A Sotchi, les Pays-Bas rois du patin - Ambassade des Pays-Bas

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A Sotchi, les Pays-Bas rois du patin - Ambassade des Pays-Bas
Lu dans Le Monde (par Bruno Lesprit) du 11 février :
A Sotchi, les Pays-Bas rois du patin
Jan Smeekens (2e), Michel Mulder (1er), Ronald Mulder (3e). Le podium 100 % hollandais du 500 m en patinage de vitesse, le
10 février aux jeux olympiques de Sotchi. | REUTERS/© Laszlo Balogh / Reuters
Une pensée pour Jan Smeekens. En une poignée de secondes, ce Néerlandais a basculé, lundi 10 février,
au centre de patinage de vitesse Adler, du paradis à un enfer relatif. Par sa faute, aussi. Dernier à
concourir dans le 500 m, le malheureux n'a pas attendu un éventuel correctif, pourtant fréquent dans
cette épreuve, pour exulter lorsqu'il a vu son temps affiché en première position.
Il s'est décomposé ensuite, pendant que son entraîneur disjonctait et frappait un panneau publicitaire.
Le sacre olympique lui avait échappé pour un centième de seconde. Ce qui ne change rien à la
nationalité du vainqueur : Michel Mulder, son compatriote, l'a emporté.
Le bronze revient au frère du champion, Ronald. Les Mulder sont les deuxièmes jumeaux à se hisser sur
un podium olympique d'hiver après les skieurs américains Phil et Steven Mahre, en 1984. Les distinguer
est un jeu d'enfant : Michel ne porte pas de lunettes de compétition mais un bouc. Et il se dépoitraille
sauvagement quand il gagne. Car lui est évidemment passé par des états strictement opposés à ceux de
Smeekens.
Ce deuxième triplé des Pays-Bas en patinage de vitesse, après celui du 5 000 m le 8 février (Sven Kramer,
devant Jan Blokhuijsen et Jorrit Bergsma) confirme l'écrasante domination de cette nation sur la
discipline. Elle vient même d'étendre son emprise sur le 500 m, équivalent hivernal du 100 m estival, qui
ne lui avait plus fourni de médailles depuis l'argent de Jan Ykema, à Calgary en 1988.
Symboliquement, les trois poursuivants du trio étaient ceux qui avaient pris place sur le podium à
Vancouver, en 2010 : détrôné, le Sud-Coréen Mo a fini 4e, devant les Nippons Joji Kato et Keiichiro
Nagashima. « Nous sommes devenus la meilleure nation du 500 mètres, a clamé Michel Mulder. Nous
avons bossé dur. Et c'est arrivé très vite. »
Le butin orange en patinage de vitesse laisse pantois : en ajoutant l'or conquis par Irene Wust dans le 3
000 m dames, sept des neuf médailles possibles ont été raflées. Pour le moment, les Pays-Bas ne se sont
distingués dans aucune autre discipline. Sur 41 athlètes, la délégation comprend 18 patineurs de vitesse,
les autres venant du short-track, du snowboard et du bobsleigh. L'Adler Arena, dont les sièges sont
orange, s'est transformé en sanctuaire batave, fréquenté depuis le début des compétitions par le roi
Willem-Alexander et la reine Maxima. Dans la salle de presse, le néerlandais est la langue officielle,
devant le japonais et le coréen.
DUTCH HOUSE, LIEU FESTIF
Ce statut de rois du patin ne date pas d'hier. Les tableaux des maîtres flamands portent trace de fêtes
villageoises autour de canaux gelés. Ce n'est pas par hasard que la première édition officielle des
championnats du monde, en 1893, eut lieu à Amsterdam et fut déjà marquée par un triplé, celui de Jaap
Eden.
En Frise, au nord, l'Elfstedentocht, connue comme la « course des onze villes », est un événement
national, hélas dépendant de la rigueur hivernale. Cette compétition sur un circuit de canaux glacés de
200 km n'a connu que quinze éditions depuis 1909. La dernière en 1997 avait réuni 4 000 patineurs, de
midi à minuit. Mais pour se prémunir de cet aléa, le pays possède le plus grand parc d'anneaux de
patinage au monde, une douzaine.
« Le triplé de samedi a été suivi par 4,5 millions de téléspectateurs, pour une population de 16,5 millions
et le reste de l'année, il y a du patinage tous les week-ends à la télévision, explique John Van Vliet, du
Comité olympique néerlandais. De telles audiences permettent aux athlètes de dénicher de bons
sponsors. »
A Sotchi, la Dutch House est sans conteste le lieu le plus festif. Depuis le début les Jeux, on y célèbre
chaque soir au moins une médaille d'or en présence de 400 fans qui attendent la venue de leur héros en
revoyant leurs exploits sur les écrans. Ce grand pavillon avec terrasse, piste de danse, orchestre, a
même reçu la visite de Vladimir Poutine, venu partager une bière avec le couple royal. Pour les Oranje,
l'euphorie n'est pas prête de retomber avec encore neuf épreuves de patinage à venir.