Libreto - Gran Teatre del Liceu
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Libreto - Gran Teatre del Liceu
Libreto Carmen Opéra comique en cuatro actos Libreto de Henri Meilhac y Ludovic Halévy basado en la novela de Prosper Mérimée Música de Georges Bizet Estrenada en la Opéra Comique de París el 3 de marzo de 1875 Personajes: Zuniga, lugarteniente (bajo) Andrès, lugarteniente (tenor) Moralès, sargento (barítono) Don José, cabo (tenor) Escamillo, torero (bajo / barítono) Dancaïre, contrabandista (tenor / barítono) Remendado, contrabandista (tenor) Un gitano (bajo) Un soldado (rol hablado) Lillas Pastia, tabernero (rol hablado) Un guía de montaña (rol hablado) Frasquita, gitana (soprano) Mercédès, gitana (soprano) Carmen, gitana (mezzosoprano) Micaëla, campesina (soprano) Una vendedora de naranjas (alto) Coro y ballet Soldados, jóvenes, cigarreras, cortejo de Escamillo, gitanos, gitanas, vendedoras de abanicos y naranjas, vendedores de programas, bebidas, vino y tabaco, policías, toreros, pueblo, niños de la calle, el alcalde La acción transcurre en Sevilla hacia 1830 78 Libreto Prélude Preludio PREMIER ACTE ACTO I Une place à Séville. À droite, la porte de la manufacture de tabac. Au fond, face au public, pont praticable traversant la scène dans toute son étendue. De la scène on arrive à ce pont par un escalier tournant qui fait sa révolution à droite au-dessus de la porte de la manufacture de tabac. Le dessous du pont est praticable. A gauche, au premier plan, le corps de garde. Devant le corps de garde, une petite galerie couverte, exhaussée de deux ou trois marches; près du corps de garde, dans un râtelier, les lances des dragons avec leurs banderolles jaunes et rouges. Au lever du rideau, une quinzaine de soldats (Dragons du régiment d’Alcalá) sont groupés devant le corps de garde. Les uns assis et fumant, les autres accoudés sur la balustrade de la galerie. Mouvement de passants sur la place. Des gens pressés, affairés vont, viennent, se rencontrent, se saluent, se bousculent, etc. Una plaza de Sevilla. A la derecha, la puerta de la fábrica de tabaco. Al fondo, de cara al público, un puente practicable que atraviesa todo el escenario. Desde la escena se llega al puente por una escalinata que gira a la derecha, sobre la puerta misma de la fábrica. La parte de abajo es accesible. A la izquierda, en primer plano, el cuerpo de guardia; delante, una pequeña galería cubierta, elevada por dos o tres escalones; cerca del cuerpo de guardia, en un armero, las lanzas de los dragones con sus banderolas amarillas y roja. Al levantarse el telón, una quincena de soldados (dragones del regimiento de Alcalá) están agrupados ante el cuerpo de guardia, unos sentados, otros fumando, otros apoyados en la balaustrada de la galería. Movimiento de transeúntes por la plaza. Gente apresurada, atareada, que van y vienen, se encuentran, se saludan, se entorpecen el paso, etc. Choeur Sur la place chacun passe, Chacun vient, chacun va; Drôles de gens que ces gens-là. Drôles de gens! Drôles de gens! Coro Por la plaza, todos pasan, unos vienen, otros van, ¡vaya una gente curiosa! ¡Que gente tan curiosa y divertida! Moralès A la porte du corps de garde, Pour tuer le temps, On fume, on jase, l’on regarde Passer les passants. Sur la place, etc. Moralès En la puerta del cuerpo de guardia, para matar el tiempo, fumamos, charlamos, miramos a los transeúntes que pasan. Por la plaza, etc. Choeur Sur la place, etc. (Depuis quelques minutes Micaëla est entrée. Jupe bleue, nattes tombant sur les épaules, hésitante, embarrassée, elle regarde les soldats, avance, recule etc.) Coro Por la plaza, etc. (Micaëla ha entrado unos minutos antes. Lleva falda azul y largas trenzas que le caen sobre los hombros. Llega indecisa, como vacilando, mira a los soldados, avanza, retrocede, etc.) Libreto 79 Moralès (aux soldats) Regardez donc cette petite Qui semble vouloir nous parler. Voyez, voyez, elle tourne, elle hésite. Moralès (a los soldados) Mirad a esa muchacha que parece querer hablarnos. Mirad, se da la vuelta, duda. Choeur À son secours il faut aller. Coro Es preciso ir en su auxilio. Moralès (à Micaëla) Que cherchez-vous, la belle? Moralès (a Micaëla) ¿Qué buscas, preciosa? Micaëla Moi! Je cherche un brigadier. Micaëla ¿Yo? Busco a un cabo. Moralès Je suis là, voilà! Moralès Aquí me tienes. Ya lo ves. Micaëla Mon brigadier, à moi, s’appelle Don José ... le connaissez-vous? Micaëla El cabo que busco se llama Don José… ¿Le conocen? Moralès Don José, nous le connaissons tous. Moralès A Don José le conocemos todos. Micaëla Vraiment? Est-il avec vous, je vous prie? Micaëla ¿De veras? ¿Está con ustedes, por favor? Moralès Il n’est pas brigadier dans notre compagnie. Moralès No es cabo de nuestra compañía. Micaëla (désolée) Alors il n’est pas là. Micaëla (desolada) Así que no está aquí. Moralès Non, ma charmante, il n’est pas là, Mais tout à l’heure il y sera. Oui, tout à l’heure il y sera. Il y sera quand la garde montante Remplacera la garde descendante. Moralès No, preciosa, no está aquí, pero pronto estará, sí, muy pronto va a estar aquí. Cuando la guardia entrante releve a la guardia saliente. 80 Libreto Tous Il y sera quand la garde montante Remplacera la garde descendante. Todos Estará aquí cuando la guardia entrante releve a la guardia saliente. Moralès Mais en attendant qu’il vienne, Voulez-vous, la belle enfant, Voulez-vous prendre la peine D’entrer chez nous un instant? Moralès Pero mientras esperamos que venga, ¿no querrás, niña bonita, no querrás tomarte la molestia de entrar un momento en nuestra casa? Micaëla Chez vous! Micaëla ¿En vuestra casa? Choeur Chez nous. Coro Aquí, en el cuartel. Micaëla Non pas, non pas. Grand merci, messieurs les soldats. Micaëla ¡No, no! Muchas gracias, señores soldados. Moralès Entrez sans crainte, mignonne, Je vous promets qu’on aura Pour votre chère personne Tous les égards qu’il faudra. Moralès Entra sin miedo, jovencita, te prometo que tendremos para con tu grata persona todos los respetos necesarios. Micaëla Je n’en doute pas; Cependant je reviendrai, Je reviendrai, c’est plus prudent. (Reprenant en riant la phrase du sergent.) Je reviendrai quand la garde montante Remplacera la garde descendante. Micaëla No lo dudo. sin embargo ya volveré más tarde, ya volveré, es más prudente. (retomando la frase del sargento) Volveré cuando la guardia entrante releve a la guardia saliente. Moralès, le Choeur (entourant Micaëla) Il faut rester, car la garde montante Va remplacer la garde descendante. Moralès, Coro (rodeándola) Te quedarás, pues la guardia entrante está a punto de relevar a la guardia saliente. Moralès Vous resterez! Moralès ¡Quédate! Micaëla (cherchant à se dégager) Non pas! Non pas! Micaëla (intentando apartarse) ¡No, no! Libreto 81 Moralès, Le Choeur Vous resterez, vous resterez, vous resterez. Oui vous resterez, vous resterez. Moralès, Coro ¡Claro que te quedarás! ¡Te quedarás, sí, sí! Micaëla Non pas! Non pas! Non! Non! Non! Non! Au revoir, messieurs les soldats. (Elle s’échappe et se sauve en courant.) Micaëla ¡No, no! No lo creo. ¡Adiós, señores soldados! (Se libra de ellos y huye corriendo.) Moralès L’oiseau s’envole, On s’en console. Reprenons notre passe-temps, Et regardons passer les gens. Moralès El pájaro alzó el vuelo, ¡qué le vamos a hacer! Volvamos a nuestro pasatiempo, miremos como pasa la gente. Choeur Sur la place, etc. (Le mouvement des passants qui avait cessé pendant la scène de Micaëla a repris avec une certaine animation. Parmi les gens qui vont et viennent, un vieux monsieur donnant le bras à une jeune dame... Le vieux monsieur voudrait continuer sa promenade, mais la jeune dame fait tout ce qu’elle peut pour le retenir sur la place. Elle paraît émue, inquiète. Elle regarde à droite, à gauche. Elle attend quelqu’un et ce quelqu’un ne vient pas. - Cette pantomime doit cadrer très exactement avec le couplet suivant.) Coro Por la plaza, etc. (El movimiento de los transeúntes que había cesado durante la escena de Micaëla s eha reanudado con cierta animación. Entre la gente que va y viene, hay un viejo que lleva del brazo a una muchacha, él quiere continuar el paseo, ella intenta retenerlo en la plaza. Parece emocionada, inquieta. Mira a uno y otro lado, espera a alguien que no llega. Esta pantomima debe cuadrar exactamente con el siguiente cuplé.) Moralès Attention! Chut! Taisons-nous! Voici venir un vieil époux, Œil soupçonneux, mine jalouse! Il tient au bras sa jeune épouse; L’amant sans doute n’est pas loin; Il va sortir de quelque coin. (En ce moment un jeune homme entre rapidement sur la place.) Ah! Ah! Ah! Ah! Le voilà. Voyons comment ça tournera. (Le second couplet continue et s’adapte fidèlement à la scène mimée par les trois personnages. Le jeune homme s’approche du vieux monsieur et de la jeune dame, salue et Moralès ¡Atención! ¡Silencio! Aquí tenemos a un marido viejo, ojo desconfiado, aspecto de celoso. Lleva del brazo a su joven esposa, el amante no debe estar lejos, de algún rincón va a salir. (En este momento un joven entra en la plaza.) ¡Ah! Ah, ah, ah! ¡Aquí lo tenemos! Veamos cómo acaba todo. (El segundo cuplé continua y se adapta fielmente a la escena mimada por los tres personajes. El joven se acerca a la pareja, saluda e intercambia unas palabras en voz 82 Libreto échange quelques mots à voix basse, etc.) (imitant le salut empressé du jeune homme) Vous trouver ici, quel bonheur! (prenant l’air rechigné du vieux mari) Je suis bien votre serviteur. (reprenant l’air du jeune homme) Il salue, il parle avec grâce. (puis l’air du vieux mari) Le vieux mari fait la grimace; (imitant les mines souriantes de la dame) Mais d’un air très encourageant La dame accueille le galant. (Le jeune homme, à ce moment, tire de sa poche un billet qu’il fait voir à la dame.) Ah! Ah! Ah! Ah! L’y voilà. Voyons comment ça tournera. (Le mari, la femme et le galant font tous les trois très lentement un petit tour sur la place. Le jeune homme cherchant à remettre son billet doux à la dame.) Ils font ensemble quelques pas; Notre amoureux, levant le bras, Fait voir au mari quelque chose, Et le mari toujours morose Regarde en l’air ... Le tour est fait, Car la dame a pris le billet. (Le jeune homme, d’une main, montre quelque chose en l’air au vieux monsieur et, de l’autre, passe le billet à la dame.) Ah! Ah! Ah! Ah! Et voilà, On voit comment ça tournera. baja, etc.) (imitando el saludo apresurado del joven) ¡Qué alegría encontrarles aquí! (adoptando la cara de malhumor del viejo) ¡Su seguro servidor! (retomando el aire. Saluda, habla con gracejo. (otra vez adoptando el aspecto del marido) El viejo marido hace una mueca. (imitando la afable conducta de la dama) Pero con talante prometedor acoge la dama al galanteador. (El joven se saca ahora del bolsillo un papel que enseña a la dama.) ¡Ah, ah, ah, ah! ¡Ya lo ha hecho! Veamos cómo acaba todo. (El marido, la mujer y el galanteador dan los tres una vuelta por la plaza. El joven intenta pasar la nota a la muchacha.) Dan los tres algunos pasos; el enamorado, alzando el brazo, distrae al marido con alguna cosa, y el marido, aún moroso, mira hacia arriba… ¡Jugada hecha! La dama ya tiene el papel. (El joven con una mano indicaba algo hacia arriba al viejo marido, y con la otra ha pasado el papel a la dama.) ¡Ah, ah, ah, ah! ¡Ya está! Veamos cómo acaba todo. Tous (riant) Ah! Ah! Ah! Ah! Et voilà, On voit comment ça tournera. (On entend au loin, très au loin, une marche militaire, clairons et fifres. C’est la garde montante qui arrive. Le vieux monsieur et le jeune homme échangent une cordiale poignée de main. Salut respectueux du jeune homme à la dame. Un officier sort du poste. Les soldats du poste vont prendre leurs lances et se rangent en ligne devant le corps de garde. Todos (riendo) ¡Ah, ah, ah, ah! Ya está! Veamos cómo acaba todo. (Se oye a lo lejos, muy lejos, una marcha militar, con clarines y pífanos. Es la guardia entrante que llega. El viejo y el joven intercambian un cordial apretón de manos. Salutación respetuosa del joven a la dama. Un oficial sale del puesto. Los soldados cogen sus lanzas y forman ante el cuerpo de guardia. Los transeúntes a la derecha forman Libreto 83 Les passants à droite forment un groupe pour assister à la parade. La marche militaire se rapproche, se rapproche ... La garde montante débouche enfin venant de la gauche et traverse le pont. Deux clairons et deux fifres d’abord. Puis une bande de petits gamins qui s’efforcent de faire de grandes enjambées pour marcher au pas des dragons. - Aussi petits que possible les enfants. Derrière les enfants, le lieutenant Zuniga et le brigadier Don José, puis les dragons avec leurs lances.) un grupo para asistir al cambio de guardia. La marcha militar se acerca y se oye más y más cerca. La guardia entrante aparece finalmente por la izquierda y atraviesa el puente. Dos cornetas y dos pífanos van delante. Luego les siguen un grupo de niños que intentan dar grandes zancadas para marchar al paso de los soldados, son niños muy pequeños. Tras ellos va el lugarteniente Zuniga y el cabo Don José. Luego siguen los dragones con sus lanzas.) Choeur des gamins Avec la garde montante Nous arrivons, nous voilà Sonne, trompette éclatante, Ta ra ta ta, ta ra ta ta; Nous marchons la tête haute Comme de petits soldats, Marquant sans faire de faute, Une ... deux ... marquant le pas. Les épaules en arrière Et la poitrine en dehors, Les bras de cette manière Tombant tout le long du corps; Avec la garde montante Nous arrivons, nous voilà! Sonne, trompette éclatante, Ta ra ta ta, ta ra ta ta. (La garde montante va se ranger à droite en face de la garde descendante. Dès que les petits gamins qui se sont arrêtes à droite devant les curieux ont fini de chanter, les officiers se saluent de l’épée et se mettent à causer à voix basse. On relève les sentinelles.) Coro de niños Con la guardia entrante llegamos, ya estamos aquí, suena, trompeta estridente, taratatá, taratatá. Marchamos con la cabeza erguida como soldaditos, marcando sin fallo alguno, uno, dos, marcando el paso. Hombros hacia atrás, y sacando pecho, los brazos de esta manera, a lo largo del cuerpo. Con la guardia entrante llegamos, ya estamos aquí, suena, trompeta estridente, taratatá, taratatá. (La guardia entrante se coloca a la derecha, frente a la guardia saliente. Cuando los niños han dejado de cantar, a la derecha, delante de los curiosos, los oficiales se saludan con la espada y empiezan a charlar en voz baja. Relevo de los centinelas.) Moralès (à Don José) Il y a une jolie fille qui est venue te demander. Elle a dit qu’elle reviendrait Moralès (a Don José) Una muchachita linda acaba de preguntar por ti. Ha dicho que volvería. José Une jolie fille? José Una muchacha linda? 84 Libreto Moralès Oui, et gentiment habillée, une jupe bleue, des nattes tombant sur les épaules ... Moralès Sí, y vestida con gracia, falda azul y trenzas largas sobre los hombros. José C’est Micaëla. Ce ne peut être que Micaëla. José Es Micaëla. Sólo puede ser ella. Moralès Elle n’a pas dit son nom. (Les factionnaires sont relevés. Sonneries des clairons. La garde descendante passe devant la garde montante. - Les gamins en troupe reprennent derrière les clairons et les fifres de la garde descendante la place qu’ils occupaient derrière les tambours et les fifres de la garde montante.) Moralès No ha dicho su nombre. (Cambio de la guardia. Suenan los cornetines. La guardia saliente pasa por delante de la guardia entrante. Los niños vuelven a ocupar, tras los cornetas y los pífanos de la guardia saliente, el lugar que ocupaban detrás de los tambores y pífanos de la guardia entrante.) Choeur de gamins Et la garde descendante Rentre chez elle et s’en va. Sonne, trompette éclatante, Ta ra ta ta, ta ta ta ta. Nous marchons la tête haute Comme de petits soldats, Marquant sans faire de faute, Une ... deux ... marquant le pas. Ta ta ta ta, ta ta ta ta, etc. (Soldats, gamins et curieux s’éloignent par le fond; Choeur fifres et clairons vont diminuant. L’officier de la garde montante, pendant ce temps, passe silencieusement l’inspection de ses hommes. Quand le Choeur des gamins et les fifres ont cessé de se faire entendre, le lieutenant dit : «Présentez lances ... Haut lances ... Rompez les rangs». Les dragons vont tous déposer leurs lances dans le râtelier, puis ils rentrent dans le corps de garde. Don José et Zuniga restent seuls en scène.) Coro de niños Y la guardia saliente vuelve a casa y se va. Suena, trompeta estridente, taratatá, taratatá. Marchamos con la cabeza erguida como soldaditos, marcando sin fallo alguno, uno, dos, marcando el paso. Taratatá, taratatá, etc. (Soldados, chavales y curiosos se alejan por el fondo; el Coro de pífanos y cornetas se va apagando. El oficial de la guardia entrante, durante este tiempo, pasa silenciosamente revista a sus hombres. Cuando no se oye más el Coro de niños y de pífanos, el teniente dice: «Presenten lanzas… lanzas arriba… rompan filas». Los dragones van a colocar las lanzas en el armero y luego entran en el cuerpo de guardia. Don José y Zuniga se quedan solos en escena.) Zuniga Dites-moi, brigadier? Zuniga Y dime, cabo… José (se levant) Mon lieutenant. José (levantándose) Teniente… Libreto 85 Zuniga Je ne suis dans le régiment que depuis deux jours et jamais je n’étais venu à Séville. Qu’estce que c’est que ce grand bâtiment? Zuniga Sólo hace dos días que estoy en el regimiento y nunca había venido a Sevilla. ¿Qué es ese edificio tan grande? José C’est la manufacture de tabacs … José La fábrica de tabaco. Zuniga Ce sont des femmes qui travaillent là? Zuniga ¿Allí trabajan sólo mujeres? José Oui, mon lieutenant. Elles n’y sont pas maintenant; tout à l’heure, après leur dîner; elles vont revenir. Et je vous réponds qu’alors il y aura du monde pour les voir passer. José Sí, teniente. Ahora no están, pero volverán enseguida, en cuanto hayan comido. Y os aviso que habrá gente entonces en la plaza para verlas pasar. Zuniga Elles sont beaucoup? Zuniga ¿Son muchas? José Ma foi, elles sont bien quatre ou cinq cents qui roulent des cigares dans une grande salle… José A fe que sí, hay entre cuatrocientas y quinientas que enrollan cigarros den una gran sala. Zuniga Ce doit être curieux. Zuniga Debe resultar curioso. José Oui, mais les hommes ne peuvent pas entrer dans cette salle sans une permission … José Sí, pero los hombres no pueden entrar en la sala sin permiso. Zuniga Ah! Zuniga ¡Ah! José Parce que, lorsqu’il fait chaud, ces ouvrières se mettent à leur aise, surtout les jeunes. José Porque cuando hace calor las obreras van ligeras de ropa, especialmente las jóvenes. Zuniga Il y en a des jeunes? Zuniga ¿Hay jóvenes entre ellas? José Mais oui, mon lieutenant. José Claro, teniente. 86 Libreto Zuniga Et de jolies? Zuniga ¿Y son guapas? José (en riant) Je le suppose ... Mais à vous dire vrai, et bien que j’aie été de garde ici plusieurs fois déjà, je n’en suis pas bien sûr, car je ne les ai jamais beaucoup regardées… José (riéndose) Supongo que sí… Pero para ser sincero, y aunque llevo muchas guardias aquí mismo, no estoy muy seguro, nunca las he observado con detenimiento. Zuniga Allons donc! Zuniga ¡Vamos, hombre! José Que voulez-vous? ... Ces Andalouses me font peur. Je ne suis pas fait à leurs manières, toujours à railler ... jamais un mot de raison … José ¿Qué quiere usted? Estas andaluzas me dan miedo, no estoy hecho a sus maneras, siempre están burlándose, nunca dicen una palabra sensata… Zuniga Et puis nous avons un faible pour les jupes bleues et pour les nattes tombant sur les épaules… Zuniga Y además tenemos debilidad por las faldas azules y las trenzas largas, ¿no? José (riant) Ah! Mon lieutenant a entendu ce que me disait Moralès?… José (riendo) ¡Ah, teniente! Usted ha oído lo que me decía Morales. Zuniga Oui Zuniga Sí. José Je ne le nierai pas ... la jupe bleue, les nattes, c’est le costume de la Navarre ... ça me rappelle le pays . José No lo negaré… las faldas azules y las trenzas son el atuendo usual de Navarra, me recuerdan a mi tierra. Zuniga Vous êtes Navarrais? Zuniga ¿Sois de Navarra? José Et vieux chrétien. Don José Lizarrabengoa, c’est mon nom ... On voulait que je fusse d’église, et l’on m’a fait étudier. Mais je ne profitais guère, j’aimais trop jouer à la paume ... Un jour que j’avais gagné, un gars de l’Alava me chercha José Y cristiano viejo. Don José Lizarrabengoa es como me llamo. Querían que fuese capellán y me hicieron estudiar, pero no sacaba provecho, me gustaba demasiado jugar a pelota vasca. Un día que gané, un chico de Álava me buscó Libreto 87 querelle; j’eus encore l’avantage, mais cela m’obligea de quitter le pays. Je me fis soldat! Je n’avais plus mon père; ma mère me suivit et vint s’établir à dix lieues de Séville ... avec la petite Micaëla ... c’est une orpheline que ma mère a recueillie, et qui n’a pas voulu se séparer d’elle. pelea; fui más fuerte yo, pero ello me obligó a abandonar el país y me hice soldado. Ya no tenía padre, mi madre me siguió y se estableció acá, a diez leguas de Sevilla, con la pequeña Micaëla, una huérfana que mi madre recogió y que no ha querido separarse nunca de ella. Zuniga Et quel âge a-t-elle, la petite Micaëla? Zuniga ¿Qué edad tiene la pequeña Micaëla? José Dix-sept ans… José Diecisiete años. Zuniga Il fallait dire cela tout de suite ... Je comprends maintenant pourquoi vous ne pouvez pas me dire si les ouvrières de la manufacture sont jolies ou laides… (La cloche de la manufacture se fait entendre.) Zuniga Eso se dice enseguida… Ahora entiendo que no podáis decirme si las obreras de la fábrica son bonitas o feas… (Suena la campana de la fábrica.) José Voici la cloche qui sonne, mon lieutenant, et vous allez pouvoir juger par vous-même ... Quant à moi je vais faire une chaîne pour attacher mon épinglette. (La place se remplit de jeunes gens qui viennent se placer sur le passage des cigarières. Les soldats sortent du poste. Don José s’assied sur une chaise, et reste là fort indifférent à toutes ces allées et venues, travaillant à son épinglette.) José Ahora suena la campana, teniente, podrá juzgar usted mismo. Yo voy a hacerme una cadenita para colgar mi agujeta. (La plaza se llena de jóvenes que vienen a ver pasar las cigarreras. Los soldados salen del puesto de guardia. Don José se sienta en una silla y se queda del todo indiferente a todas esas idas y venidas, ocupado en su agujeta.) Choeur La cloche a sonné, nous, des ouvrières Nous venons ici guetter le retour; Et nous vous suivrons, brunes cigarières, En vous murmurant des propos d’amour. (A ce moment paraissent les cigarières, la cigarette aux lèvres. Elles passent sous le pont et descendent lentement en scène.) Voyez-les ... Regards impudents, Mine coquette Fumant toutes du bout des dents La cigarette. Coro La campana ha sonado, nosotros venimos a acechar la vuelta de las obreras. Y os seguiremos, morenas cigarreras, murmurando requiebros de amor. (Aparecen en este instante las cigarreras, un cigarrillo en los labios. Pasan por el puente y bajan lentamente a escena.) Vedlas… Miradas desvergonzadas, aire de coquetas, fumando todas, con un cigarrillo entre los dientes. 88 Libreto Les Cigarières Dans l’air, nous suivons des yeux La fumée, Qui vers les cieux Monte, monte parfumée. Cela monte gentiment À la tête; Tout doucement Cela vous met l’âme en fête. Le doux parler des amants C’est fumée; Leurs transports et leurs serments C’est fumée. Oui c’est fumée, C’est fumée. Cigarreras Por el aire seguimos con la vista, seguimos el humo, el humo que sube hacia el cielo y sube perfumado. Se sube suavemente a la cabeza, y sube lentamente y alegra el espíritu. Las dulces palabras de los amantes son humo, humo; sus pasiones y juramentos son humo, ¡sí, humo, humo! ¡Son humo! Les jeunes gens (aux cigarières) Sans faire les cruelles, Écoutez-nous, les belles Vous que nous adorons, Que nous idolâtrons. Coro (a las cigarreras) No os hagáis las crueles, escuchadnos, preciosas, las que nosotros adoramos, ¡las que idolatramos! Les Cigarières Dans l’air, Nous suivons des yeux la fumée, La fumée. Dans l’air, nous suivons des yeux La fumée Qui monte en tournant vers les cieux! La fumée! La fumée! Cigarreras Por el aire seguimos con la vista el humo, el humo, por el aire seguimos con la vista, el humo, el humo que sube caracoleando hacia el cielo, ¡el humo, el humo! Choeur Mais nous ne voyons pas la Carmencita. Coro Pero no vemos a la Carmencita. Les Cigarières et les jeunes gens La voilà, La voilà, Voilà la Carmencita. (Entre Carmen. Absolument le costume et l’entrée indiqués par Mérimée. Elle a un bouquet de cassie à son corsage et une fleur de cassie dans le coin de la bouche. Trois ou quatre jeunes gens entrent avec Carmen. Ils Cigarreras, Jóvenes ¡Aquí llega, mirad, mirad! ¡Aquí está la Carmencita! (Entra Carmen. Vestida exactamente como dice Mérimée, lleva un ramito de casias en el corpiño y una flor también en la boca. Con ella entran tres o cuatro jóvenes que la siguen, la rodean y le hablan. Ella sólo coquetea con Libreto 89 la suivent, l’entourent, lui parlent. Elle minaude et caquette avec eux. Don José lève la tête. Il regarde Carmen, puis se remet à travailler tranquillement à son épinglette.) ellos. Don José levanta la cabeza, mira a Carmen y luego vuelve a su tarea.) Les jeunes gens (entrés avec Carmen) Carmen, sur tes pas, nous nous pressons tous; Carmen, sois gentille, au moins réponds-nous Et dis-nous quel jour tu nous aimeras. Carmen, dis-nous quel jour tu nous aimeras! Jóvenes (que han entrado con Carmen) Carmen, detrás de ti venimos todos; Carmen, sé gentil, respóndenos al menos, y dinos qué día nos amarás. ¡Carmen, dinos cuándo nos amarás! Carmen (les regardant) Quand je vous aimerai, ma foi, je ne sais pas. Peut-être jamais, peut-être demain; Mais pas aujourd’hui, c’est certain. L’amour est un oiseau rebelle Que nul ne peut apprivoiser, Et c’est bien en vain qu’on l’appelle S’il lui convient de refuser. Rien n’y fait; menace ou prière, L’un parle bien, l’autre se tait; Et c’est l’autre que je préfère, Il n’a rien dit, mais il me plaît. L’amour est enfant de Bohème, Il n’a jamais, jamais connu de loi; Si tu ne m’aimes pas, je t’aime; Si je t’aime, Prends garde à toi! L’oiseau que tu croyais surprendre Battit de l’aile et s’envola L’amour est loin, tu peux l’attendre Tu ne l’attends plus ... il est là Tout autour de toi, vite, vite, Il vient, s’en va, puis il revient Tu crois le tenir, il t’évite, Tu crois l’éviter, il te tient. L’amour est enfant de Bohème, Il n’a jamais connu de loi; Si tu ne m’aimes pas, je t’aime; Si je t’aime, Prends garde à toi! Carmen (mirándoles) ¿Cuándo os amaré? A fe que no lo sé.. Puede que nunca, puede que mañana, pero hoy no, seguro que no. El amor es un pájaro rebelde que nadie puede domesticar; en vano le llamas, si le conviene rehusar. De nada sirven amenazas o ruegos, uno habla bien, el otro calla, y es al otro al que prefiero, no ha dicho nada, pero me gusta. El amor es un niño gitano que jamás ha conocido ley alguna; si tú no me quieres, yo te quiero, y si te quiero, ¡ten cuidado! El pájaro que creías tener apresado batió sus alas y voló. El amor está lejos, ya puedes esperar; y cuando no lo esperas… ¡ahí lo tienes! A tu alrededor, rápido, rápido viene y se va y luego vuelve. Crees que es tuyo y te evita; crees que lo evitas y te tiene. El amor es un niño gitano que jamás ha conocido ley alguna; si tú no me quieres, yo te quiero, y si te quiero, ¡ten cuidado! 90 Libreto Les jeunes gens Carmen, sur tes pas, nous nous pressons tous; Carmen, sois gentille, au moins réponds-nous! Réponds-nous! Réponds-nous! O Carmen! Sois gentille, au moins répondsnous! (Moment de silence. Les jeunes gens entourent Carmen, celle-ci les regarde l’un après l’autre, sort du cercle qu’ils forment autour d’elle et s’en va droit à Don José, qui est toujours occupé de son épinglette.) Jóvenes Carmen, detrás de ti venimos todos; Carmen, sé gentil, respóndenos al menos, ¡danos una respuesta, responde! ¡Oh, Carmen, sé amable, responde al menos! (Momento de silencio. Los jóvenes rodean a Carmen. Ella les mira, uno tras otro, sale del círculo que forman a su alrededor y va directamente hacia Don José, que aún está atareado con su agujeta.) Carmen Eh! compère, qu’est-ce que tu fais là ? Carmen Compadre, ¿qué haces? José Je fais une chaîne avec du fil de laiton, une chaîne pour attacher mon épinglette. José Una cadenita de latón para colgar mi agujeta. Carmen (riant) Ton épinglette, vraiment! Ton épinglette, épinglier de mon âme... (Elle arrache de son corsage la fleur de cassie et la lance à Don José. Il se lève brusquement. La fleur de cassie est tombée à ses pieds. Eclat de rire général.) Carmen (riendo) ¡Vaya, tu agujeta! ¡Tu agujeta, alfiletero de mi alma! (Arranca de su corpiño una flor de casia y la lanza a Don José. Éste se levanta bruscamente, la flor cae a sus pies. Se produce un estallido de risas general.) Choeur L’amour est enfant de Bohème, Il n’a jamais, jamais connu de loi, Si tu ne m’aimes pas, je t’aime! Si je t’aime, prends garde à toi! (La cloche de la manufacture sonne une deuxième fois. Sortie des ouvrières et des jeunes gens. Carmen sort la première en courant et elle entre dans la manufacture. Les jeunes gens sortent à droite et à gauche. Zuniga qui, pendant cette scène bavardait avec deux ou trois ouvrières, les quitte et rentre dans le poste après que les soldats y sont rentrés. Don José reste seul.) Coro El amor es un niño gitano que jamás ha conocido ley alguna; si tú no me quieres, yo te quiero, y si te quiero, ¡ten cuidado! (La campana de la fábrica vuelve a sonar. Las cigarreras entran en el edificio y los jóvenes se van por la derecha y la izquierda. Carmen sale la primera corriendo y entra en la fábrica. Zuniga, que durante la escena hablaba con dos o tres obreras, las deja y entra en el puesto de guardia detrás de los soldados. Don José se queda solo.) Libreto 91 José Qu’est-ce que cela veut dire, ces façons-là? ... Quelle effronterie! ... (en souriant) Tout ça parce que je ne faisais pas attention à elle! Alors, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, elle est venue … (Il regarde la fleur de cassie qui est par terre, à ses pieds. Il la ramasse.) Avec quelle adresse elle me l’a lancée, cette fleur ... là, juste entre les deux yeux ... ça m’a fait l’effet d’une balle qui m’arrivait ... (Il respire le parfum de la fleur.) Comme c’est fort! ... Certainement s’il y a des sorcières, cette fille-là en est une. (Entre Micaëla.) José ¿Qué significa esto? ¡Hay que ver! ¡Qué desvergüenza! (sonriendo) Y todo porque no le hacía caso. Como ocurre con las mujeres y los gatos, que no vienen cuando llamas y vienen cuando no llamas, ella ha venido… (Mira la flor caída en el suelo, a sus pies. La recoge.) Con que destreza me ha lanzado esta flor, justo entre los ojos… Me he hecho el efecto de una bala que me hubiera tocado… (Huele la flor.) ¡Qué fuerte es su perfume, y qué bonita!... Si hay brujas, ésta es una de ellas. (Entra Micaëla.) Micaëla Monsieur le brigadier? Micaëla Señor cabo… José (cachant précipitamment la fleur de cassie) Quoi?… Qu’est-ce que c’est?… Micaëla! …C’est toi… José (ocultando precipitadamente la flor) ¿Qué? ¿Qué ocurre? ¡Micaëla! Eres tú… Micaëla C’est moi! Micaëla Soy yo. José Et tu viens de là-bas? José ¿Vienes de allí? Micaëla Et je viens de là-bas ... C’est votre mère qui m’envoie… Micaëla Vengo de allí, sí… Me envía vuestra madre. José Parle-moi de ma mère! Parle-moi de ma mère! José Háblame de mi madre, ¡háblame de mi madre! Micaëla J’apporte de sa part, fidèle messagère, cette lettre. Micaëla Traigo de su parte, fiel mensajera, esta carta. 92 Libreto José (regardant la lettre) Une lettre. José (mirando la carta) Una carta. Micaëla Et puis un peu d’argent (elle lui remet une petite bourse) Pour ajouter à votre traitement, Et puis Micaëla Y además, un poco de dinero (Le entrega una bolsa.) para añadir a vuestra paga. Y además… José Et puis? José Además ¿qué? Micaëla Et puis? ... Vraiment je n’ose, Et puis ... encore une autre chose Qui vaut mieux que l’argent et qui, Pour un bon fils, Aura sans doute plus de prix. Micaëla Además… No sé si debo… Y además… otra cosa que vale más que el dinero y que, para un hijo, seguro que tiene mucho más valor. José Cette autre chose, quelle est-elle? Parle donc. José Y eso, pues, ¿qué es? Anda, dime. Micaëla Oui, je parlerai; Ce que l’on m’a donné, Je vous le donnerai. Votre mère avec moi sortait de la chapelle, Et c’est alors qu’en m’embrassant, Tu vas, m’a-t-elle dit, t’en aller à la ville: La route n’est pas longue, Une fois à Séville, Tu chercheras mon fils, Mon José, mon enfant Et tu lui diras que sa mère Songe nuit et jour à l’absent Qu’elle regrette et qu’elle espère, Qu’elle pardonne et qu’elle attend; Tout cela, n’est-ce pas? mignonne, De ma part tu le lui diras, Et ce baiser que je te donne De ma part tu le lui rendras. Micaëla Sí, os lo voy a decir, y lo que me ha dado, os daré yo. Vuestra madre, al salir conmigo de la ermita, dándome un beso, me ha dicho: Te vas a ir a la ciudad, el camino no es largo, y una vez en Sevilla, busca a mi hijo, a mi José, mi niño, y le dices que su madre piensa día y noche en el ausente, y que le echa en falta, que le perdona y le espera. Todo eso, ¿verdad, chiquilla?, se lo dirás de mi parte, y este beso que te doy de mi parte le darás. Libreto 93 José (très ému) Un baiser de ma mère? José (emocionado) ¿Un beso de mi madre? Micaëla Un baiser pour son fils. Micaëla Un beso para su hijo. José Un baiser de ma mère? José ¿Un beso de mi madre? Micaëla Un baiser pour son fils! José, je vous le rends, comme je l’ai promis. (Micaëla se hausse un peu sur la pointe des pieds et donne à Don José un baiser bien franc, bien maternel. Don José très ému la laisse faire. Il la regarde bien dans les yeux. Un moment de silence.) Micaëla Un beso para su hijo. José, yo os lo doy como prometí hacer. (Micalea se pone de puntillas y le da a Don José un beso franco y maternal. Don José, emocionado, le deja hacer, mientras la mira fijamente a los ojos. Un instante de silencio.) José (continuant de regarder Micaëla) Ma mère, je la vois Oui je revois mon village! O souvenirs d’autrefois, Doux souvenirs du pays! Doux souvenirs du pays! O souvenirs chéris! Vous remplissez mon coeur De force et de courage. O souvenirs chéris! Ma mère je la vois, je revois mon village! José (todavía mirando a Micaëla) Mi madre, la veo, sí… ¡Vuelvo a ver mi pueblo! ¡Oh, recuerdos de otros tiempos, dulces recuerdos de mi tierra! ¡Dulces recuerdos de la tierra! ¡Oh, recuerdos queridos! Me llenáis el corazón de fuerza y de valor. ¡Oh, recuerdos queridos! ¡Veo a mi madre, sí, veo mi pueblo! Micaëla Sa mère, il la revoit! Il revoit son village! Ô souvenirs d’autrefois! Souvenirs du pays! Vous remplissez son cœur De force et de courage. O souvenirs chéris! Sa mère il la revoit, il revoit son village! Micaëla ¡Ve a su madre, sí! Vuelve a ver su pueblo. ¡Oh, recuerdos de otros tiempos! ¡Recuerdos de la tierra! Llenáis su corazón de fuerza y de valor. ¡Oh, recuerdos queridos! ¡Ve a su madre. sí, ve su pueblo! 94 Libreto José (les yeux fixés sur la manufacture) Qui sait de quel démon J’allais être la proie! Même de loin, Ma mère me défend, Et ce baiser qu’elle m’envoie, Ce baiser qu’elle m’envoie Ecarte le péril et sauve son enfant. José (con los ojos fijos en la fábrica) ¡Quién sabe de qué demonio iba yo a ser la presa! Incluso de lejos, mi madre me protege y este beso me envía, este beso que me llega, aleja el peligro y salva a su hijo. Micaëla Quel démon, quel péril? Je ne comprends pas bien. Que veut dire cela? Micaëla ¿Qué demonio, qué peligro? No entiendo nada, ¿qué significa todo esto? José Rien! Rien! Parlons de toi, la messagère. Tu vas retourner au pays… José ¡Nada, nada! Hablemos de ti, la mensajera, vas a volver al pueblo… Micaëla Oui, ce soir même, Demain je verrai votre mère. Micaëla Sí, esta misma tarde. Mañana veré a vuestra madre. José Tu la verras! Eh bien tu lui diras: Que son fils l’aime et la vénère, Et qu’il se repent aujourd’hui. Il veut que là-bas sa mère Soit contente de lui! Tout cela, n’est-ce pas? mignonne, De ma part, tu le lui diras; Et ce baiser que je te donne, De ma part tu le lui rendras. (Il l’embrasse.) José ¡La verás! Pues le dirás que su hijo la quiere y la venera, y que hoy se arrepiente. Quiere que allí su madre esté contenta de él. Todo esto, ¿verdad, chiquilla?, se lo dirás de mi parte, y este beso que te doy de mi parte le darás. (La besa.) Micaëla Oui, je vous le promets De la part de son fils José, je le rendrai Comme je l’ai promis. Micaëla Sí, os lo prometo, de parte de su hijo José, le devolveré el beso tal como he prometido. José Ma mère, je la vois! etc. José Mi madre, sí, la veo. etc. Libreto 95 Micaëla Sa mère, il la revoit! etc. Micaëla Ve a su madre, etc. José Attends un peu maintenant ... je vais lire sa lettre… José Espera un poco… voy a leer la carta. Micaëla J’attendrai, monsieur le brigadier, j’attendrai… Micaëla Esperaré, señor cabo, esperaré. José (embrassant la lettre avant de commencer à lire) Ah! (lisant) «Continue à te bien conduire, mon enfant ! L’on t’a promis de te faire maréchal des logis, peut être alors pourras-tu quitter le service, te faire donner une petite place et revenir près de moi ? Je commence à me faire vieille. Tu reviendras près de moi et tu te marieras, nous n’aurions pas, je pense, grand’peine à te trouver une femme, et je sais bien, quant à moi, celle que je te conseillerais de choisir : c’est tout justement celle qui te porte ma lettre… Il n’y en a pas de plus sage et de plus gentille…» José (besando la carta antes de empezar a leer) ¡Ah! (leyendo) «¡Continúa portándote bien, hijo mío! Te han prometido hacerte inspector de vivienda, entonces podrás quizás abandonar el servicio, obtener una plaza y volver a mi lado. Ya estoy envejeciendo. Volverás a mi lado y te casarás, creo que no va a ser difícil encontrarte esposa, y bien sé yo a quien te aconsejaría escoger: justo la que te ha traído la carta… ninguna encontrarás más sensata y dulce…» Micaëla (l’interrompant) Il vaut mieux que je ne sois pas là!… Micaëla (interrumpiéndole) Es mejor que me vaya. José Pourquoi donc?… José Pero ¿por qué? Micaëla (troublée) Je viens de me rappeler que votre mère m’a chargé de quelques petits achats: je vais m’en occuper tout de suite. Micaëla (turbada) Ahora recuerdo que vuestra madre me encargó unas compras: voy a ocuparme de ello ahora mismo. José Attends un peu, j’ai fini… José Espera un poco, ya termino… 96 Libreto Micaëla Vous finirez quand je ne serai plus là… Micaëla Ya acabaréis cuando no esté. José Mais la réponse? José ¿Y la respuesta? Micaëla Je reviendrai la prendre avant mon départ et je la porterai à votre mère ... Adieu! Micaëla Volveré a buscarla antes de irme y la llevaré a vuestra madre… ¡Adiós! José Micaëla! José ¡Micaëla! Micaëla Non, non ... je reviendrai, j’aime mieux cela ... je reviendrai, je reviendrai ... (Elle sort.) Micaëla No, no… ya volveré, lo prefiero… ya volveré, volveré… (Se va.) José (lisant) «Il n’y en a pas de plus sage, ni de plus gentille ... il n’y en a pas surtout qui t’aime davantage ... et si tu voulais ...» Oui, ma mère, oui, je ferai ce que tu désires… J’épouserai Mïcaëla, et quant à cette bohémienne, avec ses fleurs qui ensorcellent … (Au moment où il va arracher les fleurs de sa veste, grande rumeur dans l’intérieur de la manufacture. Entre Zuniga suivi des soldats.) José (leyendo) «Ninguna encontrarás más sensata y dulce, ni que te quiera más… I si tu quisieras…» Sí, madre, haré lo que deseas, me casaré con Micaëla, y en cuanto a esa gitana, con sus flores embrujadoras… (Justo cuando va a arrancarse la flor de la casaca, se oye gran rumor en el interior de la fábrica. Entra Zuniga seguido de soldados.) Zuniga Que se passe-t-il donc là-bas? (Les ouvrières sortent rapidement et en désordre.) Zuniga ¡Qué ocurre allí? (Las obreras salen corriendo y en desorden.) Choeur des cigarières Au secours! N’entendez-vous pas? Au secours, messieurs les soldats! Coro de Cigarreras ¡Socorro! ¿Que no oís? ¡Socorro, señores soldados! Premier groupe de femmes C’est la Carmencita. Primer grupo de mujeres ¡Es la Carmencita! Deuxième groupe de femmes Non, non, ce n’est pas elle. Segundo grupo ¡No, no, no es ella! Libreto 97 Premier groupe C’est la Carmencita. Primer grupo ¡Es la Carmencita! Deuxième groupe Non, non, ce n’est pas elle! Pas du tout! Segundo grupo ¡No, no es ella! ¡En absoluto! Premier groupe C’est elle! Si fait, si fait c’est elle! Elle a porté les premiers coups. Primer grupo ¡Es ella, pues claro que sí! ¡Ha empezado ella, ya lo creo! Toutes les femmes (entourant le lieutenant) Ne les écoutez pas, monsieur, écoutez-nous, Ecoutez-nous, monsieur, écoutez-nous! Todas las mujeres (rodeando al teniente) No las escuchéis, señor, escúchanos a nosotras. ¡Escúchanos, señor, escúchanos a nosotras! Premier groupe (elles tirent l’officier de leur côté) La Manuelita disait Et répétait à voix haute Qu’elle achèterait sans faute Un âne qui lui plaisait. Primer grupo ((tirando del teniente hacia ellas) La Manuelita decía, y lo repetía en voz alta, que se compraría sin falta un burro que le gustaba. Deuxième groupe (même jeu) Alors la Carmencita Railleuse à son ordinaire, Dit: Un âne, pour quoi faire? Un balai te suffira. Segundo grupo (haciendo lo mismo) Y entonces la Carmencita, burlona como es habitual, le dice: ¿Un burro? ¿Y para qué? Con una escoba tienes bastante. Premier groupe Manuelita riposta Et dit à sa camarade: Pour certaine promenade Mon âne te servira. Primer grupo La Manuelita responde y le dice a su compañera: Para según qué paseo mi burro te servirá. Deuxième groupe Et ce jour-là tu pourras A bon droit faire la fière; Deux laquais suivront derrière T’émouchant à tour de bras. Segundo grupo Y ese día podrás hacerte la altiva con todo derecho; dos lacayos tendrás detrás espantándote las moscas. Toutes les femmes Là-dessus toutes les deux Se sont prises aux cheveux. Todas las mujeres Y dicho lo cual, las dos anduvieron a la greña. 98 Libreto Zuniga Au diable tout ce bavardage. (à Don José) Prenez, José, deux hommes avec vous Et voyez là-dedans qui cause ce tapage. Zuniga ¡Al diablo el parloteo! (a Don José) José, tomad a dos hombres e id a ver quién causa ese alboroto. Premier groupe C’est la Carmencita! Primer grupo Es la Carmencita. Deuxième groupe Non, non ce n’est pas elle! Segundo grupo No, no, no es ella. Premier groupe Si fait, si fait c’est elle! Primer grupo Ya lo creo que sí. Deuxième groupe Pas du tout! Segundo grupo ¡Que no! Premier groupe Elle a porté les premiers coups! Primer grupo Ella ha empezado. Zuniga Holà! Eloignez-moi toutes ces femmes-là. Zuniga ¡Basta! ¡Quitádmelas de la vista! Toutes les femmes Monsieur! Monsieur! Ne les écoutez pas! Monsieur, écoutez nous! Todas las mujeres Señor, señor, ¡no las escuchéis! ¡Escuchadnos a nosotras! Premier groupe C’est la Carmencita qui porta les premiers coups! Primer grupo Ha empezado la Carmencita. Deuxième groupe C’est la Manuelita qui porta les premiers coups! Segundo grupo Ha empezado la Manuelita. Premier groupe La Carmencita! Primer grupo ¡La Carmencita! Deuxième groupe La Manuelita! Segundo grupo ¡La Manuelita! Libreto 99 Premier groupe Si! Si! Si! Si! Elle a porté les premiers coups! C’est la Carmencita! Primer grupo ¡Sí, sí, sí, sí! Ella ha empezado, la Carmencita. Deuxième groupe Non! Non! Non! Non! Elle a porté les premiers coups! C’est la Manuelita! (Les soldats réussissent enfin à repousser les cigarières. Les femmes sont maintenues à distance autour de la place par une haie de dragons. Carmen paraît, sur la porte de la manufacture, amenée par Don José et suivie par deux dragons.) Segundo grupo ¡No, no, no, no! Ha empezado ella, la Manuelita. (Los soldados consiguen mantenerlas a distancia; una hilera de dragones las mantiene a raya en torno a la plaza. Aparece Carmen en la puerta de la fábrica, conducida por Don José y seguida por dos dragones.) Zuniga Voyons, brigadier ... Maintenant que nous avons un peu de silence ... qu’est-ce que vous avez trouvé là-dedans? Zuniga ¡Veamos, cabo, ahora que tenemos un poco de silencio! ¿Qué habéis encontrado allí dentro? José J’ai d’abord trouvé trois cents femmes, criant, hurlant, gesticulant, faisant un tapage à ne pas entendre Dieu tonner ... D’un côté il y en avait une, les quatre fers en l’air, qui criait: Confession! Confession! ... Je suis morte… Elle avait sur la figure un X qu’on venait de lui marquer en deux coups de couteau ... en face de la blessée j’ai vu ... (Il s’arrête sur un regard de Carmen.) José Para empezar, trescientas mujeres gritando, aullando, gesticulando, en medio de un alboroto que no se habría oído a Dios tronar. A un lado estaba una, boca arriba, gritando: «¡Confesión, confesión! Muerta soy.» Tenía en la cara una X acabada de hacer con dos cuchilladas, y delante de la mujer herida he visto a… (Se detiene por la mirada de Carmen.) Zuniga Eh bien? Zuniga ¿Y qué? José J’ai vu mademoiselle ... José He visto a la señorita… Zuniga Mademoiselle Carmencita? Zuniga ¿La señorita Carmencita? José Oui, mon lieutenant José ¡Sí, teniente! Zuniga Et qu’est-ce qu’elle disait, Mademoiselle Carmencita? Zuniga ¿Y qué decía la señorita Carmencita? 100 Libreto José Elle ne disait rien, mon lieutenant, elle serrait les dents et roulait des yeux comme un caméléon. José Nada decía, teniente, apretaba los dientes y hacía rodar los ojos como un camaleón. Carmen On m’avait provoquée... je n’ai fait que me défendre… Monsieur le brigadier vous le dira ... (à José) N’est-ce pas, monsieur le brigadier? Carmen Me habían provocado, no hice sino defenderme… El señor cabo os lo dirá. (a Don José) ¿No es cierto, señor cabo? José (après un moment d’hésitation) Tout ce que j’ai pu comprendre au milieu du bruit, c’est qu’une discussion s’était élevée entre ces deux dames, et qu’à la suite de cette discussion, mademoiselle, avec le couteau dont elle coupait le bout des cigares, avait commencé à dessiner des croix de saint André sur le visage de sa camarade . (Zuniga regarde Carmen; celle-ci, après un regard à Don José et un très léger haussement d’épaules, est redevenue impassible.) Le cas m’a paru clair. J’ai prié mademoiselle de me suivre…Elle a d’abord fait un mouvement comme pour résister ... puis elle s’est résignée ... et m’a suivi, douce comme un mouton! José (tras un momento de vacilación) Todo lo que pude oír en medio del alboroto es que se había elevado una discusión entre estas dos damas, y que, resultado de tal discusión, la señorita, con el cuchillo de cortar el extremo de los cigarros, se había puesto a dibujar cruces de San Andrés en la cara de su compañera. (Zuniga mira a Carmen, la cual, tras una mirada a Don José y encogerse de hombros, se ha quedado impasible.) El caso me parece claro. He rogado a la señorita que me acompañara… Primero se ha resistido un poco, pero luego se ha resignado, y me ha seguido mansa como un corderito. Zuniga Et la blessure de l’autre femme? Zuniga ¿Y la herida de la otra mujer? José Très légère, mon lieutenant, deux balafres à fleur de peau. José Muy leve, teniente, dos rasguños más bien. Zuniga (à Carmen) Eh bien! La belle, vous avez entendu le brigadier? ... (à José) Je n’ai pas besoin de vous demander si vous avez dit la vérité. Zuniga (a Carmen) Muy bien, ya has oído al cabo, preciosa. (a Don José) No es preciso que pregunte si decís la verdad. Libreto 101 José Foi de Navarrais, Mon lieutenant! (Carmen se retourne brusquement et regarde encore une fois José.) José ¡Palabra de navarro, teniente! (Carmen se vuelve bruscamente y mira de nuevo a Don José.) Zuniga (à Carmen) Eh bien! ... Vous avez entendu? ... Avezvous quelque chose à répondre? ... Parlez, j’attends… (Carmen, au lieu de répondre se met à fredonner.) Zuniga (a Carmen) ¿Lo has oído? ¿Tienes algo que decir? Habla pues… (Carmen en lugar de responder se pone a canturrear.) Carmen Tra la la la la la la la Coupe-moi, brûle-moi, Je ne te dirai rien, Tra la la la la la la la Je brave tout, le feu, le fer Et le ciel même. Carmen Tra la la la la la la. Córtame, quémame, nada voy a decir, tra la la la la la la, todo lo desafío, el fuego, el hierro e incluso el cielo. Zuniga Ce ne sont pas des chansons que je te demande, c’est une réponse. Zuniga No te pido canciones, sino respuestas. Carmen Tra la la la la la la la Mon secret je le garde et je le garde bien: Tra la la la la la la la J’en aime un autre et meurs en disant que je l’aime. Carmen Tra la la la la la la la, mi secreto me guardo, y lo guardo bien, tra la la la la la la la, quiero a otro y moriré diciendo que le amo. Zuniga Ah! Ah! Nous le prenons sur ce ton-là ... (à José) Ce qui est sûr, n’est-ce pas, c’est qu’il y eut des coups de couteau, et que c’est elle qui les a donnés . (En ce moment cinq ou six femmes à droite réussissent à forcer la ligne des factionnaires et se précipitent sur la scène en criant: «Oui, oui, c’est elle! ... Une de ces femmes se trouve près de Carmen. Celle-ci lève la main Zuniga ¡Ah, ah! Así que esas tenemos… (a Don José) Lo que es seguro es que hubo cuchilladas y que ella las dio. (En este momento, cinco o seis mujeres consiguen forzar el cordón de soldados y se precipitan gritando: «¡Sí, sí, ha sido ella!» Una de estas mujeres se halla cerca de Carmen, que levanta la mano para echársele encima. Don José detiene a Carmen. Los 102 Libreto et veut se jeter sur la femme. Don José arrête Carmen. Les soldats écartent les femmes, et les repoussent cette fois tout à fait hors de la scène. Quelques sentinelles continuent à rester en vue gardant les abords de la place.) soldados apartan a las mujeres y las obligan a abandonar incluso la escena. Algunos centinelas continúan vigilando los accesos a la plaza.) Zuniga (à Carmen) Eh! Eh! Vous avez la main leste décidément. aux soldats trouvez-moi une corde. (Moment de silence pendant lequel Carmen se remet à fredonner de la façon la plus impertinente en regardant l’officier.) Zuniga (a Carmen) ¡Eh! Tienes rápida la mano en verdad. (a los soldados) Traedme una cuerda. (Silencio, Carmen vuelve a canturrear de forma muy impertinente, mirando al oficial.) Un soldat (apportant une corde) Voilà, mon lieutenant. Soldado (llevando la cuerda) Aquí la tenéis, teniente. Zuniga (à Don José) Prenez et attachez-moi ces deux jolies mains. (Carmen, sans faire la moindre résistance, tend en souriant ses deux mains à Don José.) C’est dommage vraiment, car elle est gentille ... Mais si gentille que vous soyez, vous n’en irez pas moins faire un tour en prison. Vous pourrez y chanter vos chansons de bohémienne. Le porte-clefs vous dira ce qu’il en pense. (Les mains de Carmen sont liées, on la fait asseoir sur un escabeau devant le corps de garde. Elle reste là immobile, les yeux à terre.) Je vais écrire l’ordre. (à Don José) C’est vous qui la conduirez … (Il sort.) (Un petit moment de silence. Carmen lève les yeux et regarde Don José. Celui-ci se détourne, s’éloigne de quelques pas, puis revient à Carmen qui le regarde toujours.) Zuniga (a Don José) Tomad y atad esas bellas manos. (Carmen, sin ofrecer resistencia, tiende sonriendo sus manos hacia Don José.) Y es una lástima, realmente, porque es preciosa. Pero aunque lo seas vas a dar un paseo por la cárcel. Allí podrás cantar esas canciones gitanas. El carcelero te dirá lo que piensa de ellas. (Una vez atadas las manos, la sientan en un taburete ante el cuerpo de guardia. Ella se queda inmóvil, con la mirada hacia el suelo.) Voy a escribir la orden. (a Don José) Usted la llevará… (Sale.) (Un instante de silencio. Carmen levanta la vista y mira a Don José. Este aparta la mirada y se aleja unos cuantos pasos, luego vuelve a donde está Carmen, que sigue mirándole.) Carmen Où me conduirez-vous?... Carmen ¿A dónde me vais a llevar? Libreto 103 José À la prison, ma pauvre enfant ... José A la prisión, pobre muchacha. Carmen Hélas! que deviendrai-je? Seigneur officier, ayez pitié de moi ... Vous êtes si gentil ... (José ne répond pas, s’éloigne et revient, toujours sous le regard de Carmen.) Cette corde, comme vous l’avez serrée… J’ai les poignets brisés. Carmen ¡Ay de mí! ¿Qué me va a pasar? Señor oficial, tened piedad de mí… sois tan amable… (Don José no responde, se aleja y vuelve, siempre bajo la mirada de Carmen.) Habéis estrechado demasiado la cuerda… me lastima las muñecas. José (s’approchant de Carmen) Si elle vous blesse, je puis la desserrer ... Le lieutenant m’a dit de vous attacher les mains ... il ne m’a pas dit… (Il desserre la corde.) José (acercándose a Carmen) Si os daña la piel, puedo aflojarla. El teniente ha dicho que os ate las manos… no que… (Afloja la cuerda.) Carmen (bas) Laisse-moi m’échapper, je te donnerai un morceau de la bar lachi, une petite pierre qui te fera aimer de toutes les femmes. Carmen (en voz baja) Déjame escapar y te daré un poco de bar lachí, una piedra que hará que todas las mujeres se enamoren de ti. José (s’éloignant) Nous ne sommes pas ici pour dire des balivernes ... Il faut aller à la prison. C’est la consigne, et il n’y a pas de remèdes. (Silence.) José (alejándose) No estamos aquí para bobadas… A la cárcel directamente. Son las órdenes, y no hay manera de evitarlo. (Silencio.) Carmen Tout à l’heure vous avez dit: foi de Navarrais ... vous êtes des Provinces? … Carmen Hace un instante habéis dicho: palabra de navarro. ¿Sois de provincias? José Je suis d’Elizondo… José Soy de Elizondo… Carmen Et moi d’Etchalar… Carmen Y yo de Echalar. José (s’arrêtant) José (sorprendido) 104 Libreto D’Etchalar! ... c’est à quatre heures d’Elizondo, Etchalar. ¿De Echalar?... ¡Si está a sólo cuatro horas de Elizondo, Echalar! Carmen Oui, c’est là que je suis née… J’ai été emmenée par des bohémiens à Séville. Je travaillais à la manufacture pour gagner de quoi retourner en Navarre, près de ma pauvre mère qui n’a que moi pour soutien ... On m’a insultée parce que je ne suis pas de ce pays de filous, de marchands d’oranges pourries, et ces coquines se sont mises contre moi parce que je leur ai dit que tous leurs Jacques de Séville avec leurs couteaux ne feraient pas peur à un gars de chez nous avec son béret bleu et son maquila. Camarade, mon ami, ne ferez-vous rien pour une payse? Carmen Sí, allí nací. Unos gitanos me trajeron a Sevilla. Trabajaba en la fábrica para pagarme el viaje de vuelta a Navarra, al lado de mi madre, que no tiene otro sostén. Me han insultado porque no soy de esta tierra de estafadores, de vendedores de naranjas podridas. Y esas bribonas me tienen ojeriza porque les he dicho que todos sus machos sevillanos con sus navajas no dan miedo a un mozarrón de los nuestros con su boina azul y su maquila. Camarada, amigo mío, ¿no vais a hacer nada por una paisana vuestra? José Vous êtes Navarraise, vous? José ¿Sois de Navarra? Carmen Sans doute. Carmen Pues claro. José Allons donc ... il n’y a pas un mot de vrai ... vos yeux seuls, votre bouche, votre teint ... Tout vous dit bohémienne… José ¡Vamos, anda! No hay ni un ápice de verdad en eso… Los ojos, la boca, el tono de piel, todo os descubre como gitana. Carmen Bohémienne, tu crois? Carmen Gitana, ¿tú crees? José J’en suis sûr… José Estoy seguro. Carmen Au fait, je suis bien bonne de me donner la peine de mentir ... Oui, je suis bohémienne, mais tu n’en feras pas moins ce que je te demande ... Tu le feras parce que tu m’aimes… Carmen Bueno, no voy a ganar nada, tomándome la molestia de mentir. Sí, soy gitana, pero no por eso dejarás de hacer lo que te pido… Y lo harás porque me quieres. José Moi! José ¿Yo? Libreto 105 Carmen Eh! oui, tu m’aimes ... ne me dis pas non, je m’y connais! Tes égards, la facon dont tu me parles. Et cette fleur que tu as gardée. Oh! Tu peux la jeter maintenant ... cela n’y fera rien. Elle est restée assez de temps sur ton coeur; le charme a opéré ... Carmen Pues claro que me quieres, no digas que no. Bien lo sé yo. Tus delicadezas, tu manera de hablarme y la flor que te has quedado. ¡Oh, sí, ya puedes tirarla ahora, ya! De nada sirve, ya la has tenido lo bastante sobre el corazón, el embrujo se ha producido. José (avec colère) Ne me parle plus, tu entends, je te défends de me parler… José (montando en cólera) No digas nada más, ¿lo oyes? ¡Te prohíbo que me hables! Carmen C’est très bien, seigneur officier. Vous me défendez de parler, je ne parlerai plus. Près des remparts de Séville, Chez mon ami Lillas Pastia, J’irai danser la séguedille Et boire du Manzanilla! J’irai chez mon ami Lillas Pastia. Oui, mais toute seule on s’ennuie, Et les vrais plaisirs sont à deux . Donc pour me tenir compagnie, J’emmènerai mon amoureux Mon amoureux! ... Il est au diable Je l’ai mis à la porte hier. Mon pauvre cœur très consolable, Mon cœur est libre comme l’air. J’ai des galants à la douzaine, Mais ils ne sont pas à mon gré; Voici la fin de la semaine, Qui veut m’aimer je l’aimerai. Qui veut mon âme ... elle est à prendre. Vous arrivez au bon moment, Je n’ai guère le temps d’attendre, Car avec mon nouvel amant Près des remparts de Séville. Chez mon ami Lillas Pastia, J’irai danser la séguedille Et boire du Manzanilla. Oui, j’irai chez mon ami Lillas Pastia! Carmen Muy bien, señor oficial, muy bien. Si no puedo hablar, cantaré. Cerca de los muros de Sevilla, en casa de mi amigo Lillas Pastia, iré a bailar la seguidilla y a beber manzanilla. ¡Iré a casa de mi amigo Lillas Pastia! Sí, pero sola me aburro y los auténticos placeres son cosa de dos. Y para que me haga compañía voy a llevar a mi enamorado, mi enamorado… ¡Se ha ido al diablo! Le puse de patitas en la calle ayer… Mi pobre corazón tan consolable, mi corazón es libre como el aire. Tengo galanteadores por docenas, pero no son de mi agrado. Se está terminando la semana, voy a amar a quien quiera amarme, quien quiera mi alma… sólo tiene que cogerla. Llegáis en buen momento, no tengo a penas tiempo de esperar, porque con mi nuevo amante cerca de los muros de Sevilla, en casa de mi amigo Lillas Pastia, iré a bailar la seguidilla y a beber manzanilla. ¡Sí, iré a casa de mi amigo Lillas Pastia! 106 Libreto José Tais-toi, je t’avais dit de ne pas me parler. José ¡Cállate, te había dicho que no me hablaras! Carmen Je ne te parle pas ... je chante pour moi-même, Et je pense ... il n’est pas défendu de penser, Je pense à certain officier qui m’aime, Et qu’à mon tour, oui qu’à mon tour Je pourrais bien aimer! Carmen No hablo contigo… canto para mí, y pienso… No está prohibido pensar. Y pienso en cierto oficial que me ama y que incluso yo misma, yo, sí, podría a mi vez amar mucho. José Carmen! José ¡Carmen! Carmen Mon officier n’est pas un capitaine, Pas même un lieutenant, Il n’est que brigadier. Mais c’est assez pour une bohémienne, Et je daigne m’en contenter! Carmen Mi oficial no es capitán, ni es teniente, no es más que un cabo. Pero basta para una gitana y me digno contentarme con ello. José (déliant la corde qui attache les mains de Carmen) Carmen, je suis comme un homme ivre, Si je cède, si je me livre, Ta promesse, tu la tiendras. Ah! Si je t’aime, Carmen, Carmen tu m’aimeras. José (desatando la cuerda que ata las manos de Carmen) Carmen, soy como un hombre ebrio, si cedo, si me entrego, vas a mantener tu promesa. ¡Ah, si te amo, Carmen, Carmen me amarás tú! Carmen Oui… Carmen Sí… José Chez Lillas Pastia. José En casa de Lillas Pastia. Carmen Nous danserons la séguedille en buvant du manzanilla. Carmen Bailaremos la seguidilla, bebiendo manzanilla. José Tu le promets! Carmen! Tu le promets! José Me lo has prometido. Libreto 107 Carmen Ah! Près des remparts de Séville Chez mon ami Lillas Pastia, Nous danserons la séguedille Et boirons du Manzanilla. Tra la la la la la la la la la la! Carmen ¡Ah! Cerca de los muros de Sevilla, en casa de mi amigo Lillas Pastia, bailaremos la seguidilla y beberemos manzanilla. ¡Tra la la la la la la! José Le lieutenant! ... Prenez garde. (Carmen va se replacer sur son escabeau, les mains derrière le dos. Rentre Zuniga.) José ¡El teniente! ¡Cuidado! (Carmen vuelve a sentarse en el taburete, con las manos detrás de la espalda. Entra Zuniga.) Zuniga Voici l’ordre, partez et faites bonne garde… Zuniga Aquí está la orden, id y buena guardia. Carmen (bas, à José) En chemin je te pousserai, je te pousserai Aussi fort que je le pourrai Laisse-toi renverser ... le reste me regarde! (Elle se place entre les deux dragons. José à côté d’elle. Les femmes et les bourgeois pendant ce temps sont rentrés en scène toujours maintenus à distance par les dragons. Carmen traverse la scène de gauche à droite allant vers le pont...) L’amour est enfant de Bohème, Il n’a jamais connu de loi; Si tu ne m’aimes pas, je t’aime, Si je t’aime, prends garde à toi. (En arrivant à l’entrée du pont à droite, Carmen pousse José qui se laisse renverser. Confusion, désordre, Carmen s’enfuit. Arrivée au milieu du pont, elle s’arrête un instant, jette sa corde à la volée par-dessus le parapet du pont et se sauve pendant que sur la scène, avec de grands éclats de rire, les Cigarières entourent le lieutenant.) Carmen (en voz baja, a Don José) Por el camino te daré un empujón, un empujón tan fuerte como pueda, ¡tú déjate caer… el resto es cosa mía! (Se sitúa entre dos dragones, con Don José al lado. Las mujeres y los burgueses mientras han ido volviendo a escena, pero los dragones aún les mantienen a distancia. Carmen atraviesa la escena de izquierda a derecha y va hacia el puente.) El amor es un niño gitano que jamás ha conocido ley alguna; si tú no me quieres, yo te quiero, y si te quiero, ¡ten cuidado! (Al llegar a la entrada del puente a la derecha, Carmen da un empujón a Don José, que se deja caer. Confusión y desorden. Carmen huye. Cuando está a medio puente, se detiene, lanza su cuerda por encima del parapeto y desaparece, mientras en escena, con grandes risotadas, las cigarreras rodean al teniente.) 108 Libreto Entracte Entreacto DEUXIÈME ACTE ACTO II La taverne de Lillas Pastia. Tables à droite et à gauche. Carmen, Mercédès, Frasquita, le lieutenant Zuniga, Moralès et un lieutenant. C’est la fin d’un dîner. La table est en désordre. Les officiers et les bohémiens raclent de la guitare dans un coin de la taverne et deux bohémiennes, au milieu de la scène, dansent. Carmen est assise regardant danser les bohémiennes, le lieutenant lui parle bas, mais elle ne fait aucune attention à lui. Elle se lève tout à coup et se met à chanter. La taberna de Lillas Pastia. Mesas a izquierda y derecha. Carmen, Mercédès, Frasquita, el lugarteniente Zuniga, Morales y otro teniente. Al final de la cena, con la mesa desordenada. Los oficiales y los gitanos tocan la guitarra en un rincón de la taberna y dos gitanas, en mitad de la escena, bailan. Carmen está sentada, viéndolas bailar, el teniente le habla en voz baja, pero ella no le hace el menor caso. Se levanta de repente y se pone a bailar. Carmen Les tringles des sistres tintaient Avec un éclat métallique. Et sur cette étrange musique Les zingarellas se levaient. Tambours de basque allaient leur train. Et les guitares forcenées Grinçaient sous des mains obstinées, Même chanson, même refrain. Tra la la la la la la, Tra la la la la. (Sur ce refrain, les bohémiennes dansent.) Carmen Las barritas de los sistros tintineaban con un sonido metálico y con esta extraña música se levantaban la gitanillas. Las panderetas no cesaban y las guitarras descontroladas rechinaban bajo manos obstinadas, la misma canción, el mismo estribillo. Tra la la la la, tra la la la la la (Con este estribillo bailan las gitanas.) Carmen, Frasquita et Mercédès Tra la la la la, Tra la la la la. Carmen, Frasquita, Mercédès Tra la la la la la, tra la la la la la la. Carmen Les anneaux de cuivre et d’argent Reluisaient sur les peaux bistrées; D’orange ou de rouge zébrées Les étoffes flottaient au vent: La danse au chant se mariait D’abord indécise et timide. Plus vive ensuite et plus rapide, Cela montait, montait, montait! Tra la la la la la la la, Tra la la la la la. Carmen Los anillos de cobre y de plata relucían sobre las pieles morenas, de naranja o de rojo listadas, los mantones al viento flotaban; la danza al canto se unía, al principio indecisa y tímida, luego más vivaz y más rápida, iba subiendo, subiendo, subiendo… Tra la la la la la la la, tra la la la la la. Carmen, Frasquita et Mercédès Tra la la la la, Tra la la la la. Carmen, Frasquita, Mercédès Tra la la la la la, tra la la la la la la. Libreto 109 Carmen Les bohémiens à tour de bras, De leurs instruments faisaient rage, Et cet éblouissant tapage, Ensorcelait les zingaras! Sous le rythme de la chanson, Ardentes, folles, enfiévrées, Elles se laissaient, enivrées, Emporter par le tourbillon! Tra la la la la la la, Tra la la la la. Carmen Los gitanos con todas las fuerzas furiosamente tocaban sus instrumentos y ese alboroto deslumbrador ¡embrujaba a las gitanas! Al ritmo de la canción, ardientes, locas, enfebrecidas, se dejaban llevar, embriagadas, por el torbellino. Tra la la la la la, tra la la la la la la. Carmen, Frasquita et Mercédès Tra la la la la, Tra la la la la. (Mouvement de danse très rapide, très violent. Carmen elle-même danse et vient, avec les dernières notes de l’orchestre, tomber haletante sur un banc de la taverne. Après la danse, Lillas Pastia se met à tourner autour des officiers d’un air embarrassé.) Carmen, Frasquita, Mercédès Tra la la la la la, tra la la la la la la. (Movimiento de danza muy rápido, incluso frenético. Carmen también baila y termina, con las últimas notas de la orquesta, dejándose caer en uno de los bancos. Tras el baile, Lillas Pastia da vueltas, incómodo, alrededor de los oficiales.) Zuniga Vous avez quelque chose à nous dire, maître Lillas Pastia? Zuniga ¿Queréis decirnos algo, maese Lillas Pastia? Pastia Mon Dieu, messieurs… Pastia Por Dios, señores… Moralès Parle, voyons… Moralès Anda, dinos… Pastia Il commence à se faire tard ... et je suis, plus que personne, obligé d’observer les règlements. Monsieur le corrégidor étant assez mal disposé à mon égard ... je ne sais pas pourquoi il est mal disposé ... Pastia Se va haciendo tarde, y estoy obligado, más que otros, a observar los reglamentos. El señor corregidor no me tiene ninguna simpatía… no sé porque la toma conmigo. Zuniga Je le sais très bien, moi. C’est parce que ton auberge est le rendez-vous ordinaire de tous les contrebandiers de la province. Zuniga Yo sí que lo sé. Es porque en vuestro local se dan cita habitualmente todos los contrabandistas del lugar. Pastia Que ce soit pour cette raison ou pour une Pastia Sea por esta o por otra razón, debo ir con 110 Libreto autre, je suis obligé de prendre garde ... or, je vous le répète, il commence à se faire tard. cuidado… Os lo repito, se está haciendo tarde. Moralès Cela veut dire que tu nous mets à la porte!… Moralès ¿Eso significa que nos echas de aquí? Pastia Oh! non, messieurs les officiers ... oh! non ... je vous fais seulement observer que mon auberge devrait être fermée depuis dix minutes … Pastia ¡Oh, no, señores oficiales, no! Sólo os hago saber que mi local debería estar cerrado desde hace diez minutos. Zuniga Dieu sait ce qui s’y passe dans ton auberge une fois qu’elle est fermée… Zuniga Dios sabe lo que ocurre en tu local una vez cerrado. Pastia Oh! mon lieutenant … Pastia ¡Oh, teniente! Zuniga Enfin, nous avons encore, avant l’appel, le temps d’aller passer une heure au théâtre ... vous y viendrez avec nous, n’est-ce pas, les belles? (Pastia fait signe aux bohémiennes de refuser.) Zuniga Bueno, queda tiempo antes del toque de retreta para ir al teatro… Venid con nosotros, ¿os apetece, no es cierto, guapas? (Pastia hace señal a las gitanas para que se nieguen a ir.) Frasquita Non, messieurs les officiers, non, nous restons ici, nous. Frasquita No, señores oficiales, nosotras nos quedamos aquí. Zuniga Comment, vous ne viendrez pas Zuniga ¿Cómo, no vais a venir? Mercédès C’est impossible ... Mercédès Es imposible. Moralès Mercédès! Moralès ¡Mercédès! Mercédès Je regrette … Mercédès Lo siento. Moralès Frasquita! … Moralès ¡Frasquita! Libreto 111 Frasquita Je suis désolée… Frasquita Me sabe mal. Zuniga Mais toi, Carmen, je suis bien sûr que tu ne refuseras pas … Zuniga ¿Y tú, Carmen, supongo que no te vas a negar? Carmen C’est ce qui vous trompe, mon lieutenant ... Je refuse et encore plus nettement qu’elles deux si c’est possible … (Pendant que le lieutenant parle à Carmen, Moralès et les deux autres lieutenants essayent de fléchir Frasquita et Mercédès.) Carmen Pues estáis muy equivocado, me niego e incluso más que ellas, si fuera posible. (Mientras el lugarteniente habla con Carmen, Morales y el otro teniente intentan convencer a Frasquita y Mercédès. Zuniga Tu m’en veux? Zuniga ¿Estás molesta conmigo? Carmen Pourquoi vous en voudrais-je? Carmen ¿Por qué motivo? Zuniga Parce qu’il y a un mois, j’ai eu la cruauté de t’envoyer à la prison … Zuniga Porque hace un mes cometí la crueldad de enviarte a la cárcel. Carmen (comme si elle ne se rappelait pas) A la prison? Carmen (como si no lo recordara) ¿A la cárcel? Zuniga J’étais de service, je ne pouvais pas faire autrement. Zuniga Estaba de servicio, no podía hacer otra cosa. Carmen (même jeu) A la prison ... je ne me souviens pas d’être allée à la prison … Carmen (igual) A la cárcel, no recuerdo haber ido a la cárcel… Zuniga Je sais pardieu bien que tu n’y es pas allée ... le brigadier qui était chargé de te conduire ayant jugé à propos de te laisser échapper ... et de se faire dégrader et emprisonner pour cela ... Zuniga Bien lo sé que no fuiste. El cabo encargado de llevarte creyó oportuno dejarte escapar… y conseguir que le degradaran y que le encarcelasen por ello. 112 Libreto Carmen (sérieuse) Dégrader et emprisonner? ... Carmen (seria) ¿Degradado y encarcelado? Zuniga Mon Dieu oui ... on n’a pas voulu admettre qu’une aussi petite main ait été assez forte pour renverser un homme... Zuniga ¡Rediez, pues claro! No se tragaron que una mano tan pequeña fuera tan fuerte como para derribar a un hombre. Carmen Oh! Carmen ¡Oh! Zuniga Cela n’a pas paru naturel … Zuniga No pareció en absoluto natural. Carmen Et ce pauvre garçon est redevenu simple soldat? Carmen ¿Y el pobre chico vuelve a ser soldado raso? Zuniga Oui ... et il a passé un mois en prison … Zuniga Sí, y se ha pasado un mes en prisión. Carmen Mais il en est sorti? Carmen ¿Pero ya ha salido? Zuniga Depuis hier seulement! Zuniga Ayer mismo. Carmen (faisant claquer ses castagnettes) Tout est bien, puisqu’il en est sorti, tout est bien. Carmen (haciendo sonar las castañuelas) Pues mejor, si ya ha salido, todo está bien. Zuniga À la bonne heure, tu te consoles vite … Zuniga ¡Vaya, si que te consuelas rápido! Carmen (à part) Et j’ai raison ... (haut) Si vous m’en croyez, vous ferez comme moi, vous voulez nous emmener, nous ne voulons pas vous suivre ... vous vous consolerez … Carmen (aparte) Y tengo motivos. (en voz alta) Hacedme caso, y haced como yo: vosotros queréis que os acompañemos, nosotras no: ¡a consolarse tocan! Libreto 113 Moralès Il faudra bien. (La scène est interrompue par un choeur chanté dans la coulisse.) Moralès ¡Qué remedio queda! (La escena queda interrumpida por un coro entre bastidores.) Choeur Vivat! Vivat le torero! Vivat! Vivat Escamillo! Jamais homme intrépide N’a par un coup plus beau D’une main plus rapide Terrassé le taureau! Vivat! Vivat! Vivat! Coro ¡Viva! ¡Viva el torero! ¡Viva, viva Escamillo! Nunca un hombre intrépido abatió a un toro con un golpe más bello ni con mano más rápida. ¡Viva, viva, viva! Zuniga Qu’est-ce que c’est que ça? Zuniga ¿Qué es eso? Mercédès Une promenade aux flambeaux … Mercédès Un paseo a la luz de las antorchas. Moralès Et qui promène-t-on? Moralès ¿Y a quién pasean? Frasquita Je le reconnais ... c’est Escamillo ... un torero qui s’est fait remarquer aux dernières courses de Grenade et qui promet d’égaler la gloire de Montes et de Pepe Illo … Frasquita Le conozco, es el Escamillo. Un torero que destacó en la últimas corridas de Granada y que promete igualar la gloria de Montes o de Pepe Illo. Zuniga Pardieu, il faut le faire venir... nous boirons en son honneur! Zuniga Caramba, es preciso que venga… ¡Beberemos en su honor! Moralès C’est cela, je vais l’inviter. (Il va à la fenêtre.) Monsieur le torero ... voulez-vous nous faire l’amitié de monter ici? Vous y trouverez des gens qui aiment fort tous ceux qui, comme vous, ont de l’adresse et du courage … (Quittant la fenêtre.) Il vient … Moralès Bien, voy a invitarle. (Se acerca a la ventana.) Señor torero, ¿queréis hacer el favor de venir acá? Vais a encontrar gente que aprecia a quien, como vos, tiene destreza y valor. (Se separa de la ventana.) Ya viene… 114 Libreto Pastia (suppliant) Messieurs les officiers, je vous avais dit … Pastia (suplicando) Señores oficiales, os había dicho que… Zuniga Ayez la bonté de nous laisser tranquilles, maître Lillas Pastia, et faites-nous apporter de quoi boire ... Zuniga Tened la bondad de dejarnos en paz, maese Lillas Pastia, y que nos traigan de beber. Choeur Vivat! Vivat le torero! Vivat! Vivat Escamillo! Vivat! Vivat! vivat! (Paraît Escamillo.) Coro ¡Viva, viva el torero! ¡Viva, viva Escamillo! ¡Viva, viva, viva! (Aparece Escamillo.) Zuniga Ces dames et nous, vous remercions d’avoir accepté notre invitation; nous n’avons pas voulu vous laisser passer sans boire avec vous au grand art de la tauromachie. Zuniga Esas señoras y nosotros mismos os agradecemos que hayáis aceptado la invitación, queremos brindar con vos por el arte poderoso de la tauromaquia. Escamillo Messieurs les officiers, je vous remercie. Votre toast ... je peux vous le rendre, Señors, Señors, car avec les soldats Oui les toreros peuvent s’entendre, Pour plaisirs ils ont les combats. Le cirque est plein, c’est jour de fête, Le cirque est plein du haut en bas. Les spectateurs perdant la tête, Les spectateurs s’interpellent à grands fracas: Apostrophes, cris et tapage Poussés jusques à la fureur. Car c’est la fête du courage, C’est la fête des gens de cour. Allons en garde! Allons! Allons! Ah! Toréador, en garde, Toréador, toréador, Et songe bien, oui songe en combattant Qu’un œil noir te regarde Et que l’amour t’attend. Toréador, l’amour, L’amour t’attend! Escamillo Señores oficiales, os lo agradezco. Vuestro brindis… os lo devuelvo, señores, señores, pues con los soldados los toreros pueden entenderse, ya lo creo: también placeres consideran los combates. La plaza está llena, es día de fiesta, la plaza revienta de tan llena. Perdiendo las formas, los espectadores se interpelan a grandes gritos: hay insultos, gritos, alboroto llevado todo hasta la ira. Pues es la fiesta del valor, es la fiesta de los valientes. ¡Vamos, en guardia, torero! ¡Ah! Toreador, en guardia, toreador, toreador, y piensa al torear, sí, que un ojo negro te mira y que el amor te espera. Toreador, el amor, el amor te espera. Libreto 115 Tous Toréador en garde, Toréador, toréador En combattant songe qu’un œil noir te regarde Et que l’amour t’attend, Toréador, l’amour, l’amour t’attend! Todos Toreador, en guardia, toreador, toreador, y piensa al torear, sí, que un ojo negro te mira y que el amor te espera. Toreador, el amor, el amor te espera Escamillo Tout d’un coup on fait silence; On fait silence. Ah que se passe-t-il? Plus de cris; c’est l’instant Le taureau s’élance en bondissant hors du toril … Il s’élance, il entre, il frappe, un cheval roule Entraînant un picador. «Ah bravo toro!», hurle la foule. Le taureau va ... il vient ... il vient et frappe encor! En secouant ses banderilles, Plein de fureur, il court! Le cirque est plein de sang; On se sauve, on franchit les grilles; C’est ton tour maintenant. Allons en garde! Allons! Allons! Ah! Toréador, en garde! Toréador, toréador! Et songe bien, oui songe en combattant Qu’un oeil noir te regarde Et que l’amour t’attend. Toréador, l’amour, l’amour t’attend! Escamillo De repente se hace el silencio, todos callan, ¿qué sucede? Nada de gritos, es el instante en que el toro sale saltando del toril… Se arranca, entra, embiste, un caballo ha derribado y éste arrastra al picador. «¡Ah, bravo, toro!», grita la multitud El toro va y viene, y vuelve a embestir. Sacudiendo las banderillas, ¡lleno de furor, corre! El ruedo está lleno de sangre, la gente se pone a salvo, salta la barrera; entonces es tu turno. ¡Vamos, en guardia! ¡Ah! Toreador, en guardia, toreador, toreador, y piensa al torear, sí, que un ojo negro te mira y que el amor te espera. Toreador, el amor, el amor te espera. Tous Toréador en garde! Toréador! Toréador! En combattant songe qu’un oeil noir te regarde, Et que l’amour t’attend. Toréador, l’amour, l’amour t’attend! Todos Toreador, en guardia, toreador, toreador, y piensa al torear, sí, que un ojo negro te mira y que el amor te espera. Toreador, el amor, el amor te espera. Mercédès L’amour! Mercédès ¡El amor! 116 Libreto Escamillo L’amour! Escamillo ¡El amor! Frasquita L’amour! Frasquita ¡El amor! Escamillo L’amour! Escamillo ¡El amor! Carmen L’amour! Carmen ¡El amor! Escamillo L’amour! Escamillo ¡El amor! Tous Toréador, Toréador! L’amour t’attend! (On boit, on échange des poignées de main avec le toréador.) Todos ¡Toreador, toreador, el amor, el amor te espera! (Beben, estrechan la mano del torero.) Pastia Messieurs les officiers, je vous en prie. Pastia Señores oficiales, les ruego… Zuniga C’est bien, c’est bien, nous partons. (Les officiers commencent à se préparer à partir. - Escamillo se trouve près de Carmen.) Zuniga Muy bien, ya nos vamos. (Los oficiales se disponen a marchar. Escamillo se encuentra cerca de Carmen.) Escamillo Dis-moi ton nom, et la première fois que je frapperai le taureau, ce sera ton nom que je prononcerai. Escamillo Dime tu nombre y lo pronunciaré en la primera estocada. Carmen Je m’appelle la Carmencita. Carmen Me llamo Carmencita. Escamillo La Carmencita? Escamillo ¿Carmencita? Carmen Carmen, la Carmencita, comme tu voudras. Carmen Carmen, Carmencita, como queráis. Libreto 117 Escamillo Eh bien! Carmen ou la Carmencita, si je m’avisais de t’aimer et d’être aimé de toi, qu’est-ce que tu me répondrais? Escamillo Pues bien, Carmen o Carmencita, si te dijera que quiero amarte y que me ames, ¿qué me dirías? Carmen Je répondrais que tu peux m’aimer tout à ton aise, mais que quant à être aimé de moi pour le moment, il n’y faut pas songer! Carmen Contestaría que puedes amarme, si te place; pero que yo te ame, de momento ni lo sueñes. Escamillo Ah! Escamillo ¡Ah! Carmen C’est comme ça. Carmen Así es. Escamillo J’attendrai alors et je me contenterai d’espérer … Escamillo Bien, pues me contentaré con esperar. Carmen Il n’est pas défendu d’attendre et il est toujours agréable d’espérer. Carmen Esperar no está prohibido y siempre es agradable. Moralès (à Frasquita et à Mercédès) Vous ne venez pas décidément? Moralès (a Frasquita y Mercédès) ¿Seguro que no queréis venir? Mercédès et Frasquita (sur un nouveau signe de Pastia) Mais non, mais non … Mercédès, Frasquita (ante las nuevas señas de Pastia) Pues no, no. Moralès (à Zuniga) Mauvaise campagne, lieutenant. Moralès (a Zuniga) ¡Mala compañía, teniente! Zuniga Bah! La bataille n’est pas encore perdue ... (bas à Carmen) Ecoute-moi, Carmen, puisque tu ne veux pas venir avec nous, c’est moi qui dans une heure reviendrai ici. Zuniga ¡Bah! La batalla aún no está perdida. (en voz baja, a Carmen) Escúchame, Carmen, ya que no quieres venir, seré yo quien vuelva dentro de una hora. 118 Libreto Carmen Ici? Carmen ¿Aquí? Zuniga Oui, dans une heure ... après l’appel. Zuniga Sí, dentro de una hora, después de retreta. Carmen Je ne vous conseille pas de revenir … Carmen No te lo aconsejo. Zuniga (riant) Je reviendrai tout de même. (haut) Nous partons avec vous, torero, et nous nous joindrons au cortège qui vous accompagne. Zuniga (riéndose) De todas formas volveré. (en voz alta) Nos vamos contigo, torero, y nos unimos al cortejo que te acompaña. Escamillo C’est un grand honneur pour moi, je tâcherai de ne pas m’en montrer indigne lorsque je combattrai sous vos yeux. (Tout le monde sort, excepté Carmen, Frasquita, Mercédès et Lillas Pastia.) Escamillo Es un gran honor, procuraré no mostrarme indigno cuando toree ante vosotros. (Todos se van, menos Cramen, Frasquita, Mercédès y Lillas Pastia.) Frasquita (à Pastia) Pourquoi étais-tu si pressé de les faire partir et pourquoi nous as-tu fait signe de ne pas les suivre? Frasquita (a Pastia) ¿Por qué tenías tanta prisa en echarles? ¿Por qué nos hacías señal de quedarnos? Pastia Le Dancaïre et Le Remendado viennent d’arriver ... ils ont à vous parler de vos affaires, des affaires d’Egypte. Pastia El Dancaïre y el Remendado acaban de llegar. Tienen que hablar de negocios con vosotras, de los negocios de Egipto. Carmen Le Dancaïre et le Remendado? Carmen ¿El Dancaïre y el Remendado? Pastia (ouvrant une porte et appelant du geste) Oui, les voici ... tenez … (Entrent Le Dancaïre et le Remendado. Pastia ferme les portes, met les volets, etc.) Pastia (abriendo una puerta y haciéndoles pasar) Sí, helos aquí. ¡Mirad! (Entran el Dancaïre y el Remendado. Pastia cierras puertas y contraventanas.) Frasquita Eh bien, les nouvelles? Frasquita ¿Y cuáles son las noticias? Libreto 119 Le Dancaïre Pas trop mauvaises, les nouvelles; nous arrivons de Gibraltar … Dancaïre No muy malas, justo llegamos de Gibraltar. Le Remendado Jolie ville, Gibraltar! ... On y voit des Anglais, beaucoup d’Anglais, de jolis hommes les Anglais; un peu froids, mais distingués. Remendado ¡Bella ciudad, Gibraltar! Allí viven ingleses, muchos ingleses; son bien parecidos esos ingleses, un poco fríos, pero distinguidos. Le Dancaïre Remendado! Dancaïre ¡Remendado! Le Remendado Patron? Remendado ¿Patrón? Le Dancaïre (mettant la main sur son couteau) Vous comprenez? Dancaïre (con la mano en la navaja) ¿Comprendes? Le Remendado Parfaitement, patron … Remendado Perfectamente, patrón. Le Dancaïre Taisez-vous, alors. Nous arrivons de Gibraltar, nous avons arrangé, avec un patron de navire, l’embarquement de marchandises anglaises. Nous irons les attendre près de la côte, nous en cacherons une partie dans la montagne et nous ferons passer le reste. Tous nos camarades ont été prévenus ... ils sont ici, cachés, mais c’est de vous trois surtout dont nous avons besoin ... vous allez partir avec nous... Dancaïre Pues cállate. Ahora llegamos de Gibraltar, hemos arreglado con un capitán de bajel el embarque de mercancías inglesas. Iremos a esperarles cerca de la costa, ocultaremos una parte en la montaña e introduciremos el resto. Los camaradas ya están avisados… están aquí, escondidos, pero tenemos necesidad de vosotras… así que vais a venir con nosotros. Carmen (riant) Pour quoi faire? Pour vous aider à porter des ballots?… Carmen (riendo) ¿Para hacer qué? ¿Para ayudaros con los bultos? Le Remendado Oh! Non ... faire porter des ballots à des dames ... ça ne serait pas distingué. Remendado ¡Oh, no! Hacer cargar con los bultos a las damas no sería distinguido. Le Dancaïre (menaçant) Remendado? Dancaïre (amenazando) Remendado… 120 Libreto Le Remendado Oui, patron. Remendado Sí, patrón… Le Dancaïre Nous ne vous ferons pas porter de ballots, mais nous avons besoin de vous pour autre chose. Nous avons en tête une affaire. Dancaïre No os haremos llevar los fardos, os necesitamos para otra cosa. Tenemos pensada una idea. Mercédès et Frasquita Est-elle bonne, dites-nous? Mercédès, Frasquita ¿Y es buena? Le Dancaïre Elle est admirable, ma chère Mais nous avons besoin de vous. Dancaïre Es admirable, preciosa, pero por eso os necesitamos. Le Remendado Oui, nous avons besoin de vous! Remendado Sí, claro que os necesitamos. Carmen De nous? Carmen ¿A nosotras? Le Dancaïre De vous! Dancaïre ¡A vosotras! Frasquita De nous? Frasquita ¿A nosotras? Le Remendado De vous! Remendado ¡A vosotras! Mercédès De nous? Mercédès ¿A nosotras? Frasquita, Mercédès et Carmen Quoi! Vous avez besoin de nous? Frasquita, Mercédès, Carmen ¡Qué! ¿Tenéis necesidad de nosotras? Le Remendado et Le Dancaïre Oui, nous avons besoin de vous! Car nous l’avouons humblement, Et fort respectueusement, Oui nous l’avouons humblement: Quand il s’agit de tromperie, De duperie, de volerie, Il est toujours bon, sur ma foi, Remendado, Dancaïre ¡Sí, os necesitamos! Pues confesamos humildemente y muy respetuosamente, sí, con toda humildad confesamos que, cuando se trata de engañar, burlar o robar, siempre es bueno, a fe, Libreto 121 D’avoir les femmes avec soi, Et sans elles, Mes toutes belles, On ne fait jamais rien de bien. tener a las mujeres al lado. Y sin ellas, preciosas mías, nunca se hace nada bueno. Frasquita, Mercédès et Carmen Quoi! Sans nous jamais rien de bien? Frasquita, Mercédès, Carmen ¡Qué! ¿Sin nosotras no se hace nada bueno? Le Dancaïre et Le Remendado N’êtes vous pas de cet avis? Dancaïre, Remendado ¿No estáis de acuerdo? Frasquita, Mercédès et Carmen Si fait, je suis de cet avis. Si fait vraiment je suis de cet avis. Frasquita, Mercédès, Carmen ¡Oh, claro que sí! Por supuesto que estamos de acuerdo. Tous les cinq Quand il s’agit de tromperie, De duperie, de volerie Il est toujours bon sur ma foi D’avoir les femmes avec soi. Et sans elles, les toutes belles, On ne fait jamais rien de bien. Los cinco Cuando se trata de engañar, burlar o robar, siempre es bueno, a fe, tener a las mujeres al lado. Y sin ellas, esas preciosas, nunca se hace nada bueno. Le Dancaïre C’est dit alors, vous partirez. Dancaïre Dicho está, vendréis con nosotros. Mercédès et Frasquita Quand vous voudrez. Mercédès, Frasquita Cuando queráis. Le Remendado Mais tout de suite. Remendado Ahora mismo. Carmen Ah! Permettez, permettez. (à Mercédès et à Frasquita) S’il vous plaît de partir, partez. Mais je ne suis pas du voyage; Je ne pars pas ... je ne pars pas. Carmen ¡Ah, por favor, un momento! (a Mercédès y Frasquita) Si queréis marcharos, marchaos, pero yo no soy de la partida; yo no me voy, no me voy. Le Remendado et Le Dancaïre Carmen, mon amour, tu viendras, Et tu n’auras pas le courage De nous laisser dans l’embarras. Remendado, Dancaïre Carmen, amor mío, ya lo creo que vendrás, y no vas a tener el valor de dejarnos en la estacada. 122 Libreto Carmen Je ne pars pas, je ne pars pas. Carmen Yo no me voy, no, no me voy. Frasquita et Mercédès Ah! Ma Carmen tu viendras! Frasquita, Mercédès ¡Ah, Carmen, claro que vendrás! Le Dancaïre Mais au moins la raison, Carmen tu la diras? Dancaïre ¿Se puede saber al menos la razón? Frasquita, Mercédès, Le Dancaïre et Le Remendado La raison! La raison! La raison! La raison! Frasquita, Mercédès, Remendado, Dancaïre ¿Por qué razón? ¿Cuál es la razón? Carmen Je la dirai certainement. Carmen Ahora os lo digo. Le Dancaïre, Le Remendado, Frasquita et Mercédès Voyons! Voyons! Voyons! Voyons! Frasquita, Mercédès, Remendado, Dancaïre ¡Veamos, veamos, veamos, veamos! Carmen La raison c’est qu’en ce moment ... Carmen La razón es que en este momento… Le Dancaïre et Le Remendado Eh bien? Dancaïre, Remendado ¿Qué? Frasquita et Mercédès Eh bien? Frasquita, Mercédès ¿Qué? Carmen Je suis amoureuse. Carmen Estoy enamorada. Le Dancaïre et Le Remendado Qu’a-t-elle dit? Qu’a-t-elle dit? Dancaïre, Remendado ¿Qué ha dicho, qué ha dicho? Frasquita et Mercédès Elle dit qu’elle est amoureuse! Frasquita, Mercédès ¡Que está enamorada! Le Dancaïre, Le Remendado, Frasquita et Mercédès Amoureuse! Amoureuse! Frasquita, Mercédès, Remendado, Dancaïre ¡Enamorada, enamorada! Le Dancaïre Voyons, Carmen, sois sérieuse. Dancaïre Veamos, Carmen, un poco de seriedad. Libreto 123 Carmen Amoureuse à perdre l’esprit. Carmen Locamente enamorada. Le Dancaïre et Le Remendado La chose certes nous étonne, Mais ce n’est pas le premier jour Où vous aurez su, ma mignonne. Faire marcher de front le devoir et l’amour. Dancaïre, Remendado La cosa ciertamente nos asombra, pero no es la primera vez que has sabido, preciosilla, compaginar el deber y el amor. Carmen Mes amis, je serais fort aise De pouvoir partir avec vous ce soir, Mais cette fois, ne vous déplaise, Il faudra que l’amour passe avant le devoir. Carmen Amigos míos, ya me gustaría poder partir con vosotros esta noche, pero esta vez, si no os molesta, el amor va a pasar delante del deber. Le Dancaïre Ce n’est pas là ton dernier mot? Dancaïre ¿Es tu última palabra? Carmen Absolument. Carmen Absolutamente. Le Remendado Il faut que tu te laisses attendrir. Remendado Deberías dejarte ablandar. Tous les quatre Il faut venir, Carmen, il faut venir. Pour notre affaire, C’est nécessaire, Car entre nous ... Los cuatro ¡Tienes que venir, Carmen, tienes que venir! Para nuestro negocio nos es preciso, pues entre nosotros… Carmen Quant à cela, je l’admets avec vous. Carmen Eso lo admito. Tous les cinq Quand il s’agit de tromperie, De duperie, de volerie, etc. Los cinco Cuando se trata de engañar, burlar o robar, etc. Le Dancaïre En voilà assez; je t’ai dit qu’il fallait venir, et tu viendras … je suis le chef … Dancaïre ¡Basta ya! Te he dicho que vengas y vendrás, yo soy quien manda aquí. Carmen Comment dis-tu ça? Carmen ¿Qué has dicho? 124 Libreto Le Dancaïre Je te dis que je suis le chef … Dancaïre Digo que soy yo quien manda. Carmen Et tu crois que je t’obéirai? Carmen ¿Y piensas que voy a obedecerte? Le Dancaïre (furieux) Carmen! … Dancaïre (furioso) ¡Carmen! Carmen (très calme) Eh bien! Carmen (con mucha calma) ¿Qué? Le Remendado (se jetant entre Le Dancaïre et Carmen) Je vous en prie ... des personnes si distinguées … Remendado (interponiéndose entre ellos) Por favor, unas personas tan distinguidas… Le Dancaïre (envoyant un coup de pied que Le Remendado évite) Attrape ça, toi … Dancaïre (dándole un puntapié que Remendado evita) ¿Qué te parece esto? Le Remendado (se redressant) Patron Remendado (enderezándose) Patrón… Le Dancaïre Qu’est-ce que c’est? Dancaïre ¿Qué? Le Remendado Rien, patron! Remendado Nada, patrón. Le Dancaïre Amoureuse ... ce n’est pas une raison, cela. Dancaïre ¡Enamorada! ¡Esto no es una razón! Le Remendado Le fait est que ce n’en est pas une ... moi aussi je suis amoureux et ça ne m’empêche pas de me rendre utile. Remendado La verdad es que no es razón, yo también estoy enamorado y esto no me impide ser útil. Carmen Partez sans moi … j’irai vous rejoindre demain, mais pour ce soir je reste… Carmen Partid sin mí. Ya vendré a buscaros mañana. Pero esta noche me quedo. Libreto 125 Frasquita Je ne t’ai jamais vue comme cela; qui attends-tu donc?… Frasquita Nunca te había visto así. ¿A quién esperas? Mercédès Ce soldat qui était en prison? Mercédès ¿Al soldado que estaba en prisión? Carmen Oui Carmen Sí. Frasquita Et à qui, il y a quinze jours, le geôlier a remis de ta part un pain dans lequel il y avait une pièce d’or et une lime? Frasquita ¿El que hace dos semanas recibió del carcelero de tu parte un pan que dentro llevaba una moneda de oro y una lima? Carmen (remontant vers la fenêtre) Oui. Carmen (acercándose a la ventana) Sí. Le Dancaïre Il s’en est servi de cette lime? Dancaïre ¿Y al final la usó, esa lima? Carmen Non. Carmen No. Le Dancaïre Tu vois bien! Ton soldat aura eu peur d’être puni plus rudement qu’il ne l’avait été; ce soir encore il aura peur … tu auras beau entr’ouvrir les volets et regarder s’il vient, je parierais qu’il ne viendra pas. Dancaïre Ya ves, tu soldado tuvo miedo de ser castigado más severamente. Y esta noche también tendrá miedo y no vendrá, por mucho que abras las contraventanas y espíes su llegada. Me juego lo que quieras a que no vendrá. Carmen Ne parie pas, tu perdrais … Carmen No apuestes, que vas a perder. José (la voix très éloignée) Halte-là! Qui va là? Dragon d’Alcala … José (voz lejana) ¡Alto! ¿Quién va? Dragón de Alcalá. Carmen Écoutez! Le voilà! Carmen ¿Habéis oído? Ya viene. José Où t’en vas-tu par là, José ¿A dónde vas por estos andurriales, 126 Libreto Dragon d’Alcala! Moi je m’en vais faire Mordre la poussière À mon adversaire. S’il en est ainsi, Passez mon ami. Affaire d’honneur, Affaire de cour, Pour nous tout est là. Dragon d’Alcala! (Carmen, Le Dancaïre, le Remendado, Mercédès et Frasquita, par les volets entr’ouverts, regardent venir Don José.) dragón de Alcalá? ¿Yo? Voy a hacer que muerda el polvo mi adversario. Si es así, pasad, amigo mío, asunto de honor, asunto del corazón, para nosotros eso lo es todo, ¡dragones de Alcalá! (Carmen, el Dancaïre, Remendado, Mercédès y Frasquita por las contraventanas medio abiertas ven acercarse a Don José.) Mercédès C’est un dragon, ma foi. Mercédès ¡Es un dragón, a fe mía! Frasquita Et un beau dragon. Frasquita Un guapo dragón. Le Dancaïre (à Carmen) Eh bien, puisque tu ne veux venir que demain, sais-tu au moins ce que tu devrais faire? Dancaïre (a Carmen) Bien, puesto que no vendrás hasta mañana, ¿sabes al menos qué tienes que hacer? Carmen Qu’est-ce que je devrais faire? Carmen ¿Qué debería hacer? Le Dancaïre Tu devrais décider ton dragon à venir avec toi et à se joindre à nous. Dancaïre Convencer a tu dragón para que venga contigo y se nos una. Carmen Ah! ... Si cela se pouvait! ... mais il n’y faut pas penser ce sont des bêtises . . . il est trop niais. Carmen ¡Ah, si fuera posible! Pero no vale la pena pensarlo, es demasiado ingenuo. Le Dancaïre Pourquoi l’aimes-tu puisque tu conviens toimême … Dancaïre ¿Y por qué le amas, si tú misma consideras…? Carmen Parce qu’il est joli garçon donc et qu’il me plaît. Carmen Porque es muy guapo y me gusta. Libreto 127 Le Remendado (avec fatuité) Le patron ne comprend pas ça, lui … qu’il suffise d’être joli garçon pour plaire aux femmes … Remendado (con fatuidad) El patrón eso no lo entiende… que baste ser guapo para gustar a las mujeres… Le Dancaïre Attends un peu, toi, attends un peu … (Le Remendado se sauve et sort. Le Dancaïre le poursuit et sort à son tour entraînant Mercédès et Frasquita qui essaient de le calmer.) Dancaïre ¡Espera y verás, tú! (El Remendado se escabulle y sale. El Dancaïre le persigue y también sale, con Mercédès y Frasquita detrás, que intentan calmarle.) José (la voix beaucoup plus rapprochée) Halte-là! Qui va là? Où t’en vas-tu par là, Dragon d’Alcala? Exact et fidèle, je vais où m’appelle L’amour de ma belle. S’il en est ainsi, Passez mon ami, Affaire d’honneur, Affaire de coeur, Pour nous tout est là. Dragons d’Alcala! José (voz más próxima) ¡Alto! ¿Quién va? ¿A dónde vas por estos andurriales, dragón de Alcalá? Exacto y fiel, voy a donde me llama el amor de mi guapa moza. Si es así, pasad, amigo mío, asunto de honor, asunto del corazón, para nosotros eso lo es todo, ¡dragones de Alcalá! Carmen Enfin ... te voilà ... C’est bien heureux! Carmen ¡Por fin aquí! ¡Eso sí que es una alegría! José Il y a deux heures seulement que je suis sorti de prison. José Sólo hace dos horas que he salido de la prisión. Carmen Qui t’empêchait de sortir plus tôt? Je t’avais envoyé une lime et une pièce d’or ... avec la lime il fallait scier le plus gros barreau de ta prison ... avec la pièce d’or il fallait, chez le premier fripier venu, changer ton uniforme pour un habit bourgeois. Carmen ¿Qué te impedía salir antes? Te hice llegar una lima y una moneda de oro. La lima para el barrote más grueso de la celda; la moneda para que el primer chamarilero que encontraras te cambiara el uniforme por un traje de burgués. 128 Libreto José En effet, tout cela était possible. José Sí, todo eso era posible. Carmen Pourquoi ne l’as-tu pas fait? Carmen ¿Y por qué no lo hiciste? José Que veux-tu? J’ai encore mon honneur de soldat, et déserter me semblerait un grand crime ... Oh! Je ne t’en suis pas moins reconnaissant... Tu m’as envoyé une lime et une pièce d’or ... La lime me servira pour affiler ma lance et je la garde comme souvenir de toi. (Lui tendant la pièce d’or.) Quant à l’argent … José ¿Qué quieres? Aún conservo mi honor de soldado, desertar me parecería un gran crimen… ¡Oh, no es que no lo agradezca! Me enviaste una lima y una moneda de oro… La lima me servirá para afilar mi lanza y la voy a guardar como recuerdo tuyo. (dándole la moneda de oro) En cuanto al dinero… Carmen Tiens, il l’a gardé … Ça se trouve à merveille … (criant et frappant) Holà! … Lillas Pastia, holà! … nous mangerons tout, tu me régales ... Holà! Holà! (Entre Pastia.) Carmen ¡Vaya, la conserva! Nos irá de perilla. (gritando y dando golpes) ¡Eh! ¡Lillas Pastia! Vamos a comer de todo, tú invitas… ¡Eh! ¡Vamos! (Entra Pastia.) Pastia (l’empêchant de crier) Prenez donc garde … Pastia (impidiéndole gritar) ¡Más cuidado! Carmen (lui jetant la pièce) Tiens, attrape ... et apporte-nous des fruits confits; apporte-nous des bonbons, des oranges, apporte-nous du Manzanilla ... apporte-nous de tout ce que tu as, de tout, de tout … Carmen (tirándole la moneda) ¡Tómala! Y tráenos fruta confitada, trae dulces, naranjas, trae manzanilla… todo lo que tengas, trae de todo, ¡de todo! Pastia Tout de suite, Mademoiselle Carmencita. Pastia En seguida, señorita Carmencita. Carmen (à José) Tu m’en veux alors et tu regrettes de t’être fait mettre en prison pour mes beaux yeux? Carmen (a Don José) ¿Me reprochas que te hayas visto encerrado en la cárcel por mis bellos ojos? Libreto 129 José Quant à cela non, par exemple. José No, en absoluto. Carmen Vraiment? Carmen ¿De veras? José L’on m’a mis en prison, l’on m’a ôté mon grade, mais ça m’est égal. José Me metieron en prisión, me han degradado, pero da igual. Carmen Parce que tu m’aimes? Carmen ¿Es porque me amas? José Oui, parce que je t’aime, parce que je t’adore. José Sí, porque te quiero, porque te adoro. Carmen (mettant ses deux mains dans les mains de José) Je paie mes dettes ... c’est notre loi à nous autres bohémiennes ... Je paie mes dettes, je paie mes dettes … (Rentre Lillas Pastia apportant sur un plateau des oranges, des bonbons, des fruits confits, du Manzanilla.) Mets tout cela ici … un seul coup, n’aie pas peur … (Pastia obéit et la moitié des objets roule par terre.) Ça ne fait rien, nous ramasserons tout cela nous-mêmes. Sauve-toi maintenant, sauve-toi, sauve-toi. (Pastia sort.) Mets-toi là et mangeons de tout! De tout! De tout! (Elle est assise; Don José s’assied en face d’elle.) Carmen (con las manos entre las de Don José) Yo pago mis deudas, es la ley de las gitanas… Pago mis deudas ¿sabes? (Vuelve Lillas Pastia con una bandeja de naranjas, dulces, frutas, manzanilla.) Ponlo todo aquí. Todo de una vez, sin miedo. (Pastia obedece y la mitad de las cosas caen al suelo rodando.) No importa, ya lo recogemos nosotros, ya te puedes ir, vamos, ¡vete! (Pastia se va.) Tú siéntate aquí y comamos. Nos lo comeremos todo. (Está sentada y Don José se sienta enfrente.) José Tu croques les bonbons comme un enfant de six ans … José Comes los dulces como una niña de seis años. Carmen C’est que je les aime ... Ton lieutenant était ici Carmen Es que me gustan… Tu teniente ha estado aquí 130 Libreto tout à l’heure, avec d’autres officiers, il nous ont fait danser la Romalis … hace poco con otros oficiales, nos han hecho bailar la romalí… José Tu as dansé? José ¿Y tú has bailado? Carmen Oui; et quand j’ai eu dansé, ton lieutenant s’est permis de me dire qu’il m’adorait ... Carmen Sí, y cuando terminé tu teniente se permitió decir que me adoraba. José Carmen! José ¡Carmen! Carmen Qu’est-ce que tu as? ... Est-ce que tu serais jaloux, par hasard? Carmen ¿Qué te pasa? No me digas que estás celoso… José Mais certainement, je suis jaloux … José Pues claro que lo estoy. Carmen Ah bien! Canari, va! Tu es un vrai canari d’habit et de caractère ... allons, ne te fâche pas ... pourquoi es-tu jaloux? Parce que j’ai dansé tout à l’heure pour ces officiers ... Eh bien, si tu le veux, je danserai pour toi maintenant, pour toi seul. Carmen ¡Vamos, tontorrón! Mira que eres bobo, vamos, no te enfades. ¿Por qué estás celoso? Porque ha bailado hace un rato para los oficiales… Bueno, pues si quieres ahora bailaré sólo para ti. José Si je le veux, je crois bien que je le veux … José Si lo quiero… ¡pues claro que sí! Carmen Où sont mes castagnettes? ... Qu’est-ce que j’ai fait de mes castagnettes? (en riant) C’est toi qui me les a prises, mes castagnettes? Carmen ¿Dónde están mis castañuelas? ¿Dónde las he dejado? (riendo) ¿Me has quitado tú las castañuelas? José Mais non! José ¡Claro que no! Carmen (tendrement) Mais si, mais si ... je suis sûre que c’est toi ... ah bah! En voilà des castagnettes. Carmen (tiernamente) Sí, sí, seguro que has sido tú… Bueno, pues aquí tenemos otras. Libreto 131 (Elle casse une assiette, avec deux morceaux de faïence se fait des castagnettes et les essaie.) Ah! Ça ne vaudra jamais mes castagnettes … Où sont-elles donc? (Rompe un plato y con dos trozos de porcelana se hace unas castañuelas y las prueba.) ¡Ah, no serán para nada como las mías! Pero ¿dónde están? José (trouvant les castagnettes sur la table à droite) Tiens, les voici. José (encontrándo las castañuelas sobre la mesa de al lado) Toma, aquí las tenías. Carmen (riant) Ah! Tu vois bien ... c’est toi qui les avais prises ... Carmen (riendo) ¡Ah, lo ves! Me las habías quitado tú. José Ah! Que je t’aime, Carmen, que je t’aime! José ¡Ah, cómo te quiero! ¡Carmen, te amo! Carmen Je l’espère bien. Je vais danser en votre honneur Et vous verrez, seigneur, Comment je sais moi-même accompagner ma danse, Mettez-vous là, Don José, je commence. La la la la la la la la la la la la … (Elle fait asseoir Don José dans un coin du théâtre. Petite danse. Carmen du bout des lèvres fredonne un air qu’elle accompagne avec ses castagnettes. Don José la dévore des yeux. On entend au loin, très loin, des clairons qui sonnent la retraite. Don José prête l’oreille. Il croit entendre les clairons, mais les castagnettes de Carmen claquent très bruyamment. Don José s’approche de Carmen, lui prend le bras, et l’oblige à s’arrêter.) Carmen Eso espero. Bailaré en tu honor, y ya verás, señor mío, cómo me sé acompañar yo solita; poneos allí, Don José, que empiezo. La la la la la la la la… (Le hace sentar en un rincón de la sala. Pequeña danza. Carmen tararea una melodía entre dientes que acompaña con las castañuelas. Don José la devora con los ojos. Lejos, muy lejos, se oyen los cornetines que tocan a retreta. Don José le presta atención. Cree oír el toque de retreta, pero las castañuelas de Carmen suenan ardientemente. Don José se acerca a Carmen, la toma del brazo y la obliga a detener el baile.) José Attends un peu, Carmen, rien qu’un moment, arrête. José Espera un poco, Carmen, sólo un momento. Carmen Et pourquoi, s’il te plaît? Carmen ¿Y para qué, si se puede saber? 132 Libreto José Il me semble, là-bas … Oui, ce sont nos clairons qui sonnent la retraite. Ne les entends-tu pas? José Me parece que allí fuera… Sí, son los cornetines del toque de retreta. ¿No los oyes? Carmen Bravo! Bravo! J’avais beau faire … Il est mélancolique de danser sans orchestre. Et vive la musique qui nous tombe du ciel! La la la la la la la la la la … (Elle reprend sa chanson qui rythme sur la retraite sonnée au dehors par les clairons. Carmen se remet à danser et Don José se remet à regarder Carmen. La retraite approche, approche... approche... passe sous les fenêtres de l’auberge … puis s’éloigne … Le son des clairons va s’affaiblissant. Nouvel effort de Don José pour s’arracher à cette contemplation de Carmen ... Il lui prend le bras et l’oblige encore à s’arrêter.) Carmen ¡Bravo! Ya puedo esforzarme, ya… Resulta triste bailar sin orquesta, así que ¡viva la música que nos cae del cielo! La la la la la la la la la… (Retoma la canción acompasándola al toque de retreta que fuera tocan los cornetines. Se pone a bailar de nuevo y Don José la mira otra vez embelesado. La retreta se acerca, se acerca más y más, pasa bajo las ventanas del local, luego se aleja. El son de clarines se aleja. Nuevo esfuerzo de Don José para sustraerse a la contemplación de Carmen. La toma del brazo y la obliga a detenerse de nuevo.) José Tu ne m’a pas compris … Carmen, c’est la retraite ... Il faut que, moi, je rentre au quartier pour l’appel. (Le bruit de la retraite cesse tout à coup.) José No me has entendido, Carmen, es la retreta… Debo volver al cuartel para pasar lista. (El toque de la retreta cesa de repente.) Carmen (regardant Don José qui remet sa giberne et rattache le ceinturon de son sabre) Au quartier! Pour l’appel! Ah! j’étais vraiment trop bête! Je me mettais en quatre et je faisais des frais Pour amuser monsieur, je chantais ... je dansais. Je crois, Dieu me pardonne, Qu’un peu plus, je l’aimais Ta ta ta ta, c’est le clairon qui sonne! Il part! Il est parti! Va-t’en donc, canari. (Avec fureur, lui envoyant son shako à la volée.) Prends ton shako, ton sabre, ta giberne. Et va-t’en, mon garçon, Carmen (mirando a Don José, que se está poniendo la cartuchera y el cinturón de su sable) ¡Al cuartel! ¿Para pasar lista? ¡Ah, pero que tonta que soy! Me desvivo para distraer al señor cantando y bailando para él… ¡Incluso creo, Dios me perdone, que estaba a punto de amarle! ¡Ta ra ta ta, suena la corneta! ¡Y se va, ya se ha ido! ¡Anda, pues, vete, idiota! (con furia, lanzándole el chacó) Toma tu chacó, el sable y la cartuchera y vete, mozuelo, Libreto 133 Va-t’en, Retourne à ta caserne. anda, vete, vuelve al cuartel. José C’est mal à toi, Carmen, de te moquer de moi; Je souffre de partir ... car jamais, Jamais femme, Jamais femme avant toi Non, non jamais, jamais femme avant toi Aussi profondément n’avait troublé mon âme. José No está bien, Carmen, que te burles de mí; me disgusta partir, porque nunca, nunca mujer alguna, ninguna mujer antes que tú, nunca mujer alguna antes que tú había perturbado mi alma tan hondamente. Carmen Il souffre de partir Car jamais femme avant moi Aussi profondément N’avait troublé son âme! Ta ta ta ta, mon Dieu ... c’est la retraite. Ta ra ta ta, je vais être en retard, Ô mon Dieu, ô mon Dieu c’est la retraite! Je vais être en retard. Il perd la tête. Il court, et voilà son amour. Carmen Le disgusta partir, porque ninguna otra mujer antes que yo había perturbado su alma tan hondamente. ¡Ta ra ta ta, Dios mío, la retreta! ¡Ta ra ta ta, voy a llegar tarde! ¡Dios mío, es la retreta! Llegaré tarde. Pierde la cabeza, corre, ¡hete aquí su amor! José Ainsi tu ne crois pas à mon amour? José ¿Acaso no crees en mi amor? Carmen Mais non! Carmen ¡Claro que no! José Eh bien! Tu m’entendras. José Pues ahora me vas a escuchar. Carmen Je ne veux rien entendre … Carmen No quiero escuchar nada. José Tu m’entendras! José ¡Me escucharás! Carmen Tu vas te faire attendre! Non! Non! Non! Non! Carmen Vas a hacer tarde. ¡No, no, no y no! José (violemment) Tu m’entendras! Oui, tu m’entendras! José (violentamente) ¡Me escucharás! ¡Ya lo creo! 134 Libreto Je le veux, Carmen, tu m’entendras! (De la main gauche il a saisi brusquement le bras de Carmen; de la main droite, il va chercher sous sa veste d’uniforme la fleur de cassie que Carmen lui a jetée au premier acte. Il montre cette fleur à Carmen.) La fleur que tu m’avais jetée, Dans ma prison m’était restée, Flétrie et sèche, cette fleur Gardait toujours sa douce odeur; Et pendant des heures entières, Sur mes yeux fermant mes paupières De cette odeur je m’enivrais Et dans la nuit je te voyais. Je me prenais à te maudire À te détester, à me dire: Pourquoi faut-il que le destin L’ait mise là sur mon chemin? Puis je m’accusais de blasphème Et je ne sentais en moi-même Qu’un seul désir, un seul espoir, Te revoir, ô Carmen, oui te revoir! … Car tu n’avais eu qu’à paraître, Qu’à jeter un regard sur moi Pour t’emparer de tout mon être, Ô ma Carmen. Et j’étais une chose à toi. Carmen, je t’aime! ¡Quiero que me escuches, Carmen, y lo harás! (Con la mano izquierda le coge bruscamente el brazo; con la derecha, busca debajo de la casaca la flor de casia que Carmen le había lanzado en el primer acto. Le muestra la flor.) La flor que me lanzaste tuve en la cárcel junto a mí, marchita y seca, esta flor ha conservado, su dulce olor; durante horas enteras sobre mis ojos, cerrando los párpados, con su perfume me embriagaba y en la noche te veía. Y entonces te maldecía, te detestaba y me decía a mí mismo: ¿Por qué razón el destino la ha puesto en medio de mi camino? Luego me acusaba de blasfemo y sólo sentía en mí un único deseo, una sola esperanza, ¡volverte a ver, Carmen, sí, verte de nuevo! Porque en cuanto apareciste y me lanzaste una mirada, te apoderaste totalmente de mí, ¡oh, Carmen! Y ya soy parte de ti, ¡Carmen, te quiero! Carmen Non, tu ne m’aimes pas. Carmen No, tu no me quieres. José Que dis-tu? José ¿Qué dices? Carmen Non, tu ne m’aimes pas, non! Car si tu m’aimais, Là-bas, là-bas tu me suivrais. Carmen ¡No, tú no me amas! ¡No! Porque si me quisieras, vendrías conmigo allí abajo. José Carmen! José ¡Carmen! Libreto 135 Carmen Oui! Là-bas, là-bas dans la montagne … Carmen Sí, allí, a la montaña… José Carmen! José ¡Carmen! Carmen Là-bas, là-bas tu me suivrais, Sur ton cheval tu me prendrais, Et comme un brave à travers la campagne, En croupe, tu m’emporterais. Là-bas, là-bas dans la montagne … Carmen Me seguirías hasta allí, me subirías a tu caballo, y como un valiente campo a través me llevarías en la grupa, allí, a la montaña… José Carmen! José ¡Carmen! Carmen Là-bas, là-bas tu me suivrais. Tu me suivrais, si tu m’aimais. Tu n’y dépendrais de personne, Point d’officier à qui tu doives obéir, Et point de retraite qui sonne Pour dire à l’amoureux qu’il est temps de partir. Le ciel ouvert, la vie errante, Pour pays l’univers, et pour loi ta volonté, Et surtout la chose enivrante, La liberté! La liberté! Carmen Hasta allí me seguirías, me seguirías, si me amaras. Sin depender de nadie, sin tener que obedecer a ningún oficial, y no habría toque de retreta que sonara para decir al enamorado que debe marcharse. El cielo abierto, la vida errante, por país el universo, por ley la libertad, y ante todo la cosa más embriagadora, la libertad, ¡la libertad! José Mon Dieu! José ¡Dios mío! Carmen Là-bas, là-bas dans la montagne … Carmen Allí, allí, a la montaña… José Carmen! José ¡Carmen! Carmen Là-bas, là-bas, si tu m’aimais … Carmen Allí, si me amaras… José Tais-toi! José ¡Cállate! 136 Libreto Carmen Là-bas, là-bas tu me suivrais! Sur ton cheval tu me prendrais, Et comme un brave à travers la campagne, Oui, tu m’emporterais Si tu m’aimais! Carmen Allí me seguirías, me subirías a caballo, y como un valiente, campo a través, te me llevarías, si me quisieras… José Ah! Carmen, hélas, tais-toi! Tais-toi! Mon Dieu! Hélas! Hélas! Pitié! Carmen! Pitié! Ô mon Dieu! Hélas! José ¡Ah, Carmen! ¡Ay, calla! ¡Calla! ¡Dios mío! ¡Ay! ¡Ay, piedad! ¡Carmen! ¡Piedad! ¡Oh, Dios mío! ¡Ay! Carmen Oui, n’est-ce pas? Là-bas, là-bas tu me suivras. Là-bas, là-bas tu me suivras. Tu m’aimes et tu me suivras. Là-bas, là-bas emporte-moi! Carmen Sí, ¿verdad? Me vas a seguir hasta allí, ¿verdad? Me seguirás a la montaña, me quieres y me seguirás. ¡Llévame allí! José Ah! Tais-toi! Tais-toi! (S’arrachant brusquement des bras de Carmen.) Non, je ne veux plus t’écouter Quitter mon drapeau ... déserter C’est la honte, c’est l’infamie, je n’en veux pas! José ¡Ah, cállate! ¡Calla! (Deshaciéndose bruscamente del abrazo de Carmen.) ¡No, no quiero escucharte más! Abandonar mi bandera, desertar, es la vergüenza, es la infamia. ¡No, no quiero! Carmen Eh bien, pars! Carmen Pues vete. José Carmen, je t’en prie. José ¡Carmen, te lo ruego! Carmen Non, je ne t’aime plus, va! Je te hais! Carmen No, ¡ya no te quiero, vete! ¡Te odio! José Écoute! Carmen! José ¡Escucha, Carmen! Carmen Adieu! Mais adieu pour jamais. Carmen ¡Adiós! ¡Adiós para siempre! Libreto 137 José Eh bien, soit! ... Adieu, adieu pour jamais. José Muy bien, pues ¡adiós para siempre! Carmen Va-t’en! Carmen ¡Vete! José Carmen! Adieu, adieu pour jamais! José ¡Adiós, Carmen! ¡Adiós para siempre! Carmen Adieu! (Il va en courant jusqu’à la porte... Au moment où il y arrive, on frappe... Don José s’arrête. Silence. On frappe encore.) Carmen ¡Adiós! (Va corriendo hacia la puerta, al llegar a ella, llaman. Don José se detiene. Silencio, Vuelven a llamar.) Zuniga Holà! Carmen! Holà! Holà! Zuniga ¡Eh, Carmen! ¡Hola, hola! José Qui frappe? Qui vient là? José ¿Quién llama? ¿Quién viene? Carmen Tais-toi! ... Tais-toi! Carmen ¡Calla! ¡Calla! Zuniga (faisant sauter la porte) J’ouvre moi-même et j’entre. (II entre et voit Don José. A Carmen.) Ah fi! Ah! Fi la belle, Le choix n’est pas heureux; c’est se mésallier de prendre le soldat quand on a l’officier. (à Don José) Allons! Décampe. Zuniga (haciendo saltar la puerta) Abro yo mismo y entro. (Entra y ve a Don José. A Carmen.) ¡Ah, vaya, vaya! Bien, preciosa, la elección no es muy acertada, mala cosa quedarse con el soldado teniendo al oficial. (a Don José) ¡Y tú, lárgate! José Non. José No. Zuniga Si fait, tu partiras. Zuniga ¡Oh, ya lo creo que te irás! José Je ne partirai pas. José Yo no me muevo de aquí. 138 Libreto Zuniga (le frappant) Drôle! Zuniga (golpeándole) ¡Tunante! José (sautant sur son sabre) Tonnerre! Il va pleuvoir des coups. (Zuniga dégaine à moitié.) José (cogiendo el sable) ¡Rayos, va a haber batalla! (Zuniga desenvaina a medias.) Carmen (se jetant entre eux deux) Au diable le jaloux! (appelant) À moi! À moi! (Le Dancaïre, Le Remendado et les bohémiens paraissent de tous les côtés. Carmen d’un geste montre Zuniga aux bohémiens; Le Dancaïre et Le Remendado se jettent sur lui, le désarment.) Carmen (interponiéndose) ¡Al diablo con el celoso! (gritando) ¡A mí! ¡A mí! (El Dancaïre y el Remendado y las gitanas aparecen por todas partes. Carmen con un gesto muestra Zuniga a los gitanos; el Dancaïre y el Remendado se lanzan sobre él y lo desarman.) Carmen Bel officier, bel officier, l’amour Vous joue en ce moment un assez vilain tour, Vous arrivez fort mal et nous sommes forcés, Ne voulant être dénoncés, De vous garder au moins pendant une heure. Carmen Guapo oficial, guapo oficial, el amor os juega ahora una mala pasada, llegáis en mal momento y nos vemos obligados, no queriendo ser denunciados, a reteneros al menos durante una hora. Le Dancaïre et Le Remendado Mon cher monsieur, mon cher monsieur, Nous allons s’il vous plaît quitter cette demeure. Vous viendrez avec nous? Vous viendrez avec nous? Dancaïre, Remendado Querido señor, querido señor, ahora dejaremos, si no os importa, este local. ¿Vendréis con nosotros, no es cierto? Vendréis, sí. Carmen C’est une promenade. Carmen Será un paseo. Le Dancaïre et Le Remendado Consentez-vous? Consentez-vous? Répondez camarade! Dancaïre, Remendado Vais a consentir, ¿verdad? Responded, camarada. Zuniga Certainement, D’autant plus que votre argument Zuniga Pues claro, dado que sus argumentos Libreto 139 Est un de ceux auxquels On ne résiste guère. Mais gare à vous plus tard. son de los que es mejor no contrariar. Pero después ¡id con mucho cuidado! Le Dancaïre (avec philosophie) La guerre, c’est la guerre. En attendant, mon officier, Passez devant sans vous faire prier. Dancaïre (con filosofía) La guerra es la guerra. Mientras tanto, oficial, pasad delante sin haceros rogar. Le Remendado et le Choeur Passez devant sans vous faire prier. (L’officier sort, emmené par quatre bohémiens, le pistolet à la main.) Remendado, Coro Pasad delante sin haceros rogar. (El oficial sale, entre cuatro gitanos con la pistola en mano.) Carmen (à Don José) Es-tu des nôtres maintenant? Carmen (a Don José) Y ahora ¿eres de los nuestros? José Il le faut bien. José ¡No hay más remedio! Carmen Ah! Le mot n’est pas galant, Mais qu’importe, va, tu t’y feras Quand tu verras Comme c’est beau la vie errante, Pour pays l’univers, Pour loi ta volonté, Et surtout la chose enivrante: La liberté! La liberté! Carmen La respuesta no es muy galante, pero qué importa, ya te acostumbrarás cuando veas allí lo buena que es la vida errante, por país el universo, por ley tu voluntad, y sobre todo lo más embriagador, ¡la libertad, la libertad! Frasquita, Mercédès, Carmen Frasquita, Mercédès, Carmen, Mujeres Síguenos campo a través, ven con nosotras a la montaña, síguenos, ya te acostumbrarás, cuando veas allí lo buena que es la vida errante, por país el universo, por ley tu voluntad, y sobre todo lo más embriagador, ¡la libertad, la libertad! et les femmes Suis-nous à travers la campagne, Viens avec nous dans la montagne, Suis-nous et tu t’y feras, tu t’y feras Quand tu verras, là-bas, Comme c’est beau la vie errante, Pour pays l’univers; Et pour loi sa volonté! Et surtout la chose enivrante: La liberté! 140 Libreto Le Remendado, Le Dancaïre et les Hommes Ami, suis-nous dans la campagne, Viens avec nous à la montagne, etc. Remendado, Dancaïre, Hombres Amigo, síguenos al campo, ven con nosotros a la montaña, etc. José Ah! José ¡Ah! Tous Le ciel ouvert, la vie errante, Pour pays tout l’univers Pour loi ta volonté, Et surtout la chose enivrante: La liberté! La liberté! Todos El cielo abierto, la vida errante, por país el universo, por ley tu voluntad, y sobre todo lo más embriagador, ¡la libertad, la libertad! Libreto 141 Entr’acte Entreacto TROISIÈME ACTE ACTO III Le rideau se lève sur des rochers ... site pittoresque et sauvage ... Solitude complète et nuit noire. Prélude musical. Au bout de quelques instants, un contrebandier paraît au haut des rochers, puis un autre, puis deux autres, puis vingt autres çà et là, descendant et escaladant des rochers. Des hommes portent de gros ballots sur les épaules. Se levanta el telón. Se ven unas rocas, en un paisaje pintoresco y agreste. Completa soledad y negra noche. Preludio musical. Al cabo de unos instantes, aparece un contrabandista sobre una peña, luego otro, y a continuación veinte más por aquí y por allá, bajando y escalando las peñas. Hay hombres que llevan enormes fardos sobre los hombros. Choeur Écoute, écoute, compagnon, écoute, La fortune est là-bas, là-bas, Mais prends garde pendant la route, Prends garde de faire un faux pas. Coro Escucha, compañero, escucha, la fortuna está allá abajo, pero ten cuidado en el camino, que sea que des un mal paso. Frasquita, Mercédès, Carmen, José, Le Remendado et Le Dancaïre Notre métier est bon, mais pour le faire il faut Avoir une âme forte, Et le péril, le péril est en haut, Il est en bas, il est en haut, Il est partout qu’importe! Nous allons devant nous, sans souci du torrent, Sans souci de l’orage, Sans souci du soldat, qui là-bas nous attend, Et nous guette au passage. Sans souci, nous allons en avant! Écoute, compagnon, écoute, La fortune est là-bas, là-bas ... Mais prends garde pendant la route, Prends garde de faire un faux pas. Prends garde! Prends garde! Frasquita, Mercédès, Carmen, José, Remendado, Dancaïre Nuestro oficio es bueno, pero para hacerlo hay que tener fuerte el espíritu. Y el peligro viene de arriba y viene de abajo, está por todas partes, ¡pero qué importa! Seguimos adelante, no nos asustan ni torrentes ni tormentas, ni el soldado que allá abajo nos espera y acecha nuestro paso. Sin desfallecer, seguimos adelante. Escucha, compañero, escucha, la fortuna está allá abajo, pero ten cuidado en el camino, que sea que des un mal paso. ¡Ve con cuidado! Le Dancaïre Halte! Nous allons nous arrêter ici ... ceux qui ont sommeil pourront dormir pendant une demiheure … Dancaïre ¡Alto! Nos quedamos aquí… los que tengan sueño, podrán dormir una media hora. Le Remendado (s’étendant avec volupté) Ah! Remendado (echándose con voluptuosidad) ¡Ah! 142 Libreto Le Dancaïre Je vais, moi, voir s’il y a moyen de faire entrer les marchandises dans la ville ... une brèche s’est faite dans le mur d’enceinte et nous pourrions passer par là; malheureusement on a mis un factionnaire pour garder cette brèche. Dancaïre Voy a ver si hay manera de hacer entrar las mercancías a la ciudad, hay una brecha en la muralla y podríamos pasar por allí; por desgracia han puesto a un centinela para vigilar. José Lillas Pastia nous a fait savoir que, cette nuit, ce factionnaire serait un homme à nous … José Lillas Pastia nos hizo saber que esta noche el centinela será de los nuestros. Le Dancaïre Oui, mais Lillas Pastia a pu se tromper ... le factionnaire qu’il veut dire a pu être changé ... Avant d’aller plus loin je ne trouve pas mauvais de m’assurer moi-même ... (appelant) Remendado! Dancaïre Sí, pero Lillas Pastia puede haberse equivocado, podrían haber cambiado al centinela. Antes de ir más lejos, no estaría de más asegurarse. (gritando) ¡Remendado! Le Remendado (se réveillant) Hé? Remendado (despertando) ¿Qué? Le Dancaïre Debout, tu vas venir avec moi … Dancaïre Arriba, vas a venir conmigo. Le Remendado Mais, patron … Remendado Pero, patrón… Le Dancaïre Qu’est-ce que c’est? Dancaïre ¿Qué problema tienes? Le Remendado (se levant) Voilà, patron, voilà! … Remendado (levantándose) Nada, no es nada, patrón. Le Dancaïre Allons, passe devant. Dancaïre Vamos, ve tú delante. Le Remendado Et moi qui rêvais que j’allais pouvoir dormir … C’était un rêve, hélas! C’était un rêve! ... (Il sort suivi du Dancaïre.) (Pendant la scène entre Carmen et José, Remendado Y yo que soñaba que podría dormir… ya se ha visto que era sólo un sueño y nada más. (Sale con Dancaïre detrás.) (Durante la escena entre José y Carmen, Libreto 143 quelques bohémiens allument un feu près duquel Mercédès et Frasquita viennent s’asseoir, les autres se roulent dans leurs manteaux, se couchent et s’endorment.) algunos gitanos encienden una hoguera, cerca de la cual se sientan Frasquita y Mercédès; los demás se envuelven en sus capas, se tumban y se duermen.) José Voyons, Carmen ... si je t’ai parlé trop durement, je t’en demande pardon, faisons la paix. José Mira, Carmen, si te hablé duramente, te pido perdón, hagamos las paces. Carmen Non. Carmen No. José Tu ne m’aimes plus, alors? José ¿Es que ya no me quieres? Carmen Ce qui est sûr, c’est que je t’aime beaucoup moins qu’autrefois ... et que si tu continues à t’y prendre de cette façon-là, je finirai par ne plus t’aimer du tout ... Je ne veux pas être tourmentée ni surtout commandée. Ce que je veux, c’est être libre et faire ce qui me plaît. Carmen Lo que está claro es que te quiero menos que antes, y que si sigues por este camino, al final ya no te querré en absoluto. No quiero que nadie me moleste y me diga qué debo hacer, lo que quiero es ser libre y hacer lo que me plazca. José Tu es le diable, Carmen? José ¿Eres un demonio, Carmen? Carmen Oui. Qu’est-ce que tu regardes là, à quoi penses-tu? Carmen Sí, ¿qué miras? ¿En qué piensas? José Je me dis que là-bas ... à sept ou huit lieues d’ici tout au plus, il y a un village, et dans ce village une bonne vieille femme qui croit que je suis encore un honnête homme... José Me digo que ahí abajo, a siete u ocho leguas de aquí, hay un pueblecito, y en él hay una viejecita que aún piensa que soy una persona honesta. Carmen Une bonne vieille femme? Carmen ¿Una viejecita? José Oui; ma mère. José Sí, mi madre. Carmen Ta mère ... Eh bien là, vrai, tu ne ferais pas mal Carmen ¿Tu madre? Caramba, pues no estaría mal que 144 Libreto d’aller la retrouver, car décidément tu n’es pas fait pour vivre avec nous ... chien et loup ne font pas longtemps bon ménage … fueras a verla, porque ciertamente no estás hecho para vivir con nosotros… perros y lobos no congenian durante mucho tiempo. José Carmen … José Carmen… Carmen Sans compter que le métier n’est pas sans péril pour ceux qui, comme toi, refusent de se cacher quand ils entendent des coups de fusil ... plusieurs des nôtres y ont laissé leur peau, ton tour viendra. Carmen Sin contar con que el oficio tiene sus peligros para quien, como tú, se niega a esconderse cuando se oyen disparos… algunos de nosotros están muertos, ya te llegará el turno. José Et le tien aussi ... si tu me parles encore de nous séparer et situ ne te conduis pas avec moi comme je veux que tu te conduises… José Y el tuyo también, si sigues hablando de separarnos y si no te portas conmigo como quiero que te portes. Carmen Tu me tuerais, peut-être? (José ne répond pas.) A la bonne heure … j’ai vu plusieurs fois dans les cartes que nous devions finir ensemble. (Faisant claquer ses castagnettes.) Bah! Arrive qui plante … Carmen ¿Acaso me vas a matar? (José no contesta.) Bien, bien, ya vi en las cartas muchas veces que teníamos que acabar juntos. (tocando las castañuelas) ¡Bah! Que sea lo que tenga que ser. José Tu es le diable, Carmen? ... José Eres el demonio, Carmen. Carmen Mais oui, je te l’ai déjà dit … (Elle tourne le dos à José et va s’asseoir près de Mercédès et de Frasquita. - Après un instant d’indécision, José s’éloigne à son tour et va s’étendre sur les rochers. Pendant les dernières répliques de la scène, Mercédès et Frasquita ont étalé des cartes devant elles.) Carmen Sí, ya te lo he dicho. (Le vuelve la espalda y va a sentarse cerca de Mercédès y de Frasquita. Después de un momento de indecisión, José se aleja y va a tumbarse sobre una peña. Durante las últimas réplicas, Mercédès y Frasquita han colocado las cartas ante ellas.) Mercédès Mêlons! Mercédès ¡Barajemos! Frasquita Mêlons! Frasquita ¡Barajemos! Libreto 145 Mercédès Coupons! Mercédès ¡Cortemos! Frasquita Coupons. Frasquita ¡Cortemos! Mercédès Bien, c’est cela. Mercédès Ya está bien. Frasquita Bien, c’est cela. Frasquita Ya está bien. Mercédès Trois cartes ici… Mercédès Tres cartas aquí. Frasquita Trois cartes ici… Frasquita Tres cartas aquí. Mercédès Quatre là! Mercédès Cuatro allí. Frasquita Quatre là. Frasquita Cuatro allí. Mercédès et Frasquita Et maintenant, parlez, mes belles, De l’avenir donnez-nous des nouvelles; Dites-nous qui nous trahira, Dites-nous qui nous aimera. Parlez, parlez! Parlez, parlez! Dites-nous qui nous trahira, Dites-nous qui nous aimera. Mercédès, Frasquita Y ahora hablad, preciosas mías, habladnos del porvenir. Decidnos quién nos traicionará. Decidnos quién nos amará. Hablad, hablad. decidnos, decidnos, quién nos amará, quién nos traicionará. Frasquita Parlez! Parlez! Frasquita ¡Hablad, hablad! Mercédès Parlez! Parlez! Mercédès ¡Hablad, hablad! Frasquita Moi, je vois un jeune amoureux Qui m’aime on ne peut davantage. Frasquita Yo veo a un joven enamorado que me ama a más no poder. 146 Libreto Mercédès Le mien est très riche et très vieux mais il parle de mariage. Mercédès El mío es muy rico y viejo, pero habla de casarse. Frasquita Il me campe sur son cheval, et dans la montagne il m’entraîne. Frasquita Me hace subir a su caballo y me arrastra a la montaña. Mercédès Dans un château presque royal, Le mien m’installe en souveraine. Mercédès En un castillo casi real me instala el mío como soberana. Frasquita De l’amour à n’en plus finir, Tous les jours nouvelles folies. Frasquita Un amor que nunca acaba, cada día nuevas locuras. Mercédès De l’or tant que j’en puis tenir, Des diamants ... des pierreries. Mercédès Tanto oro como quiera, diamantes, piedras preciosas… Frasquita Le mien devient un chef fameux, Cent hommes marchent à sa suite. Frasquita El mío se convierte en jefe famoso, con cien hombres que les siguen. Mercédès Le mien, en croirai-je mes yeux Oui ... Il meurt! Ah je suis veuve Et j’hérite. Mercédès El mío… no me lo puedo creer, ¡sí, se muere! ¡Ah! Soy viuda y heredo. Frasquita et Mercédès Parlez encor, parlez, mes belles, De l’avenir donnez-nous des nouvelles; Dites-nous qui nous trahira, Dites-nous qui nous aimera. Parlez encor! Parlez encor! (Elles recommencent à consulter les cartes.) Mercédès, Frasquita Y ahora hablad, preciosas mías, habladnos del porvenir. Decidnos quién nos traicionará. Decidnos quién nos amará. vamos, volved a hablar. (Vuelven a consultar las cartas.) Mercédès Fortune! Mercédès ¡Fortuna! Frasquita Amour! (Carmen depuis le commencement de la Frasquita ¡Amor! (Carmen desde el principio ha seguido con la Libreto 147 scène suivant du regard le jeu de Mercédès et de Frasquita.) mirada el juego de Mercédès y Frasquita.) Carmen Voyons, que j’essaie à mon tour. (Elle se met à tourner les cartes.) Carreau, pique ... la mort! J’ai bien lu ... moi d’abord. (Montrant Don José endormi.) Ensuite lui ... pour tous les deux la mort. (À voix basse, tout en continuant à mêler les cartes.) En vain pour éviter les réponses amères, En vain tu mêleras, Cela ne sert à rien, les cartes sont sincères Et ne mentiront pas. Dans le livre d’en haut, Si ta page est heureuse, Mêle et coupe sans peur, La carte sous tes doigts Se tournera joyeuse T’annonçant le bonheur. Mais si tu dois mourir, si le mot redoutable Est écrit par le sort, Recommence vingt fois La carte impitoyable Répétera: la mort! Oui, si tu dois mourir, Recommence vingt fois La carte impitoyable Répétera: la mort. Encor! Encor! Toujours la mort. Carmen Veamos, dejadme probar. (Se dispone a girar las cartas.) Oros, espadas… ¡la muerte! Lo he leído bien… yo primero. (señalando a Don José dormido) Después él… para los dos la muerte. (En voz baja, mientras continúa barajando las cartas.) En vano para evitar respuestas amargas, en vano barajas las cartas, no sirve de nada, las cartas son sinceras y no mienten. En el libro de ahí arriba, si tu página es feliz, baraja y corta sin miedo, la carta en tus dedos se volverá afortunada, te anunciará felicidad. Pero si has de morir, si la palabra temida ya está escrita por el destino, ya puedes empezar veinte veces, que la carta despiadada lo repetirá: ¡la muerte! Sí, si has de morir, ya puedes empezar veinte veces, que la carta despiadada lo repetirá: ¡la muerte! ¡Una y otra vez, siempre la muerte! Frasquita et Mercédès Parlez encor Parlez, mes belles, De l’avenir donnez-nous des nouvelles; Dites-nous qui nous trahira, Dites-nous qui nous aimera. Fortune! Amour! Frasquita, Mercédès Y ahora volved a hablar, hablad, preciosas mías, habladnos del porvenir. Decidnos quién nos traicionará. Decidnos quién nos amará. ¡Fortuna! ¡Amor! Carmen Encor! Encor! Carmen ¡Una y otra vez! 148 Libreto Le désespoir! La mort, la mort. Encor! La mort. Toujours la mort. ¡El desespero! ¡La muerte, otra vez la muerte! ¡Siempre la muerte! Mercédès Fortune! Mercédès ¡Fortuna! Frasquita Amour! Frasquita ¡Amor! Carmen Toujours la mort! Carmen ¡Siempre la muerte! Toutes les Trois Encor! Encor! Encor! Encor! (Rentrent Le Dancaïre et le Remendado.) Las tres ¡Una y otra vez, y otra! (Vuelven el Dancaïre y el Remendado.) Carmen Eh bien? Carmen ¿Qué? Le Dancaïre Eh bien, j’avais raison de ne pas me fier aux renseignements de Lillas Pastia; nous n’avons pas trouvé son factionnaire, mais en revanche nous avons aperçu trois douaniers qui gardaient la brèche et qui la gardaient bien, je vous assure. Dancaïre Bien hacía yo de no fiarme de la información de Lillas Pastia, no hemos visto a su centinela, pero sí que hemos encontrado a tres aduaneros que custodian la brecha y la vigilan muy bien. Carmen Savez-vous leurs noms à ces douaniers? Carmen ¿Sabéis el nombre de esos aduaneros? Le Remendado Certainement nous savons leurs noms; qui est-ce qui connaîtrait les douaniers si nous ne les connaissions pas? Il y avait Eusebio, Perez et Bartolomé. Remendado Por supuesto que sí. Quién los va a conocer, sino nosotros. Eran Eusebio, Pérez y Bartolomé. Frasquita Eusebio … Frasquita Eusebio… Mercédès Perez … Mercédès Pérez… Libreto 149 Carmen Et Bartolomé ... (en riant) N’ayez pas peur, Dancaïre, nous vous en répondons de vos trois douaniers … Carmen Y Bartolomé… (riendo) No temas, Dancaïre, esos tres aduaneros son cosa nuestra. José (furieux) Carmen! José (furioso) ¡Carmen! Le Dancaïre Ah! toi, tu vas nous laisser tranquilles avec ta jalousie … le jour vient et nous n’avons pas de temps à perdre... En route, les enfants . (On commence à prendre les ballots.) Quant à toi … (s’adressant à José) je te confie la garde des marchandises que nous n’emportons pas ... Tu vas te placer là, sur cette hauteur ... tu y seras à merveille pour voir si nous sommes suivis ... dans le cas où tu apercevrais quelqu’un, je t’autorise à passer ta colère sur l’indiscret. Nous y sommes? Dancaïre ¡Ah, basta! Déjanos en paz con tus celos. Pronto va a ser de día y no hay tiempo que perder. ¡Vamos, muchachos! (Empieza a coger los fardos.) Y tú… (a Don José) …quedas encargado de vigilar la mercancía que no nos llevemos. Te colocas ahí arriba y podrás ver perfectamente si alguien nos sigue. En caso de que veas que alguien nos sigue, te autorizo a descargar tu ira sobre el indiscreto. ¿Preparados? Le Remendado Oui, patron. Remendado Sí, patrón. Le Dancaïre En route alors ... (aux femmes) Mais vous ne vous flattez pas, vous me répondez vraiment de ces trois douaniers? Dancaïre ¡En marcha, pues! (a las mujeres) Veremos si es verdad que respondéis de esos tres aduaneros. Carmen N’ayez pas peur, Dancaïre. Carmen No temas, Dancaïre. Frasquita, Mercédès et Carmen Quant au douanier c’est notre affaire, Tout comme un autre il aime à plaire, Il aime à faire le galant. Ah! Laissez-nous passer en avant. Frasquita, Mercédès, Carmen El aduanero es cosa nuestra, como cualquier otro quiere agradar, le gusta hacerse el galante. ¡Ah! Dejadnos pasar delante. Tous Il aime à plaire! Todos ¡Quiere agradar! 150 Libreto Mercédès Le douanier sera clément! Mercédès ¡El aduanero será clemente! Tous Il est galant! Todos ¡Es galante! Carmen Le douanier sera charmant! Carmen ¡El aduanero será encantador! Tous Il aime à plaire! Todos ¡Le gusta agradar! Frasquita Le douanier sera galant! Frasquita ¡El aduanero será galante! Mercédès Oui le douanier sera même entreprenant! Mercédès ¡Sí, incluso será atrevido! Tous Oui le douanier c’est notre/leur affaire! Tout comme un autre il aime à plaire, Il aime à faire le galant. Laissez-nous/les passer en avant! Todos El aduanero es cosa nuestra/suya, como cualquier otro quiere agradar, y le gusta hacerse el galante. Dejadnos/Dejadlas pasar delante. Frasquita, Mercédès et Carmen Il ne s’agit plus de bataille, Non, il s’agit tout simplement De se laisser prendre la taille Et d’écouter un compliment. S’il faut aller jusqu’au sourire, Que voulez-vous? on sourira, Et d’avance je puis le dire, La contrebande passera. Frasquita, Mercédès, Carmen Ya no se trata de batallar, no, simplemente se trata de dejarse coger por la cintura y de escuchar un requiebro. Si hay que llegar hasta la sonrisa, ¿qué pasa?, sonreiremos, y de antemano podemos decir que el contrabando pasará. Choeur Et d’avance je puis le dire La contrebande passera! Coro Y de antemano podemos decir que el contrabando pasará. Frasquita, Mercédès et Carmen En avant! Marchons! Allons! En avant! Le douanier c’est notre affaire! etc. (Tout le monde sort. - José ferme la marche et sort en examinant l’amorce de sa carabine; Frasquita, Mercédès, Carmen ¡Adelante, en marcha! ¡Vamos, adelante! El aduanero es cosa nuestra, etc. (Salen todos. José cierra la marcha y se va examinando el fulminante de su trabuco; al Libreto 151 un peu avant qu’il soit sorti, on voit un homme passer sa tête au-dessus du rocher. C’est un guide.) cabo de unos instantes, se ve a un hombre que saca la cabeza por encima de una roca, es un guía.) Le Guide (il s’avance avec précaution, puis fait un signe à Micaëla que l’on ne voit pas encore) Nous y sommes. Guía (avanza con precaución, luego hace una señal a Micaëla, aún no visible) Ya hemos llegado. Micaëla (entrant) C’est ici? Micaëla (entrando) ¿Es aquí? Le Guide Oui, vilain endroit, n’est-ce pas, et pas rassurant du tout? Guía Sí, mal lugar éste, y nada tranquilizador. Micaëla Je ne vois personne. Micaëla No se ve a nadie. Le Guide Ils viennent de partir mais il reviendront bientôt, car ils n’ont pas emporté toutes leurs marchandises ... je connais leurs habitudes … Prenez garde … un des leurs doit être en sentinelle quelque part et si l’on nous apercevait … Guía Acaban de irse, pero pronto volverán, porque no se han llevado toda la mercancía. Conozco sus costumbres, id con mucho cuidado, uno de ellos debe de estar al acecho en alguna parte y si nos vieran… Micaëla Je l’espère bien qu’on m’apercevra ... puisque je suis venue ici tout justement pour parler à ... pour parler à un de ces contrebandiers … Micaëla Espero que me vean, porque, si he venido hasta aquí, es precisamente para hablar con… con uno de esos contrabandistas. Le Guide Eh bien là, vrai, vous pouvez vous vanter d’avoir du courage ... tout à l’heure quand nous nous sommes trouvés au milieu de ce troupeau de taureaux sauvages que conduisait le célèbre Escamillo, vous n’avez pas tremblé … Et maintenant venir affronter ces bohémiens Guía ¡Bien podéis decir que sois valiente! Hace un momento, cuando nos hemos topado con el rebaño de toros salvajes que conducía el célebre Escamillo, no habéis temblado… Y ahora queréis veros con esos gitanos. Micaëla Je ne suis pas facile à effrayer. Micaëla No me asusto fácilmente. 152 Libreto Le Guide Vous dites cela parce que je suis près de vous, mais si vous étiez toute seule . Guía Eso lo decís porque yo estoy cerca, pero sola… Micaëla Je n’aurais pas peur, je vous assure. Micaëla Tampoco tendría miedo, os lo aseguro. Le Guide Bien vrai? Guía ¿De veras? Micaëla Bien vrai ... Micaëla De veras. Le Guide (naïvement) Alors je vous demanderai la permission de m’en aller. - J’ai consenti à vous servir de guide parce que vous m’avez bien payé; mais maintenant que vous êtes arrivée ... si ça ne vous fait rien, j’irai vous attendre là, où vous m’avez pris . . . à l’auberge qui est au bas de la montagne. Guía (ingenuamente) Pues os pido permiso para irme. He consentido en haceros de guía porque me habéis pagado bien, pero ya habéis llegado, y si no os molesta, iré a esperaros allí donde me habéis encontrado, la posada al pie de la montaña. Micaëla C’est cela, allez m’attendre! Micaëla De acuerdo, esperadme allí. Le Guide Vous restez décidément? Guía ¿Pensáis quedaros? Micaëla Oui, je reste! Micaëla ¡Pues claro que sí! Le Guide Que tous les saints du paradis vous soient en aide alors,mais c’est une drôle d’idée que vous avez là. Guía ¡Pues que todos los santos del paraíso os acompañen! ¡Qué ocurrencia, venir aquí! Micaëla Je dis que rien ne m’épouvante, Je dis hélas que je réponds de moi, Mais j’ai beau faire la vaillante, Au fond du cour, je meurs d’effroi Seule, en ce lieu sauvage Toute seule, j’ai peur, Mais j’ai tort d’avoir peur, Micaëla Dije que nada me da miedo, que respondo de mí, ¡ay! Pero por mucho que me haga la valiente, en el fondo del corazón estoy muerta de miedo. Sola, en este lugar salvaje, completamente sola, tengo miedo, pero no debería tenerlo, Libreto 153 Vous me donnerez du courage, Vous me protégerez, Seigneur . Je vais voir de près cette femme Dont les artifices maudits Ont fini par faire un infâme De celui que j’aimais jadis; Elle est dangereuse, elle est belle, Mais je ne veux pas avoir peur, Non, non je ne veux pas avoir peur! Je parlerai haut devant elle, Ah! Seigneur ... Vous me protégerez. Ah! Je dis que rien ne m’épouvante, etc. Protégez-moi! O Seigneur! Donnez-moi du courage! Protégez-moi! O Seigneur! Protégez-moi! Seigneur! Mais ... je ne me trompe pas ... à cent pas d’ici ... sur ce rocher, c’est Don José. (appelant) José, José! (Avec terreur.) Mais que fait-il? ... Il ne regarde pas de mon côté ... il arme sa carabine, il ajuste ... il fait feu … (On entend un coup de feu.) Ah! Mon Dieu j’ai trop présumé de mon courage …j’ai peur … j’ai peur. (Elle disparaît derrière les rochers. Au même moment entre Escamillo tenant son chapeau à la main.) vos me daréis coraje, ¡vos me protegeréis, Señor! Veré de cerca a esta mujer cuyos malditos artificios han convertido en infame aquel que yo antes amaba. Es peligrosa y bella, pero no voy a tener miedo, ¡no quiero tener miedo! Hablaré alto y claro con ella. ¡Ah, Señor, vos me protegeréis! ¡Ah, dije que nada me asusta, etc. ¡Protegedme, Señor! ¡Dadme coraje! ¡Protegedme, oh, Señor! ¡Protegedme! Pero no me equivoco… a cien pasos de aquí… sobre la roca…es Don José. (gritando) ¡José, José! (con terror) Pero ¿qué hace? No mira hacia aquí, arma su trabuco, apunta, dispara… (Se oye un disparo.) ¡Ah, Dios mío! ¡Y yo que presumía de valiente! Tengo miedo, mucho miedo… (Desaparece tras las rocas. Al mismo tiempo aparece Escamillo, con el sombrero en la mano.) Escamillo (regardant son chapeau) Quelques lignes plus bas ... et ce n’est pas moi qui, à la course prochaine, aurais eu le plaisir de combattre les taureaux que je suis en train de conduire. Escamillo (mirando el sombrero) Un poco más abajo y ya no sería yo quien, en la próxima corrida, tendría el placer de matar los toros que llevo. José (son couteau à la main) Qui êtes-vous? Répondez. José (navaja en mano) ¿Quién sois? Responded. Escamillo (très calme) Escamillo (con mucha calma) 154 Libreto Eh là ... doucement! Je suis Escamillo, torero de Grenade. ¡Eh, tranquilo, amigo! Soy Escamillo, torero de Granada. José Escamillo! José ¡Escamillo! Escamillo C’est moi. Escamillo El mismo. José (remettant son couteau à sa ceinture) Je connais votre nom, soyez le bienvenu; mais vraiment, camarade, vous pouviez y rester. José (guardando la navaja en el fajín) Conozco vuestro nombre. Bienvenido. Pero, camarada, podía haberse quedado en el sitio. Escamillo Je ne vous dis pas non, Mais je suis amoureux, mon cher, à la folie, Et celui-là serait un pauvre compagnon Qui, pour voir ses amours, Ne risquerait sa vie. Escamillo No digo que no, pero es que estoy enamorado, amigo, y no sería buen compañero quien, para ver a su amor, no arriesgase la vida. José Celle que vous aimez est ici? José ¿La que amáis está aquí? Escamillo Justement. C’est une zingara, mon cher. Escamillo ¡Justamente! Es una gitana, amigo mío. José Elle s’appelle? José ¿Y cómo se llama? Escamillo Carmen. Escamillo Carmen. José Carmen! José ¡Carmen! Escamillo Carmen! Oui, mon cher. Elle avait pour amant Un soldat qui jadis A déserté pour elle. Escamillo ¡Carmen! Sí, amigo mío. Tenía un amante que era soldado y que hace un tiempo desertó para ir detrás de ella. Libreto 155 José Carmen! José ¡Carmen! Escamillo Ils s’adoraient, Mais c’est fini, je crois. Les amours de Carmen Ne durent pas six mois. Escamillo Se adoraban, pero creo que ya terminó. Los amores de Carmen no duran ni seis meses. José Vous l’aimez cependant … José ¿Pero la amáis? Escamillo Je l’aime. Je l’aime, oui, mon cher je l’aime à la folie! Escamillo La amo, claro que la amo, amigo, ¡la amo con locura! José Mais pour nous enlever nos filles de Bohème, savez-vous bien qu’il faut payer? José Pero ¿ya sabéis que hay que pagar para arrebatarnos a nuestras gitanas? Escamillo Soit, on paiera. Escamillo Pues pagaré. José Et que le prix se paie à coups de navaja. José ¿Y que el precio se paga a navajazos? Escamillo (surpris) A coups de navaja? Escamillo (sorprendido) ¿A navajazos? José Comprenez-vous? José ¿Lo habéis comprendido? Escamillo Le discours est très net. Ce déserteur, ce beau soldat qu’elle aime Ou du moins qu’elle aimait, C’est donc vous? Escamillo Está muy claro. El desertor, el buen soldado que ella ama, o que amaba, mejor dicho, ¿eres tú, pues? José Oui, c’est moi-même. José Yo mismo, sí. Escamillo J’en suis ravi, mon cher, et le tour est complet. Escamillo ¡Me alegro, amigo, jugada completa! 156 Libreto (Tous les deux, la navaja la main, se drapent dans leurs manteaux.) (Los dos, navaja en mano, se envuelven el brazo en la capa.) José Enfin ma colère Trouve à qui parler. Oui, le sang, je l’espère, Va bientôt couler. José Por fin mi ira encuentra con quien hablar. Sí, espero que la sangre brote pronto ya. Escamillo Quelle maladresse; J’en rirais vraiment! Chercher la maîtresse Et trouver l’amant. Escamillo ¡Qué mala suerte! ¡Es para reírse! Buscar a la querida y encontrarse al amante. José et Escamillo Mettez-vous en garde Et veillez sur vous. Tant pis pour qui tarde A parer les coups. En garde, allons! Veillez sur vous! Veillez sur vous! (Ils se mettent en garde à une certaine distance.) José, Escamillo En guardia, amigo, y tened cuidado. Será peor para quien tarde en parar sus golpes. ¡En guardia, vamos! ¡Y tened cuidado! (Se ponen en guardia a cierta distancia.) Escamillo Je la connais, Ta garde navarraise, Et je te préviens en ami, Qu’elle ne vaut rien … (Sans répondre, Don José marche sur Escamillo.) A ton aise. Je t’aurai du moins averti. (Combat; Escamillo très calme cherche seulement à se défendre.) Escamillo Ya la conozco, tu guardia navarra, y te advierto como amigo de que no te va a servir. (Sin responder, Don José carga contra Escamillo.) Como quieras. Yo ya te he avisado. (Combaten; Escamillo, con calma, sólo procura defenderse.) José Tu m’épargnes, maudit. José Te escabulles, cobarde. Escamillo A ce jeu de couteau Je suis trop fort pour toi. Escamillo En el juego de la navaja soy mucho mejor que tú. Libreto 157 José Voyons cela. (Rapide et très vif corps à corps. José se trouve à la merci d’Escamillo qui ne le frappe pas.) José Ya lo veremos. (Rápido y vivo enzarzarse. José queda a la merced de Escamillo, que sin embargo no le hiere.) Escamillo Tout beau. Ta vie est à moi, mais en somme J’ai pour métier de frapper le taureau, Non de trouer le cour de l’homme. Escamillo Ya está. Tu vida es mía, pero al fin y al cabo soy torero, yo mato toros, no agujereo el corazón de un hombre. José Frappe ou bien meurs Ceci n’est pas un jeu. José Mata o muere, esto no es un juego. Escamillo (se dégageant) Soit, mais au moins respire un peu. Escamillo (separándose) Sea, pero respira un poco por lo menos. José En garde! José ¡En guardia! José et Escamillo Mettez-vous en garde Et veillez sur vous! Tant pis pour qui tarde A parer les coups. En garde, allons! Veillez sur vous! Veillez sur vous! (Après le dernier ensemble, reprise du combat. Escamillo glisse et tombe. - Entrent Carmen et Le Dancaïre; Carmen arrête le bras de Don José. - Le Remendado, Mercédès, Frasquita et les contrebandiers rentrent pendant ce temps.) José, Escamillo En guardia, amigo, y tened cuidado. Será peor para quien tarde en parar sus golpes. ¡En guardia, vamos! ¡Y tened cuidado! (Después del último conjunto, retoman el combate. Escamillo resbala y cae. Entran Carmen y el Dancaïre; Carmen detiene el brazo de José. Entran Remendado, Frasquita, Mercédès y los demás contrabandistas.) Carmen Holà! Holà! José! … Carmen ¡Eh, eh! ¡José! Escamillo (se relevant) Vrai, j’ai l’âme ravie Que ce soit vous, Carmen, Qui me sauviez la vie. Escamillo (levantándose) De verás, estoy encantado de que seas tú, Carmen quien me ha salvado la vida. 158 Libreto Quant à toi, beau soldat, Nous sommes manche à manche Et nous jouerons la belle Le jour où tu voudras Reprendre le combat. En cuanto a ti, buen soldado, estamos empatados, y tendremos el desquite el día que quieras reanudar el combate. Le Dancaïre C’est bon, c’est bon, plus de querelle, Nous, nous allons partir. (à Escamillo) Et toi ... et toi, l’ami, bonsoir. Dancaïre ¡Bien, pues basta de peleas! Vamos a marcharnos. (a Escamillo) Y tú, tú, amigo, ¡buenas noches tengas! Escamillo Souffrez au moins Qu’avant de vous dire au revoir, Je vous invite tous aux courses de Séville. Je compte pour ma part y briller De mon mieux, Et qui m’aime y viendra. (regardant Carmen) Et qui m’aime y viendra! (à Don José qui fait un geste de menace) L’ami, tiens-toi tranquille, j’ai tout dit, oui, j’ai tout dit et je n’ai plus ici qu’à faire mes adieux … (Jeu de scène. Don José veut s’élancer sur le torero. Le Dancaïre et Le Remendado le retiennent. Escamillo sort très lentement.) Escamillo Permitidme al menos que antes de deciros adiós, os invite a todos a las corridas de Sevilla. Espero lucirme allí tanto como pueda, y quien me quiere, vendrá seguro. (mirando a Carmen) Y quien me quiere, vendrá seguro. (a Don José, que hace un gesto de amenaza) Y tú, tranquilo, amigo, ya está todo dicho. Sí, ya lo he dicho todo, sólo resta decir adiós. (Juego escénico. Don José quiere lanzarse sobre el torero. Dancaïre y el Remendado le retienen. Escamillo se va lentamente.) José (à Carmen) Prends garde à toi, Carmen ... je suis las de souffrir … (Carmen lui répond par un léger haussement d’épaules et s’éloigne de lui.) José (a Carmen) Ve con cuidado, Carmen, estoy harto de sufrir… (Carmen le responde encogiéndose de hombros ligeramente y se aleja de él.) Le Dancaïre En route ... en route … Il faut partir Dancaïre ¡Vamos, vamos! Hay que irse. Tous En route ... en route … Il faut partir. Todos ¡Vamos, vamos! Hay que irse. Le Remendado Halte! ... Quelqu’un est là qui cherche à se Remendado ¡Alto! Allí hay alguien Libreto 159 cacher. (Il amène Micaëla.) que intenta esconderse. (Trae a Micaëla.) Carmen Une femme! Carmen ¡Una mujer! Le Dancaïre Pardieu, la surprise est heureuse. Dancaïre ¡Pardiez, qué sorpresa tan curiosa! José (reconnaissant Micaëla) Micaëla! José (reconociendo a Micaëla) ¡Micaëla! Micaëla Don José! Micaëla ¡Don José! José Malheureuse! Que viens-tu-faire ici? José ¡Desgraciada! ¿Qué vienes a hacer aquí? Micaëla Moi, je viens te chercher. Là-bas est la chaumière Où, sans cesse priant, Une mère, ta mère, Pleure hélas sur son enfant … Elle pleure et t’appelle, Elle pleure et te tend les bras; Tu prendras pitié d’elle, José, Ah! José, tu me suivras, tu me suivras. Micaëla He venido a buscarte. Allá abajo está la choza donde, sin dejar de rezar, una madre, la tuya, llora, ¡ay, por su hijo adorado! Llora y te llama, llora y te tiende los brazos. Ten piedad de ella, José, ¡y vente conmigo, vente conmigo! Carmen Va-t’en! Va-t’en! Tu feras bien, Notre métier ne te vaut rien. Carmen ¡Vete, anda! Harás bien, nuestro oficio no es para ti. José (à Carmen) Tu me dis de la suivre? José (a Carmen) ¿Tú me dices que me vaya con ella? Carmen Oui, tu devrais partir. Carmen Sí, deberías hacerlo. José Tu me dis de la suivre Pour que toi tu puisses courir José Me dices que me vaya con ella, para poder correr 160 Libreto Après ton nouvel amant. Non, vraiment, Dût-il m’en coûter la vie, Non, je ne partirai pas, Et la chaîne qui nous lie Nous liera jusqu’au trépas ... Dût-il m’en coûter la vie Non, non, non je ne partirai pas! en pos de tu nuevo amante. No, de ninguna manera, aunque me cueste la vida, no me voy a ir de aquí., y la cadena que nos une hasta la muerte nos unirá… Aunque me cueste la vida, ¡no me voy a ir, no! Micaëla Écoute-moi, je t’en prie, Ta mère te tend les bras, Cette chaîne qui te lie, José, tu la briseras. Hélas, José! Micaëla Escúchame, te lo ruego, tu madre te tiende los brazos, esta cadena que te ata, José, debes romperla. ¡Ay, José! Tous Il t’en coûtera la vie, José, si tu ne pars pas, Et la chaîne qui vous lie Se rompra par ton trépas. Todos Te costará la vida, José, si ahora no te vas, y la cadena que os ata se romperá con tu muerte. José Laisse-moi, car je suis condamné! José ¡Déjame, porque estoy condenado! Tous José, prends garde! Todos ¡José, ten cuidado! José Ah! Je te tiens, fille damnée,je te tiens, Et je te forcerai bien À subir la destinée Qui rive ton sort au mien. Dût-il m’en coûter la vie, Non, non, non je ne partirai pas! José ¡Ah! Eres mía, mujer maldita, eres mía y te obligaré a aceptar el destino que ha unido tu suerte a la mía. Aunque me cueste la vida, no voy a irme de aquí. Tous Ah! Prends garde, prends garde Don José! Todos ¡Ah, ten cuidado, José, cuidado! Micaëla Une parole encor! ... Ce sera la dernière. Ta mère, hélas, ta mère se meurt, Micaëla Una palabra más… y será la última. ¡Tu madre, ay, se está muriendo, Libreto 161 Et ta mère Ne voudrait pas mourir Sans t’avoir pardonné. y tu madre no quisiera morirse sin haberte perdonado! José Ma mère ... elle se meurt … José Mi madre… se está muriendo… Micaëla Oui, Don José. Micaëla Sí, Don José. José Partons ... Ah! Partons! (à Carmen) Sois contente, je pars, mais nous reverrons. (Il entraîne Micaëla.) José ¡Marchemos, marchemos! (a Carmen) Puedes estar contenta, me voy, pero volveremos a vernos. (Se lleva a Micaëla.) Escamillo (au loin) Toréador, en garde, Toréador, Toréador Et songe bien, oui songe en combattant Qu’un œil noir te regarde Et que l’amour t’attend. Toréador, l’amour t’attend. (José s’arrête au fond dans les rochers ... Il hésite, Carmen écoute et se penche sur les rochers.) Escamillo (a lo lejos) Toreador, en guardia, toreador, toreador, y piensa, al torear, que un ojo negro te mira y que el amor te espera. ¡Toreador, el amor te espera! (José de detiene entre las rocas del fondo… vacila; Carmen escucha y se apoya en una roca.) 162 Libreto Entr’acte Entreacto QUATRIÈME ACTE ACTO IV Une place à Séville. Au fond du théâtre les murailles de vieilles arènes. L’entrée du cirque est fermée par on long velum. C’est le jour d’un combat de taureaux. Grand mouvement sur la place. Marchands d’eau, d’oranges, d’éventails etc. Una plaza en Sevilla. Al fondo, los muros de las viejas arenas. La entrada se cierra con una larga cortina de poco peso. Es el día de la corrida, gran animación por la plaza. Aguadores, vendedores de naranjas, de abanicos, etc. Choeur A deux cuartos, Des éventails pour s’éventer, Des oranges pour grignoter, Le programme avec les détails! Du vin! De l’eau! A deux cuartos! Voyez! À deux cuartos! Señoras et Caballeros. (Pendant ce premier Choeur sont entrés les deux officiers du deuxième acte, ayant au bras les deux bohémiennes Mercédès et Frasquita.) Coro A dos cuartos, abanicos para abanicarse, naranjas para refresco, ¡el programa con los detalles! ¡Vino! ¡Agua! ¡A dos cuartos! ¡Mirad, mirad! ¡A dos cuartos, señoras y caballeros! (Durante este primer coro han entrado los dos oficiales del segundo acto, llevando del brazo a las dos gitanas Mercédès y Frasquita.) Zuniga Des oranges, vite. Zuniga ¡Naranjas, rápido! Plusieurs Marchands (se précipitant) En voici. Prenez, prenez, mesdemoiselles. Varios vendedores (precipitándose) Aquí tiene. Tomen, tomen, señoritas. Un Marchands (à l’officier qui paie) Merci, mon officier, merci. Vendedor (al oficial que paga) Gracias, señor oficial, gracias. Les autres Marchands Celles-ci, señor, sont plus belles ... Des éventails pour s’éventer! Des oranges pour grignoter! Le programme avec les détails! Du vin! De l’eau! Des cigarettes! Otros vendedores Éstas, señor, son más hermosas… Abanicos para abanicarse, naranjas para refresco, ¡el programa con los detalles! ¡Vino! ¡Agua! ¡Cigarrillos! Libreto 163 Zuniga Holà! Des éventails. Zuniga ¡Vaya, abanicos! Un Bohémien (se précipitant) Voulez-vous aussi des lorgnettes? Gitano (precipitándose) ¿Quiere también gemelos? Choeur A deux cuartos, À deux cuartos, Voyez à deux cuartos, Senoras et Caballeros! Voyez! Voyez! Coro ¡A dos cuartos, a dos cuartos! ¡Mirad, mirad! ¡A dos cuartos, señoras y caballeros! ¡Mirad, mirad! Zuniga Qu’avez-vous fait de la Carmencita? Je ne la vois pas. Zuniga ¿Qué ha sido de Carmencita? No la veo. Frasquita Nous la verrons tout à l’heure … Escamillo est ici, la Carmencita ne doit pas être loin. Frasquita Pronto la veremos… Si Escamillo está aquí, Carmencita no puede estar lejos. Zuniga Ah! C’est Escamillo, maintenant? … Zuniga ¡Ah! ¿Ahora es Escamillo? Mercédès Elle en est folle … Mercédès Está locamente enamorada de él. Frasquita Et son ancien amoureux José, sait-on ce qu’il est devenu? Frasquita Y de su antiguo amor, Don José, ¿qué se sabe? Zuniga Il a reparu dans le village où sa mère habitait … ordre avait même été donné de l’arrêter, mais quand les soldats sont arrivés, José n’était plus là ... Zuniga Apareció por el pueblo de su madre. Había una orden de arresto contra él, pero cuando llegaron los soldados, ya no estaba. Mercédès En sorte qu’il est libre? Mercédès Así que corre por ahí libre. Zuniga Oui, pour le moment. Zuniga De momento, sí. 164 Libreto Frasquita Hm! je ne serais pas tranquille à la place de Carmen, je ne serais pas tranquille du tout. (On entend de grands cris au dehors, des fanfares, etc. C’est l’arrivée de la Cuadrilla.) Frasquita ¡Ya! Pues, si yo fuera Carmen, no andaría tranquila. (Se oye un gran griterío, con fanfarrias, etc. Es la llegada de la cuadrilla.) Enfants Les voici! les voici! Voici la quadrille! Niños ¡Ya vienen, ya vienen! Ya llega la cuadrilla. Choeur Les voici! Les voici! Oui les voici! Voici la quadrille! La quadrille des toreros, Sur les lances le soleil brille, En l’air toques et sombreros! Les voici, voici la quadrille, La quadrille des toreros, Les voici! Les voici! Les voici! (Défilé de la Cuadrilla. Pendant ce défilé, le Choeur chante le morceau suivant.) Coro ¡Ya vienen, ya vienen! Ya llega la cuadrilla. La cuadrilla de los toreros, brilla el sol en los aceros, vuelan tocas y sombreros. ¡La cuadrilla de los toreros! ¡Ya está aquí, ya llega! (Desfila la cuadrilla. Mientras pasa el desfile, el coro canta la siguiente estrofa.) Enfants et Choeur Voici, débouchant sur la place, Voici, d’abord, marchant au pas, L’alguazil à vilaine face, À bas! À bas! À bas! À bas! À bas l’Alguazil! À bas! À bas! À bas! À bas! À bas! Niños, Coro ¡Mirad, ya entran en la plaza! Delante va, caminando al paso, el alguacil de mala cara, ¡fuera, fuera! ¡Fuera el alguacil! ¡Fuera, fuera! Choeur (entrée des chulos et des banderilleros) Et puis saluons au passage, Saluons les hardis chubs, Bravo! Viva! Gloire au courage. Voici les hardis chubs! Voyez les banderilleros, Voyez quel air de crânerie! Voyez! Voyez! Voyez! Quels regards et de quel éclat Étincelle la broderie De leur costume de combat! Voici les banderilleros! (Entrée des picadors.) Coro (entran los chulos y los banderilleros) Y ahora saludamos a su paso, saludamos a los valientes chulos. ¡Bravo, viva! ¡Gloria al valor! ¡Mirad a los valientes chulos, mirad a los banderilleros, mirad que aires de fanfarrones! ¡Mirad, mirad! ¡Qué miradas! ¡Y cómo brillan los bordados que adornan sus trajes de luces. ¡Ahí están los banderilleros! (Entran los picadores.) Libreto 165 Une autre quadrille s’avance, Voyez les picadors! Comme ils sont beaux! Comme ils vont du fer de leur lance Harceler le flanc des taureaux. L’Espada! L’Espada! Otra cuadrilla se acerca. ¡Mirad a los picadores! ¡Qué guapos! ¡Cómo clavarán sus picas de hierro en el flanco de los toros! ¡El espada! ¡El espada! Enfants et Choeur Escamillo! (Paraît enfin Escamillo, ayant près de lui Carmen radieuse et dans un costume éclatant.) Escamillo! Escamillo! Escamillo! Escamillo! C’est l’Espada, la fine lame, Celui qui vient terminer tout, Qui paraît à la fin du drame Et qui frappe le dernier coup. Vive Escamillo! Vive Escamillo! Ah! Bravo! Les voici! Voici la quadrille, La quadrille des toreros! Sur les lances le soleil brille. En l’air, en l’air, en l’air toques et sombreros! Vive Escamillo! Bravo! Viva! Bravo! Niños, Coro ¡Escamillo! (Aparece finalmente Escamillo, y a su lado camina una Carmen radiante en su vistoso vestido.) ¡Escamillo! Escamillo! ¡Es el espada, el matador, el que pondrá fin a todo, el que aparece al final del drama y da la estocada final. ¡Viva Escamillo! ¡Viva! ¡Ah, bravo! ¡Ya vienen, aquí está la cuadrilla! La cuadrilla de los toreros, brilla el sol en los aceros, vuelan por los aires, tocas y sombreros. ¡Viva Escamillo! ¡Bravo, viva, viva! Escamillo (à Carmen) Si tu m’aimes, Carmen, Tu pourras tout à l’heure Etre fière de moi. Si tu m’aimes! Si tu m’aimes! Escamillo (a Carmen) Si me amas, Carmen, pronto podrás estar orgullosa de mí. ¡Si me amas, si me amas! Carmen Ah! Je t’aime, Escamillo, je t’aime et que je meure Si j’ai jamais aimé quelqu’un Autant que toi. Carmen ¡Ah. claro que te amo, Escamillo! Te amo, y que me muera ahora mismo si nunca he amado a otro hombre tanto como te amo a ti. Carmen et Escamillo Ah! Je t’aime. Oui je t’aime. Carmen, Escamillo ¡Ah, te amo! ¡Sí, te amo! 166 Libreto Quatre Alguazils Place! Place! Place au seigneur alcade! (Petite marche à l’orchestre. Sur cette marche défile très lentement au fond l’alcade précédé et suivi des alguazils. Pendant ce temps Frasquita et Mercédès s’approchent de Carmen.) Cuatro alguaciles ¡Paso, paso! ¡Dejen paso al señor alcalde! (Pequeña marcha orquestal. Con la marcha desfila muy lentamente por el fondo el alcalde precedido y seguido por los alguaciles. Mientras, Frasquita y Mercédès se han acercado a Carmen.) Frasquita Carmen, un bon conseil, ne reste pas ici. Frasquita Carmen, un buen consejo, no te quedes aquí. Carmen Et pourquoi, s’il te plaît? Carmen ¿Y por qué, si se puede saber? Mercédès. Il est là. Mercédès Está aquí. Carmen Qui donc? Carmen ¿Quién? Mercédès Lui, Don José ... dans la foule il se cache; regarde. Mercédès Él, Don José... oculto entre la gente. Mira. Carmen Oui, je le vois. Carmen Sí, ya le veo. Frasquita Prends garde. Frasquita ¡Anda con cuidado! Carmen Je ne suis pas femme a trembler devant lui ... je l’attends ... et je vais lui parler. Carmen No soy mujer que tiemble ante él… Le espero, y voy a hablarle. Mercédès Carmen, crois-moi, prends garde! Mercédès Carmen, créeme, anda con cuidado. Carmen Je ne crains rien! Carmen No temo nada. Frasquita Prends garde! (L’alcade est entré dans le cirque. Derrière l’alcade, le cortège de la quadrille reprend sa Frasquita ¡Ándate con ojo! (El alcalde ha entrado en la plaza. Tras el alcalde, el cortejo de la cuadrilla se pone de Libreto 167 marche et entre dans le cirque. Le populaire skit. La foule en se retirant a dégagé Don José ... Carmen reste seule au premier plan. Tous deux se regardent pendant que la foule se dissipe et que le motif de la marche va diminuant et se mourant l’orchestre. Sur les dernières notes, Carmen et Don José restent seuls, en présence l’un de l’autre.) nuevo en marcha y también entra al ruedo, el populacho va detrás. Cuando la multitud se retira Don José queda visible. Carmen queda sola en primer término. Los dos se miran mientras la muchedumbre se disipa y el tema de la marcha se apaga. Con las últimas notas, Carmen y Don José se quedan solos, cara a cara.) Carmen C’est toi? Carmen ¿Eres ú? José C’est moi. José Soy yo. Carmen L’on m’avait avertie Que tu n’étais pas loin, Que tu devais venir, L’on m’avait même dit De craindre pour ma vie, Mais je suis brave Et n’ai pas voulu fuir. Carmen Me habían advertido que no estabas lejos, que habías venido; incluso me han dicho que mi vida corre peligro, pero soy valiente y no he querido huir. José Je ne menace pas, j’implore, je supplie; Notre passé, Carmen, Notre passé je l’oublie, Oui, nous allons tous deux Commencer une autre vie, Loin d’ici, sous d’autres cieux. José No amenazo, imploro, suplico; nuestro pasado, Carmen, olvido, todo el pasado, sí, los dos debemos empezar otra vida lejos de aquí, bajo otro cielo. Carmen Tu demandes l’impossible, Carmen jamais n’a menti, Son âme reste inflexible, Entre elle et toi, tout est fini. Jamais je n’ai menti; Entre nous tout est fini. Carmen Pides lo imposible. Carmen no ha mentido nunca, su alma es inflexible. Entre ella y tú, todo se terminó. Nunca digo mentiras, entre nosotros todo se ha terminado. José Carmen, Il en est temps encore, Oui, il est temps encore … O ma Carmen, laisse-moi José Carmen, aún estamos a tiempo, sí, todavía es posible… ¡Oh, Carmen, deja 168 Libreto Te sauver, toi que j’adore, Et me sauver avec toi. que te salve, pues te adoro, y que me salve contigo! Carmen Non, je sais bien que c’est l’heure, je sais bien que tu me tueras. Mais que je vive ou que je meure Non! Non! Non! Je ne céderai pas. Carmen No, sé muy bien que llegó la hora, ya sé que vas a matarme. Pero tanto si vivo como si muero, ¡no voy a ceder, no, no! José Carmen! Il est temps encore. Oui, il est temps encore … Ô ma Carmen, laisse-moi te sauver, Toi que j’adore! Ah laisse-moi te sauver Et me sauver avec toi, O ma Carmen, il est temps encore … Ah! Laisse-moi te sauver, Carmen, Ah laisse-moi te sauver, toi que j’adore! Et me sauver avec toi! José Carmen, aún estamos a tiempo, sí, todavía es posible… ¡Oh, Carmen, deja que te salve, pues te adoro! ¡Déjame salvarte y que me salve contigo! ¡Oh, Carmen mía todavía es posible! ¡Ah, Carmen, deja que te salve, que te salve, pues te adoro, y que me salve contigo! Carmen Pourquoi t’occuper encore D’un cour qui n’est plus à toi? Non, ce cour n’est plus à toi. En vain, tu dis «Je t’adore»! Tu n’obtiendras rien, non rien de moi, Ah! C’est en vain … Tu n’obtiendras rien de moi! Carmen ¿Por qué vas a preocuparte aún de un corazón que ya no es tuyo? No, este corazón no te pertenece. En vano dices “te adoro”. No obtendrás nada de mí ¡Ah, es en vano!... No obtendrás nada de mí. José Tu ne m’aimes donc plus? (Silence de Carmen et Don José répète.) Tu ne m’aimes donc plus? José ¡Ya no me quieres, pues! (Silencio de Carmen, José repite.) ¿Entonces ya no me quieres? Carmen Non, je ne t’aime plus. Carmen No, ya no te quiero. José Mais moi, Carmen, je t’aime encore; Carmen, Carmen, moi je t’adore. José Pero yo, Carmen, aún te amo. ¡Carmen, Carmen, yo te adoro! Carmen A quoi bon tout cela? Que de mots superflus! Carmen ¿A qué viene eso? ¡Cuántas palabras superfluas! Libreto 169 José Carmen, je t’aime, je t’adore! Eh bien, s’il le faut, pour te plaire, Je resterai bandit, tout ce que tu voudras, Tout, tu m’entends, tout, Mais ne me quitte pas, O ma Carmen. Ah! Souviens-toi, souviens-toi du passé! Nous nous aimions naguère! Ah! Ne me quitte pas, Carmen, Ah ne me quitte pas! José ¡Carmen, te quiero, te adoro! Y si es preciso, para complacerte, continuaré siendo un bandido, lo que quieras, todo, ¿oyes? ¡Todo! Pero no me dejes, ¡oh, Carmen, recuerda nuestro pasado! ¡Nos queríamos hasta hace poco! ¡Ah, no me dejes, Carmen, no me dejes! Carmen Jamais Carmen ne cédera, Libre elle est née Et libre elle mourra. Carmen Carmen nunca cederá. Libre nació, libre morirá. Choeur (dans le cirque) Viva! Viva! La course est belle. Sur le sable sanglant Le taureau, qu’on harcèle S’élance en bondissant Viva! Bravo! Victoire! (Pendant ce Choeur, silence de Carmen et de Don José. Tous deux écoutent. En entendant les cris de «Victoire, victoire», Carmen a laissé échapper un «Ah!» d’orgueil et de joie ... Don José ne perd pas Carmen de vue ... Le Choeur terminé, Carmen fait un pas du côté du cirque.) Coro (en la arena) ¡Viva, viva! ¡Qué corrida! Sobre la arena cubierta de sangre, el toro, castigado, embiste con furia. ¡Bravo! ¡Viva! ¡Victoria! (Durante este coro, silencio de Don José y de Carmen. Los dos escuchan. Al oír los gritos de «Victoria», Carmen deja escapar un «¡Ah!» de orgullo y de alegría. Don José no la pierde de vista. Acabado el coro, Carmen da un paso hacia la arena.) José (se plaçant devant elle) Où vas-tu? José (cerrándole el paso) ¿A dónde vas? Carmen Laisse-moi. Carmen Déjame… José Cet homme qu’on acclame, c’est ton nouvel amant! José El hombre al que aclaman ¡es tu nuevo amante! Carmen (voulant passer) Laisse-moi ... Laisse-moi . Carmen (queriendo pasar) ¡Déjame, déjame! 170 Libreto José Sur mon âme, tu ne passeras pas, Carmen, c’est moi que tu suivras! José Por mi alma que no vas a pasar, Carmen, ¡me seguirás a mí! Carmen Laisse-moi, Don José! … je ne te suivrai pas. Carmen ¡Déjame, Don José! No voy a seguirte. José Tu vas le retrouver, dis … tu l’aimes donc? José ¿Vas a buscarle, eh? ¿Le quieres, pues? Carmen Je l’aime, je l’aime, et devant la mort même, je répéterai que je l’aime. Carmen Le quiero, e incluso ante la muerte repetiré que le quiero. Choeur (dans le cirque) Viva! Bravo! Victoire! Frappé juste en plein coeur! Le taureau tombe! Gloire au Toréador vainqueur! Victoire! Coro (en la arena) ¡Viva! ¡Bravo! ¡Victoria! ¡Se la clavó en pleno corazón! ¡El toro cae! ¡Gloria al torero vencedor! ¡Victoria! José Ainsi, le salut de mon âme, Je l’aurai perdu pour que toi, Pour que tu t’en ailles, infâme! Entre ses bras, rire de moi. Non, par le sang, tu n’iras pas, Carmen, c’est moi que tu suivras! José Así que he perdido la salvación de mi alma para que tú te vayas corriendo, infame, a sus brazos a reírte de mí. ¡No, por la sangre que no vas a ir! ¡Carmen vendrás conmigo y basta! Carmen Non! Non! Jamais! Carmen ¡No, no, nunca! José Je suis las de te menacer. José Estoy cansado de amenazarte. Carmen Eh bien! Frappe-moi donc Ou laisse-moi passer. Carmen Pues entonces mátame o déjame pasar. Choeur (dans le cirque) Victoire! Coro (en la arena) ¡Victoria! Libreto 171 José Pour la dernière fois, démon, veux-tu me suivre? José Por última vez, demonio, ¿vas a venir conmigo o no? Carmen Non! Non! Cette bague autrefois tu me l’avais donnée, tiens. (Elle la jette à la volée.) Carmen ¡No, no! Y este anillo que entonces me diste, toma, te lo devuelvo. (Se lo lanza.) José (le poignard à la main, s’avancant sur Carmen) Eh bien, damnée … (Carmen recule... José la poursuit... Pendant ce temps fanfares et chœur dans le cirque.) José (avanzando hacia Carmen con la navaja en la mano) Está bien, maldita… (Carmen retrocede, José la persigue, mientras se oyen fanfarrias y coros en la arena.) Choeur (dans le cirque) Toréador, en garde, Toréador, Toréador, Et songe bien, oui songe en combattant Qu’un œil noir te regarde Et que l’amour t’attend, Toréador, l’amour L’amour t’attend! (José a frappé Carmen… Elle tombe morte… Le velum s’ouvre. La foule sort du cirque.) Coro (en la arena) Toreador, en guardia, toreador, toreador, y piensa, si, piensa, al torear, que un ojo negro te mira y que el amor te espera. ¡Toreador, el amor, el amor te espera! (José le clava la navaja, ella cae muerta. La cortina se abre y sale la muchedumbre de la arena.) José Vous pouvez m’arrêter C’est moi qui l’ai tuée. (Escamillo paraît sur les marches du cirque... José se jette sur le corps de Carmen.) Ah! Carmen! Ma Carmen adorée! José Ya podéis arrestarme, soy yo quien la ha matado. (Escamillo aparece en los escalones de la plaza… José se lanza sobre el cuerpo de Carmen.) ¡Ah, Carmen! ¡Carmen adorada! Traducción de Jaume Creus i del Castillo