LA ZONE FRANCHE DE MANAUS: L`ECHEC REGIONAL D`UNE
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LA ZONE FRANCHE DE MANAUS: L`ECHEC REGIONAL D`UNE
LA ZONE FRANCHE DE MANAUS: L’ECHEC REGIONAL D’UNE INDUSTRIALISATION REUSSIE ?* Brasilmar FERREIRA NUNES** Cette étude sur Manaus appelle l’attention sur les caractéristiques principales de ses activités économiques. Ainsi tente-t-elle de détecter les éléments actuels et potentiels d’un passé proche, qui induisent la dynamique de la ville. Il ne s’agira pas, cependant de reconstituer en détails l’origine historique de l’économie urbaine qui se confond avec celle de l’occupation de l’Amazonie : quand on analyse les différents cycles de cette dernière, on observe que l’apogée de Manaus a correspondu à deux moments distincts: la consolidation de la cueillette du caoutchouc pendant la première moitié du XXe siècle et la création de la zone franche en 1967. Le premier moment peut être défini par un processus traditionnel d’exploitation des «produits exotiques» pour le marché international. Une fois dominée la technique de culture de la plante, on l’a rationalisée et la cueillette a perdu de son importance économique. De «produit exotique», on est passé à un produit agro-industriel. Technologie, manutention et productivité ont pris la place des disponibilités naturelles. De principal espace producteur de caoutchouc, l’Amazonie est devenue un espace tout à fait secondaire sur le marché international. Pour avoir une idée de cette évolution, il suffit de rappeler qu’en 1920 elle produisait 20 000 tonnes de matières premières et qu’en 1930, elle n’en produisait plus que 10 0001. * Economiste. Professeur à l’Université fédérale de Brasília. ** Cet article est le résumé de l’un des trois volets constituant le rapport Estado, industrialização e ocupação do espaço na Amazônia : a zona franca de Manaus, o projeto grande Carajás e Rondônia, rédigé par l’auteur (oct. 1988, Brasília). Résumé et traduction par Hélène Rivière d’Arc. 1 Pour plus de détails, voir Muller G. et Cardoso F. H. Amazônia : expansão do capitalisrno, Brasiliense, 2e édition, São Paulo, 1978 (le 1er chapitre surtout). Cahiers du Brésil Contemporain, 1990, n° 11 Brasilmar FERREIRA NUNES Le second moment commence avec la création de la SUDAM (Superintendance de développement de l’Amazonie) par la loi n°173 du 27.10.1966. Il est intéressant d’évoquer le fait que pendant les années soixante, la question régionale a été traitée de manière économique, institutionnelle dans le contexte d’une stratégie de contrôle par le gouvernement fédéral. A cette époque-là, toute l’Amazonie légale s’est transformée en un espace privilégié d’investissements et a cherché à obtenir la préférence dans l’allocation de l’excédent économique produit par l’ensemble de l’économie brésilienne. Ces investissements s’orientèrent tout naturellement vers les activités agropastorales au contraire de ce qui passait au Nordeste. En fonction de cette série de phénomènes, l’infrastructure de transports a commencé à canaliser les excédents et à consolider une économie nationale, commandée par le pôle hégémonique de São Paulo. D’une somme d’économies régionales, le pays est passé à partir des années 60 à une économie unique fondée sur la logique du capital urbain/industriel. Dès lors, tous les mouvements de l’économie et de la société seront insérés dans cette logique : présence massive de l’Etat dans l’économie, forte percée de l’entreprise multinationale. Du point de vue spatial, les migrations internes témoignent du processus accéléré d’urbanisation dans tout le territoire national. Les projections démographiques montrent qu’en 1990, Manaus devrait concentrer à peu près 80 % de la population urbaine de l’Etat d’Amazonas. La population rurale ne devrait pas atteindre plus de 20 % du total. Se révèle alors une nouvelle logique d’occupation de l’Amazonie. Celleci était toujours apparue dans l’imaginaire brésilien comme une zone non peuplée, inconnue et inaccessible, bien que ce que cela pouvait signifier n’ait jamais été très clair. La défense du territoire amazonien représentait la sécurité d’une réserve possible d’expansion. Du point de vue de l’opinion publique internationale, l’isolement dans lequel se trouvait la région conjointement à la prise de conscience de son importance comme réserve écologique de l’humanité, conduisait à la formulation de propositions «internationalisantes». Cet état d’esprit renforcé par la persuasion de l’incapacité brésilienne à occuper l’Amazonie justifiait sa transformation en «terre de personne, terre de tous». Par ailleurs, s’il est vrai que la cueillette a été incapable de produire des intérêts consolidés et des groupes sociaux stables, donnant par là-même naissance à une société originale, il est aussi vrai qu’au cours des années 60, La zone franche de Manaus : l’échec régional … la dynamique régionale a commencé à intéresser des groupes urbains : Belém et Manaus sont devenues des foyers de clameurs régionalistes. Intellectuels, professionnels libéraux, politiciens, chaque segment social s’est lancé dans l’expression de positions diverses face au phénomène d’occupation récente de l’Amazonie. Si d’un côté, cette prise de conscience est une des conséquences naturelles du processus, de l’autre elle est un symptôme d’une subtilité spécifique de ce processus : l’occupation de l’Amazonie post-SUDAM signifie l’internationalisation de son économie. Vue avec le recul du temps, la stratégie militaire de garantie de l’espace national a été de livrer l’économie amazonienne aux intérêts internationaux. Cette apparente ambiguïté (livrer pour garantir) a une logique que l’on peut formuler ainsi : l’internationalisation de l’économie brésilienne était un phénomène en accentuation rapide. La structure productive la plus moderne, en développement depuis les années 50 dans le Centre-Sud, était déjà en grande partie articulée à des groupes extra-nationaux. En ce sens, l’industrialisation de régions comme l’Amazonie et le Nordeste ne pouvaient être justifiée selon des arguments nationalistes. Plus encore que le Nordeste, l’Amazonie, étant donné son vide démographique et l’effort que signifiait l’occupation d’une région inconnue, se devait d’attirer des capitaux grâce aux avantages comparatifs qu’elle présentait. La zone franche de Manaus a surgi dans ce contexte. LA ZONE FRANCHE DE MANAUS Créée le 28 février 1967 (décret-loi n° 288), la zone franche de Manaus peut être considérée comme une stratégie de développement sous-régionale. D’un côté, elle couvre une zone d’influence assez vaste, depuis le Rondônia au Sud-Est de l’Amazonie légale jusqu’au Roraima au Nord-Est. De l’autre elle est formulée de telle façon qu’elle bénéficie surtout aux investissements industriels urbains. Elle a été conçue comme une stratégie qui visait à créer «une zone de libre commerce d’importation et d’exportation et d’incitations fiscales spéciales, afin de créer à l’intérieur de l’Amazonie un centre industriel, commercial et agropastoral, doté de conditions économiques qui permettent un développement compatible avec les facteurs locaux et de grande distance par rapport aux centres consommateurs de ses produits», tout Brasilmar FERREIRA NUNES cela au coeur d’un ensemble de mesures destinées à promouvoir l’occupation et l’intégration de l’Amazonie. Voir ci-dessous les dégrèvements fiscaux mis à la disposition du capital : 1. Impôts fédéraux a) Impôt sur le revenu (IR) — exonération totale pour les projets industriels qui s’installent dans la zone d’intervention de la SUDAM ; — réduction de 50 % pour les secteurs des services de base dans la zone de la SUDAM ; — déduction pour investissements (personnes juridiques) ; — jusqu’à 75 % de la valeur des acquisitions d’obligations émises par la banque d’Amazonie ; — jusqu’à 50 % de l’impôt dû au Fond d’Investissement de l’Amazonie. b) Impôt sur les produits industrialisés (IPI) — suspension pour l’entrée de marchandises nationales ou étrangères destinées à la zone de Manaus ; — exonération et droit à l’obtention de crédits pour les produits à partir de matières premières régionales ; — exonération pour les produits fabriqués hors de la zone franche, mais consommés en Amazonie occidentale. c) Impôt d’importation (II) — exonération pour les marchandises étrangères entrées dans la zone franche destinée à la consommation interne ; — déduction pour les produits industrialisés dans la zone franche destinés à n’importe quel point du territoire national, moyennant le calcul d’un coefficient rapporté à l’indice de «nationalisation» ; — inexigibilité pour les produits intermédiaires et matériel d’emballage qui utilisent des intrants étrangers. La zone franche de Manaus : l’échec régional … d) Impôt d’exportation (IE) — exonération pour l’exportation de marchandises de la zone franche vers l’étranger. e) Programme spécial d’exportation (Proex : programme équivalent au régime de draw-back). Parmi les stimulants, les plus importants sont — la suspension de l’impôt sur les opérations de change pour l’importation de composants ; — la suspension de la taxe de 2 % recouvrée par la Suframa lorsqu’elle stocke des marchandises étrangères ; — prime de 30% sur le solde liquide de devises produit par la différence entre importation et exportation. f) Taxes — exonération de quelques taxes que ce soient, même portant sur l’importation de biens de capital. g) Financement — participation financière du FINAM ; — participation financière directe des personnes juridiques pour le placement des ressources de l’impôt sur le revenu ; — espace dans le District Industriel de la zone franche avec infrastructure complète et services de base. h) Autres — réduction de 25 à 10 % de l’impôt sur les opérations financières dans les opérations de change liées à l’importation de biens et services ; — sortie libre de produits étrangers quand ils constituent le bagage accompagné des passagers jusqu’à la valeur de US $ 600. 2. Dégrèvements relevant de l’Etat fédéré a) Impôt sur la circulation des marchandises (ICM) — déduction de l’impôt sur les marchandises d’origine nationale destinées à la consommation ou à l’industrialisation dans la zone franche ou à la réexportation pour l’étranger, qui sera considérée comme l’équivalent d’une exportation brésilienne vers l’étranger ; Brasilmar FERREIRA NUNES — crédit fiscal égal au montant qui aurait été payé pour les marchandises venues d’autres états, entrées dans la zone franche ; — restitution de l’ICM aux entreprises industrielles : 100 % pour les biens intermédiaires ; 50 % pour ceux qui utilisent de la matière première régionale; 45 % pour les autres ; — concession de stimulants fiscaux à ce même niveau pour les entreprises qui diversifient leur ligne de production. 3. Incitations municipales a) Impôts sur les services (ISS) — exonération d’ISS pour les entreprises prestataires de services dont l’activité est liée à la zone franche. Un aspect relativement original dans cet ensemble de stimulants fiscaux est constitué par le fait qu’il privilégie surtout l’étape de commercialisation de la production. Cela fait que les segments industriels les plus productifs se trouvent dans de meilleures conditions pour affronter les limitations d’une localisation aussi peu favorable. Mais cela explique aussi que les secteurs qui n’ont rien à gagner des facteurs de localisation qu’offre l’Amazonie sont peu à peu en cours de consolidation dans la zone franche. Par exemple : l’électronique, le secteur des «deux roues», l’horlogerie, etc. Autant de secteurs qui trouvent leur place dans un parc industriel diversifié tel que le japonais, l’européen ou même le pauliste, mais qui peuvent apparaître comme surprenants dans une ville de faible industrialisation, de main-d’oeuvre peu préparée, où le marché local est inexistant et la distance aux centres producteurs de technologie et aux marchés, véritablement continentale. Et pourtant, ce sont précisément ceux-là qui vont conduire le processus d’industrialisation. En même temps, la zone de libre échange a tendance à se restreindre à la ville de Manaus qui, avec Belém, est à l’origine de la polarisation de la structure urbaine de la région. Entre 1970 et 1985, la structure industrielle de Manaus s’est transformée radicalement et cette polarisation de l’activité urbaine ne fait que s’accentuer. Les 596 établissements industriels recensés en 1980 représentent 60 % de l’Etat d’Amazonas, 92 % du personnel employé et 97 % de la valeur de la transformation. La zone franche de Manaus : l’échec régional … Le phénomène d’industrialisation est si rapide que l’Amazonas est devenu l’unique Etat brésilien où le secteur tertiaire (formel et informel) est quantitativement inférieur à l’industrie2. C’est dire à quel point en une décennie s’y est constitué un marché du travail tout à fait original. Le commerce à Manaus a connu pour sa part une croissance globale de 87 % de 1975 à 1980 et de 61 % du personnel occupé, au profit du commerce de gros sur le détail : appareils électriques, produits pharmaceutiques etc. Ainsi Manaus se transformait-elle en un pôle industriel de poids mais se consolidait aussi en tant que pôle commercial à l’échelle de toute la région Nord. EXPORTER ET INTEGRER «VERTICALEMENT» L’INDUSTRIE Quelle explication donner à ce phénomène ? Pour répondre à cette question, il faut prendre en considération deux agents, l’Etat et les industriels, puis leurs relations avec les groupes locaux et les mesures prises récemment. On sait que l’intervention de l’Etat dans la concrétisation de l’occupation de l’Amazonie fut essentielle : qu’il s’agisse de l’offre d’infrastructures (transports, communications, équipements collectifs, sociaux, etc.) et de la mise en place d’une politique économique et fiscale attractive pour les investissements. En fait, si on observe aujourd’hui la structure du réseau urbain en Amazonie, on voit que seules Manaus Belém et, dans une moindre mesure, Santarém bénéficient d’«économies d’agglomération». Le choix de Manaus fut aussi politique et issu d’une stratégie géopolitique du gouvernement fédéral lice aux pressions de certains groupes locaux. Enfin, il existait sans doute un projet de couvrir le marché des pays voisins, mais cette dernière hypothèse ne peut être émise qu’avec précaution. En effet une des principales faiblesses actuelles de la zone franche est sa modeste capacité de pénétration du marché international Groupes locaux et représentants de l’Etat fédéral à Manaus en sont conscients, qui insistent sur la nécessité de créer des mécanismes spéciaux d’exportation. L’inexistence d’une tradition commerciale inter-nations dans la région amazonienne est 2 Notons cependant que le sous-secteur «service» du tertiaire est également concentré à Manaus : 90 % des recettes y sont produits. Brasilmar FERREIRA NUNES sans doute une des principales causes de ces limitations. En plus de cela, ou mieux à cause de cela, on rappellera l’inexistence d’infrastructures de transport entre pays voisins. Faut-il s’interroger enfin sur la capacité de consommation de produits tels que ceux qui sont fabriqués à Manaus dans des pays comme la Colombie et le Pérou ? En revanche, il est intéressant de signaler que les intrants d’origine nationale occupent une place prépondérante qu’il s’agisse de la fabrication du produit intermédiaire ou du produit final; pour le premier, l’achat d’intrant sur le marché national représente deux à trois fois la valeur des achats à l’étranger. Cette information est très importante car elle prouve que le parc de Manaus est intimement articulé à l’industrie nationale. Si on observe par exemple, les chiffres concernant les «indices moyens de nationalisation» des produits de la ZFM (cf. tableau en annexes), on peut en déduire 1’existence de liens étroits, surtout avec le Centre-Sud (exception faite des calculatrices et des photocopieuses). Mais cela ne signifie pourtant pas qu’il existe des relations d’échange stables internationales. Au contraire, certains groupes dirigeants locaux et même des secteurs de la bureaucratie installés à Manaus, cherchent à se dégager de cette «dépendance» par des propositions alternatives. Les organismes régionaux de développement posent comme prémisse du développement la croissance d’un parc industriel local producteur d’intrants pour augmenter la valeur ajoutée régionale et fortifier l’emploi, l’investissement et le revenu interne. Il existerait pour cela un volant de main-d’oeuvre disponible ; la preuve en est que la valeur des importations de la ZFM en 1986 était inférieure (en prix constants) à celle de 1976 : 285 millions de US $ contre 300 millions. Vingt ans après, on peut tirer quelques remarques-clefs de cette flambée industrielles : — à la fin des années 80, la population de Manaus était de 300 000 habitants ; elle dépasse actuellement le million ; — le district industriel, administré par la Suframa a englouti 3 milliards de dollars d’investissements, répartis entre 30 secteurs. Le volume d’investissements le plus élevé a concerné l’électronique (c’est aussi le plus élevé d’Amérique latine), avec 46 entreprises et 313 millions de dollars, 18 000 emplois (1987) qui devraient atteindre 25 000. L’exportation pour le marché national (essentiellement le Centre Sud avec 91 % pour les produits finis en 1987) a été pratiquée surtout à partir du La zone franche de Manaus : l’échec régional … début des années 80 après qu’on ait créé le programme Proex. Ce dernier connaît un certain succès. Mais on ne peut pas le mesurer simplement en volume d’exportation car une partie seulement des produits est comptabilisée dans la rubrique des exportations de Manaus. La grande majorité des composants destinés à des produits finis apparaît dans d’autres rubriques d’exportations telles que celles de Santos ou de São Paulo. Dans les milieux locaux on qualifie cela de «dévoiement de marché»3. Ainsi, si l’on ne se fonde que sur les statistiques existantes, on conclut que les exportations de la ZFM ne deviendront transparentes et réellement bénéficiaires qu’en mettant au point une politique spéciale prenant en compte : la distance par rapport aux centres consommateurs et l’isolement par rapport aux centres fournisseurs de matières premières. Les groupes liés à l’exportation mettent surtout l’accent sur le second point. La question de fond est d’augmenter la compétitivité de la zone franche face aux autres centres producteurs du pays ou du monde. C’est dans ce sens que le plan directeur élaboré par la Suframa appelle l’attention sur la nécessité d’une «verticalisation» des processus industriels, ce qui signifie tirer un meilleur profit des matières premières locales pour la fabrication de composants dans là Zone Franche (23 % en 1987, ce qui n’est pas négligeable). Il reste clair toutefois que de producteur de biens de basse technologie destinés au marché national, l’industrie de Manaus est passée au stade de la fabrication de produits finis et intermédiaires de haute technologie destinés également au marché national. 3 Selon les Président du Centre des Industries de l’Etat d’Amazonas Fernando Bonfius : «Nous n’avons pas de statistiques fiables qui sont difficiles à élaborer. Mais il est certain que si on comptabilisait les produits assemblées qui sortent par Santos notre balance pourrait être bénéficiaire». Il estime que 300 millions de dollars ne seraient pas comptabilisés dans le solde des exportations de la région. Cf. Revista Brasil Especial, ed. Comemorativa dos 20 anos de criação da ZFM, Manaus février 1987. Brasilmar FERREIRA NUNES CONCLUSION : PLAIDOYER POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION REGIONALE Pour conclure, on peut proposer l’idée que la ZFM peut être considérée comme un modèle para fora de la Région amazonienne. Mais cela n’annule pas les prestations liées à l’intégration économique de l’Etat d’Amazonas. Dans la mesure où plusieurs indicateurs permettent de vérifier la canalisation par Manaus de l’excèdent économique non seulement de l’Amazonas, mais du Roraima, de l’Acre et du Rondônia, un effort multi-institutionnel (SUFRAMA, INPA, EMBRAPA, CODERAMA) devra s’efforcer de détecter les vocations possibles des sous-régions. Par ailleurs, même si l’on reconnaît le succès relatif du modèle ZFM, il est important d’avoir à l’esprit sa nature «à la trame» de la technologie internationale ; ce qui signifie une grande fragilité. Plutôt que de continuer de privilégier exclusivement ce modèle, il devrait donc être complété par l’installation d’entreprises utilisant les ressources naturelles de la région. La liste de ces matières premières est longue ; l’INPA (Instituto de Pesprisas de Amazonia) possède des programmes de recherches, des services et des capacités d’assistance technique de très haut niveau sur l’utilisation du bois, de même que sur les produits de la pêche... Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres mais l’utilisation de la production intellectuelle et technique de ce centre (un des plus modernes du monde) dépend de la perception que les entrepreneurs locaux ont de son importance et des bénéfices qu’ils peuvent obtenir grâce à cette présence. La réalisation de ces souhaits ne signifierait pourtant pas, tant s’en faut, une rupture avec les intérêts multinationaux en Amazonie4. 4 Les entreprises nationales, étrangères et d’état contrôlent actuellement 81,4 % des zones de recherche et de production de biens minéraux dans la région amazonienne. Les groupes économiques détiennent 6. % (14 459 zones) ; les entreprises isolées 16 % (3 870 zones) ; les entreprises non identifiées : 1 111 zones. Des 14 459 zones du ler groupe, le capital étranger contrôle 47,2 %, les groupes nationaux 37,8 % et les entreprises d’état 21,1 %. Le principal groupe étranger identifié est la société BRASCAN, du Canada, et British Petroleum qui s’intéresse surtout à l’or et à l’étain (100 zones dans 1’Amapá, 286 dans l’Amazonas, 298 dans le Rondônia, 465 dans le Mato Grosso, 605 dans le Pará, 95 dans le Roraima, 909 dans le Goiás et 6 en Maranhão). La zone franche de Manaus : l’échec régional … Dans ce sens, le développement de la région amazonienne, dans la perspective d’une plus grande intégration de son économie d’une part et dans celle de la logique du marché d’autre part, passe par une meilleure articulation entre les acteurs en présence dans la région. Les actions qui doivent ou peuvent être menées de l’avant ne se justifient que lorsqu’elles auront une portée comparable aux grandes entreprises nationales et/ou internationales. Brasilmar FERREIRA NUNES ANNEXES Tableau 1 - Principaux produits fabriqués dans la zone franche de Manaus 1985 Périodes 1986 1987* 1 484810 551 350 65071 656 505 1 411 450 442 985 322 461 567 152 766065 153 189 145 966 33 054 199114 221 195 1 310 318 489 768 12 684 2153000 691 200 161 300 665 900 1 609 957 546 400 375 800 846 600 1 109518 256 000 202 396 300 800 211 100 130 200 1 809 300 536 700 36 600 1165900 407 200 117400 252 300 779 100 395 400 308 000 462 100 638900 125 200 105 300 30 500 98300 61 500 1 089 700 298 800 10 000 409 300 70 300 153300 35 200 89 700 74 567 300 193 327 200 289 104 000 32900 31 500 5 873 000 1 250 800 7779000 456 400 4 386 850 423 000 49 000 96600 18 500 48 300 49 178 700 1 36 538 300 387 785 500 13900 17 000 3 838 700 1 588 200 3 161 300 290 200 3 477 400 Produits Electroniques TV couleur TV noir et blanc Vidéo cassettes Jeux vidéo Radios portatives Radios-réveils Appareils de son Auto-radios Magnétophones ld. ld. Haut-parleurs Tourne-disques Magnéto-portatifs Calculatrices de poche Calculatrices de bureau Enregistreuses Autres Téléphones 374 152 Fours micro-ondes 27 370 Motocyclettes 106900 Vélomoteurs 28 800 Bicyclettes 700 000 Briquets 83 017 350 Stylos 190 169 040 Lames et cartouches 254 324 952 Micro-ordinateurs 40200 Machines à écrire 14 387 Bandes cassettes 2 766 182 Bandes vidéo cassettes 448 828 Montres 8235000 Lunettes 294 564 Verres de lunettes 2 946 576 *Production janvier à juillet. Source SUFRAMA/SAP/NBP La zone franche de Manaus : l’échec régional … Tableau 2 - Indices moyens de «nationalisation» - ZFM – 1987 Produits TV couleur TV noir et blanc Motocyclettes 125 cc Motocyclettes 450 cc Vidéo-cassettes Fours micro-ondes Appareils à son Radios-portatives Montres Rasoirs Photocopieuses Calculatrices électroniques Source : SUFRAMA/SAP/NBP % 93 98 94 63 52 78 85 93 57 92 35 27 Tableau 3 - Valeur des ventes des entreprises qui ont reçu des dégrèvements fiscaux 1985-987 (1er semestre) Destination des ventes Entreprises produits finis 1987 3,0 Entreprises produits intermédiaires 1987 83,0 1985 1985 Et. d’Amazonas 3,0 82,0 Nord-Nord Est Centre Ouest* 9,0 6,0 1,0 1,0 Sud-Sud Est 88,0 91,0 17,0 16,0 * Exclut l’Etat d’Amazonas Source : Secrétariat de Estado da Fazenda. In : ZPES – Proposta de Implantação, op. cit. p. 10. Brasilmar FERREIRA NUNES Tableau 4 - Facturation industrielle par sous-secteur. Zone Franche de Manaus Sous-secteur 1986 Valeur % Valeur 1987* % Nombre d’entreprises 65 13 6 5 10 5 15 13 19 7 5 51 Electronique 2 378,4 55,3 1 478,3 59,6 Horlogerie 231,6 5,4 90,9 3,7 Optique 38,3 0,9 24,1 1,0 Véhicules à deux roues 225,6 5,2 191,2 7,7 Thermoplastique 79,3 1,8 51,7 2,1 Boissons 38,9 0,9 23,5 0,9 Métallurgie 75,1 1,7 61,1 2,5 Mécanique 70,6 1,6 53,1 2,1 Industrie du bois 37,7 0,9 26,1 1,1 Chimie 397,9 9,3 245,0 9,9 Textile 95,2 2,2 62,5 2,5 Divers 631,4 14,6 171,9 6,7 TOTAL 4 300,0 100,0 2 479,5 100,0 Source : SUFRAMA * Chiffres concernant la facturation de 214 entreprises qui correspondent à 95 % de la facturation totale du secteur, de janvier à août.