LA ZONE FRANCHE DE MANAUS: L`ECHEC REGIONAL D`UNE

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LA ZONE FRANCHE DE MANAUS: L`ECHEC REGIONAL D`UNE
LA ZONE FRANCHE DE MANAUS: L’ECHEC REGIONAL
D’UNE INDUSTRIALISATION REUSSIE ?*
Brasilmar FERREIRA NUNES**
Cette étude sur Manaus appelle l’attention sur les caractéristiques
principales de ses activités économiques. Ainsi tente-t-elle de détecter les
éléments actuels et potentiels d’un passé proche, qui induisent la dynamique
de la ville.
Il ne s’agira pas, cependant de reconstituer en détails l’origine historique
de l’économie urbaine qui se confond avec celle de l’occupation de
l’Amazonie : quand on analyse les différents cycles de cette dernière, on
observe que l’apogée de Manaus a correspondu à deux moments distincts: la
consolidation de la cueillette du caoutchouc pendant la première moitié du
XXe siècle et la création de la zone franche en 1967.
Le premier moment peut être défini par un processus traditionnel
d’exploitation des «produits exotiques» pour le marché international. Une
fois dominée la technique de culture de la plante, on l’a rationalisée et la
cueillette a perdu de son importance économique. De «produit exotique», on
est passé à un produit agro-industriel. Technologie, manutention et
productivité ont pris la place des disponibilités naturelles. De principal
espace producteur de caoutchouc, l’Amazonie est devenue un espace tout à
fait secondaire sur le marché international. Pour avoir une idée de cette
évolution, il suffit de rappeler qu’en 1920 elle produisait 20 000 tonnes de
matières premières et qu’en 1930, elle n’en produisait plus que 10 0001.
*
Economiste. Professeur à l’Université fédérale de Brasília.
**
Cet article est le résumé de l’un des trois volets constituant le rapport Estado,
industrialização e ocupação do espaço na Amazônia : a zona franca de Manaus, o
projeto grande Carajás e Rondônia, rédigé par l’auteur (oct. 1988, Brasília). Résumé
et traduction par Hélène Rivière d’Arc.
1
Pour plus de détails, voir Muller G. et Cardoso F. H. Amazônia : expansão do
capitalisrno, Brasiliense, 2e édition, São Paulo, 1978 (le 1er chapitre surtout).
Cahiers du Brésil Contemporain, 1990, n° 11
Brasilmar FERREIRA NUNES
Le second moment commence avec la création de la SUDAM
(Superintendance de développement de l’Amazonie) par la loi n°173 du
27.10.1966. Il est intéressant d’évoquer le fait que pendant les années
soixante, la question régionale a été traitée de manière économique,
institutionnelle dans le contexte d’une stratégie de contrôle par le
gouvernement fédéral. A cette époque-là, toute l’Amazonie légale s’est
transformée en un espace privilégié d’investissements et a cherché à obtenir
la préférence dans l’allocation de l’excédent économique produit par
l’ensemble de l’économie brésilienne. Ces investissements s’orientèrent tout
naturellement vers les activités agropastorales au contraire de ce qui passait
au Nordeste.
En fonction de cette série de phénomènes, l’infrastructure de transports a
commencé à canaliser les excédents et à consolider une économie nationale,
commandée par le pôle hégémonique de São Paulo. D’une somme
d’économies régionales, le pays est passé à partir des années 60 à une
économie unique fondée sur la logique du capital urbain/industriel. Dès lors,
tous les mouvements de l’économie et de la société seront insérés dans cette
logique : présence massive de l’Etat dans l’économie, forte percée de
l’entreprise multinationale. Du point de vue spatial, les migrations internes
témoignent du processus accéléré d’urbanisation dans tout le territoire
national. Les projections démographiques montrent qu’en 1990, Manaus
devrait concentrer à peu près 80 % de la population urbaine de l’Etat
d’Amazonas. La population rurale ne devrait pas atteindre plus de 20 % du
total.
Se révèle alors une nouvelle logique d’occupation de l’Amazonie. Celleci était toujours apparue dans l’imaginaire brésilien comme une zone non
peuplée, inconnue et inaccessible, bien que ce que cela pouvait signifier n’ait
jamais été très clair. La défense du territoire amazonien représentait la
sécurité d’une réserve possible d’expansion. Du point de vue de l’opinion
publique internationale, l’isolement dans lequel se trouvait la région
conjointement à la prise de conscience de son importance comme réserve
écologique de l’humanité, conduisait à la formulation de propositions
«internationalisantes». Cet état d’esprit renforcé par la persuasion de
l’incapacité brésilienne à occuper l’Amazonie justifiait sa transformation en
«terre de personne, terre de tous».
Par ailleurs, s’il est vrai que la cueillette a été incapable de produire des
intérêts consolidés et des groupes sociaux stables, donnant par là-même
naissance à une société originale, il est aussi vrai qu’au cours des années 60,
La zone franche de Manaus : l’échec régional …
la dynamique régionale a commencé à intéresser des groupes urbains : Belém
et Manaus sont devenues des foyers de clameurs régionalistes.
Intellectuels, professionnels libéraux, politiciens, chaque segment social
s’est lancé dans l’expression de positions diverses face au phénomène
d’occupation récente de l’Amazonie.
Si d’un côté, cette prise de conscience est une des conséquences
naturelles du processus, de l’autre elle est un symptôme d’une subtilité
spécifique de ce processus : l’occupation de l’Amazonie post-SUDAM signifie
l’internationalisation de son économie. Vue avec le recul du temps, la
stratégie militaire de garantie de l’espace national a été de livrer l’économie
amazonienne aux intérêts internationaux. Cette apparente ambiguïté (livrer
pour garantir) a une logique que l’on peut formuler ainsi :
l’internationalisation de l’économie brésilienne était un phénomène en
accentuation rapide. La structure productive la plus moderne, en
développement depuis les années 50 dans le Centre-Sud, était déjà en grande
partie articulée à des groupes extra-nationaux. En ce sens, l’industrialisation
de régions comme l’Amazonie et le Nordeste ne pouvaient être justifiée selon
des arguments nationalistes.
Plus encore que le Nordeste, l’Amazonie, étant donné son vide
démographique et l’effort que signifiait l’occupation d’une région inconnue,
se devait d’attirer des capitaux grâce aux avantages comparatifs qu’elle
présentait. La zone franche de Manaus a surgi dans ce contexte.
LA ZONE FRANCHE DE MANAUS
Créée le 28 février 1967 (décret-loi n° 288), la zone franche de Manaus
peut être considérée comme une stratégie de développement sous-régionale.
D’un côté, elle couvre une zone d’influence assez vaste, depuis le Rondônia
au Sud-Est de l’Amazonie légale jusqu’au Roraima au Nord-Est. De l’autre
elle est formulée de telle façon qu’elle bénéficie surtout aux investissements
industriels urbains. Elle a été conçue comme une stratégie qui visait à créer
«une zone de libre commerce d’importation et d’exportation et d’incitations
fiscales spéciales, afin de créer à l’intérieur de l’Amazonie un centre
industriel, commercial et agropastoral, doté de conditions économiques qui
permettent un développement compatible avec les facteurs locaux et de
grande distance par rapport aux centres consommateurs de ses produits», tout
Brasilmar FERREIRA NUNES
cela au coeur d’un ensemble de mesures destinées à promouvoir l’occupation
et l’intégration de l’Amazonie.
Voir ci-dessous les dégrèvements fiscaux mis à la disposition du
capital :
1. Impôts fédéraux
a) Impôt sur le revenu (IR)
— exonération totale pour les projets industriels qui s’installent dans la
zone d’intervention de la SUDAM ;
— réduction de 50 % pour les secteurs des services de base dans la
zone de la SUDAM ;
— déduction pour investissements (personnes juridiques) ;
— jusqu’à 75 % de la valeur des acquisitions d’obligations émises par
la banque d’Amazonie ;
— jusqu’à 50 % de l’impôt dû au Fond d’Investissement de
l’Amazonie.
b) Impôt sur les produits industrialisés (IPI)
— suspension pour l’entrée de marchandises nationales ou étrangères
destinées à la zone de Manaus ;
— exonération et droit à l’obtention de crédits pour les produits à partir
de matières premières régionales ;
— exonération pour les produits fabriqués hors de la zone franche, mais
consommés en Amazonie occidentale.
c) Impôt d’importation (II)
— exonération pour les marchandises étrangères entrées dans la zone
franche destinée à la consommation interne ;
— déduction pour les produits industrialisés dans la zone franche
destinés à n’importe quel point du territoire national, moyennant le
calcul d’un coefficient rapporté à l’indice de «nationalisation» ;
— inexigibilité pour les produits intermédiaires et matériel d’emballage
qui utilisent des intrants étrangers.
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d) Impôt d’exportation (IE)
— exonération pour l’exportation de marchandises de la zone franche
vers l’étranger.
e) Programme spécial d’exportation (Proex : programme équivalent au
régime de draw-back). Parmi les stimulants, les plus importants sont
— la suspension de l’impôt sur les opérations de change pour
l’importation de composants ;
— la suspension de la taxe de 2 % recouvrée par la Suframa lorsqu’elle
stocke des marchandises étrangères ;
— prime de 30% sur le solde liquide de devises produit par la
différence entre importation et exportation.
f) Taxes
— exonération de quelques taxes que ce soient, même portant sur
l’importation de biens de capital.
g) Financement
— participation financière du FINAM ;
— participation financière directe des personnes juridiques pour le
placement des ressources de l’impôt sur le revenu ;
— espace dans le District Industriel de la zone franche avec
infrastructure complète et services de base.
h) Autres
— réduction de 25 à 10 % de l’impôt sur les opérations financières dans
les opérations de change liées à l’importation de biens et services ;
— sortie libre de produits étrangers quand ils constituent le bagage
accompagné des passagers jusqu’à la valeur de US $ 600.
2. Dégrèvements relevant de l’Etat fédéré
a) Impôt sur la circulation des marchandises (ICM)
— déduction de l’impôt sur les marchandises d’origine nationale
destinées à la consommation ou à l’industrialisation dans la zone
franche ou à la réexportation pour l’étranger, qui sera considérée
comme l’équivalent d’une exportation brésilienne vers l’étranger ;
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— crédit fiscal égal au montant qui aurait été payé pour les
marchandises venues d’autres états, entrées dans la zone franche ;
— restitution de l’ICM aux entreprises industrielles : 100 % pour les
biens intermédiaires ; 50 % pour ceux qui utilisent de la matière
première régionale; 45 % pour les autres ;
— concession de stimulants fiscaux à ce même niveau pour les
entreprises qui diversifient leur ligne de production.
3. Incitations municipales
a) Impôts sur les services (ISS)
— exonération d’ISS pour les entreprises prestataires de services dont
l’activité est liée à la zone franche.
Un aspect relativement original dans cet ensemble de stimulants fiscaux
est constitué par le fait qu’il privilégie surtout l’étape de commercialisation
de la production. Cela fait que les segments industriels les plus productifs se
trouvent dans de meilleures conditions pour affronter les limitations d’une
localisation aussi peu favorable. Mais cela explique aussi que les secteurs qui
n’ont rien à gagner des facteurs de localisation qu’offre l’Amazonie sont peu
à peu en cours de consolidation dans la zone franche. Par exemple :
l’électronique, le secteur des «deux roues», l’horlogerie, etc. Autant de
secteurs qui trouvent leur place dans un parc industriel diversifié tel que le
japonais, l’européen ou même le pauliste, mais qui peuvent apparaître comme
surprenants dans une ville de faible industrialisation, de main-d’oeuvre peu
préparée, où le marché local est inexistant et la distance aux centres
producteurs de technologie et aux marchés, véritablement continentale. Et
pourtant, ce sont précisément ceux-là qui vont conduire le processus
d’industrialisation. En même temps, la zone de libre échange a tendance à se
restreindre à la ville de Manaus qui, avec Belém, est à l’origine de la
polarisation de la structure urbaine de la région.
Entre 1970 et 1985, la structure industrielle de Manaus s’est transformée
radicalement et cette polarisation de l’activité urbaine ne fait que s’accentuer.
Les 596 établissements industriels recensés en 1980 représentent 60 %
de l’Etat d’Amazonas, 92 % du personnel employé et 97 % de la valeur de la
transformation.
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Le phénomène d’industrialisation est si rapide que l’Amazonas est
devenu l’unique Etat brésilien où le secteur tertiaire (formel et informel) est
quantitativement inférieur à l’industrie2. C’est dire à quel point en une
décennie s’y est constitué un marché du travail tout à fait original.
Le commerce à Manaus a connu pour sa part une croissance globale de
87 % de 1975 à 1980 et de 61 % du personnel occupé, au profit du commerce
de gros sur le détail : appareils électriques, produits pharmaceutiques etc.
Ainsi Manaus se transformait-elle en un pôle industriel de poids mais se
consolidait aussi en tant que pôle commercial à l’échelle de toute la région
Nord.
EXPORTER ET INTEGRER «VERTICALEMENT» L’INDUSTRIE
Quelle explication donner à ce phénomène ? Pour répondre à cette
question, il faut prendre en considération deux agents, l’Etat et les industriels,
puis leurs relations avec les groupes locaux et les mesures prises récemment.
On sait que l’intervention de l’Etat dans la concrétisation de
l’occupation de l’Amazonie fut essentielle : qu’il s’agisse de l’offre
d’infrastructures (transports, communications, équipements collectifs,
sociaux, etc.) et de la mise en place d’une politique économique et fiscale
attractive pour les investissements. En fait, si on observe aujourd’hui la
structure du réseau urbain en Amazonie, on voit que seules Manaus Belém et,
dans une moindre mesure, Santarém bénéficient d’«économies
d’agglomération».
Le choix de Manaus fut aussi politique et issu d’une stratégie
géopolitique du gouvernement fédéral lice aux pressions de certains groupes
locaux. Enfin, il existait sans doute un projet de couvrir le marché des pays
voisins, mais cette dernière hypothèse ne peut être émise qu’avec précaution.
En effet une des principales faiblesses actuelles de la zone franche est sa
modeste capacité de pénétration du marché international Groupes locaux et
représentants de l’Etat fédéral à Manaus en sont conscients, qui insistent sur
la nécessité de créer des mécanismes spéciaux d’exportation. L’inexistence
d’une tradition commerciale inter-nations dans la région amazonienne est
2
Notons cependant que le sous-secteur «service» du tertiaire est également concentré
à Manaus : 90 % des recettes y sont produits.
Brasilmar FERREIRA NUNES
sans doute une des principales causes de ces limitations. En plus de cela, ou
mieux à cause de cela, on rappellera l’inexistence d’infrastructures de
transport entre pays voisins. Faut-il s’interroger enfin sur la capacité de
consommation de produits tels que ceux qui sont fabriqués à Manaus dans
des pays comme la Colombie et le Pérou ?
En revanche, il est intéressant de signaler que les intrants d’origine
nationale occupent une place prépondérante qu’il s’agisse de la fabrication du
produit intermédiaire ou du produit final; pour le premier, l’achat d’intrant
sur le marché national représente deux à trois fois la valeur des achats à
l’étranger. Cette information est très importante car elle prouve que le parc de
Manaus est intimement articulé à l’industrie nationale.
Si on observe par exemple, les chiffres concernant les «indices moyens
de nationalisation» des produits de la ZFM (cf. tableau en annexes), on peut en
déduire 1’existence de liens étroits, surtout avec le Centre-Sud (exception
faite des calculatrices et des photocopieuses). Mais cela ne signifie pourtant
pas qu’il existe des relations d’échange stables internationales. Au contraire,
certains groupes dirigeants locaux et même des secteurs de la bureaucratie
installés à Manaus, cherchent à se dégager de cette «dépendance» par des
propositions alternatives. Les organismes régionaux de développement
posent comme prémisse du développement la croissance d’un parc industriel
local producteur d’intrants pour augmenter la valeur ajoutée régionale et
fortifier l’emploi, l’investissement et le revenu interne. Il existerait pour cela
un volant de main-d’oeuvre disponible ; la preuve en est que la valeur des
importations de la ZFM en 1986 était inférieure (en prix constants) à celle de
1976 : 285 millions de US $ contre 300 millions.
Vingt ans après, on peut tirer quelques remarques-clefs de cette flambée
industrielles :
— à la fin des années 80, la population de Manaus était de 300 000
habitants ; elle dépasse actuellement le million ;
— le district industriel, administré par la Suframa a englouti 3 milliards
de dollars d’investissements, répartis entre 30 secteurs. Le volume
d’investissements le plus élevé a concerné l’électronique (c’est aussi
le plus élevé d’Amérique latine), avec 46 entreprises et 313 millions
de dollars, 18 000 emplois (1987) qui devraient atteindre 25 000.
L’exportation pour le marché national (essentiellement le Centre Sud
avec 91 % pour les produits finis en 1987) a été pratiquée surtout à partir du
La zone franche de Manaus : l’échec régional …
début des années 80 après qu’on ait créé le programme Proex. Ce dernier
connaît un certain succès. Mais on ne peut pas le mesurer simplement en
volume d’exportation car une partie seulement des produits est comptabilisée
dans la rubrique des exportations de Manaus. La grande majorité des
composants destinés à des produits finis apparaît dans d’autres rubriques
d’exportations telles que celles de Santos ou de São Paulo. Dans les milieux
locaux on qualifie cela de «dévoiement de marché»3.
Ainsi, si l’on ne se fonde que sur les statistiques existantes, on conclut
que les exportations de la ZFM ne deviendront transparentes et réellement
bénéficiaires qu’en mettant au point une politique spéciale prenant en compte
: la distance par rapport aux centres consommateurs et l’isolement par rapport
aux centres fournisseurs de matières premières.
Les groupes liés à l’exportation mettent surtout l’accent sur le second
point. La question de fond est d’augmenter la compétitivité de la zone
franche face aux autres centres producteurs du pays ou du monde. C’est dans
ce sens que le plan directeur élaboré par la Suframa appelle l’attention sur la
nécessité d’une «verticalisation» des processus industriels, ce qui signifie
tirer un meilleur profit des matières premières locales pour la fabrication de
composants dans là Zone Franche (23 % en 1987, ce qui n’est pas
négligeable).
Il reste clair toutefois que de producteur de biens de basse technologie
destinés au marché national, l’industrie de Manaus est passée au stade de la
fabrication de produits finis et intermédiaires de haute technologie destinés
également au marché national.
3
Selon les Président du Centre des Industries de l’Etat d’Amazonas Fernando
Bonfius : «Nous n’avons pas de statistiques fiables qui sont difficiles à élaborer. Mais
il est certain que si on comptabilisait les produits assemblées qui sortent par Santos
notre balance pourrait être bénéficiaire». Il estime que 300 millions de dollars ne
seraient pas comptabilisés dans le solde des exportations de la région. Cf. Revista
Brasil Especial, ed. Comemorativa dos 20 anos de criação da ZFM, Manaus février
1987.
Brasilmar FERREIRA NUNES
CONCLUSION : PLAIDOYER POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION
REGIONALE
Pour conclure, on peut proposer l’idée que la ZFM peut être considérée
comme un modèle para fora de la Région amazonienne. Mais cela n’annule
pas les prestations liées à l’intégration économique de l’Etat d’Amazonas.
Dans la mesure où plusieurs indicateurs permettent de vérifier la canalisation
par Manaus de l’excèdent économique non seulement de l’Amazonas, mais
du Roraima, de l’Acre et du Rondônia, un effort multi-institutionnel
(SUFRAMA, INPA, EMBRAPA, CODERAMA) devra s’efforcer de détecter les
vocations possibles des sous-régions.
Par ailleurs, même si l’on reconnaît le succès relatif du modèle ZFM, il
est important d’avoir à l’esprit sa nature «à la trame» de la technologie
internationale ; ce qui signifie une grande fragilité. Plutôt que de continuer de
privilégier exclusivement ce modèle, il devrait donc être complété par
l’installation d’entreprises utilisant les ressources naturelles de la région.
La liste de ces matières premières est longue ; l’INPA (Instituto de
Pesprisas de Amazonia) possède des programmes de recherches, des services
et des capacités d’assistance technique de très haut niveau sur l’utilisation du
bois, de même que sur les produits de la pêche... Ce n’est qu’un exemple
parmi d’autres mais l’utilisation de la production intellectuelle et technique
de ce centre (un des plus modernes du monde) dépend de la perception que
les entrepreneurs locaux ont de son importance et des bénéfices qu’ils
peuvent obtenir grâce à cette présence. La réalisation de ces souhaits ne
signifierait pourtant pas, tant s’en faut, une rupture avec les intérêts
multinationaux en Amazonie4.
4
Les entreprises nationales, étrangères et d’état contrôlent actuellement 81,4 % des
zones de recherche et de production de biens minéraux dans la région amazonienne.
Les groupes économiques détiennent 6. % (14 459 zones) ; les entreprises isolées 16
% (3 870 zones) ; les entreprises non identifiées : 1 111 zones. Des 14 459 zones du ler
groupe, le capital étranger contrôle 47,2 %, les groupes nationaux 37,8 % et les
entreprises d’état 21,1 %. Le principal groupe étranger identifié est la société
BRASCAN, du Canada, et British Petroleum qui s’intéresse surtout à l’or et à l’étain
(100 zones dans 1’Amapá, 286 dans l’Amazonas, 298 dans le Rondônia, 465 dans le
Mato Grosso, 605 dans le Pará, 95 dans le Roraima, 909 dans le Goiás et 6 en
Maranhão).
La zone franche de Manaus : l’échec régional …
Dans ce sens, le développement de la région amazonienne, dans la
perspective d’une plus grande intégration de son économie d’une part et dans
celle de la logique du marché d’autre part, passe par une meilleure
articulation entre les acteurs en présence dans la région. Les actions qui
doivent ou peuvent être menées de l’avant ne se justifient que lorsqu’elles
auront une portée comparable aux grandes entreprises nationales et/ou
internationales.
Brasilmar FERREIRA NUNES
ANNEXES
Tableau 1 - Principaux produits fabriqués dans la zone franche de Manaus
1985
Périodes
1986
1987*
1 484810
551 350
65071
656 505
1 411 450
442 985
322 461
567 152
766065
153 189
145 966
33 054
199114
221 195
1 310 318
489 768
12 684
2153000
691 200
161 300
665 900
1 609 957
546 400
375 800
846 600
1 109518
256 000
202 396
300 800
211 100
130 200
1 809 300
536 700
36 600
1165900
407 200
117400
252 300
779 100
395 400
308 000
462 100
638900
125 200
105 300
30 500
98300
61 500
1 089 700
298 800
10 000
409 300
70 300
153300
35 200
89 700
74 567 300
193 327 200
289 104 000
32900
31 500
5 873 000
1 250 800
7779000
456 400
4 386 850
423 000
49 000
96600
18 500
48 300
49 178 700
1 36 538 300
387 785 500
13900
17 000
3 838 700
1 588 200
3 161 300
290 200
3 477 400
Produits
Electroniques
TV couleur
TV noir et blanc
Vidéo cassettes
Jeux vidéo
Radios portatives
Radios-réveils
Appareils de son
Auto-radios
Magnétophones
ld.
ld.
Haut-parleurs
Tourne-disques
Magnéto-portatifs
Calculatrices de poche
Calculatrices de bureau
Enregistreuses
Autres
Téléphones
374 152
Fours micro-ondes
27 370
Motocyclettes
106900
Vélomoteurs
28 800
Bicyclettes
700 000
Briquets
83 017 350
Stylos
190 169 040
Lames et cartouches
254 324 952
Micro-ordinateurs
40200
Machines à écrire
14 387
Bandes cassettes
2 766 182
Bandes vidéo cassettes
448 828
Montres
8235000
Lunettes
294 564
Verres de lunettes
2 946 576
*Production janvier à juillet. Source SUFRAMA/SAP/NBP
La zone franche de Manaus : l’échec régional …
Tableau 2 - Indices moyens de «nationalisation» - ZFM – 1987
Produits
TV couleur
TV noir et blanc
Motocyclettes 125 cc
Motocyclettes 450 cc
Vidéo-cassettes
Fours micro-ondes
Appareils à son
Radios-portatives
Montres
Rasoirs
Photocopieuses
Calculatrices électroniques
Source : SUFRAMA/SAP/NBP
%
93
98
94
63
52
78
85
93
57
92
35
27
Tableau 3 - Valeur des ventes des entreprises qui ont reçu des dégrèvements fiscaux 1985-987 (1er semestre)
Destination des
ventes
Entreprises
produits
finis
1987
3,0
Entreprises
produits
intermédiaires
1987
83,0
1985
1985
Et. d’Amazonas
3,0
82,0
Nord-Nord Est
Centre Ouest*
9,0
6,0
1,0
1,0
Sud-Sud Est
88,0
91,0
17,0
16,0
* Exclut l’Etat d’Amazonas
Source : Secrétariat de Estado da Fazenda. In : ZPES – Proposta de Implantação, op.
cit. p. 10.
Brasilmar FERREIRA NUNES
Tableau 4 - Facturation industrielle par sous-secteur. Zone Franche de Manaus
Sous-secteur
1986
Valeur
%
Valeur
1987*
%
Nombre
d’entreprises
65
13
6
5
10
5
15
13
19
7
5
51
Electronique
2 378,4
55,3 1 478,3
59,6
Horlogerie
231,6
5,4
90,9
3,7
Optique
38,3
0,9
24,1
1,0
Véhicules à deux roues
225,6
5,2
191,2
7,7
Thermoplastique
79,3
1,8
51,7
2,1
Boissons
38,9
0,9
23,5
0,9
Métallurgie
75,1
1,7
61,1
2,5
Mécanique
70,6
1,6
53,1
2,1
Industrie du bois
37,7
0,9
26,1
1,1
Chimie
397,9
9,3
245,0
9,9
Textile
95,2
2,2
62,5
2,5
Divers
631,4
14,6
171,9
6,7
TOTAL
4 300,0 100,0 2 479,5 100,0
Source : SUFRAMA
* Chiffres concernant la facturation de 214 entreprises qui correspondent à 95 %
de la facturation totale du secteur, de janvier à août.

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