite, säumet nicht!
Zum Streite, säumet nicht, auf!
Säumet nicht, führt euch der Hehre an!
Zum Streite, säumet nicht!
Säumet nicht, führt euch der Hehre an!
Wer mutig mit ihm ficht,
Dem lacht des Ruhmes Bahn!
Gott hat ihn gesandt zur Größe von Brabant!
Von Gott ist er gesandt zur Größe von Brabant!
Ja, von Gott ist er gesandt zur Größe von Brabant!
Wer mutig mit ihn ficht, dem lacht des Ruhmes Bahn!
Drum saümet nicht zu streiten, säumet nicht!...
Von Gott ist er gesandt zur Größe von Brabant;
Von Gott, von Gott ist er gesandt!
(Während das Volk freudig durcheinander wogt,
treten im Vordergrunde vier Edle, Friedrich’s sonstige
Lehnsmannen, zusammen.)
92
DER DRITTE EDLE
Nun hört! dem Lande will er uns entführen!
DER ZWEITE EDLE
Gen einen Feind, der uns noch nie bedroht?
DER VIERTE EDLE
Solch’ kühn Beginnen sollt’ ihm nicht gebühren!
DER ERSTE EDLE
Wer wehret ihm, wenn er die Fahrt gebot?
FRIEDRICH (ist unbemerkt unter sie getreten)
Ich!
(Er enthüllt sein Haupt; sie fahren entsetzt zurück.)
DIE VIER EDLEN
Ha! Wer bist du? Wer bist du? Friedrich!
Seh’ ich recht? Du wagst dich her, zur Beute jedem Knecht?
Hier wagst du dich her?
ACTE II SCÈNE 3
LES HOMMES (avec enthousiasme)
Au combat, ne tardez pas !
Au combat, ne tardez pas, debout !
Ne tardez pas, l’homme sublime vous guide !
Qui lutte vaillamment avec lui
Voit briller la voie de la gloire !
Dieu l’a envoyé pour la grandeur du Brabant !
Il est envoyé par Dieu pour la grandeur du Brabant !
Qui lutte vaillamment avec lui,
Voit briller la voie de la gloire !
Donc, ne tardez pas pour le combat, ne tardez pas !...
Il est envoyé par Dieu pour la grandeur du Brabant !
Par Dieu, par Dieu il est envoyé !
(Pendant que le peuple s’agite joyeusement,
au premier plan, quatre nobles s’avancent, hommes liges
habituels de Frédéric.)
LE TROISIÈME NOBLE
Vous entendez ! Il veut nous faire sortir du pays !
93
LE DEUXIÈME NOBLE
Contre un ennemi qui ne nous a jamais menacés ?
LE QUATRIÈME NOBLE
Un début si téméraire ne va pas lui réussir !
LE PREMIER NOBLE
Qui résistera, s’il ordonne le départ ?
FRÉDÉRIC (a rejoint leur cercle sans se faire remarquer)
Moi !
(Il enlève son heaume ; effrayés, ils reculent.)
LES QUATRE NOBLES
Ah ! Qui es-tu ? Frédéric !
Que vois-je ? Tu te risques ici,
gibier pour le premier valet venu ?
Tu te risques ici ?
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
Gar bald will ich wohl weiter noch mich wagen,
Vor euren Augen soll es leuchtend tagen!
Der euch so kühn die Heerfahrt angesagt,
Der sei von mir des Gottestrug’s beklagt!
(Vier Edelknaben treten aus der Tür der Kemenate
auf den Söller, laufen munter den Hauptweg hinab
und stellen sich vor dem Palas auf der Höhe auf.)
DIE VIER EDLEN
War hör’ ich? Rasender! Was hast du vor?
Was hast du vor?
Weh’ dir! Verlor’ner du, was hast du vor?
Verlor’ner hört dich des Volkes Ohr!
(Sie drängen Friedrich nach dem Münster, wo sie ihn
vor dem Blicke des Volkes zu verbergen suchen.
Das Volk, das die Knaben gewahrt, drängt sich mehr
nach dem Vordergrund.)
94
VIER EDELKNABEN
Macht Platz! Macht Platz für Elsa, uns’re Frau:
Die will in Gott zum Münster geh’n.
(Sie schreiten nach vorn, indem sie durch die willig
zurückweichenden Edlen eine breite Gasse bis zu
den Stufen des Münsters bilden, wo sie dann sich
selbst aufstellen.
Vier andere Edelknaben treten gemessen und feierlich
aus der Tür der Kemenate auf den Söller und stellen sich
daselbst auf, um den Zug der Frauen, den sie erwarten,
zu geleiten.)
VIERTE SZENE
Ein langer Zug von Frauen in prächtigen Gewändern schreitet
langsam aus der Pforte der Kemenate auf den Söller;
er wendet sich links auf dem Hauptwege am Palas vorbei und
von da wieder nach vorn dem Münster zu, auf dessen Stufen
die zuerst Gekommenen sich aufstellen.
Elsa tritt im Zuge auf; die Edlen entblößen
ehrfurchtsvoll die Häupter.
ACTE II SCÈNE 4
FRÉDÉRIC
Bientôt, je risquerai beaucoup plus,
Devant vos yeux, la lumière se fera !
Celui qui vous a si bravement annoncé son expédition
Qu’il soit par moi accusé d’avoir trahi Dieu !
(Par la porte du gynécée, quatre pages entrent
sur la terrasse, descendent en courant le chemin
et se placent sur la hauteur devant le palais.)
LES QUATRE NOBLES
Qu’entends-je ? Insensé ! Que vas-tu faire ?
Malheur à toi ! Tu es perdu, que vas-tu faire ?
Malheur à toi, tu es perdu si le peuple t’entend !
(Ils entraînent Frédéric vers la cathédrale, où ils tentent
de le soustraire aux regards de la foule. Le peuple,
apercevant les pages, se presse au premier plan.)
LES QUATRE PAGES
Faites place ! Faites place pour Elsa notre dame :
Elle se rend à la cathédrale, auprès de Dieu.
(Ils s’avancent, formant, grâce aux nobles qui s’écartent
spontanément, un large passage jusqu’aux marches
de la cathédrale, où ils vont ensuite se placer eux-mêmes.
Par la porte du gynécée, quatre autres pages sortent
sur la terrasse, à pas comptés et solennellement, afin
d’attendre le cortège des femmes qu’ils ont à conduire.)
QUATRIÈME SCÈNE
Un long cortège de femmes en vêtements somptueux vient
lentement sur la terrasse, par la porte du gynécée ; il se dirige
vers la gauche sur la voie principale menant au palais,
puis vers l’avant, vers la cathédrale, sur les marches
de laquelle se placent les premiers arrivants.
Elsa entre en scène au sein du cortège ;
les nobles se découvrent respectueusement.
95
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
96
CHOR (während des Aufzugs)
Gesegnet soll sie schreiten,
Gesegnet soll sie schreiten,
Die lang in Demut litt; die lang in Demut litt;
Gott möge sie geleiten,
Gott hüte ihren Schritt!...
(Die Edlen, die unwillkürlich die Gasse wieder vertreten
hatten, weichen vor den Edelknaben aufs neue zurück,
welche dem Zuge, da er bereits vor dem Palas
angekommen ist, Bahn machen. Hier ist Elsa, auf der
Erhöhung vor dem Palas angelangt; die Gasse ist wieder
offen, alle können Elsa sehen, welche eine Zeitlang
verweilt.)
Sie naht, sie naht, die Engelgleiche,
Die Engelgleiche von keuscher Glut entbrannt!
(Elsa schreitet aus dem Hintergrunde langsam nach vorn
durch die Gasse der Männer.)
Heil dir! Heil dir, o Tugendreiche!
Heil Elsa von Brabant! Heil Elsa von Brabant!
(Außer den Edelknaben sind auch die vordersten Frauen
bereits auf der Treppe des Münsters angelangt, wo sie sich
aufstellen, um Elsa den Vortritt in die Kirche zu lassen;
unter den Frauen, welche ihr noch folgen und den Zug
schließen, geht Ortrud, ebenfalls reich gekleidet; die
Frauen, die dieser zunächst gehen, halten sich voll Scheu
und wenig verhaltenem Unwillen von ihr entfernt, sodaß
sie sehr einzeln erscheint: in ihren Mienen drückt sich
immer steigender Ingrimm aus.)
Heil Elsa von Brabant!
Gesegnet sollst du schreiten!
Gesegnet sollst du schreiten!
Heil Elsa von Brabant! Heil Elsa von Brabant!...
(Als Elsa unter dem lauten Zurufe des Volkes eben den Fuß
auf die erste Stufe zum Münster setzen will, tritt Ortrud,
welche bisher unter der letzten Frauen des Zuges
gegangen, heftig hervor, schreitet auf Elsa zu, stellt sich
auf derselben Stufe ihr entgegen und zwingt sie so,
vor ihr wieder zurückzutreten.)
ORTRUD
Zurück, Elsa! Nicht länger will ich dulden,
ACTE II SCÈNE 4
CHŒUR (pendant la procession)
Qu’elle marche bénie,
Qu’elle marche bénie,
Celle qui souffrit longtemps avec humilité
Que Dieu la conduise,
Que Dieu protège ses pas !...
(Les nobles, qui avaient involontairement envahi
le chemin, s’écartent à nouveau devant les pages
qui ouvrent la voie au cortège déjà arrivé devant le palais.
Elsa est arrivée sur la hauteur devant le palais ;
le passage est ouvert à nouveau, tous peuvent voir Elsa,
qui s’attarde un moment.)
Elle approche, elle approche, telle un ange,
Telle un ange brûlant d’une chaste flamme !
(Depuis le fond, Elsa s’avance lentement au premier plan,
à travers le passage formé par les hommes.)
Salut à toi ! Salut à toi, ô reine de vertu !
Salut Elsa de Brabant ! Salut Elsa de Brabant !
(Outre les pages, les femmes de la tête du cortège sont
aussi arrivées sur les marches de la cathédrale,
où elles se placent de façon à dégager l’entrée de l’église
pour Elsa ; parmi les femmes qui la suivent encore
et ferment la marche, se tient Ortrude, elle aussi richement
vêtue ; les femmes qui la suivent se tiennent éloignées
d’elle, pleines de crainte et d’une irritation mal contenue,
si bien qu’on la voit très isolée : sur leurs visages,
se dessine un ressentiment croissant.)
Salut Elsa de Brabant !
Marche bénie !
Marche bénie !
Salut Elsa de Brabant ! Salut Elsa de Brabant !...
(Alors qu’Elsa, au milieu des acclamations du peuple,
s’apprête à poser le pied sur la première marche
de la cathédrale, Ortrude, qui avait marché parmi
les femmes de la fin du cortège, surgit, marche sur Elsa,
se place en face d’elle sur la même marche
et la force ainsi à reculer.)
ORTRUDE
Arrière, Elsa ! Je ne souffrirai plus longtemps
97
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Daß ich gleich einer Magd dir folgen soll!
Den Vortritt sollst du überall mir schulden,
Vor mir dich beugen sollst du demutvoll!
DIE EDELKNABEN UND DIE MÄNNER
Was will das Weib?
Was will das Weib?
ELSA
Um Gott!
DIE EDELKNABEN
Was will das Weib?
DIE MÄNNER
Was will das Weib? Zurück!
(Ortrud wird von den Edelknaben nach der Mitte
der Bühne zurückgedrängt.)
98
ELSA (heftig erschrocken)
Was muß ich seh’n?
Welch’ jäher Wechsel ist mit dir gescheh’n?
ORTRUD
Weil eine Stund’ ich meines Wert’s vergessen,
Glaubest du, ich müßte dir nur kriechend nah’n?
Mein Leid zu rächen will ich mich vermessen,
Was mir gebührt, das will ich nun empfah’n!
(Lebhaftes Staunen und Bewegung Aller.)
ELSA
Weh’! ließ ich durch dein Heucheln mich verleiten!
Die diese Nacht sich jammernd zu mir stahl:
Wie willst du nun in Hochmut vor mir schreiten,
Du, eines Gottgerichteten Gemahl?
ORTRUD (mit dem Anschein tiefer Gekränktheit und stolz)
Wenn falsch Gericht mir den Gemahl verbannte,
War doch sein Nam’ im Lande hochgeehrt;
ACTE II SCÈNE 4
De devoir te suivre comme une servante !
Partout tu dois me céder le pas,
Tu dois humblement te courber devant moi !
LES PAGES & LES HOMMES
Que veut cette femme ?
Que veut cette femme ?
ELSA
Mon Dieu !
LES PAGES
Que veut cette femme ?
LES HOMMES
Que veut cette femme ? Arrière !
(Ortrude est repoussée par les pages jusqu’au centre
de la scène.)
ELSA (très effrayée)
Que vois-je ?
Quel changement soudain s’est-il fait en toi ?
ORTRUDE
Parce que, pour une heure, j’ai oublié ma valeur,
Crois-tu que je devrais toujours me traîner devant toi ?
Je prétends venger ma souffrance,
Ce qui m’est dû, je l’exige à présent !
(Vif étonnement et agitation générale.)
ELSA
Malheur ! Je me suis laisser séduire par ton hypocrisie !
Toi qui gémissant t’es glissée près de moi cette nuit :
Tu voudrais marcher devant moi, orgueilleuse,
Toi, l’épouse d’un homme jugé par Dieu ?
ORTRUDE (apparemment profondément offensée et fière)
Si un faux jugement a proscrit mon époux,
Son nom était pourtant très honoré dans ce pays ;
99
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Als aller Tugend Preis man ihn nur nannte,
Gekannt, gefürchtet war sein tapf’res Schwert.
Der Deine, sag’! wer sollte hier ihn kennen,
Vermagst du selbst den Namen nicht zu nennen!
DIE MÄNNER
Was sagt sie? Ha, was tut sie kund?
DIE FRAUEN UND KNABEN
Sie lästert!
DIE MÄNNER
Wehret ihrem Mund!
100
ORTRUD
Kannst du ihn nennen, kannst du uns es sagen,
Ob sein Geschlecht, sein Adel wohl bewährt?
Woher die Fluten ihn zu dir getragen,
Wann und wohin er wieder von dir fährt?
Ha, nein! Wohl brächte ihm es schlimme Not;
Der kluge Held die Frage drum verbot!
MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN
Ha! Ha, spricht sie wahr? Sie schmähet ihn!
Sie schmähet ihn! Welch schwere Klagen!
Darf sie es wagen? Darf sie es wagen?
ELSA (nach großer Betroffenheit sich ermannend)
Du Lästerin! Ruchlose Frau!
Hör’, ob ich Antwort mir getrau’!
So rein und edel ist sein Wesen,
So tugendreich der hehre Mann,
Daß nie des Unheils soll genesen,
Wer seiner Sendung zweifeln kann!
DIE MÄNNER
Gewiß! Gewiß!
ELSA
Hat nicht durch Gott im Kampf geschlagen
Mein teurer Held den Gatten dein?
ACTE II SCÈNE 4
Parangon de toutes vertus, ainsi le nommait-on.
Sa vaillante épée était connue et redoutée.
Le tien, dis, qui le connaît ici ?
Tu ne pourrais pas même dire son nom !
LES HOMMES
Que dit-elle ? Ah ! que révèle-t-elle ?
LES FEMMES & LES VALETS
Calomnies !
LES HOMMES
Fermez-lui la bouche !
ORTRUDE
Peux-tu le nommer, peux-tu nous dire
Si sa lignée et sa noblesse sont bien authentiques ?
D’où les flots te l’ont-il amené ?
Quand et pour où repartira-t-il ?
Ah non ! Cela le mettrait certes en mauvaise posture ;
C’est pourquoi le malin héros a interdit la question !
LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES
Ah ! Ah ! dit-elle la vérité ? Elle l’insulte !
Elle l’insulte ! Quelle lourde accusation !
Comment ose-t-elle ? Comment ose-t-elle ?
ELSA (après une grande stupeur, se ressaisissant)
Diffamatrice ! Femme sans honneur !
Écoute la réponse que j’ose faire !
Son être est si pur et si noble,
Cet homme sublime est si vertueux,
Que jamais ne sortira du malheur
Celui qui pourra douter de sa mission.
LES HOMMES
Juste ! Juste !
ELSA
Mon fidèle héros n’a-t-il pas battu ton époux
Dans le combat, soutenu par Dieu ?
101
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Zum Volke)
Nun sollt nach Recht ihr Alle sagen,
Wer kann da nur der Reine sein?
DIE MÄNNER
Nur er! Nur er!
Dein Held allein!
DIE FRAUEN UND KNABEN
Dein Held allein!
ORTRUD (Elsa verspottend)
Ha! diese Reine deines Helden,
Wie wäre sie so bald getrübt,
Müßt’ er des Zaubers Wesen melden,
Durch den hier solche Macht er übt!
Wagst du ihn nicht darum zu fragen,
So glauben Alle wir mit Recht,
Du müssest selbst in Sorge zagen,
Um seine Reine steh’ es schlecht!
102
(Der Palas wird geöffnet, die vier Heerhornbläser des
Königs schreiten heraus und blasen.)
DIE FRAUEN (Elsa unterstützend)
Helft ihr vor der Verruchten Haß!
DIE MÄNNER (dem Hintergrunde zu blickend)
Macht Platz! Macht Platz! Macht Platz!
Der König naht! Der König!
FÜNFTE SZENE
Der König, Lohengrin und die sächsischen Grafen und Edlen
sind in feierlichem Zuge aus dem Palas getreten; durch die
Verwirrung im Vordergrunde wird der Zug unterbrochen.
Der König und Lohengrin dringen durch die verwirrten
Haufen des Vordergrundes lebhaft vor.
DIE BRABANTER
Heil! Heil dem König!
Heil dem Schützer von Brabant!
ACTE II SCÈNE 5
(Au peuple)
A présent, selon le droit, vous tous devez dire
Qui est ici le pur ?
LES HOMMES
Lui uniquement ! Lui uniquement !
Ton héros seul !
LES FEMMES & LES PAGES
Ton héros seul !
ORTRUDE (se moquant d’Elsa)
Ah ! la pureté de ton héros,
Comme elle serait vite troublée
S’il devait révéler l’essence du charme
Par lequel il exerce ici un tel pouvoir !
Si tu n’oses pas le lui demander,
Alors nous penserons tous, à juste titre,
Que toi-même tu devrais hésiter, t’inquiéter
De sa pureté qui est douteuse !
103
(Le palais s’ouvre, les quatre trompettes du Roi en sortent
et sonnent leur appel.)
LES FEMMES (soutenant Elsa )
Protégez-la de la haine de la scélérate !
LES HOMMES (regardant vers le fond)
Faites place ! Faites place ! Faites place !
Le Roi approche ! Le Roi !
CINQUIÈME SCÈNE
Le Roi, Lohengrin ainsi que les comtes et nobles saxons sont
sortis du palais en un cortège solennel ; le désordre au premier
plan interrompt le cortège. Le Roi et Lohengrin se frayent
énergiquement un passage à travers la mêlée.
LES BRABANÇONS
Salut ! Salut au Roi !
Salut au protecteur du Brabant !
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DER KÖNIG
Was für ein Streit?
ELSA (sehr aufgeregt an Lohengrins Brust stürzend)
Mein Herr! O mein Gebieter!
LOHENGRIN
Was ist?
DER KÖNIG
Wer wagt es hier, den Kirchengang zu stören?
DES KÖNIGS GEFOLGE
Welcher Streit, den wir vernahmen?
LOHENGRIN (Ortrud erblickend)
Was seh’ ich! Das unsel’ge Weib bei dir?
104
ELSA
Mein Retter! Schütze mich vor dieser Frau!
Schilt mich, wenn ich dir ungehorsam war!
In Jammer sah ich sie vor dieser Pforte,
Aus ihrer Not nahm ich sie bei mir auf:
Nun sieh’, wie furchtbar sie mir lohnt die Güte,
Sie schilt mich, daß ich dir zu sehr vertrau’!
LOHENGRIN (den Blick fest und bannend auf Ortrud heftend,
welche vor ihm sich nicht zu regen vermag)
Du fürchterliches Weib, steh ab von ihr!
Hier wird dir nimmer Sieg!
(Er wendet sich freundlich zu Elsa.)
Sag’, Elsa, mir, vermocht’ ihr Gift sie in dein Herz
zu gießen?
(Elsa birgt ihr Gesicht weinend an seiner Brust. Lohengrin,
sie aufrichtend und nach dem Münster deutend.)
Komm’, laß in Freude dort diese Tränen fließen!
(Er wendet sich mit Elsa und dem Könige dem Zuge voran
nach dem Münster; Alle lassen sich an, wohlgeordnet zu
folgen. Friedrich tritt auf der Treppe des Münsters hervor;
die Frauen und Edelknaben, als sie ihn erkennen, weichen
entsetzt aus seiner Nähe.)
ACTE II SCÈNE 5
LE ROI
Quelle est cette querelle ?
ELSA (très agitée, se précipitant sur le sein de Lohengrin)
Mon Seigneur ! Ô mon maître !
LOHENGRIN
Qu’y a-t-il ?
LE ROI
Qui ose ici déranger la procession ?
LA SUITE DU ROI
Quelle est cette querelle ?
LOHENGRIN (apercevant Ortrude)
Que vois-je ? Cette femme funeste près de toi ?
ELSA
Mon sauveur ! Protège-moi de cette femme !
Gronde-moi si je t’ai désobéi !
Je l’ai vue, affligée, devant cette porte,
Je l’ai tirée de sa détresse et l’ai prise près de moi :
A présent, vois, elle paye terriblement mes bontés,
Elle me reproche de trop me fier à toi !
LOHENGRIN (pose un regard fixe et dur sur Ortrude
qui ne se laisse pas émouvoir)
Femme effroyable, écarte-toi d’elle !
Ici, tu n’auras jamais la victoire !
(Avec bienveillance, il se tourne vers Elsa.)
Dis-moi, Elsa, a-t-elle pu verser son poison
dans ton cœur ?
(Pleurant, Elsa cache son visage dans le sein de Lohengrin
qui la console et lui désigne la cathédrale.)
Viens, là-bas ces larmes seront larmes de joie !
(Avec Elsa et le Roi, il se place à la tête du cortège ;
tous se préparent à suivre, en bon ordre. Frédéric surgit
sur l’escalier de la cathédrale ; les femmes et les pages,
le reconnaissant, s’écartent de lui épouvantés.)
105
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
FRIEDRICH
O König! Trugbetörte Fürsten! Haltet ein!
DIE MÄNNER UND DER KÖNIG
Was will der hier? Was will der hier?
Was will der hier?
Verfluchter! Was will der hier?
Weich’ von dannen! Weich’ von
Dannen!
FRIEDRICH
O
Hört mich an!
106
DIE MÄNNER UND DER KÖNIG
Hinweg! Hinweg! Hinweg!
Zurück! Zurück!
Hinweg! Weiche von dannen!
Du bist des Todes, Mann!
Des Todes bist du,
Mann!
FRIEDRICH
Hört
Mich, dem grimmes Unrecht ihr getan!
DER KÖNIG
Hinweg!
DIE MÄNNER
Hinweg! Weich’ von dannen!
FRIEDRICH
Gottes Gericht, es ward entehrt, betrogen!
Durch eines Zaub’rers List seid ihr belogen!
DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN
Greift den
Verruchten!
DER KÖNIG
Greift den Verruchten!
ACTE II SCÈNE 5
FRÉDÉRIC
Ô Roi! Princes trompés par la ruse ! Arrêtez !
LES HOMMES & LE ROI
Que veut-il ici ? Que veut-il ici ?
Que veut-il ici ?
Maudit ! Que veut-il ici ?
Écarte-toi de là ! Écarte-toi
De là !
FRÉDÉRIC
Ô
Écoutez-moi !
LES HOMMES & LE ROI
Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en !
Arrière ! Arrière !
Va-t-en ! Écarte-toi de là !
Tu es un homme mort !
Tu es un homme
Mort !
FRÉDÉRIC
Écoutez
Moi, vous avez commis une terrible injustice !
LE ROI
Va-t-en !
LES HOMMES
Va-t-en ! Écarte-toi de là !
FRÉDÉRIC
Le jugement de Dieu a été flétri, faussé !
Vous avez été trompé par la ruse d’un sorcier !
LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES
Saisissez-le
Scélérat !
LE ROI
Saisissez le scélérat !
107
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN
Hört! Er lästert Gott! Hört! Er lästert Gott!
(Sie dringen von allen Seiten auf ihn ein.)
108
FRIEDRICH (mit der fürchterlichsten Anstrengung, um gehört
zu werden, seinen Blick nur auf Lohengrin geheftet und der
Andringenden nicht achtend)
Den dort im Glanz ich vor mir sehe,
Den klage ich des Zaubers an!
(Die Andringenden schrecken vor Friedrichs, von höchster
Kraft der Verzweiflung erbebender Stimme zurück und
hören endlich aufmerksam zu.)
Wie Staub vor Gottes Hauch verwehe die Macht,
Die er durch List gewann!
Wie schlecht ihr des Gerichtes wahrtet,
Das doch die Ehre mir benahm,
Da eine Frag’ ihr ihm erspartet,
Als er zum Gotteskampfe kam!
Die Frage nun sollt ihr nicht wehren,
Daß sie ihm jetzt von mir gestellt:
(In gebieterischer Stellung)
Nach Namen, Stand und Ehren
Frag’ ich ihn laut vor aller Welt!
(Bewegung großer Betroffenheit unter Allen)
Wer ist er, der an’s Land geschwommen,
Gezogen von einem wilden Schwan?
Wem solche Zaubertiere frommen,
Dess’ Reinheit achte ich für Wahn!
Nun soll der Klag’ er Rede stehn’;
Vermag er’s, so geschah mir recht,
Wo nicht, so sollet ihr erseh’n,
Um seine Reine steh’ es schlecht!
(Alle blicken bestürzt und erwartungsvoll auf Lohengrin.)
DIE MÄNNER, DER KÖNIG, DIE FRAUEN UND KNABEN
Welch’ harte Klagen! Welch’ harte Klagen!
Was wird er ihm entgegnen?
LOHENGRIN
Nicht dir, der so vergaß der Ehren,
Hab’ Not ich Rede hier zu steh’n!
ACTE II SCÈNE 5
LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES
Écoutez ! Il insulte Dieu ! Écoutez ! Il insulte Dieu !
(Ils l’encerclent.)
FRÉDÉRIC (dans un effort terrible pour être entendu, le regard
fixé sur Lohengrin, méprisant ceux qui le menacent)
Celui que je vois ici devant moi, éclatant,
Je l’accuse de sorcellerie !
(Les assaillants de Frédéric reculent effrayés devant lui,
dont la force du désespoir fait trembler la voix,
puis finalement l’écoutent attentivement.)
Comme la poussière dans le souffle de Dieu,
Que périsse le pouvoir qu’il gagna par la ruse !
Vous avez mal défendu la justice,
Qui m’a pourtant pris mon honneur,
Car vous l’avez dispensé d’une question
Quand il vint au tribunal de Dieu !
Cette question, maintenant, vous ne devez pas
Vous opposer à ce qu’elle soit par moi posée :
(Dans une attitude impérieuse)
Sur son nom, son rang, sa renommée,
Je l’interroge haut et fort, à la face du monde !
(Mouvement général de grande stupéfaction)
Qui est-il, celui qui a navigué jusqu’en ce pays
Tiré par un cygne sauvage ?
Quiconque utilise une telle bête enchantée,
Sa pureté, je la juge illusoire !
A présent, que l’accusé parle ;
S’il peut le faire, j’ai mérité la sentence,
Sinon, vous devrez convenir
Que sa pureté est corrompue !
(Effarés et dans l’expectative, tous observent Lohengrin.)
LES HOMMES, LE ROI, LES FEMMES & LES PAGES
Quelle lourde accusation ! Quelle lourde accusation,
Que va-t-il lui opposer ?
LOHENGRIN
Ce n’est pas à toi, déshonoré
Que je rendrai raison ici !
109
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Des Bösen Zweifel darf ich wehren,
Vor ihm wird Reine nie vergeh’n!
FRIEDRICH
Darf ich ihm nicht als würdig gelten,
Dich ruf’ ich, König, hochgeehrt!
Wird er auch dich unadlig schelten,
Daß er die Frage dir verwehrt?
LOHENGRIN
Ja, selbst dem König darf ich wehren,
Und aller Fürsten höchstem Rat!
Nicht darf sie Zweifels Last beschweren,
Sie sahen meine gute Tat!
Nur eine ist’s, der muß ich Antwort geben:
Elsa...
(Er hält betroffen an, als er, sich zu Elsa wendend,
diese mit heftig wogender Brust in wildem inneren Kampfe
vor sich hinstarren sieht.)
Elsa! wie seh’ ich sie erbeben!
110
DER KÖNIG, DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN
Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren?
Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren?
ORTRUD UND FRIEDRICH
In wildem Brüten darf ich sie gewahren...
LOHENGRIN
In wildem Brüten muß ich sie gewahren!
ORTRUD UND FRIEDRICH
... Der Zweifel keimt in ihres Herzens Grund!
DER KÖNIG, DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN
Bringt es ihm Not,
So wahr’ es treu sein Mund!
Verschweig’ es treu sein Mund!
FRIEDRICH UND ORTRUD
Der Zweifel keimt in ihres Herzens Grund.
ACTE II SCÈNE 5
Les doutes du méchant, je puis m’y opposer,
Devant lui l’innocent ne se perdra jamais !
FRÉDÉRIC
Si pour lui je suis indigne,
Je fais appel à toi, Roi très honoré !
Te reprochera-t-il aussi de manquer de noblesse
Pour t’interdire de le questionner ?
LOHENGRIN
Oui, même au Roi je puis l’interdire,
Et au grand conseil des princes !
Le poids du doute ne doit pas peser sur eux,
Ils ont vu ma bonne action !
Il n’en est qu’une, à qui je dois donner réponse :
Elsa...
(Se tournant vers Elsa, il s’arrête touché ; il la voit
devant lui, la poitrine haletante, en proie à une violente
lutte intérieure.)
Elsa ! Comme elle tremble !
111
LE ROI, LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES
Quel secret le héros doit-il protéger ?
Quel secret le héros doit-il protéger ?
ORTRUDE & FRÉDÉRIC
Je puis la voir en de sombres méditations...
LOHENGRIN
Il me faut la voir en de sombres méditations !
ORTRUDE & FRÉDÉRIC
... Le doute germe au fond de son cœur !
LE ROI, LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES
S’il le mettait en péril,
Alors qu’il close sa bouche !
Qu’il garde fidèlement le silence !
FRÉDÉRIC & ORTRUDE
Le doute germe au fond de son cœur.
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
LOHENGRIN
Hat sie betört des Hasses Lügenmund?
ELSA (der Umgebung entrückt vor sich hinblickend)
Was er verbirgt, wohl brächt’ es ihm Gefahren,
Vor aller Welt spräch’ es hier aus sein Mund;
Die er errettet, weh’ mir Undankbaren!
Verriet’ ich ihn, daß hier es werde kund!
Wüßt’ ich sein Los, wüßt’ ich sein Los,
Ich wollt’ es treu bewahren!
Im Zweifel doch, im Zweifel doch
erbebt des Herzens Grund!
Im Zweifel doch erbebt des Herzens Grund!
Wüßt’ ich sein Los, wüßt’ ich sein Los!
Wüßt’ ich sein Los!
112
DIE FRAUEN UND KNABEN
Bringt sein Geheimnis ihr Not,
Bringt sein Geheimnis Not, bringt sein Geheimnis Not,
Bringt ihr sein Geheimnis Not,
So bewahr’ es treu sein Mund, wahr’ es treu sein Mund!
Wahr’ es treu sein Mund! Wahr’ er es treu!
DIE MÄNNER
Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren,
Muß der Held bewahren?
Bringt es ihm Not, so wahr’ es treu sein Mund!
Wir schirmen ihn, den Edlen, vor Gefahren;
Durch seine Tat ward uns sein Adel kund!
Wir schirmen ihn, wir schirmen ihn, wir schirmen ihn,
Den Edlen vor Gefahren, wir schirmen ihn vor Gefahr!
Wir schirmen ihn vor Gefahr, wohl ward uns sein Adel kund!
Wir schirmen ihn, den Edlen!
DER KÖNIG
Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren?
Welch’ ein Geheimnis?
Bringt es ihm Not, so wahr’ es treu sein Mund!
Bringt ihm sein Geheimnis Not,
O so bewahr’ es treu sein Mund!
Wir schirmen ihn, den Edlen, vor Gefahren;
ACTE II SCÈNE 5
LOHENGRIN
La voix de la haine et du mensonge l’a-t-elle troublée ?
ELSA (comme absente, regardant devant elle)
Ce qu’il cache le mettrait sans doute en péril,
S’il le disait ici, devant tout le monde ;
Malheur à moi, ingrate avec mon sauveur !
Je le trahirais si ici, cela était révélé !
Si je savais son destin, si je savais son destin,
Je le protègerais fidèlement !
Mais dans le doute, dans le doute le fond de mon cœur tremble
Mais dans le doute le fond de mon cœur tremble !
Si je savais son destin, si je savais son destin!
LES FEMMES & LES PAGES
Si son secret le mettait en péril,
Si son secret le mettait en péril,
Si son secret le mettait en péril,
Alors qu’il garde sa bouche close,
qu’il garde sa bouche close !
Qu’il garde fidèlement le silence ! Fidèlement !
LES HOMMES
Quel secret le héros doit-il protéger,
Doit-il protéger ?
S’il le mettait en péril, alors qu’il garde fidèlement le silence !
Nous protègerons ce cœur noble des dangers ;
Son exploit nous a fait connaître sa noblesse !
Nous le protègerons, nous le protègerons,
Ce cœur noble, des dangers, nous le protègerons des dangers !
Nous le protègerons des dangers,
nous avons bien reconnu sa noblesse !
Nous protègerons ce cœur noble !
LE ROI
Quel secret le héros doit-il protéger ?
Quel secret ?
S’il le mettait en péril, qu’il garde la bouche close !
Si son secret le mettait en péril,
Ô qu’il garde fidèlement le silence !
Nous protègerons ce noble cœur des dangers ;
113
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Durch seine Tat ward uns sein Adel kund,
Ja, durch seine Tat ward uns sein Adel kund!
Wir schirmen ihn, den Edlen, vor Gefahren!
Wir schirmen ihn vor Gefahren!
Durch seine Tat ward uns sein Adel kund,
Durch seine Tat allein! Durch seine Tat!
LOHENGRIN
In wildem Brüten muß ich sie gewahren!
O Himmel, schirm’, o schirme ihr Herz!
O schirme ihr Herz vor den Gefahren!
Nie werde Zweifel, nie werde Zweifel dieser Reinen kund!
Nie werde Zweifel der Reinen kund!
O Himmel, schirme sie vor den Gefahren,
Nie werde Zweifel dieser Reinen kund!
O Himmel, schirme sie! O schirme sie!
114
ORTRUD UND FRIEDRICH
In wildem Brüten darf ich sie gewahren!
Er ist besiegt, ja besiegt ist dieser Held,
Der mir zur Not in dieses Land gefahren,
Er ist besiegt, wird ihm die Frage,
Wird ihm die Frage kund!
Er ist besiegt, wird ihm von ihr die Frage kund!
Er ist besiegt, wird ihm die Frage kund!
DER KÖNIG
Mein Held, entgegne kühn dem Ungetreuen!
Du bist zu hehr, um, was er klagt, zu scheuen;
Du bist zu hehr, du bist zu hehr, um, was er klagt,
zu scheuen!
DIE SÄCHSISCHEN UND BRABANTISCHEN EDLEN (sich an
Lohengrin drängend)
Wir steh’n zu dir, Wir steh’n zu dir
Es soll uns nie gereuen es soll uns nie gereuen,
Daß wir der Helden Preis in dir erkannt!
Reich uns die Hand! Reich’
Uns die Hand
Wir glauben dir in Treuen, daß hehr dein Nam’,
Auch wenn er nicht genannt!
ACTE II SCÈNE 5
Son exploit nous a fait connaître sa noblesse,
Oui, par son exploit nous avons reconnu sa noblesse !
Nous protègerons ce noble cœur des dangers !
Nous le protègerons des dangers !
Par son exploit nous avons reconnu sa noblesse,
Par son exploit seulement ! Par son exploit !
LOHENGRIN
Il me faut la voir en de sombres méditations !
Ô Ciel, protège, ô protège son cœur !
Ô protège son cœur des dangers !
Que cette pure, jamais, ne connaisse le doute !
Que cette pure, jamais, ne connaisse le doute !
Ô Ciel, protège-là des dangers,
Que cette pure, jamais, ne connaisse le doute !
Ô ciel, protège-là ! Ô protège-là !
ORTRUDE & FRÉDÉRIC
Je puis la voir en de sombres méditations !
Il sera vaincu, oui vaincu, ce héros,
Qui, dans ce pays, me porta la détresse,
Il sera vaincu, si la question
Si la question lui est posée !
Il sera vaincu si par elle la question lui est posée !
Il sera vaincu si par elle la question lui est posée !
LE ROI
Mon héros, affronte bravement le félon !
Tu es trop noble pour craindre son accusation ;
Tu es trop noble, trop noble pour craindre
son accusation !
LES NOBLES SAXONS & BRABANÇONS (se pressant autour
de Lohengrin)
Nous sommes avec toi, nous sommes avec toi,
Jamais nous ne le regretterons, jamais,
Car nous avons en toi reconnu la valeur du héros !
Tends-nous la main ! Tends-nous
La main
Fidèles, nous croyons que ton nom est noble
Même s’il n’est pas dit !
115
RICHARD WAGNER LOHENGRIN
Wir glauben dir in Treuen, daß hehr dein Nam’,
Auch wenn er nicht genannt!
Reich’ uns die Hand, reich’, reich’ uns die Hand!
LOHENGRIN
Euch Helden soll der Glaube nicht gereuen,
Werd’ euch mein Nam’ und Art auch nie genannt;
Euch soll der Glaube nicht gereuen,
Werd’ euch mein Nam’ und Art auch nie genannt.
(Während Lohengrin, von den Männern, in deren
dargereichte Hand er jedem einschlägt, umringt, etwas
tiefer im Hintergrunde verweilt, drängt sich Friedrich
unbeachtet an Elsa, welche bisher vor Unruhe, Verwirrung
und Scham noch nicht vermocht hat, auf Lohengrin zu
blicken, und so, mit sich kämpfend, noch einsam im
Vordergrunde steht.)
116
FRIEDRICH (leise, mit leidenschaftlicher Unterbrechung sich
zu Elsa neigend)
Vertraue mir! Laß dir ein Mittel heißen,
das dir Gewißheit schafft!
ELSA (erschrocken, doch leise)
Hinweg von mir!
FRIEDRICH
Laß mich das kleinste Glied ihm nur entreißen,
Des Fingers Spitze, und ich schwöre dir,
Was er dir hehlt, sollst frei du vor dir seh’n,
Dir treu, soll nie er dir von hinnen geh’n!
ELSA
Ha! Nimmermehr!
FRIEDRICH
Ich bin dir nah’ zur Nacht,
Rufst du, ohn’ Schaden ist es schnell vollbracht!
LOHENGRIN (schnell in den Vordergrund tretend)
Elsa, mit wem verkehrst du da?
ACTE II SCÈNE 5
Fidèles, nous croyons que ton nom est noble,
Même s’il n’est pas dit !
Tends-nous la main, tends-nous la main !
LOHENGRIN
Héros, vous ne regretterez pas votre confiance,
Même si mon nom, ni ma lignée, ne sont nommés ;
Vous ne regretterez pas votre confiance,
Même si mon nom, ni ma lignée, ne sont nommés.
(Pendant que Lohengrin, serrant la main de chacun
des hommes qui l’entourent, s’attarde un peu plus loin
vers le fond, Frédéric se glisse subrepticement vers Elsa,
qui jusqu’alors, par angoisse, désarroi et honte,
n’a pu regarder Lohengrin et qui se trouve seule
au premier plan, luttant contre elle-même.)
FRÉDÉRIC (à voix basse, d’un trait haché et passionné,
s’inclinant vers Elsa)
Fais-moi confiance ! Laisse-moi te dire un moyen
qui te donne une certitude !
ELSA (effrayée mais à voix basse)
Écarte-toi de moi !
FRÉDÉRIC
Laisse-moi seulement lui arracher le plus petit membre,
La pointe du doigt, et je te fais serment,
Que ce qu’il t’a celé, tu le verras clairement devant toi,
Fidèle à toi, jamais il ne s’en ira !
ELSA
Ah ! Jamais !
FRÉDÉRIC
Cette nuit, je serai près de toi,
Appelle-moi et sans dommage ce sera vite fait !
LOHENGRIN (s’avançant rapidement au premier plan)
Elsa, avec qui te trouves-tu là ?
117
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Elsa wendet sich mit einem zweifelvoll schmerzlichen
Blick von Friedrich ab und sinkt tief erschüttert zu
Lohengrins Füßen.
Mit fürchterliches Stimme zu Ortrud und Friedrich)
Zurück von ihr, Verfluchte!
Daß nie mein Auge je euch wieder bei ihr seh’!
(Friedrich macht eine Gebärde der schmerzlichsten Wut.)
Elsa, erhebe dich! In deiner Hand, in deiner Treu
Liegt alles Glückes Pfand!
Läßt nicht des Zweifels Macht dich ruh’n?
Willst du die Frage an mich tun?
ELSA (in heftigster innerer Aufregung und in schamvoller
Verwirrung)
Mein Retter, der mir Heil gebracht!
Mein Held, in dem ich muß vergeh’n!
Hoch über alles Zweifels Macht
Soll meine Liebe steh’n!
(Sie sinkt an seine Brust. Die Orgel ertönt aus dem
Münster; Glockengeläute.)
118
LOHENGRIN
Heil dir, Elsa!
Nun laß vor Gott uns geh’n!
DIE MÄNNER
Seht, er ist von Gott gesandt!
DIE FRAUEN UND KNABEN
Heil! Heil! Heil!
(Lohengrin führt Elsa feierlich an den Edlen vorüber zum
König. Wo Lohengrin mit Elsa vorbei kommt, machen die
Männer ehrerbietig Platz.)
DIE MÄNNER
Heil, Heil euch! Heil Elsa von Brabant!
Heil dir, Elsa!
(Von dem König geleitet, schreiten Lohengrin und Elsa
langsam dem Münster zu.)
Gesegnet sollst du schreiten!
ACTE II SCÈNE 5
(Elsa se détourne de Frédéric avec un regard douloureux
et empli de doute et tombe aux pieds de Lohengrin,
profondément bouleversée.
D’une voix terrible à Ortrude et Frédéric)
Écartez-vous d’elle, maudits !
Que jamais mon regard ne vous revoit près d’elle !
(Frédéric a un mouvement d’une très vive colère.)
Elsa, relève-toi ! Dans ta main, dans ta fidélité
Se trouve le gage de tout bonheur !
La force du doute ne te laisse pas en repos ?
Veux-tu me poser la question ?
ELSA (dans une forte émotion intérieure
et un trouble plein de honte)
Mon sauveur, qui m’a apporté le salut !
Mon héros, en qui je dois me perdre !
Plus haut que toute la force du doute
Mon amour saura se placer !
(Elle s’effondre sur sa poitrine. De la cathédrale, on entend
jouer l’orgue ; sonneries de cloches.)
119
LOHENGRIN
Gloire à toi, Elsa !
A présent, allons devant Dieu !
LES HOMMES
Voyez, il est envoyé par Dieu !
LES FEMMES & LES PAGES
Gloire ! Gloire ! Gloire !
(Passant devant les nobles, Lohengrin conduit Elsa
solennellement devant le Roi. Sur leur passage,
les hommes font place avec respect.)
LES HOMMES
Gloire, gloire à vous ! Gloire à Elsa de Brabant !
Gloire à toi, Elsa !
(Conduits par le Roi, Lohengrin et Elsa marchent
lentement vers la cathédrale.)
Marche bénie !
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Gesegnet sollst du schreiten!
Gesegnet sollst du schreiten!
Gott möge dich geleiten, gesegnest sollst du schreiten!
Heil dir, Heil dir Tugendreiche Heil dir Elsa von Brabant!
Heil dir! Heil dir! Heil Elsa von Brabant! Heil dir!
DIE FRAUEN UND KNABEN
Heil dir, Tugendreiche!
Heil Elsa von Brabant!
Heil dir! Heil dir! Heil dir!
Heil Elsa von Brabant! Heil dir!
120
(Als der König mit dem Brautpaar die höchste Stufe
erreicht, wendet sich Elsa in großer Ergriffenheit zu
Lohengrin, dieser empfängt sie in seinen Armen.
Aus dieser Umarmung blickt sie mit scheuer Besorgnis
rechts von der Treppe hinab und gewahrt Ortrud,
welche den Arm gegen sie erhebt, als halte sie sich des
Sieges gewiß; Elsa wendet erschreckt ihr Gesicht ab.
Als Elsa und Lohengrin wieder vom König geführt,
dem Eingang des Münsters weiter zuschreiten,
fällt der Vorhang.)
ACTE II SCÈNE 5
Marche bénie !
Marches bénie !
Puisse Dieu te conduire, que tu marches bénie !
Gloire à toi, pleine de grâce, gloire à toi Elsa de Brabant !
Gloire à toi ! Gloire à Elsa de Brabant ! Gloire à toi !
LES FEMMES & LES PAGES
Gloire à toi, pleine de grâce,
Gloire à Elsa de Brabant !
Gloire à toi ! Gloire à toi !
Gloire à Elsa de Brabant ! Gloire à toi !
(Quand le roi et les fiancés atteignent la plus haute
marche, Elsa se tourne avec une grande émotion vers
Lohengrin qui la prend dans ses bras.
Pendant cette étreinte, elle regarde avec anxiété à droite
au bas des marches et aperçoit Ortrude qui lève le bras
vers elle, comme si elle était certaine de sa victoire ;
apeurée, Elsa détourne le visage. Pendant qu’Elsa
et Lohengrin, à nouveau conduits par le Roi, se dirigent
vers l’entrée de la cathédrale, le rideau tombe.)
121
RICHARD WAGNER LOHENGRIN
DRITTER AUFZUG
Einleitung
ERSTE SZENE
122
Die einleitende Musik schildert das prächtige Rauschen
des Hochzeitfestes. Als der Vorhang aufgeht, stellt die Bühne
das Brautgemach dar, in der Mitte des Hintergrundes
das reich geschmückte Brautbett; an einem offenen
Erkerfenster ein niedriges Ruhebett. Musik hinter der Bühne;
der Gesang ist erst entfernt, dann näher kommend.
In des Mitte des Liedes werden rechts und links im
Hintergrunde Türen geöffnet: rechts treten Frauen auf,
welche Elsa, links die Männer mit dem Könige,
welche Lohengrin geleiten. Edelknaben mit Lichten voraus.
DIE MÄNNER UND DIE FRAUEN
Treulich geführt ziehet dahin,
Wo euch der Segen der Liebe bewahr’!
Siegreicher Mut, Minnegewinn
Eint euch in Treue zum seligsten Paar.
Streiter der Jugend, schreite voran!
Zierde der Jugend, schreite voran!
Rauschendes Festes seid nun entronnen,
Wonne des Herzens sei euch gewonnen!
(Hier werden die Türen geöffnet.)
Duftender Raum, zur Liebe geschmückt,
Nehm’ euch nun auf, dem Glanze entrückt.
Treulich geführt ziehet nun ein,
Wo euch der Segen der Liebe bewahr’!
ACTE I SCÈNE 16
TROISIÈME ACTE
Introduction
PREMIÈRE SCÈNE
La musique de l’introduction décrit la splendide ivresse
de la fête nuptiale. Quand le rideau se lève, la scène représente
la chambre des époux ; au fond, au centre, le lit nuptial
richement orné ; près d’une fenêtre en saillie ouverte,
un lit de repos étroit. Musique en coulisse ; le chant est d’abord
éloigné, puis se rapproche. Au milieu du chant, les portes
du fond à droite et à gauche s’ouvrent : par la droite entrent
les Femmes, dont Elsa, par la gauche les Hommes, avec le Roi
qui conduit Lohengrin. Devant, des pages portant des torches.
LES HOMMES & LES FEMMES
Par vos fidèles conduits, entrez ici,
Où la grâce de l’amour vous protège !
Cœur triomphant, amour bienfaisant
Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux.
Champion de la jeunesse, avance-toi
Honneur de la jeunesse, avance-toi !
Qu’à présent le bruit de la fête s’efface,
Que le délice des cœurs vous gratifie !
(Les portes s’ouvrent.)
Que la chambre parfumée et parée pour l’amour
Vous accueille à présent, loin de l’éclat du jour.
Par vos fidèles conduits, entrez ici,
Où la grâce de l’amour vous protège !
123
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Siegreicher Mut, Minne so rein
Eint euch in Treue zum seligsten Paar.
Im Treue! Zum seligsten Paar.
(Als die beiden Züge in der Mitte der Bühne sich
begegneten, ist Elsa von den Frauen Lohengrin zugeführt
worden; sie umfassen sich und bleiben in der Mitte stehen.
Edelknaben entkleiden Lohengrin des reichen
Obergewandes, gürten ihm das Schwert ab und legen
dieses am Ruhebette nieder; Frauen entkleiden Elsa
ebenfalls ihres kostbaren Obergewandes.
Acht Frauen umschreiten während dessen langsam
Lohengrin und Elsa.)
ACHT FRAUEN (nach dem Umschreiten)
Wie Gott euch selig weihte,
Zu Freuden weih’n euch wir;
(Sie halten einen zweiten Umgang.)
In Liebesglücks Geleite
Denkt lang’ der Stunde hier!
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(Der König umarmt und segnet Lohengrin und Elsa.
Die Edelknaben mahnen zum Aufbruch. Die Züge ordnen
sich wieder, und während des Folgenden schreiten sie an
den Neuvermählten vorüber, so daß die Männer rechts,
die Frauen links das Gemach verlassen.)
MÄNNER UND FRAUEN (während des Fortgehens)
Treulich bewacht bleibet zurück,
Wo euch der Segen der Liebe bewahr’!
Siegreicher Mut, Minne und Glück
Eint euch in Treue zum seligsten Paar.
Streiter der Tugend, bleibe daheim!
Zierde der Jugend, bleibe daheim!
Rauschendes Festes seid nun entronnen,
Wonne des Herzens sei euch gewonnen!
Duftender Raum, zur Liebe geschmückt,
Nahm euch nun auf, dem Glanze entrückt.
(Hier haben die Züge die Bühne gänzlich verlassen;
die Türen werden von den letzten Knaben geschlossen.
In immer weiterer Ferne verhallt der Gesang.)
Treulich bewacht bleibet zurück,
ACTE III SCÈNE 1
Cœur triomphant, amour si pur
Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux.
Fidèles ! Heureux époux !
(Alors que les deux cortèges se joignent au centre
de la scène, Elsa est conduite à Lohengrin par les femmes ;
ils s’étreignent et demeurent au centre. Des pages
débarrassent Lohengrin de sa riche cape, déceignent
son épée et les posent sur le lit de repos ; les femmes
débarrassent aussi Elsa de sa précieuse cape.
Pendant ce temps, huit femmes viennent
lentement entourer Lohengrin et Elsa.)
HUIT FEMMES (après avoir fait le cercle)
Comme Dieu vous a voués au bonheur,
Nous vous consacrons à la joie ;
(Elles forment un deuxième cortège.)
Conduits par le bonheur de l’amour
Rappelez-vous longtemps cette heure !
(Le Roi étreint et bénit Lohengrin et Elsa. Les pages
donnent le signe du départ. Les cortèges se reforment et
pendant ce qui suit, ils défilent devant les nouveaux époux,
de façon à ce que les hommes quittent la pièce à droite et
les femmes à gauche.
LES HOMMES & LES FEMMES (pendant qu’ils sortent)
Par vos fidèles veillés, demeurez ici,
Où la grâce de l’amour vous protège !
Cœur triomphant, amour et bonheur
Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux.
Champion de la jeunesse, demeure ici !
Honneur de la jeunesse, demeure ici !
Qu’à présent le bruit de la fête s’efface,
Que le délice des cœurs vous gratifie !
Que la chambre parfumée et parée pour l’amour
Vous accueille à présent, loin de l’éclat du jour.
(A ce moment, les cortèges ont complètement quitté la
scène ; les portes sont fermées par les derniers pages. De
plus en plus loin résonne le chant.)
Par vos fidèles veillés, demeurez ici,
125
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Wo euch der Segen der Liebe bewahr’!
Siegreicher Mut, Minne und Glück
Eint euch in Treue zum seligsten Paar.
Im Treue! Zum seligsten Paar.
(Elsa ist, als die Züge das Gemach verlassen haben, wie
überselig Lohengrin an die Brust gesunken. Lohengrin
setzt sich, während der Gesang verhallt, auf einem
Ruhebett am Erkerfenster nieder, indem er Elsa
sanft nach sich zieht.)
ZWEITE SZENE
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LOHENGRIN
Das süße Lied verhallt; wir sind allein,
Zum ersten Mal allein, seit wir uns sah’n.
Nun sollen wir der Welt entronnen sein
Kein Lauscher darf des Herzens Grüßen nah’n.
Elsa, mein Weib! Du süße, reine Braut!
Ob glücklich du, das sei mir jetzt vertraut!
ELSA
Wie wär’ ich kalt, mich glücklich nur zu nennen,
Besitz’ ich aller Himmel Seligkeit!
Fühl’ ich zu dir so süß mein Herz entbrennen,
Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht;
Fühl’ ich zu dir so süß mich entbrennen,
Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht!
LOHENGRIN (feurig)
Vermagst du, Holde! glücklich dich zu nennen,
Gibst du auch mir des Himmels Seligkeit!
(Zärtlich)
Fühl’ ich zu dir so süß mein Herz entbrennen,
Atme ich Wonne, die nur Gott verleiht;
Fühl’ ich so süß
ELSA
Fühl’ ich so süß mich
Entbrennen,
ACTE III SCÈNE 2
Où la grâce de l’amour vous protège !
Cœur triomphant, amour et bonheur
Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux.
Fidèles ! Heureux époux.
(Quand les cortèges ont quitté la pièce, Elsa, comme
extasiée, s’affaisse sur la poitrine de Lohengrin.
Pendant que le chant s’efface, Lohengrin s’assoit
sur le lit de repos qui se trouve sous la fenêtre en saillie,
et attire doucement Elsa à lui.)
DEUXIÈME SCÈNE
LOHENGRIN
Le doux chant s’estompe ; nous sommes seuls
Pour la première fois seuls, depuis que nous nous vîmes.
A présent, nous allons fuir le monde.
Pas une oreille ne doit entendre les hommages du cœur.
Elsa, ma femme ! Jeune épousée, douce et pure !
Si tu es heureuse à présent, dis-le-moi !
ELSA
Bien froide serais-je en me disant heureuse,
Alors que je possède toute la félicité du ciel !
Pour toi je sens mon cœur brûler, c’est doux,
Je respire les délices que Dieu seul accorde ;
Pour toi je sens mon cœur brûler, c’est doux,
Je respire les délices que Dieu seul accorde !
LOHENGRIN (avec flamme)
Si tu peux, ma douce, te dire heureuse,
Tu me donnes également la félicité du ciel !
(Tendrement)
Pour toi je sens mon cœur brûler, c’est doux,
Je respire les délices que Dieu seul accorde ;
Je sens, c’est doux...
ELSA
Je sens, c’est doux,
Que je m’enflamme
127
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
LOHENGRIN
Fühl ich so
Süß mich entbrennen
ELSA
So süß mich entbrennen,
Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht,
Die nur Gott verleiht!
LOHENGRIN
Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht,
Die nur Gott verleiht!
LOHENGRIN
Wie hehr erkenn ich uns’rer Liebe Wesen!
Die nie sich sah’n, wir hatten uns geahnt;
War ich zu deinem Streiter auserlesen,
Hat Liebe mir zu dir den Weg gebahnt.
Dein Auge sagte mir dich rein von Schuld,
Mich zwang dein Blick zu dienen deiner Huld.
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ELSA
Doch ich zuvor schon hatte dich gesehen,
In sel’gem Traume warst du mir genaht;
Als ich nun wachend dich sah vor mir stehen,
Erkannt’ ich, daß du kamst auf Gottes Rat.
Da wollte ich vor deinem Blick zerfließen,
Gleich einem Bach umwinden deinen Schritt,
Gleich einer Blume, duftend auf der Wiesen,
Wollt’ ich entzückt mich beugen deinem Tritt.
Ist dies nur Liebe? Wie soll ich es nennen,
Dies Wort, so unaussprechlich wonnevoll, wie ach!
Dein Name, den ich nie darf kennen,
Bei dem ich nie mein Höchstes nennen soll!
LOHENGRIN (schmeichelnd)
Elsa!
ELSA
Wie süß mein Name deinem Mund’ entgleitet!
(Etwas zögernd)
ACTE III SCÈNE 2
LOHENGRIN
Je sens,
C’est doux, que je m’enflamme
ELSA
Je m’enflamme, c’est doux,
Je respire les délices que Dieu seul accorde,
Que Dieu seul accorde !
LOHENGRIN
Je respire les délices que Dieu seul accorde,
Que Dieu seul accorde !
LOHENGRIN
Comme elle est sublime, l’âme de notre amour !
Sans nous connaître, nous nous sommes reconnus ;
Si j’ai été choisi pour être ton champion,
C’est que, vers toi, l’amour m’a ouvert la voie.
Tes yeux m’ont dit ton innocence,
Ton regard m’a imposé de servir ta grâce.
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ELSA
Mais bien auparavant, je t’avais déjà vu,
Dans un rêve de bonheur, à moi tu étais venu ;
Et quand éveillée je te vis devant moi,
J’ai su que par Dieu tu étais envoyé.
J’ai voulu fondre devant ton regard,
Comme un ruisseau accompagner tes pas,
Comme une fleur odorante dans les prés,
J’ai voulu m’incliner, émerveillée, sous tes pas.
N’est-ce que de l’amour ? Comment le dirais-je
Ce mot, si ineffable, si délicieux, comme...
Ah ! comme ton nom qui à jamais m’est interdit,
Avec lequel jamais je ne pourrais appeler mon amour !
LOHENGRIN (tendrement)
Elsa !
ELSA
Comme il est doux mon nom, qui glisse de ta bouche !
(Un peu hésitante)
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Gönnst du des deinen holden Klang mir nicht?
Nur, wenn zur Liebesstille wir geleitet,
Sollst du gestatten, daß mein Mund ihn spricht.
LOHENGRIN
Mein süßes
Weib!
ELSA
Einsam,
Wenn niemand wacht;
Nie sei der Welt er zu Gehör gebracht!
(Lohengrin umfaßt Elsa freundlich und deutet durch
das offene Fenster auf den Blumengarten.)
130
LOHENGRIN
Atmest du nicht mit mir die süßen Düfte?
O, wie so hold berauschen sie den Sinn!
Geheimnisvoll sie nahen durch die Lüfte,
Fraglos geb’ ihrem Zauber ich mich hin.
So ist der Zauber, der mich dir verbunden,
Da als ich zuerst, du Süße, dich ersah;
Nicht deine Art ich brauchte zu erkunden,
Dich sah mein Aug’, mein Herz begriff dich da.
Wie mir die Düfte hold den Sinn berücken,
Nah’n sie mir gleich aus rätselvoller Nacht:
So deine Reine mußte mich entzücken,
Traf ich dich auch in schwerer Schuld Verdacht.
ELSA (birgt ihre Beschämung,
indem sie sich demütig an ihn schmiegt)
Ach! könnt’ ich deiner wert erscheinen,
Müßt’ ich vor dir nicht bloß vergeh’n;
Könnt’ ein Verdienst mich dir vereinen,
Dürft’ ich in Pein für dich mich seh’n!
Wie du mich traf’st vor schwerer Klage,
O! wüßte ich auch dich in Not;
Daß mutvoll ich ein Mühen trage,
Kennt’ ich ein Sorgen, das dir droht!
Wär’ das Geheimnis so geartet,
ACTE III SCÈNE 2
Ne m’accorderas-tu pas le doux son du tien ?
Nous avons été conduit au silence de l’amour,
Tu devrais permettre que ma bouche le prononce.
LOHENGRIN
Ma douce
Épouse !
ELSA
Seuls,
Quand tout le monde dort ;
Il ne sera pas porté à l’oreille du monde !
(Lohengrin étreint tendrement Elsa et lui montre,
par la fenêtre, le jardin en fleurs.)
LOHENGRIN
Ne sens-tu pas, comme moi, ces doux parfums ?
Oh, comme avec grâce, ils enivrent les sens !
Dans l’air ils s’approchent, mystérieux,
Sans question je me donne à leur enchantement.
Tel est le charme qui m’a lié à toi,
Quand je te vis, ma douce, pour la première fois ;
Je n’avais pas besoin de connaître ta lignée,
Mon regard te vit, et mon cœur te comprit.
Comme ces parfums ravissent mes sens,
S’approchant de moi dans l’indéchiffrable nuit,
Ainsi ta pureté devait me transporter,
Même si je te trouvai soupçonnée d’un lourd forfait.
ELSA (cachant sa confusion,
se blottissant humblement contre lui)
Ah ! puissé-je être digne de ta valeur,
Ne pas disparaître devant toi ;
Si mon mérite pouvait m’unir à toi,
Je souffrirais pour toi !
Comme tu me trouvas lourdement accusée,
Oh ! si je te voyais dans la détresse,
Je pourrais, pleine de cœur, partager ta peine,
Si je savais qu’un tourment te menace !
Ton secret serait-il d’une telle essence
131
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Das aller Welt verschweigt dein Mund?
(Immer geheimnisvoller)
Vielleicht, daß Unheil dich erwartet,
Würd’ aller Welt es offen kund?
Wär’ es so! und dürft’ ich’s wissen,
Dürft’ ich in meiner Macht es seh’n,
Durch Keines Droh’n sei mir’s entrissen,
Für dich wollt’ ich zu Tode geh’n!
LOHENGRIN
Geliebte!
ELSA (immer leidenschaftlicher)
O mach’ mich stolz durch dein Vertrauen,
Daß ich in Unwert nicht vergeh’!
Laß dein Geheimnis mich erschauen,
Daß, wer du bist, ich offen seh’!
LOHENGRIN
Ach, schweige, Elsa!
132
ELSA (immer drängender)
Meiner Treue enthülle deines Adels Wert!
Woher du kamst, sag’ ohne Reue,
Durch mich sei Schweigens Kraft bewährt!
LOHENGRIN (streng und ernst einige Schritte zurücktretend)
Höchstes Vertrau’n hast du mir schon zu danken,
Da deinem Schwur ich Glauben gern gewährt;
Wirst nimmer du vor dem Gebote wanken,
Hoch über alle Frau’n dünkst du mich wert!
(Er wendet schnell sich wieder liebevoll zu Elsa.)
An meine Brust, du Süße, Reine!
Sei meines Herzens Glühen nah’,
Daß mich dein Auge sanft bescheine,
In dem ich all mein Glück ersah!
O, gönne mir, daß mit Entzücken
Ich deinen Atem sauge ein!
Laß’ fest, ach! fest an mich dich drücken,
Daß ich in dir mög’ glücklich sein!
Dein Lieben muß mir hoch entgelten
Für das, was ich um dich verließ;
ACTE III SCÈNE 2
Que ta bouche le taise devant le monde entier ?
(Toujours plus mystérieuse)
Peut-être un malheur te toucherait
Si devant le monde, il était publié ?
S’il en était ainsi, et si je pouvais le connaître,
Aucune menace ne me l’arracherait,
Pour toi, j’irais jusqu’à la mort !
LOHENGRIN
Mon amour !
ELSA (de plus en plus passionnée)
Ô, rends-moi fière par ta confiance,
Qu’indigne, je ne me perde pas !
Fais-moi part de ton secret,
Que je vois pleinement qui tu es !
LOHENGRIN
Ah, tais-toi Elsa !
ELSA (toujours plus pressante)
A ma foi, dévoile la valeur de ta noblesse !
D’où tu es venu, dis-le sans remords,
Je saurai respecter le pouvoir du silence !
LOHENGRIN (dur et sombre, reculant de quelques pas)
Tu me dois gratitude pour ma très haute confiance,
Car j’ai volontiers ajouté foi à ton serment ;
Si tu ne vacilles pas devant mon ordre
Parmi toutes les femmes, tu me seras précieuse !
(Rapidement, il se tourne à nouveau vers Elsa,
plein d’amour.)
Sur mon sein, toi ma douce, pure !
Approche de la flamme de mon cœur,
Qu’avec douceur ton regard m’éclaire,
En lui je vois tout mon bonheur !
Ô accorde-moi, émerveillé
De respirer ton souffle !
Laisse-moi, ah ! laisse-moi te serrer fort,
Pour qu’en toi je puisse être heureux !
Ton amour saura me payer
De que pour toi, j’ai laissé ;
133
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Kein Los in Gottes weiten Welten
Wohl edler als das meine hieß’!
Böt’ mir der König seine Krone,
Ich dürfte sie mit Recht verschmäh’n.
Das Einz’ge, was mein Opfer lohne,
Das Einz’ge, was mein Opfer lohne,
Muß ich in deiner Lieb’ erseh’n!
Drum wolle stets den Zweifel meiden,
Dein Lieben sei mein stolz Gewähr!
Denn nicht komm’ ich aus Nacht und Leiden,
Aus Glanz und Wonne komm’ ich her!
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ELSA
Hilf Gott, was muß ich hören!
Welch’ Zeugnis gab dein Mund!
Du wolltest mich betören,
Nun wird mir Jammer kund!
Das Los, dem du entronnen,
Es war dein höchstes Glück:
Du kamst zu mir aus Wonnen
Und sehnest dich zurück!
Wie soll ich Ärmste glauben,
Dir g’nüge meine Treu’?
Ein Tag wird dich mir rauben
Durch deiner Liebe Reu’, durch deiner
Liebe Reu’!
LOHENGRIN
Halt ein,
Dich so zu quälen!
ELSA
Was quälest du mich doch! Soll ich die Tage zählen,
Die du mir bleibest noch? In Sorg’ um dein Verweilen
Verblüht die Wange mir; dann wirst du mir enteilen,
Im Elend bleib’ ich
Hier!
LOHENGRIN
Nie
Soll dein Reiz entschwinden,
Bleibst du von Zweifel rein!
ACTE III SCÈNE 2
Aucun destin, dans le vaste monde de Dieu
Ne fut jamais plus noble que le mien !
Si le roi m’avait donné sa couronne,
A bon droit je l’aurais dédaignée.
La chose unique que m’a valu mon sacrifice,
La chose unique que m’a valu mon sacrifice,
C’est ton amour, je le vois !
Alors, pour toujours évite le doute,
Que ton amour soit ma fière assurance !
Car je ne viens pas de la nuit, ni de la souffrance,
Je viens de la lumière et de la joie !
ELSA
Mon Dieu, que me faut-il entendre !
Quel témoignage est sorti de ta bouche !
Tu as voulu me tromper,
A présent, le malheur m’est annoncé !
Le destin que tu as fui
Était ton plus grand bonheur :
Tu es venu à moi de la joie
Tu te languis d’y retourner !
Comment moi, misérable, pourrais-je croire
Que ma fidélité serait assez pour toi ?
Un jour tu me seras volé
Quand ton amour sera regrets
Quand ton amour sera regrets !
LOHENGRIN
Arrête
De te torturer !
ELSA
Tu me tortures bien, toi ! Dois-je compter les jours
Qui te restent auprès de moi ? Dans la peur de ton départ,
Mes joues se faneront ; alors tu me fuiras,
Dans la misère, je demeurerai
Ici !
LOHENGRIN
Jamais
Ton éclat ne disparaîtra
Si tu demeures vierge de doute !
135
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ELSA
Ach, dich an mich zu binden,
Wie sollt’ ich mächtig sein?
Voll Zauber ist dein Wesen,
Durch Wunder kamst du her;
Wie sollt’ ich da genesen?
Wo fänd’ ich dein’ Gewähr?
(Sie schreckt in heftigster Aufregung zusammen und hält
an, wie um zu lauschen)
Hörtest du nichts? Vernahmest du kein Kommen?
LOHENGRIN
Elsa!
ELSA (vor sich hinstarrend)
Ach nein!...
Doch dort, der Schwan, der Schwan!
Dort kommt er auf der Wasserflut geschwommen,
Du rufest ihm, er zieht herbei den Kahn!
136
LOHENGRIN
Elsa! Halt’ ein! Beruh’ge deinen Wahn!
ELSA
Nichts kann mir Ruhe geben,
Dem Wahn mich nichts entreißt,
Als gelt’ es auch mein Leben,
Zu wissen, wer du sei’st!
LOHENGRIN
Elsa, was willst du
Wagen?
ELSA
Unselig
Holder Mann, hör’! was ich dich muß fragen!
Den Namen sag’ mir an!
LOHENGRIN
Halt’ ein!
ACTE III SCÈNE 2
ELSA
Ah ! pour te lier à moi,
Comment serais-je assez puissante ?
Ton essence est magique,
Tu vins ici par enchantement ;
Comment m’en sortirais-je ? Comment aurais-je ta garantie ?
(Elle panique en une vive agitation et s’arrête,
comme pour écouter.)
N’as-tu rien entendu ?
N’as-tu pas entendu quelqu’un qui vient ?
LOHENGRIN
Elsa !
ELSA (regardant fixement devant elle)
Ah non !...
Pourtant là, le cygne, le cygne !
Il vient ici, voguant sur la rivière,
Tu l’appelles, il amène ici la barque !
LOHENGRIN
Elsa ! Arrête ! Apaise ton délire !
ELSA
Rien ne peut m’apaiser
Rien ne peut m’arracher au délire,
Sauf, même au prix de ma vie,
De savoir qui tu es !
LOHENGRIN
Elsa, que vas-tu
Risquer ?
ELSA
Malheureux
Homme sublime, écoute ! ce qu’il me faut te demander !
Dis-moi ton nom !
LOHENGRIN
Arrête !
137
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ELSA
Woher die
Fahrt!
LOHENGRIN
Weh dir!
ELSA
Wie deine
Art?
LOHENGRIN
Weh’
Uns! Was tatest du!
(Elsa, die vor Lohengrin steht, welcher den Hintergrund
im Rücken hat, gewahrt Friedrich und seine vier Genossen,
welche mit gezückten Schwertern durch eine hintere
Tür hereinbrechen.)
138
ELSA (nach einem fürchterlichen Schrei)
Rette dich! Dein Schwert, dein Schwert!
(Sie reicht das am Ruhebett angelehnte Schwert hastig
Lohengrin, so daß dieser schnell es aus der Scheide,
welche sie hält, ziehen kann. Lohengrin streckt Friedrich,
welcher nach ihm ausholt, mit einem Streiche tot zu
Boden; den entsetzten Edlen entfallen die Schwerter,
sie stürzen zu Lohengrins Füßen auf die Knie.
Elsa, die sich an Lohengrins Brust geworfen hatte,
sinkt ohnmächtig langsam an ihm zu Boden.
Langes Stillschweigen.)
LOHENGRIN (tief erschüttert, steht allein aufrecht)
Weh’, nun ist all’ unser Glück dahin!
(Er neigt sich zu Elsa hinab, erhebt sie sanft
und lehnt sie auf das Ruhebett.)
ELSA (matt die Augen aufschlagend)
Allewiger erbarm’ dich mein!
(Der Tag ist in allmählichem Anbruche begriffen;
die tief herabgebrannten Kerzen drohen zu erlöschen.
Auf Lohengrins Zeichen erheben sich die vier Edlen.)
ACTE III SCÈNE 2
ELSA
D’où partit
Ton chemin !
LOHENGRIN
Malheur à toi !
ELSA
Quelle est ta
Lignée ?
LOHENGRIN
Malheur à
Nous ! Qu’as-tu fait ?
(Elsa, debout devant Lohengrin qui au fond tourne le dos,
voit Frédéric et ses quatre compagnons surgir d’une porte
à l’arrière-plan, les épées dégainées.)
ELSA (après un terrible cri)
Prends garde à toi ! Ton épée, ton épée !
(Vite, elle tend à Lohengrin l’épée se trouvant sur le lit de
repos, de façon à ce que celui-ci puisse la tirer rapidement
du fourreau qu’elle tient. D’un coup, Lohengrin abat
Frédéric – qui l’avait attaqué – mort à terre ; effrayés,
les nobles laissent tomber leurs épées et se jettent à genoux
aux pieds de Lohengrin. Elsa, qui s’est jetée sur le sein
de Lohengrin s’affaisse lentement au sol, évanouie.
Long silence.)
LOHENGRIN (très ébranlé, seul, il se tient droit)
Malheur, tout notre bonheur est mort !
(Il se penche sur Elsa, la relève doucement et l’allonge
sur le lit de repos.)
ELSA (ouvrant les yeux, épuisée)
Dieu éternel, prends pitié de moi !
(Le jour s’est levé petit à petit ; les chandelles sont presque
entièrement consumées et près de s’éteindre. Sur un signe
de Lohengrin, les quatre nobles se relèvent.)
139
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
LOHENGRIN
Tragt den Erschlag’nen vor des Königs Gericht!
(Die vier Edlen nehmen die Leiche Friedrich’s auf und
entfernen sich mit ihr durch eine Tür des Hintergrundes.
Lohengrin läutet an einem Glockenzuge; vier Frauen treten
von links ein.)
LOHENGRIN (zu den Frauen)
Sie vor den König zu geleiten,
Schmückt Elsa, meine süße Frau!
Dort will ich Antwort ihr bereiten,
Daß sie des Gatten Art erschau’!
140
(Er entfernt sich mit traurig feierlicher Haltung durch
die Türe rechts. Die Frauen geleiten Elsa, die keiner
Bewegung mächtig ist, nach links ab. Der Tag hat
langsam begonnen zu grauen; die Kerzen sind verloschen.
Ein zusammenfallender Vorhang schließt im Vordergrunde
die ganze Szene. Wie aus dem Burghofe herauf hört man
Heerhörner einen Aufruf blasen.)
DRITTE SZENE
Als der vordere Vorhang wieder aufgezogen wird, stellt die
Bühne die Aue am Ufer der Schelde dar, wie im ersten Akt;
glühende Morgenröte, allmählicher Anbruch des vollen Tages.
Ein Graf mit seinem Heergefolge zieht im Vordergrunde rechts
auf, steigt vom Pferde und übergibt dies einem Knechte.
Zwei Edelknaben tragen ihm Schild und Speer. Er pflanzt sein
Banner auf, sein Heergefolge sammelt sich um dasselbe.
Während ein zweiter Graf auf die Weise, wie der erste einzieht,
hört man bereits die Trompeten eines dritten sich nähern.
Ein dritter Graf zieht mit seinem Heergefolge ebenso ein.
Die neuen Scharen sammeln sich um ihre Banner; die Grafen
und Edlen begrüßen sich, prüfen und loben ihre Waffen usw.
Ein vierter Graf zieht mit seinem Heergefolge von rechts her
ein und stellt sich bis in die Mitte des Hintergrundes auf.
Als die Trompeten des Königs vernommen werden, eilt Alles
sich um die Banner zu ordnen. Der König mit seinem
sächsischen Heerbann zieht von links ein.
ACTE III SCÈNE 3
LOHENGRIN
Portez son corps devant le tribunal du roi !
(Les quatre nobles prennent le cadavre de Frédéric
et s’éloignent par une porte du fond. Lohengrin frappe
une cloche ; quatre femmes entrent par la gauche. )
LOHENGRIN (aux femmes)
Pour la conduire devant le Roi,
Parez Elsa, ma douce dame !
Là, je ferai réponse,
Pour qu’elle sache, de son époux, la lignée !
(Il s’éloigne, dans une attitude triste et solennelle,
par la porte de droite. Les femmes conduisent Elsa,
incapable de faire aucun mouvement, vers la gauche.
Le jour s’est levé lentement ; les flambeaux sont éteints.
Le rideau tombe sur toute la scène. Comme précédemment
dans la cour du château, on entend les trompettes
sonner leur appel.)
141
TROISIÈME SCÈNE
Alors que le rideau se relève, la scène représente la prairie
sur la rive de l’Escaut, comme au premier acte ;
aube rougeoyante, progressivement le jour se lève.
Un comte avec sa suite entre au premier plan à droite,
descend de cheval et le laisse à un valet. Deux pages portent
son écu et sa lance. Il plante sa bannière, sa suite se rassemble
autour d’elle. Pendant qu’un deuxième comte entre
de la même façon, on entend déjà approcher les trompettes
d’un troisième comte qui entre de même avec sa suite.
Les troupes nouvellement arrivées se rassemblent autour
de leurs bannières ; les comtes et les nobles se saluent,
essayent leurs armes et s’en font compliment, etc.
Un quatrième comte entre à droite avec sa suite
et se place au centre, à l’arrière-plan.
Quand on entend les trompettes du roi,
tous se rangent autour de leurs bannières.
Le roi, avec son escorte saxonne, entre par la gauche.
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ALLE MÄNN er (an die Schilde schlagend, als der König unter
der Eiche angelangt ist)
Heil König Heinrich!
König Heinrich Heil!
KÖNIG HEINRIch (unter Eiche stehend)
Habt Dank, ihr Lieben von Brabant!
Wie fühl’ ich stolz mein Herz entbrannt,
Find’ ich in jedem deutschen Land
So kräftig reichen Heerverband!
Nun soll des Reiches Feind sich nah’n,
Wir wollen tapfer ihn empfah’n:
Aus seinem öden Ost daher
Soll er sich nimmer wagen mehr!
Für deutsches Land das deutsche Schwert!
So sei des Reiches Kraft bewährt!
ALLE MÄNNER
Für deutsches Land das deutsche Schwert!
So sei des Reiches Kraft bewährt!
142
DER KÖNIG
Wo weilt nun der, den Gott gesandt
Zum Ruhm, zur Größe von Brabant?
(Ein scheues Gedränge ist entstanden: die vier
brabantischen Edlen bringen auf einer Bahre Friedrichs
verhüllte Leiche getragen und setzen sie in der Mitte der
Bühne nieder. Alles blickt sich unheimlich fragend an.)
DIE MÄNNER
Was bringen die? Was tun sie kund?
Die Mannen sind’s des Telramund!
DER KÖNIG
Wen führt ihr her? Was soll ich schau’n?
Mich faßt bei eurem Anblick Grau’n!
DIE VIER EDLEN
So will’s der Schützer von Brabant;
Wer dieser ist, macht er bekannt.
ACTE III SCÈNE 3
TOUS LES HOMMES (frappant leur bouclier, alors que le roi
s’installe sous le chêne)
Gloire au Roi Henri !
Au Roi Henri gloire !
LE ROI HENri (debout sous le chêne)
Soyez remerciés, bien-aimés Brabançons !
Comme mon cœur s’enflammerait de fierté,
Si je trouvais, dans chaque pays allemand
Une si forte et grande armée !
A présent l’ennemi de l’empire peut approcher
Nous le recevrons avec vaillance :
De ses pauvres terres de l’Est
Il n’osera plus s’aventurer !
Pour le pays allemand, l’épée allemande !
Ainsi résistera la force de l’Empire !
TOUS LES HOMMES
Pour le pays allemand, l’épée allemande !
Ainsi résistera la force de l’Empire !
143
LE ROI
Où donc est-il, celui qui est envoyé par Dieu
Pour la gloire, pour la grandeur du Brabant ?
(Une rumeur apeurée s’est élevée : les quatre nobles
brabançons portent sur un brancard le corps de Frédéric
couvert d’un linceul et le placent au centre de la scène.
Tous se regardent, inquiets, interrogatifs.)
LES HOMMES
Qu’apportent-ils ? Que vont-ils annoncer ?
Ce sont les hommes de Telramund !
LE ROI
Qui conduisez-vous ici ? Que me faut-il voir ?
A vous regarder, l’angoisse me saisit !
LES QUATRE NOBLES
C’est la volonté du protecteur du Brabant ;
Qui est celui-ci, il fera savoir.
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Elsa, mit großem Gefolge von Frauen, tritt auf und
schreitet langsam wankenden Schrittes in denV
ordergrund.)
DIE MÄNNER
Seht, Elsa naht, die Tugendreiche!
(Der König geht Elsa entgegen und geleitet sie nach einem
hohen Sitze der Eiche gegenüber.)
Wie ist ihr Antlitz trüb’ und bleiche!
DER KÖNIG
Wie muß ich dich so traurig seh’n!
Will dir so nah’ die Trennung geh’n?
(Elsa versucht vor ihm aufzublicken, vermag es aber nicht.
Großes Gedränge entsteht im Hintergrunde.)
EINIGE MÄNNER
Macht Platz, macht Platz dem Helden von Brabant!
144
(Der König hat seinen Platz unter der Eiche wieder
eingenommen. Lohengrin, ganz so gewaffnet wie im ersten
Aufzuge, tritt ohne Gefolge feierlich und traurig auf
und schreitet ernst in den Vordergrund.)
ALLE MÄNNER
Heil! Heil dem Helden von Brabant!
Heil dem Helden von Brabant! Heil!
Heil!
DER KÖNIG
Heil
Deinem Kommen, teurer Held!
Die du so treulich rief’st in’s Feld,
Die harren dein in Streites Lust,
Von dir geführt, des Sieg’s bewußt.
DIE MÄNNER
Wir harren dein in Streites Lust,
Von dir geführt, des Siegs bewußt.
LOHENGRIN
Mein Herr und König, laß’ dir melden:
ACTE III SCÈNE 3
(Elsa entre, avec une grande escorte de femmes et s’avance
d’un pas vacillant au premier plan. )
LES HOMMES
Voyez, Elsa approche, la pleine de grâce !
(Le Roi va à la rencontre d’Elsa et la conduit vers un siège
haut contre le chêne.)
Comme son visage est triste et pâle !
LE ROI
Comment, il me faut te voir si triste !
La séparation serait-elle si proche ?
(Elsa essaye de le regarder, mais n’y parvient pas.
Une grande clameur s’élève à l’arrière-plan.)
PLUSIEURS HOMMES
Faites place, faites place au héros du Brabant !
(Le Roi a repris sa place sous le chêne. Lohengrin,
armé de pied en cap comme au premier acte,
entre sans escorte, solennellement et tristement
et se dirige vers le premier plan.)
TOUS LES HOMMES
Gloire ! Gloire au héros du Brabant !
Gloire au héros du Brabant ! Gloire !
Gloire !
LE ROI
Gloire
A ta venue, cher héros !
Ceux qu’avec foi tu appelas à la bataille,
Ils t’attendent dans l’ivresse du combat,
Guidés par toi, sûrs de la victoire.
LES HOMMES
Nous t’attendons dans l’ivresse du combat,
Guidés par toi, sûrs de la victoire.
LOHENGRIN
Mon seigneur et roi, laisse-moi te dire :
145
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Die ich berief, die kühnen Helden,
Zum Streit sie führen darf ich nicht!
(Alle drücken höchste Betroffenheit aus.)
DER KÖNIG UND DIE MÄNNER
Hilf Gott!
Welch hartes Wort
Er spricht!
DIE FRAUEN
Hilf Gott!
146
LOHENGRIN
Als Streitgenoß bin ich nicht hergekommen;
Als Kläger sei ich jetzt von euch vernommen!
(Er enthüllt Friedrichs Leiche, von deren Anblick sich Alle
mit Abscheu abwenden. Feierlich vor der Leiche:)
Zum ersten klage laut ich vor euch Allen,
Und frag’ um Spruch nach Recht und Fug:
Da dieser Mann zur Nacht mich überfallen,
Sagt, ob ich ihn mit Recht erschlug?
DER KÖNIG UND DIE MÄNNER (die Hand feierlich nach
der Leiche ausstreckend)
Wie deine Hand ihn schlug auf Erden,
Soll dort ihm Gottes Strafe werden!
LOHENGRIN
Zum and’ren aber sollt ihr Klage hören,
Denn aller Welt nun klag’ ich laut,
Daß zum Verrat an mir sich ließ betören das Weib,
Das Gott mir angetraut!
DIE MÄNNER (heftig erschrocken und betrübt)
Elsa! Wie mochte das gescheh’n?
Wie konntest du dich so vergeh’n?
DER KÖNIG
Elsa! Wie konntest du dich so vergeh’n?
ACTE III SCÈNE 3
Les héros courageux que j’ai appelés,
Je ne puis les conduire au combat !
(Tous expriment la plus grande stupéfaction.)
LE ROI & LES HOMMES
Dieu, aide-nous !
Quelles terribles paroles
A-t-il prononcé !
LES FEMMES
Dieu, aide-nous !
LOHENGRIN
Je ne suis pas venu ici en camarade de combat ;
A présent, vous devez me considérer comme un accusateur !
(Il dévoile le corps de Frédéric, devant qui tous se
détournent avec horreur. Solennellement, devant le corps :)
D’abord j’accuse devant vous tous,
Et demande une sentence de droit et de bonne justice :
Car cet homme m’a attaqué cette nuit ,
Dites, étais-je dans mon droit quand je l’ai abattu ?
LE ROI & LES HOMMES (tendant solennellement la main
vers le corps)
Telle ta main le frappant ici-bas,
Tel le châtiment de Dieu là-bas !
LOHENGRIN
Mais écoutez une autre accusation,
Car j’accuse à voix haute devant le monde entier :
Elle fut incitée à me trahir, la femme
Que Dieu m’avait confiée !
LES HOMMES (très effrayés et troublés)
Elsa ! Comment cela a-t-il pu arriver ?
Comment as-tu pu te perdre ainsi ?
LE ROI
Elsa ! Comment as-tu pu te perdre ainsi ?
147
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DIE FRAUEN (mit klagenden Gebärden auf Elsa blickend)
Wehe dir!
Elsa!
LOHENGRIN (immer streng)
Ihr hörtet Alle, wie sie mir versprochen,
Daß nie sie woll’ erfragen, wer ich bin?
Nun hat sie ihren teuren Schwur gebrochen,
Treulosem Rat gab sie ihr Herz dahin!
(Alle drücken die heftigste Erschütterung aus.)
Zu lohnen ihres Zweifels wildem Fragen,
Sei nun die Antwort länger nicht gespart:
Des Feindes Drängen durft’ ich sie versagen,
Nun muß ich künden, wie mein Nam’ und Art.
(Mit immer steigender Verklärung seiner Mienen)
Jetzt merket wohl, ob ich den Tag muß scheuen:
Vor aller Welt, vor König und vor Reich
Enthülle mein Geheimnis ich in Treuen!
(Sich hoch aufrichtend)
So hört, ob ich an Adel euch nicht gleich!
148
DIE MÄNNER
Welch
Unerhörtes muß ich nun erfahren?
O könnt’ er die erzwung’ne Kunde sich ersparen!
DER KÖNIG
Was muß ich nun erfahren?
O könnt’ er die Kunde sich ersparen!
LOHENGRIN (in feierlicher Verklärung vor sich hinblickend)
In fernem Land, unnahbar euren Schritten,
Liegt eine Burg, die Montsalvat genannt;
Ein lichter Tempel stehet dort inmitten,
So kostbar, als auf Erden nichts bekannt;
Drin ein Gefäß von wundertät’gem Segen
Wird dort als höchstes Heiligtum bewacht:
Es ward, daß sein der Menschen reinste pflegen,
Herab von einer Engelschar gebracht;
Alljährlich naht vom Himmel eine Taube,
Um neu zu stärken seine Wunderkraft:
ACTE III SCÈNE 3
LES FEMMES (regardant Elsa avec des mouvements de douleur)
Malheur à toi !
Elsa !
LOHENGRIN (toujours sévère)
Vous avez tous entendu, qu’elle m’avait promis
De ne jamais me demander qui je suis ?
A présent, elle a brisé son précieux serment,
Elle a livré son cœur au conseil des méchants !
(Tous expriment la plus intense émotion.)
Pour honorer la terrible interrogation de son doute
Qu’à présent la réponse ne tarde plus longtemps :
Aux pressions des ennemis, je pouvais la soustraire,
A présent il me faut dire mon nom, ma lignée.
(Avec un visage transfiguré)
Maintenant, voyez si je dois craindre le jour :
Devant le monde, le Roi, devant l’empire
Je dévoile mon secret en toute loyauté !
(Se redressant)
Ainsi écoutez, si ma noblesse vaut la vôtre !
149
LES HOMMES
Quelle
Chose inouïe me faut-il apprendre ?
Ô s’il pouvait s’épargner la contrainte du récit !
LE ROI
Que me faut-il apprendre à présent ?
Ô s’il pouvait s’épargner le récit !
LOHENGRIN (solennel, transfiguré regardant devant lui)
Dans un pays lointain, inaccessible à vos pas,
Il y a un château appelé Montsalvat ;
Au centre s’y dresse un temple lumineux,
On ne sait rien au monde de si merveilleux;
Il s’y trouve un vase bénit, miraculeux
Que l’on garde comme la chose la plus sacrée ;
Il fut, afin que les hommes les plus purs le veillent,
Apporté ici-bas par une armée d’anges ;
Tous les ans, du ciel descend une colombe
Qui renouvelle sa force miraculeuse :
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Es heißt der Gral, und selig reinster Glaube
Erteilt durch ihn sich seiner Ritterschaft.
Wer nun dem Gral zu dienen ist erkoren,
Den rüstet er mit überird’scher Macht;
An dem ist jedes Bösen Trug verloren,
Wenn ihn er sieht, weicht dem des Todes Nacht.
Selbst wer von ihm in ferne Land’ entsendet,
Zum Streiter für der Tugend Recht ernannt,
Dem wird nicht seine heil’ge Kraft entwendet,
Bleibt als sein Ritter dort er unerkannt;
So hehrer Art doch ist des Grales Segen,
Enthüllt muß er des Laien Auge flieh’n;
Des Ritters drum sollt Zweifel ihr nicht hegen,
Erkennt ihr ihn, dann muß er von euch zieh’n.
Nun hört, wie ich verbot’ner Frage lohne!
Vom Gral ward ich zu euch daher gesandt:
Mein Vater Parzival trägt seine Krone,
Sein Ritter ich, bin Lohengrin genannt.
150
DER KÖNIG, DIE MÄNNER UND FRAUEN
Hör’ ich so seine höchste Art bewähren,
Hör’ ich so seine höchste Art bewähren,
Entbrennt mein Aug’, entbrennt mein Aug’
In heil’gen Wonnezähren!
ELSA (wie vernichtet)
Mir schwankt der Boden! Welche Nacht!
O Luft! Luft der Unglücksel’gen!
(Sie droht umzusinken; Lohengrin faßt sie in seine Arme.)
LOHENGRIN (in schmerzlicher Ergriffenheit)
O Elsa! Was hast du mir angetan!
Als meine Augen dich zuerst ersah’n,
Zu dir fühlt’ ich in Liebe mich entbrannt,
Und schnell hatt’ ich ein neues Glück erkannt:
Die hehre Macht, die Wunder meiner Art,
Die Kraft, die mein Geheimnis mir bewahrt,
Wollt’ ich dem Dienst des reinsten Herzens weih’n:
Was rissest du nun mein Geheimnis ein?
Jetzt muß ich, ach! von dir geschieden sein!
ACTE III SCÈNE 3
Il s’appelle le Graal, la foi bienheureuse et très pure,
Il la prodigue à sa chevalerie.
Seul l’élu consacré au service du Graal
Est par lui investi d’un pouvoir céleste ;
Sur lui est sans effet la tromperie des méchants
Quand elle le voit, la nuit de la mort s’efface.
Celui qui est envoyé par lui en un pays lointain,
Nommé champion du droit de la vertu,
N’est pas dépouillé de son pouvoir sacré
Sauf si on l’identifie comme son chevalier ;
D’une essence si sublime est la grâce du Graal
Que, dévoilée, elle doit fuir le regard des profanes ;
C’est pourquoi de son chevalier vous ne devez douter
Si vous l’identifiez, il devra vous quitter.
A présent écoutez ma réponse à la question interdite !
Je fus envoyé à vous par le Graal dont
Mon père Parsifal porte la couronne, dont
Moi, son chevalier, ai pour nom Lohengrin.
LE ROI, LES HOMMES & LES FEMMES
D’entendre révéler une si haute lignée,
D’entendre révéler une si haute lignée,
Mes yeux brûlent, mes yeux brûlent
De pleurs sacrés, de pleurs de joie !
ELSA (comme anéantie)
Le sol se dérobe ! Quelles ténèbres !
Oh, de l’air ! De l’air pour la malheureuse !
(Elle est au bord de l’évanouissement ;
Lohengrin la prend dans ses bras.)
LOHENGRIN (avec une douloureuse émotion)
Ô Elsa ! Que m’as-tu fait !
Quand mon regard te vit, au début,
J’ai brûlé d’amour pour toi,
Et j’ai vite reconnu un nouveau bonheur :
Le pouvoir sublime, la merveille de ma lignée,
La force que mon secret protégeait,
Je voulais les consacrer au service du cœur le plus pur :
Pourquoi as-tu brisé mon secret ?
A présent il me faut, ah, être séparé de toi !
151
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
DER KÖNIG, DIE MÄNNER, DIE FRAUEN
Weh’! Weh’! Weh’!
ELSA (in heftigste Verzweiflung ausbrechend)
Mein Gatte! Nein!
ELSA
Ich laß dich nicht von hinnen!
Als Zeuge meiner Buße bleibe hier,
Als Zeuge meiner Buße bleibe
Hier,
LOHENGRIN
Ich muß,
Ich muß! mein süßes
Weib!
DIE MÄNNER UND FRAUEN
Weh’!
152
ELSA
Nicht
Darfst du meiner
Bittern Reu’ entrinnen,
Daß du mich strafest, liege ich vor dir,
DIE FRAUEN
Weh, nun muß er von dir zieh’n!
ELSA
Daß du mich strafest, liege ich vor dir!
LOHENGRIN
Ich muß, ich muß! mein süßes
Weib!
DIE MÄNNER
Weh’!
Wehe!
DER KÖNIG
Weh’! ach mußt du von uns zieh’n,
Du hehrer, gottgesandter Mann!
ACTE III SCÈNE 3
LE ROI, LES HOMMES, LES FEMMES
Hélas ! Hélas ! Hélas !
ELSA (éclatant du plus violent désespoir)
Mon époux ! Non !
ELSA
Je ne te laisse pas partir !
Reste, comme témoin de ma pénitence,
Reste comme témoin de ma pénitence
Ici,
LOHENGRIN
Je le dois,
Je le dois ! Ma tendre
Femme !
LES HOMMES & LES FEMMES
Malheur !
ELSA
Non
Tu n’as pas le droit
De te dérober à mon amer repentir,
Je suis à tes pieds pour que tu me châties.
LES FEMMES
Hélas, à présent il doit te quitter !
ELSA
Pour que tu me châties, je suis à tes pieds !
LOHENGRIN
Il le faut, il le faut, ma douce
Femme !
LES HOMMES
Malheur !
Malheur !
LE ROI
Hélas ! Ah ! tu dois nous quitter,
Homme sublime, envoyé par Dieu
153
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Soll uns des Himmels Segen flieh’n,
Wo fänden dein’ wir Tröstung dann?
Soll uns des Himmels Segen flieh’n,
Wo fänden Trost wir dann?
O bleibe! wo fänden Tröstung wir?
DIE MÄNNER
Mußt du von uns zieh’n,
Du hehrer, gottgesandter Mann!
Wehe! Soll uns des Himmels Segen flieh’n,
Wo fänden dein’ wir Tröstung dann?
O bleib’! O bleib’! O bleib’!
Wo fänden wir Tröstung dann?
Wo fänden Tröstung wir?
154
ELSA
Bist du so göttlich als ich dich erkannt,
Sei Gottes Gnade nicht aus dir verbannt!
Büßt sie in Jammer ihre schwere Schuld,
Nicht flieh’ die Ärmste deiner Nähe Huld!
Verstoß’ mich nicht! Verstoß’ mich nicht,
Wie groß auch mein Verbrechen!
Verlaß’, ach, verlaß’ mich Ärmste nicht!
Verlaß’ mich nicht! verlaß’ mich nicht!
Ach, verlaß’,verlaß’ die Arme nicht!
DIE FRAUEN
Weh’! Weh’, du hehrer, gottgesandter Mann!
Weh!
Ach wo fänden Trost wir dann? Weh’ uns!
Weh’ uns! wo fänden dein’ wir Tröstung dann?
Wo fänden Tröstung wir?
LOHENGRIN
Schon zürnt der Gral,
Daß ich ihm ferne bleib’!
Ich muß! Ich muß!
Nur eine Strafe gibt’s für dein Vergeh’n!
Ach! mich, wie dich trifft ihre herbe Pein!
Mich, wie dich trifft ihre herbe Pein!
Getrennt, geschieden sollen wir uns seh’n:
Dies muß die Strafe, dies die Sühne sein!
ACTE III SCÈNE 3
Si la grâce du ciel nous fuit,
Où trouverions-nous consolation ?
Si la grâce du ciel nous fuit,
Où trouverions-nous consolation ?
Ô reste ! Où trouverions-nous consolation ?
LES HOMMES
Tu dois nous quitter,
Homme sublime, envoyé par Dieu !
Malheur ! Si la grâce du ciel nous fuit,
Où trouverions-nous consolation ?
Ô reste ! Ô reste ! Ô reste !
Où alors trouverions-nous consolation ?
Où trouverions-nous consolation ?
ELSA
Si tu es aussi divin que je l’ai découvert,
Que tu ne sois pas banni de la grâce de Dieu !
Si, dans la douleur, elle expie son lourd péché
Que, de ta grâce, la misérable ne soit pas exclue !
Ne me répudie pas ! Ne me répudie pas !
Même si mon crime est grand !
Ne quitte, ah, ne quitte pas la misérable !
Ne me quitte pas ! Ne me quitte pas !
Ah, ne quitte, ne quitte pas la pauvresse !
LES FEMMES
Hélas ! Hélas, homme sublime, envoyé par Dieu !
Hélas !
Ah ! où trouver alors consolation ?
Malheur à nous ! où trouver alors consolation ?
Où trouver alors consolation ?
LOHENGRIN
Déjà le Graal s’irrite,
Que je m’attarde, loin de lui !
Je dois ! Je dois !
Il n’est qu’un châtiment pour ta défaillance !
Ah ! je suis, comme toi, frappé par le dur supplice !
Je suis, comme toi, frappé par le dur supplice !
Séparés, nous devons nous quitter :
C’est le châtiment, c’est l’expiation !
155
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Elsa sinkt mit einem Schrei zu Boden.)
DIE MÄNNER
O bleib’! O bleib’, zieh’ uns nicht von dannen!
Des Führers harren deine Mannen,
Des Führers harren deine Mannen!
O bleib’, zieh’ uns nicht von dannen!
Des Führers, des Führers harren deine Mannen!
DER KÖNIG
O bleib’! O bleib’,und zieh’ uns nicht von dannen!
Des Führers harren deine Mannen!
O bleib’! Zieh’ uns nicht von dannen!
Des Führers harren deine Mannen!
156
LOHENGRIN
O König, hör’! Ich darf dich nicht geleiten!
Des Grales Ritter, habt ihr ihn erkannt,
Wollt’ er in Ungehorsam mit euch streiten,
Ihm wäre alle Manneskraft entwandt!
Doch, großer König, laß mich dir weissagen:
Dir Reinem ist ein großer Sieg verlieh’n!
Nach Deutschland sollen noch in fernsten Tagen
Des Ostens Horden siegreich nimmer zieh’n!
(Lebhafte Erregung. Man sieht auf dem Flusse den
Schwan mit dem leeren Nachen auf dieselbe Weise wie
bei Lohengrins erstem Erscheinen, anlangen.)
EIN TEIL DER Männer (im Hintergrunde)
Der Schwan! Der Schwan! Der Schwan!
Der Schwan! Seht dort ihn wieder nah’n!
DIE FRAUEn (im nächsten Vordergrunde um Elsa)
Der Schwan! Weh, er naht!
ALLE MÄNNER
Er naht,
Der Schwan!
(Der Schwan kommt um die vordere Flußbiegung herum:
er zieht den leeren Nachen. Elsa aus ihrer Betäubung
erweckt, erhebt sich auf den Sitz gestützt, und blickt
nach dem Ufer.)
ACTE III SCÈNE 3
(Dans un cri, Elsa s’affaisse à terre.)
LES HOMMES
Ô reste ! Ô reste, ne nous quitte pas !
Tes hommes attendent leur guide,
Tes hommes attendent leur guide !
Ô reste, ne nous quitte pas !
Tes hommes attendent leur guide !
LE ROI
O reste ! Ô reste, et ne nous quitte pas !
Tes hommes attendent leur guide,
Ô reste ! Ne nous quitte pas !
Tes hommes attendent leur guide !
LOHENGRIN
O Roi, écoute! Je n’ai pas le droit de t’accompagner !
Vous avez reconnu le chevalier du Graal,
Si, désobéissant, il combattait avec vous,
Toute sa force virile lui serait enlevée !
Mais, grand roi, laisse-moi te prédire :
A toi, pur, une grande victoire sera accordée !
En Allemagne, même aux jours les plus lointains,
Les hordes de l’Est ne triompheront jamais !
(Vive émotion. On voit sur le fleuve le cygne avec la barque
vide, comme lors de la première apparition de Lohengrin.)
UNE PARTIE DES HOMMES (au fond)
Le cygne ! Le cygne ! Le cygne !
Le cygne ! Voyez, il revient, il approche !
LES FEMMES (devant, tout près, autour d’Elsa)
Le cygne! Malheur, il approche !
TOUS LES HOMMES
Il approche,
Le cygne!
(Le cygne arrive devant par une courbe du fleuve :
il tire la barque vide. Elsa sortant de sa stupeur, se lève,
s’appuie sur son siège et regarde la rive.)
157
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
ELSA
Entsetzlich! Ha! der Schwan!
(Sie verbleibt lange Zeit wie erstarrt in ihrer Stellung.)
158
LOHENGRIn (erschüttert)
Schon sendet nach dem Säumigen der Gral!
(Unter der gespanntesten Erwartung der übrigen tritt
er dem Ufer näher und neigt sich zu dem Schwan,
ihn wehmütig betrachtend.)
Mein lieber Schwan!
Ach, diese letzte, traur’ge Fahrt,
Wie gern hätt’ ich sie dir erspart!
In einem Jahr, wenn deine Zeit
Im Dienst zu Ende sollte geh’n,
Dann, durch des Grales Macht befreit,
Wollt’ ich dich anders wiederseh’n!
(Er wendet sich im Ausbruch heftigen Schmerzes
in den Vordergrund zu Elsa zurück.)
O Elsa! Nur ein Jahr an deiner Seite
Hatt’ ich als Zeuge deines Glücks ersehnt!
Dann kehrte, selig in des Grals Geleite,
Dein Bruder wieder, den du tot gewähnt.
(Alle drücken ihre lebhafte Überraschung aus. Lohengrin
überreicht Elsa sein Horn, sein Schwert und seinen Ring.)
Kommt er dann heim, wenn ich ihm fern im Leben,
Dies Horn, dies Schwert, den Ring sollst du ihm geben.
Dies Horn soll in Gefahr ihm Hilfe schenken,
In wildem Kampf dies Schwert ihm Sieg verleiht;
Doch bei dem Ringe soll er mein gedenken,
Der einstens dich aus Schmach und Not befreit,
Ja, bei dem Ringe soll er mein gedenken,
Der einstens dich aus Schmach und Not befreit!
(Während er Elsa, die keines Ausdrucks mächtig ist,
wiederholt küßt.)
Leb wohl! Leb wohl! Leb wohl, mein süßes Weib!
Leb wohl! Mir zürnt der Gral, wenn ich noch bleib’!
Leb wohl! Leb
Wohl!
DIE MÄNNER UND FRAUEN (die Hände nach Lohengrin
ausstreckend)
Weh’!
ACTE III SCÈNE 3
ELSA
Terrible ! Ah ! Le cygne !
(Elle reste longtemps ainsi, comme pétrifiée.)
LOHENGRIN (bouleversé)
Le Graal déjà envoie chercher celui qui tarde !
(Pendant que les autres attendent, tendus, il s’approche
de la rive et se penche vers le cygne, le contemplant
avec tristesse.)
Mon cher cygne !
Ah ! ce dernier, ce triste voyage
Comme j’aurais voulu te l’épargner !
Dans un an, quand ton temps
De service se serait achevé,
Libéré grâce au pouvoir du Graal
C’est autrement que je t’aurais revu !
(Sous l’effet d’une profonde douleur, il se retourne
vers le fond, vers Elsa.)
Ô Elsa ! Rien qu’un an à tes côtés,
Témoin de ton bonheur, je le désirais !
Puis, heureux, sous la conduite du Graal,
Ton frère que tu crois mort serait revenu.
(Tous expriment leur vive surprise. Lohengrin remet
à Elsa son cor, son épée et son anneau.)
S’il revenait chez lui, alors que je serai loin de lui,
Ce cor, cette épée, cet anneau, tu devras lui donner.
Ce cor lui portera secours dans le danger,
Dans les rudes combats,
cette épée lui donnera la victoire ;
Mais grâce à l’anneau il pensera à moi,
Celui qui jadis te libéra de la honte et de la peine,
Oui, grâce à l’anneau, il pensera à moi,
Celui qui jadis te libéra de la honte et de la peine !
(Pendant qu’il embrasse à nouveau Elsa, incapable
d’aucune d’expression.)
Adieu ! Adieu ! Adieu, ma douce femme !
Adieu ! Le Graal va s’irriter si je demeure encore !
Adieu !
Adieu !
LES HOMMES &
Hélas !
LES
FEMMES (tendant les mains vers Lohengrin)
159
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
(Elsa hat sich krampfhaft an ihm festgehalten; endlich
verläßt sie die Kraft, sie sinkt ihren Frauen in die Arme,
denen sie Lohengrin übergibt, wonach dieser schnell
dem Ufer zueilt.)
DER KÖNIG, DIE MÄNNER UND FRAUEN
Weh! Weh! Weh! Du edler, holder Mann!
Welch harte Not tust du uns an!
ORTRUD (tritt im Vordergrunde auf,
mit wild jubelnder Gebärde)
Fahr’ heim! Fahr’ heim, du stolzer Helde,
Daß jubelnd ich der Törin melde,
Wer dich gezogen in dem Kahn!
Am Kettlein, das ich um ihn wand,
Ersah ich wohl, wer dieser Schwan:
Es ist der Erbe von Brabant!
ALLE
Ha!
160
ORTRUD (zu Elsa)
Dank, daß den Ritter du vertrieben!
Nun gibt der Schwan ihm Heimgeleit!
Der Held, wär’ länger er geblieben,
Den Bruder hätt’ er auch befreit!
DIE MÄNNER (in äußerster Entrüstung)
Abscheulich Weib! Ha, welch Verbrechen
Hast du in frechem Hohn bekannt!
DIE FRAUEN
Abscheulich Weib!
ORTRUD
Erfahrt, wie sich die Götter rächen,
Von deren Huld ihr euch gewandt!
(Sie bleibt in wilder Verzückung hoch aufgerichtet stehen.
Lohengrin, bereits am Ufer angelangt, hat Ortrud genau
vernommen und sinkt jetzt zu einem stummen Gebet
feierlich auf die Knie. Aller Blicke richten sich mit
gespannter Erwartung auf ihn. Die weiße Grals-Taube
schwebt über dem Nachen herab.
ACTE III SCÈNE 3
(Elsa s’est agrippée à lui ; finalement, à bout de force,
elle s’écroule dans les bras de ses femmes, à qui Lohengrin
la confie avant de se hâter vers la rive. )
LE ROI, LES HOMMES & LES FEMMES
Hélas ! Hélas ! Hélas ! Homme noble et gracieux !
Quelle peine cruelle tu nous fais !
ORTRUDE (s’avance par le fond, avec des gestes d’une joie sauvage)
Repars chez toi ! Repars chez toi, fier héros,
Que jubilante je dise à cette folle
Qui a tiré ta barque !
A la chaînette qui le ceint,
Je vois bien qui est ce cygne :
C’est l’héritier du Brabant !
TOUS
Ah !
ORTRUDE (à Elsa)
Merci d’avoir chassé le chevalier !
A présent, le cygne va le ramener chez lui !
Le héros, s’il était resté plus longtemps,
Aurait, en outre libéré ton frère !
LES HOMMES (dans une extrême indignation)
Femme abominable ! Ah ! quel crime
As-tu avoué avec cet insolent sarcasme !
LES FEMMES
Abominable femme !
ORTRUDE
Apprenez comme les dieux se vengent,
Dont vous avez méprisé la grâce !
(Elle reste debout, très altière, dans une extase sauvage.
Lohengrin, déjà arrivé à la rive, a parfaitement entendu
Ortrude et, il tombe solennellement à genoux, en une prière
muette. Tous les regards se tournent vers lui,
dans la tension et dans l’attente. La blanche colombe
du Graal descend du ciel et plane au-dessus de la barque.
161
RICHARD WAGNERLOHENGRIN
Lohengrin erblickt sie; mit einem dankenden Blicke springt
er auf und löst dem Schwan die Kette, worauf dieser
sogleich untertaucht. An seiner Stelle hebt Lohengrin
einen schönen Knaben in glänzendem Silbergewande –
Gottfried – aus dem Flusse an das Ufer.)
LOHENGRIN
Seht da den Herzog von Brabant
Zum Führer sei er euch ernannt!
(Ortrud sinkt bei Gottfrieds Anblick mit einem Schrei
zusammen. Lohengrin springt schnell in den Kahn, den die
Taube an der Kette gefaßt hat und sogleich fortzieht.
Elsa blickt mit letzter freudiger Verklärung auf Gottfried,
welcher nach vorn schreitet und sich vor dem König
verneigt. Alle betrachten ihn mit seligem Erstaunen,
die Brabanter senken sich huldigend vor ihm auf die Knie.
Dann eilt Gottfried in Elsas Arme; diese, nach einer kurzen
freudigen Entrückung, wendet hastig den Blick nach dem
Ufer, wo sie Lohengrin nicht mehr erblickt.)
162
ELSA
Mein Gatte! Mein Gatte!
(In der Ferne wird Lohengrin wieder sichtbar. Er steht
mit gesenktem Haupte traurig auf seinen Schild gelehnt
im Nachen.)
ELSA
Ach!
DER KÖNIG, DIE MÄNNER UND FRAUEN
Weh’!
(Elsa gleitet langsam entseelt in Gottfrieds Armen zu
Boden. Während Lohengrin immer ferner gesehen wird,
sinkt langsam der Vorhang.)
ACTE III SCÈNE 3
Lohengrin l’aperçoit ; avec un regard reconnaissant,
il bondit sur ses pieds, délivre de sa chaîne le cygne qui
aussitôt se métamorphose. A sa place, Lohengrin hisse
du fleuve sur la rive un beau jeune homme – Godefroi –
dans un éclatant vêtement argenté.)
LOHENGRIN
Voyez ici le duc du Brabant,
Qu’il soit désigné comme votre chef !
(Ortrude, en voyant Godefroi, s’effondre avec un cri.
Lohengrin saute rapidement dans la barque dont
la colombe a saisi la chaîne et qu’elle emporte
immédiatement. Elsa, transfigurée par la joie, regarde
Godefroi qui s’avance au premier plan et s’incline devant
le Roi. Tous le contemplent avec un bienheureux
étonnement. Les Brabançons s’agenouillent devant lui
en signe d’hommage. Puis, Godefroi se jette dans les bras
d’Elsa ; celle-ci, après un bref moment de joie, tourne en
hâte son regard vers la rive, où elle ne voit plus Lohengrin.)
163
ELSA
Mon époux ! Mon époux !
(Dans le lointain réapparaît Lohengrin. Il est debout dans
la barque, la tête baissée, tristement appuyé sur son écu.)
ELSA
Ah !
LE ROI, LES HOMMES & LES FEMMES
Malheur !
(Elsa glisse lentement des bras de Godefroi jusqu’à terre,
inanimée. Tandis qu’on voit Lohengrin, de plus en plus
loin, le rideau tombe lentement. )
Traduction : Jean Spenlehauer
CAHIER DE LECTURES
Correspondance Wagner / Liszt
Fais jouer mon Lohengrin
Gérard de Nerval
Souvenir de la création de Lohengrin
Richard Wagner
Mythologies I
Charles Baudelaire
Mythologie II
Franz Liszt
Wolfram von Eschenbach, Lohengrin
et le Graal
—
Richard Wagner
Le Prélude de Lohengrin / I
Franz Liszt
Le Prélude de Lohengrin / II
Charles Baudelaire
Le Prélude de Lohengrin / III
L’Albatros
Richard Wagner
Solitude de Lohengrin, solitude de l’artiste
Thomas Mann
La beauté fait mal
MÊME EN RÊVE...
CORRESPONDANCE WAGNER / LISZT
FAIS JOUER MON LOHENGRIN
Richard Wagner à Franz Liszt
Paris, 21 avril 1850
Cher Ami,
Je viens de lire quelques passages de la partition de mon
Lohengrin : d’habitude je ne relis jamais mes œuvres. J’ai été
pris d’un immense désir de voir cet opéra représenté. Je
t’adresse donc une instante prière : fais jouer mon Lohengrin.
Tu es le seul homme à qui je veuille adresser une semblable
prière ; à nul autre qu’à toi je ne confierais la création de cet
opéra ; c’est toi que j’en charge, sans l’ombre d’une crainte
ou d’une hésitation, avec une confiance absolue. Fais-le jouer
où tu voudras, peu importe, ne fût-ce qu’à Weimar ; je suis
certain que tu feras tout ce qui sera possible et nécessaire
pour cela, et qu’on ne te refusera rien. Fais jouer le Lohengrin ; que son entrée dans la vie soit ton œuvre.
Franz Liszt à Richard Wagner
Juin 1850
Votre Lohengrin sera donné dans les conditions les plus
exceptionnelles et les meilleures pour sa réussite.
L’Intendance fait à cette occasion une dépense de plus de
2000 thalers, ce que ne s’était jamais, de mémoire d’homme,
pratiqué à Weimar. La presse ne sera pas mise en oubli, et des
167
WAGNER / LISZT
articles convenables et sérieusement motivés paraîtront successivement dans plusieurs journaux. Tout le personnel sera
feu et flamme. Le nombre des violons sera quelque peu augmenté (de 16 à 18 en tout), la clarinette basse a été achetée ;
rien d’essentiel ne manquera à l’étoffe musicale et à ses dessins ; je me chargerai de toutes les répétitions de piano, de
chœurs, de quatuor et d’orchestre ; Genast suivra avec chaleur et énergie vos indications par rapport à la mise en scène.
Il va sans dire que nous ne retrancherons pas une note, pas un
iota, de votre œuvre, et que nous la donnerons dans son Beau
absolu, autant qu’il nous sera possible de le faire.
La date exceptionnelle du 28 août à laquelle le Lohengrin
sera représenté ne peut manquer de lui être favorable – à vrai
dire, je me serais refusé de mettre en scène une œuvre aussi
extraordinaire dans le courant ordinaire d’une saison théâtrale. M. de Zigesar a parfaitement senti qu’il fallait que le
Lohengrin soit un événement. Pour cela faire, on a raccourci
de moitié les vacances du théâtre, [...] et fixé la première
représentation théâtrale au 28 août, anniversaire de la naissance de Goethe – trois jours après l’inauguration du monument de Herder qui aura lieu le 25. A l’occasion du monument de Herder, nous aurons ici un grand concours de
monde, et de plus, pour le 28, les délégués de la Fondation
Goethe sont convoqués à l’effet de rédiger le programme
définitif de cette fondation à Weimar.
Après deux représentations consécutives du Lohengrin, le
théâtre fermera de nouveau pour ne rouvrir qu’un mois après,
et ne reprendra le Lohengrin qu’à bon escient dans le courant
de l’hiver. [...]
D’ici là conservez bien votre tête et votre santé et comptez
bien entièrement sur votre très sincèrement dévoué et affectionné ami.
Franz Liszt
Extraits de la Correspondance entre Richard Wagner et Franz Liszt
,
traduction de L. Schmidt et J. Lacant, © Gallimard, 1975
168
GÉRARD DE NERVAL
SOUVENIR DE LA CRÉATION
DE LOHENGRIN
Le 25 Auguste, comme disent les Allemands – et nous
savons aussi que Voltaire donnait ce nom au mois d’août –, a
été le premier jour des fêtes célébrées dans la ville de Weimar,
en commémoration de la naissance de Herder et de la naissance de Goethe. Un intervalle de trois jours seulement sépare
ces deux anniversaires; aussi les fêtes comprenaient-elles un
espace de cinq jours. Un attrait de plus à ces solennités était
l’inauguration d’une statue colossale de Herder, dressée sur la
place de la Cathédrale. [...] Mais nous n’avons à parler ici que
de ce qui concerne l’art dramatique. [...]
On a donné, ce jour-là, pour la première fois, Lohengrin,
opéra en trois actes, de Wagner. Liszt dirigeait l’orchestre, et,
lorsqu’il entra, les artistes lui remirent un bâton de mesure en
argent ciselé, entouré d’une inscription analogue à la circonstance. C’est le sceptre de l’artiste-roi, qui provoque ou apaise
tour à tour la tempête des voix et des instruments.
Le Lohengrin présentait une particularité singulière, c’est
que le poème avait été écrit en vers par le compositeur.
J’ignore si le proverbe français est vrai ici, « qu’on n’est jamais
si bien servi que par soi-même » ; toujours est-il qu’à travers
d’incontestables beautés poétiques, le public a trouvé des longueurs qui ont parfois refroidi l’effet de l’ouvrage. Presque tout
169
GÉRARD DE NERVAL
l’opéra est écrit en vers carrés et majestueux, comme ceux des
anciennes épopées. Il suffit de dire aux Français que c’est de
l’alexandrin élevé à la troisième puissance.
Lohengrin est un chevalier errant qui passe par hasard à
Anvers, en Brabant, vers le onzième siècle, au moment où la
fille d’un prince de ce pays, qui passe pour mort, est accusée
d’avoir fait disparaître son jeune frère dans le but d’obtenir
l’héritage du trône en faveur d’un amant inconnu.
Elle est traduite devant une cour de justice féodale, qui la
condamne à subir le jugement de Dieu. Au moment où elle
désespère de trouver un chevalier qui prenne sa défense, on
voit arriver Lohengrin, dans une barque dirigée par un cygne.
Ce paladin est vainqueur dans le combat, et il épouse la princesse, qui, au fond, est innocente et victime des propos d’un
couple pervers qui la poursuit de sa haine.
L’histoire n’est pas terminée; il reste encore deux actes,
dans lesquels l’innocence continue à être persécutée. On y
rencontre une fort belle scène dans laquelle la princesse veut
empêcher Lohengrin de partir pour combattre ses ennemis. Il
insiste et se livre aux plus grands dangers; mais un génie
mystérieux le protège – c’est le cygne, dans le corps duquel
se trouve l’âme du petit prince, frère de la princesse de
Brabant –, péripétie qui se révèle au dénouement, et qui ne
peut être admise que par un public habitué aux légendes de
la mythologie septentrionale.
Cette tradition est du reste connue, et appartient à l’un
des poèmes ou romans du cycle d’Arthus. En France, on comprendrait Barbe-Bleue ou Peau d’âne ; il est donc inutile de
nous étonner. Lohengrin est un des chevaliers qui vont à la
recherche du Saint-Graal. C’était le but, au Moyen-Âge, de
toutes les expéditions aventureuses, comme à l’époque des
anciens, la Toison d’or et aujourd’hui la Californie. Le SaintGraal était une coupe remplie du sang sorti de la blessure
que le Christ reçut sur sa croix. Celui qui pouvait retrouver
cette précieuse relique était assuré de la toute puissance et
de l’immortalité. Lohengrin, au lieu de ces dons, a trouvé le
bonheur terrestre et l’amour. Cela suffit du reste à la récompense de ce chevalier.
La musique de cet opéra est très remarquable et sera de
plus en plus appréciée aux représentations suivantes. C’est
un talent original et hardi qui se révèle à l’Allemagne, et qui
170
SOUVENIR DE LA CRÉATION DE LOHENGRIN
n’a dit encore que ses premiers mots. On a reproché à
M. Wagner d’avoir donné trop d’importance aux instruments,
et d’avoir, comme disait Grétry, mis le piédestal sur la scène
et la statue dans l’orchestre; mais cela a tenu sans doute au
caractère de son poème, qui imprime à l’ouvrage la forme
d’un drame lyrique, plutôt que celle d’un opéra.
Les artistes ont exécuté vaillamment cette partition
difficile, qui, pour en donner une idée sommaire, semble se
rapporter à la tradition musicale de Gluck et de Spontini. La
mise en scène était splendide et digne des efforts que fait le
grand-duc actuel pour maintenir à Weimar cet héritage de
goût artistique qui a fait appeler cette ville l’Athènes de
l’Allemagne.
La salle du théâtre de Weimar est petite et n’est entourée
que d’un balcon et d’une grille; mais les proportions en sont
assez heureuses et le cintre est dessiné de manière à offrir un
contour gracieux aux regards qui parcourent la rangée de
femmes bordant comme une guirlande non interrompue le
rouge ourlet de la balustrade. L’absence de loges particulières
et la riche décoration de la loge grand-ducale lui donnent tout
à fait l’apparence d’un théâtre de cour, et l’effet général est
loin d’y perdre. L’œil n’est heurté ni par ce mélange de jolies
figures de femmes et de laides figures d’hommes qu’on
remarque ailleurs sur le devant des loges et des amphithéâtres, ni par cette succession de petites boîtes ressemblant
tantôt à des tabatières, tantôt à des bonbonnières, qui divisent
d’une façon si peu gracieuse les divers groupes de spectateurs.
Le lendemain de la représentation, j’avais besoin de me
reposer de cinq heures de musique savante dont l’impression
tourbillonnait encore dans ma tête à mon réveil. Je me mis à
parcourir la ville à travers les brumes légères d’une belle
matinée d’automne.
Extrait de Lorely – Souvenirs d’Allemagne, 1852
RICHARD WAGNER
MYTHOLOGIE I
J’étudiais l’épopée de Lohengrin et d’un seul coup s’ouvrit
devant moi un nouveau monde poétique dont je n’avais pas
soupçonné auparavant l’existence, habitué comme j’étais à
chercher un sujet déjà traité et se prêtant au genre de l’opéra.
[...] Le poème médiéval me semblait prêter à Lohengrin
une figure d’un mysticisme équivoque, qui me remplissait de
la méfiance et de cette espèce de répulsion que nous éprouvons à la vue de ces statues de bois sculpté et peint qu’on rencontre le long des routes et dans les églises des pays catholiques. C’est seulement après que cette première impression
faite par la lecture se fut effacée, que la figure de Lohengrin
revint hanter mon esprit avec une force d’attraction chaque
fois plus grande. Or cette force trouva à se nourrir également à
l’extérieur, du jour où je découvris le mythe de Lohengrin
représenté par les traits plus simples, mais aussi plus profonds, d’un authentique poème populaire restitué par les travaux de la science des mythes modernes. Lorsque j’eus donc
aperçu en lui la noblesse d’un poème inspiré à l’homme par
une nostalgie qui ne tient pas seulement son origine du penchant chrétien au surnaturel, mais bien de la nature humaine
en général dans ce qu’elle a de plus vrai, cette figure me
devint toujours plus familière, et l’envie de m’en emparer pour
en faire l’interprète de mon propre désir grandit, de sorte
172
MYTHOLOGIE I
qu’elle était déjà, au moment ou j’achevais Tannhäuser, une
nécessité impérieuse qui me détourna de toute autre tentation.
[...]
Nous trouvons déjà dans un mythe grec, qui n’en est certainement pas lui-même la forme la plus ancienne, le trait fondamental du mythe de Lohengrin. Qui ne connaît Zeus et
Sémélé ? Le dieu aime la femme d’un homme et, pour servir
cet amour, se présente à elle sous une forme humaine ; mais
l’aimée apprend qu’elle ne connaît pas l’aimé comme il est
réellement et, poussée par le vrai zèle de l’amour, la voilà exigeant de l’époux qu’il se manifeste pleinement à elle sous les
espèces sensibles de sa nature. Zeus sait qu’il devra alors lui
échapper, que son aspect réel l’anéantira ; lui-même souffre de
devoir perdre celle qu’il aime en remplissant son désir et c’est
comme s’il exécutait sa propre condamnation à mort lorsque
son éclat divin, mortel aux hommes, anéantit l’aimée. [...]
La région éthérée d’où le dieu aspire à descendre vers
l’homme fut étendue par le désir chrétien aux plus infinis
lointains. Pour les Grecs, c’était encore du royaume nuageux
de l’éclair et du tonnerre que Zeus bouclé s’élançait vers le
bas lorsqu’il voulait se faire homme. Avec le chrétien, le ciel
bleu se dilua en une mer infinie de sentiments, d’aspirations
délicieuses, où se noyèrent les formes de tous les dieux, jusqu’à ce qu’enfin sa propre image d’homme, en proie à son
désir, pût seule encore surgir de cette mer de son imagination
et venir à sa rencontre. Un trait immémorial se retrouve sous
différentes formes dans les légendes des peuples riverains
des mers ou de l’embouchure des fleuves : sur le miroir bleu
des vagues, un inconnu ayant la grâce la plus noble et la plus
pure vertu, s’approche et traîne tous les cœurs après lui par
la force irrésistible d’un charme ; c’était l’accomplissement
du désir de l’homme rêvant son bonheur au-delà du miroir de
la mer, dans un pays jamais vu. L’inconnu repartait sur les
flots et disparaissait sitôt qu’on voulait savoir qui il était.
Extrait de Une communication à mes amis,
Traduction de Jean Launay, © Mercure de France, 1976
CHARLES BAUDELAIRE
MYTHOLOGIE II
Lohengrin monte dans la nacelle après avoir adressé au
Saint-Graal une fervente prière. Une colombe prend la place
du cygne, et Godefroi, duc de Brabant, reparaît. Le chevalier
est retourné vers le mont Salvat. Elsa qui a douté, Elsa qui a
voulu savoir, examiner, contrôler, Elsa a perdu son bonheur.
L’idéal est envolé.
Le lecteur a sans doute remarqué dans cette légende une
frappante analogie avec le mythe de la Psyché antique qui,
elle aussi, fut victime de la démoniaque curiosité, et, ne voulant pas respecter l’incognito de son divin époux, perdit, en
pénétrant le mystère, toute sa félicité. Elsa prête l’oreille à
Ortrude, comme Ève au serpent. L’Ève éternelle tombe dans
l’éternel piège. Les nations et les races se transmettent-elles
des fables, comme les hommes se lèguent des héritages, des
patrimoines ou des secrets scientifiques ? On serait tenté de
le croire, tant est frappante l’analogie morale qui marque les
mythes et les légendes éclos dans différentes contrées.
Mais cette explication est trop simple pour séduire longtemps un esprit philosophique. L’allégorie créée par le peuple
ne peut pas être comparée à ces semences qu’un cultivateur
communique fraternellement à un autre qui les veut acclimater dans son pays. Rien de ce qui est éternel et universel n’a
besoin d’être acclimaté. Cette analogie morale dont je parlais
est comme l’estampille divine de toutes les fables populaires.
174
MYTHOLOGIE II
Ce sera bien, si l’on veut, le signe d’une origine unique, la
preuve d’une parenté irréfragable, mais à la condition que
l’on ne cherche cette origine que dans le principe absolu et
l’origine commune de tous les êtres. Tel mythe peut être
considéré comme frère d’un autre, de la même façon que le
nègre est dit le frère du blanc. Je ne nie pas, en de certains
cas, la fraternité ni la filiation ; je crois seulement que, dans
beaucoup d’autres, l’esprit pourrait être induit en erreur par
la ressemblance des surfaces ou même par l’analogie morale,
et que, pour reprendre notre métaphore végétale, le mythe est
un arbre qui croît partout en tout climat, sous tout soleil,
spontanément et sans boutures. Les religions et les poésies
des quatre parties du monde nous fournissent sur ce sujet des
preuves surabondantes. Comme le péché est partout, la
rédemption est partout ; le mythe partout. Rien de plus cosmopolite que l’Éternel.
Extrait de Richard Wagner et Tannhäuser à Paris,1861
FRANZ LISZT
WOLFRAM VON ESCHENBACH,
LOHENGRIN ET LE GRAAL
Le livret de Lohengrin est en lui-même une œuvre dramatique, qui renferme des beautés du premier ordre. Pour
bien comprendre la marche de la pièce au théâtre, et saisir
l’intention et la portée de la musique dès les premières
mesures de l’introduction, il faut connaître d’avance le mystère sur lequel roule toute l’action du drame, où il ne se
dévoile qu’à la dernière scène. Ce mystère repose sur la tradition du saint Graal qu’on trouve dans les romans de chevalerie, et qui occupe une grande place dans les poèmes de
Wolfram von Eschenbach. Le sujet du Lohengrin est extrait
d’un de ces poèmes. Tout le squelette des événements en est
pris, avec de très légères modifications nécessitées par les
convenances de la scène. Mais de quelle poésie de sentiment Wagner ne l’a-t-il pas revêtu ? [...]
Wolfram von Eschenbach fut un des plus célèbres minnesänger du XIIe ; l’un de ceux qui se distinguèrent le plus dans les
« combats de chanteurs » qui eurent lieu au château de la
Wartbourg. Il appartint à l’école spiritualiste des chantres de
cette époque, et tient une des premières places parmi ceux qui
exaltèrent la chasteté et la pureté dans l’amour, les croyances
comme les sentiments les plus pieusement poétiques. Les chroniques disent qu’il chanta le poème de Lohengrin pour la première fois à la prière du Landgrave de Thuringe, des Dames présentes, et de son ennemi lui-même, le magicien Klingsor [...].
176
LOHENGRIN ET LE GRAAL
On n’ignore pas que Wolfram von Eschenbach fut l’auteur
de la fameuse épopée de Parcival et Titurel, Lohengrin, fils de
Parcival, est le héros de ce poème fondé sur la tradition du
saint Graal. Le saint Graal était une coupe faite d’une pierre
précieuse et éblouissante, tombée de la couronne de Lucifer au
moment de sa chute. Dans cette coupe, Notre Seigneur consacra le pain et le vin à la sainte Cène, et Joseph d’Arimathie y
recueillit le sang qui s’échappait de la plaie faite à son côté
lorsqu’il était en croix. Joseph dans la suite apporta cette
coupe en Angleterre, où elle fut commise à la garde du roi
Artus et des chevaliers de la Table ronde. Plus tard, Parcival le
plus parfait des chevaliers, emporta le saint Graal en Inde ; de
là il fut transporté au Mont Salvat, qui selon les uns était dans
l’Aragon, selon d’autres dans l’Inde aussi. C’était une montagne sainte, entourée au loin d’une forêt de cyprès et de
cèdres, que nul ne pouvait traverser sans y être mystérieusement guidé, par la volonté de Dieu. Là, Titurel bâtit un temple
magnifique en or, en bois d’aloès, et en fines pierreries, où le
saint Graal fut définitivement déposé. On y trouvait une douce
fraîcheur en été, et une tiède atmosphère en hiver. Le soin et la
garde de ce temple étaient confiés aux chevaliers que le saint
Graal choisissait et indiquait lui-même, par des signes, à l’aide
desquels ils recevaient tous ses commandements. Quiconque
l’avait contemplé n’était plus soumis à la mort, et quiconque le
servait était à l’abri de tout péché mortel. Ces chevaliers jouissaient d’une félicité parfaite, goûtant même d’avance celle que
le Ciel réserve aux justes après qu’ils ont quitté cette terre. Le
Jeudi Saint, une colombe apportait chaque année une divine
hostie, qu’elle déposait dans la coupe miraculeuse. Les chevaliers qui voulaient atteindre au plus haut degré de la vertu,
cherchaient cette montagne en parcourant tous les pays, et en
accomplissant des actes de valeur et de sainteté, car il n’y avait
que ceux qui étaient parfaitement purs et irréprochables, qui
pussent espérer de pénétrer un jour jusqu’au saint Graal pour
être reçus au nombre de ses serviteurs, lesquels composaient
la plus pieuse et la plus glorieuse des chevaleries. Parcival en
était le chef, et Lohengrin son fils, un des plus vaillants et des
plus nobles héros.
Extrait de Lohengrin et Tannhäuser de Richard Wagner, 1851
Éditions Adef / Albatros, Paris, 1980
RICHARD WAGNER
LE PRÉLUDE DE LOHENGRIN / I
Dès les premières mesures, l’âme du pieux solitaire qui
attend le vase sacré plonge dans les espaces infinis. Il voit se
former peu à peu une apparition étrange qui prend un corps,
une figure.
Cette apparition se précise davantage, et la troupe miraculeuse des anges, portant au milieu d’eux la coupe sacrée,
passe devant lui. Le saint cortège approche ; le cœur de l’élu
de Dieu s’exalte peu à peu ; il s’élargit, il se dilate ; d’ineffables aspirations s’éveillent en lui ; il cède à une béatitude
croissante, en se trouvant toujours rapproché de la lumineuse
apparition, et quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît au
milieu du cortège sacré, il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eût soudainement disparu.
Cependant le Saint-Graal répand ses bénédictions sur le
saint en prière et le consacre son chevalier. Puis les flammes
brûlantes adoucissent progressivement leur éclat ; dans sa
sainte allégresse, la troupe des anges, souriant à la terre
qu’elle abandonne, regagne les célestes hauteurs. Elle a
laissé le Saint-Graal à la garde des hommes purs, dans le
cœur desquels la divine liqueur s’est répandue, et l’auguste
troupe s’évanouit dans les profondeurs de l’espace, de la
même manière qu’elle en était sortie.
Texte paru dans le programme
d’un concert d’œuvres de Wagner donné à Paris en 1860
Cité par Baudelaire dans Richard Wagner et Tannhäuser à Paris, 1861
178
FRANZ LISZT
LE PRÉLUDE DE LOHENGRIN / II
Le prologue instrumental qui précède Lohengrin, trop
court – il n’a que soixante -quinze mesures – pour être exécu té séparément, n’est qu’une sorte de formule magique, qui,
comme une initiation mystérieuse, prépare nos âmes à la vue
de choses inaccoutumées et d’un sens plus haut que celles de
notre vie terrestre.
Cette introduction renferme et révèle l’élément mystique,
toujours présent et toujours caché dans la pièce ; secret divin,
ressort surnaturel, suprême loi de la destinée des personnages
et de la succession des incidents que nous allons contempler.
Pour nous apprendre l’inénarrable puissance de ce secret,
Wagner nous montre d’abord la beauté ineffable du sanctuaire,
habité par un Dieu qui venge les opprimés et ne demande
qu’amour et foi à ses fidèles. Il nous initie au saint Graal ; il
fait miroiter à nos yeux ce temple de bois incorruptible, aux
murs odorants, aux portes d’or, aux solives d’asbestes, aux
colonnes d’opales, aux ogives d’onyx, aux parvis de cymophane, dont les splendides portiques ne sont approchés que de
ceux qui ont le cœur élevé et les mains pures. Il ne nous le
fait point apercevoir dans son imposante et réelle structure,
mais comme ménageant nos faibles sens, il nous le montre
d’abord reflété dans quelque onde azurée, ou reproduit par
quelque nuage irisé.
C’est au commencement une large nappe dormante de
mélodie, un éther vaporeux qui s’étend pour que le tableau
sacré s’y dessine à nos yeux profanes ; effet exclusivement
179
FRANZ LISZT
confié aux violons, divisés en huit pupitres différents qui,
après plusieurs mesures de sons harmoniques, continuent
dans les plus hautes notes de leur registres. Le motif est
ensuite repris par les instruments à vent les plus doux ; les
cors et les bassons en s’y joignant préparent l’entrée des
trompettes et des trombones, qui répètent la mélodie pour la
quatrième fois, avec un éclat éblouissant de coloris, comme
si, dans cet instant unique, l’édifice saint avait brillé devant
nos regards aveuglés, dans toute sa magnificence lumineuse
et radiante. Mais le vif étincellement, amené par degrés à
cette intensité de rayonnement solaire, s’éteint avec rapidité,
comme une lueur céleste. La transparente vapeur des nuées
se referme, la vision disparaît peu à peu dans le même
encens diapré, au milieu duquel elle est apparue, et le morceau se termine par les premières six mesures devenues plus
éthérées encore. Son caractère d’idéale mysticité, est surtout
rendu sensible par le pianissimo toujours conservé dans l’orchestre, et qu’interrompt à peine le court moment où les
cuivres font resplendir les merveilleuses lignes du seul motif
de cette introduction. Telle est l’image qui, à l’audition de ce
sublime adagio, se présente d’abord à nos sens émus.
Extrait de Lohengrin et Tannhäuser de Richard Wagner, 1851
Éditions Adef / Albatros, Paris, 1980
0
CHARLES BAUDELAIRE
LE PRÉLUDE DE LOHENGRIN / III
M’est-il permis à moi-même de raconter, de rendre avec
des paroles la traduction inévitable que mon imagination fit
du même morceau, lorsque je l’entendis pour la première
fois, les yeux fermés, et que je me sentis pour ainsi dire
enlevé de terre ?
Je n’oserais certes pas parler avec complaisance de mes
rêveries, s’il n’était pas utile de les joindre ici aux rêveries
précédentes. Le lecteur sait quel but nous poursuivons :
démontrer que la véritable musique suggère des idées analogues dans des cerveaux différents. D’ailleurs, il ne serait
pas ridicule ici de raisonner à priori, sans analyse et sans
comparaisons ; car ce qui serait vraiment surprenant, c’est
que le son ne pût pas suggérer la couleur, que les couleurs ne
pussent pas donner l’idée d’une mélodie, et que le son et la
couleur fussent impropres à traduire des idées ; les choses
s’étant toujours exprimées par une analogie réciproque,
depuis le jour où Dieu a proféré le monde comme une complexe et indivisible totalité.
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
181
CHARLES BAUDELAIRE
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Je poursuis donc. Je me souviens que, dès les premières
mesures, je subis une de ces impressions heureuses que
presque tous les hommes imaginatifs ont connues, par le
rêve, dans le sommeil. Je me sentis délivré des liens de la
pesanteur, et je retrouvai par le souvenir l’extraordinaire
volupté qui circule dans les lieux hauts [...]. Ensuite je me
peignis involontairement l’état délicieux d’un homme en
proie à une grande rêverie dans une solitude absolue, mais
une solitude avec un immense horizon et une large lumière
diffuse ; l’immensité sans autre décor qu’elle-même. Bientôt
j’éprouvai la sensation d’une clarté plus vive, d’une intensité
de lumière croissant avec une telle rapidité, que les nuances
fournies par le dictionnaire ne suffiraient pas à exprimer ce
surcroît toujours renaissant d’ardeur et de blancheur. Alors je
conçus pleinement l’idée d’une âme se mouvant dans un
milieu lumineux, d’une extase faite de volupté et de connaissance, et planant au-dessus et bien loin du monde naturel.
Extrait de Richard Wagner et Tannhäuser à Paris, 1861
’’
L’ALBATROS
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
CHARLES BAUDELAIRE
Spleen et Idéal II, Les Fleurs du mal,1857
RICHARD WAGNER
SOLITUDE DE LOHENGRIN,
SOLITUDE DE L’ARTISTE
De ce moment cessa progressivement d’exister pour moi,
dans son principe même, le domaine de l’art moderne. Mais
dans quelle situation étais-je moi-même. Et quelle pouvait
être l’humeur qui me poussait maintenant, et justement maintenant, face à ces événements, à ces impressions, à me jeter
au travail afin de composer Lohengrin ? C’est ce que je veux
essayer de rendre clair à mes amis et à moi-même, pour
expliquer du même coup le sens qu’avait pris pour moi le
poème de Lohengrin et comment ce sens n’était perceptible
qu’à un artiste.
J’étais alors devenu si conscient de ma solitude artistique
que je ne pouvais plus que puiser dans ce sentiment luimême l’impulsion et la force de me communiquer à mon
entourage. Si, sans aucune idée claire de la possibilité de me
faire comprendre, je me sentais cependant porté à tout faire
pour y parvenir, cela ne pouvait s’expliquer que par la qualité
particulière de rêve et de désir qu’il y avait dans mon sentiment de solitude. [...]
Lohengrin cherchait la femme qui crût en lui ; qui ne
demandât pas qui il était et d’où il venait, mais qui l’aimât
comme il était et tel qu’il lui apparaissait. Il cherchait la
femme devant laquelle il n’eût pas à s’expliquer, à se justifier,
qui l’aimât inconditionnellement. Et c’est pour cela qu’il
devait cacher sa nature supérieure ; ne pas découvrir, ne pas
184
SOLITUDE DE LOHENGRIN
révéler cette supériorité – supériorité reçue – était pour lui la
seule garantie de n’être pas seulement admiré, regardé avec
étonnement, ou humblement adoré comme quelqu’un qu’on
ne comprend pas.
Ce qu’il réclamait n’était ni l’admiration ni l’adoration,
mais la seule chose qui pût le délivrer de sa solitude, apaiser
son désir, à savoir l’amour, être aimé, être compris par
l’amour. De toute la hauteur de son intelligence, du plus profond savoir de sa conscience, il ne voulait ni être ni devenir
autre chose que pleinement, entièrement homme, avec toute
la chaleur qu’un homme peut ressentir et faire ressentir, un
homme enfin, et non Dieu, c’est-à-dire l’artiste absolu. Voilà
comment il désire la femme, – le cœur humain. Et voilà pourquoi il descend de sa hauteur, pourquoi il renonce au bonheur austère de sa solitude à l’appel de cette femme, de ce
cœur là-bas en détresse parmi les hommes. Mais il ne peut
séparer de lui l’auréole faisant deviner la supériorité qui lui a
été conférée : il ne peut apparaître autrement que merveilleux ; l’étonnement du commun, l’envie, projettent des
ombres jusque dans le cœur de la femme aimante ; doute et
jalousie lui prouvent qu’il n’a pas été compris, mais seulement adoré, et lui arrachent l’aveu de son caractère divin ; il
retourne alors, anéanti, à sa solitude. [...]
Je mets le doigt ici sur l’aspect principal du tragique dans
la situation de l’artiste véritable face à la vie du présent, la
même situation à laquelle j’ai donné sa forme artistique avec
le sujet de Lohengrin : le désir le plus contraignant et le plus
naturel de cet artiste est d’être accepté et compris sans réserve par le sentiment ; et l’impossibilité – provoquée par la
situation de l’art dans la vie moderne – de rencontrer ce sentiment sans préjugé ni doutes, avec la détermination nécessaire pour que la compréhension ait lieu, la contrainte où est
l’artiste quand il veut se communiquer de s’adresser non pas
au sentiment, mais presque uniquement à l’entendement critique, voilà où se trouve en premier lieu le tragique qu’artiste
moi-même je devais ressentir et dont plus tard, au cours de
mon évolution, je devais devenir si conscient, que je finis par
entrer en révolte ouverte contre l’oppression qu’il exerçait.
Extrait de Une communication à mes amis,
traduction de Jean Launay, © Mercure de France, 1976
THOMAS MANN
LA BEAUTÉ FAIT MAL
Le mécanisme du réveil se déclencha et fit entendre son
ponctuel et cruel vacarme. C’était un bruit rauque et intermittent, un claquement plutôt qu’une sonnerie, car le réveil
était vieux et usé, mais la sonnerie remontée à fond se prolongeait désespérément. Hanno Buddenbrook eut un sursaut
violent. Comme tous les matins au brusque déclic de ce
vacarme à la fois cruel et vigilant, qui éclatait là sur la table
de nuit, contre son oreille, ses entrailles se contractèrent de
colère, de douleur et de désespoir. Mais il demeura extérieurement calme, ne changea pas de position dans son lit et se
contenta d’ouvrir brusquement les yeux, tiré de quelque
vague rêve matinal. [...]
Tandis qu’il demeurait étendu sur le dos, somnolent, les
nerfs tendus, luttant pour se décider à allumer et à quitter
son lit, peu à peu la conscience de ce qui l’avait occupé la
veille lui revint.
La veille était un dimanche, et après avoir dû se laisser
maltraiter plusieurs jours de suite par M. Brecht, il avait été
autorisé, en récompense, à accompagner sa mère au Théâtre
municipal, où l’on donnait Lohengrin.
Le plaisir qu’il s’était promis de cette soirée avait rempli
toute sa semaine. Ce qui était lamentable, c’était qu’avant de
pareilles fêtes il y eût tant de choses répugnantes à avaler qui
en gâtaient l’heureuse et libre perspective jusqu’au dernier
moment. Mais enfin, le samedi, il était venu à bout de sa
186
LA BEAUTÉ FAIT MAL
semaine de classe, la foreuse mécanique du dentiste avait
pour la dernière fois travaillé dans sa bouche avec son douloureux bourdonnement. Il avait tout liquidé ou ajourné, car
il avait promptement résolu de remettre après le dimanche
soir la préparation des devoirs de classe. Que signifiait le
lundi ? Était-il vraisemblable qu’il dût jamais poindre ? On
ne croit pas au lundi, quand on doit entendre Lohengrin le
dimanche soir. Son intention était de se lever de bonne heure
le lundi et d’expédier ses tâches absurdes – et motus. Il avait
eu un jour de flânerie, il avait goûté la joie suprême en rêvassant à son piano et oublié toute espèce d’adversité.
Puis le bonheur était devenu réalité. Il avait fondu sur
lui avec toutes ses extases sacrées, ses frissons, son tremblement, ses sanglots intérieurs, toute son ivresse débordante et insatiable. Sans doute les violons mal rétribués de
l’orchestre municipal avaient un peu flanché dans le prélude, et un gros homme prétentieux, à la barbe filasse, était
arrivé dans la barque qui s’avançait par saccades. Dans la
loge voisine, M. Stéphane Kistenmaker avait grommelé
qu’on distrayait cet enfant en le détournant de ses devoirs.
Mais la douce et lumineuse splendeur qui l’inondait l’avait
élevé au-dessus de ces misères.
Pourtant, la fin était venue. Ce bonheur chantant et scintillant s’était tu, éteint ; il s’était retrouvé chez lui, dans sa
chambre, la tête enfiévrée, et s’était aperçu que quelques
heures de sommeil dans son lit le séparaient de la grisaille
quotidienne. Alors, il avait succombé à l’un de ces accès de
découragement total qu’il connaissait si bien. Il avait éprouvé
à nouveau que la beauté fait mal, senti à quelle profondeur de
honte et de nostalgie désespérée elle nous plonge et comment
elle anéantit le courage et la faculté même de vivre l’existence
vulgaire. Ce sentiment horrible et désespérant l’avait écrasé
comme un bloc massif, et il s’était redit que, en dehors de ses
chagrins personnels, un fardeau devait poser sur lui qui,
d’emblée, avait alourdi son âme et qui l’étoufferait un jour.
Extrait des Buddenbrook,
traduction de Geneviève Bianquis, © Fayard, 1965
CARNET de NOTES
Richard Wagner
Repères biographiques
&
Notice bibliographique
—
Lohengrin
Discographie sélective
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
WAGNER
1813.
Défaite de Napoléon
dans la « bataille des Nations »
à Leipzig.
1813.
Naissance à Leipzig le 27 mai.
Son père meurt le 23 novembre.
1814-1815.
Congrès de Vienne. Création de
la Confédération germanique :
39 états dont la Prusse
et l’Autriche.
1815.
Abdication de Napoléon 1er.
1814.
Le peintre Ludwig Geyer
épouse Johanna Wagner,
mère de Richard.
La famille s’installe à Dresde.
1818.
Début du Zollverein, union
douanière d’une vingtaine
d’états réunis autour
de la Prusse.
Avènement de Charles X.
1820.
Premières leçons de piano.
1822.
Assiste à la première dresdoise
du Freischützde Weber.
Entre à la Kreuzschule
de Dresde.
1826.
Traduit douze livres de
L’Odysséed’Homère.
1827.
Quitte Dresde pour Leipzig.
1828.
Premières leçons d’harmonie.
190
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1813.
Naissance de Verdi.
Rossini, L’Italienne à Alger.
1813.
Naissance de Georg Büchner.
1814.
Beethoven, Fidelio.
1814.
Goya, Il dos de mayo
1816.
Débuts de la publication des
légendes allemandes des frères
Grimm.
Laennec, invention du stéthoscope.
1819.
Naissance d’Offenbach.
1819-1821.
Hoffmann, Les Contes des Frères
Sérapion.
1820.
Lamartine, Méditations.
1821.
Weber, Der Freischütz.
1824.
Naissance de Bruckner.
Beethoven,
Neuvième Symphonie.
1822.
Pouchkine, Eugène Onéguine.
Mort d’E.T.A. Hoffmann.
1823.
Niepce et Daguerre : invention
de la photographie.
1827.
Schubert, Le Voyage d’hiver.
Mort de Beethoven.
1828.
Mort de Schubert.
Auber, La Muette de Portici.
191
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
WAGNER
1829.
Premières compositions :
sonates pour piano, quatuor
à cordes (œuvres perdues).
1830.
Insurrection des Trois
Glorieuses et instauration
de la Monarchie de juillet.
Louis-Philippe devient roi
des Français.
Révolte des Polonais contre
les Russes.
Soulèvement des Belges
contre les Néerlandais et
indépendance de la Belgique.
1830.
Entre à la Thomasschule
de Leipzig
1831.
Compose son opus 1, sonate
pour piano en si bémol majeur.
1833.
Devient pour un an chef des
chœurs au théâtre de
Wurzbourg.
1834.
Termine son premier opéra :
Les Féesd’après Carlo Gozzi.
Débuts comme chef lyrique
avec Don Giovanni à Bad
Lauchstâdt. Il y rencontre
Minna Planer, une actrice dont
il tombe amoureux.
1835.
Attentat de Fieschi contre
Louis-Philippe.
1835.
A l’occasion d’un voyage de
travail, il découvre Bayreuth
avec intérêt.
1836.
Création à Magdebourg de La
Défense d’aimer, son deuxième
opéra d’après Mesure pour
mesurede Shakespeare.
Mariage avec Minna Planner.
1837.
Nommé directeur musical du
théâtre de Königsberg en avril,
puis de Riga en juin.
192
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1830.
Berlioz, Symphonie fantastique.
1830.
Hugo, Hernani
Balzac, début de La Comédie
humaine.
1831.
Bellini, Norma.
1832.
Mort de Goethe.
1833.
Naissance de Brahms.
1835.
Büchner, La Mort de Danton.
1836.
Meyerbeer, Les Huguenots.
1836.
Débuts de l’industrie de la
fonte au Creusot.
193
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
WAGNER
1837.
Rédige un essai admiratif sur le
compositeur Bellini.
1839.
Quitte Riga pourchassé par ses
créanciers. Arrive en France
avec sa femme le 20 août.
Rencontre Meyerbeer et assiste
à Roméo et Juliettede Berlioz.
1841.
En novembre, achèvement du
Vaisseau fantôme.
1842.
Quitte la France en avril.
Création avec beaucoup de
succès de Rienzi,
son troisième opéra.
1843.
Dirige la création du Vaisseau
fantôme à Dresde.
1845.
Dirige la création de
Tannhäuser à Dresde.
194
1848.
Révolutions en Europe.
Fondation de la IIe République
en France.
1848.
Dirige le Stabat Mater de
Palestrina dans sa propre
édition.
1849.
Échec du mouvement
révolutionnaire en Italie.
1849.
Se lie avec Bakounine et prend
part au mouvement
révolutionnaire à Dresde. Fait
l’objet d’un mandat d’arrêt.
Se réfugie en Suisse. S’établit à
Zurich où il rédige L’Art et la
Révolutionet termine L’Œuvre
d’art de l’avenir.
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1839.
Stendhal, La Chartreuse de
Parme.
1840.
Naissance de Tchaïkovski.
1840.
Mort du peintre Caspar David
Friedrich.
1843.
Mendelssohn, Le Songe d’une
nuit d’été.
1848.
Mort de Donizetti.
1847.
Chateaubriand, Mémoires
d’outre-tombe.
1849.
Otto Nicolaï, Les Joyeuses
Commères de Windsor.
195
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
1851.
2 décembre : coup d’état de
Louis Napoléon Bonaparte
1852.
Fondation du Second Empire.
WAGNER
1850.
Création de Lohengrin à
Weimar sous la direction
de Franz Liszt.
Fait un court passage à Lyon
qui évoque pour lui le siège de
la ville pendant la Convention,
décrit par Lamartine dans
Histoire des Girondins.
1852.
Fait la connaissance du
banquier Otto Wesendonck et
de sa femme Mathilde avec qui
il aura une relation passionnée.
1853.
A Paris, rencontre Cosima, fille
de Liszt, âgée de quinze ans.
1854.
Guerre de Crimée.
Mariage de l’empereur
d’Autriche François-Joseph et
d’Elisabeth de Wittelsbach,
dite Sissi.
1854.
Son couple commence à battre
de l’aile.
1855.
Dirige à Londres, y est reçu par
la reine Victoria, y fait plus
ample connaissance avec
Berlioz qui y séjourne aussi.
1857.
Met en musique cinq poèmes
de Mathilde Wesendonck :
les Wesendonck Lieder.
1858.
Attentat d’Orsini contre
Napoléon III.
1860.
Traité de Turin : la Savoie et
Nice deviennent françaises.
196
1861.
Création mouvementée de
Tannhäuser à l’Opéra de Paris.
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1851.
Heine, Romancero.
1854.
Naissance de Leos Janácek.
Liszt, Les Préludes, FaustSymphonie.
1855.
Suicide de Gérard de Nerval
1856.
Mort de Robert Schumann.
Le critique Eduard Hanslick,
grand adversaire de Wagner,
publie son essai majeur, Du
beau dans la musique.
1856.
Naissance de Siegmund Freud.
1858.
Offenbach, Orphée aux Enfers.
1860.
Naissance de Mahler.
1860.
Naissance du peintre James
Ensor.
197
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
WAGNER
1862.
Revoit Cosima Liszt qui a
épousé le chef d’orchestre Hans
von Bülow.
Séparation d’avec Minna.
1863.
S’installe à Vienne. Ennuis
financiers. Doit fuir devant ses
créanciers l’année suivante.
1864.
Avènement de Louis II de
Bavière. Admirateur de Wagner,
il règle ses problèmes financiers et l’installe à Munich.
Début de sa vie commune
avec Cosima.
1865.
Naissance de sa première fille
avec Cosima : Isolde.
Création de Tristan et Isoldeà
Munich sous la direction de
Hans von Bülow.
L’hostilité de la cour et du
peuple bavarois oblige Louis II
à bannir le compositeur.
1866.
Guerre austro-prussienne qui
établit l’hégémonie de la Prusse.
1866.
S’installe avec Cosima à
Triebschen, sur le lac des
Quatre-Cantons.
1867.
1867.
L’Empire autrichien est remplacé Naissance d’Eva, deuxième fille
par la double monarchie
du couple.
d’Autriche-Hongrie.
1868.
Création triomphale des
Maîtres-Chanteurs de
Nuremberg à Munich, sous la
direction de Hans von Bülow.
198
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1862.
Naissance de Debussy.
1863.
Berlioz, Les Troyens.
1863.
Naissance du poète Richard
Dehmel.
1864.
Naissance de Richard Strauss.
Création des Fées du Rhin
d’Offenbach à l’Opéra
de Vienne.
1865
Mallarmé, L’Après-midi
d’un faune.
1866.
Naissance de Vassili
Kandinsky.
1867.
Verdi, Don Carlos.
1867.
Mort de Baudelaire.
1868.
Mort de Rossini.
1868.
Naissance de Claudel.
199
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
WAGNER
1868.
Rencontre Nietzsche à Leipzig.
1869.
Naissance de son fils Siegfried.
Création de L’Or du Rhin
à Munich.
1870-1871.
Guerre franco-prussienne.
Défaite de la France. Fondation
de la IIIe République.
L’Alsace et la Moselle deviennent allemandes. Guillaume Ier
devient empereur du 2e Reich
allemand.
1870.
Création de La Walkyrie
à Munich.
Mariage avec Cosima au temple
protestant de Lucerne.
Création à Triebschen de
Siegfried Idyll, cadeau
d’anniversaire à Cosima.
1872.
Pose de la première pierre du
Festspielhaus à Bayreuth où les
Wagner s’installent.
1874.
Achève la composition du
Crépuscule des dieux.
1875.
Création du parti marxiste des
travailleurs allemands.
1876.
Premier festival de Bayreuth :
création du cycle complet de
L’Anneau du Nibelung sous la
direction de Hans Richter.
1877.
Achève le livret et commence la
composition de Parsifal .
200
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1869.
Mort de Berlioz.
1869.
Émile Zola, La Fortune des
Rougon, premier volet de
“Histoire naturelle et sociale
d’une famille sous le Second
Empire”.
1870.
Naissance de Franz Lehár.
1870.
Début des fouilles de
Schliemann à Hissarlik
(Turquie) site présumée de
Troie.
1871.
Naissance de Marcel Proust.
1872.
Claude Monet, Impression,
soleil levant.
Nietzsche, La Naissance
de la tragédie.
1874.
Naissance de Schoenberg.
Moussorgski : Boris Godounov.
Johann Strauss,
La Chauve-souris.
1874.
Naissance de Hugo
von Hoffmansthal.
1875.
Inauguration du Palais-Garnier.
Bizet, Carmen. Mort de Bizet.
Naissance de Ravel.
1875.
Naissance de Thomas Mann.
1877.
Chabrier, L’Étoile.
1877.
Edison invente le phonographe.
1876.
Graham Bell invente
le téléphone.
201
RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES
HISTOIRE
1879.
Le Congrès de Berlin créée
les États des Balkans.
L’Autriche-Hongrie s’allie
avec l’Allemagne.
202
WAGNER
1880.
Pour des raisons de santé, les
Wagner quittent Bayreuth et
s’installent en Italie, sur la baie
de Naples.
Exécution privée du prélude de
Parsifal pour Louis II de
Bavière qu’il rencontre
pour la dernière fois.
1881.
France : l’enseignement
primaire devient obligatoire,
laïc et gratuit.
Signature de la triple alliance
entre l’Allemagne, l’AutricheHongrie et l’Italie.
1881.
Premiers symptômes d’une
maladie cardiaque.
1882.
Mort de Garibaldi.
1882.
Portrait par Auguste Renoir.
Création de Parsifal à Bayreuth
sous la direction
d’Hermann Levi.
Les Wagner s’installent
à Venise.
1883.
Mort de Karl Marx.
Naissance de Mussolini.
Création des assurances
sociales en Allemagne.
1883.
Meurt d’une crise cardiaque le
13 février.
Est enterré dans le jardin de
Wahnfried, sa maison de
Bayreuth.
WAGNER & SON TEMPS
MUSIQUE
LITTÉRATURE
SCIENCE & ARTS
1879.
Naissance de Paul Klee.
1881.
Naissance de Bartók.
1882.
Naissance de Stravinsky.
1882.
Naissance de James Joyce.
1883.
Naissance de Webern et de
Varèse.
1883.
Nietzsche, Ainsi parlait
Zarathoustra .
203
RICHARD WAGNERNOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
RICHARD WAGNER. Une communication à mes amis, suivie de Lettre
sur la musique, Mercure de France, 1976.
RICHARD WAGNER. Ma Vie, Buchet-Chastel, 1978.
Sur le compositeur
MARCEL SCHNEIDER. Wagner, Collection Solfège,
Éditions de la Baconnière, 1968.
HANS MAYER. Sur Richard Wagner, L’Arche éditeur, 1977.
THOMAS MANN. Wagner et notre temps,Hachette Pluriel, 1978.
ALFRED LAVIGNAC . Le Voyage artistique à Bayreuth, Stock, 1980.
GEORG OSWALD BAUER. Richard Wagner, opéras de la création
à nos jours, Vilo, 1983.
PHILIPPE GODEFROID. Richard Wagner, l’opéra de la fin du monde,
Découvertes / Gallimard, 1988.
MARTIN GREGOR-DELLIN. Richard Wagner, sa vie, son œuvre,
son siècle,Fayard, 1991.
Sous la direction de BARRY MILLINGTON. Wagner – Guide raisonné,
Fayard, 1996.
Sur Lohengrin
FRANZ LISZT. Lohengrin et Tannhäuser, Adef – Albatros, 1980.
L’Avant-Scène / Opéra, numéros 143/144, 1992.
Sur l’œuvre de Wagner à Lyon
JACQUES BARIOZ. Wagner à Lyon, chronique d’un grand siècle,
Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire / Cercle Richard-Wagner
de Lyon, 2002.
204
LOHENGRIN DISCOGRAPHIE SÉLECTIVE
EUGÈNE JOCHUM. Orchestre et chœurs du festival de Bayreuth
Theo Adam (Le Roi Henri), Wolfgang Windgassen (Lohengrin),
Birgit Nilsson (Elsa), Hermann Uhde (Telramund),
Astrid Varnay (Ortrude), Dietrich Fischer-Dieskau (Le Héraut)
Enregistrement public – 1954 – Archipel
ANDRÉ CLUYTENS. Orchestre et chœurs du festival de Bayreuth
Kieth Engen (Le Roi Henri), Sandor Konya (Lohengrin),
Leonie Rysanek (Elsa), Ernest Blanc (Telramund),
Astrid Varnay (Ortrude), Eberhard Wächter (Le Héraut).
Enregistrement public – 1958 – Myto
RUDOLF KEMPE. Orchestre philharmonique de Vienne
Chœur de l’Opéra de Vienne
Gottlob Frick (Le Roi Henri), Jess Thomas (Lohengrin),
Elisabeth Grümmer (Elsa), Dietrich Fischer-Dieskau
(Telramund), Christa Ludwig (Ortrude),
Otto Wiener (Le Héraut)
1964 – EMI
CLAUDIO ABBADO. Orchestre philharmonique de Vienne
Chœur de l’Opéra de Vienne
Kurt Moll (Le Roi Henri), Siegfried Jerusalem (Lohengrin),
Cheryl Studer (Elsa), Hartmut Welker (Telramund),
Waltraud Meier (Ortrude), Thomas Hampson (Le Héraut).
1992 – DGG
205
DANS LA MÊME COLLECTION
—
LUDWIG VAN BEETHOVEN, Fidelio, 2003
ALBAN BERG, Wozzeck,2003
EMMANUEL CHABRIER, Le Roi malgré lui, 2005
DIMITRI CHOSTAKOVITCH, Moscou, quartier des cerises,2004
CLAUDE DEBUSSY, Pelléas et Mélisande, 2004
PASCAL DUSAPIN, Faustus, The last night, 2006
HANS WERNER HENZE, L’Upupa & le triomphe de l’amour filial, 2005
LEOS JAN ÁCEK, Jenufa, 2005
Kátia Kabanová, 2005
L’Affaire Makropoulos, 2005
GEORG-FRIEDRICH HAENDEL, Alcina, 2006
M ICHAËL LEVINAS, Les Nègres,2004
CLAUDIO M ONTEVERDI, L’Orfeo, 2004
Le Couronnement de Poppée,2005
WOLFGANG A MADEUS M OZART, La Flûte enchantée, 2004
Cosi fan tutte, 2006
JACQUES OFFENBACH, Les Contes d’Hoffmann,2005
JEAN -PHILIPPE RAMEAU, Les Boréades, 2004
RICHARD S TRAUSS, Ariane à Naxos, 2005
TAN DUN, Tea, 2004
PIOTR ILLITCH T CHAÏKOVSKI, Mazeppa, 2006
GIUSEPPE VERDI, Falstaff, 2004
KURT W EILL, Le Vol de Lindbergh, Les Sept Péchés capitaux,2006
Chargé d’édition
Jean Spenlehauer
Conception & Réalisation
Brigitte Rax / Clémence Hiver
Impression
Imprimerie Lussaud
Opéra national de Lyon
Saison 2006/07
Directeur général
Serge Dorny
OPÉRA NATIONAL DE LYON
Place de la Comédie
69001 Lyon
Renseignements & Réservation
0.826.305.325 (0,15 e/mn)
www.opera-lyon.com
L’Opéra national de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et
de la Communication, la Ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes
et le conseil général du Rhône.
Pour la présente édition
© Opéra national de Lyon, 2006
ACHEVÉ d’IMPRIMER
le 21 septembre 2006, pour les représentations
de Lohengrin, à l’Opéra national de Lyon
dans une mise en scène de Nikolaus Lehnhoff
et sous la direction musicale
de Lothar Koenigs

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