HYGIENE DE L`AGNELAGE : LA BREBIS

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HYGIENE DE L`AGNELAGE : LA BREBIS
Fiche n° 51
OVINS
HYGIENE
Métabolisme
Obstétrique
Commission OVINE
Pierre AUTEF
Novembre 2003
[Cf. également Fiche 157 : Dystocies]
HYGIENE DE L'AGNELAGE :
LA BREBIS
(Alimentation - Toxémie de gestation Prolapsus vaginal - Non dilatation du col)
Le moment de l'agnelage demande une attention particulière de la part de l'éleveur ; il ne faut pas cependant
oublier que c'est un événement qui se prépare plusieurs mois à l'avance. Il convient donc de distinguer deux
périodes : de la lutte au moment de la mise-bas et l'agnelage proprement dit.
DE LA LUTTE A L'AGNELAGE
1- ALIMENTATION
L'augmentation du niveau alimentaire protéique
et / ou énergétique va conditionner, selon la
période, la fertilité [= flushing pratiqué 2 à 3
semaines avant et après la lutte], la nidation de
l'embryon, l'expression de son génotype, le
développement du placenta durant les premières
semaines de gestation, la croissance du foetus,
l'état immunitaire de la brebis, la qualité du
colostrum [= steaming up en fin de gestation].
En fonction de la note d'état corporel, des
ajustements seront apportés de façon à obtenir
une note de 3 à 3.5 en milieu de gestation. Pour
des brebis mises en lutte note de 2-2,5.
maladies abortives : chlamydiose, fièvre Q,
toxoplasmose [Cf. fiches correspondantes : page 2].
Trois à six semaines avant la mise bas, une
vaccination contre les entérotoxémies et le tétanos
sera pratiquée et, selon le contexte, contre
l'ecthyma,
les
arthrites
à
rouget,
les
colibacilloses...etc.
3- ENVIRONNEMENT
- Mise-bas en plein air :
Devenue exceptionnelle, cette pratique nécessite
la présence d'abris légers de type hangars ouverts
afin que les brebis puissent s'isoler et que le
nouveau né soit à l'abri des courants d'air et de
l'humidité ;
- Bergerie :
L'échographie avec comptage du nombre des
foetus permet de constituer des lots selon les
besoins alimentaires à fournir.
2- VACCINATIONS
Trois à six semaines avant la lutte, il est utile de
vacciner les mères contre les principales
L'hygiène de la bergerie va conditionner celle de la
mise bas ; les brebis prêtes à mettre bas seront
parquées en cases de 10 à 20, puis en cases
individuelles, mobiles ou fixes, situées en
périphérie de la bergerie, quelques heures avant
l'agnelage.
Ces
cases
doivent
être
soigneusement
entretenues : litière enlevée, nettoyage à grandes
eaux puis désinfection avant de remettre une litière
propre.
4- MALADIES ET ACCIDENTS
Avortements : cf. fiches correspondantes :
[n° 3 Salmonellose]
[n° 5 Toxoplasmose]
[n° 18 Border disease]
[n° 8 laboratoire]
[n° 21 Chlamydiose]
[n° 20 Fièvre Q]
[n° 26.2 Leptospirose]
[n° 26.1 Listériose]
[n° 27.1 Mycose]
[n° 27.2 Campylobactériose]
[n° 28.1 Mal. Wesselsbron] - [n° 28.2 Tick born fever]
[n° 29.1 Fièvre vallée Rift] - [n° 38 Conduite à tenir].
Les résorptions embryonnaires ne sont pas rares au
cours des premières semaines, mais la période la plus
critique pour les avortements reste les six dernières
semaines de gestation.
Au début, le prolapsus n'apparaît que lorsque la brebis
est couchée. Puis le prolapsus devient plus volumineux et
persiste ; la muqueuse vaginale se dessèche, se souille,
provoquant des efforts de la brebis et rendant la miction
difficile.
Toxémie de gestation :
[Cf. fiche correspondante N° 44].
Sans traitement, les tissus se fibrosent avec parfois
quelques
points
de
nécrose.
L'agnelage devient
impossible par non dilatation du col [Cf. page 4]
C'est une affection métabolique survenant en fin de
gestation et faisant suite à un rationnement alimentaire
inadéquat par excès (brebis grasse) ou par défaut
(brebis maigre).
Des complications surviennent: agnelage dystocique,
déchirures, métrite et mort de la brebis.
La toxémie de gestation est due à une augmentation de
30 à 40 % des besoins énergétiques de la brebis, en
présence de plusieurs foetus et à une mobilisation
accrue des réserves énergétiques à cause d'un brusque
refroidissement de la température.
Le traitement consiste à nettoyer et désinfecter avec
beaucoup de précautions la partie extériorisée, à la lubrifier
et à la réintégrer doucement.
Une suture vaginale, un pessaire ou des boucles permettent
d'éviter les récidives.
Il est possible d'administrer un antispasmodique génito-urinaire et des antibiotiques.
Nous conseillons formellement de réduire puis de boucler
(suture vaginale avec un galon en coton) tout prolapsus
vaginal repéré, même débutant, même s'il n'est apparent
que sur la brebis couchée.
Un examen et une réévaluation de la ration sont
nécessaires pour l'ensemble du lot concerné, pour
lequel un apport énergétique sera
effectué :
précurseurs du glucose dans l'eau de boisson, céréales,
mélasse, etc.
La surveillance du moment de la mise bas doit être très
attentive pour couper les sutures dès le passage de la «
poche des eaux ».
La prévention passe par une adaptation du régime
alimentaire aux besoins de la brebis.
Il convient d'éviter un embonpoint trop important des
brebis pendant le début de la gestation. Il est possible
de proposer des aliments de digestibilité faible, assurant
une bonne activité de la microflore du rumen.
Apprécié de l'éleveur, le pessaire (photo ci-dessous) permet de
s'affranchir d'une surveillance rigoureuse de la mise bas.
La prévention passe par une correction de l'ensemble des
Prolapsus vaginal :
facteurs favorisants diagnostiqués dans l'élevage.
[Cf. Photos : prolapsus vaginal]
[Cf. Photos : prolapsus utérin]
Les carences doivent être corrigées assez tôt (si possible,
dans la première moitié de la gestation) par des apports de
sélénium et de zinc sous forme injectable ou sous forme orale
et de phosphore sous forme injectable ou orale.
Dans le mois précédant l'agnelage, des prolapsus du
vagin peuvent se manifester sous forme enzootique.
Les facteurs favorisants (un ou plusieurs) sont :
Souvent, une insuffisance hépatique par surcharge
graisseuse (excès alimentaire) est responsable de cet état,
surtout sur les primipares. Dans ce cas, une prévention doit
être prescrite par ajustement des équilibres alimentaires et par
un apport de sorbitol (20 g. par jour, pendant 5 à 7 jours).
- gestation multiple,
- manque d'exercice,
- ration alimentaire volumineuse (encombrement),
- carences (sélénium, zinc, phosphore, etc. [Cf. Fiche 99 p. 26]),
- phyto-oestrogènes (Coumestrol [Cf. Fiche 75])
- dystocies lors de l'agnelage précédent [Cf. Fiche 157],
- parfois toux répétées,
- terrains en pente,
Pessaire
- râteliers trop hauts.
Epingles
Bandage de Lund
LA MISE BAS NATURELLE
PENDANT L'AGNELAGE
1- HYGIENE DES INTERVENTIONS
Les mains de l'opérateur doivent être propres,
savonnées, puis enduites d'un lubrifiant (utilisation
de gants à usage unique).
Après l'intervention, le nettoyage des lieux est
indispensable : litière, placentas, caillots.
Les tissus cervicaux et utérins de la brebis sont
éminemment fragiles et demandent de la
délicatesse ! Ne jamais intervenir avant la rupture
de la poche des eaux et attendre 1 à 2 heures que
les voies génitales se dilatent.
Après l'intervention, toujours ré examiner la brebis
pour rechercher un autre agneau.
2- NON DILATATION DU COL
Observée souvent lors d'avortement ou de
naissance prématurée, par absence de la cascade
hormonale :
progestérone > oestrogènes > relaxine
permettant une réponse optimale du col aux
contractions utérines.
En pratique, c'est très souvent lié à un prolapsus
vaginal, plus rarement à l'ingestion de fourrages
contaminés par Fusarium graminarium possédant
une action oestrogénique, ou à une mauvaise
présentation de l'agneau.
Une dilatation manuelle accompagnée ou non
d'injection d'ocytociques associés à des sels
calciques (lorsque l'ouverture permet le passage
de 2 doigts) doit assurer le passage de la main
(main gauche d'abord, de diamètre plus faible
pour un droitier...).
Une fois la tête de l'agneau passée, faire très
attention au passage du thorax qui peut déchirer
un col incomplètement dilaté (recours éventuel au
Monzal® ou Cervicyl®).
3- EXCES DE VOLUME
Cet excès peut être relatif : dans ce cas, on
observe une brebis en efforts, incapable d'achever
le travail ; la tête seule ou avec un antérieur ou les
2 antérieurs est extériorisée : dans ces cas, une
traction modérée après remise en place correcte
de l'agneau et une lubrification permettent la mise
bas normale.
En cas d'excès de volume vrai, le passage est le
plus souvent impossible sans traumatisme grave
et la césarienne s'impose.
Cette situation est fréquente chez des agnelles
mises à la reproduction trop jeunes (< 2 / 3 poids
adulte) et observée parfois lors d'une
suralimentation de la brebis portant un simple en
fin de gestation ; en élevage d'agneaux de
boucherie, cette situation peut être plus fréquente
par l'utilisation trop systématique de sujets
améliorateurs en viande.
4- MAUVAISE PRESENTATION [Cf. Dystocies]
Incident très fréquent, causé par un espace
insuffisant pour le foetus pour adopter la position
adéquate.
Lors de présentations antérieures, on peut observer :
- une déviation de la tête, aggravée par des
tractions intempestives sur les antérieurs
- une flexion des antérieurs au niveau du
carpe ou de l'épaule.
Lors de présentation postérieure, on peut
observer :
- une présentation par les ischions ou les
jarrets,
- parfois une présentation transversale, avec
palpation du dos du foetus.
Dans tous ces cas, la règle est de travailler de la
façon la moins traumatisante possible, en lubrifiant : injection possible dans la cavité utérine au
moyen d'une seringue à droguer (+canule) de 50 à
100 ml d'Istogel®.
5- AUTRES
Certaines maladies systémiques (toxémie, avortement, hypocalcémie) peuvent entraîner une
inertie utérine.
Une sangle abdominale affaiblie ou une hernie
diminuent la force des contractions.
Une torsion de l'utérus peut se rencontrer : diagnostiquée trop tard, elle s'accompagne souvent
de la mort des agneaux. Sa réduction pose plus
de problèmes que chez la vache par manque
d'appui pour exercer la détorsion.
L'agneau, lui-même, peut être responsable de
dystocie : monstre coelosomien avec présence
d'ascite, agneau hydrocéphale ou emphysémateux lors d'un avortement occasionné par une mort
foetale.
L'embryotomie, plus ou moins aisée, permet de
venir à bout de ces derniers cas.
APRES L'AGNELAGE
1- HEMORRAGIES, PERFORATIONS
Ces accidents sont les conséquences de
manoeuvres obstétricales mal conduites et/ou
prématurées : rupture de l'artère vaginale avec de
volumineux caillots ; perforations surtout autour du
col pouvant aller de 45° à presque 360°! Des
fragments de graisse péritonéale sont alors
ramenés lors des manoeuvres. Dans les deux cas,
le pronostic est sombre !
2- PROLAPSUS UTERIN
Moins fréquent que chez les bovins, il survient
quelques minutes à plusieurs heures (48 h) après
la mise-bas ; la remise en place de l'utérus doit
être précoce et est facilitée lorsque la brebis est
tenue par les 2 postérieurs, sur le dos.
La corne utérine extériorisée doit être dépliée le
plus complètement possible en respectant sa
courbure anatomique.

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