Élaborer le projet de virtualisation

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Élaborer le projet de virtualisation
Élaborer le projet de virtualisation
Une fois l’audit réalisé, il devient possible d’élaborer et de mettre en place une stratégie afin de réussir le projet de
virtualisation.
Il ne faut pas oublier que la virtualisation est un outil et un moyen de simplifier un certain nombre d’opérations mais ce
n’est pas une fin en soi. Elle ne va pas régler tous les problèmes.
1. Délimiter le périmètre du projet
Le projet peut concerner soit la refonte totale du Système d’Information
l’entreprise. Il faut déterminer si le projet concerne des serveurs destinés à
fins de tests ou de pré-production. Il faut connaître la criticité et les types
Virtualiser des serveurs d’impression ou de fichiers est différent de virtualiser
qui est structurant pour l’entreprise. Mais quel qu’en soit son périmètre,
identique.
soit uniquement certaines entités de
de la production ou uniquement à des
de serveurs à intégrer dans le projet.
une grosse base de données ou un ERP
la démarche à mettre en œ uvre est
Il faut également prévoir la durée de déploiement.
2. Se fixer des objectifs
Une fois l’audit et le périmètre définis, il est possible de se fixer des objectifs réalistes par rapport à son
environnement et ses contraintes.
La principale motivation des entreprises pour passer à la virtualisation est de réaliser des économies. Mais outre cet
aspect financier, il faut aussi se fixer des objectifs précis.
Il faut par exemple déterminer dès le début du projet l’évolutivité envisagée de la solution. Est-il envisagé de mettre
en place un PRA ? Ce point est fondamental et détermine l’orientation et le choix de l’architecture à mettre en place.
Il faut connaître les améliorations attendues par rapport aux faiblesses du Système d’Information actuel et à ses
problématiques. Que va apporter la nouvelle infrastructure à l’entreprise ? En effet, il doit être possible d’en mesurer
les bénéfices à tous les niveaux de l’entreprise.
Il faut également se projeter dans l’avenir (dans 12 ou 24 mois) afin de déterminer la capacité que les serveurs
devront posséder à ce moment-là. L’architecture choisie doit tenir compte de l’estimation de cette évolutivité.
À titre d’exemple, voici les motivations et objectifs principaux des entreprises pour le passage à la virtualisation :
OBJECTIF
Réduire les coûts
Réduire le nombre d’équipements matériels et la surface au vol
Réduire les délais de mise à disposition des nouveaux serveurs
Simplifier l’administration et la gestion
Améliorer le niveau de service et la disponibilité des applications
Créer des environnements de tests et pré-production
S’adapter aux changements et évolutions du business
Simplifier la migration des applications sur de nouveaux serveurs
Mettre en place un PRA
Moderniser le Système d’Information de l’entreprise
Initiative et démarche Green IT
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3. Est-il possible de tout virtualiser ?
a. Quels sont les meilleurs candidats pour la virtualisation ?
Techniquement, il est aujourd’hui possible de virtualiser la très grande majorité des serveurs en sachant que
VMware peut apporter de l’aide dans les cas de serveurs a priori plus difficiles à virtualiser.
L’ordre selon lequel il faut virtualiser les serveurs peut être le suivant mais peut varier en fonction des contraintes
de chaque client :
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En priorité ceux utilisés pour des tests ou du développement. Ce sont des serveurs non critiques qui ne
mettent pas en péril le Système d’Information.
Les serveurs qui sont proches de la fin de garantie doivent être virtualisés afin de ne pas avoir à investir
dans des extensions de garantie.
Avec ces expériences, il est possible de virtualiser des serveurs de production tels que des serveurs de
fichiers ou d’impression dont le passage en virtuel est simple.
Ensuite, il faudra virtualiser les serveurs collaboratifs tels que Microsoft Sharepoint, intranet ou serveurs
web qui ne présentent pas non plus de difficulté.
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Une fois les méthodes bien maîtrisées, il est possible de passer aux serveurs critiques tels que les serveurs
d’infrastructure : Active Directory, le DHCP, DNS.
Les serveurs dont le passage en virtuel sont les plus aléatoires sont ceux dont les applications tournent sur
de vieux OS tels que Windows NT4, Windows 2000 Serveur ou OS2. Ces serveurs sont éligibles à la
virtualisation mais ils nécessitent une attention particulière lors de leur migration.
Enfin, les serveurs stratégiques pour l’entreprise : base de données, ERP, CRM, SAP, applications métier...
b. Quels sont les moins bons candidats à la virtualisation ?
Les cas les plus complexes concernent :
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Les serveurs ayant des périphériques spéciaux non validés dans la liste de compatibilité des serveurs avec :
cartes fax, d’acquisition numérique ou de montage vidéo, cartes sons, modems, port parallèle ou Dongle. Il
est cependant possible de demander un développement spécial de driver à VMware si cela est nécessaire.
Les serveurs avec des applications gourmandes en ressources de type bases de données, ERP ou des
applications scientifiques telles que des clusters de calcul. Il est possible de prendre ce référentiel : si le
serveur a moins de 4 ans d’âge et qu’il a une activité moyenne de + 40 % alors il n’est peut-être pas bien
adapté pour la virtualisation.
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Les serveurs dont les systèmes d’exploitations ne sont pas supportés par VMware (cf. la liste de
compatibilité sur le site qui propose un nombre très important d’OS supportés).
4. Éviter le Big Bang
a. Se tenir au planning de déploiement
Un des grands avantages de la virtualisation au niveau applicatif est qu’il n’y a pas de portage d’applications à
prévoir puisque l’environnement est standard. Cependant, la migration de serveurs physiques en virtuels appelé
P2V peut engendrer quelques problèmes qu’il est important de bien analyser lors des phases de migrations. Il faut
y aller par petites touches successives, tester pendant un certain temps, mettre en observation puis continuer le
déploiement. Cette méthode permet de déployer plus sereinement et permet de distinguer les problèmes liés au
passage à la virtualisation des problèmes traditionnels liés aux applicatifs. Il faut mettre en place un planning de
déploiement de migrations P2V et s’y tenir.
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b. Maîtriser l’environnement virtuel
La virtualisation simplifie certaines tâches quotidiennes des administrateurs et leur apporte des outils pour faciliter
la gestion et l’exploitation, le risque et la tentation sont grands de vouloir tout virtualiser d’un coup.
Il est indispensable de pouvoir maîtriser son environnement virtuel afin d’optimiser son exploitation.
Il est donc indispensable que la mise en place de l’infrastructure se fasse par étapes et avec méthodologie.
Par exemple, le Provisioning instantané qui permet de mettre rapidement un nouveau serveur en service se fait en
quelques clics et quelques minutes. Or, cette simplicité de création de nouveaux serveurs peut engendrer des
instances virtuelles dans tous les sens (appelés VM sprawl) avec une administration qui peut devenir très difficile et
des coûts de stockage qui peuvent s’envoler.
Traditionnellement, un administrateur gère en moyenne 30 serveurs physiques. En environnement virtuel, il va
gérer plusieurs centaines de machines virtuelles (la moyenne se situe à 150 VM par administrateur). Il est donc
indispensable d’avoir un inventaire précis en temps réel de son infrastructure. Il est recommandé d’utiliser des
outils adaptés d’analyses de performances, de supervision et des outils de gestion prévisionnelle (Capacity
Planning) indispensables dans les grands environnements de production. Il faut également veiller aux aspects
sécurité qui sont très importants et mettre en place une politique de standardisation afin de rendre l’infrastructure
homogène.
5. Plan d’action
a. Surmonter les freins au passage à la virtualisation
Il est viable d’avoir une infrastructure entièrement virtualisée. Les freins ne se situent donc pas au niveau technique
mais plutôt au niveau organisationnel et au niveau des compétences des équipes techniques.
Ce nouvel environnement nécessite en effet la connaissance et l’utilisation de nouvelles méthodes de travail. Les
équipes en charge doivent avoir conscience de ces changements, elles doivent se former, comprendre les concepts
et le fonctionnement des nouveaux outils liés à la virtualisation pour pouvoir y adapter les méthodes de travail de
l’entreprise.
Une phase pilote est envisageable afin de vaincre les dernières résistances.
b. Accompagnement au changement
Cette phase doit être prise en compte très tôt dans le projet. Les premiers concernés sont les administrateurs
systèmes, les équipes réseaux, stockage, sécurité qui doivent être impliqués très en amont afin qu’ils adhèrent au
projet et qu’ils ne soient pas des freins. Ils doivent comprendre ce qu’est la virtualisation et comment l’utiliser. Il
faut que ces personnes aient le profil pour se former et la motivation pour changer leurs méthodes traditionnelles
de travail. Il est donc nécessaire de procéder à une évaluation des compétences présentes au sein de l’équipe
informatique afin de mettre en place un plan de formation adapté. Cette formation doit être suivie avant la mise en
place de l’infrastructure virtuelle et se poursuivre tout au long de son exploitation.
Les compétences requises sont transverses : les administrateurs
de cet environnement
auront la main sur une
grande partie des équipements du Datacenter : les serveurs, le stockage, le réseau. Ils pourront mettre en place
des standards de configuration et une politique liée à la sécurité. Ils devront savoir optimiser les ressources afin
d’atteindre des hauts niveaux de consolidation pour réaliser des économies et devront garantir les niveaux de
services demandés.
Toutes ces responsabilités ne doivent pas être le fait d’une seule personne. Il faudra définir une règle de
gouvernance pour que les décisions prises soient le fruit de la concentration des personnes concernées.
En plus de la formation indispensable, l’accompagnement au changement se basera sur la mise à disposition
d’ouvrages sur la virtualisation, d’informations sur Internet, la participation à des séminaires et il peut être utile de
faire appel à des prestataires de services pour certaines phases du projet.
Il faut en profiter pour repenser certaines méthodes de travail et les procédures à mettre en place.
Un POC (Proof of Concept) peut être envisagé afin de déterminer les aspects fonctionnels de la solution. Aujourd’hui
cette phase semble inutile tant cette technologie est éprouvée dans tous les secteurs d’activités et dans tous les
types d’entreprises.
Si une phase pilote est souhaitée, il faut travailler avec votre partenaire ou directement avec les constructeurs
informatiques pour la mettre en place. Il est également nécessaire de sensibiliser l’équipe dirigeante afin qu’elle soit
consciente des changements en termes d’organisation,
nécessaire d’engager pour la réussite du projet.
de méthodes de travail et de l’investissement qu’il est
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Il est intéressant de communiquer à certaines catégories d’utilisateurs comme les développeurs
responsables de projet que la mise à disposition de nouveaux serveurs peut être instantanée.
ou les
Un autre aspect à prendre en considération concerne la répartition des coûts. Le centre de coûts pour l’acquisition
des serveurs hôte et de l’infrastructure de stockage est-il le même que celui qui va utiliser les machines virtuelles
qui tournent dessus ? Y a-t-il une répartition du centre de coût entre les services d’une entreprise ? Si tel est le cas,
il faudra prévoir des outils pour faire de la refacturation entre les services (vCenter Chargeback par exemple).
Cet accompagnement permet de faire prendre conscience à tous les niveaux de l’entreprise des enjeux et des
modifications en profondeur engendrées par la virtualisation.
6. Résultats à attendre
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Pour l’entreprise dans son ensemble : c’est un investissement pour le futur. L’objectif pour une entreprise
est de rester compétitive face à la concurrence et de pouvoir adapter son Système d’Information rapidement
en cas de rachat, de fusion/acquisition ou de création de nouvelles entités. Cela peut entrer dans une
démarche de green IT.
Pour les financiers et dirigeants de l’entreprise : un objectif réaliste de réduction de 20 % à 40 % des coûts
liés à l’infrastructure peut être envisagé, éventuellement plus dans certains cas.
Pour les administrateurs et responsables IT : l’objectif est de faciliter leurs tâches quotidiennes, améliorer
les niveaux de service, mettre en place un PRA et de leur libérer du temps pour moderniser le Système
d’Information et l’optimisation de l’infrastructure.
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Pour les utilisateurs : l’objectif est qu’ils aient de meilleurs niveaux de service et qu’ils puissent avoir à
disposition de nouveaux serveurs en fonction de leurs besoins.
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