La place de l`Afrique dans l`histoire et le monde
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La place de l`Afrique dans l`histoire et le monde
CENTRE D’ETUDES POUR LE DEVELOPPEMENT AFRICAIN (CEDA) CENTRE DE DOCUMENTATION JOSEPH KI-ZERBO CONFERENCE « LA PLACE DE L’AFRIQUE DANS L’HISTOIRE ET DANS LE MONDE » Zakari BOURAIMA Jeudi 21 février 2008 à 17 h 30 PLAN DE PRESENTATION INTRODUCTION PARTIE 1 : L’AFRIQUE DANS L’HISTOIRE Chapitre 1 : Les thèses excluant l’Afrique de l’Histoire Chapitre 2 : La rupture épistémologique : L’Afrique est dans l’Histoire PARTIE 2 : L’AFRIQUE DANS LE MONDE Chapitre 3 : Violences et désagrégation de la trajectoire historique de l’Afrique Chapitre 4 : Défis et enjeux actuels EN GUISE DE CONCLUSION… 2 INTRODUCTION Traiter de l’Afrique dans l’histoire et dans le monde, c’est aborder deux facettes – apparemment distinctes - mais participant d’une même réalité. Si l’Afrique est dans l’histoire, elle a forcément sa place dans le monde. A contrario, si elle est hors de l’histoire, comment peut-elle revendiquer une place dans la marche du monde ? Notre propos au cours de cette présentation consistera donc à parler de la place qu’occupe ce continent dans la longue destinée de l’Homme, place que les thèses négationnistes – pour emprunter ce mot forgé pour qualifier le révisionnisme face à la shoah - lui dénient sous le prétexte d’arguments fallacieux, parfois risibles si le sujet n’était pas aussi grave. Ensuite nous aborderons l’apport de l’Afrique à l’Universel, et donc sa place dans le Monde. L’angle de présentation de l’exposé n’est pas démonstratif, mais vise uniquement à récapituler un certain nombre de thèmes et de repères retenus par les penseurs de l’histoire et du développement, afin simplement d’alimenter un débat sur la question. PARTIE 1 : L’AFRIQUE DANS L’HISTOIRE Chapitre 1 : Les thèses excluant l’Afrique de l’Histoire Des penseurs occidentaux ayant véhiculé les thèses excluant l’Afrique de l’histoire, Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) est sans doute le représentant le plus connu. Il conçoit l’histoire comme une dimension fondamentale de l’existence du Monde : l’histoire est conceptualisée comme « mode d’être et conscience de ce mode d’être », autrement dit : ’’Je suis et je sais que je suis’’. Dans le texte de la philosophie de l’histoire, il montre d’abord que l’histoire du monde est la manifestation ou la réalisation progressive de la Raison et de l’Esprit. Qu’on appréhende cette histoire dans la globalité des histoires générales des peuples, ou dans ses différentes composantes, à savoir l’art, la religion, le droit etc. Ainsi, dans la conception hégélienne, l’idée de Dieu, la religion, l’organisation politique et juridique, la morale et l’éthique, les arts, etc. - toutes choses qu’on regrouperait sous le vocable générique de culture, d’objets extérieurs qu’un peuple véhicule dans le temps doivent être perçus, comme étant de nature spirituelle. Car « la seule réalité est l’Esprit, la conscience que l’Esprit a de l’Esprit’’, or l’Esprit réalise son but dans l’histoire, car son devoir suprême et ultime, son essence même est de « se connaître soi-même et de se réaliser. C’est ce qu’il accomplit dans l’histoire, il se produit sous certaines formes déterminées, et ces formes sont les peuples historiques ? Chacun de ces peuples exprime une étape, désigne une époque de l’histoire universelle ». 3 Dès lors, la question sous-jacente de Hegel, concernant l’Afrique, est de savoir si l’Esprit du monde y a franchi quelques étapes de progrès ? Y-a-t-il jamais eu des marques de l’Esprit universelle en Afrique noire ? L’Afrique noire participe t-elle, à la totalité finale à laquelle s’élève l’Esprit universel dans l’histoire ? A ces questions, Hegel, soutient, avançant d’abord un fondement géographique que la chaleur torride de l’Afrique constitue une force trop puissante par rapport à l’homme, pour que l’Esprit puisse se mouvoir librement. Cette thèse a d’ailleurs été reprise bien plus tard par certains spécialistes du développement pour expliquer le retard de l’Afrique. On a alors parlé de « malchance géographique ». L’Afrique de Hegel est divisée en trois zones géographiques : L’Afrique septentrionale qui donne sur la Méditerranée et qui devrait être rattachée à l’Europe, pour lui, « c’est un pays qui ne fait que suivre le destin de tout ce qui arrive ailleurs », l’Egypte qui tire son existence du Nil et était destinée à devenir un centre de grande civilisation autonome ; et enfin l’Afrique proprement dite, repliée sur elle-même et historiquement inintéressante. L’homme en Afrique noire, vit « dans un état de barbarie et sauvagerie qui l’empêche de faire partie intégrante de la civilisation ». Il continue : « L’Afrique, aussi loin que remonte l’histoire est restée fermée, sans lien avec le reste du monde, c’est le pays replié sur lui-même, le pays de l’enfance qui au-delà de l’histoire consciente, est ensevelie dans la couleur noire de la nuit ». Il poursuit « Ce qui caractérise en effet les Nègres, c’est précisément que leur conscience n’est pas parvenue à la contemplation d’une quelconque objectivité solide, comme par exemple Dieu, la loi, à laquelle puisse adhérer la volonté de l’homme, et par laquelle il puisse parvenir à l’intuition de sa propre essence ». Avant de conclure que l’Afrique est « un monde anhistorique, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire universelle ». On a vu que Hegel fait une découpe de l’Afrique pour mieux parler des noirs auxquels il dénie tout rôle dans l’histoire universelle. Si ces noirs n’ont rien produit véritablement en termes de civilisation c’est qu’il doit bien y avoir une raison. Joseph Arthur de Gobineau (1816- 1882) croit y trouver la réponse (Essai sur l’inégalité des races humaines) : le Nègre n’a pas joué un rôle significatif dans l’évolution historique de l’humanité du fait de l’infériorité de la race noire. Avec Gobineau, ce n’est plus la Raison, l’Esprit, qui explique le cours de l’histoire des peuples, mais la Race. Pour lui « la variété mélanienne est la plus humble et gît au bas de l’échelle. Le caractère d’animalité empreint dans la forme de son bassin lui impose sa destinée, dès l’instant de la conception. Elle ne sortira jamais du cercle intellectuel le plus restreint. Ce n’est cependant pas une brute pure et simple, que ce nègre à front étroit et fuyant, qui porte dans la partie moyenne de son crâne, des indices de certaines énergies grossièrement puissantes. Si ses facultés pensantes sont médiocres ou mêmes nulles, il possède dans le désir, et par suite 4 dans la volonté, une intensité souvent terrible. Plusieurs de ses sens sont développés : le goût et l’odorat principalement ». Avant Gobineau et Hegel, il a existé dans la pensée occidentale, les traces d’une longue tradition du sauvage inférieur : David Hume (1711-1776) ne disait-il pas : « Je suis disposé à croire que les Noirs sont inférieures aux Blancs. Il s’est rarement rencontré, soit une nation civilisée parmi les hommes de cette race, soit même un individu éminent, dans l’action ou dans la spéculation. Une différence aussi uniforme, aussi constante entre les Blanc et les Nègres, n’aurait pas pu se maintenir à travers les pays et les âges, si la nature n’avait établi une distinction originelle entre les deux races d’hommes » (Le Non Civilisé et nous) Au total non seulement l’Afrique ne fait pas partie de l’Histoire universelle, mais aussi l’homme est naturellement, du point de vue de l’intellect, inapte: les deux étant liés, car ceci expliquerait cela. Partant de toutes ces élucubrations, s’est installé et perpétué jusqu’à nos jours un mythe péjoratif du nègre exprimé par des concepts connus: le ‘’bon sauvage‘’, la ‘’pensée sauvage’’ la ‘’mentalité prélogique’’. Toutes les violences physiques et morales dont l’Afrique et les noirs seront victimes, à travers les siècles ont été ainsi justifiées Chapitre 2 : La rupture épistémologique : L’Afrique est dans l’Histoire Bien entendu, il s’est trouvé des esprits objectifs et scientifiques – Blancs (cas de Volney et bien d’autres) et Noirs - pour battre en brèche ces falsifications historiques élaborées sur la base de dogmes et préjugés vieillis. On a pu opposer aux intitulés des ouvrages de Hegel et Gobineau, d’autre titres inversés proposant une réflexion aux antipodes de ces thèses : ‘’La déraison dans l’histoire’’, ‘’De l’égalité des races’’ etc. Mais, à notre avis, deux scientifiques, parmi les penseurs africains, constituent les repères principaux de cette rupture épistémologique qui replace l’Afrique dans le long cours de l’histoire. Il s’agit de Joseph Ki-Zerbo et Cheikh Anta Diop. Ils sont incontournables pour plusieurs raisons : l’objectivité et la rigueur scientifique le renouvellement de la méthodologie (de nouvelles sources, y compris la tradition orale) la force de l’argumentation les constatations finales, au sens bachelardien du terme la linéarité et la permanence de la réflexion l’élaboration d’une conscience historique à partir de l’étude de l’histoire des civilisations de l’Afrique noire, depuis les origines de l’humanité. Le propos, ici, n’est pas de parcourir et d’exposer leurs œuvres, même schématiquement. Ce qui serait d’ailleurs présomptueux. Mais nous voudrions juste noter quelques idées-forces 5 qui devront nous donner le goût de continuer à exploiter la densité encyclopédique de leurs réflexions. • De la conception de l’histoire et de la nature humaine: - Joseph Ki-Zerbo affirme la nécessité de refonder l’histoire africaine à partir de sa matrice africaine, « Nous devons partir de nous-mêmes pour arriver à nous-mêmes, dit-il », il ajoute « J’ai prouvé que le mot ‘’préhistoire’’ était mal venu. Je ne vois pas pourquoi les premiers humains qui avaient inventé la position debout, la parole, l’art, la religion, le feu, les premiers outils, les premiers habitats, les premières cultures seraient hors de l’histoire ! Là où il y a des humains, il y a l’histoire, avec ou sans écriture ! » - La nature humaine est en substance identique sous toutes les latitudes, malgré la diversité des moyens, des contextes et des trajectoires historiques des peuples. - Parmi les valeurs et les richesses de l’humanité, se trouve le patrimoine de chaque peuple, le panorama historico-culturel de chaque civilisation de l’humanité. Nier à un peuple sa psyché culturelle collective, sa mémoire du passé, c’est le ‘’périphériser’’, et développer une attitude intellectuelle dictée par l’inégalité. - Et cette iniquité intellectuelle peut conduire à des catastrophes, des calvaires, des esclavages et des génocides, pour des peuples entiers. - La conscience historique des peuples africains leur fait retrouver leur place dans la conscience historique de l’humanité. L’histoire africaine existe : elle n’est pas en marge de celle de l’humanité entière. L’Afrique est sujet d’histoire humaine, comme n’importe quelle autre partie de l’humanité. • De L’Afrique dans la civilisation humaine Si l’Afrique n’est pas ce pays que décrit Hegel et si le noir n’est pas le prototype que prétend Gobineau, qu’ont-ils apporté à la civilisation de l’Universel ? - L’Afrique a contribué au progrès culturel, scientifique et philosophique de l’humanité depuis les origines. - L’Afrique est le berceau de l’humanité, comme le dit Joseph Ki-Zerbo (« personne ne le conteste mais beaucoup de gens l’oublient. Je suis sûr, dit-il, que si Adam et Eve étaient apparus au Texas, on en entendrait parler chaque jour sur CNN »). C’est la matrice africaine qui a crée l’homme au moment où la vie était impossible dans les autres régions, notamment en Europe. Cet homme (homo erectus), ancêtre de tous les autres hommes, s’est disséminé ensuite dans les autres régions du monde. - C’est en Egypte que la plus grande civilisation de l’Antiquité est apparue, or l’Egypte est africaine et les égyptiens étaient des Noirs (démonstration par l’organisation politique et sociale, la morphologie, et la parenté linguistique). L’Egypte qui est 6 africaine et noire, a légué au monde antique une civilisation dont la richesse continue d’émerveiller encore le monde d’aujourd’hui : tous les domaines scientifiques y étaient développées, les Grecs, dont l’Occident ne cesse de se réclamer, (philosophes, mathématiciens etc.) venaient s’y former contre parfois des tâches rébarbatives. Ce sont ces connaissances initiales que ce sont appropriées plus tard et ont développées les autres régions et peuples du monde et dont la civilisation humaine continue de bénéficier encore aujourd’hui. - Les Etats, Royaumes, Empires, Peuples de l’Afrique, ont proposé des modèles sociétaux spécifiques avec des modes d’organisation sociale, économique, productive, politique, environnementale équilibrés : la production, l’art, la science, le droit, un système de normes et de valeurs qui a structuré un fonds culturel pouvant encore beaucoup apporter à l’humanité. « Au XIIIème et XIVème siècles, la ville de Tombouctou était plus scolarisée que la plupart des villes analogues en Europe » rappelle Joseph Ki-Zerbo. - De la maîtrise du feu, l’invention de l’agriculture, l’invention des premiers outils à l’invention des mathématiques, de la médecine, de l’écriture, de la philosophie, on peut affirmer que la contribution du monde noir à la science et aux techniques modernes mérite d’être - L’on peut citer des produits et commodités que nous utilisons aujourd’hui quotidiennement et qui ont été inventés par des Noirs (ascenseur, réfrigérateur, antenne parabolique, lampe électrique etc.) : histoire simplement de montrer que l’inventivité, la science et la conscience de soi, le savoir n’ont pas de lien avec la couleur de la peau. PARTIE 2 : L’AFRIQUE DANS LE MONDE L’image d’une Afrique incurvée, repliée sur elle-même est fausse dans la mesure où, l’échange, la découverte et l’ouverture vers l’autre (cette altérité toute africaine) a caractérisé l’Afrique depuis toujours. (Joseph Ki-Zerbo, a montré comment différents versants de l’Afrique tentaient de commercer malgré la barrière saharienne). L’Afrique a évolué comme tous les autres continents du monde, de façon progressive, depuis les premiers groupes humains, l’Egypte antique jusqu’au XVIème siècle. Au XVIème siècle commença l’invasion extérieure. Mais la relation à l’autre, concernant l’Afrique, a été ensuite marquée du sceau de la violence multidimensionnelle (violence physique, politique, culturelle, économique). Dans l’Histoire du monde, le continent africain a été violenté à une échelle et les peuples d’Afrique ont connu cette violence pendant une période jamais égalées. Chapitre 3 : Violences et désagrégation de la trajectoire historique de l’Afrique On peut dire que les bouleversements auxquels l’Afrique a fait face au cours du 2eme millénaire sont multiformes et complexes et d’une ampleur sans précédent sur un espace de cette dimension. Incontestablement, l’Afrique a été le théâtre d’un système global de 7 négation d’une partie importante de l’Humanité, les Noirs, faisant de cet espace un continent à la traîne, humilié et exploité. (Vaincre l’humiliation, Albert Tévoedjrè). Certains ont parlé d’une véritable ‘’guerre contre l’Afrique’’ après que des penseurs et des spécialistes des pays assaillants l’eurent érigée en théorie prétendument scientifique. Ce que les historiens et politologues nous apprennent, en la matière, c’est l’existence d’une continuité avérée entre les mécanismes qui ont été successivement mis en place et qui continuent à faire de la mondialisation une force négative : la traite négrière transatlantique la colonisation qui en a été la continuation par d’autres moyens la fragmentation du continent pendant toute la période post-coloniale la néocolonisation du continent la dévalorisation systématique des ressources naturelles et humaines de l’Afrique par le biais d’un système d’échange inégal le système de l’endettement et de l’aide au développement l’isolement du continent par la médiatisation de la pauvreté de ses populations et l’image de la ‘’misère du monde’’ la dépossession de ses populations de tous attributs de dignité, de sens de responsabilité et d’organisation. Sur ces violences contre l’Afrique, qui expliquent la genèse du système global et de l’économie-monde, Joseph Ki-Zerbo, note trois temps : d’abord la traite négrière qui a coûté la vie à des dizaines de millions d’Africains. « On a commandé des esclaves noirs par millions, on a utilisé des Noirs comme reproducteurs d’autres noirs dans des haras pour produire d’autre petits noirs pour le travail dans les plantations… La traite fut le point de départ, d’une décélération, d’un piétinement, d’un arrêt de l’histoire africaine » (histoire-trajectoire, bien entendu, pas l’historicité) ! L’Afrique par cette traite contribue à propulser l’Europe dans l’industrialisation. ensuite la colonisation, plus courte, mais plus déterminante, réalisa le deuxième hold-up de l’économie-monde (aliénation culturelle, extraversion de l’économie) puis la mondialisation. Les points communs de ces trois étapes résident dans le profit, la liberté apparente du marché et la négation de l’être et la prééminence de l’avoir. Et comme le note le Rapport de la Commission indépendante sur l’Afrique et les enjeux du 3eme millénaire (2002) : « Malgré l’ampleur des agressions contre l’Afrique et les Africains où qu’ils se trouvent, aucun pays africain n’a déclaré la guerre ou commis une agression contre une ex-puissance coloniale ou une puissance mondiale sur son sol. Cela n’a pas empêché les ex-puissance coloniales et puissances mondiales de maintenir leur hégémonie sur l’Afrique ». 8 Le même rapport souligne, le caractère pernicieux de la mondialisation, la replaçant dans la linéarité des violences antérieures : « Pour l’Afrique, la mondialisation, en tant qu’entreprise menée par un pays ou un groupe de pays, en vue de confisquer la souveraineté et de s’emparer des richesses naturelles humaines d’autres groupes de pays, d’institutionnaliser leur état de dépendance et de paupérisation, et de violer leurs valeurs culturelles et spirituelles, ne date pas seulement du XXème siècle ». Joseph Ki-Zerbo (dans son livre « A quand l’Afrique ? ») résume cette conception historique de la mondialisation : « La mondialisation est l’aboutissement logique du système capitaliste de production. Celui-ci a atteint un seuil à partir duquel il doit nécessairement prendre des dimensions planétaires – ou disparaître. Les concepts de compétitivité et de rentabilité aboutissent à une sorte de darwinisme économique. Résultat : seuls les plus adaptés survivront. » Chapitre 4 : Défis et enjeux actuels de l’Afrique Qu’elles s’expliquent par le cheminement historique dont nous venons de parler et l’idéologie capitaliste qui le sous-tend, qu’elles s’expliquent par le rôle qu’aient pu jouer de les représentants d’une certaine élite locale coutumière, martiale, bureaucratique ou politique, qu’elles s’expliquent aujourd’hui par le déficit de vision et de projet de société des gouvernants, les contraintes qui minent l’Afrique sont profondes et multiformes. Les manifestations matérielles les plus visibles s’expriment dans ses dimensions : politiques économiques sociales -environnementales Ce diagnostic appelle forcément une thérapeutique à la hauteur de la malignité de la maladie : mais tous les programmes post-indépendances, des ajustements structurels, aux programmes de lutte contre la pauvreté, aux Objectifs du Millénaires reviennent sur les mêmes éléments du diagnostic : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Eliminer l’extrême pauvreté et la faim Assurer l’éducation primaire pour tous Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes Réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans Améliorer la santé maternelle Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies Assurer un environnement durable Mettre en place un partenariat mondial pour le développement Des axes opératoires d’interventions de développement sont connus et tournés dans tous les sens possibles, des cercles vertueux sont proposés pour inverser les tendances des cercles vicieux : 9 Un exemple : L’approche des cercles de causalité proposée par la Banque Mondiale (L’Afrique peut-elle revendiquer sa place dans le 21eme siècle ?, 2002). Cette approche consiste à proposer des configurations de notions à fortes interaction cumulative, des cercles de causalité cumulative qui peuvent être dits soit vertueux soit vicieux. Pour l’Afrique, ces cercles sont : 1. 2. 3. 4. Amélioration de la gouvernance et résolution des conflits Investissement dans les populations Augmentation de la compétitivité et diversification de l’économie Réduction de la dépendance vis-à-vis de l’aide et renforcement des partenariats. EN GUISE DE CONCLUSION… L’Afrique contemporaine doit pouvoir agir pour mettre à profit les acquis positifs de l’Humanité et y puiser sans complexe aucun. Il y a eu une continuité sur une longue durée dans la déstructuration de la trajectoire africaine « Tu ne peux t’arrêter tant que celui qui te pourchasse ne s’arrête ». Proverbe SonghayZarma. Cette sagesse exprime l’urgence et la nécessité de résorber les maux qui minent le continent dans son ensemble. Ce qui nous pourchasse, ce sont tous ces problèmes qu’on n’a pas besoin d’exprimer dans des théorisations compliquées. Les options de développement, paraissent ponctuelles et dirigés vers les symptômes et non la racine du mal : le fin mot de la question du développement est idéologique. La pauvreté n’est ni une fatalité ni la cause du sous développement, elles est un produit du système. Encore une fois laissons le professeur Ki-Zerbo nous l’enseigner : « Le problème n’est pas de ‘’réduire’’ la pauvreté, mais de cesser de la produire ». Ouvrages exploités pour la présentation 1. 2. 3. 4. 5. 6. KI-ZERBO, J. Histoire de l’Afrique noire, Hatier, Paris 1978 KI-ZERBO, J. A quand l’Afrique, Aube, 2003 KI-ZERBO, J. Repères pour l’Afrique, Panafrika, 2007 ANTA DIOP, Ch. Civilisation ou Barbarie, Présence africaine, 1981 OBENGA, Th, Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx, Présence africaine, 1996 TEVOEDJRE, A. Vaincre l’humiliation, Rapport de la Commission Indépendante sur L’Afrique et les enjeux du 3eme Millénaire, PNUD, 2002 7. BANQUE MONDIALE, l’Afrique peut-elle revendiquer sa place dans le 21eme siècle ? 8. NATIONS-UNIES, Objectifs du Millénaire pour le développement, Rapport 2007 10