L O H E N G R I N
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RICHARD WAGNER LOHENGRIN Livret du compositeur Opéra romantique en trois actes 1850 OPERA de LYON Illustration. Gravure de MARTIN SCHONGAUER, Médaillon au cygne (vers 1470-1480), Musée d’Unterlinden, Colmar LIVRET 9 13 17 22 68 126 Fiche technique L’argument Les personnages LOHENGRIN Erster Aufzug / Premier acte Zweiter Aufzug / Deuxième acte Dritter Aufzug / Troisième acte CAHIER de LECTURES Correspondance Wagner / Liszt 171 Fais jouer mon Lohengrin Gérard de Nerval 173 Souvenir de la création de Lohengrin Richard Wagner 176 Mythologies I Charles Baudelaire 178 Mythologie II 3 Franz Liszt 180 Wolfram von Eschenbach, Lohengrin et le Graal Richard Wagner 182 Le Prélude de Lohengrin / I Franz Liszt 183 Le Prélude de Lohengrin / II Charles Baudelaire 185 Le Prélude de Lohengrin / III 187 L’Albatros Richard Wagner 188 Solitude de Lohengrin, solitude de l’artiste Thomas Mann 190 La beauté fait mal CARNET de NOTES Richard Wagner 194 Repères biographiques 208 Notice bibliographique Lohengrin 209 Discographie sélective LIVRET En 1841, alors qu’il réside à Paris, Wagner prend connaissance de la légende de Lohengrin dans un numéro des Études historiques et littérairesde la Société royale allemande de Königsberg. Dès lors, il projette d’en faire un opéra. Il commence à y travailler concrètement lors d’un séjour à Marienbad en juillet et août 1845. Le texte du livret est achevé le 27 novembre 1845. Le manuscrit original du livret daté de ce jour est conservé à la Bibliothèque nationale d’Autriche à Vienne. PARTITION Wagner commence le travail de composition au printemps 1846 et d’orchestration en septembre de la même année. Pour ce dernier, il commence par le troisième acte. Une ébauche complète, comprenant le prélude est achevée le 29 août 1847. La partition complète de l’œuvre est achevée le 28 avril 1848. Le manuscrit autographe daté de ce jour est conservé aux Archives nationales de la Fondation Richard-Wagner à Bayreuth. 5 PERSONNAGES HENRICH DER VOGLER, deutscher König HENRI L’OISELEUR, roi allemand LOHENGRIN ELSA VON BRABANt / ELSA DE BRABANT HERZOG GOTTFRIED, ihr Bruder LE DUC GODEFROI, son frère FRIEDRICH VON TELRAMUND, brabantischer Graf FRÉDÉRIC DE TELRAMUND, comte brabançon ORTRUD, sein Gemahlin ORTRUDE, son épouse DER HEERUFER des Königs LE HÉRAUT du roi VIER BRABANTISCHE EDLE QUATRE NOBLES BRABANÇONS VIER EDELKNABEN / QUATRE ÉCUYERS 6 Basse Ténor Soprano Rôle muet Baryton Soprano Basse Ténors & Basses Sopranos & Altos ORCHESTRE 3 flûtes dont 1 piccolo 2 hautbois 1 cor anglais 2 clarinettes 2 bassons 4 cors 2 cornets 2 trompettes 3 trombones 1 tuba Timbales Percussions : grosse caisse, cymbale, triangle, tambourin, tambour. Harpe Cordes Musique de scène Acte II, scène 12 & 14 Acte III, scène 15 3 cors 4 trompettes 3 trombones 1 tuba 1 caisse claire 1 tambour militaire Orgue DURÉE MOYENNE 3 heures 30 minutes CRÉATION 28 août 1850 au Grossherzogliches Hoftheater de Weimar Direction musicale. Franz Liszt AvecMM. Batsch (Le Roi Henri), Beck (Lohengrin), Von Wilde (Telramund) et Mesdames Agthe (Elsa) et Fasztlinger (Ortrude) CRÉATION en FRANCE 21 mars 1881 à Nice dans une version en italien Direction musicale.Romeo Accursi AvecEmile Cossira dans le rôle-titre L’ŒUVRE à LYON 26 février 1891, création à Lyon Direction musicale. Alexandre Luigini AvecMM. Bourgeois (Le Roi Henri), Massart (Lohengrin), Noté (Telramund) et Mesdames Janssen (Elsa) et Bossy (Ortrude). 7 1976, au Théâtre romain de Fourvière Direction musicale.Serge Baudo Mise en scène.Jean-Claude Riber Décors & costumes.Jacques Rapp AvecSiegfried Vogel (Le Roi Henri), Guy Chauvet (Lohengrin), Siv Wennberg (Elsa), Hermann Becht (Telramund), Krystina Szostek-Radkowa (Ortrude), Vladimir de Kanel (Le Héraut) 1987, à l’Auditorium Maurice-Ravel Direction musicale.Woldemar Nelsson Mise en scène.Jacques Karpo Décors et costumes. Ghislain Uhry AvecJohn Macurdy (Le Roi Henri), Paul Frey (Lohengrin), Mechtild Gessendorf (Elsa), Hermann Becht (Telramund), Nadine Denize (Ortrude), Pierre-Yves Le Maigat (Le Héraut) 8 PREMIER ACTE Anvers, sur les rives de l’Escaut. Première moitié du Xe siècle. Le roi allemand HENRI 1er L’OISELEUR, est venu en Brabant demander le concours des hommes de cette province pour repousser une nouvelle fois des envahisseurs venus de l’Est. Mais, devant l’assemblée des nobles et du peuple, il s’étonne de trouver le Brabant sans chef, en proie aux dissensions. Le comte FRÉDÉRIC DE T ELRAMUND lui en expose les motifs : après la mort du duc régnant, il avait été chargé de la tutelle du duc héritier, Godefroi, et de sa sœur, Elsa. Or, celle-ci est revenue un jour de la forêt sans son frère, disparu. TELRAMUND accuse donc Elsa du meurtre de son frère. Il a lui-même renoncé à épouser la princesse et a pris pour femme Ortrude, de la vieille lignée de Radbod. Il demande le Brabant pour lui. On fait comparaître ELSA qui ne répond pas à l’accusation, mais évoque un chevalier qui lui est apparu en rêve et qui viendra la sauver. Le ROI décide de provoquer le jugement de Dieu. Frédéric se battra contre le champion qui acceptera de défendre Elsa. Pour qu’il se dévoile, LE HÉRAUT DU ROI lance un appel, auquel succède le silence, puis un autre, qui reste également sans réponse. ELSA supplie Dieu d’exaucer son vœu et c’est alors qu’on voit apparaître un chevalier, dans une barque tirée par un cygne. Après avoir fait ses adieux à son guide, le chevalier propose à ELSA de combattre pour elle et, s’il est victorieux, de 9 l’épouser. Mais il pose une condition : qu’elle ne lui demande jamais d’où il vient, ni quel est son nom, ni quelle est sa lignée. ELSA accepte. Le chevalier combat à l’épée avec FRÉDÉRIC et gagne. Il lui laisse la vie. DEUXIÈME ACTE 10 Au château d’Anvers. C’est la nuit. Sous les fenêtres, FRÉDÉRIC et ORTRUDE observent avec amertume les lumières de la fête qu’on donne en l’honneur d’Elsa et du chevalier inconnu. FRÉDÉRIC reproche violemment à sa femme de l’avoir incité, par ses témoignages, à porter accusation contre Elsa. Il est brisé par la honte et le désespoir : Dieu l’a jugé. Mais ORTRUDE ne crois pas au jugement de Dieu et ne s’avoue pas vaincue. Pour elle, le chevalier n’est qu’un magicien qu’elle pourra confondre facilement : s’il était forcé à dire son nom et sa lignée, toute sa force serait anéantie. Il s’agit donc de semer le doute dans l’esprit d’Elsa pour l’inciter à poser la question interdite. FRÉDÉRIC accusera publiquement le chevalier d’avoir utilisé la magie et ORTRUDE se chargera d’Elsa. Celle-ci apparaît sur la terrasse. ORTRUDE l’appelle et lui dit sa souffrance. Prise de pitié, ELSA va descendre vers elle. Avant qu’elle n’arrive, ORTRUDE invoque l’aide de ses dieux anciens et profanés : Wotan, Freia. ELSA émue par l’abaissement d’ORTRUDE, l’invite à être à ses côtés lorsqu’elle se rendra à la cathédrale pour épouser son chevalier. Dès lors, ORTRUDE commence son travail de sape, insinuant que le chevalier pourrait bien repartir comme il est venu. Le jour se lève, on se rassemble devant la cathédrale. LE HÉRAUT du roi annonce que TELRAMUND est condamné à l’exil et que l’armée se mettra en marche, sous les ordres du chevalier, dès la fin des fêtes nuptiales. Le cortège d’E LSA approche. Mais ORTRUDE se dresse devant la princesse. Avec violence, elle refuse de la suivre comme une servante, défend l’honneur de Telramund et met en doute celui du chevalier qui a interdit qu’on lui demande son nom et ses origines. La scène est interrompue par l’arrivée du ROI et du chevalier qui s’enquièrent de la querelle. ELSA, traumatisée, demande protection à son fiancé qui la console. Alors que le cortège se reforme, c’est TELRAMUND qui intervient pour affirmer qu’il est victime d’une injustice et que le jugement de Dieu a été souillé par un sorcier. Et puisque personne ne l’a fait, il demande au chevalier quel est son nom, quelle est sa lignée. Mais le chevalier affirme que seule ELSA a le pouvoir de l’interroger. Celle-ci affirme que son amour saura vaincre la force du doute, et ainsi reconnaît que le doute agit en elle. Mais pour l’heure, les fiancés se dirigent vers la cathédrale, sous le regard d’ORTRUDE, sûre de sa victoire. TROISIÈME ACTE Conduits par un chœur nuptial, les nouveaux époux ont gagné leurs appartements. Seuls tous deux, ils chantent les douceurs et les délices de leur amour, se rappellent leurs rêves, leur première rencontre. Tout doucement, presque hésitante, ELSA amène le dialogue sur la question du nom de son époux : il pourrait le lui confier, elle le cacherait au monde, aucune menace ne le lui arracherait. Puis elle se fait plus anxieuse, plus violente, l’accusant de vouloir repartir. Elle croit entendre le cygne revenir pour le chercher et, dans son angoisse, pose la question interdite : quel est ton nom ? Alors FRÉDÉRIC surgit, l’épée dégainée. Mais c’est le chevalier qui le frappe et le tue. Le chevalier inconnu annonce qu’il répondra à la question d’ELSA devant le roi. Sur les rives de l’Escaut comme au premier acte, les hommes sont rassemblés pour partir en guerre, mais celui qui doit les commander, tarde à arriver. Il est précédé par QUATRE NOBLES portant le corps de Telramund, puis par ELSA, complètement défaite. Tous s’interrogent. Le chevalier apparaît, se justifie du meurtre de Frédéric puis donne réponse à son épouse : il vient du château de Montsalvat qui abrite le Graal ; il fait partie de la chevalerie qui sert le Graal et défend la vertu et le droit, à condition qu’on n’identifie pas ses membres ; c’est le Graal qui l’a envoyé vers ELSA ; il est fils du roi Parsifal, son nom est LOHENGRIN. Devant ELSA terrifiée, le cygne approche et vient chercher son chevalier. LOHENGRIN remet à ELSA son cor, son épée et son anneau pour qu’elle les remette à son frère Godefroi s’il revenait chez lui. 11 ORTRUDE triomphe. Elle sait que le cygne n’est autre que Godefroi et qu’au bout d’un an d’union entre Elsa et Lohengrin, il aurait été libéré du charme par lequel elle l’avait métamorphosé. LOHENGRIN s’est recueilli, en une prière muette. La colombe du Graal descend du ciel et le cygne se transforme : c’est le jeune duc. ORTRUDE s’effondre. Le Brabant a retrouvé un chef. ELSA est désespérée. 12 Les indications de la partition situent Lohengrin dans l’histoire, de façon assez précise : à Anvers, dans la première moitié du Xe siècle. Le ROI HENRI L’OISELEUR est un personnage qui a réellement existé : roi de Germanie de 919 à 936, il contint avec efficacité les envahisseurs venus de l’Est, Slaves et Hongrois : conflits évoqués dès le début de l’opéra. Le ROI HENRI est venu à Anvers s’assurer de la loyauté et du concours armé du duché du Brabant dans sa lutte contre l’envahisseur. Chef militaire, le ROI représente également le pouvoir politique et l’unité de la patrie. Ses appels pour la défense de l’empire allemand (Deutsche Reich) sont éloquents (et semblent faire écho aux aspirations nationalistes allemandes contemporaines de l’œuvre et qui furent aussi celles de Wagner). Le ROI est accompagné par son HÉRAUT, à la fois porte-voix, messager et chef de protocole. Cest lui qui ouvre l’opéra, annonçant aux nobles du Brabant la venue du souverain et s’assurant de leur écoute loyale avant que le ROI ne parle. Il est l’ordonnateur du jugement de Dieu. C’est lui qui annonce les décisions royales. Le HÉRAUT chante une très belle partie ; son rôle est totalement dénué d’affects, il assure ses fonctions avec une autorité et une neutralité parfaites. 13 14 Si le ROI représente le pouvoir, il est aussi le garant de la justice ; il doit juger, avec l’aide de Dieu qu’il invoque avec l’humilité du pécheur, de l’accusation de fratricide portée contre ELSA par le comte FRÉDERIC DE TELRAMUND. Au début de Lohengrin, TELRAMUND est le plus haut personnage du duché de Brabant. Tuteur du duc héritier GODEFROI et de sa sœur ELSA, il est, dans l’ordre de succession au trône, un héritier très proche. Aussi, après la disparition de GODEFROI , il affirme ses prétentions à la succession, confortées par son accusation contre ELSA. Accusation qui tombera d’elle-même après sa défaite dans son duel avec LOHENGRIN : le jugement de Dieu l’a désigné comme félon. Or, TELRAMUND était reconnu par tous et par le ROI lui-même comme un homme d’honneur, exemple de vertu et de courage, un politique et un guerrier essentiel dans la défense de l’empire. L’histoire de Lohengrin est aussi celle de sa déchéance. TELRAMUND est fortement influencée par son épouse, ORTRUDE qui, par son témoignage et ses récits, le persuade qu’ELSA a tué son frère. C’est elle encore, au deuxième acte, qui va le convaincre que sa chute est due à la tricherie du chevalier. Cet aveuglement amène TELRAMUND à la mort : au troisième acte, il surgit dans la chambre nuptiale pour tuer LOHENGRIN mais c’est lui qui est transpercé par l’épée du chevalier. ORTRUDE est l’héritière de la vieille lignée princière de Radbod, celle qui doit refleurir pour régner sur le Brabant : elle en a convaincu son époux dont l’ambition s’est nourrie de cette prédiction. Mais, dans ce cadre médiéval, baigné par une foi chrétienne d’autant plus prégnante qu’elle est récente, ORTRUDE représente avant tout le monde ancien, celui des dieux antiques. Invoquant Wotan et Freia, « dieux profanés », elle est comme la prêtresse clandestine de ces cultes voués à la disparition ; sa motivation essentielle est peut-être la restauration des dieux chassés par le christianisme qui s’est imposé comme religion d’état dans toute l’Europe occidentale. Dans cette lutte, tous les moyens lui sont bons. Elle manipule son mari, trompe la confiance d’ELSA. Elle sait que ce chevalier inconnu est son ennemi irréductible. Ses pouvoirs magiques sont réels – elle a transformé le jeune GODEFROI en cygne – mais moins puissants que ceux du Graal, dont LOHENGRIN est le dépositaire. LOHENGRIN est un personnage surnaturel, d’une pureté presque désincarnée. Il arrive de façon inattendue, dans une barque tirée par un cygne. Il se bat pour ELSA, il gagne, il la sauve. En lui proposant de l’épouser, il fait jurer à ELSA qu’elle ne l’interrogera jamais sur son nom et ses origines. ELSA ne peut tenir sa promesse. Il révèle son identité et part, non sans avoir réussi – dernière victoire sur le mal incarné par ORTRUDE – à libérer le jeune GODEFROI du charme qui l’avait transformé en cygne. LOHENGRIN est un personnage presque monolithique, son parcours dramaturgique est d’une simplicité linéaire ; envoyé par le Graal, son identité personnelle s’efface presque entièrement derrière sa mission. Il est aussi une figure de solitude et de l’errance, une sorte d’avatar autobiographique du compositeur lui-même. Si le spectateur est parfaitement informé de son nom – c’est le titre de l’œuvre – il faut noter que pour les protagonistes de l’opéra, il est le chevalier sans nom, un inconnu. Le ROI lui voue une entière confiance puisqu’il a gagné au tribunal de Dieu et lui donne la couronne du Brabant. ELSA en revanche, va se poser plus de questions... Elle est un personnage apparemment simple. Jeune fille pure, candide sinon naïve au début de l’œuvre, elle est centrée sur son rêve : un chevalier splendide va venir la sauver et l’aimer. Le rêve qu’elle raconte est un chant d’une telle intensité qu’on pourrait croire que c’est elle, par sa force, qui suscite la venue de LOHENGRIN. Dès son apparition, dès le moment où il gagne pour elle, elle lui fait don de tout ce qu’elle a, de tout ce qu’elle est. ELSA a le bonheur généreux : quand ORTRUDE, déchue comme son époux, implore sa pitié, elle n’hésite pas à lui pardonner ses errements et à l’inviter à l’accompagner, au premier rang, lors de la cérémonie nuptiale. La bonté d’ELSA la perd, elle ne se contente pas de pardonner à ORTRUDE, elle l’écoute aussi. A partir de ce moment, il est assez simple pour O RTRUDE de distiller un trouble profond dans l’esprit d’ELSA. En effet, l’exigence de l’anonymat et du secret posée par LOHENGRIN ne peut que susciter doute et interrogation sur son identité réelle et, surtout sur ses intentions : ce chevalier ne repartira-t-il pas aussi mystérieusement qu’il est arrivé ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Et bien qu’à la fin du deuxième acte, ELSA promette à LOHENGRIN 15 de mettre son amour au-dessus de ses doutes, elle n’y parviendra évidemment pas. Le doute ronge l’amour comme un acide et elle pose la question interdite. ELSA apprendra donc le nom et la lignée de son chevalier mais elle le perdra pour toujours. On peut douter que le retour de son frère sous sa forme humaine lui soit d’une grande consolation. Mais enfin le Brabant retrouve un chef avec le retour sous sa forme humaine du jeune duc GODEFROI. LOHENGRIN l’investit publiquement avant de partir à jamais : qu’il soit votre guide (Führer). La vacance du pouvoir et la crise politique qui ouvrent Lohengrin trouvent ainsi résolution à la fin de l’œuvre. 16 RICHARD WAGNER LOHENGRIN MOZART DIE ZAUBERFLÖTE Vorspiel ERSTER AUFZUG ERSTE SZENE 18 Eine Aue am Ufer der Schelde bei Antwerpen. Der Fluß macht dem Hintergrunde zu eine Biegung, so daß rechts durch einige Bäume der Blick auf ihn unterbrochen wird und man erst in weiterer Entfernung ihn wiedersehen kann. Im Vordergrunde links sitzt König Heinrich unter einer mächtigen alten Gerichtseiche; ihm zunächst stehen sächsische und thüringische Grafen, Edle und Reisige, welche des Königs Heerbann bilden. Gegenüber stehen die brabantischen Grafen und Edlen, Reisige und Volk, an ihrer Spitze Friedrich von Telramund, zu dessen Seite Ortrud. Mannen und Knechte füllen die Räume im Hintergrunde. Die Mitte bildet einen offenen Kreis. Der Heerrufer des Königs und vier Heerhornbläser schreiten in die Mitte. Die Bläser blasen den Königsruf. DER HEERRUFER Hört! Grafen, Edle, Freie von Brabant! Heinrich, der Deutschen König, kam zur Statt, Mit euch zu dingen nach des Reiches Recht. Gebt ihr nun Fried’ und Folge dem Gebot? DIE BRABANTER Wir geben Fried’ und Folge dem Gebot! (An die Waffen schlagend) Willkommen, willkommen, König, in Brabant! ACTE I SCÈNE 1 Prélude PREMIER ACTE PREMIÈRE SCÈNE Une prairie sur la rive de l’Escaut près d’Anvers. A l’arrière-plan, le fleuve décrit une courbe, de sorte qu’à droite, quelques arbres le dissimulent au regard et qu’on ne peut le voir à nouveau que dans le lointain. Au premier plan, à gauche, siège le roi Henri sous un vieux et puissant chêne de la justice ; près de lui, des comtes saxons et thuringiens, des nobles, des cavaliers, formant l’escorte du roi. A l’opposé se tiennent les comtes et les nobles brabançons, cavaliers et gens du peuple ; à leur tête, Frédéric de Telramund, à ses côtés, Ortrude. Au fond, hommes et écuyers emplissent l’espace. Le centre forme un cercle ouvert. Le héraut du roi et quatre trompettes s’avancent vers le centre. Les instruments sonnent l’appel royal. LE HÉRAUT Oyez ! Comtes, nobles, hommes libres de Brabant ! Henri, le roi allemand est venu ici Pour traiter avec vous selon le droit de l’empire. A son commandement donnez-vous paix et adhésion ? LES BRABANÇONS Nous donnons paix et adhésion à son commandement ! (Entrechoquant leurs armes) Bienvenue, bienvenue, Roi, en Brabant ! 19 RICHARD WAGNERLOHENGRIN 20 KÖNIG HEINRICH (erhebt sich) Gott grüß’ euch, liebe Männer von Brabant! Nicht müßig tat zu euch ich diese Fahrt; Der Not des Reiches seid von mir gemahnt! Soll ich euch erst der Drangsal Kunde sagen, Die deutsches Land so oft aus Osten traf? In fernster Mark hießt Weib und Kind ihr beten: »Herr Gott, bewahr’ uns vor der Ungarn Wut!« Doch mir, des Reiches Haupt, mußt’ es geziemen, Solch wilder Schmach ein Ende zu ersinnen. Als Kampfes Preis gewann ich Frieden auf neun Jahr’; Ihn nützt’ ich zu des Reiches Wehr: Beschirmte Städt’ und Burgen ließ ich bau’n, Den Heerbann übte ich zum Widerstand. Zu End’ ist nun die Frist, der Zins versagt, Mit wildem Drohen rüstet sich der Feind. (Mit großer Wärme) Nun ist es Zeit, des Reiches Ehr’ zu wahren; Ob Ost, ob West, das gelte Allen gleich! Was deutsches Land heißt, stelle Kampfesscharen, Dann schmäht wohl niemand mehr das deutsche Reich! DIE SACHSEN UND THÜRINGER (an die Waffen schlagend) Wohlauf! Mit Gott für deutschen Reiches Ehr’! DER KÖNIG (hat sich wieder gesetzt) Komm’ ich zu euch nun, Männer von Brabant, Zur Heeresfolg’ nach Mainz euch zu entbieten, Wie muß mit Schmerz und Klagen ich erseh’n, Daß ohne Fürsten ihr in Zwietracht lebt! Verwirrung, wilde Fehde wird mir kund; Drum ruf ich dich, Friedrich von Telramund! Ich kenne dich als aller Tugend Preis, Jetzt rede, daß der Drangsal Grund ich weiß. FRIEDRICH Dank, König, dir, daß du zu richten kamst! Die Wahrheit künd’ ich, Untreu’ ist mir fremd. Zum Sterben kam der Herzog von Brabant, Und meinem Schutz empfahl er seine Kinder, Elsa, die Jungfrau, und Gottfried, den Knaben; ACTE I SCÈNE 1 LE ROI HENRI (se levant) Que Dieu vous bénisse, chers hommes de Brabant ! Je n’ai pas fait ce voyage vers vous en vain ; Que je vous avertisse du péril de l’empire ! Dois-je d’abord vous dire les tourments qui venus De l’Est, touchèrent si souvent le pays allemand ? Aux frontières lointaines vous disiez aux femmes, Aux enfants, de prier : « Dieu, protège-nous de la fureur hongroise ! » Mais moi, chef de l’empire, il m’échut De mettre un terme à ce terrible outrage. Au prix du combat je gagnai neuf années de paix ; Je les ai mises à profit pour la défense de l’empire : J’ai fait construire villes fortifiées et châteaux-forts, J’ai entraîné mes armées à la résistance. A présent la trêve est finie, le tribut refusé, Avec de sauvages menaces, l’ennemi s’arme. (Avec beaucoup de chaleur) Il est temps de préserver l’honneur de l’empire ; A l’Est, à l’Ouest, cela vaut pour tous ! Que toute terre allemande lève ses armées, Personne alors n’outragera plus l’empire allemand ! LES SAXONS & LES THURINGIENS (entrechoquant leur armes) Debout ! Avec Dieu pour l’honneur de l’empire allemand ! LE ROI (qui s’est rassis) Moi qui suis venu à vous, hommes de Brabant, Pour vous prier de me faire escorte jusqu’à Mayence, Je vois avec peine et douleur Que vous vivez sans prince et dans la dissension ! J’apprends qu’il y a des troubles, de farouches querelles ; C’est pourquoi je t’appelle Frédéric de Telramund! Je te connais comme exemple de vertu, Parle à présent, je j’apprenne le motif de ce désordre. FRÉDÉRIC Merci à toi, Roi, d’être venu juger ! Je dirais le vrai, la félonie m’est étrangère. Le duc de Brabant est mort Et a placé ses enfants sous ma protection Elsa, la damoiselle, et Godefroi, le jeune garçon ; 21 RICHARD WAGNERLOHENGRIN 22 Mit Treue pflag ich seiner großen Jugend, Sein Leben war das Kleinod meiner Ehre. Ermiß nun, König, meinen grimmen Schmerz, Als meiner Ehre Kleinod mir geraubt! Lustwandelnd führte Elsa den Knaben einst zum Wald, Doch ohne ihn kehrte sie zurück; Mit falscher Sorge frug sie nach dem Bruder, Da sie, von ungefähr von ihm verirrt, Bald seine Spur – so sprach sie – nicht mehr fand. Fruchtlos war all’ Bemühn um den Verlor’nen; Als ich mit Drohen nun in Elsa drang, Da ließ in bleichem Zagen und Erbeben Der gräßlichen Schuld Bekenntnis sie uns sehn. Es faßte mich Entsetzen vor der Magd; Dem Recht auf ihre Hand, vom Vater mir verliehn, Entsagt’ ich willig da und gern, Und nahm ein Weib, das meinem Sinn gefiel: (Er stellt Ortrud vor, diese verneigt sich vor dem Könige.) Ortrud, Radbod’s, des Friesenfürsten Sproß. (Er schreitet feierlich einige Schritte vor.) Nun führ’ ich Klage wider Elsa von Brabant; Des Brudermordes zeih’ ich sie. Dies Land doch sprech’ ich für mich an mit Recht, Da ich der Nächste von des Herzogs Blut, Mein Weib dazu aus dem Geschlecht, Das einst auch diesem Lande seine Fürsten gab. Du hörst die Klage, König! Richte Recht! ALLE MÄNNER (in feierlichem Grauen) Ha, Schwerer Schuld zeiht Telramund! Mit Grau’n werd’ ich der Klage kund! DER KÖNIG Welch fürchterliche Klage sprichst du aus! Wie wäre möglich solche große Schuld? FRIEDRICH O Herr, traumselig ist die eitle Magd, Die meine Hand voll Hochmut von sich stieß. ACTE I SCÈNE 1 Fidèlement je veillais sur sa grande jeunesse, Sa vie était le trésor de mon honneur. Mesure à présent, Roi, ma rage et ma douleur Quand le trésor de mon honneur me fut dérobé ! Un jour se promenant, Elsa emmena le garçon en forêt, Mais elle revint sans lui ; Avec une feinte inquiétude, elle s’enquit de son frère Qu’elle avait perdu par hasard Et dont – disait-elle – elle n’avait retrouvé trace. Tous les efforts pour le retrouver furent vains ; Comme je pressais Elsa de menaces, Par sa pâleur, ses hésitations, ses tremblements, Elle nous montra l’aveu de son terrible crime. J’étais saisi d’horreur devant cette fille ; Le droit à sa main, à moi promis par son père, J’y renonçai volontiers, immédiatement, Et je pris une épouse qui plaisait à mon cœur : (Il présente Ortrude qui s’incline devant Roi.) Ortrude, de la lignée de Radbod, prince de Frise. (Il s’avance solennellement de quelques pas.) A présent, je porte plainte contre Elsa de Brabant ; Je l’accuse du meurtre de son frère. Selon le droit, je demande ce pays pour moi, Puisque je suis par le sang le premier héritier du duc, Et de plus, mon épouse est de la race Qui jadis donnait ses princes à cette terre. Tu as entendu la plainte, Roi ! Juge Avec justice ! TOUS LES HOMMES (avec un solennel effroi) Ah, Telramund accuse d’une lourde faute ! J’entends sa plainte avec effroi ! LE ROI Quelle terrible plainte profères-tu ! Un si grand crime, comment serait-il possible ? FRÉDÉRIC Ô Seigneur, cette fille vaniteuse aime rêver Pleine d’orgueil, elle rejeta ma main. 23 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Geheimer Buhlschaft klag’ ich drum sie an: (Immer mehr einen bitter gereizten Zustand verratend) Sie wähnte wohl, wenn sie des Bruders ledig, Dann könnte sie als Herrin von Brabant Mit Recht dem Lehnsmann ihre Hand verwehren, Und offen des geheimen Buhlen pflegen. DER KÖNIG (durch eine ernste Gebärde Friedrichs Eifer unterbrechend) Ruft die Beklagte her! Beginnen soll nun das Gericht! Gott laß mich weise sein. DER HEERRUFER (schreitet feierlich in die Mitte) Soll hier nach Recht und Macht Gericht gehalten sein? DER KÖNIG (hängt mit Feierlichkeit den Schild an der Eiche auf) Nicht eh’r soll bergen mich der Schild, Bis ich gerichtet streng und mild! 24 ALLE MÄNNER (die Schwerter entblößend, welche die Sachsen und Thüringer vor sich in die Erde stoßen, die Brabanter flach vor sich niederstrecken) Nicht eh’r zur Scheide kehr’ das Schwert, Bis ihm durch Urteil Recht gewährt! DER HEERRUFER Wo ihr des Königs Schild gewahrt, Dort Recht durch Urteil nun erfahrt! Drum ruf ich klagend laut und hell: Elsa, erscheine hier zur Stell’! ZWEITE SZENE (Elsa tritt auf in einem weißen, sehr einfachen Gewande; sie verweilt eine Zeit lang im Hintergrunde; dann schreitet sie sehr langsam und mit großer Verschämtheit der Mitte des Vordergrundes zu; Frauen, sehr einfach weißgekleidet, folgen ihr, diese bleiben aber zunächst im Hintergrunde an der äußersten Grenze des Gerichtskreises.) ACTE I SCÈNE 2 C’est pourquoi je l’accuse d’avoir un amour secret : (Trahissant une amertume irritée et croissante) Elle s’imaginait bien, débarrassée de son frère, Comme souveraine du Brabant, pouvoir De droit refuser sa main à son vassal Et se consacrer ouvertement à son amant secret. LE ROI (interrompant d’un geste impérieux l’ardeur de Frédéric) Qu’on appelle celle qui est accusée ! Que le jugement commence ! Que Dieu fasse que je sois sage ! LE HÉRAUT (se dirige solennellement au centre) La justice s’exercera-t-elle ici selon le droit et le pouvoir? LE ROI (suspend avec solennité son bouclier au chêne) Que ce bouclier ne me protège plus Jusqu’à ce que j’aie jugé, avec fermeté, avec bonté ! TOUS LES HOMMES (dégainant leurs épées que les Saxons et les Thuringiens fichent en terre devant eux, et que les Brabançons déposent à terre) Que l’épée ne retrouve pas le fourreau Avant que la justice ait consacré son droit. LE HÉRAUT Où vous voyez le bouclier du roi, Là, par le jugement, vous entendrez le droit. C’est pourquoi j’appelle haut et clair : Elsa, vient comparaître ici ! DEUXIÈME SCÈNE (Elsa entre dans un vêtement blanc, très simple ; elle s’attarde un instant à l’arrière-plan ; puis elle s’avance au premier plan, au centre, très lentement et avec une grande timidité ; des femmes vêtues très simplement de blanc la suivent mais demeurent à l’arrière-plan, à la limite extérieure du cercle du jugement.) 25 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DIE MÄNNER Seht hin! Sie naht, die hart Beklagte! Ha! Wie erscheint sie so licht und rein! Der sie so schwer zu zeihen wagte, Wie sicher muß der Schuld er sein! DER KÖNIG Bist du es, Elsa von Brabant? (Elsa neigt das Haupt bejahend.) Erkennst du mich als deinen Richter an? (Elsa wendet ihr Haupt nach dem König, blickt ihm in’s Auge und bejaht dann mit vertrauensvoller Gebärde.) So frage ich weiter: ist die Klage dir bekannt, Die schwer hier wider dich erhoben? (Elsa erblickt Friedrich und Ortrud, erbebt, neigt traurig das Haupt und bejaht.) Was entgegnest du der Klage? (Elsa – durch eine Gebärde: »Nichts!«) So bekennst du deine Schuld? 26 ELSA (blickt eine Zeit lang traurig vor sich hin) Mein armer Bruder! ALLE MÄNNER Wie wunderbar! Welch seltsames Gebaren! DER KÖNIG Sag’, Elsa! Was hast du mir zu vertrau’n? (Erwartungsvolles Schweigen.) ELSA (in ruhiger Verklärung vor sich hinblickend) Einsam in trüben Tagen hab’ ich zu Gott gefleht, Des Herzens tiefstes Klagen ergoß ich im Gebet. Da drang aus meinem Stöhnen ein Laut so klagevoll, Der zu gewalt’gem Tönen weit in die Lüfte schwoll: Ich hört’ ihn fern hin hallen, bis kaum mein Ohr er traf; Mein Aug’ ist zugefallen, ich sank in süßen Schlaf. ALLE MÄNNER Wie sonderbar! Träumt sie? Ist sie entrückt? ACTE I SCÈNE 2 LES HOMMES Regardez ! Elle approche, celle qui est durement accusée. Ah ! Comme elle paraît lumineuse et pure ! Celui qui a osé l’accuser si lourdement, Il doit être certain du crime ! LE ROI Est-ce toi, Elsa de Brabant ? (Elsa incline la tête, faisant un signe affirmatif.) Me reconnais-tu comme ton juge. (Elsa tourne la tête vers le roi, le regarde dans les yeux, puis fait signe que oui avec un geste plein de confiance.) Alors, je te demande encore : connais-tu la plainte, Qui a été lourdement élevée ici contre toi ? (Elsa aperçoit Frédéric et Ortrude, frémit, incline tristement la tête et fait un signe affirmatif.) Qu’as-tu à opposer à la plainte ? (Elsa, par un geste : « Rien ! ») Ainsi, tu reconnais ton crime ? ELSA (regarde un instant tristement devant elle) Mon pauvre frère ! TOUS LES HOMMES Comme c’est étrange ! Quelle singulière attitude ! LE ROI Dis, Elsa! Qu’as-tu à me confier ? (Silence plein d’attente.) ELSA (calme, transfigurée, regardant devant elle) Solitaire, dans les jours tristes, j’ai supplié Dieu, La profonde plainte de mon cœur s’épanchait dans la prière. De mes gémissements un son s’échappa, si plaintif, Que sa violente vibration se dilata loin dans l’espace : Je l’entendis résonner au loin, jusqu’à devenir inaudible, Mes yeux se fermèrent, je sombrais dans un doux sommeil. TOUS LES HOMMES Très étrange ! Rêve-t-elle ? Délire-t-elle ? 27 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DER KÖNIG (als wolle er Elsa aus dem Traume wecken) Elsa, verteid’ge dich vor dem Gericht! (Elsas Mienen gehen von dem Ausdruck träumerischen Entrücktseins zu dem schwärmerischer Verklärung über.) ELSA In Lichter Waffen Scheine ein Ritter nahte da, So tugendlicher Reine ich keinen noch ersah: Ein golden Horn zur Hüften, gelehnet auf sein Schwert, So trat er aus den Lüften zu mir, der Recke wert; Mit züchtigem Gebaren gab Tröstung er mir ein; Des Ritters will ich wahren, er soll mein Streiter sein! Er soll mein Streiter sein! ALLE MÄNNER Bewahre uns des Himmels Huld, Daß klar wir sehen, wer hier Schuld! 28 DER KÖNIG Friedrich, Du ehrenwerter Mann, Bedenke wohl, wen klagst du an? FRIEDRICH Mich irret nicht ihr träumerischer Mut; Ihr hört, sie schwärmt von einem Buhlen! Weß’ ich sie zeih’, dess’ hab’ ich sich’ren Grund. Glaubwürdig ward ihr Frevel mir bezeugt; Doch eurem Zweifel durch ein Zeugnis wehren, Das stünde wahrlich übel meinem Stolz! Hier steh’ ich, hier mein Schwert! Wer wagt von euch, zu streiten wider meiner Ehre Preis! DIE BRABANTER Keiner von uns! Keiner von uns! Wir streiten nur für dich! FRIEDRICH Und, König, du! Gedenkst du meiner Dienste, Wie ich im Kampf den wilden Dänen schlug? ACTE I SCÈNE 2 LE ROI (comme s’il voulait réveiller Elsa de son rêve) Elsa, défends-toi face à la justice ! (Les traits d’Elsa passent de l’expression d’un égarement rêveur à celle d’une transfiguration exaltée.) ELSA Dans la lumière brillante des armes, un chevalier approchait, Pureté si vertueuse, je n’avais jamais vue : A la taille en cor en or, appuyé sur son épée, Ainsi le héros valeureux vint à moi, par les airs ; Avec des gestes chastes, il me consola ; Pour me défendre, je veux ce chevalier, Il doit être mon champion ! TOUS LES HOMMES Que la grâce du ciel nous garde, Que nous voyions clairement qui est ici Criminel ! LE ROI Frédéric, Tu es un homme d’honneur, As-tu bien pensé à celle que tu accuses ? FRÉDÉRIC Son humeur rêveuse ne me trompe pas ; Vous l’entendez, elle s’est éprise d’un amant ! Si je l’accuse, j’ai des motifs sérieux. On m’a démontré que son crime était crédible ; Mais écarter vos doutes par un témoignage, En vérité, serait fâcheux pour ma fierté ! Je suis là, voici mon épée ! Qui de vous veut se battre contre le prix de mon honneur ! LES BRABANÇONS Nul d’entre nous ! Nul d’entre nous ! Nous ne combattons que pour toi ! FRÉDÉRIC Et toi, Roi ! Te souviens-tu de mes services, Alors que j’abattais en combat les farouches Danois ? 29 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DER KÖNIG Wie schlimm, ließ’ ich von dir daran mich mahnen! Gern geb ich dir der höchsten Tugend Preis; In keiner andern Hut, als in der deinen, Möcht’ ich die Lande wissen. Gott allein soll jetzt in dieser Sache noch entscheiden! ALLE MÄNNER Zum Gottesgericht! Zum Gottesgericht! Wohlan! (Der König zieht sein Schwert und stößt es feierlich vor sich in die Erde.) DER KÖNIG Dich frag’ ich, Friedrich, Graf von Telramund! Willst du durch Kampf auf Leben und auf Tod Im Gottesgericht vertreten deine Klage? FRIEDRICH Ja! 30 DER KÖNIG Und dich nun frag’ ich, Elsa von Brabant! Willst du, daß hier auf Leben und auf Tod Im Gottesgericht ein Kämpe für dich streite? ELSA (ohne die Augen aufzuschlagen) Ja! DER KÖNIG Wen wählest du zum Streiter? FRIEDRICH (hastig) Vernehmet jetzt den Namen ihres Buhlen! DIE BRABANTER Merket auf! ELSA (hat Stellung und schwärmerische Miene nicht verlassen; alles blickt mit Gespanntheit auf sie) Des Ritters will ich wahren, er soll mein Streiter sein! ACTE I SCÈNE 2 LE ROI Il est funeste que ce soit toi qui me le rappelles ! Je te reconnais volontiers comme le plus courageux : Je ne voudrais pas savoir ce pays Sous une autre garde que la tienne. A présent, Dieu seul peut encore décider de ce cas. TOUS LES HOMMES Au jugement de Dieu ! Au jugement de Dieu ! Allons ! (Le Roi tire son épée et l’enfonce solennellement devant lui dans le sol.) LE ROI Je te le demande, Frédéric, comte de Telramund ! Veux-tu en un combat à la vie à la mort Soutenir ta plainte au tribunal de Dieu ? FRÉDÉRIC Oui ! 31 LE ROI Et je te pose la question, Elsa de Brabant ! Veux-tu qu’ici, à la vie à la mort, Un champion combatte pour toi au tribunal de Dieu ? ELSA (sans ouvrir les yeux) Oui ! LE ROI Qui choisis-tu comme défenseur ? FRÉDÉRIC (rapidement) Apprenez maintenant le nom de son amant ! LES BRABANÇONS Attention ! ELSA (n’a pas quitté sa place ni son expression exaltée ; tous la regardent, tendus) Je veux le chevalier, il doit être mon défenseur ! RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Ohne sich umzublicken) Hört, was dem Gottgesandten ich biete für Gewähr: In meines Vaters Landen die Krone trage er; Mich glücklich soll ich preisen, nimmt er mein Gut dahin, Will er Gemahl mich heißen, geb’ ich ihm, was ich bin! ALLE MÄNNER (für sich) Ein schöner Preis, stünd’ er in Gottes Hand! (Unter sich) Wer um ihn stritt, wohl setzt’ er schweres Pfand! DER KÖNIG Im Mittag Hoch steht schon die Sonne: So ist es Zeit, daß nun der Ruf ergeh’! 32 (Der Heerrufer tritt mit den vier Heerhornbläsern vor, die er, den vier Himmelsgegenden zugewendet, an die äußersten Grenzen des Gerichtskreises vorschreiten und so den Ruf blasen läßt.) DER HEERRUFER Wer hier im Gotteskampf zu streiten kam Für Elsa von Brabant, Der trete vor! Der trete vor! (Langes Stillschweigen. Elsa, welche bisher in ununterbrochen ruhiger Haltung verweilt, zeigt entstehende Unruhe der Erwartung.) ALLE MÄNNER Ohn’ Antwort ist der Ruf verhallt! FRIEDRICH (auf Elsa deutend) Gewahrt, gewahrt, ob ich sie fälschlich schalt? ALLE MÄNNER Um ihre Sache steht es schlecht! ACTE I SCÈNE 2 (Sans regarder autour d’elle) Écoutez ce que j’offre en garantie à l’envoyé de Dieu : Dans le pays de mon père, qu’il porte la couronne ; Je me dirai heureuse s’il accepte mon bien, S’il veut m’appeler sa femme, je lui fais don de ce que je suis ! TOUS LES HOMMES (à part) Belle récompense, entre les mains de Dieu ! (Chacun pour soi-même) Qui lutte pour lui, peut compter sur un grand Prix ! LE ROI A Midi Le soleil est déjà haut : C’est le moment, que l’appel soit proclamé ! (Le Héraut s’avance avec les quatre trompettes qu’il envoie se placer aux quatre points cardinaux aux limites extérieures du cercle de justice pour qu’ils sonnent l’appel.) LE HÉRAUT Celui qui vient combattre au combat de Dieu Pour Elsa de Brabant, Qu’il s’avance ! Qu’il s’avance ! (Long silence. Elsa qui jusque là était calme, montre les signes de l’angoisse de l’attente.) TOUS LES HOMMES L’appel résonne en vain ! FRÉDÉRIC (désignant Elsa) Voyez, voyez, si je l’ai condamnée à tort ? TOUS LES HOMMES Son Cas se présente mal ! 33 RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH Auf meiner Seite bleibt Das Recht! ELSA (etwas näher zum König tretend) Mein lieber König, laß dich bitten, Noch einen Ruf an meinen Ritter! (Sehr unschuldig) Wohl weilt er fern und hört’ ihn nicht. DER KÖNIG (zum Heerrufer) Noch einmal rufe zum Gericht! (Auf das Zeichen des Heerrufers richten die Heerhornbläser sich wieder nach den vier Himmelsgegenden.) DER HEERRUFER Wer hier im Gotteskampf zu streiten kam Für Elsa von Brabant, Der trete vor! Der trete vor! 34 (Wiederum langes, gespanntes Stillschweigen.) ALLE MÄNNER In düst’rem Schweigen richtet Gott! (Elsa sinkt zu inbrünstigem Gebet auf die Knie. Die Frauen, in Besorgnis um ihre Herrin, treten etwas näher in den Vordergrund.) ELSA Du trugest zu ihm meine Klage, Zu mir trat er auf dein Gebot: O Herr, nun meinem Ritter sage, Daß er mir helf in meiner Not! DIE FRAUEN (auf die Knie sinkend) Herr! Sende Hilfe ihr! Herr Gott! Höre uns! ELSA (in wachsender Begeisterung) Laß mich ihn sehn wie ich ihn sah, ACTE I SCÈNE 2 FRÉDÉRIC De mon côté demeure Le droit ! ELSA (s’approchant un peu du Roi) Mon Roi, laisse-moi t’en prier Encore un appel pour mon chevalier ! (Très candide) Sans doute est-il loin et ne l’entend-il pas. LE ROI (au Héraut) Appelle une nouvelle foi au jugement ! (Sur un signe du héraut, les quatre trompettes se dirigent à nouveau vers les quatre points cardinaux.) LE HÉRAUT Celui qui vient combattre au combat de Dieu Pour Elsa de Brabant, Qu’il s’avance ! Qu’il s’avance ! (A nouveau un long silence, tendu.) TOUS LES HOMMES Dieu juge par un sombre silence ! (Elsa tombe à genoux, en une ardente prière. Les femmes, s’inquiétant pour leur maîtresse, s’avancent un peu au premier plan.) ELSA Tu lui as porté ma plainte, Sur ton ordre il est venu vers moi : Ô Seigneur, dis maintenant à ton chevalier, Que dans ma peine il me porte secours ! LES FEMMES (tombant à genoux) Seigneur ! Envoie-lui ton secours ! Seigneur Dieu ! Écoute-nous ! ELSA (en une exaltation croissante) Fais que je le voie comme je le vis, 35 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Wie ich ihn sah. (Mit freudig verklärter Miene) Sei er mir nah! (Den ersten Chor bilden die dem Ufer des Flusses zunächtst stehenden Männer; sie gewahren zuerst die Ankunft Lohengrins, welcher in einem Nachen, von einem Schwan gezogen, auf dem Flusse in der Ferne sichtbar wird.) 36 DIE MÄNNER Seht! Seht! Welch ein seltsam Wunder! Welch ein seltsam Wunder! Seht, welch Wunder! Wie? ein Schwan? ein Schwan? Ein Schwan zieht einen Nachen dort heran! Wie? Ein Schwan zieht einen Nachen dort heran! Wie? (Den zweiten Chor bilden die dem Ufer entfernter stehenden Männer im Vordergrunde, welche, ohne zunächst ihren Platz zu verlassen, mit immer regerer Neugier fragend an die dem Ufer näher Stehenden wenden; sodann verlassen sie in einzelnen Haufen den Vordergrund, um selbst am Ufer nachzusehen.) Ein Ritter drin! Ha! Ein Ritter drin hoch aufgerichtet steht! Was ist? Ein Ritter! Wie glänzt sein Waffenschmuck! Seht den Ritter! Ein Schwan? Ein Schwan? Ein Schwan? Wie glänzt sein Waffenschmuck! Das Aug’ vergeht vor solchem Glanz! Das Aug’ vergeht vor solchem Glanz! Wo? Wo? Wo? Vor einem Nachen? Einen Nachen zieht er heran! Seht, näher kommt er an! Einen Ritter! seht! seht! Wahrlich, ein Ritter ist’s! Ein Ritter und ein Schwan! Welch’ seltsam Wunder! Seht, immer näher seht! Kommt er schon heran! An einer gold’nen Kette zieht der Schwan! An einer gold’nen Kette zieht der Schwan! Seht immer näher kommt zum Ufer heran! Seht hin! Er naht! Seht hin! Er naht! Seht er naht! ACTE I SCÈNE 2 Comme je le vis. (Le visage transfiguré par la joie) Qu’il soit prêt de moi ! (Les hommes se tenant près de la rive du fleuve forment le premier chœur ; ils voient les premiers l’arrivée de Lohengrin, que l’on aperçoit loin sur le fleuve, dans une barque tirée par un cygne.) LES HOMMES Voyez ! Voyez ! Quel étrange miracle ! Quel étrange miracle ! Voyez, quel miracle ! Comment ? Un cygne ? Un cygne ? Un cygne s’approche, tirant une barque ! Comment ? Un cygne s’approche, tirant une barque ! Comment ? (Le deuxième chœur est formé des hommes se tenant plus loin de la rive, au premier plan, et qui sans quitter leur place interrogent avec une curiosité croissante ceux qui sont près de la rive ; puis, par groupes isolés, ils abandonnent le premier plan pour aller voir eux-mêmes sur la rive.) Un chevalier à bord ! Ah ! Un chevalier à bord, debout, il est grand ! Qu’est-ce ? Un chevalier ! Comme ses armes brillent ! Voyez le chevalier ! Un cygne ? Un cygne ? Un cygne ? Comme ses armes brillent ! D’un tel éclat, le regard s’aveugle ! D’un tel éclat, le regard s’aveugle ! Où ? Où ? Où ? Une barque ? Le cygne tire une barque ! Voyez, il approche ! Un chevalier ! Voyez ! Voyez ! Oui vraiment, c’est un chevalier ! Un chevalier et un cygne ! Quel étrange miracle ! Voyez, il se rapproche, voyez ! Il arrive déjà ! Le cygne tire une chaîne en or ! Le cygne tire une chaîne en or ! Voyez, il arrive à la rive ! Regardez ! Il approche ! Voyez, il approche ! 37 RICHARD WAGNERLOHENGRIN (In höchster Ergriffenheit nach vorn wieder stürzend) Ein Wunder! Ein Wunder! (Von seinem erhöhten Platze aus überblickt der König Alles. Friedrich und Ortrud sind durch Schreck und Staunen gefesselt; Elsa, die mit steigender Entzückung den Ausrufen der Männer gelauscht hat, verbleibt in ihrer Stellung in der Mitte der Bühne; sie wagt gleichsam nicht, sich umzublicken.) Ein Wunder ist gekommen, Ein unerhörtes Wunder, nie geseh’nes Wunder! Ein Wunder! Ein Wunder ist gekommen Ein unerhörtes, nie geseh’nes... DIE FRAUEN Dank, du Herr und Gott, der die Schwache... DRITTE SZENE 38 (Der Nachen, vom Schwan gezogen, erreicht in der Mitte des Hintergrundes das Ufer; Lohengrin, in glänzender Silberrüstung, den Helm auf dem Haupte, den Schild im Rücken, ein kleines goldenes Horn zur Seite, steht, auf sein Schwert gelehnt, darin. Friedrich blickt in sprachlosem Erstaunen auf Lohengrin hin. Ortrud, die während des Gerichtes in kalter, stolzer Haltung verblieben, gerät beim Anblick des Schwans in tödlichen Schrecken. Sowie Lohengrin die erste Bewegung macht, den Kahn zu verlassen, tritt bei allen sogleich das gespannteste Stillschweigen ein.) DIE MÄNNER ... Wunder! DIE FRAUEN ... Beschirmet! ELSA (hat sich umgewandt und schreit bei Lohengrins Anblick laut auf) Ha! DIE MÄNNER Gegrüßt, du gottgesandter Held! ACTE I SCÈNE 3 (Avec la plus grande émotion, revenant vite vers l’avant) Un miracle ! Un miracle ! (De sa place surélevée, le Roi voit tout. Frédéric et Ortrude sont pris d’effroi et d’étonnement ; Elsa, qui a écouté avec une extase croissante les appels des hommes, demeure à sa place au centre de la scène ; elle n’ose pratiquement pas regarder autour d’elle.) Un miracle est arrivé, Un miracle inouï, jamais vu Un miracle ! Un miracle est arrivé Inouï, jamais vu... LES FEMMES Merci à toi, Seigneur et Dieu La faible créature... TROISIÈME SCÈNE (La barque, tirée par le cygne, aborde la rive au centre de l’arrière-plan ; debout dans la barque, appuyé sur son épée, Lohengrin, en armure d’argent étincelante, coiffé d’un heaume, au dos son écu, au côté un petit cor en or. Frédéric considère Lohengrin avec un étonnement muet. En voyant le cygne, Ortrude, qui a gardé une attitude froide et fière pendant la mise en accusation, tombe dans une frayeur mortelle. Alors que Lohengrin fait le premier mouvement pour quitter la barque, tous observent immédiatement un silence très tendu.) LES HOMMES ... Un miracle ! LES FEMMES ... Tu la protèges ! ELSA (s’est retournée et pousse un cri en voyant Lohengrin) Ah ! LES HOMMES Salut à toi héros envoyé par Dieu ! 39 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Sei gegrüßt, sei gegrüßt Du gottgesandter Mann! DIE MÄNNER UND DIE FRAUEN Sei gegrüßt, sei gegrüßt, sei gegrüßt Du gottgesandter Mann, Sei gegrüßt, sei gegrüßt, du gottgesandter Mann! LOHENGRIN (mit einem Fuß noch im Nachen, neigt sich zum Schwan) Nun sei bedankt, mein lieber Schwan! Zieh’ durch die weite Flut zurück, Dahin, woher mich trug dein Kahn, Kehr’ wieder nur zu unserm Glück! Drum sei getreu dein Dienst getan! Leb’ wohl! Leb’ wohl, mein lieber Schwan! (Der Schwan wendet langsam den Nachen und schwimmt den Fluß zurück. Lohengrin sieht ihm eine Weile wehmütig nach.) 40 DIE MÄNNER UND DIE FRAUEN Wie faßt uns selig süßes Grauen, Welch’ holde Macht hält uns gebannt? Wie ist er schön und hehr zu schauen, (Lohengrin verläßt das Ufer und schreitet langsam und feierlich nach dem Vordergrund.) Den solch ein Wunder trug an’s Land! Wie ist er schön und hehr zu schauen, Den solch ein Wunder trug an’s Land! LOHENGRIN (verneigt sich vor dem König) Heil, König Heinrich! Segenvoll mög’ Gott Bei deinem Schwerte steh’n! Ruhmreich und groß dein Name soll Von dieser Erde nie vergeh’n! DER KÖNIG Hab Dank! Erkenn’ ich recht die Macht, Die dich in dieses Land gebracht, So nahst du uns von Gott gesandt? ACTE I SCÈNE 3 Salut, salut, Toi héros envoyé par Dieu ! LES HOMMES & LES FEMMES Salut, salut, salut Toi héros envoyé par Dieu ! Salut, salut, toi héros envoyé par Dieu ! LOHENGRIN (un pied encore dans la barque se penche vers le cygne) A présent sois remercié, mon cher cygne ! Retourne-t’en sur les flots lointains, Vers ce lieu d’où ta barque m’a emmené, Ne reviens que pour notre bonheur ! Ainsi, que ton service soit fidèlement accompli ! Adieu ! Adieu, mon cher cygne ! (Le cygne fait lentement tourner la barque et remonte le fleuve. Lohengrin le suit du regard un moment, nostalgique.) 41 LES HOMMES & LES FEMMES Quel heureux et doux effroi nous saisit, Quel pouvoir sublime nous tient-il en ses liens ? Comme il est beau, magnifique à regarder (Lohengrin quitte la rive et s’avance solennellement au premier plan.) Celui qu’un tel miracle amena sur notre terre ! Comme il est beau, magnifique à regarder, Celui qu’un tel miracle amena sur notre terre ! LOHENGRIN (s’incline devant le Roi) Salut, Roi Henri ! Puisse Dieu qui bénit Se tenir auprès de ton épée ! Que ton nom, renommé et grand Ne s’efface jamais de cette terre ! LE ROI Soit remercié ! Si je reconnais bien le pouvoir Qui t’a amené en ce pays, Tu viens vers nous envoyé par Dieu ? RICHARD WAGNERLOHENGRIN LOHENGRIN (mehr in der Mitte tretend) Zum Kampf für eine Magd zu steh’n, Der schwere Klage angetan, bin ich gesandt. Nun laßt mich seh’n, ob ich zu Recht sie treffe an. (Er wendet sich etwas näher zu Elsa.) So sprich denn, Elsa von Brabant: Wenn ich zum Streiter dir ernannt, Willst du wohl ohne Bang’ und Grau’n Dich meinem Schutze anvertrau’n? (Elsa, die, seitdem sie Lohengrin erblickte, wie im Zauber regungslos festgebannt war, sinkt, wie durch seine Ansprache erweckt, in überwältigend wonnigem Gefühle zu seinen Füßen.) ELSA Mein Held, mein Retter! Nimm mich hin! Dir geb’ ich Alles, was ich bin! 42 LOHENGRIN (mit großer Wärme) Wenn ich im Kampfe für dich siege, Willst du, daß ich dein Gatte sei? ELSA Wie ich zu deinen Füßen liege, Geb’ ich dir Leib und Seele frei. LOHENGRIN Elsa, soll ich dein Gatte heißen, Soll Land und Leut’ ich schirmen dir, Soll nichts mich wieder von dir reißen, Mußt Eines du geloben mir: Nie sollst du mich befragen, noch Wissens Sorge tragen, Woher ich kam der Fahrt, noch wie mein Nam’ und Art! ELSA (leise, fast bewußtlos) Nie, Herr, soll mir die Frage kommen! LOHENGRIN (gesteigert, sehr ernst) Elsa! Hast du mich wohl vernommen? Nie sollst du mich befragen, noch Wissens Sorge tragen, Woher ich kam der Fahrt, noch wie mein Nam’ und Art! ACTE I SCÈNE 3 LOHENGRIN (se rapprochant du centre) Afin de combattre pour une fille Lourdement accusée, je suis envoyé. A présent, voyons s’il est juste que je la rencontre. (Il se tourne et se rapproche d’Elsa.) Or donc parle, Elsa de Brabant : Si tu m’as désigné comme défenseur, Veux-tu, sans angoisse ni peur Te fier à ma protection ? (Elsa, qui depuis qu’elle regardait Lohengrin, était immobile, captivée comme par magie, tombe à ses pieds, comme éveillée par ses paroles, dans une foudroyante émotion.) ELSA Mon héros, mon sauveur ! Prends-moi avec toi ! Je te fais don de tout ce que je suis ! LOHENGRIN (avec beaucoup de chaleur) Si je suis victorieux dans ce combat pour toi, Veux-tu que je sois ton époux ? ELSA Comme je suis à tes pieds, Je te livre mon corps et mon âme. LOHENGRIN Elsa, si l’on doit me nommer ton époux, Si je dois protéger ton pays et ton peuple, Si rien ne doit me séparer de toi, Tu dois me promettre une chose : Tu ne dois jamais me questionner, ni vouloir connaître D’où je suis venu, ni mon nom, ni ma lignée ! ELSA (douce, presque inconsciente) Jamais, Seigneur, ne me viendra la question ! LOHENGRIN (plus intense, très grave) Elsa ! M’as-tu bien entendu ? Tu ne dois jamais me questionner, ni vouloir connaître D’où je suis venu, ni mon nom, ni ma lignée ! 43 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ELSA (mit großer Innigkeit zu ihm aufblickend) Mein Schirm! Mein Engel! Mein Erlöser, Der fest an meine Unschuld glaubt! Wie gäb’ es Zweifels Schuld, die größer, Als die an dich den Glauben raubt? Wie du mich schirmst in meiner Not, So halt’ in Treu’ ich dein Gebot! LOHENGRIN (ergriffen und entzückt sie an seine Brust erhebend) Elsa! Ich liebe dich! (Beide verweilen eine Zeitlang in der angenommenen Stellung.) 44 DIE MÄNNER UND FRAUEN Welch’ holde Wunder! Welch’ Wunder muß ich seh’n? Ist’s Zauber, der mir angetan? (Lohengrin geleitet Elsa zum König und übergibt sie dessen Hut.) Ich fühl’ das Herze mir vergeh’n, Schau’ ich den hehren, wonnevollen Mann! Ich fühl’ das Herze mir vergeh’n, Schau’ ich den hehren, wonnevollen Mann! LOHENGRIN (schreitet feierlich in die Mitte des Kreises) Nun hört! Euch, Volk und Edlen, Mach’ ich kund frei aller Schuld ist Elsa von Brabant! Daß falsch dein Klagen, Graf von Telramund, Durch Gottes Urteil werd’ es dir bekannt! BRABANTISCHE EDLE (erst einige, dann immer mehrere, heimlich zu Friedrich) Steh’ ab vom Kampf! Wenn du ihn wagst, Zu siegen nimmer du vermagst! Wag’ ihn nicht! Laß ab vom Kampf! Ist er von höchster Macht geschützt, Sag, was dein tapf’res Schwert dir nützt? Steh’ ab vom Kampf! Wir mahnen dich in Treu’! Wir mahnen dich in Treu’! Dein harret Unsieg, bitt’re Reu’! FRIEDRICH (der bisher unverwandt und forschend sein Auge auf Lohengrin geheftet, mit leidenschaftlich schwankendem und endlich sich entscheidendem inneren Kampfe) ACTE I SCÈNE 3 ELSA (avec une grande tendresse, le regardant) Mon protecteur ! Mon ange ! Mon sauveur, Qui fermement croit à mon innocence ! Quelle criminelle défiance serait plus grande Que celle qui dérobe la foi en toi ? Comme tu me protèges dans ma détresse, Ainsi je serai fidèle à ton commandement ! LOHENGRIN (ému et émerveillé, la prenant sur son sein) Elsa ! Je t’aime ! (Tous deux restent un instant dans cette position.) LES HOMMES & LES FEMMES Quel miracle sublime ! Quel miracle dois-je voir ? Est-ce un enchantement qui me charme ? (Lohengrin conduit Elsa vers Roi et la laisse sous sa protection.) Je sens mon cœur défaillir, En voyant cet homme magnifique, plein de charme ! Je sens mon cœur défaillir, En voyant cet homme magnifique, plein de charme ! LOHENGRIN (s’avance solennellement au milieu du cercle) A présent, écoutez, vous, peuple et nobles, Je vous annonce qu’Elsa de Brabant est vierge de tout crime ! Que ton accusation est fausse, comte de Telramund, Tu l’apprendras par le jugement de Dieu ! DES NOBLES BRABANÇONS (d’abord quelques-uns, puis davantage, furtivement, à Frédéric) Renonce au combat ! Si tu le risques, Tu ne pourras le gagner ! Ne le risque pas ! Renonce au combat ! S’il est protégé par un pouvoir supérieur, Dis, à quoi te servira ta vaillante épée ? Renonce au combat ! Fidèles, nous te mettons en garde ! Fidèles, nous te mettons en garde ! La défaite t’attend, amère expiation ! FRÉDÉRIC (qui jusqu’alors a fixé son regard sur Lohengrin, hésite, lutte contre lui-même et finalement se décide) 45 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Viel lieber tod, als feig! Welch’ Zaubern dich auch hergeführt, Fremdling, der mir so kühn erscheint; Dein stolzes Droh’n mich nimmer rührt, Da ich zu lügen nie vermeint: Den Kampf mit dir drum nehm’ ich auf, Und hoffe Sieg nach Rechtes Lauf! LOHENGRIN Nun, König, ordne unsern Kampf! (Alles begibt sich in die erste Gerichtsstellung.) DER KÖNIG So tretet vor, zu drei für jeden Kämpfer, Und messet wohl den Ring zum Streite ab! 46 (Drei sächsische Edle treten für Lohengrin, drei brabantische für Friedrich vor; sie messen mit feierlichen Schritten den Kampfplatz aus und stecken ihn, einen vollständigen Ring bildend, durch ihre Speere ab.) DER HEERRUFER (in der Mitte des Kampfringes) Nun höret mich und achtet wohl: Den Kampf hier keiner stören soll! Dem Hage bleibet abgewandt, Denn wer nicht wahrt des Friedens Recht, Der Freie büß’ es mit der Hand, Mit seinem Haupte büß’ es der Knecht! ALLE MÄNNER Der Freie büß’ es mit der Hand, Mit seinem Haupte büß’ es der Knecht! DER HEERRUFER (zu Lohengrin und Friedrich) Hört auch, ihr Streiter vor Gericht! Gewahrt in Treue Kampfes Pflicht! Durch bösen Zaubers List und Trug Stört nicht des Urteils Eigenschaft! Gott richtet euch nach Recht und Fug, So trauet ihm, nicht eurer Kraft! ACTE I SCÈNE 3 Vraiment, plutôt mort que lâche ! Quelle que soit la magie qui t’a conduit ici, Étranger, qui me paraît si audacieux, Ta fière menace ne me touche pas, Car je ne crois pas avoir jamais menti : J’accepte donc le combat avec toi, Et espère la victoire selon le droit ! LOHENGRIN A présent, Roi, ordonne notre combat. (Chacun reprend la place qu’il avait au début du jugement.) LE ROI Que pour chaque combattant trois hommes s’avancent, Et mesurez bien le cercle du combat ! (Trois nobles saxons s’avancent pour Lohengrin, trois brabançons pour Frédéric ; ils mesurent, par des pas solennels, la place du combat et en fixent les limites avec leurs lances, formant un cercle.) LE HÉRAUT (au centre du cercle de combat) A présent écoutez-bien : Personne ici ne doit troubler le combat ! Restez hors du cercle, Car qui ne défend pas la loi de la paix Le paye de sa main s’il est un homme libre, De sa tête s’il est un serf ! TOUS LES HOMMES Le paye de sa main s’il est un homme libre, De sa tête s’il est un serf ! LE HÉRAUT (à Lohengrin et Frédéric) Écoutez aussi, vous combattants devant la justice ! Observez fidèlement les règles du combat ! Par magie, par ruse ou par tromperie, Ne troublez pas l’intégrité du verdict ! Dieu vous juge selon le droit Fiez-vous à lui et non à votre force ! 47 RICHARD WAGNERLOHENGRIN LOHENGRIN UND FRIEDRICH (zu beiden Seiten außerhalb des Kampfkreises stehend) Gott richte mich nach Recht und Fug! So trau’ ich ihm, nicht meiner Kraft! DER KÖNIG (schreitet mit großer Feierlichkeit in die Mitte vor) Mein Herr und Gott, nun ruf’ ich dich, (Alle entblößen das Haupt und lassen sich zur feierlichsten Andacht an.) Daß du dem Kampf zugegen sei’st! Durch Schwertes Sieg ein Urteil sprich, Das Trug und Wahrheit klar erweist! Des Reinen Arm gib Heldenkraft, Des Falschen Stärke sei erschlafft: So hilf uns, Gott, zu dieser Frist, Weil uns’re Weisheit Einfalt ist, Weil uns’re Weisheit Einfalt Ist! 48 ELSA UND LOHENGRIN Du kündest Nun Dein wahr Gericht, Mein Gott und Herr, drum zag’ ich nicht! Du kündest nun dein wahr Gericht:... ORTRUD Ich baue fest auf seine Kraft, Die, wo er kämpft, ihm Sieg verschafft! Ich baue fest auf seine Kraft... FRIEDRICH Ich geh’ in Treu vor dein Gericht! Herr Gott ! DER KÖNIG Mein Herr und Gott, dich rufe ich. FRIEDRICH Herr Gott, Nun verlaß’ mein’ Ehre nicht,... ACTE I SCÈNE 3 LOHENGRIN & FRÉDÉRIC (se tenant de chaque côté du cercle de combat) Dieu me juge selon le droit Je me fie à lui et non à ma force ! LE ROI (s’avance au centre avec une grande solennité) Mon Seigneur et mon Dieu, je t’appelle à présent, (Tous se découvrent et commencent une solennelle méditation.) Assiste ce combat ! Par la victoire de l’épée, prononce un jugement, Qui soit clair témoignage de justice et de vérité ! A l’homme pur donne la force du héros, Endors la force de l’homme perfide ; Aide-nous, Dieu, dans ce moment Car notre sagesse n’est qu’imbécillité Car notre sagesse n’est Qu’imbécillité. ELSA & LOHENGRIN Tu vas faire Connaître Ton vrai jugement, Mon Dieu et Seigneur, c’est pourquoi je n’hésite pas ! Tu vas faire connaître ton vrai jugement... ORTRUDE J’ai pleine confiance en sa force Qui, où il combat, lui donne la victoire ! J’ai pleine confiance en sa force... FRÉDÉRIC Je me rends, fidèle, à ton jugement ! Seigneur Dieu ! LE ROI Mon Seigneur et mon Dieu, je t’appelle à présent, FRÉDÉRIC Seigneur Dieu, N’abandonne pas maintenant mon honneur... 49 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ORTRUD ... Die, wo erkämpft, ihm Sieg verschafft ELSA Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht, Mein Gott, drum... LOHENGRIN Mein Gott, drum zag’ ich nicht, Drum nun... DER KÖNIG Nun künd uns, nun künde uns dein... FRIEDRICH ... Verlaß’ mein’ Ehre nicht, verlaß’ mein’... ELSA ... Zag’ ich nicht! 50 LOHENGRIN ... Zag’ ich nicht! DER KÖNIG ... Wahr Gericht! FRIEDRICH ... Ehre nicht! DER HEERRUFER UND ALLE MÄNNER Des Reinen Arm gib Heldenkraft Der falschen Stärke sei erschlafft: So hilf uns, Gott, zu dieser Frist, Weil unsre Weisheit Einfalt ist! So künde nun dein wahr Gericht, Du Herr und Gott, nun zög’re nicht! Du Herr, mein Gott, nun zög’re nicht! DER KÖNIG Mein Herr und Gott, dich rufe jetzt ich an, Daß du dem Kampf zugegen sei’st! ACTE I SCÈNE 3 ORTRUDE ... Qui, où il combat, lui donne la victoire ! ELSA Mon Dieu et Seigneur, c’est pourquoi je n’hésite pas ! Mon Dieu, c’est pourquoi... LOHENGRIN Mon Dieu c’est pourquoi je n’hésite pas, C’est pourquoi maintenant... LE ROI Fais-nous connaître maintenant, Fais-nous connaître maintenant ton... FRÉDÉRIC ... N’abandonne pas mon honneur, n’abandonne pas... ELSA ... Je n’hésite pas ! 51 LOHENGRIN ... Je n’hésite pas ! LE ROI ... Vrai jugement ! FRÉDÉRIC ... Mon honneur ! LE HÉRAUT & TOUS LES HOMMES A l’homme pur donne la force du héros, Endors la force de l’homme perfide ; Aide-nous, Dieu, dans ce moment, Car notre sagesse n’est qu’imbécillité ! Fais connaître maintenant ton vrai jugement, Toi Seigneur, Dieu, ne tarde pas ! Toi Seigneur, Dieu, ne tarde pas ! LE ROI Mon Seigneur et mon Dieu, je t’appelle à présent, Assiste ce combat ! RICHARD WAGNERLOHENGRIN Durch Schwertes Sieg sprich dein Urteil, Das Trug und Warheit klar erweist: So künde nun dein wahr Gericht, Herr mein Gott, so künde uns dein wahr Gericht Mein Herr und Gott, nun zög’re nicht, Herr, mein Gott, nun zög’re nicht! FRIEDRICH Ich geh’ in Treu’ vor dein Gericht; Herr Gott verlaß mein’ Ehre nicht, Herr Gott, Herr Gott! Verlaß’, Verlaß’, verlaß’ mein’ Ehre nicht! Herr Gott, verlaß’ mein’ Ehre nicht! Ich geh’ in Treu’ vor dein Gericht, Herr Gott, verlaß’ mein’ Ehre nicht! Herr Gott, verlaß’ mein’ Ehre nicht! Herr Gott, verlaß’, verlaß’ mein’ Ehre nicht! 52 LOHENGRIN Du kündest nun dein wahr Gericht, Dein wahr Gericht! Mein Gott, drum zag’ ich nicht, Drum zag’ ich nicht! Du kündest nun dein wahr Gericht; Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht, Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht, Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht, Drum zag’ ich nicht! ORTRUD Ich baue fest auf seine Kraft, auf seine Kraft. Ich baue fest auf seine Kraft, die, wo er kämpft, Ihm Sieg verschafft; ich baue fest auf seine Kraft, die, Wo er kämpft, ihm Sieg verschafft; ich baue fest Auf seine Kraft, ich baue fest auf seine Kraft, Die wo er kämpft, ihm Sieg verschafft! ELSA Mein Herr, o mein Gott! Du kündest nun dein wahr Gericht ; Drum zag’ich nicht, drum zag’ ich nicht; ACTE I SCÈNE 3 Par la victoire de l’épée, prononce un jugement, Qui soit clair témoignage de justice et de vérité : Fais maintenant connaître ton vrai jugement, Seigneur, mon Dieu, fais-nous connaître ton vrai jugement Mon Seigneur et mon Dieu, ne tarde pas, Seigneur, mon Dieu, ne tarde pas ! FRÉDÉRIC Je me rends, fidèle, à ton jugement ; Seigneur Dieu n’abandonne pas mon honneur, Seigneur Dieu, Seigneur Dieu ! N’abandonne, N’abandonne, n’abandonne pas mon honneur ; Seigneur Dieu n’abandonne pas mon honneur ! Je me rends, fidèle, à ton jugement, Seigneur Dieu, n’abandonne pas mon honneur ! Seigneur Dieu, n’abandonne pas mon honneur ! Seigneur Dieu, n’abandonne, n’abandonne pas mon honneur ! LOHENGRIN Tu vas faire connaître ton vrai jugement, Ton vrai jugement ! Mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas, Je ne tremble pas ! Tu vas faire connaître ton vrai jugement ; Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas, Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas, Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas, C’est pourquoi je ne tremble pas ! ORTRUDE J’ai pleine confiance en sa force, en sa force. J’ai pleine confiance en sa force qui, où il combat, Lui donne la victoire ; j’ai pleine confiance en sa force qui, Où il combat, lui donne la victoire ; j’ai pleine confiance En sa force, j’ai pleine confiance en sa force Qui, où il combat, lui donne la victoire ! ELSA Mon Seigneur, ô mon Dieu ! Tu vas faire connaître ton vrai jugement ; C’est pourquoi je ne tremble pas, C’est pourquoi je ne tremble pas ; 53 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Mein Herr und Gott, drum zag’ ich nicht, Drum zag’ ich nicht, mein Herr, mein Herr Drum zag’ ich nicht! DIE FRAUEN Mein Herr und Gott! Segne ihn! Segne ihn! Herr, mein Gott! Herr, mein Gott, segne ihn! 54 (Alle treten unter großer feierlicher Aufregung an ihre Plätze zurück; die sechs Kampfzeugen bleiben bei ihren Speeren dem Ringe zunächst; die übrigen Männer stellen sich in geringer Weite um ihn her. Elsa und die Frauen im Vordergrunde unter der Eiche bei dem Könige. Auf des Heerrufers Zeichen blasen die Heerhornbläser den Kampfruf: Lohengrin und Friedrich vollenden ihre Waffenrüstung. Der König zieht sein Schwert aus der Erde und schlägt damit dreimal auf den an der Eiche aufgehängten Schild. Lohengrin und Friedrich treten in den Ring. Sie legen den Schild vor und ziehen das Schwert. Sie beginnen den Kampf, Lohengrin greift zuerst an. Mit einem weitausgeholten Streiche streckt er Friedrich nieder. Friedrich versucht sich wieder zu erheben, taumelt einige Schritte zurück und stürzt zu Boden. Mit Friedrichs Fall ziehen die Sachsen und Thüringer ihre Schwerter aus der Erde, die Brabanter nehmen die ihrigen auf. Der König nimm seinen Schild von der Eiche.) LOHENGRIN (das Schwert auf Friedrichs Hals setzend) Durch Gottes Sieg ist jetzt dein Leben mein: (von ihm ablassend) Ich schenk’ es dir, mögst du der Reu’ es weih’n! (Alle Männer stoßen ihre Schwerter in die Scheiden. Die Kampfzeugen ziehen die Speere aus der Erde. Jubelnd brechen alle Edlen und Männer in den vorherigen Kampfkreis, so daß dieser von der Masse dicht erfüllt wird.) ACTE I SCÈNE 3 Mon Seigneur et mon Dieu, c’est pourquoi je ne tremble pas, C’est pourquoi je ne tremble pas, mon Seigneur C’est pourquoi je ne tremble pas ! LES FEMMES Mon Seigneur et mon Dieu ! Bénis-le ! Bénis-le ! Seigneur, mon Dieu ! Seigneur, mon Dieu, bénis-le ! (Tous reprennent leur place dans une grande et solennelle émotion ; les six témoins du combat restent autour du cercle, avec leurs lances ; les autres hommes les entourent à une certaine distance. Elsa et les Femmes se tiennent au premier plan, sous le chêne, près du Roi. Sur le signe du héraut, les trompettes sonnent l’appel au combat ; Lohengrin et Frédéric achèvent de s’armer. Le Roi tire son épée de terre et en frappe trois fois le bouclier suspendu au chêne : Lohengrin et Frédéric pénètrent dans le cercle ; ils présentent leurs boucliers et tirent l’épée ; ils commencent le combat, Lohengrin attaque en premier. D’un large mouvement d’épée, il fait toucher terre à Frédéric. Frédéric essaye de se relever, titube en faisant quelques pas à reculons et s’écroule. A la chute de Frédéric, les Saxons et les Thuringiens tirent leurs épées de terre, les Brabançons ramassent les leurs. Le Roi reprend son bouclier suspendu au chêne.) LOHENGRIN (mettant son épée sur la gorge de Frédéric) Par la victoire divine, ta vie est maintenant mienne : (le laissant) Je te l’offre, puisses-tu la consacrer à l’expiation ! (Tous les hommes remettent l’épée au fourreau. Les témoins du combat retirent les lances de terre. Se réjouissant, tous les nobles et les hommes envahissent le cercle du combat si bien que celui-ci est rempli par la masse compacte.) 55 RICHARD WAGNERLOHENGRIN MÄNNER UND FRAUEN Sieg! Sieg! Sieg! DER KÖNIG (sein Schwert ebenfalls in die Scheide stoßend; er führt Elsa Lohengrin zu) Sieg! Sieg! MÄNNER UND FRAUEN Heil! Heil dir, Held! DER KÖNIG Sieg! 56 ELSA O fänd’ Ich Jubelweisen, Deinem Ruhme gleich, Dich würdig zu preisen, An höchstem Lobe reich! In dir muß ich vergehen, Vor dir schwind’ ich dahin, Soll ich mich selig sehen, Nimm Alles, was ich bin, Nimm Alles, nimm Alles, was Ich bin! (Sie sinkt an Lohengrins Brust.) DIE MÄNNER Ertöne Siegesweise, Ertöne Siegesweise, dem Helden laut Zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt! Preis deinem Kommen! Heil deiner Art, Schützer der Frommen! Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art! (In wachsender Begeisterung) Du hast gewahrt das Recht der Frommen! Preis deinem Kommen, Preis deiner Fahrt Gesegnet deiner Art! Dich nur besingen wir, dir schallen Unsre Lieder! Nie kehrt ein Held ACTE I SCÈNE 3 LES HOMMES & LES FEMMES Victoire ! Victoire ! Victoire ! LE ROI (remettant aussi son épée au fourreau ; il conduit Elsa vers Lohengrin) Victoire ! Victoire ! LES HOMMES & LES FEMMES Gloire ! Gloire à toi, Héros ! LE ROI Victoire ! ELSA J’aimerais trouver Un chant de joie, Égal à ta gloire Pour te célébrer dignement, Et riche des plus hauts éloges ! En toi je veux mourir Devant toi je m’efface, Je serais heureuse Si tu prends tout ce que je suis Prends tout, prends tout ce Que je suis ! (Elle s’effondre sur le sein de Lohengrin.) LES HOMMES Retentis, chant de victoire, Retentis, chant de victoire, clair pour le héros Pour la plus haute récompense ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta venue ! Gloire à ta lignée, Protecteur des justes ! Gloire à ton parcours ! Salut à ta lignée ! (En un enthousiasme croissant) Tu as défendu le droit des justes ! Gloire à ta venue, gloire à ton parcours Bénie soit ta lignée ! C’est toi seul que nous chantons, Nos chants résonnent 57 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Gleich dir zu diesen Landen wieder! Du hast gewahrt das Recht der Frommen! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil sei deinem Kommen, deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil! Heil! Heil! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt! Gesegnet dein Kommen, deine Fahrt! Gesegnet deine Fahrt! Heil! Heil! Ertöne, Siegesweise, dem Helden laut Zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt, Preis deinem Kommen! Heil deiner Art, Schützer der Frommen! Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art! Dir tönen Siegesweisen! Heil deiner Fahrt, deiner Art! Heil deiner Fahrt! Heil deiner Fahrt, Heil deinem Kommen! Heil deiner Fahrt! Heil! Heil dir! Heil dir! Heil deiner Art! Heil dir! Preis dir! Heil dir! Heil dir! Heil dir! Heil dir! 58 DER KÖNIG Ertöne, ertöne Siegesweise, Dem Helden laut zum Preise! Ruhm deiner Fahrt! Preis deinem Kommen! Heil deiner Art, Schützer der Frommen! Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art! Du hast gewahrt das Recht der Frommen! Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art! Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art! Heil sei deiner Fahrt, deinem Kommen! Heil deiner Fahrt, Deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil deinem Kommen, Deiner Fahrt! Ertöne Siegesweise, dem Helden laut Zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art! Ruhm deiner Fahrt! Heil deiner Art! Heil deiner Art! Heil! Heil! Heil deinem Kommen! Heil deiner Fahrt! Heil deinem Kommen! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil deiner Fahrt, Heil deinem Kommen! Heil deiner Fahrt! Heil, heil, deinem Kommen, Heil deiner Fahrt! Heil dir! Preis dir! Heil dir! Heil dir! Heil deiner Fahrt! ACTE I SCÈNE 3 Pour toi ! Jamais un héros semblable A toi ne reviendra dans ce pays ! Tu as défendu le droit des justes ! Gloire à ta venue, à ton parcours ! Que ta venue soit glorifiée, ta venue, ton parcours ! Gloire ! Gloire ! Gloire à ta venue, à ton parcours ! Que bénis soient ta venue, ton parcours ! Béni ton parcours ! Gloire ! Retentis chant de victoire, clair, pour le héros Pour le plus haut prix ! Gloire à ton parcours, à ta venue ! Gloire à ta lignée, défenseur des justes ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Que résonnent pour toi les chants de victoire ! Gloire à ton parcours, à ta lignée ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta venue ! Gloire à ton parcours ! Gloire ! Gloire ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à ta lignée ! Gloire à toi ! Loué sois-tu ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! LE ROI Retentis, retentis, chant de victoire, Clair, pour la louange du héros ! Gloire à ton parcours ! Louée soit ta venue ! Gloire à ta lignée, protecteur des justes ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Tu as défendu le droit des justes ! Loué soit ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Loué soit ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Glorifiés soient ton parcours, ta venue ! Gloire à ton parcours ! A ta venue, à ton parcours ! Gloire à ta venue, A ton parcours ! Retentis chant de victoire, clair pour le héros Pour le plus haut prix ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta lignée ! Gloire à ta lignée ! Gloire ! Gloire à ta venue ! Gloire à ton parcours ! Gloire à ta venue ! Gloire à ta venue, à ton parcours ! Gloire à ton parcours, gloire à ta venue ! Gloire à ton parcours ! Gloire, gloire à ta venue, gloire à ton parcours ! Gloire à toi ! Loué sois-tu ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à ton parcours ! 59 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ELSA O fänd ich Jubelweisen, deine Ruhme gleich, Dich würdig zu preisen, an höchstem Lobe reich! Ach, soll ich mich selig sehen, nimm Alles, was ich bin! In dir muß ich vergehen Vor dir schwind’ ich dahin! Soll ich mich selig sehen, nimm Alles, nimm Alles, Alles was ich bin! Nimm Alles, Alles, was ich bin, nimm Alles, was ich bin! Nimm es hin, Alles hin! O nimm Alles hin! 60 ORTRUD (die Friedrichs Fall mit Wut gesehen, den finsteren Blick unverwandt auf Lohengrin geheftet) Wer ist’s, der ihn geschlagen, vor dem ich machtlos bin? Sollt’ich vor ihm verzagen, wär’ all mein Hoffen hin? Wär’ all mein Hoffen hin? Wer ist’s, der ihn geschlagen? Vor dem ich machtlos bin? Wer ist’s, vor dem ich machtlos bin? Sollt’ich vor ihm verzagen? Wär’ all mein Hoffen hin? Sollt’ich vor ihm, vor ihm verzagen, Sollt’ich vor ihm verzagen? Wär’ all mein Hoffen hin, wär’ all mein Hoffen hin? Wär’ all mein Hoffen hin? Wär’ es hin? Wär’ es hin? Wär’ all mein Hoffen hin? FRIEDRICH (sich am Boden qualvoll windend) Weh’, mich hat Gott geschlagen, durch ihn, Durch ihn ich sieglos bin; durch ihn, Durch ihn sieglos ich bin! Am Heil muß ich verzagen! Mein Ruhm und Ehr’ ist hin! Am Heil muß ich verzagen! Mein Ruhm und Ehr’ ist hin! Mein Ruhm und Ehr’, mein Ruhm und Ehr’ ist hin! Mein Ruhm und Ehr’ ist hin! Weh’, mich hatt Gott geschlagen, Durch ihn ich sieglos bin! Am Heil muß ich verzagen! Mein Ruhm und Ehr’ ist dahin! Mein Ruhm und Ehr’ ist dahin! ACTE I SCÈNE 3 ELSA J’aimerais trouver un chant de joie égal à ta gloire Pour te célébrer dignement, riche des plus hauts éloges ! Ah, je serais heureuse si tu prends tout ce que je suis ! En toi je veux mourir Devant toi je m’efface ! Ah ! je serais heureuse si tu prends tout, si tu prends tout, Tout ce que je suis ! Prends tout, tout ce que je suis, prends tout ce que je suis ! Prends-le, prends tout ! Oh, prends tout ! ORTRUDE (qui a observé la chute de Frédéric avec fureur, fixant Lohengrin d’un regard noir) Qui est-il, celui qui l’a frappé, devant qui je suis impuissante ? Devant lui, dois-je perdre courage, Tous mes espoirs anéantis ? Tous mes espoirs anéantis ? Qui est-il, celui qui l’a frappé ? Devant qui je suis impuissante ? Qui est-il, celui devant qui je suis impuissante ? Devant lui, dois-je perdre courage, Tous mes espoirs anéantis ? Devant lui, devant lui dois-je perdre courage. Devant lui dois-je perdre courage ? Tous mes espoirs seraient-ils anéantis ? Sont-ils anéantis ? Tous mes espoirs seraient-ils anéantis ? Anéantis ? Anéantis ? Tous mes espoirs seraient-ils anéantis ? FRÉDÉRIC (au sol, se tordant de douleur) Malheur, Dieu m’a frappé, par lui, Par lui je suis vaincu ; par lui, Par lui je suis vaincu ! Au salut je dois renoncer ! Ma gloire et mon honneur sont perdus ! Au salut je dois renoncer ! Ma gloire et mon honneur sont perdus ! Ma gloire et mon honneur sont perdus ! Ma gloire et mon honneur sont perdus ! Malheur, Dieu m’a frappé, Par lui je suis vaincu ! Je dois renoncer au salut ! Ma gloire et mon honneur son anéantis ! Ma gloire et mon honneur sont anéantis ! 61 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DIE FRAUEN Wo fänd’ ich Jubelweisen, seinem Ruhme gleich, Ihn würdig zu preisen, an höchstem Lobe reich, Ihn würdig zu preisen ihn würdig zu preisen! Heil! Heil der Fahrt! Heil! Heil! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt! Gesegnet sei deine Fahrt! Heil! Heil! Ertöne Siegesweise Dem Helden laut zum höchsten Preise! Ruhm deiner Fahrt, Preis deinem Kommen! Heil deiner Art, Schützer der Frommen! Preis deiner Fahrt! Heil deiner Art! Dir tönen Siegesweisen! Heil deiner Fahrt, deiner Art! Heil deiner Fahrt! Heil! Heil deinem Kommen, deiner Fahrt! Heil! Heil! Heil dir! Heil dir! Heil deiner Art! Heil dir! Preis dir! Heil dir! Heil dir! Heil dir! Heil dir! 62 LOHENGRIN (Elsa von seiner Brust erhebend) Den Sieg hab’ ich erstritten durch deine Rein’ allein; Nun soll, was du gelitten, dir reich Vergolten sein! Nun soll, was du gelitten, Dir reich vergolten sein, Was du gelitten, soll dir reich, ja reich vergolten sein! Den Sieg hab’ ich erstritten durch deine Rein’ allein! Nun soll, was du gelitten, dir reich vergolten sein! Nun soll, was du gelitten, dir reich vergolten sein, Nun soll, was du gelitten, was du gelitten, was du gelitten, Dir reich vergolten sein! Dir soll nun reich vergolten sein! (Friedrich sinkt zu Ortruds Füßen ohnmächtig zusammen. Junge Sachsen erheben Lohengrin auf seinen Schild und Brabanter Elsa auf den Schild des Königs, auf welchen zuvor mehrere ihre Mäntel gebreitet haben; so werden beide unter Jauchzen davongetragen.) ACTE I SCÈNE 3 LES FEMMES Où trouverais-je un chant de jubilation comparable à sa gloire, Pour le célébrer dignement, riche des plus hauts éloges, Pour le célébrer dignement, pour le célébrer dignement ! Gloire ! Gloire à son parcours ! Gloire ! Gloire ! Gloire à ta venue, à ton parcours ! Béni soit ton parcours ! Gloire ! Gloire ! Sonne chant de victoire Haut pour le héros, pour le plus haut prix ! Gloire à ton parcours, Louée soit ta venue ! Gloire à ta lignée ! Les chants de victoires sonnent pour toi ! Gloire à ton parcours, à ta lignée ! Gloire ! Gloire ! Gloire à toi ! Gloire à ta lignée ! Gloire à toi ! Loué sois-tu ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! LOHENGRIN (relevant Elsa qui s’est serrée contre sa poitrine) J’ai conquis la victoire par ta seule pureté ; A présent, ce que tu as souffert te sera richement Payé ! A présent, ce que tu as souffert te sera richement payé, Ce que tu as souffert te sera richement, oui richement payé ! J’ai conquis la victoire par ta seule pureté ! A présent, ce que tu as souffert te sera richement payé ! A présent, ce que tu as souffert te sera richement payé, A présent, ce que tu as souffert, ce que tu as souffert, Te sera richement payé ! Te sera maintenant richement payé, (Frédéric s’effondre évanoui aux pieds d’Ortrude. De jeunes Saxons élèvent Lohengrin sur son pavois et les Brabançons élèvent Elsa sur celui du Roi ; sur ce bouclier plusieurs avaient auparavant déployé leurs manteaux ; ainsi tous deux sont emportés sous les acclamations.) 63 RICHARD WAGNER LOHENGRIN ZWEITER AUFZUG ERSTE SZENE 64 In der Burg von Antwerpen. In der Mitte des Hintergrundes der Palas (Ritterwohnung), links im Vordergrunde die Kemenate (Frauenwohnung); rechts im Vordergrunde die Pforte des Münsters; ebenda im Hintergrunde das Turmtor. Es ist Nacht. Die Fenster des Palas sind hell erleuchtet; aus dem Palas hört man jubelnde Musik, Hörner und Posaunen klingen lustig daraus her. Auf den Stufen zur Münsterpforte sitzen Friedrich und Ortrud, beide in düsterer, ärmlicher Kleidung. Ortrud, die Arme auf die Knie gestützt, heftet unverwandt ihr Auge auf die leuchtenden Fenster des Palas; Friedrich blickt finster zur Erde. Langes düstr’es Schweigen. FRIEDRICH (erhebt sich rasch) Erhebe dich, Genossin meiner Schmach! Der junge Tag darf hier uns nicht mehr sehn. ORTRUD (ohne ihre Stellung zu ändern) Ich kann nicht fort: hierher bin ich gebannt. Aus diesem Glanz des Festes unsrer Feinde Laß’ saugen mich ein furchtbar tödlich Gift, Das unsre Schmach und ihre Freuden ende! FRIEDRICH (finster vor Ortrud hintretend) Du fürchterliches Weib, Was bannt mich noch in deine Nähe? Warum laß’ ich dich nicht allein, ACTE I SCÈNE 9 DEUXIÈME ACTE PREMIÈRE SCÈNE Le château d’Anvers. Au centre, à l’arrière-plan, le palais (résidence des chevaliers), à gauche, au premier plan, le gynécée (résidence des femmes) ; à droite, au premier plan, la porte de la cathédrale et au fond la porte du château. C’est la nuit. Les fenêtres du palais sont brillamment éclairées ; on perçoit une musique de fête, cors et trombones sonnent joyeusement. Sur les marches de la cathédrale, Frédéric et Ortrude sont assis, dans de tristes et pauvres habits. Ortrude, les bras appuyés sur les genoux, regarde fixement les fenêtres du palais ; sombre, Frédéric fixe le sol. Long et amer silence. FRÉDÉRIC (se relève rapidement) Lève-toi, complice de ma honte ! Le petit jour ne doit plus nous voir ici. ORTRUDE (sans changer de place) Je ne peux partir ; je suis enchaînée ici. De cet éclat de la fête de nos ennemis Laisse-moi tirer un poison terrible, mortel, Qui mette fin à notre honte et à leur joie. FRÉDÉRIC (sombre, s’avance devant Ortrude) Toi, femme redoutable, Qu’est-ce qui me retient auprès de toi ? Pourquoi ne pas t’abandonner, seule, 65 RICHARD WAGNERLOHENGRIN 66 Und fliehe fort, dahin, dahin, Wo mein Gewissen Ruhe wieder fänd’! Durch dich mußt’ ich verlieren Mein’ Ehr’, all’ meinen Ruhm; Nie soll mich Lob mehr zieren, Schmach ist mein Heldentum! Die Acht ist mir gesprochen, Zertrümmert liegt mein Schwert, Mein Wappen ward zerbrochen, Verflucht mein Vaterherd! Wohin ich nun mich wende, Gefloh’n, gefehmt bin ich, Daß ihn mein Blick nicht schände, Flieht selbst der Räuber mich! Durch dich mußt’ ich verlieren Mein’ Ehr’, all’ meinen Ruhm; Nie soll mich Lob mehr zieren, Schmach ist mein Heldentum! Die Acht ist mir gesprochen, Zertrümmert liegt mein Schwert, Mein Wappen ward zerbrochen, Verflucht mein Vaterherd! O, hätt’ ich Tod erkoren, da ich so elend bin! Mein’ Ehr’, mein’ Ehr’ hab’ ich verloren, Mein’ Ehr’, mein’ Ehr’ ist hin! Mein’ Ehr’, mein’ Ehr’ ist hin! (Er stürzt, von wütendem Schmerz überwältigt, zu Boden. Musik aus dem Palas.) ORTRUD (immer in ihrer ersten Stellung, während Friedrich sich erhebt) Was macht dich in so wilder Klage doch vergehn? FRIEDRICH Daß mir die Waffe selbst geraubt, (Mit einer heftigen Bewegung gegen Ortrud) Mit der ich dich erschlüg’!... ORTRUD (mit ruhigem Hohn) Friedreicher Graf von Telramund! Weshalb mißtraust du mir? ACTE II SCÈNE 1 Et fuir, là-bas, là-bas, Où ma conscience retrouvera le repos ! Par toi, il me faut perdre Mon honneur, toute ma gloire ; Jamais plus les éloges ne me flatteront, Mon héroïsme n’est que honte ! Le bannissement m’est promis, Mon épée est brisée, Mes armes sont détruites, Ma maison est maudite ! Où qu’à présent je me tourne Je suis proscrit, banni, Et pour que ma vue ne l’outrage pas, Le brigand même me fuit ! Par toi, il me faut perdre Mon honneur, toute ma gloire ; Jamais plus les éloges ne me flatteront, Mon héroïsme n’est que honte ! Le bannissement m’est promis, Mon épée est brisée, Mes armes sont détruites, Ma maison est maudite ! Oh, si j’avais choisi la mort, moi qui suis si misérable ! Mon honneur, mon honneur, je l’ai perdu, Mon honneur, mon honneur est brisé ! Mon honneur, mon honneur est brisé ! (Il s’effondre, anéanti par une douleur furieuse. Musique en provenance du palais.) ORTRUDE (toujours dans la même position, pendant que Frédéric se relève) Pourquoi te perdre en de si sauvages lamentations ? FRÉDÉRIC Parce qu’on m’a même volé l’arme, (Avec un geste violent à l’égard d’Ortrude) Avec laquelle je t’aurais frappée !... ORTRUDE (avec une calme ironie) Pacifique comte de Telramund ! Pourquoi te défies-tu de moi ? 67 RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH Du fragst? War’s nicht dein Zeugnis, deine Kunde, Die mich bestrickt, die Reine zu verklagen? Die du im düst’ren Wald zu Haus, Logst du mir nicht, von deinem wilden Schlosse aus Die Untat habest du verüben sehn Mit eig’nem Aug’, wie Elsa selbst den Bruder Im Weiher dort ertränkt? Umstricktest du Mein stolzes Herz durch die Weissagung nicht, Bald würde Radbod’s alter Fürstenstamm Von neuem grünen und herrschen in Brabant? Bewogst du so mich nicht, von Elsas Hand, Der Reinen, abzustehn und dich zum Weib Zu nehmen, weil du Radbod’s letzter Sproß? ORTRUD (leise, doch grimmig) Ha, wie tödlich du mich kränkst! (Laut) Dies alles, ja, ich sagt’ und zeugt’ es dir! 68 FRIEDRICH Und machtest mich, dess’ Name hochgeehrt, Dess’ Leben aller höchsten Tugend Preis, Zu deiner Lüge schändlichem Genossen? ORTRUD (trotzig) Wer log? FRIEDRICH Du! Hat nicht durch sein Gericht Gott mich dafür geschlagen? ORTRUD (mit fürchterlichem Hohne) Gott? FRIEDRICH Entsetzlich! Wie tönt aus deinem Munde furchtbar der Name! ORTRUD Ha, nennst du deine Feigheit Gott? ACTE II SCÈNE 1 FRÉDÉRIC Tu poses la question ? N’est-ce pas ton témoignage, tes révélations Qui m’ont forcé à accuser l’innocente ? Chez toi, dans la forêt obscure Ne me mentis-tu pas en disant que, de ton château barbare, Tu avais vu le crime De tes propres yeux, et comment Elsa elle-même Avait noyé son frère dans un étang ? Ne forças-tu pas Mon cœur fier, prophétisant Que bientôt la vieille lignée princière de Radbod Reverdirait et règnerait sur le Brabant ? Ne m’as-tu pas incité à renoncer à la main D’Elsa, la pure, pour t’épouser Parce que tu étais la dernière héritière de Radbod ? ORTRUDE (à voix basse, mais avec courroux) Ah, quel outrage mortel ! (A voix haute) Oui, j’ai dit tout cela et t’en ai rendu témoignage ! 69 FRÉDÉRIC Et de moi, dont le nom était très honoré Et la vie un modèle de haute vertu, tu as fait Le honteux complice de ton mensonge ? ORTRUDE (rétive) Qui a menti ? FRÉDÉRIC Toi ! Par son jugement Dieu ne m’en a-t-il pas puni ? ORTRUDE (avec un formidable mépris) Dieu ? FRÉDÉRIC Effrayant ! Comme dans ta bouche ce nom est terrible ! ORTRUDE Ah ! ta lâcheté, tu l’appelles Dieu ? RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH Ortrud! ORTRUD Willst du mir droh’n? Mir, einem Weibe, droh’n? O Feiger! Hättest du so grimmig ihm gedroht, Der jetzt dich in das Elend schickt, Wohl hättest Sieg für Schande du erkauft! Ha, wer ihm zu entgegnen wüßt’, Der fänd’ ihn schwächer als ein Kind! FRIEDRICH Je schwächer er, desto gewalt’ger kämpfte Gottes Kraft! ORTRUD Gottes Kraft? Ha, ha! Gib hier mir die Macht, Und sicher zeig’ ich dir, welch’ schwacher Gott es ist, Der ihn beschützt. 70 FRIEDRICH (von Schauer ergriffen) Du wilde Seherin! wie willst du doch Geheimnisvoll den Geist mir neu berücken? ORTRUD (auf den Palas deutend, in dem das Licht verlöscht ist) Die Schwelger streckten sich zur üpp’gen Ruh’; Setz’ dich zur Seite mir! Die Stund’ ist da, Wo dir mein Seherauge leuchten soll! (Während des Folgenden nähert sich Friedrich, wie unheimlich von ihr angezogen, Ortrud immer mehr und neigt sein Ohr aufmerksam zu ihr herab.) Weißt du, wer dieser Held, Den hier ein Schwan gezogen an das Land? FRIEDRICH Nein! ORTRUD Was gäbst du doch, es zu erfahren, Wenn ich dir sag’: ist er gezwungen, Zu nennen, wie sein Nam’ und Art, All’ seine Macht zu Ende ist, Die mühvoll ihm ein Zauber leiht? ACTE II SCÈNE 1 FRÉDÉRIC Ortrude ! ORTRUDE Tu me menaces ? Moi, une femme, tu me menaces ? Ô lâche ! Si tu l’avais aussi violemment menacé, Celui qui te plonge maintenant dans la misère, Tu aurais obtenu la victoire au lieu de la honte ! Ah ! celui qui saurait le contrer Le trouverait plus faible qu’un enfant ! FRÉDÉRIC Plus il était faible, plus fort combattait la puissance de Dieu ! ORTRUDE La puissance de Dieu ? Ha, ha ! Donne-moi le pouvoir, Et je te montrerai sûrement, combien faible est ce Dieu Qui le protège. FRÉDÉRIC (saisi de peur) Sauvage prophétesse ! Tu veux encore, Avec tes mystères, égarer mon esprit ? ORTRUDE (désignant le palais où la lumière s’est éteinte) Les noceurs se sont étendus dans un repos délicieux ; Assieds-toi à mes côtés ! L’heure est venue Où mon œil de prophétesse doit t’éclairer ! (Pendant ce qui suit, Frédéric s’approche d’Ortrude, comme mystérieusement attiré par elle et tend l’oreille avec attention.) Sais-tu qui est ce héros Qu’un cygne a amené ici ? FRÉDÉRIC Non ! ORTRUDE Que donnerais-tu donc pour l’apprendre et Si je te disais que s’il était forcé A dire son nom et sa lignée, Toute sa force, par un sortilège Laborieusement donnée, prendrait fin ? 71 RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH Ha! Dann begriff’ ich sein Verbot! ORTRUD Nun hör! Niemand hier hat Gewalt, Ihm das Geheimnis zu entreißen, Als die, der er so streng verbot, Die Frage je an ihn zu tun. FRIEDRICH So gält’ es, Elsa zu verleiten, Daß sie die Frag’ ihm nicht erließ’? ORTRUD Ha, wie begreifst du schnell und wohl! FRIEDRICH Doch wie soll das gelingen? 72 ORTRUD Hör! Vor allem gilt’s, von hinnen nicht Zu flieh’n; drum schärfe deinen Witz! Gerechten Argwohn ihr zu wecken, Tritt vor, klag’ ihn des Zaubers an, Mit dem er das Gericht getäuscht! FRIEDRICH (mit fürchterlicher wachsender innerer Wut) Ha! Trug und Zaubers List! ORTRUD Mißglückt’s, so bleibt ein Mittel der Gewalt! FRIEDRICH Gewalt? ORTRUD Umsonst nicht bin ich in geheimsten Künsten Tief erfahren; drum achte wohl, was ich dir sage! Jed’ Wesen, das durch Zauber stark, Wird ihm des Leibes kleinstes Glied entrissen nur, Muß sich alsbald ohnmächtig zeigen, wie es ist! ACTE II SCÈNE 1 FRÉDÉRIC Ah ! Je comprends maintenant son interdiction ! ORTRUDE Maintenant écoute ! Personne ici n’a le pouvoir De lui arracher le secret, Sauf celle à qui il interdit si strictement De le questionner. FRÉDÉRIC Alors, il s’agirait d’amener Elsa A ne pas le dispenser de la question ? ORTRUDE Ah, comme tu saisis vite et bien ! FRÉDÉRIC Mais comment parvenir à cela ? ORTRUDE Écoute ! Avant tout il s’agit de ne pas Quitter ces lieux ; c’est pourquoi, aiguise ton esprit ! Pour éveiller ses légitimes soupçons, Entre en scène, accuse-le d’avoir par magie Trompé la justice ! FRÉDÉRIC (avec une terrible et croissante colère intérieure) Ah ! Tromperie et artifice de magie ! ORTRUDE Si cela échoue, il reste la force ! FRÉDÉRIC La force ? ORTRUDE Ce n’est pas en vain qu’au plus profond j’ai étudié Les arts les plus secrets ; entends donc bien ce que je te dis ! Quiconque est rendu fort par la magie, Si on lui arrache une partie du corps, même la plus petite, Aussitôt se révèle sans pouvoir, tel qu’il est ! 73 RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH Ha, sprächst du wahr! ORTRUD O hättest du im Kampf nur einen Finger ihm, Ja, eines Fingers Glied entschlagen, Der Held, er war in deiner Macht! FRIEDRICH Entsetzlich! Ha, was lässest du mich hören! Durch Gott geschlagen wähnt’ ich mich. Nun ließ durch Trug sich das Gericht betören, Durch Zaubers List verlor mein’ Ehre ich! Doch meine Schande könnt’ ich rächen, Bezeugen könnt’ ich meine Treu’? Des Buhlen Trug, ich könnt’ ihn brechen, Und meine Ehr’ gewönn’ ich neu! O Weib, das in der Nacht ich vor mir seh’, Betrügst du jetzt mich noch, dann weh’ dir! Weh’! 74 ORTRUD Ha, wie du rasest! Ruhig und besonnen! So lehr’ ich dich der Rache süße Wonnen! (Friedrich setzt sich langsam an Ortruds Seite auf die Stufen nieder.) ORTRUD UND FRIEDRICH Der Rache Werk sei nun beschworen Aus meines Busens wilder Nacht! Die ihr in süßem Schlaf verloren, Wißt, daß für euch das Unheil wacht! Die ihr in süßem Schlaf verloren, Wißt, daß für euch das Unheil wacht! ACTE II SCÈNE 1 FRÉDÉRIC Ah, si tu disais vrai ! ORTRUDE Oh ! si dans le combat tu lui avais enlevé Un doigt seulement, oui, même un bout de doigt, Le héros, il était en ton pouvoir ! FRÉDÉRIC Effrayant ! Ah ! que me fais-tu entendre : Je me croyais frappé par Dieu. Le jugement fut donc détourné par tromperie, J’ai perdu mon honneur par un artifice magique ! Je pourrais donc venger ma honte, Témoigner de ma loyauté ? Je pourrais briser la tromperie de l’amant Et gagner mon honneur à nouveau ! Ô femme, que je vois devant moi dans la nuit, Si tu me trompes encore, alors malheur à toi ! Malheur ! ORTRUDE Ah, comme tu enrages ! Calme-toi, réfléchis ! Je t’apprendrai les doux délices de la vengeance ! (Frédéric s’assoit lentement près d’Ortrude sur les marches en contrebas.) ORTRUDE & FRÉDÉRIC Jurons d’accomplir la vengeance Sortie de la nuit sauvage de mon sein ! Vous, perdus dans un doux sommeil, Sachez que le malheur veille sur vous ! Vous, perdus dans un doux sommeil, Sachez que le malheur veille sur vous ! 75 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ZWEITE SZENE (Elsa, in weißem Gewande, erscheint auf dem Söller; sie tritt an die Brüstung und lehnt den Kopf auf die Hand. Friedrich und Ortrud ihr gegenüber auf den Stufen des Münsters sitzend. ) ELSA Euch Lüften, die mein Klagen so traurig oft erfüllt, Euch muß ich dankend sagen, Wie sich mein Glück enthüllt! ORTRUD Sie ist es! FRIEDRICH Elsa! 76 ELSA Durch euch kam er gezogen, ihr lächeltet der Fahrt; Auf wilden Meereswogen habt ihr ihn treu bewahrt. ORTRUD Der Stunde soll sie fluchen, in der sie jetzt mein Blick gewahrt! ELSA Zu trocknen Meine Zähren hab’ ich euch oft gemüht; Wollt Kühlung nun gewähren der Wang’, in Lieb’ erglüht! ORTRUD Hinweg! Entfern’ ein Kleines dich von hier! FRIEDRICH Warum? ORTRUD Sie ist für mich, ihr Held Gehöre dir! ACTE II SCÈNE 2 DEUXIÈME SCÈNE (Elsa, en vêtements blancs, apparaît sur la terrasse ; elle s’avance jusqu’à la balustrade et appuie sa tête contre sa main. En face Frédéric et Ortrude, assis sur les marches de la cathédrale.) ELSA A vous brises, que souvent mes plaintes si tristement habitèrent, A vous je dois dire, pleine de gratitude, Combien ma joie se révèle ! ORTRUDE C’est elle ! FRÉDÉRIC Elsa ! ELSA Poussé par vous, il est venu, vous avez souri à son voyage ; Sur la mer déchaînée, fidèlement vous l’avez protégé. ORTRUDE Elle maudira l’heure où elle va maintenant rencontrer Mon regard ! ELSA Pour sécher Mes larmes, je vous ai souvent mis à la peine ; Maintenant, rafraîchissez mes joues brûlantes d’amour ! ORTRUDE Va-t-en ! Éloigne-toi un peu d’ici ! FRÉDÉRIC Pourquoi ? ORTRUDE Elle est pour moi, son héros T’appartient à toi ! 77 RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Friedrich entfernt sich und verschwindet im Hinter grunde.) ELSA Wollt Kühlung Nun gewähren der Wang’, in Liebe, in Liebe In Lieb’ erglüht! In Liebe! ORTRUD (in ihrer bisherigen Stellung verbleibend, laut, mit klagendem Ausdruck) Elsa! ELSA (nach einem Schweigen) Wer ruft? Wie schauerlich und klagend Ertönt mein Name durch die Nacht? ORTRUD Elsa! Ist meine Stimme dir so fremd? Willst du die Ärmste ganz verleugnen, Die du ins fernste Elend schickst? 78 ELSA Ortrud! bist du’s? Was machst du hier, unglücklich Weib? ORTRUD »Unglücklich Weib!« Wohl hast du recht, so mich zu nennen! In ferner Einsamkeit des Waldes, Wo still und friedsam ich gelebt, Was tat ich dir? was tat ich dir? Freudlos, das Unglück nur beweinend, Das lang belastet meinen Stamm, Was tat ich dir? was tat ich dir? ELSA Um Gott, was klagest du mich an? War ich es, die dir Leid gebracht? ORTRUD Wie könntest du fürwahr mir neiden das Glück, Daß mich zum Weib erwählt der Mann, Den du so gern verschmäht? ACTE II SCÈNE 2 (Frédéric s’éloigne et disparaît à l’arrière-plan.) ELSA Rafraîchissez Maintenant mes joues, d’amour, d’amour, D’amour brûlantes ! D’amour ! ORTRUDE (demeurant à sa place, à voix haute, avec une expression plaintive) Elsa ! ELSA (après un silence) Qui appelle ? Comme une lugubre plainte Mon nom résonne dans la nuit ! ORTRUDE Elsa ! Ma voix t’est-elle à ce point étrangère ? Renieras-tu totalement la plus malheureuse, Que tu as exilée dans la plus extrême misère ? ELSA Ortrude ! C’est toi ? Que fais-tu là, malheureuse femme ? ORTRUDE « Malheureuse femme ! » Tu as bien raison de m’appeler ainsi ! Dans la lointaine solitude de la forêt Où je vivais, calme et paisible, Que t’ai-je fait ? Que t’ai-je fait ? Sans joie, pleurant juste le malheur Qui depuis longtemps accable ma lignée, Que t’ai-je fait ? Que t’ai-je fait ? ELSA Par Dieu, de quoi m’accuses-tu ? Est-ce moi qui t’ai fait souffrir ? ORTRUDE Vraiment, comment pourrais-tu m’envier le bonheur D’avoir été élue pour épouse par l’homme Que tu as si bien repoussé ? 79 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ELSA Allgüt’ger Gott! Was soll mir das? ORTRUD Mußt’ ihn unsel’ger Wahn betören, Dich Reine einer Schuld zu zeih’n, Von Reu’ ist nun sein Herz zerrissen, Zu grimmer Buß’ ist er verdammt. ELSA Gerechter Gott! ORTRUD O, du bist glücklich! Nach kurzem, unschuldsüßem Leiden, Siehst lächeln du das Leben nur; Von mir darfst selig du dich scheiden, Mich schickst du auf des Todes Spur, Daß meines Jammers trüber Schein Nie kehr’ in deine Feste ein! 80 ELSA (sehr bewegt) Wie schlecht ich deine Güte priese, Allmächt’ger, der mich so beglückt, Wenn ich das Unglück von mir stieße, Das sich im Staube vor mir bückt! O nimmer! Ortrud! harre mein! Ich selber laß dich zu mir ein! (Sie eilt in die Kemenate zurück.) ORTRUD (springt in wilder Begeisterung von den Stufen auf) Entweihte Götter! Helft jetzt meiner Rache! Bestraft die Schmach, die hier euch angetan! Stärkt mich im Dienst eurer heil’gen Sache! Vernichtet der Abtrünn’gen schnöden Wahn! Wodan! Dich Starken rufe ich! Freia! Erhab’ne, höre mich! Segnet mir Trug und Heuchelei, Daß glücklich meine Rache sei! ELSA (noch außerhalb) Ortrud! wo bist du? ACTE II SCÈNE 2 ELSA Dieu très bon ! Qu’y puis-je ? ORTRUDE Si une malheureuse illusion l’a mené A t’accuser d’un crime, toi, innocente, Son cœur est maintenant déchiré de remord. Il est condamné à une terrible pénitence. ELSA Dieu juste ! ORTRUDE Oh, tu es heureuse ! Après une brève souffrance, adoucie par ta pureté, Tu vois maintenant la vie sourire ; Tu peux, heureuse, te séparer de moi, Tu m’envoies sur le chemin de la mort, Pour que le triste spectacle de ma misère Ne pénètre jamais dans tes fêtes ! 81 ELSA (très émue) Comme je louerais mal tes bontés, Tout-puissant, qui m’a comblée de bonheur, Si j’écartais de moi le malheur Qui, dans la poussière, s’incline devant moi. Ô jamais ! Ortrude ! Attends-moi Je vais moi-même te faire venir à moi ! (Elle retourne en hâte dans le gynécée.) ORTRUDE (bondit des marches, dans un transport sauvage) Dieux profanés ! Maintenant, aidez ma vengeance ! Punissez l’outrage qui vous est fait ici ! Rendez-moi forte au service de votre cause sacrée ! Anéantissez les chimères odieuses des renégats ! Wotan ! Toi, le fort, je t’appelle ! Freia, auguste ! Entends-moi ! Dotez-moi du mensonge et de l’hypocrisie, Pour que réussisse ma vengeance ! ELSA (encore en coulisse) Ortrude ! Où es-tu ? RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Elsa und zwei Mägde mit Lichten treten aus der unteren Türe der Kemenate auf.) ORTRUD (sich demütig vor Elsa niederwerfend) Hier, zu deinen Füßen! ELSA (bei Ortruds Anblick erschreckt zurücktretend) Hilf Gott! So muß ich dich erblicken, Die ich in Stolz und Pracht nur sah! Es will das Herze mir ersticken, Seh’ ich so niedrig dich mir nah! Steh’ auf! O, spare mir dein Bitten! Trugst du mir Haß, verzieh ich dir; Was du schon jetzt durch mich gelitten, Das, bitte ich, verzeih’ auch mir, Das, bitte ich, verzeih’ auch mir! ORTRUD O habe Dank für so viel Güte! 82 ELSA Der morgen nun mein Gatte heißt, Anfleh’ ich sein liebreich Gemüte, Daß Friedrich auch er Gnad’ erweist. ORTRUD Du fesselst mich in Dankes Banden! ELSA (mit immer gesteigerter heiterer Erregtheit) In Früh’n laß mich bereit dich seh’n, Geschmückt mit prächtigen Gewanden Sollst du mit mir zum Münster geh’n. Dort harre ich des Helden mein, (Freudig, stolz) Vor Gott sein Eh’gemahl zu sein, Vor Gott sein Eh’gemahl zu sein! (Selig, entzückt) Sein Eh’gemahl! ORTRUD Wie kann ich solche Huld dir lohnen, ACTE II SCÈNE 2 (Avec des torches, Elsa et deux servantes sortent par la porte inférieure du gynécée.) ORTRUDE (se jette humblement aux pieds d’Elsa) Ici, à tes pieds ! ELSA (voyant Ortrude, reculant effrayée) Mon Dieu ! Il me faut te voir ainsi, Toi que je ne vis que fière et splendide ! Mon cœur m’étouffe A te voir près de moi, tombée si bas ! Relève-toi ! Ô, épargne-moi ta prière, Si tu m’as porté de la haine, je te pardonne ; Pour ce que tu as souffert à cause de moi, Je t’en prie, pardonne-moi aussi, Je t’en prie, pardonne-moi aussi ! ORTRUDE Ô, sois remerciée pour tant de bonté ! ELSA De celui qui demain sera mon époux J’implorerai le cœur aimant Pour qu’il accorde aussi sa grâce à Frédéric. ORTRUDE Tu m’enchaînes dans les liens de la gratitude ! ELSA (avec une excitation croissante et joyeuse) Dès l’aube, que je te voie prête, Parée de splendides vêtements, Tu viendras avec moi à la cathédrale. Là, j’attendrai mon héros (Joyeuse, fière) Pour être, devant Dieu, son épouse, Pour être, devant Dieu, son épouse ! (Heureuse, émerveillée) Son épouse ! ORTRUDE Comment pourrais-je te rendre tant de grâce, 83 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Da machtlos ich und elend bin? Soll ich in Gnaden bei dir wohnen, Stets bleibe ich die Bettlerin! (Immer näher zu Elsa tretend) Nur eine Kraft ist mir geblieben, Sie raubte mir kein Machtgebot; Durch sie vielleicht schütz’ ich dein Lieben, Bewahr’ es vor der Reue Not! ELSA (unbefangen und freundlich) Wie meinst du? ORTRUD Wohl, daß ich dich warne, Zu blind nicht deinem Glück zu trau’n; Daß nicht ein Unheil dich umgarne, Laß mich für dich zur Zukunft schaun. ELSA (mit heimlichem Grauen) Welch’ Unheil? 84 ORTRUD (sehr geheimnisvoll) Könntest du erfassen, Wie dessen Art so wundersam, Der nie dich möge so verlassen, Wie er durch Zauber zu dir kam! ELSA (von Grausen erfaßt, wendet sich unwillig ab; voll Trauer und Mitleid wendet sie sich dann wieder zu Ortrud) Du Ärmste kannst wohl nie ermessen, Wie zweifellos mein Herze liebt? Du hast wohl nie das Glück besessen, Das sich uns nur durch Glauben gibt? (Freundlich) Kehr’ bei mir ein! Laß mich dich lehren, Wie süß die Wonne reinster Treu’! Laß’ zu dem Glauben dich bekehren: Es gibt ein Glück, es gibt ein Glück, das ohne Reu’! ORTRUD (für sich) Ha! Dieser Stolz, er soll mich Lehren, wie ich bekämpfe ihre Treu’ er soll mich’s lehren! ACTE II SCÈNE 2 Moi qui suis sans pouvoir et misérable ? Si dans ta grâce je dois vivre près de toi, Je resterai toujours la mendiante ! (Se rapprochant d’Elsa) Il ne me reste qu’un pouvoir, Aucun commandement ne me l’a ravi Par lui peut-être protégerai-je ton amour, Le préservant de la détresse et du regret ! ELSA (ingénue et amicale) Que veux-tu dire ? ORTRUDE Il est bon que je t’avertisse De ne pas te fier aveuglément à ton bonheur ; Pour qu’un malheur ne te cerne pas, Laisse-moi, pour toi, observer le futur. ELSA (avec une terreur secrète) Quel malheur ? 85 ORTRUDE (très mystérieusement) Si tu pouvais comprendre, Celui dont la lignée est si mystérieuse, Puisse-t-il ne jamais t’abandonner Comme il est venu à toi, par magie ! ELSA (saisie de peur, elle s’écarte involontairement ; pleine de tristesse et de compassion, elle se tourne à nouveau vers Ortrude) Ma pauvre, ne pourras-tu jamais mesurer Combien mon cœur aime sans avoir de doute ? Tu n’as jamais eu le bonheur Qui ne s’offre à nous que par la foi. (Avec amitié) Viens près de moi ! Laisse-moi t’apprendre Combien est doux le délice d’un repentir pur ! Laisse-toi gagner par la foi : Il y a un bonheur, il y a un bonheur sans remord ! ORTRUDE (à part) Ah ! Cette fierté m’enseignera Comment combattre sa fidélité, elle me l’enseignera ! RICHARD WAGNERLOHENGRIN Gen ihn will ich die Waffen kehren, Durch ihren ihren Hochmut werd’ ihr Reu’, Durch ihren Hochmut werd’ ihr Reu’! Gen ihn will ich die Waffen kehren, Durch ihren Hochmut werd’ ihr Reu’, Durch ihren Hochmut werd’ ihr Reu’! ELSA Laß mich dich lehren, Wie süß die Wonne reinster Treue, Laß zu dem Glauben dich neu bekehren: Es gibt ein Glück, es gibt ein Glück, Ein Glück, das ohne Reu’, Ein Glück das ohne Reu’! (Ortrud, von Elsa geleitet, tritt mit heuchlerischem Zögern durch die kleine Pforte ein; die Mägde leuchten voran und schließen, nachdem Alle eingetreten. Erstes Tagesgrauen.) 86 FRIEDRICH (tritt aus dem Hintergrunde vor) So zieht das Unheil in dies Haus! Vollführe Weib, was deine List ersonnen; Dein Werk zu hemmen fühl’ ich keine Macht! Das Unheil hat mit meinem Fall begonnen, Nun stürzet nach, die mich dahin gebracht! Nur Eines seh’ ich mahnend vor mir stehn: Der Räuber meiner Ehre soll vergeh’n! DRITTE SZENE Allmählicher Tagesanbruch. Zwei Wächter blasen vom Turme das Morgenlied; von einem entfernteren Turme hört man antworten. Friedrich, nachdem er den Ort erspäht, der ihn vor dem Zulaufe des Volkes am günstigsten verbergen könnte, tritt hinter einen Mauervorsprung des Münsters. Während die Türmer herabsteigen und das Tor erschließen, treten aus verschiedenen Richtungen der Burg Dienstmannen auf, begrüßen sie, gehen ruhig an ihre Verrichtungen usw. Einige schöpfen am Brunnen in metallenen Gefäßen Wasser, klopfen an der Pforte des Palas und werden damit eingelassen. ACTE II SCÈNE 3 Contre elle je vais tourner les armes De son orgueil elle se repentira, De son orgueil elle se repentira ! Contre elle je vais tourner les armes, De son orgueil elle se repentira, De son orgueil elle se repentira ! ELSA Laisse-moi t’apprendre, Combien est doux le délice d’un repentir pur, Laisse-toi regagner par la foi : Il y a un bonheur, il y a un bonheur, Un bonheur sans remord, Un bonheur sans remord ! (Ortrude, conduite par Elsa, entre par la petite porte avec une hésitation feinte ; devant, les servantes les éclairent puis referment après que tout le monde est entré. Premières lueurs du jour.) FRÉDÉRIC (rentre depuis le fond) Ainsi le malheur pénètre dans cette maison ! Accomplis, femme, ce que ta ruse a imaginé ; Je ne me sens pas la force d’entraver ton œuvre ! Le malheur a commencé avec ma chute, Soyez abattus, vous qui m’y avez précipité ! Devant moi, une seule pensée : Le voleur de mon honneur doit périr ! TROISIÈME SCÈNE Peu à peu, le jour se lève. De la tour, deux gardes sonnent le réveil ; d’une tour plus éloignée, on entend répondre. Frédéric, après avoir repéré le lieu où il pourra le mieux se cacher avant l’arrivée du peuple, se place derrière une saillie du mur de la cathédrale. Pendant que les veilleurs descendent et ouvrent les portes, des serviteurs arrivent de différents coins du château, ils se saluent et se rendent tranquillement à leurs occupations, etc. Certains puisent de l’eau à la fontaine dans des vases en métal, frappent à la porte du palais 87 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Die Pforte des Palas öffnet sich von Neuem; die vier Heerhornbläser des Königs schreiten heraus und blasen den Ruf. Die Heerhornbläser treten in den Palas zurück. Die Dienstmannen haben die Bühne verlassen. Aus dem Burghofe und durch das Turmtor kommen nun immer zahlreicher brabantische Edle und Mannen vor dem Münster zusammen; sie begrüßen sich in heiterer Erregtheit. 88 DIE EDLEN UND MANNEN In Früh’n versammelt uns der Ruf, In Früh’n versammelt uns der Ruf, Gar viel, gar viel, gar viel, gar viel verheißet wohl der Tag, Gar viel verheißet wohl der Tag, gar viel! Der hier so hehre Wunder schuf, der teure Held, Manch’ neue Tat vollbringen mag, Manch’ neue Tat vollbringen mag! Gar viel verheißet wohl der Tag, Gar viel verheißet wohl der Tag, Der Held heut’ manch’ neue Tat vollbringen mag; Der hier so hehre Wunder schuf, Ganz sicher heut’ manche neue Tat vollbringt,... Ganz gewiß! Gewiß! Gewiß! Ganz gewiß! In Früh’n versammelt uns der Ruf, Gar viel, gar viel, gar viel verheißet uns der Tag! Gar viel, gar viel, gar viel, gar viel! (Der Heerrufer schreitet aus dem Palas auf die Erhöhung vor dessen Pforte heraus, die vier Heerhornbläser ihm voran. Der Königsruf wird wiederum geblasen: Alle wenden sich in lebhafter Erwartung dem Hintergrunde zu.) DER HEERRUFER Des Königs Wort und Will’ tu’ ich euch kund; Drum achtet wohl, was euch durch mich er sagt! In Bann und Acht ist Friedrich Telramund, Weil untreu er den Gotteskampf gewagt: Wer sein noch pflegt, wer sich zu ihm gesellt, Nach Reiches Recht derselben Acht verfällt. DIE MÄNNER Fluch ihm! Fluch ihm, dem Ungetreuen, ACTE II SCÈNE 3 où on les fait entrer. Les portes du palais s’ouvrent à nouveau ; les quatre trompettes du roi sortent et sonnent l’appel. Puis ils retournent dans le palais. Les serviteurs ont quitté la scène. De la cour du château et par la porte de la tour arrivent à présent, de plus en plus nombreux, les nobles et les hommes du Brabant, se rassemblant devant la cathédrale ; ils se saluent dans une joyeuse agitation. LES NOBLES & LES HOMMES A l’aube, l’appel nous rassemble, A l’aube, l’appel nous rassemble, Beaucoup, beaucoup, la journée promet beaucoup, Beaucoup, la journée promet beaucoup, beaucoup ! Le cher héros, qui a fait un si sublime prodige Pourrait bien accomplir maint nouvel exploit, Pourrait bien accomplir maint nouvel exploit ! La journée promet beaucoup, La journée promet beaucoup, Le héros aujourd’hui pourrait accomplir maint nouvel exploit ; Celui qui ici fit un si sublime prodige Va sûrement accomplir maint nouvel exploit... Très certainement ! Certainement ! Très certainement ! A l’aube, l’appel nous rassemble, Beaucoup, beaucoup, la journée promet beaucoup ! Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup ! (Le Héraut sort du palais, sur la hauteur se trouvant devant les portes. On sonne à nouveau l’appel du roi : tous se tournent vers le fond, dans une intense attente.) LE HÉRAUT Je vous informe des paroles et de la volonté du roi ; Prêtez donc bien attention à ce qu’il dit à travers moi ! Frédéric de Telramund est mis au ban et proscrit Parce que, déloyal, il a risqué le combat de Dieu : Quiconque l’héberge encore, quiconque le joint, Sera pareillement exilé, selon le droit de l’empire. LES HOMMES Maudit ! Qu’il soit maudit, le félon 89 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Den Gottes Urteil traf! Den Gottes Urteil traf! Ihn soll der Reine scheuen! Ihn soll der Reine scheuen, Ihn soll der Reine scheuen! Ihn soll der Reine scheuen, Es flieh’ ihn Ruh’ und Schlaf! Fluch ihm! Fluch ihm! Fluch ihm, dem Ungetreuen! (Beim Rufe der Heerhörner sammelt sich das Volk schnell wieder zur Aufmerksamkeit.) DER HEERRUFER Und weiter kündet euch der König an, Daß er den fremden, gottgesandten Mann, Den Elsa zum Gemahle sich ersehnt, Mit Land und Krone von Brabant belehnt; Doch will der Held nicht Herzog sein genannt, Ihr sollt ihn heißen: Schützer von Brabant! 90 DIE MÄNNER Hoch, hoch der ersehnte Mann! Heil ihm! Heil ihm! Heil ihm! Heil ihm! Heil ihm, den Gott gesandt! Heil ihm! Heil ihm, den Gott gesandt! Treu sind wir untertan dem Schützer von Brabant! Treu sind wir untertan dem Schützer von Brabant! Hoch der ersehnte Mann! Hoch der ersehnte Mann! Heil ihm, den Gott gesandt! Heil ihm, den Gott gesandt! Heil ihm, den Gott gesandt! Heil dem Schützer von Brabant! Heil ihm! Heil ihm! Heil dem Schützer von Brabant! Heil ihm! Heil dem Schützer von Brabant! DER HEERRUFER Nun hört, was er durch mich euch sagen läßt: Heut’ feiert er mit euch sein Hochzeitfest; Doch morgen sollt ihr kampfgerüstet nah’n, Zur Heeresfolg’ dem König untertan; Er selbst verschmäht der süßen Ruh’ zu pflegen, Er führt euch an zu hehren Ruhmes Segen! (Er geht nach einiger Zeit mit dem vier Heerhornbläsern in den Palas zurück.) ACTE II SCÈNE 3 Que le jugement de Dieu frappa ! Que l’innocent le fuit ! Que l’innocent le fuit, Que l’innocent le fuit ! Que l’innocent le fuit, Que le repos et le sommeil l’abandonnent ! Maudit ! Maudit ! Maudit le félon ! (A l’appel des trompettes, le peuple se rassemble à nouveau et prête attention.) LE HÉRAUT De plus, le Roi vous annonce Que l’homme étranger envoyé par Dieu Et qu’Elsa désire pour époux, Reçoit en fief le pays et la couronne du Brabant ; Mais, le héros ne voulant être nommé duc, Vous devez l’appeler : protecteur du Brabant ! LES HOMMES Vivat, vive l’homme que nous attendions ! Gloire à lui ! Gloire à lui ! Gloire à lui ! Gloire à lui, envoyé de Dieu ! Gloire à lui, gloire à lui, envoyé de Dieu ! Nous sommes les fidèles sujets du protecteur du Brabant ! Nous sommes les fidèles sujets du protecteur du Brabant ! Vive l’homme que nous attendions ! Gloire à lui, envoyé de Dieu ! Gloire à lui, envoyé de Dieu ! Gloire à lui, envoyé de Dieu ! Gloire au protecteur du Brabant ! Gloire à lui ! Gloire à lui ! Gloire au protecteur du Brabant ! Gloire à lui ! Gloire au protecteur du Brabant ! LE HÉRAUT A présent, entendez ce qu’il vous dit par ma voix : Il célèbre aujourd’hui ses noces en votre compagnie ; Mais demain, armés, vous devrez rejoindre L’armée sous les ordres du Roi ; Lui-même méprisant le doux repos, Vous conduira vers la grâce d’une sublime gloire ! (Après quelques instants, il retourne dans le palais.) 91 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DIE MÄNNER (mit Begeisterung) Zum Streite, säumet nicht! Zum Streite, säumet nicht, auf! Säumet nicht, führt euch der Hehre an! Zum Streite, säumet nicht! Säumet nicht, führt euch der Hehre an! Wer mutig mit ihm ficht, Dem lacht des Ruhmes Bahn! Gott hat ihn gesandt zur Größe von Brabant! Von Gott ist er gesandt zur Größe von Brabant! Ja, von Gott ist er gesandt zur Größe von Brabant! Wer mutig mit ihn ficht, dem lacht des Ruhmes Bahn! Drum saümet nicht zu streiten, säumet nicht!... Von Gott ist er gesandt zur Größe von Brabant; Von Gott, von Gott ist er gesandt! (Während das Volk freudig durcheinander wogt, treten im Vordergrunde vier Edle, Friedrich’s sonstige Lehnsmannen, zusammen.) 92 DER DRITTE EDLE Nun hört! dem Lande will er uns entführen! DER ZWEITE EDLE Gen einen Feind, der uns noch nie bedroht? DER VIERTE EDLE Solch’ kühn Beginnen sollt’ ihm nicht gebühren! DER ERSTE EDLE Wer wehret ihm, wenn er die Fahrt gebot? FRIEDRICH (ist unbemerkt unter sie getreten) Ich! (Er enthüllt sein Haupt; sie fahren entsetzt zurück.) DIE VIER EDLEN Ha! Wer bist du? Wer bist du? Friedrich! Seh’ ich recht? Du wagst dich her, zur Beute jedem Knecht? Hier wagst du dich her? ACTE II SCÈNE 3 LES HOMMES (avec enthousiasme) Au combat, ne tardez pas ! Au combat, ne tardez pas, debout ! Ne tardez pas, l’homme sublime vous guide ! Qui lutte vaillamment avec lui Voit briller la voie de la gloire ! Dieu l’a envoyé pour la grandeur du Brabant ! Il est envoyé par Dieu pour la grandeur du Brabant ! Qui lutte vaillamment avec lui, Voit briller la voie de la gloire ! Donc, ne tardez pas pour le combat, ne tardez pas !... Il est envoyé par Dieu pour la grandeur du Brabant ! Par Dieu, par Dieu il est envoyé ! (Pendant que le peuple s’agite joyeusement, au premier plan, quatre nobles s’avancent, hommes liges habituels de Frédéric.) LE TROISIÈME NOBLE Vous entendez ! Il veut nous faire sortir du pays ! 93 LE DEUXIÈME NOBLE Contre un ennemi qui ne nous a jamais menacés ? LE QUATRIÈME NOBLE Un début si téméraire ne va pas lui réussir ! LE PREMIER NOBLE Qui résistera, s’il ordonne le départ ? FRÉDÉRIC (a rejoint leur cercle sans se faire remarquer) Moi ! (Il enlève son heaume ; effrayés, ils reculent.) LES QUATRE NOBLES Ah ! Qui es-tu ? Frédéric ! Que vois-je ? Tu te risques ici, gibier pour le premier valet venu ? Tu te risques ici ? RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH Gar bald will ich wohl weiter noch mich wagen, Vor euren Augen soll es leuchtend tagen! Der euch so kühn die Heerfahrt angesagt, Der sei von mir des Gottestrug’s beklagt! (Vier Edelknaben treten aus der Tür der Kemenate auf den Söller, laufen munter den Hauptweg hinab und stellen sich vor dem Palas auf der Höhe auf.) DIE VIER EDLEN War hör’ ich? Rasender! Was hast du vor? Was hast du vor? Weh’ dir! Verlor’ner du, was hast du vor? Verlor’ner hört dich des Volkes Ohr! (Sie drängen Friedrich nach dem Münster, wo sie ihn vor dem Blicke des Volkes zu verbergen suchen. Das Volk, das die Knaben gewahrt, drängt sich mehr nach dem Vordergrund.) 94 VIER EDELKNABEN Macht Platz! Macht Platz für Elsa, uns’re Frau: Die will in Gott zum Münster geh’n. (Sie schreiten nach vorn, indem sie durch die willig zurückweichenden Edlen eine breite Gasse bis zu den Stufen des Münsters bilden, wo sie dann sich selbst aufstellen. Vier andere Edelknaben treten gemessen und feierlich aus der Tür der Kemenate auf den Söller und stellen sich daselbst auf, um den Zug der Frauen, den sie erwarten, zu geleiten.) VIERTE SZENE Ein langer Zug von Frauen in prächtigen Gewändern schreitet langsam aus der Pforte der Kemenate auf den Söller; er wendet sich links auf dem Hauptwege am Palas vorbei und von da wieder nach vorn dem Münster zu, auf dessen Stufen die zuerst Gekommenen sich aufstellen. Elsa tritt im Zuge auf; die Edlen entblößen ehrfurchtsvoll die Häupter. ACTE II SCÈNE 4 FRÉDÉRIC Bientôt, je risquerai beaucoup plus, Devant vos yeux, la lumière se fera ! Celui qui vous a si bravement annoncé son expédition Qu’il soit par moi accusé d’avoir trahi Dieu ! (Par la porte du gynécée, quatre pages entrent sur la terrasse, descendent en courant le chemin et se placent sur la hauteur devant le palais.) LES QUATRE NOBLES Qu’entends-je ? Insensé ! Que vas-tu faire ? Malheur à toi ! Tu es perdu, que vas-tu faire ? Malheur à toi, tu es perdu si le peuple t’entend ! (Ils entraînent Frédéric vers la cathédrale, où ils tentent de le soustraire aux regards de la foule. Le peuple, apercevant les pages, se presse au premier plan.) LES QUATRE PAGES Faites place ! Faites place pour Elsa notre dame : Elle se rend à la cathédrale, auprès de Dieu. (Ils s’avancent, formant, grâce aux nobles qui s’écartent spontanément, un large passage jusqu’aux marches de la cathédrale, où ils vont ensuite se placer eux-mêmes. Par la porte du gynécée, quatre autres pages sortent sur la terrasse, à pas comptés et solennellement, afin d’attendre le cortège des femmes qu’ils ont à conduire.) QUATRIÈME SCÈNE Un long cortège de femmes en vêtements somptueux vient lentement sur la terrasse, par la porte du gynécée ; il se dirige vers la gauche sur la voie principale menant au palais, puis vers l’avant, vers la cathédrale, sur les marches de laquelle se placent les premiers arrivants. Elsa entre en scène au sein du cortège ; les nobles se découvrent respectueusement. 95 RICHARD WAGNERLOHENGRIN 96 CHOR (während des Aufzugs) Gesegnet soll sie schreiten, Gesegnet soll sie schreiten, Die lang in Demut litt; die lang in Demut litt; Gott möge sie geleiten, Gott hüte ihren Schritt!... (Die Edlen, die unwillkürlich die Gasse wieder vertreten hatten, weichen vor den Edelknaben aufs neue zurück, welche dem Zuge, da er bereits vor dem Palas angekommen ist, Bahn machen. Hier ist Elsa, auf der Erhöhung vor dem Palas angelangt; die Gasse ist wieder offen, alle können Elsa sehen, welche eine Zeitlang verweilt.) Sie naht, sie naht, die Engelgleiche, Die Engelgleiche von keuscher Glut entbrannt! (Elsa schreitet aus dem Hintergrunde langsam nach vorn durch die Gasse der Männer.) Heil dir! Heil dir, o Tugendreiche! Heil Elsa von Brabant! Heil Elsa von Brabant! (Außer den Edelknaben sind auch die vordersten Frauen bereits auf der Treppe des Münsters angelangt, wo sie sich aufstellen, um Elsa den Vortritt in die Kirche zu lassen; unter den Frauen, welche ihr noch folgen und den Zug schließen, geht Ortrud, ebenfalls reich gekleidet; die Frauen, die dieser zunächst gehen, halten sich voll Scheu und wenig verhaltenem Unwillen von ihr entfernt, sodaß sie sehr einzeln erscheint: in ihren Mienen drückt sich immer steigender Ingrimm aus.) Heil Elsa von Brabant! Gesegnet sollst du schreiten! Gesegnet sollst du schreiten! Heil Elsa von Brabant! Heil Elsa von Brabant!... (Als Elsa unter dem lauten Zurufe des Volkes eben den Fuß auf die erste Stufe zum Münster setzen will, tritt Ortrud, welche bisher unter der letzten Frauen des Zuges gegangen, heftig hervor, schreitet auf Elsa zu, stellt sich auf derselben Stufe ihr entgegen und zwingt sie so, vor ihr wieder zurückzutreten.) ORTRUD Zurück, Elsa! Nicht länger will ich dulden, ACTE II SCÈNE 4 CHŒUR (pendant la procession) Qu’elle marche bénie, Qu’elle marche bénie, Celle qui souffrit longtemps avec humilité Que Dieu la conduise, Que Dieu protège ses pas !... (Les nobles, qui avaient involontairement envahi le chemin, s’écartent à nouveau devant les pages qui ouvrent la voie au cortège déjà arrivé devant le palais. Elsa est arrivée sur la hauteur devant le palais ; le passage est ouvert à nouveau, tous peuvent voir Elsa, qui s’attarde un moment.) Elle approche, elle approche, telle un ange, Telle un ange brûlant d’une chaste flamme ! (Depuis le fond, Elsa s’avance lentement au premier plan, à travers le passage formé par les hommes.) Salut à toi ! Salut à toi, ô reine de vertu ! Salut Elsa de Brabant ! Salut Elsa de Brabant ! (Outre les pages, les femmes de la tête du cortège sont aussi arrivées sur les marches de la cathédrale, où elles se placent de façon à dégager l’entrée de l’église pour Elsa ; parmi les femmes qui la suivent encore et ferment la marche, se tient Ortrude, elle aussi richement vêtue ; les femmes qui la suivent se tiennent éloignées d’elle, pleines de crainte et d’une irritation mal contenue, si bien qu’on la voit très isolée : sur leurs visages, se dessine un ressentiment croissant.) Salut Elsa de Brabant ! Marche bénie ! Marche bénie ! Salut Elsa de Brabant ! Salut Elsa de Brabant !... (Alors qu’Elsa, au milieu des acclamations du peuple, s’apprête à poser le pied sur la première marche de la cathédrale, Ortrude, qui avait marché parmi les femmes de la fin du cortège, surgit, marche sur Elsa, se place en face d’elle sur la même marche et la force ainsi à reculer.) ORTRUDE Arrière, Elsa ! Je ne souffrirai plus longtemps 97 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Daß ich gleich einer Magd dir folgen soll! Den Vortritt sollst du überall mir schulden, Vor mir dich beugen sollst du demutvoll! DIE EDELKNABEN UND DIE MÄNNER Was will das Weib? Was will das Weib? ELSA Um Gott! DIE EDELKNABEN Was will das Weib? DIE MÄNNER Was will das Weib? Zurück! (Ortrud wird von den Edelknaben nach der Mitte der Bühne zurückgedrängt.) 98 ELSA (heftig erschrocken) Was muß ich seh’n? Welch’ jäher Wechsel ist mit dir gescheh’n? ORTRUD Weil eine Stund’ ich meines Wert’s vergessen, Glaubest du, ich müßte dir nur kriechend nah’n? Mein Leid zu rächen will ich mich vermessen, Was mir gebührt, das will ich nun empfah’n! (Lebhaftes Staunen und Bewegung Aller.) ELSA Weh’! ließ ich durch dein Heucheln mich verleiten! Die diese Nacht sich jammernd zu mir stahl: Wie willst du nun in Hochmut vor mir schreiten, Du, eines Gottgerichteten Gemahl? ORTRUD (mit dem Anschein tiefer Gekränktheit und stolz) Wenn falsch Gericht mir den Gemahl verbannte, War doch sein Nam’ im Lande hochgeehrt; ACTE II SCÈNE 4 De devoir te suivre comme une servante ! Partout tu dois me céder le pas, Tu dois humblement te courber devant moi ! LES PAGES & LES HOMMES Que veut cette femme ? Que veut cette femme ? ELSA Mon Dieu ! LES PAGES Que veut cette femme ? LES HOMMES Que veut cette femme ? Arrière ! (Ortrude est repoussée par les pages jusqu’au centre de la scène.) ELSA (très effrayée) Que vois-je ? Quel changement soudain s’est-il fait en toi ? ORTRUDE Parce que, pour une heure, j’ai oublié ma valeur, Crois-tu que je devrais toujours me traîner devant toi ? Je prétends venger ma souffrance, Ce qui m’est dû, je l’exige à présent ! (Vif étonnement et agitation générale.) ELSA Malheur ! Je me suis laisser séduire par ton hypocrisie ! Toi qui gémissant t’es glissée près de moi cette nuit : Tu voudrais marcher devant moi, orgueilleuse, Toi, l’épouse d’un homme jugé par Dieu ? ORTRUDE (apparemment profondément offensée et fière) Si un faux jugement a proscrit mon époux, Son nom était pourtant très honoré dans ce pays ; 99 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Als aller Tugend Preis man ihn nur nannte, Gekannt, gefürchtet war sein tapf’res Schwert. Der Deine, sag’! wer sollte hier ihn kennen, Vermagst du selbst den Namen nicht zu nennen! DIE MÄNNER Was sagt sie? Ha, was tut sie kund? DIE FRAUEN UND KNABEN Sie lästert! DIE MÄNNER Wehret ihrem Mund! 100 ORTRUD Kannst du ihn nennen, kannst du uns es sagen, Ob sein Geschlecht, sein Adel wohl bewährt? Woher die Fluten ihn zu dir getragen, Wann und wohin er wieder von dir fährt? Ha, nein! Wohl brächte ihm es schlimme Not; Der kluge Held die Frage drum verbot! MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN Ha! Ha, spricht sie wahr? Sie schmähet ihn! Sie schmähet ihn! Welch schwere Klagen! Darf sie es wagen? Darf sie es wagen? ELSA (nach großer Betroffenheit sich ermannend) Du Lästerin! Ruchlose Frau! Hör’, ob ich Antwort mir getrau’! So rein und edel ist sein Wesen, So tugendreich der hehre Mann, Daß nie des Unheils soll genesen, Wer seiner Sendung zweifeln kann! DIE MÄNNER Gewiß! Gewiß! ELSA Hat nicht durch Gott im Kampf geschlagen Mein teurer Held den Gatten dein? ACTE II SCÈNE 4 Parangon de toutes vertus, ainsi le nommait-on. Sa vaillante épée était connue et redoutée. Le tien, dis, qui le connaît ici ? Tu ne pourrais pas même dire son nom ! LES HOMMES Que dit-elle ? Ah ! que révèle-t-elle ? LES FEMMES & LES VALETS Calomnies ! LES HOMMES Fermez-lui la bouche ! ORTRUDE Peux-tu le nommer, peux-tu nous dire Si sa lignée et sa noblesse sont bien authentiques ? D’où les flots te l’ont-il amené ? Quand et pour où repartira-t-il ? Ah non ! Cela le mettrait certes en mauvaise posture ; C’est pourquoi le malin héros a interdit la question ! LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES Ah ! Ah ! dit-elle la vérité ? Elle l’insulte ! Elle l’insulte ! Quelle lourde accusation ! Comment ose-t-elle ? Comment ose-t-elle ? ELSA (après une grande stupeur, se ressaisissant) Diffamatrice ! Femme sans honneur ! Écoute la réponse que j’ose faire ! Son être est si pur et si noble, Cet homme sublime est si vertueux, Que jamais ne sortira du malheur Celui qui pourra douter de sa mission. LES HOMMES Juste ! Juste ! ELSA Mon fidèle héros n’a-t-il pas battu ton époux Dans le combat, soutenu par Dieu ? 101 RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Zum Volke) Nun sollt nach Recht ihr Alle sagen, Wer kann da nur der Reine sein? DIE MÄNNER Nur er! Nur er! Dein Held allein! DIE FRAUEN UND KNABEN Dein Held allein! ORTRUD (Elsa verspottend) Ha! diese Reine deines Helden, Wie wäre sie so bald getrübt, Müßt’ er des Zaubers Wesen melden, Durch den hier solche Macht er übt! Wagst du ihn nicht darum zu fragen, So glauben Alle wir mit Recht, Du müssest selbst in Sorge zagen, Um seine Reine steh’ es schlecht! 102 (Der Palas wird geöffnet, die vier Heerhornbläser des Königs schreiten heraus und blasen.) DIE FRAUEN (Elsa unterstützend) Helft ihr vor der Verruchten Haß! DIE MÄNNER (dem Hintergrunde zu blickend) Macht Platz! Macht Platz! Macht Platz! Der König naht! Der König! FÜNFTE SZENE Der König, Lohengrin und die sächsischen Grafen und Edlen sind in feierlichem Zuge aus dem Palas getreten; durch die Verwirrung im Vordergrunde wird der Zug unterbrochen. Der König und Lohengrin dringen durch die verwirrten Haufen des Vordergrundes lebhaft vor. DIE BRABANTER Heil! Heil dem König! Heil dem Schützer von Brabant! ACTE II SCÈNE 5 (Au peuple) A présent, selon le droit, vous tous devez dire Qui est ici le pur ? LES HOMMES Lui uniquement ! Lui uniquement ! Ton héros seul ! LES FEMMES & LES PAGES Ton héros seul ! ORTRUDE (se moquant d’Elsa) Ah ! la pureté de ton héros, Comme elle serait vite troublée S’il devait révéler l’essence du charme Par lequel il exerce ici un tel pouvoir ! Si tu n’oses pas le lui demander, Alors nous penserons tous, à juste titre, Que toi-même tu devrais hésiter, t’inquiéter De sa pureté qui est douteuse ! 103 (Le palais s’ouvre, les quatre trompettes du Roi en sortent et sonnent leur appel.) LES FEMMES (soutenant Elsa ) Protégez-la de la haine de la scélérate ! LES HOMMES (regardant vers le fond) Faites place ! Faites place ! Faites place ! Le Roi approche ! Le Roi ! CINQUIÈME SCÈNE Le Roi, Lohengrin ainsi que les comtes et nobles saxons sont sortis du palais en un cortège solennel ; le désordre au premier plan interrompt le cortège. Le Roi et Lohengrin se frayent énergiquement un passage à travers la mêlée. LES BRABANÇONS Salut ! Salut au Roi ! Salut au protecteur du Brabant ! RICHARD WAGNERLOHENGRIN DER KÖNIG Was für ein Streit? ELSA (sehr aufgeregt an Lohengrins Brust stürzend) Mein Herr! O mein Gebieter! LOHENGRIN Was ist? DER KÖNIG Wer wagt es hier, den Kirchengang zu stören? DES KÖNIGS GEFOLGE Welcher Streit, den wir vernahmen? LOHENGRIN (Ortrud erblickend) Was seh’ ich! Das unsel’ge Weib bei dir? 104 ELSA Mein Retter! Schütze mich vor dieser Frau! Schilt mich, wenn ich dir ungehorsam war! In Jammer sah ich sie vor dieser Pforte, Aus ihrer Not nahm ich sie bei mir auf: Nun sieh’, wie furchtbar sie mir lohnt die Güte, Sie schilt mich, daß ich dir zu sehr vertrau’! LOHENGRIN (den Blick fest und bannend auf Ortrud heftend, welche vor ihm sich nicht zu regen vermag) Du fürchterliches Weib, steh ab von ihr! Hier wird dir nimmer Sieg! (Er wendet sich freundlich zu Elsa.) Sag’, Elsa, mir, vermocht’ ihr Gift sie in dein Herz zu gießen? (Elsa birgt ihr Gesicht weinend an seiner Brust. Lohengrin, sie aufrichtend und nach dem Münster deutend.) Komm’, laß in Freude dort diese Tränen fließen! (Er wendet sich mit Elsa und dem Könige dem Zuge voran nach dem Münster; Alle lassen sich an, wohlgeordnet zu folgen. Friedrich tritt auf der Treppe des Münsters hervor; die Frauen und Edelknaben, als sie ihn erkennen, weichen entsetzt aus seiner Nähe.) ACTE II SCÈNE 5 LE ROI Quelle est cette querelle ? ELSA (très agitée, se précipitant sur le sein de Lohengrin) Mon Seigneur ! Ô mon maître ! LOHENGRIN Qu’y a-t-il ? LE ROI Qui ose ici déranger la procession ? LA SUITE DU ROI Quelle est cette querelle ? LOHENGRIN (apercevant Ortrude) Que vois-je ? Cette femme funeste près de toi ? ELSA Mon sauveur ! Protège-moi de cette femme ! Gronde-moi si je t’ai désobéi ! Je l’ai vue, affligée, devant cette porte, Je l’ai tirée de sa détresse et l’ai prise près de moi : A présent, vois, elle paye terriblement mes bontés, Elle me reproche de trop me fier à toi ! LOHENGRIN (pose un regard fixe et dur sur Ortrude qui ne se laisse pas émouvoir) Femme effroyable, écarte-toi d’elle ! Ici, tu n’auras jamais la victoire ! (Avec bienveillance, il se tourne vers Elsa.) Dis-moi, Elsa, a-t-elle pu verser son poison dans ton cœur ? (Pleurant, Elsa cache son visage dans le sein de Lohengrin qui la console et lui désigne la cathédrale.) Viens, là-bas ces larmes seront larmes de joie ! (Avec Elsa et le Roi, il se place à la tête du cortège ; tous se préparent à suivre, en bon ordre. Frédéric surgit sur l’escalier de la cathédrale ; les femmes et les pages, le reconnaissant, s’écartent de lui épouvantés.) 105 RICHARD WAGNERLOHENGRIN FRIEDRICH O König! Trugbetörte Fürsten! Haltet ein! DIE MÄNNER UND DER KÖNIG Was will der hier? Was will der hier? Was will der hier? Verfluchter! Was will der hier? Weich’ von dannen! Weich’ von Dannen! FRIEDRICH O Hört mich an! 106 DIE MÄNNER UND DER KÖNIG Hinweg! Hinweg! Hinweg! Zurück! Zurück! Hinweg! Weiche von dannen! Du bist des Todes, Mann! Des Todes bist du, Mann! FRIEDRICH Hört Mich, dem grimmes Unrecht ihr getan! DER KÖNIG Hinweg! DIE MÄNNER Hinweg! Weich’ von dannen! FRIEDRICH Gottes Gericht, es ward entehrt, betrogen! Durch eines Zaub’rers List seid ihr belogen! DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN Greift den Verruchten! DER KÖNIG Greift den Verruchten! ACTE II SCÈNE 5 FRÉDÉRIC Ô Roi! Princes trompés par la ruse ! Arrêtez ! LES HOMMES & LE ROI Que veut-il ici ? Que veut-il ici ? Que veut-il ici ? Maudit ! Que veut-il ici ? Écarte-toi de là ! Écarte-toi De là ! FRÉDÉRIC Ô Écoutez-moi ! LES HOMMES & LE ROI Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en ! Arrière ! Arrière ! Va-t-en ! Écarte-toi de là ! Tu es un homme mort ! Tu es un homme Mort ! FRÉDÉRIC Écoutez Moi, vous avez commis une terrible injustice ! LE ROI Va-t-en ! LES HOMMES Va-t-en ! Écarte-toi de là ! FRÉDÉRIC Le jugement de Dieu a été flétri, faussé ! Vous avez été trompé par la ruse d’un sorcier ! LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES Saisissez-le Scélérat ! LE ROI Saisissez le scélérat ! 107 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN Hört! Er lästert Gott! Hört! Er lästert Gott! (Sie dringen von allen Seiten auf ihn ein.) 108 FRIEDRICH (mit der fürchterlichsten Anstrengung, um gehört zu werden, seinen Blick nur auf Lohengrin geheftet und der Andringenden nicht achtend) Den dort im Glanz ich vor mir sehe, Den klage ich des Zaubers an! (Die Andringenden schrecken vor Friedrichs, von höchster Kraft der Verzweiflung erbebender Stimme zurück und hören endlich aufmerksam zu.) Wie Staub vor Gottes Hauch verwehe die Macht, Die er durch List gewann! Wie schlecht ihr des Gerichtes wahrtet, Das doch die Ehre mir benahm, Da eine Frag’ ihr ihm erspartet, Als er zum Gotteskampfe kam! Die Frage nun sollt ihr nicht wehren, Daß sie ihm jetzt von mir gestellt: (In gebieterischer Stellung) Nach Namen, Stand und Ehren Frag’ ich ihn laut vor aller Welt! (Bewegung großer Betroffenheit unter Allen) Wer ist er, der an’s Land geschwommen, Gezogen von einem wilden Schwan? Wem solche Zaubertiere frommen, Dess’ Reinheit achte ich für Wahn! Nun soll der Klag’ er Rede stehn’; Vermag er’s, so geschah mir recht, Wo nicht, so sollet ihr erseh’n, Um seine Reine steh’ es schlecht! (Alle blicken bestürzt und erwartungsvoll auf Lohengrin.) DIE MÄNNER, DER KÖNIG, DIE FRAUEN UND KNABEN Welch’ harte Klagen! Welch’ harte Klagen! Was wird er ihm entgegnen? LOHENGRIN Nicht dir, der so vergaß der Ehren, Hab’ Not ich Rede hier zu steh’n! ACTE II SCÈNE 5 LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES Écoutez ! Il insulte Dieu ! Écoutez ! Il insulte Dieu ! (Ils l’encerclent.) FRÉDÉRIC (dans un effort terrible pour être entendu, le regard fixé sur Lohengrin, méprisant ceux qui le menacent) Celui que je vois ici devant moi, éclatant, Je l’accuse de sorcellerie ! (Les assaillants de Frédéric reculent effrayés devant lui, dont la force du désespoir fait trembler la voix, puis finalement l’écoutent attentivement.) Comme la poussière dans le souffle de Dieu, Que périsse le pouvoir qu’il gagna par la ruse ! Vous avez mal défendu la justice, Qui m’a pourtant pris mon honneur, Car vous l’avez dispensé d’une question Quand il vint au tribunal de Dieu ! Cette question, maintenant, vous ne devez pas Vous opposer à ce qu’elle soit par moi posée : (Dans une attitude impérieuse) Sur son nom, son rang, sa renommée, Je l’interroge haut et fort, à la face du monde ! (Mouvement général de grande stupéfaction) Qui est-il, celui qui a navigué jusqu’en ce pays Tiré par un cygne sauvage ? Quiconque utilise une telle bête enchantée, Sa pureté, je la juge illusoire ! A présent, que l’accusé parle ; S’il peut le faire, j’ai mérité la sentence, Sinon, vous devrez convenir Que sa pureté est corrompue ! (Effarés et dans l’expectative, tous observent Lohengrin.) LES HOMMES, LE ROI, LES FEMMES & LES PAGES Quelle lourde accusation ! Quelle lourde accusation, Que va-t-il lui opposer ? LOHENGRIN Ce n’est pas à toi, déshonoré Que je rendrai raison ici ! 109 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Des Bösen Zweifel darf ich wehren, Vor ihm wird Reine nie vergeh’n! FRIEDRICH Darf ich ihm nicht als würdig gelten, Dich ruf’ ich, König, hochgeehrt! Wird er auch dich unadlig schelten, Daß er die Frage dir verwehrt? LOHENGRIN Ja, selbst dem König darf ich wehren, Und aller Fürsten höchstem Rat! Nicht darf sie Zweifels Last beschweren, Sie sahen meine gute Tat! Nur eine ist’s, der muß ich Antwort geben: Elsa... (Er hält betroffen an, als er, sich zu Elsa wendend, diese mit heftig wogender Brust in wildem inneren Kampfe vor sich hinstarren sieht.) Elsa! wie seh’ ich sie erbeben! 110 DER KÖNIG, DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren? Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren? ORTRUD UND FRIEDRICH In wildem Brüten darf ich sie gewahren... LOHENGRIN In wildem Brüten muß ich sie gewahren! ORTRUD UND FRIEDRICH ... Der Zweifel keimt in ihres Herzens Grund! DER KÖNIG, DIE MÄNNER, FRAUEN UND KNABEN Bringt es ihm Not, So wahr’ es treu sein Mund! Verschweig’ es treu sein Mund! FRIEDRICH UND ORTRUD Der Zweifel keimt in ihres Herzens Grund. ACTE II SCÈNE 5 Les doutes du méchant, je puis m’y opposer, Devant lui l’innocent ne se perdra jamais ! FRÉDÉRIC Si pour lui je suis indigne, Je fais appel à toi, Roi très honoré ! Te reprochera-t-il aussi de manquer de noblesse Pour t’interdire de le questionner ? LOHENGRIN Oui, même au Roi je puis l’interdire, Et au grand conseil des princes ! Le poids du doute ne doit pas peser sur eux, Ils ont vu ma bonne action ! Il n’en est qu’une, à qui je dois donner réponse : Elsa... (Se tournant vers Elsa, il s’arrête touché ; il la voit devant lui, la poitrine haletante, en proie à une violente lutte intérieure.) Elsa ! Comme elle tremble ! 111 LE ROI, LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES Quel secret le héros doit-il protéger ? Quel secret le héros doit-il protéger ? ORTRUDE & FRÉDÉRIC Je puis la voir en de sombres méditations... LOHENGRIN Il me faut la voir en de sombres méditations ! ORTRUDE & FRÉDÉRIC ... Le doute germe au fond de son cœur ! LE ROI, LES HOMMES, LES FEMMES & LES PAGES S’il le mettait en péril, Alors qu’il close sa bouche ! Qu’il garde fidèlement le silence ! FRÉDÉRIC & ORTRUDE Le doute germe au fond de son cœur. RICHARD WAGNERLOHENGRIN LOHENGRIN Hat sie betört des Hasses Lügenmund? ELSA (der Umgebung entrückt vor sich hinblickend) Was er verbirgt, wohl brächt’ es ihm Gefahren, Vor aller Welt spräch’ es hier aus sein Mund; Die er errettet, weh’ mir Undankbaren! Verriet’ ich ihn, daß hier es werde kund! Wüßt’ ich sein Los, wüßt’ ich sein Los, Ich wollt’ es treu bewahren! Im Zweifel doch, im Zweifel doch erbebt des Herzens Grund! Im Zweifel doch erbebt des Herzens Grund! Wüßt’ ich sein Los, wüßt’ ich sein Los! Wüßt’ ich sein Los! 112 DIE FRAUEN UND KNABEN Bringt sein Geheimnis ihr Not, Bringt sein Geheimnis Not, bringt sein Geheimnis Not, Bringt ihr sein Geheimnis Not, So bewahr’ es treu sein Mund, wahr’ es treu sein Mund! Wahr’ es treu sein Mund! Wahr’ er es treu! DIE MÄNNER Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren, Muß der Held bewahren? Bringt es ihm Not, so wahr’ es treu sein Mund! Wir schirmen ihn, den Edlen, vor Gefahren; Durch seine Tat ward uns sein Adel kund! Wir schirmen ihn, wir schirmen ihn, wir schirmen ihn, Den Edlen vor Gefahren, wir schirmen ihn vor Gefahr! Wir schirmen ihn vor Gefahr, wohl ward uns sein Adel kund! Wir schirmen ihn, den Edlen! DER KÖNIG Welch’ ein Geheimnis muß der Held bewahren? Welch’ ein Geheimnis? Bringt es ihm Not, so wahr’ es treu sein Mund! Bringt ihm sein Geheimnis Not, O so bewahr’ es treu sein Mund! Wir schirmen ihn, den Edlen, vor Gefahren; ACTE II SCÈNE 5 LOHENGRIN La voix de la haine et du mensonge l’a-t-elle troublée ? ELSA (comme absente, regardant devant elle) Ce qu’il cache le mettrait sans doute en péril, S’il le disait ici, devant tout le monde ; Malheur à moi, ingrate avec mon sauveur ! Je le trahirais si ici, cela était révélé ! Si je savais son destin, si je savais son destin, Je le protègerais fidèlement ! Mais dans le doute, dans le doute le fond de mon cœur tremble Mais dans le doute le fond de mon cœur tremble ! Si je savais son destin, si je savais son destin! LES FEMMES & LES PAGES Si son secret le mettait en péril, Si son secret le mettait en péril, Si son secret le mettait en péril, Alors qu’il garde sa bouche close, qu’il garde sa bouche close ! Qu’il garde fidèlement le silence ! Fidèlement ! LES HOMMES Quel secret le héros doit-il protéger, Doit-il protéger ? S’il le mettait en péril, alors qu’il garde fidèlement le silence ! Nous protègerons ce cœur noble des dangers ; Son exploit nous a fait connaître sa noblesse ! Nous le protègerons, nous le protègerons, Ce cœur noble, des dangers, nous le protègerons des dangers ! Nous le protègerons des dangers, nous avons bien reconnu sa noblesse ! Nous protègerons ce cœur noble ! LE ROI Quel secret le héros doit-il protéger ? Quel secret ? S’il le mettait en péril, qu’il garde la bouche close ! Si son secret le mettait en péril, Ô qu’il garde fidèlement le silence ! Nous protègerons ce noble cœur des dangers ; 113 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Durch seine Tat ward uns sein Adel kund, Ja, durch seine Tat ward uns sein Adel kund! Wir schirmen ihn, den Edlen, vor Gefahren! Wir schirmen ihn vor Gefahren! Durch seine Tat ward uns sein Adel kund, Durch seine Tat allein! Durch seine Tat! LOHENGRIN In wildem Brüten muß ich sie gewahren! O Himmel, schirm’, o schirme ihr Herz! O schirme ihr Herz vor den Gefahren! Nie werde Zweifel, nie werde Zweifel dieser Reinen kund! Nie werde Zweifel der Reinen kund! O Himmel, schirme sie vor den Gefahren, Nie werde Zweifel dieser Reinen kund! O Himmel, schirme sie! O schirme sie! 114 ORTRUD UND FRIEDRICH In wildem Brüten darf ich sie gewahren! Er ist besiegt, ja besiegt ist dieser Held, Der mir zur Not in dieses Land gefahren, Er ist besiegt, wird ihm die Frage, Wird ihm die Frage kund! Er ist besiegt, wird ihm von ihr die Frage kund! Er ist besiegt, wird ihm die Frage kund! DER KÖNIG Mein Held, entgegne kühn dem Ungetreuen! Du bist zu hehr, um, was er klagt, zu scheuen; Du bist zu hehr, du bist zu hehr, um, was er klagt, zu scheuen! DIE SÄCHSISCHEN UND BRABANTISCHEN EDLEN (sich an Lohengrin drängend) Wir steh’n zu dir, Wir steh’n zu dir Es soll uns nie gereuen es soll uns nie gereuen, Daß wir der Helden Preis in dir erkannt! Reich uns die Hand! Reich’ Uns die Hand Wir glauben dir in Treuen, daß hehr dein Nam’, Auch wenn er nicht genannt! ACTE II SCÈNE 5 Son exploit nous a fait connaître sa noblesse, Oui, par son exploit nous avons reconnu sa noblesse ! Nous protègerons ce noble cœur des dangers ! Nous le protègerons des dangers ! Par son exploit nous avons reconnu sa noblesse, Par son exploit seulement ! Par son exploit ! LOHENGRIN Il me faut la voir en de sombres méditations ! Ô Ciel, protège, ô protège son cœur ! Ô protège son cœur des dangers ! Que cette pure, jamais, ne connaisse le doute ! Que cette pure, jamais, ne connaisse le doute ! Ô Ciel, protège-là des dangers, Que cette pure, jamais, ne connaisse le doute ! Ô ciel, protège-là ! Ô protège-là ! ORTRUDE & FRÉDÉRIC Je puis la voir en de sombres méditations ! Il sera vaincu, oui vaincu, ce héros, Qui, dans ce pays, me porta la détresse, Il sera vaincu, si la question Si la question lui est posée ! Il sera vaincu si par elle la question lui est posée ! Il sera vaincu si par elle la question lui est posée ! LE ROI Mon héros, affronte bravement le félon ! Tu es trop noble pour craindre son accusation ; Tu es trop noble, trop noble pour craindre son accusation ! LES NOBLES SAXONS & BRABANÇONS (se pressant autour de Lohengrin) Nous sommes avec toi, nous sommes avec toi, Jamais nous ne le regretterons, jamais, Car nous avons en toi reconnu la valeur du héros ! Tends-nous la main ! Tends-nous La main Fidèles, nous croyons que ton nom est noble Même s’il n’est pas dit ! 115 RICHARD WAGNER LOHENGRIN Wir glauben dir in Treuen, daß hehr dein Nam’, Auch wenn er nicht genannt! Reich’ uns die Hand, reich’, reich’ uns die Hand! LOHENGRIN Euch Helden soll der Glaube nicht gereuen, Werd’ euch mein Nam’ und Art auch nie genannt; Euch soll der Glaube nicht gereuen, Werd’ euch mein Nam’ und Art auch nie genannt. (Während Lohengrin, von den Männern, in deren dargereichte Hand er jedem einschlägt, umringt, etwas tiefer im Hintergrunde verweilt, drängt sich Friedrich unbeachtet an Elsa, welche bisher vor Unruhe, Verwirrung und Scham noch nicht vermocht hat, auf Lohengrin zu blicken, und so, mit sich kämpfend, noch einsam im Vordergrunde steht.) 116 FRIEDRICH (leise, mit leidenschaftlicher Unterbrechung sich zu Elsa neigend) Vertraue mir! Laß dir ein Mittel heißen, das dir Gewißheit schafft! ELSA (erschrocken, doch leise) Hinweg von mir! FRIEDRICH Laß mich das kleinste Glied ihm nur entreißen, Des Fingers Spitze, und ich schwöre dir, Was er dir hehlt, sollst frei du vor dir seh’n, Dir treu, soll nie er dir von hinnen geh’n! ELSA Ha! Nimmermehr! FRIEDRICH Ich bin dir nah’ zur Nacht, Rufst du, ohn’ Schaden ist es schnell vollbracht! LOHENGRIN (schnell in den Vordergrund tretend) Elsa, mit wem verkehrst du da? ACTE II SCÈNE 5 Fidèles, nous croyons que ton nom est noble, Même s’il n’est pas dit ! Tends-nous la main, tends-nous la main ! LOHENGRIN Héros, vous ne regretterez pas votre confiance, Même si mon nom, ni ma lignée, ne sont nommés ; Vous ne regretterez pas votre confiance, Même si mon nom, ni ma lignée, ne sont nommés. (Pendant que Lohengrin, serrant la main de chacun des hommes qui l’entourent, s’attarde un peu plus loin vers le fond, Frédéric se glisse subrepticement vers Elsa, qui jusqu’alors, par angoisse, désarroi et honte, n’a pu regarder Lohengrin et qui se trouve seule au premier plan, luttant contre elle-même.) FRÉDÉRIC (à voix basse, d’un trait haché et passionné, s’inclinant vers Elsa) Fais-moi confiance ! Laisse-moi te dire un moyen qui te donne une certitude ! ELSA (effrayée mais à voix basse) Écarte-toi de moi ! FRÉDÉRIC Laisse-moi seulement lui arracher le plus petit membre, La pointe du doigt, et je te fais serment, Que ce qu’il t’a celé, tu le verras clairement devant toi, Fidèle à toi, jamais il ne s’en ira ! ELSA Ah ! Jamais ! FRÉDÉRIC Cette nuit, je serai près de toi, Appelle-moi et sans dommage ce sera vite fait ! LOHENGRIN (s’avançant rapidement au premier plan) Elsa, avec qui te trouves-tu là ? 117 RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Elsa wendet sich mit einem zweifelvoll schmerzlichen Blick von Friedrich ab und sinkt tief erschüttert zu Lohengrins Füßen. Mit fürchterliches Stimme zu Ortrud und Friedrich) Zurück von ihr, Verfluchte! Daß nie mein Auge je euch wieder bei ihr seh’! (Friedrich macht eine Gebärde der schmerzlichsten Wut.) Elsa, erhebe dich! In deiner Hand, in deiner Treu Liegt alles Glückes Pfand! Läßt nicht des Zweifels Macht dich ruh’n? Willst du die Frage an mich tun? ELSA (in heftigster innerer Aufregung und in schamvoller Verwirrung) Mein Retter, der mir Heil gebracht! Mein Held, in dem ich muß vergeh’n! Hoch über alles Zweifels Macht Soll meine Liebe steh’n! (Sie sinkt an seine Brust. Die Orgel ertönt aus dem Münster; Glockengeläute.) 118 LOHENGRIN Heil dir, Elsa! Nun laß vor Gott uns geh’n! DIE MÄNNER Seht, er ist von Gott gesandt! DIE FRAUEN UND KNABEN Heil! Heil! Heil! (Lohengrin führt Elsa feierlich an den Edlen vorüber zum König. Wo Lohengrin mit Elsa vorbei kommt, machen die Männer ehrerbietig Platz.) DIE MÄNNER Heil, Heil euch! Heil Elsa von Brabant! Heil dir, Elsa! (Von dem König geleitet, schreiten Lohengrin und Elsa langsam dem Münster zu.) Gesegnet sollst du schreiten! ACTE II SCÈNE 5 (Elsa se détourne de Frédéric avec un regard douloureux et empli de doute et tombe aux pieds de Lohengrin, profondément bouleversée. D’une voix terrible à Ortrude et Frédéric) Écartez-vous d’elle, maudits ! Que jamais mon regard ne vous revoit près d’elle ! (Frédéric a un mouvement d’une très vive colère.) Elsa, relève-toi ! Dans ta main, dans ta fidélité Se trouve le gage de tout bonheur ! La force du doute ne te laisse pas en repos ? Veux-tu me poser la question ? ELSA (dans une forte émotion intérieure et un trouble plein de honte) Mon sauveur, qui m’a apporté le salut ! Mon héros, en qui je dois me perdre ! Plus haut que toute la force du doute Mon amour saura se placer ! (Elle s’effondre sur sa poitrine. De la cathédrale, on entend jouer l’orgue ; sonneries de cloches.) 119 LOHENGRIN Gloire à toi, Elsa ! A présent, allons devant Dieu ! LES HOMMES Voyez, il est envoyé par Dieu ! LES FEMMES & LES PAGES Gloire ! Gloire ! Gloire ! (Passant devant les nobles, Lohengrin conduit Elsa solennellement devant le Roi. Sur leur passage, les hommes font place avec respect.) LES HOMMES Gloire, gloire à vous ! Gloire à Elsa de Brabant ! Gloire à toi, Elsa ! (Conduits par le Roi, Lohengrin et Elsa marchent lentement vers la cathédrale.) Marche bénie ! RICHARD WAGNERLOHENGRIN Gesegnet sollst du schreiten! Gesegnet sollst du schreiten! Gott möge dich geleiten, gesegnest sollst du schreiten! Heil dir, Heil dir Tugendreiche Heil dir Elsa von Brabant! Heil dir! Heil dir! Heil Elsa von Brabant! Heil dir! DIE FRAUEN UND KNABEN Heil dir, Tugendreiche! Heil Elsa von Brabant! Heil dir! Heil dir! Heil dir! Heil Elsa von Brabant! Heil dir! 120 (Als der König mit dem Brautpaar die höchste Stufe erreicht, wendet sich Elsa in großer Ergriffenheit zu Lohengrin, dieser empfängt sie in seinen Armen. Aus dieser Umarmung blickt sie mit scheuer Besorgnis rechts von der Treppe hinab und gewahrt Ortrud, welche den Arm gegen sie erhebt, als halte sie sich des Sieges gewiß; Elsa wendet erschreckt ihr Gesicht ab. Als Elsa und Lohengrin wieder vom König geführt, dem Eingang des Münsters weiter zuschreiten, fällt der Vorhang.) ACTE II SCÈNE 5 Marche bénie ! Marches bénie ! Puisse Dieu te conduire, que tu marches bénie ! Gloire à toi, pleine de grâce, gloire à toi Elsa de Brabant ! Gloire à toi ! Gloire à Elsa de Brabant ! Gloire à toi ! LES FEMMES & LES PAGES Gloire à toi, pleine de grâce, Gloire à Elsa de Brabant ! Gloire à toi ! Gloire à toi ! Gloire à Elsa de Brabant ! Gloire à toi ! (Quand le roi et les fiancés atteignent la plus haute marche, Elsa se tourne avec une grande émotion vers Lohengrin qui la prend dans ses bras. Pendant cette étreinte, elle regarde avec anxiété à droite au bas des marches et aperçoit Ortrude qui lève le bras vers elle, comme si elle était certaine de sa victoire ; apeurée, Elsa détourne le visage. Pendant qu’Elsa et Lohengrin, à nouveau conduits par le Roi, se dirigent vers l’entrée de la cathédrale, le rideau tombe.) 121 RICHARD WAGNER LOHENGRIN DRITTER AUFZUG Einleitung ERSTE SZENE 122 Die einleitende Musik schildert das prächtige Rauschen des Hochzeitfestes. Als der Vorhang aufgeht, stellt die Bühne das Brautgemach dar, in der Mitte des Hintergrundes das reich geschmückte Brautbett; an einem offenen Erkerfenster ein niedriges Ruhebett. Musik hinter der Bühne; der Gesang ist erst entfernt, dann näher kommend. In des Mitte des Liedes werden rechts und links im Hintergrunde Türen geöffnet: rechts treten Frauen auf, welche Elsa, links die Männer mit dem Könige, welche Lohengrin geleiten. Edelknaben mit Lichten voraus. DIE MÄNNER UND DIE FRAUEN Treulich geführt ziehet dahin, Wo euch der Segen der Liebe bewahr’! Siegreicher Mut, Minnegewinn Eint euch in Treue zum seligsten Paar. Streiter der Jugend, schreite voran! Zierde der Jugend, schreite voran! Rauschendes Festes seid nun entronnen, Wonne des Herzens sei euch gewonnen! (Hier werden die Türen geöffnet.) Duftender Raum, zur Liebe geschmückt, Nehm’ euch nun auf, dem Glanze entrückt. Treulich geführt ziehet nun ein, Wo euch der Segen der Liebe bewahr’! ACTE I SCÈNE 16 TROISIÈME ACTE Introduction PREMIÈRE SCÈNE La musique de l’introduction décrit la splendide ivresse de la fête nuptiale. Quand le rideau se lève, la scène représente la chambre des époux ; au fond, au centre, le lit nuptial richement orné ; près d’une fenêtre en saillie ouverte, un lit de repos étroit. Musique en coulisse ; le chant est d’abord éloigné, puis se rapproche. Au milieu du chant, les portes du fond à droite et à gauche s’ouvrent : par la droite entrent les Femmes, dont Elsa, par la gauche les Hommes, avec le Roi qui conduit Lohengrin. Devant, des pages portant des torches. LES HOMMES & LES FEMMES Par vos fidèles conduits, entrez ici, Où la grâce de l’amour vous protège ! Cœur triomphant, amour bienfaisant Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux. Champion de la jeunesse, avance-toi Honneur de la jeunesse, avance-toi ! Qu’à présent le bruit de la fête s’efface, Que le délice des cœurs vous gratifie ! (Les portes s’ouvrent.) Que la chambre parfumée et parée pour l’amour Vous accueille à présent, loin de l’éclat du jour. Par vos fidèles conduits, entrez ici, Où la grâce de l’amour vous protège ! 123 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Siegreicher Mut, Minne so rein Eint euch in Treue zum seligsten Paar. Im Treue! Zum seligsten Paar. (Als die beiden Züge in der Mitte der Bühne sich begegneten, ist Elsa von den Frauen Lohengrin zugeführt worden; sie umfassen sich und bleiben in der Mitte stehen. Edelknaben entkleiden Lohengrin des reichen Obergewandes, gürten ihm das Schwert ab und legen dieses am Ruhebette nieder; Frauen entkleiden Elsa ebenfalls ihres kostbaren Obergewandes. Acht Frauen umschreiten während dessen langsam Lohengrin und Elsa.) ACHT FRAUEN (nach dem Umschreiten) Wie Gott euch selig weihte, Zu Freuden weih’n euch wir; (Sie halten einen zweiten Umgang.) In Liebesglücks Geleite Denkt lang’ der Stunde hier! 124 (Der König umarmt und segnet Lohengrin und Elsa. Die Edelknaben mahnen zum Aufbruch. Die Züge ordnen sich wieder, und während des Folgenden schreiten sie an den Neuvermählten vorüber, so daß die Männer rechts, die Frauen links das Gemach verlassen.) MÄNNER UND FRAUEN (während des Fortgehens) Treulich bewacht bleibet zurück, Wo euch der Segen der Liebe bewahr’! Siegreicher Mut, Minne und Glück Eint euch in Treue zum seligsten Paar. Streiter der Tugend, bleibe daheim! Zierde der Jugend, bleibe daheim! Rauschendes Festes seid nun entronnen, Wonne des Herzens sei euch gewonnen! Duftender Raum, zur Liebe geschmückt, Nahm euch nun auf, dem Glanze entrückt. (Hier haben die Züge die Bühne gänzlich verlassen; die Türen werden von den letzten Knaben geschlossen. In immer weiterer Ferne verhallt der Gesang.) Treulich bewacht bleibet zurück, ACTE III SCÈNE 1 Cœur triomphant, amour si pur Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux. Fidèles ! Heureux époux ! (Alors que les deux cortèges se joignent au centre de la scène, Elsa est conduite à Lohengrin par les femmes ; ils s’étreignent et demeurent au centre. Des pages débarrassent Lohengrin de sa riche cape, déceignent son épée et les posent sur le lit de repos ; les femmes débarrassent aussi Elsa de sa précieuse cape. Pendant ce temps, huit femmes viennent lentement entourer Lohengrin et Elsa.) HUIT FEMMES (après avoir fait le cercle) Comme Dieu vous a voués au bonheur, Nous vous consacrons à la joie ; (Elles forment un deuxième cortège.) Conduits par le bonheur de l’amour Rappelez-vous longtemps cette heure ! (Le Roi étreint et bénit Lohengrin et Elsa. Les pages donnent le signe du départ. Les cortèges se reforment et pendant ce qui suit, ils défilent devant les nouveaux époux, de façon à ce que les hommes quittent la pièce à droite et les femmes à gauche. LES HOMMES & LES FEMMES (pendant qu’ils sortent) Par vos fidèles veillés, demeurez ici, Où la grâce de l’amour vous protège ! Cœur triomphant, amour et bonheur Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux. Champion de la jeunesse, demeure ici ! Honneur de la jeunesse, demeure ici ! Qu’à présent le bruit de la fête s’efface, Que le délice des cœurs vous gratifie ! Que la chambre parfumée et parée pour l’amour Vous accueille à présent, loin de l’éclat du jour. (A ce moment, les cortèges ont complètement quitté la scène ; les portes sont fermées par les derniers pages. De plus en plus loin résonne le chant.) Par vos fidèles veillés, demeurez ici, 125 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Wo euch der Segen der Liebe bewahr’! Siegreicher Mut, Minne und Glück Eint euch in Treue zum seligsten Paar. Im Treue! Zum seligsten Paar. (Elsa ist, als die Züge das Gemach verlassen haben, wie überselig Lohengrin an die Brust gesunken. Lohengrin setzt sich, während der Gesang verhallt, auf einem Ruhebett am Erkerfenster nieder, indem er Elsa sanft nach sich zieht.) ZWEITE SZENE 126 LOHENGRIN Das süße Lied verhallt; wir sind allein, Zum ersten Mal allein, seit wir uns sah’n. Nun sollen wir der Welt entronnen sein Kein Lauscher darf des Herzens Grüßen nah’n. Elsa, mein Weib! Du süße, reine Braut! Ob glücklich du, das sei mir jetzt vertraut! ELSA Wie wär’ ich kalt, mich glücklich nur zu nennen, Besitz’ ich aller Himmel Seligkeit! Fühl’ ich zu dir so süß mein Herz entbrennen, Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht; Fühl’ ich zu dir so süß mich entbrennen, Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht! LOHENGRIN (feurig) Vermagst du, Holde! glücklich dich zu nennen, Gibst du auch mir des Himmels Seligkeit! (Zärtlich) Fühl’ ich zu dir so süß mein Herz entbrennen, Atme ich Wonne, die nur Gott verleiht; Fühl’ ich so süß ELSA Fühl’ ich so süß mich Entbrennen, ACTE III SCÈNE 2 Où la grâce de l’amour vous protège ! Cœur triomphant, amour et bonheur Qu’ils vous unissent, fidèles, heureux époux. Fidèles ! Heureux époux. (Quand les cortèges ont quitté la pièce, Elsa, comme extasiée, s’affaisse sur la poitrine de Lohengrin. Pendant que le chant s’efface, Lohengrin s’assoit sur le lit de repos qui se trouve sous la fenêtre en saillie, et attire doucement Elsa à lui.) DEUXIÈME SCÈNE LOHENGRIN Le doux chant s’estompe ; nous sommes seuls Pour la première fois seuls, depuis que nous nous vîmes. A présent, nous allons fuir le monde. Pas une oreille ne doit entendre les hommages du cœur. Elsa, ma femme ! Jeune épousée, douce et pure ! Si tu es heureuse à présent, dis-le-moi ! ELSA Bien froide serais-je en me disant heureuse, Alors que je possède toute la félicité du ciel ! Pour toi je sens mon cœur brûler, c’est doux, Je respire les délices que Dieu seul accorde ; Pour toi je sens mon cœur brûler, c’est doux, Je respire les délices que Dieu seul accorde ! LOHENGRIN (avec flamme) Si tu peux, ma douce, te dire heureuse, Tu me donnes également la félicité du ciel ! (Tendrement) Pour toi je sens mon cœur brûler, c’est doux, Je respire les délices que Dieu seul accorde ; Je sens, c’est doux... ELSA Je sens, c’est doux, Que je m’enflamme 127 RICHARD WAGNERLOHENGRIN LOHENGRIN Fühl ich so Süß mich entbrennen ELSA So süß mich entbrennen, Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht, Die nur Gott verleiht! LOHENGRIN Atme ich Wonnen, die nur Gott verleiht, Die nur Gott verleiht! LOHENGRIN Wie hehr erkenn ich uns’rer Liebe Wesen! Die nie sich sah’n, wir hatten uns geahnt; War ich zu deinem Streiter auserlesen, Hat Liebe mir zu dir den Weg gebahnt. Dein Auge sagte mir dich rein von Schuld, Mich zwang dein Blick zu dienen deiner Huld. 128 ELSA Doch ich zuvor schon hatte dich gesehen, In sel’gem Traume warst du mir genaht; Als ich nun wachend dich sah vor mir stehen, Erkannt’ ich, daß du kamst auf Gottes Rat. Da wollte ich vor deinem Blick zerfließen, Gleich einem Bach umwinden deinen Schritt, Gleich einer Blume, duftend auf der Wiesen, Wollt’ ich entzückt mich beugen deinem Tritt. Ist dies nur Liebe? Wie soll ich es nennen, Dies Wort, so unaussprechlich wonnevoll, wie ach! Dein Name, den ich nie darf kennen, Bei dem ich nie mein Höchstes nennen soll! LOHENGRIN (schmeichelnd) Elsa! ELSA Wie süß mein Name deinem Mund’ entgleitet! (Etwas zögernd) ACTE III SCÈNE 2 LOHENGRIN Je sens, C’est doux, que je m’enflamme ELSA Je m’enflamme, c’est doux, Je respire les délices que Dieu seul accorde, Que Dieu seul accorde ! LOHENGRIN Je respire les délices que Dieu seul accorde, Que Dieu seul accorde ! LOHENGRIN Comme elle est sublime, l’âme de notre amour ! Sans nous connaître, nous nous sommes reconnus ; Si j’ai été choisi pour être ton champion, C’est que, vers toi, l’amour m’a ouvert la voie. Tes yeux m’ont dit ton innocence, Ton regard m’a imposé de servir ta grâce. 129 ELSA Mais bien auparavant, je t’avais déjà vu, Dans un rêve de bonheur, à moi tu étais venu ; Et quand éveillée je te vis devant moi, J’ai su que par Dieu tu étais envoyé. J’ai voulu fondre devant ton regard, Comme un ruisseau accompagner tes pas, Comme une fleur odorante dans les prés, J’ai voulu m’incliner, émerveillée, sous tes pas. N’est-ce que de l’amour ? Comment le dirais-je Ce mot, si ineffable, si délicieux, comme... Ah ! comme ton nom qui à jamais m’est interdit, Avec lequel jamais je ne pourrais appeler mon amour ! LOHENGRIN (tendrement) Elsa ! ELSA Comme il est doux mon nom, qui glisse de ta bouche ! (Un peu hésitante) RICHARD WAGNERLOHENGRIN Gönnst du des deinen holden Klang mir nicht? Nur, wenn zur Liebesstille wir geleitet, Sollst du gestatten, daß mein Mund ihn spricht. LOHENGRIN Mein süßes Weib! ELSA Einsam, Wenn niemand wacht; Nie sei der Welt er zu Gehör gebracht! (Lohengrin umfaßt Elsa freundlich und deutet durch das offene Fenster auf den Blumengarten.) 130 LOHENGRIN Atmest du nicht mit mir die süßen Düfte? O, wie so hold berauschen sie den Sinn! Geheimnisvoll sie nahen durch die Lüfte, Fraglos geb’ ihrem Zauber ich mich hin. So ist der Zauber, der mich dir verbunden, Da als ich zuerst, du Süße, dich ersah; Nicht deine Art ich brauchte zu erkunden, Dich sah mein Aug’, mein Herz begriff dich da. Wie mir die Düfte hold den Sinn berücken, Nah’n sie mir gleich aus rätselvoller Nacht: So deine Reine mußte mich entzücken, Traf ich dich auch in schwerer Schuld Verdacht. ELSA (birgt ihre Beschämung, indem sie sich demütig an ihn schmiegt) Ach! könnt’ ich deiner wert erscheinen, Müßt’ ich vor dir nicht bloß vergeh’n; Könnt’ ein Verdienst mich dir vereinen, Dürft’ ich in Pein für dich mich seh’n! Wie du mich traf’st vor schwerer Klage, O! wüßte ich auch dich in Not; Daß mutvoll ich ein Mühen trage, Kennt’ ich ein Sorgen, das dir droht! Wär’ das Geheimnis so geartet, ACTE III SCÈNE 2 Ne m’accorderas-tu pas le doux son du tien ? Nous avons été conduit au silence de l’amour, Tu devrais permettre que ma bouche le prononce. LOHENGRIN Ma douce Épouse ! ELSA Seuls, Quand tout le monde dort ; Il ne sera pas porté à l’oreille du monde ! (Lohengrin étreint tendrement Elsa et lui montre, par la fenêtre, le jardin en fleurs.) LOHENGRIN Ne sens-tu pas, comme moi, ces doux parfums ? Oh, comme avec grâce, ils enivrent les sens ! Dans l’air ils s’approchent, mystérieux, Sans question je me donne à leur enchantement. Tel est le charme qui m’a lié à toi, Quand je te vis, ma douce, pour la première fois ; Je n’avais pas besoin de connaître ta lignée, Mon regard te vit, et mon cœur te comprit. Comme ces parfums ravissent mes sens, S’approchant de moi dans l’indéchiffrable nuit, Ainsi ta pureté devait me transporter, Même si je te trouvai soupçonnée d’un lourd forfait. ELSA (cachant sa confusion, se blottissant humblement contre lui) Ah ! puissé-je être digne de ta valeur, Ne pas disparaître devant toi ; Si mon mérite pouvait m’unir à toi, Je souffrirais pour toi ! Comme tu me trouvas lourdement accusée, Oh ! si je te voyais dans la détresse, Je pourrais, pleine de cœur, partager ta peine, Si je savais qu’un tourment te menace ! Ton secret serait-il d’une telle essence 131 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Das aller Welt verschweigt dein Mund? (Immer geheimnisvoller) Vielleicht, daß Unheil dich erwartet, Würd’ aller Welt es offen kund? Wär’ es so! und dürft’ ich’s wissen, Dürft’ ich in meiner Macht es seh’n, Durch Keines Droh’n sei mir’s entrissen, Für dich wollt’ ich zu Tode geh’n! LOHENGRIN Geliebte! ELSA (immer leidenschaftlicher) O mach’ mich stolz durch dein Vertrauen, Daß ich in Unwert nicht vergeh’! Laß dein Geheimnis mich erschauen, Daß, wer du bist, ich offen seh’! LOHENGRIN Ach, schweige, Elsa! 132 ELSA (immer drängender) Meiner Treue enthülle deines Adels Wert! Woher du kamst, sag’ ohne Reue, Durch mich sei Schweigens Kraft bewährt! LOHENGRIN (streng und ernst einige Schritte zurücktretend) Höchstes Vertrau’n hast du mir schon zu danken, Da deinem Schwur ich Glauben gern gewährt; Wirst nimmer du vor dem Gebote wanken, Hoch über alle Frau’n dünkst du mich wert! (Er wendet schnell sich wieder liebevoll zu Elsa.) An meine Brust, du Süße, Reine! Sei meines Herzens Glühen nah’, Daß mich dein Auge sanft bescheine, In dem ich all mein Glück ersah! O, gönne mir, daß mit Entzücken Ich deinen Atem sauge ein! Laß’ fest, ach! fest an mich dich drücken, Daß ich in dir mög’ glücklich sein! Dein Lieben muß mir hoch entgelten Für das, was ich um dich verließ; ACTE III SCÈNE 2 Que ta bouche le taise devant le monde entier ? (Toujours plus mystérieuse) Peut-être un malheur te toucherait Si devant le monde, il était publié ? S’il en était ainsi, et si je pouvais le connaître, Aucune menace ne me l’arracherait, Pour toi, j’irais jusqu’à la mort ! LOHENGRIN Mon amour ! ELSA (de plus en plus passionnée) Ô, rends-moi fière par ta confiance, Qu’indigne, je ne me perde pas ! Fais-moi part de ton secret, Que je vois pleinement qui tu es ! LOHENGRIN Ah, tais-toi Elsa ! ELSA (toujours plus pressante) A ma foi, dévoile la valeur de ta noblesse ! D’où tu es venu, dis-le sans remords, Je saurai respecter le pouvoir du silence ! LOHENGRIN (dur et sombre, reculant de quelques pas) Tu me dois gratitude pour ma très haute confiance, Car j’ai volontiers ajouté foi à ton serment ; Si tu ne vacilles pas devant mon ordre Parmi toutes les femmes, tu me seras précieuse ! (Rapidement, il se tourne à nouveau vers Elsa, plein d’amour.) Sur mon sein, toi ma douce, pure ! Approche de la flamme de mon cœur, Qu’avec douceur ton regard m’éclaire, En lui je vois tout mon bonheur ! Ô accorde-moi, émerveillé De respirer ton souffle ! Laisse-moi, ah ! laisse-moi te serrer fort, Pour qu’en toi je puisse être heureux ! Ton amour saura me payer De que pour toi, j’ai laissé ; 133 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Kein Los in Gottes weiten Welten Wohl edler als das meine hieß’! Böt’ mir der König seine Krone, Ich dürfte sie mit Recht verschmäh’n. Das Einz’ge, was mein Opfer lohne, Das Einz’ge, was mein Opfer lohne, Muß ich in deiner Lieb’ erseh’n! Drum wolle stets den Zweifel meiden, Dein Lieben sei mein stolz Gewähr! Denn nicht komm’ ich aus Nacht und Leiden, Aus Glanz und Wonne komm’ ich her! 134 ELSA Hilf Gott, was muß ich hören! Welch’ Zeugnis gab dein Mund! Du wolltest mich betören, Nun wird mir Jammer kund! Das Los, dem du entronnen, Es war dein höchstes Glück: Du kamst zu mir aus Wonnen Und sehnest dich zurück! Wie soll ich Ärmste glauben, Dir g’nüge meine Treu’? Ein Tag wird dich mir rauben Durch deiner Liebe Reu’, durch deiner Liebe Reu’! LOHENGRIN Halt ein, Dich so zu quälen! ELSA Was quälest du mich doch! Soll ich die Tage zählen, Die du mir bleibest noch? In Sorg’ um dein Verweilen Verblüht die Wange mir; dann wirst du mir enteilen, Im Elend bleib’ ich Hier! LOHENGRIN Nie Soll dein Reiz entschwinden, Bleibst du von Zweifel rein! ACTE III SCÈNE 2 Aucun destin, dans le vaste monde de Dieu Ne fut jamais plus noble que le mien ! Si le roi m’avait donné sa couronne, A bon droit je l’aurais dédaignée. La chose unique que m’a valu mon sacrifice, La chose unique que m’a valu mon sacrifice, C’est ton amour, je le vois ! Alors, pour toujours évite le doute, Que ton amour soit ma fière assurance ! Car je ne viens pas de la nuit, ni de la souffrance, Je viens de la lumière et de la joie ! ELSA Mon Dieu, que me faut-il entendre ! Quel témoignage est sorti de ta bouche ! Tu as voulu me tromper, A présent, le malheur m’est annoncé ! Le destin que tu as fui Était ton plus grand bonheur : Tu es venu à moi de la joie Tu te languis d’y retourner ! Comment moi, misérable, pourrais-je croire Que ma fidélité serait assez pour toi ? Un jour tu me seras volé Quand ton amour sera regrets Quand ton amour sera regrets ! LOHENGRIN Arrête De te torturer ! ELSA Tu me tortures bien, toi ! Dois-je compter les jours Qui te restent auprès de moi ? Dans la peur de ton départ, Mes joues se faneront ; alors tu me fuiras, Dans la misère, je demeurerai Ici ! LOHENGRIN Jamais Ton éclat ne disparaîtra Si tu demeures vierge de doute ! 135 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ELSA Ach, dich an mich zu binden, Wie sollt’ ich mächtig sein? Voll Zauber ist dein Wesen, Durch Wunder kamst du her; Wie sollt’ ich da genesen? Wo fänd’ ich dein’ Gewähr? (Sie schreckt in heftigster Aufregung zusammen und hält an, wie um zu lauschen) Hörtest du nichts? Vernahmest du kein Kommen? LOHENGRIN Elsa! ELSA (vor sich hinstarrend) Ach nein!... Doch dort, der Schwan, der Schwan! Dort kommt er auf der Wasserflut geschwommen, Du rufest ihm, er zieht herbei den Kahn! 136 LOHENGRIN Elsa! Halt’ ein! Beruh’ge deinen Wahn! ELSA Nichts kann mir Ruhe geben, Dem Wahn mich nichts entreißt, Als gelt’ es auch mein Leben, Zu wissen, wer du sei’st! LOHENGRIN Elsa, was willst du Wagen? ELSA Unselig Holder Mann, hör’! was ich dich muß fragen! Den Namen sag’ mir an! LOHENGRIN Halt’ ein! ACTE III SCÈNE 2 ELSA Ah ! pour te lier à moi, Comment serais-je assez puissante ? Ton essence est magique, Tu vins ici par enchantement ; Comment m’en sortirais-je ? Comment aurais-je ta garantie ? (Elle panique en une vive agitation et s’arrête, comme pour écouter.) N’as-tu rien entendu ? N’as-tu pas entendu quelqu’un qui vient ? LOHENGRIN Elsa ! ELSA (regardant fixement devant elle) Ah non !... Pourtant là, le cygne, le cygne ! Il vient ici, voguant sur la rivière, Tu l’appelles, il amène ici la barque ! LOHENGRIN Elsa ! Arrête ! Apaise ton délire ! ELSA Rien ne peut m’apaiser Rien ne peut m’arracher au délire, Sauf, même au prix de ma vie, De savoir qui tu es ! LOHENGRIN Elsa, que vas-tu Risquer ? ELSA Malheureux Homme sublime, écoute ! ce qu’il me faut te demander ! Dis-moi ton nom ! LOHENGRIN Arrête ! 137 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ELSA Woher die Fahrt! LOHENGRIN Weh dir! ELSA Wie deine Art? LOHENGRIN Weh’ Uns! Was tatest du! (Elsa, die vor Lohengrin steht, welcher den Hintergrund im Rücken hat, gewahrt Friedrich und seine vier Genossen, welche mit gezückten Schwertern durch eine hintere Tür hereinbrechen.) 138 ELSA (nach einem fürchterlichen Schrei) Rette dich! Dein Schwert, dein Schwert! (Sie reicht das am Ruhebett angelehnte Schwert hastig Lohengrin, so daß dieser schnell es aus der Scheide, welche sie hält, ziehen kann. Lohengrin streckt Friedrich, welcher nach ihm ausholt, mit einem Streiche tot zu Boden; den entsetzten Edlen entfallen die Schwerter, sie stürzen zu Lohengrins Füßen auf die Knie. Elsa, die sich an Lohengrins Brust geworfen hatte, sinkt ohnmächtig langsam an ihm zu Boden. Langes Stillschweigen.) LOHENGRIN (tief erschüttert, steht allein aufrecht) Weh’, nun ist all’ unser Glück dahin! (Er neigt sich zu Elsa hinab, erhebt sie sanft und lehnt sie auf das Ruhebett.) ELSA (matt die Augen aufschlagend) Allewiger erbarm’ dich mein! (Der Tag ist in allmählichem Anbruche begriffen; die tief herabgebrannten Kerzen drohen zu erlöschen. Auf Lohengrins Zeichen erheben sich die vier Edlen.) ACTE III SCÈNE 2 ELSA D’où partit Ton chemin ! LOHENGRIN Malheur à toi ! ELSA Quelle est ta Lignée ? LOHENGRIN Malheur à Nous ! Qu’as-tu fait ? (Elsa, debout devant Lohengrin qui au fond tourne le dos, voit Frédéric et ses quatre compagnons surgir d’une porte à l’arrière-plan, les épées dégainées.) ELSA (après un terrible cri) Prends garde à toi ! Ton épée, ton épée ! (Vite, elle tend à Lohengrin l’épée se trouvant sur le lit de repos, de façon à ce que celui-ci puisse la tirer rapidement du fourreau qu’elle tient. D’un coup, Lohengrin abat Frédéric – qui l’avait attaqué – mort à terre ; effrayés, les nobles laissent tomber leurs épées et se jettent à genoux aux pieds de Lohengrin. Elsa, qui s’est jetée sur le sein de Lohengrin s’affaisse lentement au sol, évanouie. Long silence.) LOHENGRIN (très ébranlé, seul, il se tient droit) Malheur, tout notre bonheur est mort ! (Il se penche sur Elsa, la relève doucement et l’allonge sur le lit de repos.) ELSA (ouvrant les yeux, épuisée) Dieu éternel, prends pitié de moi ! (Le jour s’est levé petit à petit ; les chandelles sont presque entièrement consumées et près de s’éteindre. Sur un signe de Lohengrin, les quatre nobles se relèvent.) 139 RICHARD WAGNERLOHENGRIN LOHENGRIN Tragt den Erschlag’nen vor des Königs Gericht! (Die vier Edlen nehmen die Leiche Friedrich’s auf und entfernen sich mit ihr durch eine Tür des Hintergrundes. Lohengrin läutet an einem Glockenzuge; vier Frauen treten von links ein.) LOHENGRIN (zu den Frauen) Sie vor den König zu geleiten, Schmückt Elsa, meine süße Frau! Dort will ich Antwort ihr bereiten, Daß sie des Gatten Art erschau’! 140 (Er entfernt sich mit traurig feierlicher Haltung durch die Türe rechts. Die Frauen geleiten Elsa, die keiner Bewegung mächtig ist, nach links ab. Der Tag hat langsam begonnen zu grauen; die Kerzen sind verloschen. Ein zusammenfallender Vorhang schließt im Vordergrunde die ganze Szene. Wie aus dem Burghofe herauf hört man Heerhörner einen Aufruf blasen.) DRITTE SZENE Als der vordere Vorhang wieder aufgezogen wird, stellt die Bühne die Aue am Ufer der Schelde dar, wie im ersten Akt; glühende Morgenröte, allmählicher Anbruch des vollen Tages. Ein Graf mit seinem Heergefolge zieht im Vordergrunde rechts auf, steigt vom Pferde und übergibt dies einem Knechte. Zwei Edelknaben tragen ihm Schild und Speer. Er pflanzt sein Banner auf, sein Heergefolge sammelt sich um dasselbe. Während ein zweiter Graf auf die Weise, wie der erste einzieht, hört man bereits die Trompeten eines dritten sich nähern. Ein dritter Graf zieht mit seinem Heergefolge ebenso ein. Die neuen Scharen sammeln sich um ihre Banner; die Grafen und Edlen begrüßen sich, prüfen und loben ihre Waffen usw. Ein vierter Graf zieht mit seinem Heergefolge von rechts her ein und stellt sich bis in die Mitte des Hintergrundes auf. Als die Trompeten des Königs vernommen werden, eilt Alles sich um die Banner zu ordnen. Der König mit seinem sächsischen Heerbann zieht von links ein. ACTE III SCÈNE 3 LOHENGRIN Portez son corps devant le tribunal du roi ! (Les quatre nobles prennent le cadavre de Frédéric et s’éloignent par une porte du fond. Lohengrin frappe une cloche ; quatre femmes entrent par la gauche. ) LOHENGRIN (aux femmes) Pour la conduire devant le Roi, Parez Elsa, ma douce dame ! Là, je ferai réponse, Pour qu’elle sache, de son époux, la lignée ! (Il s’éloigne, dans une attitude triste et solennelle, par la porte de droite. Les femmes conduisent Elsa, incapable de faire aucun mouvement, vers la gauche. Le jour s’est levé lentement ; les flambeaux sont éteints. Le rideau tombe sur toute la scène. Comme précédemment dans la cour du château, on entend les trompettes sonner leur appel.) 141 TROISIÈME SCÈNE Alors que le rideau se relève, la scène représente la prairie sur la rive de l’Escaut, comme au premier acte ; aube rougeoyante, progressivement le jour se lève. Un comte avec sa suite entre au premier plan à droite, descend de cheval et le laisse à un valet. Deux pages portent son écu et sa lance. Il plante sa bannière, sa suite se rassemble autour d’elle. Pendant qu’un deuxième comte entre de la même façon, on entend déjà approcher les trompettes d’un troisième comte qui entre de même avec sa suite. Les troupes nouvellement arrivées se rassemblent autour de leurs bannières ; les comtes et les nobles se saluent, essayent leurs armes et s’en font compliment, etc. Un quatrième comte entre à droite avec sa suite et se place au centre, à l’arrière-plan. Quand on entend les trompettes du roi, tous se rangent autour de leurs bannières. Le roi, avec son escorte saxonne, entre par la gauche. RICHARD WAGNERLOHENGRIN ALLE MÄNN er (an die Schilde schlagend, als der König unter der Eiche angelangt ist) Heil König Heinrich! König Heinrich Heil! KÖNIG HEINRIch (unter Eiche stehend) Habt Dank, ihr Lieben von Brabant! Wie fühl’ ich stolz mein Herz entbrannt, Find’ ich in jedem deutschen Land So kräftig reichen Heerverband! Nun soll des Reiches Feind sich nah’n, Wir wollen tapfer ihn empfah’n: Aus seinem öden Ost daher Soll er sich nimmer wagen mehr! Für deutsches Land das deutsche Schwert! So sei des Reiches Kraft bewährt! ALLE MÄNNER Für deutsches Land das deutsche Schwert! So sei des Reiches Kraft bewährt! 142 DER KÖNIG Wo weilt nun der, den Gott gesandt Zum Ruhm, zur Größe von Brabant? (Ein scheues Gedränge ist entstanden: die vier brabantischen Edlen bringen auf einer Bahre Friedrichs verhüllte Leiche getragen und setzen sie in der Mitte der Bühne nieder. Alles blickt sich unheimlich fragend an.) DIE MÄNNER Was bringen die? Was tun sie kund? Die Mannen sind’s des Telramund! DER KÖNIG Wen führt ihr her? Was soll ich schau’n? Mich faßt bei eurem Anblick Grau’n! DIE VIER EDLEN So will’s der Schützer von Brabant; Wer dieser ist, macht er bekannt. ACTE III SCÈNE 3 TOUS LES HOMMES (frappant leur bouclier, alors que le roi s’installe sous le chêne) Gloire au Roi Henri ! Au Roi Henri gloire ! LE ROI HENri (debout sous le chêne) Soyez remerciés, bien-aimés Brabançons ! Comme mon cœur s’enflammerait de fierté, Si je trouvais, dans chaque pays allemand Une si forte et grande armée ! A présent l’ennemi de l’empire peut approcher Nous le recevrons avec vaillance : De ses pauvres terres de l’Est Il n’osera plus s’aventurer ! Pour le pays allemand, l’épée allemande ! Ainsi résistera la force de l’Empire ! TOUS LES HOMMES Pour le pays allemand, l’épée allemande ! Ainsi résistera la force de l’Empire ! 143 LE ROI Où donc est-il, celui qui est envoyé par Dieu Pour la gloire, pour la grandeur du Brabant ? (Une rumeur apeurée s’est élevée : les quatre nobles brabançons portent sur un brancard le corps de Frédéric couvert d’un linceul et le placent au centre de la scène. Tous se regardent, inquiets, interrogatifs.) LES HOMMES Qu’apportent-ils ? Que vont-ils annoncer ? Ce sont les hommes de Telramund ! LE ROI Qui conduisez-vous ici ? Que me faut-il voir ? A vous regarder, l’angoisse me saisit ! LES QUATRE NOBLES C’est la volonté du protecteur du Brabant ; Qui est celui-ci, il fera savoir. RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Elsa, mit großem Gefolge von Frauen, tritt auf und schreitet langsam wankenden Schrittes in denV ordergrund.) DIE MÄNNER Seht, Elsa naht, die Tugendreiche! (Der König geht Elsa entgegen und geleitet sie nach einem hohen Sitze der Eiche gegenüber.) Wie ist ihr Antlitz trüb’ und bleiche! DER KÖNIG Wie muß ich dich so traurig seh’n! Will dir so nah’ die Trennung geh’n? (Elsa versucht vor ihm aufzublicken, vermag es aber nicht. Großes Gedränge entsteht im Hintergrunde.) EINIGE MÄNNER Macht Platz, macht Platz dem Helden von Brabant! 144 (Der König hat seinen Platz unter der Eiche wieder eingenommen. Lohengrin, ganz so gewaffnet wie im ersten Aufzuge, tritt ohne Gefolge feierlich und traurig auf und schreitet ernst in den Vordergrund.) ALLE MÄNNER Heil! Heil dem Helden von Brabant! Heil dem Helden von Brabant! Heil! Heil! DER KÖNIG Heil Deinem Kommen, teurer Held! Die du so treulich rief’st in’s Feld, Die harren dein in Streites Lust, Von dir geführt, des Sieg’s bewußt. DIE MÄNNER Wir harren dein in Streites Lust, Von dir geführt, des Siegs bewußt. LOHENGRIN Mein Herr und König, laß’ dir melden: ACTE III SCÈNE 3 (Elsa entre, avec une grande escorte de femmes et s’avance d’un pas vacillant au premier plan. ) LES HOMMES Voyez, Elsa approche, la pleine de grâce ! (Le Roi va à la rencontre d’Elsa et la conduit vers un siège haut contre le chêne.) Comme son visage est triste et pâle ! LE ROI Comment, il me faut te voir si triste ! La séparation serait-elle si proche ? (Elsa essaye de le regarder, mais n’y parvient pas. Une grande clameur s’élève à l’arrière-plan.) PLUSIEURS HOMMES Faites place, faites place au héros du Brabant ! (Le Roi a repris sa place sous le chêne. Lohengrin, armé de pied en cap comme au premier acte, entre sans escorte, solennellement et tristement et se dirige vers le premier plan.) TOUS LES HOMMES Gloire ! Gloire au héros du Brabant ! Gloire au héros du Brabant ! Gloire ! Gloire ! LE ROI Gloire A ta venue, cher héros ! Ceux qu’avec foi tu appelas à la bataille, Ils t’attendent dans l’ivresse du combat, Guidés par toi, sûrs de la victoire. LES HOMMES Nous t’attendons dans l’ivresse du combat, Guidés par toi, sûrs de la victoire. LOHENGRIN Mon seigneur et roi, laisse-moi te dire : 145 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Die ich berief, die kühnen Helden, Zum Streit sie führen darf ich nicht! (Alle drücken höchste Betroffenheit aus.) DER KÖNIG UND DIE MÄNNER Hilf Gott! Welch hartes Wort Er spricht! DIE FRAUEN Hilf Gott! 146 LOHENGRIN Als Streitgenoß bin ich nicht hergekommen; Als Kläger sei ich jetzt von euch vernommen! (Er enthüllt Friedrichs Leiche, von deren Anblick sich Alle mit Abscheu abwenden. Feierlich vor der Leiche:) Zum ersten klage laut ich vor euch Allen, Und frag’ um Spruch nach Recht und Fug: Da dieser Mann zur Nacht mich überfallen, Sagt, ob ich ihn mit Recht erschlug? DER KÖNIG UND DIE MÄNNER (die Hand feierlich nach der Leiche ausstreckend) Wie deine Hand ihn schlug auf Erden, Soll dort ihm Gottes Strafe werden! LOHENGRIN Zum and’ren aber sollt ihr Klage hören, Denn aller Welt nun klag’ ich laut, Daß zum Verrat an mir sich ließ betören das Weib, Das Gott mir angetraut! DIE MÄNNER (heftig erschrocken und betrübt) Elsa! Wie mochte das gescheh’n? Wie konntest du dich so vergeh’n? DER KÖNIG Elsa! Wie konntest du dich so vergeh’n? ACTE III SCÈNE 3 Les héros courageux que j’ai appelés, Je ne puis les conduire au combat ! (Tous expriment la plus grande stupéfaction.) LE ROI & LES HOMMES Dieu, aide-nous ! Quelles terribles paroles A-t-il prononcé ! LES FEMMES Dieu, aide-nous ! LOHENGRIN Je ne suis pas venu ici en camarade de combat ; A présent, vous devez me considérer comme un accusateur ! (Il dévoile le corps de Frédéric, devant qui tous se détournent avec horreur. Solennellement, devant le corps :) D’abord j’accuse devant vous tous, Et demande une sentence de droit et de bonne justice : Car cet homme m’a attaqué cette nuit , Dites, étais-je dans mon droit quand je l’ai abattu ? LE ROI & LES HOMMES (tendant solennellement la main vers le corps) Telle ta main le frappant ici-bas, Tel le châtiment de Dieu là-bas ! LOHENGRIN Mais écoutez une autre accusation, Car j’accuse à voix haute devant le monde entier : Elle fut incitée à me trahir, la femme Que Dieu m’avait confiée ! LES HOMMES (très effrayés et troublés) Elsa ! Comment cela a-t-il pu arriver ? Comment as-tu pu te perdre ainsi ? LE ROI Elsa ! Comment as-tu pu te perdre ainsi ? 147 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DIE FRAUEN (mit klagenden Gebärden auf Elsa blickend) Wehe dir! Elsa! LOHENGRIN (immer streng) Ihr hörtet Alle, wie sie mir versprochen, Daß nie sie woll’ erfragen, wer ich bin? Nun hat sie ihren teuren Schwur gebrochen, Treulosem Rat gab sie ihr Herz dahin! (Alle drücken die heftigste Erschütterung aus.) Zu lohnen ihres Zweifels wildem Fragen, Sei nun die Antwort länger nicht gespart: Des Feindes Drängen durft’ ich sie versagen, Nun muß ich künden, wie mein Nam’ und Art. (Mit immer steigender Verklärung seiner Mienen) Jetzt merket wohl, ob ich den Tag muß scheuen: Vor aller Welt, vor König und vor Reich Enthülle mein Geheimnis ich in Treuen! (Sich hoch aufrichtend) So hört, ob ich an Adel euch nicht gleich! 148 DIE MÄNNER Welch Unerhörtes muß ich nun erfahren? O könnt’ er die erzwung’ne Kunde sich ersparen! DER KÖNIG Was muß ich nun erfahren? O könnt’ er die Kunde sich ersparen! LOHENGRIN (in feierlicher Verklärung vor sich hinblickend) In fernem Land, unnahbar euren Schritten, Liegt eine Burg, die Montsalvat genannt; Ein lichter Tempel stehet dort inmitten, So kostbar, als auf Erden nichts bekannt; Drin ein Gefäß von wundertät’gem Segen Wird dort als höchstes Heiligtum bewacht: Es ward, daß sein der Menschen reinste pflegen, Herab von einer Engelschar gebracht; Alljährlich naht vom Himmel eine Taube, Um neu zu stärken seine Wunderkraft: ACTE III SCÈNE 3 LES FEMMES (regardant Elsa avec des mouvements de douleur) Malheur à toi ! Elsa ! LOHENGRIN (toujours sévère) Vous avez tous entendu, qu’elle m’avait promis De ne jamais me demander qui je suis ? A présent, elle a brisé son précieux serment, Elle a livré son cœur au conseil des méchants ! (Tous expriment la plus intense émotion.) Pour honorer la terrible interrogation de son doute Qu’à présent la réponse ne tarde plus longtemps : Aux pressions des ennemis, je pouvais la soustraire, A présent il me faut dire mon nom, ma lignée. (Avec un visage transfiguré) Maintenant, voyez si je dois craindre le jour : Devant le monde, le Roi, devant l’empire Je dévoile mon secret en toute loyauté ! (Se redressant) Ainsi écoutez, si ma noblesse vaut la vôtre ! 149 LES HOMMES Quelle Chose inouïe me faut-il apprendre ? Ô s’il pouvait s’épargner la contrainte du récit ! LE ROI Que me faut-il apprendre à présent ? Ô s’il pouvait s’épargner le récit ! LOHENGRIN (solennel, transfiguré regardant devant lui) Dans un pays lointain, inaccessible à vos pas, Il y a un château appelé Montsalvat ; Au centre s’y dresse un temple lumineux, On ne sait rien au monde de si merveilleux; Il s’y trouve un vase bénit, miraculeux Que l’on garde comme la chose la plus sacrée ; Il fut, afin que les hommes les plus purs le veillent, Apporté ici-bas par une armée d’anges ; Tous les ans, du ciel descend une colombe Qui renouvelle sa force miraculeuse : RICHARD WAGNERLOHENGRIN Es heißt der Gral, und selig reinster Glaube Erteilt durch ihn sich seiner Ritterschaft. Wer nun dem Gral zu dienen ist erkoren, Den rüstet er mit überird’scher Macht; An dem ist jedes Bösen Trug verloren, Wenn ihn er sieht, weicht dem des Todes Nacht. Selbst wer von ihm in ferne Land’ entsendet, Zum Streiter für der Tugend Recht ernannt, Dem wird nicht seine heil’ge Kraft entwendet, Bleibt als sein Ritter dort er unerkannt; So hehrer Art doch ist des Grales Segen, Enthüllt muß er des Laien Auge flieh’n; Des Ritters drum sollt Zweifel ihr nicht hegen, Erkennt ihr ihn, dann muß er von euch zieh’n. Nun hört, wie ich verbot’ner Frage lohne! Vom Gral ward ich zu euch daher gesandt: Mein Vater Parzival trägt seine Krone, Sein Ritter ich, bin Lohengrin genannt. 150 DER KÖNIG, DIE MÄNNER UND FRAUEN Hör’ ich so seine höchste Art bewähren, Hör’ ich so seine höchste Art bewähren, Entbrennt mein Aug’, entbrennt mein Aug’ In heil’gen Wonnezähren! ELSA (wie vernichtet) Mir schwankt der Boden! Welche Nacht! O Luft! Luft der Unglücksel’gen! (Sie droht umzusinken; Lohengrin faßt sie in seine Arme.) LOHENGRIN (in schmerzlicher Ergriffenheit) O Elsa! Was hast du mir angetan! Als meine Augen dich zuerst ersah’n, Zu dir fühlt’ ich in Liebe mich entbrannt, Und schnell hatt’ ich ein neues Glück erkannt: Die hehre Macht, die Wunder meiner Art, Die Kraft, die mein Geheimnis mir bewahrt, Wollt’ ich dem Dienst des reinsten Herzens weih’n: Was rissest du nun mein Geheimnis ein? Jetzt muß ich, ach! von dir geschieden sein! ACTE III SCÈNE 3 Il s’appelle le Graal, la foi bienheureuse et très pure, Il la prodigue à sa chevalerie. Seul l’élu consacré au service du Graal Est par lui investi d’un pouvoir céleste ; Sur lui est sans effet la tromperie des méchants Quand elle le voit, la nuit de la mort s’efface. Celui qui est envoyé par lui en un pays lointain, Nommé champion du droit de la vertu, N’est pas dépouillé de son pouvoir sacré Sauf si on l’identifie comme son chevalier ; D’une essence si sublime est la grâce du Graal Que, dévoilée, elle doit fuir le regard des profanes ; C’est pourquoi de son chevalier vous ne devez douter Si vous l’identifiez, il devra vous quitter. A présent écoutez ma réponse à la question interdite ! Je fus envoyé à vous par le Graal dont Mon père Parsifal porte la couronne, dont Moi, son chevalier, ai pour nom Lohengrin. LE ROI, LES HOMMES & LES FEMMES D’entendre révéler une si haute lignée, D’entendre révéler une si haute lignée, Mes yeux brûlent, mes yeux brûlent De pleurs sacrés, de pleurs de joie ! ELSA (comme anéantie) Le sol se dérobe ! Quelles ténèbres ! Oh, de l’air ! De l’air pour la malheureuse ! (Elle est au bord de l’évanouissement ; Lohengrin la prend dans ses bras.) LOHENGRIN (avec une douloureuse émotion) Ô Elsa ! Que m’as-tu fait ! Quand mon regard te vit, au début, J’ai brûlé d’amour pour toi, Et j’ai vite reconnu un nouveau bonheur : Le pouvoir sublime, la merveille de ma lignée, La force que mon secret protégeait, Je voulais les consacrer au service du cœur le plus pur : Pourquoi as-tu brisé mon secret ? A présent il me faut, ah, être séparé de toi ! 151 RICHARD WAGNERLOHENGRIN DER KÖNIG, DIE MÄNNER, DIE FRAUEN Weh’! Weh’! Weh’! ELSA (in heftigste Verzweiflung ausbrechend) Mein Gatte! Nein! ELSA Ich laß dich nicht von hinnen! Als Zeuge meiner Buße bleibe hier, Als Zeuge meiner Buße bleibe Hier, LOHENGRIN Ich muß, Ich muß! mein süßes Weib! DIE MÄNNER UND FRAUEN Weh’! 152 ELSA Nicht Darfst du meiner Bittern Reu’ entrinnen, Daß du mich strafest, liege ich vor dir, DIE FRAUEN Weh, nun muß er von dir zieh’n! ELSA Daß du mich strafest, liege ich vor dir! LOHENGRIN Ich muß, ich muß! mein süßes Weib! DIE MÄNNER Weh’! Wehe! DER KÖNIG Weh’! ach mußt du von uns zieh’n, Du hehrer, gottgesandter Mann! ACTE III SCÈNE 3 LE ROI, LES HOMMES, LES FEMMES Hélas ! Hélas ! Hélas ! ELSA (éclatant du plus violent désespoir) Mon époux ! Non ! ELSA Je ne te laisse pas partir ! Reste, comme témoin de ma pénitence, Reste comme témoin de ma pénitence Ici, LOHENGRIN Je le dois, Je le dois ! Ma tendre Femme ! LES HOMMES & LES FEMMES Malheur ! ELSA Non Tu n’as pas le droit De te dérober à mon amer repentir, Je suis à tes pieds pour que tu me châties. LES FEMMES Hélas, à présent il doit te quitter ! ELSA Pour que tu me châties, je suis à tes pieds ! LOHENGRIN Il le faut, il le faut, ma douce Femme ! LES HOMMES Malheur ! Malheur ! LE ROI Hélas ! Ah ! tu dois nous quitter, Homme sublime, envoyé par Dieu 153 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Soll uns des Himmels Segen flieh’n, Wo fänden dein’ wir Tröstung dann? Soll uns des Himmels Segen flieh’n, Wo fänden Trost wir dann? O bleibe! wo fänden Tröstung wir? DIE MÄNNER Mußt du von uns zieh’n, Du hehrer, gottgesandter Mann! Wehe! Soll uns des Himmels Segen flieh’n, Wo fänden dein’ wir Tröstung dann? O bleib’! O bleib’! O bleib’! Wo fänden wir Tröstung dann? Wo fänden Tröstung wir? 154 ELSA Bist du so göttlich als ich dich erkannt, Sei Gottes Gnade nicht aus dir verbannt! Büßt sie in Jammer ihre schwere Schuld, Nicht flieh’ die Ärmste deiner Nähe Huld! Verstoß’ mich nicht! Verstoß’ mich nicht, Wie groß auch mein Verbrechen! Verlaß’, ach, verlaß’ mich Ärmste nicht! Verlaß’ mich nicht! verlaß’ mich nicht! Ach, verlaß’,verlaß’ die Arme nicht! DIE FRAUEN Weh’! Weh’, du hehrer, gottgesandter Mann! Weh! Ach wo fänden Trost wir dann? Weh’ uns! Weh’ uns! wo fänden dein’ wir Tröstung dann? Wo fänden Tröstung wir? LOHENGRIN Schon zürnt der Gral, Daß ich ihm ferne bleib’! Ich muß! Ich muß! Nur eine Strafe gibt’s für dein Vergeh’n! Ach! mich, wie dich trifft ihre herbe Pein! Mich, wie dich trifft ihre herbe Pein! Getrennt, geschieden sollen wir uns seh’n: Dies muß die Strafe, dies die Sühne sein! ACTE III SCÈNE 3 Si la grâce du ciel nous fuit, Où trouverions-nous consolation ? Si la grâce du ciel nous fuit, Où trouverions-nous consolation ? Ô reste ! Où trouverions-nous consolation ? LES HOMMES Tu dois nous quitter, Homme sublime, envoyé par Dieu ! Malheur ! Si la grâce du ciel nous fuit, Où trouverions-nous consolation ? Ô reste ! Ô reste ! Ô reste ! Où alors trouverions-nous consolation ? Où trouverions-nous consolation ? ELSA Si tu es aussi divin que je l’ai découvert, Que tu ne sois pas banni de la grâce de Dieu ! Si, dans la douleur, elle expie son lourd péché Que, de ta grâce, la misérable ne soit pas exclue ! Ne me répudie pas ! Ne me répudie pas ! Même si mon crime est grand ! Ne quitte, ah, ne quitte pas la misérable ! Ne me quitte pas ! Ne me quitte pas ! Ah, ne quitte, ne quitte pas la pauvresse ! LES FEMMES Hélas ! Hélas, homme sublime, envoyé par Dieu ! Hélas ! Ah ! où trouver alors consolation ? Malheur à nous ! où trouver alors consolation ? Où trouver alors consolation ? LOHENGRIN Déjà le Graal s’irrite, Que je m’attarde, loin de lui ! Je dois ! Je dois ! Il n’est qu’un châtiment pour ta défaillance ! Ah ! je suis, comme toi, frappé par le dur supplice ! Je suis, comme toi, frappé par le dur supplice ! Séparés, nous devons nous quitter : C’est le châtiment, c’est l’expiation ! 155 RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Elsa sinkt mit einem Schrei zu Boden.) DIE MÄNNER O bleib’! O bleib’, zieh’ uns nicht von dannen! Des Führers harren deine Mannen, Des Führers harren deine Mannen! O bleib’, zieh’ uns nicht von dannen! Des Führers, des Führers harren deine Mannen! DER KÖNIG O bleib’! O bleib’,und zieh’ uns nicht von dannen! Des Führers harren deine Mannen! O bleib’! Zieh’ uns nicht von dannen! Des Führers harren deine Mannen! 156 LOHENGRIN O König, hör’! Ich darf dich nicht geleiten! Des Grales Ritter, habt ihr ihn erkannt, Wollt’ er in Ungehorsam mit euch streiten, Ihm wäre alle Manneskraft entwandt! Doch, großer König, laß mich dir weissagen: Dir Reinem ist ein großer Sieg verlieh’n! Nach Deutschland sollen noch in fernsten Tagen Des Ostens Horden siegreich nimmer zieh’n! (Lebhafte Erregung. Man sieht auf dem Flusse den Schwan mit dem leeren Nachen auf dieselbe Weise wie bei Lohengrins erstem Erscheinen, anlangen.) EIN TEIL DER Männer (im Hintergrunde) Der Schwan! Der Schwan! Der Schwan! Der Schwan! Seht dort ihn wieder nah’n! DIE FRAUEn (im nächsten Vordergrunde um Elsa) Der Schwan! Weh, er naht! ALLE MÄNNER Er naht, Der Schwan! (Der Schwan kommt um die vordere Flußbiegung herum: er zieht den leeren Nachen. Elsa aus ihrer Betäubung erweckt, erhebt sich auf den Sitz gestützt, und blickt nach dem Ufer.) ACTE III SCÈNE 3 (Dans un cri, Elsa s’affaisse à terre.) LES HOMMES Ô reste ! Ô reste, ne nous quitte pas ! Tes hommes attendent leur guide, Tes hommes attendent leur guide ! Ô reste, ne nous quitte pas ! Tes hommes attendent leur guide ! LE ROI O reste ! Ô reste, et ne nous quitte pas ! Tes hommes attendent leur guide, Ô reste ! Ne nous quitte pas ! Tes hommes attendent leur guide ! LOHENGRIN O Roi, écoute! Je n’ai pas le droit de t’accompagner ! Vous avez reconnu le chevalier du Graal, Si, désobéissant, il combattait avec vous, Toute sa force virile lui serait enlevée ! Mais, grand roi, laisse-moi te prédire : A toi, pur, une grande victoire sera accordée ! En Allemagne, même aux jours les plus lointains, Les hordes de l’Est ne triompheront jamais ! (Vive émotion. On voit sur le fleuve le cygne avec la barque vide, comme lors de la première apparition de Lohengrin.) UNE PARTIE DES HOMMES (au fond) Le cygne ! Le cygne ! Le cygne ! Le cygne ! Voyez, il revient, il approche ! LES FEMMES (devant, tout près, autour d’Elsa) Le cygne! Malheur, il approche ! TOUS LES HOMMES Il approche, Le cygne! (Le cygne arrive devant par une courbe du fleuve : il tire la barque vide. Elsa sortant de sa stupeur, se lève, s’appuie sur son siège et regarde la rive.) 157 RICHARD WAGNERLOHENGRIN ELSA Entsetzlich! Ha! der Schwan! (Sie verbleibt lange Zeit wie erstarrt in ihrer Stellung.) 158 LOHENGRIn (erschüttert) Schon sendet nach dem Säumigen der Gral! (Unter der gespanntesten Erwartung der übrigen tritt er dem Ufer näher und neigt sich zu dem Schwan, ihn wehmütig betrachtend.) Mein lieber Schwan! Ach, diese letzte, traur’ge Fahrt, Wie gern hätt’ ich sie dir erspart! In einem Jahr, wenn deine Zeit Im Dienst zu Ende sollte geh’n, Dann, durch des Grales Macht befreit, Wollt’ ich dich anders wiederseh’n! (Er wendet sich im Ausbruch heftigen Schmerzes in den Vordergrund zu Elsa zurück.) O Elsa! Nur ein Jahr an deiner Seite Hatt’ ich als Zeuge deines Glücks ersehnt! Dann kehrte, selig in des Grals Geleite, Dein Bruder wieder, den du tot gewähnt. (Alle drücken ihre lebhafte Überraschung aus. Lohengrin überreicht Elsa sein Horn, sein Schwert und seinen Ring.) Kommt er dann heim, wenn ich ihm fern im Leben, Dies Horn, dies Schwert, den Ring sollst du ihm geben. Dies Horn soll in Gefahr ihm Hilfe schenken, In wildem Kampf dies Schwert ihm Sieg verleiht; Doch bei dem Ringe soll er mein gedenken, Der einstens dich aus Schmach und Not befreit, Ja, bei dem Ringe soll er mein gedenken, Der einstens dich aus Schmach und Not befreit! (Während er Elsa, die keines Ausdrucks mächtig ist, wiederholt küßt.) Leb wohl! Leb wohl! Leb wohl, mein süßes Weib! Leb wohl! Mir zürnt der Gral, wenn ich noch bleib’! Leb wohl! Leb Wohl! DIE MÄNNER UND FRAUEN (die Hände nach Lohengrin ausstreckend) Weh’! ACTE III SCÈNE 3 ELSA Terrible ! Ah ! Le cygne ! (Elle reste longtemps ainsi, comme pétrifiée.) LOHENGRIN (bouleversé) Le Graal déjà envoie chercher celui qui tarde ! (Pendant que les autres attendent, tendus, il s’approche de la rive et se penche vers le cygne, le contemplant avec tristesse.) Mon cher cygne ! Ah ! ce dernier, ce triste voyage Comme j’aurais voulu te l’épargner ! Dans un an, quand ton temps De service se serait achevé, Libéré grâce au pouvoir du Graal C’est autrement que je t’aurais revu ! (Sous l’effet d’une profonde douleur, il se retourne vers le fond, vers Elsa.) Ô Elsa ! Rien qu’un an à tes côtés, Témoin de ton bonheur, je le désirais ! Puis, heureux, sous la conduite du Graal, Ton frère que tu crois mort serait revenu. (Tous expriment leur vive surprise. Lohengrin remet à Elsa son cor, son épée et son anneau.) S’il revenait chez lui, alors que je serai loin de lui, Ce cor, cette épée, cet anneau, tu devras lui donner. Ce cor lui portera secours dans le danger, Dans les rudes combats, cette épée lui donnera la victoire ; Mais grâce à l’anneau il pensera à moi, Celui qui jadis te libéra de la honte et de la peine, Oui, grâce à l’anneau, il pensera à moi, Celui qui jadis te libéra de la honte et de la peine ! (Pendant qu’il embrasse à nouveau Elsa, incapable d’aucune d’expression.) Adieu ! Adieu ! Adieu, ma douce femme ! Adieu ! Le Graal va s’irriter si je demeure encore ! Adieu ! Adieu ! LES HOMMES & Hélas ! LES FEMMES (tendant les mains vers Lohengrin) 159 RICHARD WAGNERLOHENGRIN (Elsa hat sich krampfhaft an ihm festgehalten; endlich verläßt sie die Kraft, sie sinkt ihren Frauen in die Arme, denen sie Lohengrin übergibt, wonach dieser schnell dem Ufer zueilt.) DER KÖNIG, DIE MÄNNER UND FRAUEN Weh! Weh! Weh! Du edler, holder Mann! Welch harte Not tust du uns an! ORTRUD (tritt im Vordergrunde auf, mit wild jubelnder Gebärde) Fahr’ heim! Fahr’ heim, du stolzer Helde, Daß jubelnd ich der Törin melde, Wer dich gezogen in dem Kahn! Am Kettlein, das ich um ihn wand, Ersah ich wohl, wer dieser Schwan: Es ist der Erbe von Brabant! ALLE Ha! 160 ORTRUD (zu Elsa) Dank, daß den Ritter du vertrieben! Nun gibt der Schwan ihm Heimgeleit! Der Held, wär’ länger er geblieben, Den Bruder hätt’ er auch befreit! DIE MÄNNER (in äußerster Entrüstung) Abscheulich Weib! Ha, welch Verbrechen Hast du in frechem Hohn bekannt! DIE FRAUEN Abscheulich Weib! ORTRUD Erfahrt, wie sich die Götter rächen, Von deren Huld ihr euch gewandt! (Sie bleibt in wilder Verzückung hoch aufgerichtet stehen. Lohengrin, bereits am Ufer angelangt, hat Ortrud genau vernommen und sinkt jetzt zu einem stummen Gebet feierlich auf die Knie. Aller Blicke richten sich mit gespannter Erwartung auf ihn. Die weiße Grals-Taube schwebt über dem Nachen herab. ACTE III SCÈNE 3 (Elsa s’est agrippée à lui ; finalement, à bout de force, elle s’écroule dans les bras de ses femmes, à qui Lohengrin la confie avant de se hâter vers la rive. ) LE ROI, LES HOMMES & LES FEMMES Hélas ! Hélas ! Hélas ! Homme noble et gracieux ! Quelle peine cruelle tu nous fais ! ORTRUDE (s’avance par le fond, avec des gestes d’une joie sauvage) Repars chez toi ! Repars chez toi, fier héros, Que jubilante je dise à cette folle Qui a tiré ta barque ! A la chaînette qui le ceint, Je vois bien qui est ce cygne : C’est l’héritier du Brabant ! TOUS Ah ! ORTRUDE (à Elsa) Merci d’avoir chassé le chevalier ! A présent, le cygne va le ramener chez lui ! Le héros, s’il était resté plus longtemps, Aurait, en outre libéré ton frère ! LES HOMMES (dans une extrême indignation) Femme abominable ! Ah ! quel crime As-tu avoué avec cet insolent sarcasme ! LES FEMMES Abominable femme ! ORTRUDE Apprenez comme les dieux se vengent, Dont vous avez méprisé la grâce ! (Elle reste debout, très altière, dans une extase sauvage. Lohengrin, déjà arrivé à la rive, a parfaitement entendu Ortrude et, il tombe solennellement à genoux, en une prière muette. Tous les regards se tournent vers lui, dans la tension et dans l’attente. La blanche colombe du Graal descend du ciel et plane au-dessus de la barque. 161 RICHARD WAGNERLOHENGRIN Lohengrin erblickt sie; mit einem dankenden Blicke springt er auf und löst dem Schwan die Kette, worauf dieser sogleich untertaucht. An seiner Stelle hebt Lohengrin einen schönen Knaben in glänzendem Silbergewande – Gottfried – aus dem Flusse an das Ufer.) LOHENGRIN Seht da den Herzog von Brabant Zum Führer sei er euch ernannt! (Ortrud sinkt bei Gottfrieds Anblick mit einem Schrei zusammen. Lohengrin springt schnell in den Kahn, den die Taube an der Kette gefaßt hat und sogleich fortzieht. Elsa blickt mit letzter freudiger Verklärung auf Gottfried, welcher nach vorn schreitet und sich vor dem König verneigt. Alle betrachten ihn mit seligem Erstaunen, die Brabanter senken sich huldigend vor ihm auf die Knie. Dann eilt Gottfried in Elsas Arme; diese, nach einer kurzen freudigen Entrückung, wendet hastig den Blick nach dem Ufer, wo sie Lohengrin nicht mehr erblickt.) 162 ELSA Mein Gatte! Mein Gatte! (In der Ferne wird Lohengrin wieder sichtbar. Er steht mit gesenktem Haupte traurig auf seinen Schild gelehnt im Nachen.) ELSA Ach! DER KÖNIG, DIE MÄNNER UND FRAUEN Weh’! (Elsa gleitet langsam entseelt in Gottfrieds Armen zu Boden. Während Lohengrin immer ferner gesehen wird, sinkt langsam der Vorhang.) ACTE III SCÈNE 3 Lohengrin l’aperçoit ; avec un regard reconnaissant, il bondit sur ses pieds, délivre de sa chaîne le cygne qui aussitôt se métamorphose. A sa place, Lohengrin hisse du fleuve sur la rive un beau jeune homme – Godefroi – dans un éclatant vêtement argenté.) LOHENGRIN Voyez ici le duc du Brabant, Qu’il soit désigné comme votre chef ! (Ortrude, en voyant Godefroi, s’effondre avec un cri. Lohengrin saute rapidement dans la barque dont la colombe a saisi la chaîne et qu’elle emporte immédiatement. Elsa, transfigurée par la joie, regarde Godefroi qui s’avance au premier plan et s’incline devant le Roi. Tous le contemplent avec un bienheureux étonnement. Les Brabançons s’agenouillent devant lui en signe d’hommage. Puis, Godefroi se jette dans les bras d’Elsa ; celle-ci, après un bref moment de joie, tourne en hâte son regard vers la rive, où elle ne voit plus Lohengrin.) 163 ELSA Mon époux ! Mon époux ! (Dans le lointain réapparaît Lohengrin. Il est debout dans la barque, la tête baissée, tristement appuyé sur son écu.) ELSA Ah ! LE ROI, LES HOMMES & LES FEMMES Malheur ! (Elsa glisse lentement des bras de Godefroi jusqu’à terre, inanimée. Tandis qu’on voit Lohengrin, de plus en plus loin, le rideau tombe lentement. ) Traduction : Jean Spenlehauer CAHIER DE LECTURES Correspondance Wagner / Liszt Fais jouer mon Lohengrin Gérard de Nerval Souvenir de la création de Lohengrin Richard Wagner Mythologies I Charles Baudelaire Mythologie II Franz Liszt Wolfram von Eschenbach, Lohengrin et le Graal — Richard Wagner Le Prélude de Lohengrin / I Franz Liszt Le Prélude de Lohengrin / II Charles Baudelaire Le Prélude de Lohengrin / III L’Albatros Richard Wagner Solitude de Lohengrin, solitude de l’artiste Thomas Mann La beauté fait mal MÊME EN RÊVE... CORRESPONDANCE WAGNER / LISZT FAIS JOUER MON LOHENGRIN Richard Wagner à Franz Liszt Paris, 21 avril 1850 Cher Ami, Je viens de lire quelques passages de la partition de mon Lohengrin : d’habitude je ne relis jamais mes œuvres. J’ai été pris d’un immense désir de voir cet opéra représenté. Je t’adresse donc une instante prière : fais jouer mon Lohengrin. Tu es le seul homme à qui je veuille adresser une semblable prière ; à nul autre qu’à toi je ne confierais la création de cet opéra ; c’est toi que j’en charge, sans l’ombre d’une crainte ou d’une hésitation, avec une confiance absolue. Fais-le jouer où tu voudras, peu importe, ne fût-ce qu’à Weimar ; je suis certain que tu feras tout ce qui sera possible et nécessaire pour cela, et qu’on ne te refusera rien. Fais jouer le Lohengrin ; que son entrée dans la vie soit ton œuvre. Franz Liszt à Richard Wagner Juin 1850 Votre Lohengrin sera donné dans les conditions les plus exceptionnelles et les meilleures pour sa réussite. L’Intendance fait à cette occasion une dépense de plus de 2000 thalers, ce que ne s’était jamais, de mémoire d’homme, pratiqué à Weimar. La presse ne sera pas mise en oubli, et des 167 WAGNER / LISZT articles convenables et sérieusement motivés paraîtront successivement dans plusieurs journaux. Tout le personnel sera feu et flamme. Le nombre des violons sera quelque peu augmenté (de 16 à 18 en tout), la clarinette basse a été achetée ; rien d’essentiel ne manquera à l’étoffe musicale et à ses dessins ; je me chargerai de toutes les répétitions de piano, de chœurs, de quatuor et d’orchestre ; Genast suivra avec chaleur et énergie vos indications par rapport à la mise en scène. Il va sans dire que nous ne retrancherons pas une note, pas un iota, de votre œuvre, et que nous la donnerons dans son Beau absolu, autant qu’il nous sera possible de le faire. La date exceptionnelle du 28 août à laquelle le Lohengrin sera représenté ne peut manquer de lui être favorable – à vrai dire, je me serais refusé de mettre en scène une œuvre aussi extraordinaire dans le courant ordinaire d’une saison théâtrale. M. de Zigesar a parfaitement senti qu’il fallait que le Lohengrin soit un événement. Pour cela faire, on a raccourci de moitié les vacances du théâtre, [...] et fixé la première représentation théâtrale au 28 août, anniversaire de la naissance de Goethe – trois jours après l’inauguration du monument de Herder qui aura lieu le 25. A l’occasion du monument de Herder, nous aurons ici un grand concours de monde, et de plus, pour le 28, les délégués de la Fondation Goethe sont convoqués à l’effet de rédiger le programme définitif de cette fondation à Weimar. Après deux représentations consécutives du Lohengrin, le théâtre fermera de nouveau pour ne rouvrir qu’un mois après, et ne reprendra le Lohengrin qu’à bon escient dans le courant de l’hiver. [...] D’ici là conservez bien votre tête et votre santé et comptez bien entièrement sur votre très sincèrement dévoué et affectionné ami. Franz Liszt Extraits de la Correspondance entre Richard Wagner et Franz Liszt , traduction de L. Schmidt et J. Lacant, © Gallimard, 1975 168 GÉRARD DE NERVAL SOUVENIR DE LA CRÉATION DE LOHENGRIN Le 25 Auguste, comme disent les Allemands – et nous savons aussi que Voltaire donnait ce nom au mois d’août –, a été le premier jour des fêtes célébrées dans la ville de Weimar, en commémoration de la naissance de Herder et de la naissance de Goethe. Un intervalle de trois jours seulement sépare ces deux anniversaires; aussi les fêtes comprenaient-elles un espace de cinq jours. Un attrait de plus à ces solennités était l’inauguration d’une statue colossale de Herder, dressée sur la place de la Cathédrale. [...] Mais nous n’avons à parler ici que de ce qui concerne l’art dramatique. [...] On a donné, ce jour-là, pour la première fois, Lohengrin, opéra en trois actes, de Wagner. Liszt dirigeait l’orchestre, et, lorsqu’il entra, les artistes lui remirent un bâton de mesure en argent ciselé, entouré d’une inscription analogue à la circonstance. C’est le sceptre de l’artiste-roi, qui provoque ou apaise tour à tour la tempête des voix et des instruments. Le Lohengrin présentait une particularité singulière, c’est que le poème avait été écrit en vers par le compositeur. J’ignore si le proverbe français est vrai ici, « qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même » ; toujours est-il qu’à travers d’incontestables beautés poétiques, le public a trouvé des longueurs qui ont parfois refroidi l’effet de l’ouvrage. Presque tout 169 GÉRARD DE NERVAL l’opéra est écrit en vers carrés et majestueux, comme ceux des anciennes épopées. Il suffit de dire aux Français que c’est de l’alexandrin élevé à la troisième puissance. Lohengrin est un chevalier errant qui passe par hasard à Anvers, en Brabant, vers le onzième siècle, au moment où la fille d’un prince de ce pays, qui passe pour mort, est accusée d’avoir fait disparaître son jeune frère dans le but d’obtenir l’héritage du trône en faveur d’un amant inconnu. Elle est traduite devant une cour de justice féodale, qui la condamne à subir le jugement de Dieu. Au moment où elle désespère de trouver un chevalier qui prenne sa défense, on voit arriver Lohengrin, dans une barque dirigée par un cygne. Ce paladin est vainqueur dans le combat, et il épouse la princesse, qui, au fond, est innocente et victime des propos d’un couple pervers qui la poursuit de sa haine. L’histoire n’est pas terminée; il reste encore deux actes, dans lesquels l’innocence continue à être persécutée. On y rencontre une fort belle scène dans laquelle la princesse veut empêcher Lohengrin de partir pour combattre ses ennemis. Il insiste et se livre aux plus grands dangers; mais un génie mystérieux le protège – c’est le cygne, dans le corps duquel se trouve l’âme du petit prince, frère de la princesse de Brabant –, péripétie qui se révèle au dénouement, et qui ne peut être admise que par un public habitué aux légendes de la mythologie septentrionale. Cette tradition est du reste connue, et appartient à l’un des poèmes ou romans du cycle d’Arthus. En France, on comprendrait Barbe-Bleue ou Peau d’âne ; il est donc inutile de nous étonner. Lohengrin est un des chevaliers qui vont à la recherche du Saint-Graal. C’était le but, au Moyen-Âge, de toutes les expéditions aventureuses, comme à l’époque des anciens, la Toison d’or et aujourd’hui la Californie. Le SaintGraal était une coupe remplie du sang sorti de la blessure que le Christ reçut sur sa croix. Celui qui pouvait retrouver cette précieuse relique était assuré de la toute puissance et de l’immortalité. Lohengrin, au lieu de ces dons, a trouvé le bonheur terrestre et l’amour. Cela suffit du reste à la récompense de ce chevalier. La musique de cet opéra est très remarquable et sera de plus en plus appréciée aux représentations suivantes. C’est un talent original et hardi qui se révèle à l’Allemagne, et qui 170 SOUVENIR DE LA CRÉATION DE LOHENGRIN n’a dit encore que ses premiers mots. On a reproché à M. Wagner d’avoir donné trop d’importance aux instruments, et d’avoir, comme disait Grétry, mis le piédestal sur la scène et la statue dans l’orchestre; mais cela a tenu sans doute au caractère de son poème, qui imprime à l’ouvrage la forme d’un drame lyrique, plutôt que celle d’un opéra. Les artistes ont exécuté vaillamment cette partition difficile, qui, pour en donner une idée sommaire, semble se rapporter à la tradition musicale de Gluck et de Spontini. La mise en scène était splendide et digne des efforts que fait le grand-duc actuel pour maintenir à Weimar cet héritage de goût artistique qui a fait appeler cette ville l’Athènes de l’Allemagne. La salle du théâtre de Weimar est petite et n’est entourée que d’un balcon et d’une grille; mais les proportions en sont assez heureuses et le cintre est dessiné de manière à offrir un contour gracieux aux regards qui parcourent la rangée de femmes bordant comme une guirlande non interrompue le rouge ourlet de la balustrade. L’absence de loges particulières et la riche décoration de la loge grand-ducale lui donnent tout à fait l’apparence d’un théâtre de cour, et l’effet général est loin d’y perdre. L’œil n’est heurté ni par ce mélange de jolies figures de femmes et de laides figures d’hommes qu’on remarque ailleurs sur le devant des loges et des amphithéâtres, ni par cette succession de petites boîtes ressemblant tantôt à des tabatières, tantôt à des bonbonnières, qui divisent d’une façon si peu gracieuse les divers groupes de spectateurs. Le lendemain de la représentation, j’avais besoin de me reposer de cinq heures de musique savante dont l’impression tourbillonnait encore dans ma tête à mon réveil. Je me mis à parcourir la ville à travers les brumes légères d’une belle matinée d’automne. Extrait de Lorely – Souvenirs d’Allemagne, 1852 RICHARD WAGNER MYTHOLOGIE I J’étudiais l’épopée de Lohengrin et d’un seul coup s’ouvrit devant moi un nouveau monde poétique dont je n’avais pas soupçonné auparavant l’existence, habitué comme j’étais à chercher un sujet déjà traité et se prêtant au genre de l’opéra. [...] Le poème médiéval me semblait prêter à Lohengrin une figure d’un mysticisme équivoque, qui me remplissait de la méfiance et de cette espèce de répulsion que nous éprouvons à la vue de ces statues de bois sculpté et peint qu’on rencontre le long des routes et dans les églises des pays catholiques. C’est seulement après que cette première impression faite par la lecture se fut effacée, que la figure de Lohengrin revint hanter mon esprit avec une force d’attraction chaque fois plus grande. Or cette force trouva à se nourrir également à l’extérieur, du jour où je découvris le mythe de Lohengrin représenté par les traits plus simples, mais aussi plus profonds, d’un authentique poème populaire restitué par les travaux de la science des mythes modernes. Lorsque j’eus donc aperçu en lui la noblesse d’un poème inspiré à l’homme par une nostalgie qui ne tient pas seulement son origine du penchant chrétien au surnaturel, mais bien de la nature humaine en général dans ce qu’elle a de plus vrai, cette figure me devint toujours plus familière, et l’envie de m’en emparer pour en faire l’interprète de mon propre désir grandit, de sorte 172 MYTHOLOGIE I qu’elle était déjà, au moment ou j’achevais Tannhäuser, une nécessité impérieuse qui me détourna de toute autre tentation. [...] Nous trouvons déjà dans un mythe grec, qui n’en est certainement pas lui-même la forme la plus ancienne, le trait fondamental du mythe de Lohengrin. Qui ne connaît Zeus et Sémélé ? Le dieu aime la femme d’un homme et, pour servir cet amour, se présente à elle sous une forme humaine ; mais l’aimée apprend qu’elle ne connaît pas l’aimé comme il est réellement et, poussée par le vrai zèle de l’amour, la voilà exigeant de l’époux qu’il se manifeste pleinement à elle sous les espèces sensibles de sa nature. Zeus sait qu’il devra alors lui échapper, que son aspect réel l’anéantira ; lui-même souffre de devoir perdre celle qu’il aime en remplissant son désir et c’est comme s’il exécutait sa propre condamnation à mort lorsque son éclat divin, mortel aux hommes, anéantit l’aimée. [...] La région éthérée d’où le dieu aspire à descendre vers l’homme fut étendue par le désir chrétien aux plus infinis lointains. Pour les Grecs, c’était encore du royaume nuageux de l’éclair et du tonnerre que Zeus bouclé s’élançait vers le bas lorsqu’il voulait se faire homme. Avec le chrétien, le ciel bleu se dilua en une mer infinie de sentiments, d’aspirations délicieuses, où se noyèrent les formes de tous les dieux, jusqu’à ce qu’enfin sa propre image d’homme, en proie à son désir, pût seule encore surgir de cette mer de son imagination et venir à sa rencontre. Un trait immémorial se retrouve sous différentes formes dans les légendes des peuples riverains des mers ou de l’embouchure des fleuves : sur le miroir bleu des vagues, un inconnu ayant la grâce la plus noble et la plus pure vertu, s’approche et traîne tous les cœurs après lui par la force irrésistible d’un charme ; c’était l’accomplissement du désir de l’homme rêvant son bonheur au-delà du miroir de la mer, dans un pays jamais vu. L’inconnu repartait sur les flots et disparaissait sitôt qu’on voulait savoir qui il était. Extrait de Une communication à mes amis, Traduction de Jean Launay, © Mercure de France, 1976 CHARLES BAUDELAIRE MYTHOLOGIE II Lohengrin monte dans la nacelle après avoir adressé au Saint-Graal une fervente prière. Une colombe prend la place du cygne, et Godefroi, duc de Brabant, reparaît. Le chevalier est retourné vers le mont Salvat. Elsa qui a douté, Elsa qui a voulu savoir, examiner, contrôler, Elsa a perdu son bonheur. L’idéal est envolé. Le lecteur a sans doute remarqué dans cette légende une frappante analogie avec le mythe de la Psyché antique qui, elle aussi, fut victime de la démoniaque curiosité, et, ne voulant pas respecter l’incognito de son divin époux, perdit, en pénétrant le mystère, toute sa félicité. Elsa prête l’oreille à Ortrude, comme Ève au serpent. L’Ève éternelle tombe dans l’éternel piège. Les nations et les races se transmettent-elles des fables, comme les hommes se lèguent des héritages, des patrimoines ou des secrets scientifiques ? On serait tenté de le croire, tant est frappante l’analogie morale qui marque les mythes et les légendes éclos dans différentes contrées. Mais cette explication est trop simple pour séduire longtemps un esprit philosophique. L’allégorie créée par le peuple ne peut pas être comparée à ces semences qu’un cultivateur communique fraternellement à un autre qui les veut acclimater dans son pays. Rien de ce qui est éternel et universel n’a besoin d’être acclimaté. Cette analogie morale dont je parlais est comme l’estampille divine de toutes les fables populaires. 174 MYTHOLOGIE II Ce sera bien, si l’on veut, le signe d’une origine unique, la preuve d’une parenté irréfragable, mais à la condition que l’on ne cherche cette origine que dans le principe absolu et l’origine commune de tous les êtres. Tel mythe peut être considéré comme frère d’un autre, de la même façon que le nègre est dit le frère du blanc. Je ne nie pas, en de certains cas, la fraternité ni la filiation ; je crois seulement que, dans beaucoup d’autres, l’esprit pourrait être induit en erreur par la ressemblance des surfaces ou même par l’analogie morale, et que, pour reprendre notre métaphore végétale, le mythe est un arbre qui croît partout en tout climat, sous tout soleil, spontanément et sans boutures. Les religions et les poésies des quatre parties du monde nous fournissent sur ce sujet des preuves surabondantes. Comme le péché est partout, la rédemption est partout ; le mythe partout. Rien de plus cosmopolite que l’Éternel. Extrait de Richard Wagner et Tannhäuser à Paris,1861 FRANZ LISZT WOLFRAM VON ESCHENBACH, LOHENGRIN ET LE GRAAL Le livret de Lohengrin est en lui-même une œuvre dramatique, qui renferme des beautés du premier ordre. Pour bien comprendre la marche de la pièce au théâtre, et saisir l’intention et la portée de la musique dès les premières mesures de l’introduction, il faut connaître d’avance le mystère sur lequel roule toute l’action du drame, où il ne se dévoile qu’à la dernière scène. Ce mystère repose sur la tradition du saint Graal qu’on trouve dans les romans de chevalerie, et qui occupe une grande place dans les poèmes de Wolfram von Eschenbach. Le sujet du Lohengrin est extrait d’un de ces poèmes. Tout le squelette des événements en est pris, avec de très légères modifications nécessitées par les convenances de la scène. Mais de quelle poésie de sentiment Wagner ne l’a-t-il pas revêtu ? [...] Wolfram von Eschenbach fut un des plus célèbres minnesänger du XIIe ; l’un de ceux qui se distinguèrent le plus dans les « combats de chanteurs » qui eurent lieu au château de la Wartbourg. Il appartint à l’école spiritualiste des chantres de cette époque, et tient une des premières places parmi ceux qui exaltèrent la chasteté et la pureté dans l’amour, les croyances comme les sentiments les plus pieusement poétiques. Les chroniques disent qu’il chanta le poème de Lohengrin pour la première fois à la prière du Landgrave de Thuringe, des Dames présentes, et de son ennemi lui-même, le magicien Klingsor [...]. 176 LOHENGRIN ET LE GRAAL On n’ignore pas que Wolfram von Eschenbach fut l’auteur de la fameuse épopée de Parcival et Titurel, Lohengrin, fils de Parcival, est le héros de ce poème fondé sur la tradition du saint Graal. Le saint Graal était une coupe faite d’une pierre précieuse et éblouissante, tombée de la couronne de Lucifer au moment de sa chute. Dans cette coupe, Notre Seigneur consacra le pain et le vin à la sainte Cène, et Joseph d’Arimathie y recueillit le sang qui s’échappait de la plaie faite à son côté lorsqu’il était en croix. Joseph dans la suite apporta cette coupe en Angleterre, où elle fut commise à la garde du roi Artus et des chevaliers de la Table ronde. Plus tard, Parcival le plus parfait des chevaliers, emporta le saint Graal en Inde ; de là il fut transporté au Mont Salvat, qui selon les uns était dans l’Aragon, selon d’autres dans l’Inde aussi. C’était une montagne sainte, entourée au loin d’une forêt de cyprès et de cèdres, que nul ne pouvait traverser sans y être mystérieusement guidé, par la volonté de Dieu. Là, Titurel bâtit un temple magnifique en or, en bois d’aloès, et en fines pierreries, où le saint Graal fut définitivement déposé. On y trouvait une douce fraîcheur en été, et une tiède atmosphère en hiver. Le soin et la garde de ce temple étaient confiés aux chevaliers que le saint Graal choisissait et indiquait lui-même, par des signes, à l’aide desquels ils recevaient tous ses commandements. Quiconque l’avait contemplé n’était plus soumis à la mort, et quiconque le servait était à l’abri de tout péché mortel. Ces chevaliers jouissaient d’une félicité parfaite, goûtant même d’avance celle que le Ciel réserve aux justes après qu’ils ont quitté cette terre. Le Jeudi Saint, une colombe apportait chaque année une divine hostie, qu’elle déposait dans la coupe miraculeuse. Les chevaliers qui voulaient atteindre au plus haut degré de la vertu, cherchaient cette montagne en parcourant tous les pays, et en accomplissant des actes de valeur et de sainteté, car il n’y avait que ceux qui étaient parfaitement purs et irréprochables, qui pussent espérer de pénétrer un jour jusqu’au saint Graal pour être reçus au nombre de ses serviteurs, lesquels composaient la plus pieuse et la plus glorieuse des chevaleries. Parcival en était le chef, et Lohengrin son fils, un des plus vaillants et des plus nobles héros. Extrait de Lohengrin et Tannhäuser de Richard Wagner, 1851 Éditions Adef / Albatros, Paris, 1980 RICHARD WAGNER LE PRÉLUDE DE LOHENGRIN / I Dès les premières mesures, l’âme du pieux solitaire qui attend le vase sacré plonge dans les espaces infinis. Il voit se former peu à peu une apparition étrange qui prend un corps, une figure. Cette apparition se précise davantage, et la troupe miraculeuse des anges, portant au milieu d’eux la coupe sacrée, passe devant lui. Le saint cortège approche ; le cœur de l’élu de Dieu s’exalte peu à peu ; il s’élargit, il se dilate ; d’ineffables aspirations s’éveillent en lui ; il cède à une béatitude croissante, en se trouvant toujours rapproché de la lumineuse apparition, et quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît au milieu du cortège sacré, il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eût soudainement disparu. Cependant le Saint-Graal répand ses bénédictions sur le saint en prière et le consacre son chevalier. Puis les flammes brûlantes adoucissent progressivement leur éclat ; dans sa sainte allégresse, la troupe des anges, souriant à la terre qu’elle abandonne, regagne les célestes hauteurs. Elle a laissé le Saint-Graal à la garde des hommes purs, dans le cœur desquels la divine liqueur s’est répandue, et l’auguste troupe s’évanouit dans les profondeurs de l’espace, de la même manière qu’elle en était sortie. Texte paru dans le programme d’un concert d’œuvres de Wagner donné à Paris en 1860 Cité par Baudelaire dans Richard Wagner et Tannhäuser à Paris, 1861 178 FRANZ LISZT LE PRÉLUDE DE LOHENGRIN / II Le prologue instrumental qui précède Lohengrin, trop court – il n’a que soixante -quinze mesures – pour être exécu té séparément, n’est qu’une sorte de formule magique, qui, comme une initiation mystérieuse, prépare nos âmes à la vue de choses inaccoutumées et d’un sens plus haut que celles de notre vie terrestre. Cette introduction renferme et révèle l’élément mystique, toujours présent et toujours caché dans la pièce ; secret divin, ressort surnaturel, suprême loi de la destinée des personnages et de la succession des incidents que nous allons contempler. Pour nous apprendre l’inénarrable puissance de ce secret, Wagner nous montre d’abord la beauté ineffable du sanctuaire, habité par un Dieu qui venge les opprimés et ne demande qu’amour et foi à ses fidèles. Il nous initie au saint Graal ; il fait miroiter à nos yeux ce temple de bois incorruptible, aux murs odorants, aux portes d’or, aux solives d’asbestes, aux colonnes d’opales, aux ogives d’onyx, aux parvis de cymophane, dont les splendides portiques ne sont approchés que de ceux qui ont le cœur élevé et les mains pures. Il ne nous le fait point apercevoir dans son imposante et réelle structure, mais comme ménageant nos faibles sens, il nous le montre d’abord reflété dans quelque onde azurée, ou reproduit par quelque nuage irisé. C’est au commencement une large nappe dormante de mélodie, un éther vaporeux qui s’étend pour que le tableau sacré s’y dessine à nos yeux profanes ; effet exclusivement 179 FRANZ LISZT confié aux violons, divisés en huit pupitres différents qui, après plusieurs mesures de sons harmoniques, continuent dans les plus hautes notes de leur registres. Le motif est ensuite repris par les instruments à vent les plus doux ; les cors et les bassons en s’y joignant préparent l’entrée des trompettes et des trombones, qui répètent la mélodie pour la quatrième fois, avec un éclat éblouissant de coloris, comme si, dans cet instant unique, l’édifice saint avait brillé devant nos regards aveuglés, dans toute sa magnificence lumineuse et radiante. Mais le vif étincellement, amené par degrés à cette intensité de rayonnement solaire, s’éteint avec rapidité, comme une lueur céleste. La transparente vapeur des nuées se referme, la vision disparaît peu à peu dans le même encens diapré, au milieu duquel elle est apparue, et le morceau se termine par les premières six mesures devenues plus éthérées encore. Son caractère d’idéale mysticité, est surtout rendu sensible par le pianissimo toujours conservé dans l’orchestre, et qu’interrompt à peine le court moment où les cuivres font resplendir les merveilleuses lignes du seul motif de cette introduction. Telle est l’image qui, à l’audition de ce sublime adagio, se présente d’abord à nos sens émus. Extrait de Lohengrin et Tannhäuser de Richard Wagner, 1851 Éditions Adef / Albatros, Paris, 1980 0 CHARLES BAUDELAIRE LE PRÉLUDE DE LOHENGRIN / III M’est-il permis à moi-même de raconter, de rendre avec des paroles la traduction inévitable que mon imagination fit du même morceau, lorsque je l’entendis pour la première fois, les yeux fermés, et que je me sentis pour ainsi dire enlevé de terre ? Je n’oserais certes pas parler avec complaisance de mes rêveries, s’il n’était pas utile de les joindre ici aux rêveries précédentes. Le lecteur sait quel but nous poursuivons : démontrer que la véritable musique suggère des idées analogues dans des cerveaux différents. D’ailleurs, il ne serait pas ridicule ici de raisonner à priori, sans analyse et sans comparaisons ; car ce qui serait vraiment surprenant, c’est que le son ne pût pas suggérer la couleur, que les couleurs ne pussent pas donner l’idée d’une mélodie, et que le son et la couleur fussent impropres à traduire des idées ; les choses s’étant toujours exprimées par une analogie réciproque, depuis le jour où Dieu a proféré le monde comme une complexe et indivisible totalité. La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. 181 CHARLES BAUDELAIRE Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Je poursuis donc. Je me souviens que, dès les premières mesures, je subis une de ces impressions heureuses que presque tous les hommes imaginatifs ont connues, par le rêve, dans le sommeil. Je me sentis délivré des liens de la pesanteur, et je retrouvai par le souvenir l’extraordinaire volupté qui circule dans les lieux hauts [...]. Ensuite je me peignis involontairement l’état délicieux d’un homme en proie à une grande rêverie dans une solitude absolue, mais une solitude avec un immense horizon et une large lumière diffuse ; l’immensité sans autre décor qu’elle-même. Bientôt j’éprouvai la sensation d’une clarté plus vive, d’une intensité de lumière croissant avec une telle rapidité, que les nuances fournies par le dictionnaire ne suffiraient pas à exprimer ce surcroît toujours renaissant d’ardeur et de blancheur. Alors je conçus pleinement l’idée d’une âme se mouvant dans un milieu lumineux, d’une extase faite de volupté et de connaissance, et planant au-dessus et bien loin du monde naturel. Extrait de Richard Wagner et Tannhäuser à Paris, 1861 ’’ L’ALBATROS Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d’eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. CHARLES BAUDELAIRE Spleen et Idéal II, Les Fleurs du mal,1857 RICHARD WAGNER SOLITUDE DE LOHENGRIN, SOLITUDE DE L’ARTISTE De ce moment cessa progressivement d’exister pour moi, dans son principe même, le domaine de l’art moderne. Mais dans quelle situation étais-je moi-même. Et quelle pouvait être l’humeur qui me poussait maintenant, et justement maintenant, face à ces événements, à ces impressions, à me jeter au travail afin de composer Lohengrin ? C’est ce que je veux essayer de rendre clair à mes amis et à moi-même, pour expliquer du même coup le sens qu’avait pris pour moi le poème de Lohengrin et comment ce sens n’était perceptible qu’à un artiste. J’étais alors devenu si conscient de ma solitude artistique que je ne pouvais plus que puiser dans ce sentiment luimême l’impulsion et la force de me communiquer à mon entourage. Si, sans aucune idée claire de la possibilité de me faire comprendre, je me sentais cependant porté à tout faire pour y parvenir, cela ne pouvait s’expliquer que par la qualité particulière de rêve et de désir qu’il y avait dans mon sentiment de solitude. [...] Lohengrin cherchait la femme qui crût en lui ; qui ne demandât pas qui il était et d’où il venait, mais qui l’aimât comme il était et tel qu’il lui apparaissait. Il cherchait la femme devant laquelle il n’eût pas à s’expliquer, à se justifier, qui l’aimât inconditionnellement. Et c’est pour cela qu’il devait cacher sa nature supérieure ; ne pas découvrir, ne pas 184 SOLITUDE DE LOHENGRIN révéler cette supériorité – supériorité reçue – était pour lui la seule garantie de n’être pas seulement admiré, regardé avec étonnement, ou humblement adoré comme quelqu’un qu’on ne comprend pas. Ce qu’il réclamait n’était ni l’admiration ni l’adoration, mais la seule chose qui pût le délivrer de sa solitude, apaiser son désir, à savoir l’amour, être aimé, être compris par l’amour. De toute la hauteur de son intelligence, du plus profond savoir de sa conscience, il ne voulait ni être ni devenir autre chose que pleinement, entièrement homme, avec toute la chaleur qu’un homme peut ressentir et faire ressentir, un homme enfin, et non Dieu, c’est-à-dire l’artiste absolu. Voilà comment il désire la femme, – le cœur humain. Et voilà pourquoi il descend de sa hauteur, pourquoi il renonce au bonheur austère de sa solitude à l’appel de cette femme, de ce cœur là-bas en détresse parmi les hommes. Mais il ne peut séparer de lui l’auréole faisant deviner la supériorité qui lui a été conférée : il ne peut apparaître autrement que merveilleux ; l’étonnement du commun, l’envie, projettent des ombres jusque dans le cœur de la femme aimante ; doute et jalousie lui prouvent qu’il n’a pas été compris, mais seulement adoré, et lui arrachent l’aveu de son caractère divin ; il retourne alors, anéanti, à sa solitude. [...] Je mets le doigt ici sur l’aspect principal du tragique dans la situation de l’artiste véritable face à la vie du présent, la même situation à laquelle j’ai donné sa forme artistique avec le sujet de Lohengrin : le désir le plus contraignant et le plus naturel de cet artiste est d’être accepté et compris sans réserve par le sentiment ; et l’impossibilité – provoquée par la situation de l’art dans la vie moderne – de rencontrer ce sentiment sans préjugé ni doutes, avec la détermination nécessaire pour que la compréhension ait lieu, la contrainte où est l’artiste quand il veut se communiquer de s’adresser non pas au sentiment, mais presque uniquement à l’entendement critique, voilà où se trouve en premier lieu le tragique qu’artiste moi-même je devais ressentir et dont plus tard, au cours de mon évolution, je devais devenir si conscient, que je finis par entrer en révolte ouverte contre l’oppression qu’il exerçait. Extrait de Une communication à mes amis, traduction de Jean Launay, © Mercure de France, 1976 THOMAS MANN LA BEAUTÉ FAIT MAL Le mécanisme du réveil se déclencha et fit entendre son ponctuel et cruel vacarme. C’était un bruit rauque et intermittent, un claquement plutôt qu’une sonnerie, car le réveil était vieux et usé, mais la sonnerie remontée à fond se prolongeait désespérément. Hanno Buddenbrook eut un sursaut violent. Comme tous les matins au brusque déclic de ce vacarme à la fois cruel et vigilant, qui éclatait là sur la table de nuit, contre son oreille, ses entrailles se contractèrent de colère, de douleur et de désespoir. Mais il demeura extérieurement calme, ne changea pas de position dans son lit et se contenta d’ouvrir brusquement les yeux, tiré de quelque vague rêve matinal. [...] Tandis qu’il demeurait étendu sur le dos, somnolent, les nerfs tendus, luttant pour se décider à allumer et à quitter son lit, peu à peu la conscience de ce qui l’avait occupé la veille lui revint. La veille était un dimanche, et après avoir dû se laisser maltraiter plusieurs jours de suite par M. Brecht, il avait été autorisé, en récompense, à accompagner sa mère au Théâtre municipal, où l’on donnait Lohengrin. Le plaisir qu’il s’était promis de cette soirée avait rempli toute sa semaine. Ce qui était lamentable, c’était qu’avant de pareilles fêtes il y eût tant de choses répugnantes à avaler qui en gâtaient l’heureuse et libre perspective jusqu’au dernier moment. Mais enfin, le samedi, il était venu à bout de sa 186 LA BEAUTÉ FAIT MAL semaine de classe, la foreuse mécanique du dentiste avait pour la dernière fois travaillé dans sa bouche avec son douloureux bourdonnement. Il avait tout liquidé ou ajourné, car il avait promptement résolu de remettre après le dimanche soir la préparation des devoirs de classe. Que signifiait le lundi ? Était-il vraisemblable qu’il dût jamais poindre ? On ne croit pas au lundi, quand on doit entendre Lohengrin le dimanche soir. Son intention était de se lever de bonne heure le lundi et d’expédier ses tâches absurdes – et motus. Il avait eu un jour de flânerie, il avait goûté la joie suprême en rêvassant à son piano et oublié toute espèce d’adversité. Puis le bonheur était devenu réalité. Il avait fondu sur lui avec toutes ses extases sacrées, ses frissons, son tremblement, ses sanglots intérieurs, toute son ivresse débordante et insatiable. Sans doute les violons mal rétribués de l’orchestre municipal avaient un peu flanché dans le prélude, et un gros homme prétentieux, à la barbe filasse, était arrivé dans la barque qui s’avançait par saccades. Dans la loge voisine, M. Stéphane Kistenmaker avait grommelé qu’on distrayait cet enfant en le détournant de ses devoirs. Mais la douce et lumineuse splendeur qui l’inondait l’avait élevé au-dessus de ces misères. Pourtant, la fin était venue. Ce bonheur chantant et scintillant s’était tu, éteint ; il s’était retrouvé chez lui, dans sa chambre, la tête enfiévrée, et s’était aperçu que quelques heures de sommeil dans son lit le séparaient de la grisaille quotidienne. Alors, il avait succombé à l’un de ces accès de découragement total qu’il connaissait si bien. Il avait éprouvé à nouveau que la beauté fait mal, senti à quelle profondeur de honte et de nostalgie désespérée elle nous plonge et comment elle anéantit le courage et la faculté même de vivre l’existence vulgaire. Ce sentiment horrible et désespérant l’avait écrasé comme un bloc massif, et il s’était redit que, en dehors de ses chagrins personnels, un fardeau devait poser sur lui qui, d’emblée, avait alourdi son âme et qui l’étoufferait un jour. Extrait des Buddenbrook, traduction de Geneviève Bianquis, © Fayard, 1965 CARNET de NOTES Richard Wagner Repères biographiques & Notice bibliographique — Lohengrin Discographie sélective RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE WAGNER 1813. Défaite de Napoléon dans la « bataille des Nations » à Leipzig. 1813. Naissance à Leipzig le 27 mai. Son père meurt le 23 novembre. 1814-1815. Congrès de Vienne. Création de la Confédération germanique : 39 états dont la Prusse et l’Autriche. 1815. Abdication de Napoléon 1er. 1814. Le peintre Ludwig Geyer épouse Johanna Wagner, mère de Richard. La famille s’installe à Dresde. 1818. Début du Zollverein, union douanière d’une vingtaine d’états réunis autour de la Prusse. Avènement de Charles X. 1820. Premières leçons de piano. 1822. Assiste à la première dresdoise du Freischützde Weber. Entre à la Kreuzschule de Dresde. 1826. Traduit douze livres de L’Odysséed’Homère. 1827. Quitte Dresde pour Leipzig. 1828. Premières leçons d’harmonie. 190 WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1813. Naissance de Verdi. Rossini, L’Italienne à Alger. 1813. Naissance de Georg Büchner. 1814. Beethoven, Fidelio. 1814. Goya, Il dos de mayo 1816. Débuts de la publication des légendes allemandes des frères Grimm. Laennec, invention du stéthoscope. 1819. Naissance d’Offenbach. 1819-1821. Hoffmann, Les Contes des Frères Sérapion. 1820. Lamartine, Méditations. 1821. Weber, Der Freischütz. 1824. Naissance de Bruckner. Beethoven, Neuvième Symphonie. 1822. Pouchkine, Eugène Onéguine. Mort d’E.T.A. Hoffmann. 1823. Niepce et Daguerre : invention de la photographie. 1827. Schubert, Le Voyage d’hiver. Mort de Beethoven. 1828. Mort de Schubert. Auber, La Muette de Portici. 191 RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE WAGNER 1829. Premières compositions : sonates pour piano, quatuor à cordes (œuvres perdues). 1830. Insurrection des Trois Glorieuses et instauration de la Monarchie de juillet. Louis-Philippe devient roi des Français. Révolte des Polonais contre les Russes. Soulèvement des Belges contre les Néerlandais et indépendance de la Belgique. 1830. Entre à la Thomasschule de Leipzig 1831. Compose son opus 1, sonate pour piano en si bémol majeur. 1833. Devient pour un an chef des chœurs au théâtre de Wurzbourg. 1834. Termine son premier opéra : Les Féesd’après Carlo Gozzi. Débuts comme chef lyrique avec Don Giovanni à Bad Lauchstâdt. Il y rencontre Minna Planer, une actrice dont il tombe amoureux. 1835. Attentat de Fieschi contre Louis-Philippe. 1835. A l’occasion d’un voyage de travail, il découvre Bayreuth avec intérêt. 1836. Création à Magdebourg de La Défense d’aimer, son deuxième opéra d’après Mesure pour mesurede Shakespeare. Mariage avec Minna Planner. 1837. Nommé directeur musical du théâtre de Königsberg en avril, puis de Riga en juin. 192 WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1830. Berlioz, Symphonie fantastique. 1830. Hugo, Hernani Balzac, début de La Comédie humaine. 1831. Bellini, Norma. 1832. Mort de Goethe. 1833. Naissance de Brahms. 1835. Büchner, La Mort de Danton. 1836. Meyerbeer, Les Huguenots. 1836. Débuts de l’industrie de la fonte au Creusot. 193 RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE WAGNER 1837. Rédige un essai admiratif sur le compositeur Bellini. 1839. Quitte Riga pourchassé par ses créanciers. Arrive en France avec sa femme le 20 août. Rencontre Meyerbeer et assiste à Roméo et Juliettede Berlioz. 1841. En novembre, achèvement du Vaisseau fantôme. 1842. Quitte la France en avril. Création avec beaucoup de succès de Rienzi, son troisième opéra. 1843. Dirige la création du Vaisseau fantôme à Dresde. 1845. Dirige la création de Tannhäuser à Dresde. 194 1848. Révolutions en Europe. Fondation de la IIe République en France. 1848. Dirige le Stabat Mater de Palestrina dans sa propre édition. 1849. Échec du mouvement révolutionnaire en Italie. 1849. Se lie avec Bakounine et prend part au mouvement révolutionnaire à Dresde. Fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Se réfugie en Suisse. S’établit à Zurich où il rédige L’Art et la Révolutionet termine L’Œuvre d’art de l’avenir. WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1839. Stendhal, La Chartreuse de Parme. 1840. Naissance de Tchaïkovski. 1840. Mort du peintre Caspar David Friedrich. 1843. Mendelssohn, Le Songe d’une nuit d’été. 1848. Mort de Donizetti. 1847. Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe. 1849. Otto Nicolaï, Les Joyeuses Commères de Windsor. 195 RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE 1851. 2 décembre : coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte 1852. Fondation du Second Empire. WAGNER 1850. Création de Lohengrin à Weimar sous la direction de Franz Liszt. Fait un court passage à Lyon qui évoque pour lui le siège de la ville pendant la Convention, décrit par Lamartine dans Histoire des Girondins. 1852. Fait la connaissance du banquier Otto Wesendonck et de sa femme Mathilde avec qui il aura une relation passionnée. 1853. A Paris, rencontre Cosima, fille de Liszt, âgée de quinze ans. 1854. Guerre de Crimée. Mariage de l’empereur d’Autriche François-Joseph et d’Elisabeth de Wittelsbach, dite Sissi. 1854. Son couple commence à battre de l’aile. 1855. Dirige à Londres, y est reçu par la reine Victoria, y fait plus ample connaissance avec Berlioz qui y séjourne aussi. 1857. Met en musique cinq poèmes de Mathilde Wesendonck : les Wesendonck Lieder. 1858. Attentat d’Orsini contre Napoléon III. 1860. Traité de Turin : la Savoie et Nice deviennent françaises. 196 1861. Création mouvementée de Tannhäuser à l’Opéra de Paris. WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1851. Heine, Romancero. 1854. Naissance de Leos Janácek. Liszt, Les Préludes, FaustSymphonie. 1855. Suicide de Gérard de Nerval 1856. Mort de Robert Schumann. Le critique Eduard Hanslick, grand adversaire de Wagner, publie son essai majeur, Du beau dans la musique. 1856. Naissance de Siegmund Freud. 1858. Offenbach, Orphée aux Enfers. 1860. Naissance de Mahler. 1860. Naissance du peintre James Ensor. 197 RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE WAGNER 1862. Revoit Cosima Liszt qui a épousé le chef d’orchestre Hans von Bülow. Séparation d’avec Minna. 1863. S’installe à Vienne. Ennuis financiers. Doit fuir devant ses créanciers l’année suivante. 1864. Avènement de Louis II de Bavière. Admirateur de Wagner, il règle ses problèmes financiers et l’installe à Munich. Début de sa vie commune avec Cosima. 1865. Naissance de sa première fille avec Cosima : Isolde. Création de Tristan et Isoldeà Munich sous la direction de Hans von Bülow. L’hostilité de la cour et du peuple bavarois oblige Louis II à bannir le compositeur. 1866. Guerre austro-prussienne qui établit l’hégémonie de la Prusse. 1866. S’installe avec Cosima à Triebschen, sur le lac des Quatre-Cantons. 1867. 1867. L’Empire autrichien est remplacé Naissance d’Eva, deuxième fille par la double monarchie du couple. d’Autriche-Hongrie. 1868. Création triomphale des Maîtres-Chanteurs de Nuremberg à Munich, sous la direction de Hans von Bülow. 198 WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1862. Naissance de Debussy. 1863. Berlioz, Les Troyens. 1863. Naissance du poète Richard Dehmel. 1864. Naissance de Richard Strauss. Création des Fées du Rhin d’Offenbach à l’Opéra de Vienne. 1865 Mallarmé, L’Après-midi d’un faune. 1866. Naissance de Vassili Kandinsky. 1867. Verdi, Don Carlos. 1867. Mort de Baudelaire. 1868. Mort de Rossini. 1868. Naissance de Claudel. 199 RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE WAGNER 1868. Rencontre Nietzsche à Leipzig. 1869. Naissance de son fils Siegfried. Création de L’Or du Rhin à Munich. 1870-1871. Guerre franco-prussienne. Défaite de la France. Fondation de la IIIe République. L’Alsace et la Moselle deviennent allemandes. Guillaume Ier devient empereur du 2e Reich allemand. 1870. Création de La Walkyrie à Munich. Mariage avec Cosima au temple protestant de Lucerne. Création à Triebschen de Siegfried Idyll, cadeau d’anniversaire à Cosima. 1872. Pose de la première pierre du Festspielhaus à Bayreuth où les Wagner s’installent. 1874. Achève la composition du Crépuscule des dieux. 1875. Création du parti marxiste des travailleurs allemands. 1876. Premier festival de Bayreuth : création du cycle complet de L’Anneau du Nibelung sous la direction de Hans Richter. 1877. Achève le livret et commence la composition de Parsifal . 200 WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1869. Mort de Berlioz. 1869. Émile Zola, La Fortune des Rougon, premier volet de “Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire”. 1870. Naissance de Franz Lehár. 1870. Début des fouilles de Schliemann à Hissarlik (Turquie) site présumée de Troie. 1871. Naissance de Marcel Proust. 1872. Claude Monet, Impression, soleil levant. Nietzsche, La Naissance de la tragédie. 1874. Naissance de Schoenberg. Moussorgski : Boris Godounov. Johann Strauss, La Chauve-souris. 1874. Naissance de Hugo von Hoffmansthal. 1875. Inauguration du Palais-Garnier. Bizet, Carmen. Mort de Bizet. Naissance de Ravel. 1875. Naissance de Thomas Mann. 1877. Chabrier, L’Étoile. 1877. Edison invente le phonographe. 1876. Graham Bell invente le téléphone. 201 RICHARD WAGNERREPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE 1879. Le Congrès de Berlin créée les États des Balkans. L’Autriche-Hongrie s’allie avec l’Allemagne. 202 WAGNER 1880. Pour des raisons de santé, les Wagner quittent Bayreuth et s’installent en Italie, sur la baie de Naples. Exécution privée du prélude de Parsifal pour Louis II de Bavière qu’il rencontre pour la dernière fois. 1881. France : l’enseignement primaire devient obligatoire, laïc et gratuit. Signature de la triple alliance entre l’Allemagne, l’AutricheHongrie et l’Italie. 1881. Premiers symptômes d’une maladie cardiaque. 1882. Mort de Garibaldi. 1882. Portrait par Auguste Renoir. Création de Parsifal à Bayreuth sous la direction d’Hermann Levi. Les Wagner s’installent à Venise. 1883. Mort de Karl Marx. Naissance de Mussolini. Création des assurances sociales en Allemagne. 1883. Meurt d’une crise cardiaque le 13 février. Est enterré dans le jardin de Wahnfried, sa maison de Bayreuth. WAGNER & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCE & ARTS 1879. Naissance de Paul Klee. 1881. Naissance de Bartók. 1882. Naissance de Stravinsky. 1882. Naissance de James Joyce. 1883. Naissance de Webern et de Varèse. 1883. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra . 203 RICHARD WAGNERNOTICE BIBLIOGRAPHIQUE RICHARD WAGNER. Une communication à mes amis, suivie de Lettre sur la musique, Mercure de France, 1976. RICHARD WAGNER. Ma Vie, Buchet-Chastel, 1978. Sur le compositeur MARCEL SCHNEIDER. Wagner, Collection Solfège, Éditions de la Baconnière, 1968. HANS MAYER. Sur Richard Wagner, L’Arche éditeur, 1977. THOMAS MANN. Wagner et notre temps,Hachette Pluriel, 1978. ALFRED LAVIGNAC . Le Voyage artistique à Bayreuth, Stock, 1980. GEORG OSWALD BAUER. Richard Wagner, opéras de la création à nos jours, Vilo, 1983. PHILIPPE GODEFROID. Richard Wagner, l’opéra de la fin du monde, Découvertes / Gallimard, 1988. MARTIN GREGOR-DELLIN. Richard Wagner, sa vie, son œuvre, son siècle,Fayard, 1991. Sous la direction de BARRY MILLINGTON. Wagner – Guide raisonné, Fayard, 1996. Sur Lohengrin FRANZ LISZT. Lohengrin et Tannhäuser, Adef – Albatros, 1980. L’Avant-Scène / Opéra, numéros 143/144, 1992. Sur l’œuvre de Wagner à Lyon JACQUES BARIOZ. Wagner à Lyon, chronique d’un grand siècle, Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire / Cercle Richard-Wagner de Lyon, 2002. 204 LOHENGRIN DISCOGRAPHIE SÉLECTIVE EUGÈNE JOCHUM. Orchestre et chœurs du festival de Bayreuth Theo Adam (Le Roi Henri), Wolfgang Windgassen (Lohengrin), Birgit Nilsson (Elsa), Hermann Uhde (Telramund), Astrid Varnay (Ortrude), Dietrich Fischer-Dieskau (Le Héraut) Enregistrement public – 1954 – Archipel ANDRÉ CLUYTENS. Orchestre et chœurs du festival de Bayreuth Kieth Engen (Le Roi Henri), Sandor Konya (Lohengrin), Leonie Rysanek (Elsa), Ernest Blanc (Telramund), Astrid Varnay (Ortrude), Eberhard Wächter (Le Héraut). Enregistrement public – 1958 – Myto RUDOLF KEMPE. Orchestre philharmonique de Vienne Chœur de l’Opéra de Vienne Gottlob Frick (Le Roi Henri), Jess Thomas (Lohengrin), Elisabeth Grümmer (Elsa), Dietrich Fischer-Dieskau (Telramund), Christa Ludwig (Ortrude), Otto Wiener (Le Héraut) 1964 – EMI CLAUDIO ABBADO. Orchestre philharmonique de Vienne Chœur de l’Opéra de Vienne Kurt Moll (Le Roi Henri), Siegfried Jerusalem (Lohengrin), Cheryl Studer (Elsa), Hartmut Welker (Telramund), Waltraud Meier (Ortrude), Thomas Hampson (Le Héraut). 1992 – DGG 205 DANS LA MÊME COLLECTION — LUDWIG VAN BEETHOVEN, Fidelio, 2003 ALBAN BERG, Wozzeck,2003 EMMANUEL CHABRIER, Le Roi malgré lui, 2005 DIMITRI CHOSTAKOVITCH, Moscou, quartier des cerises,2004 CLAUDE DEBUSSY, Pelléas et Mélisande, 2004 PASCAL DUSAPIN, Faustus, The last night, 2006 HANS WERNER HENZE, L’Upupa & le triomphe de l’amour filial, 2005 LEOS JAN ÁCEK, Jenufa, 2005 Kátia Kabanová, 2005 L’Affaire Makropoulos, 2005 GEORG-FRIEDRICH HAENDEL, Alcina, 2006 M ICHAËL LEVINAS, Les Nègres,2004 CLAUDIO M ONTEVERDI, L’Orfeo, 2004 Le Couronnement de Poppée,2005 WOLFGANG A MADEUS M OZART, La Flûte enchantée, 2004 Cosi fan tutte, 2006 JACQUES OFFENBACH, Les Contes d’Hoffmann,2005 JEAN -PHILIPPE RAMEAU, Les Boréades, 2004 RICHARD S TRAUSS, Ariane à Naxos, 2005 TAN DUN, Tea, 2004 PIOTR ILLITCH T CHAÏKOVSKI, Mazeppa, 2006 GIUSEPPE VERDI, Falstaff, 2004 KURT W EILL, Le Vol de Lindbergh, Les Sept Péchés capitaux,2006 Chargé d’édition Jean Spenlehauer Conception & Réalisation Brigitte Rax / Clémence Hiver Impression Imprimerie Lussaud Opéra national de Lyon Saison 2006/07 Directeur général Serge Dorny OPÉRA NATIONAL DE LYON Place de la Comédie 69001 Lyon Renseignements & Réservation 0.826.305.325 (0,15 e/mn) www.opera-lyon.com L’Opéra national de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes et le conseil général du Rhône. Pour la présente édition © Opéra national de Lyon, 2006 ACHEVÉ d’IMPRIMER le 21 septembre 2006, pour les représentations de Lohengrin, à l’Opéra national de Lyon dans une mise en scène de Nikolaus Lehnhoff et sous la direction musicale de Lothar Koenigs