Bacs blancs

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Bacs blancs
6 Convaincre, persuader, délibérer
2 . Le dialogu e philosophiqu e
BACBLANC ! page 348 du manuel
Questions
1. Le corpus étudié comprend trois extraits de dialogues : Les Aventures de Télémaque (1699) de Fénelon,
Entretien d’un père avec ses enfants (1773) de Diderot et Dialogue entre un prêtre et un moribond (1782)
de Sade. Chaque dialogue met en scène deux personnages qui entretiennent des relations différentes comme le
suggère la construction même des textes.
Ainsi, s’agissant du texte de Fénelon, nous pouvons sans nul doute parler de dialogue didactique dans la mesure
où Adoam transmet son savoir sur le pays de la Bétique au jeune Télémaque. Relevons à ce propos la demande
explicite de Télémaque : « Daignez m’apprendre si tout ce qu’on en dit est vrai » (l. 4-5). Cette transmission d’une
connaissance d’un personnage à l’autre est suggérée par la longueur même des répliques puisque le long discours de plus de 60 lignes prononcé par Adoam fait suite à la brève intervention de Télémaque.
Le texte de Diderot nous offre quant à lui l’exemple d’un dialogue dialectique. En effet, les deux personnages
échangent de manière courtoise afin de délibérer sur un problème d’ordre éthique : la nécessité ou non de toujours respecter la loi, en l’occurrence le serment d’Hippocrate. La divergence d’opinion apparaît dès les deux premières répliques : « Moi – C’est qu’il y a tant de méchants dans ce monde, qu’il n’y faut pas retenir ceux à qui il
prend envie d’en sortir. Le docteur Bissei – Mon affaire est de le guérir, et non de le juger » (l. 1-3). Cependant,
les deux personnages sont sur un pied d’égalité comme le prouve l’équilibre des répliques. Par ailleurs, l’idée
d’échange mutuel et de délibération apparaît à travers la présence de questions tantôt dans les répliques du philosophe (« Guérirez-vous Cartouche ou Nivet ? » l. 18) tantôt dans les répliques du docteur (« Et à qui appartientil de le déclarer malfaiteur ? Est-ce à moi ? » l.10).
Enfin, le texte de Sade se caractérise surtout par le registre polémique. Les lignes 6 et 27 sont autant d’exemples
de la véhémence du moribond : « Je te défie toi-même de croire au Dieu que tu me prêches », « Ton Dieu est une
machine que tu as fabriquée pour servir tes passions ». En effet, le passage met en scène un moribond qui revendique ouvertement son athéisme face à un prêtre : « Le prêtre – Vous ne croyez point en Dieu ? Le moribond –
Non. » (l. 1-2). Tout comme dans le texte de Fénelon, les répliques sont très inégales non pas parce que l’un
possède un savoir inconnu de l’autre mais parce que l’homme d’église offre au moribond la possibilité d’expliquer sa position de manière la plus claire possible. Ainsi la seconde question du prêtre lui donne l’occasion de
préciser sa pensée : « Le prêtre – Ainsi donc, le plus grand de tous les crimes ne doit nous inspirer aucune frayeur.
Le moribond – Ce n’est pas là ce que je dis » (l. 40).
2. Si les trois textes ont une visée argumentative, la voix des auteurs se fait plus ou moins explicite. La présence
la plus explicite est sans nul doute celle de Diderot qui se met clairement en scène derrière le personnage du «
Moi » qui affirme par exemple qu’ « il y a une fonction commune à tout bon citoyen, à vous, à moi, c’est de travailler de toute notre force à l’avantage de la république » (l. 6-8). Sade et Fénelon choisissent quant à eux de
faire entendre leur voix à travers un personnage fictif : le moribond pour l’un, Adoam pour l’autre. Ainsi, Adoam
est celui qui décrit le lieu utopique que constitue la Bétique pour mieux faire l’éloge d’une vie proche de la nature
et éloignée de toute superficialité et corruption : « Ce pays semble avoir conservé les délices de l’âge d’or »
(l. 12), « Ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent » (l. 57). Le moribond, quant à lui, revendique à l’instar de Sade son athéisme. Ainsi à la question du prêtre « Vous ne croyez point en Dieu ? » (l. 1), il
répond « Non » (l. 2). Notons pour finir que Fénelon et Sade accordent à ces deux personnages de longues
répliques, indice supplémentaire de leur rôle de porte-parole.
6. Convaincre, persuader, délibérer 1
Travaux d’écriture
1. Dissertation
Le sujet nous invite à montrer en quoi le dialogue est une forme argumentative efficace mais il s’agira aussi de
montrer les limites de cette efficacité.
I. LE DIALOGUE, UNE FORME ARGUMENTATIVE EFFICACE
1. Le dialogue, par sa vivacité, rend compte d’un échange de manière fidèle tout en proposant une scène
vivante et donc plus intéressante.
2. Le dialogue, dialectique notamment, amène le lecteur à suivre une réflexion en cours d’élaboration ce
qui permet d’obtenir son adhésion plus aisément.
3. Choisir la forme dialoguée c’est pour un auteur faire entendre la thèse adverse ; ce qui lui permet de
mettre en avant les incohérences et limites de cette dernière tout en anticipant les objections qu’on pourrait lui adresser.
II. LIMITES DE CETTE EFFICACITÉ
1. Contrairement au dialogue, le choix de l’apologue permet à l’auteur de défendre sa thèse de manière
plus implicite (problème de la censure)
2. Contrairement au conte philosophique par exemple, le dialogue centré sur une réflexion politique,
morale ou sociale se caractérise souvent par l’absence d’une réelle histoire ; récit source de plaisir pour
le lecteur.
2. Commentaire
I. LES MARQUES, CONSTRUCTION ET ENJEU DU DIALOGUE
1. Un dialogue fictif qui met en scène deux personnages que tout oppose ; d’où un registre polémique.
2. Échec du prêtre qui loin d’obtenir le repentir du moribond lui offre une véritable tribune.
II. VISÉE ET STRATÉGIE ARGUMENTATIVES
1. Plaidoyer pour l’athéisme.
2. Un discours du moribond rigoureux qui se donne pour objectif de convaincre.
3. Écriture d’invention
Pistes d’évaluation
• Respect de la forme dialoguée. Possibilité pour l’élève de proposer de brèves interventions du narrateur pour
quelques passages de discours indirect (cf. texte de Diderot)
• Cohérence du dialogue : les répliques ne doivent pas être de simples juxtapositions d’arguments mais doivent
prendre en compte le fait que dans tout dialogue chacun réagit aux paroles de l’autre pour les nuancer, les contredire ou demander une précision.
• Construction du dialogue : l’idée d’un entretien ne doit pas faire oublier que toute écriture d’invention implique
une construction des idées. Autrement dit, les répliques doivent proposer des arguments clairement et précisément développés illustrés d’exemples.
• Le dialogue dialectique renvoie à l’idée d’un échange courtois. Néanmoins, l’élève pourra faire le choix d’un ton
plus polémique.
6. Convaincre, persuader, délibérer
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