LAÏCITÉ À L`ÉCOLE, UNE JOURNÉE POUR RIEN ?

Transcription

LAÏCITÉ À L`ÉCOLE, UNE JOURNÉE POUR RIEN ?
Le Toulousain
Jeudi 10
décembre 2015
N°62 - Ne peut être vendu
LAÏCITÉ À L’ÉCOLE,
UNE JOURNÉE POUR RIEN ?
Edito
Enfoiré
« C’est pas parce qu’ils sont
nombreux à avoir tort qu’ils
ont raison » disait le regretté
Coluche. Que dirait l’humoriste
pour qualifier les électeurs du
Front national qui ont porté le
parti d’extrême-droite en tête
des régionales. De bons résultats
qui poussent les Frontistes à
s’autoproclamer « Premier parti
de France », avec deux députés à
l’Assemblée nationale sur … 577
élus.
« La droite a gagné les élections.
La gauche a gagné les élections.
Quand est-ce que ce sera
la France qui gagnera ? »
s’interrogeait encore l’Enfoiré.
L’arrivée du FN met-elle fin au
légendaire bipartisme français ?
La France sort-elle grandie de ce
premier tour des régionales ?
Dans ce contexte sinistre et
morose, l’humour piquant du
fondateur des « Restos du Cœur
» (qui marche mieux que jamais)
ferait un bien fou à l’heure
des Kev Adams et autre Cyril
Hanouna. Heureusement nous
l’avons ressuscité dans nos pages
: « L’humour a toujours été le
contre-pouvoir, quelque soit le
régime ». Alors rions !
Zhifan Liu
AFP
La menace Trump
P.7
Mogul de l’immobilier
américain, Donald
Trump s’est lancé
dans les primaires
des Républicains tel
un chien dans un jeu
de quilles. Retour sur
son parcours et ses
dérapages.
On a rencontré
Coluche...
Enseigner l’ovalie
P.8
P.6
Agathe Landais et Coluche sont descendus
au bar de Saint Pierre pour discuter du
premier tour des régionales. Au menu : la
percée du Front National, l’abstentionisme,
les politiciens face aux électeurs. L’humoriste
taille un costard sévère à la politique de 2015,
pour le meilleur et pour le rire.
Dominique Balesi,
éducateur sportif au
Blagnac Sporting Club
Rugby depuis 27 ans.
Portrait d’un passionné
qui a vu son sport et la
manière de l’enseigner
se transformer au fil du
temps.
2
I Régionales I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
Trois partis politiques, c’est pas trop ?
Depuis l’arrivée de Marine Le Pen à sa tête en 2011, le
Front national s’est imposé comme une des trois forces
politiques majeures du pays. Avec les deux partis de
gouvernement, le Parti socialiste et Les Républicains,
ils forment un trio inédit qui rythme la vie politique.
Dans une Ve République pourtant pensée pour favoriser
deux grands partis.
P
remière force de France aux plus d’une tripolarisation.»
régionales avec 27,73% des Trois pôles plutôt que trois partis.
voix, le Front national confir- « La réalité partisane est multiple et
me une nouvelle fois sa puissance plurielle, précise Alexandre Dézé,
électorale. Le FN forme un trio de maître de conférences à l’Université
tête avec Les Républicains (26,65%) de Montpellier. Les Républicains
et le Parti socialiste (23,12%). Le ont une liste commune avec l’UDI
duel classique gauche-droite, qui et le MoDem. A gauche, situation
a marqué la Ve République, est similaire : le PS s’allie aux écologistes
désormais suranné, dépassé par ou à d’autres partis. » Dans chaque
l’implantation pérenne du parti camp, un gros parti, et des plus
d’extrême droite. « Les deux partis modestes qui gravitent autour. Sur
de gouvernement qui se sont succédé son aile extrême, le Front national
aux affaires depuis une trentaine a aussi de la compagnie. Des partis,
d’années se retrouvent affaiblis, comme Debout la France, jouent
p re s q u e à é g a sur les mêmes
lité avec l’extrême « Les modes de scrutins terrains souvedroite, explique favorisent ou obligent la rainistes.
Bernard Lachaise,
Si trois pôles dobipolarisation »
historien, spéciaminent la vie poliste de la vie politique française. litique aujourd’hui, cette situation
Le fait est totalement inédit dans n’est pas amenée à durer. « Pour
l’histoire moderne. Cette place crois- une raison institutionnelle, indisante, depuis 30 ans, du FN dans que Bernard Lachaise. Le mode de
le paysage politique est une totale scrutin uninominal majoritaire à
nouveauté. »
deux tours en place pour les législatives depuis 1958 et l’élection du
Vers le tripartisme?
président de la République favorise
Schématiquement, chacun des trois ou oblige à la bipolarisation. » La Ve
partis récolte un tiers de l’électorat. République a été pensée de manière
Dans la bouche de nombreux com- à porter deux grandes puissances
mentateurs et hommes politiques, politiques. Non trois.
cette situation a un nom : le tri- A quoi ressembleront, demain, ces
partisme. « Je n’aime pas ce terme, deux grandes puissances ? Le moconteste Simon Persico, chercheur ment électoral actuel nous renseien sciences politiques. Nous avons gne. Les débats des régionales ont
effectivement affaire à un système été recentrés, suite aux attentats de
de trois grandes forces politiques de Paris, autour des thèmes récurrents
dimension semblable. Mais il s’agit du FN. Sécurité, immigration, fron-
La montée du Front national de Marine Le Pen bouleverse le bipartisme français, symbolisé par le Parti socialiste de François Hollande et Les
Républicains de Nicolas Sarkozy. Photos DR
tières, souveraineté. « Ces enjeux
dominent le débat public depuis des
années, développe Simon Persico.
Deux pôles se forment, divisés par un
clivage identité/cosmopolitisme. »
ticulturelle, multiconfessionnelle
et multiethnique, le FN oppose
une France blanche et catholique.
Quant à l’immigration et à l’accueil
des réfugiés, le FN propose de les
restreindre au minimum.
Refonte du paysage politique « Chaque parti essaie de s’adapter à
Ce clivage est devenu la principale cette nouvelle donne, explique Simon
grille de lecture de la politique fran- Persico. En premier lieu l’UMP/LR,
çaise du XXIe siècle. Une division qui a décidé de copier les thématiimposée par le Front national, qui ques du FN dès 2007. » Si cette
se pose comme la seule alterna- stratégie de droitisation porte ses
tive face à l’ « UMPS ». UMP et PS, fruits la même année, avec la vicdeux partis partageant des valeurs toire de Nicolas Sarkozy, elle moncommunes. Face
tre rapidement ses
« Deux pôles se
à l’européanisalimites. Au sein du
forment, divisés par parti de droite, le
tion défendue par
le PS et LR, le FN
un clivage identité/ consensus n’exisprône un retour à
te pas. Des lignes
cosmopolitisme »
la souveraineté et
plus centristes se
aux frontières nationales. Face à la tracent. Au trait de plus en plus
mondialisation économique, le FN épais. A gauche également, le PS
met en avant la préférence natio- connaît des divisions. Portée par
nale. À l’image d’une France mul- Manuel Valls, la vision sécuritaire
du PS s’est renforcée en 2015, suite
aux attentats.
Des divisions symboles de l’instabilité politique contemporaine. « Il est
difficile de prédire l’avenir, formule
Simon Persico. Mais nous allons vers
une refonte totale de notre paysage
politique. » Les régionales passées,
l’objectif sera défini : 2017.
L’élection présidentielle marquera une rupture dans la période
de transition actuelle. La course
est lancée. Les trois partis aussi.
Et seuls deux tickets sont disponibles pour le second tour. Pour
le perdant, le risque est simple :
l’éclatement.
Olivier Levrault
La faible représentation du FN dans les
Le bipartisme à l’épreuve de instances du pouvoir
l’extrémisme
Le FN n’est pas encore au pouvoir. Cela va mieux en le disant.
Parce que malgré l’immense place
médiatique qu’il occupe, le Front
national n’exerce encore que très
peu le pouvoir (cf notre infographie, ci-contre).
Un parti extrémiste qui monte,
plusieurs pays européens connaissent ce cas de figure. Sauf que chez
eux, il ne s’est pas arrêté là.
La Grèce en exemple
La recomposition du paysage politique grec est la plus médiatisée.
Rongée par les crises économiques
et migratoires, la Grèce a vu ses
deux partis classiques (Nouvelle
Démocratie et le Pasok), battus
par le parti radical de gauche Syriza. Et plutôt deux fois qu’une.
En janvier dernier, le parti d’Alexis
Tsipras remportait les élections
législatives et son leader accédait
au poste de 1er ministre. Avant de
démissionner, puis de remporter
une nouvelle fois les élections, le
20 septembre dernier. Nouvelle
démocratie sort deuxième, tandis
que le Pasok se retrouve à batailler
avec Aube dorée, le parti néonazi,
pour la troisième place, entre 6
et 8%.
Au Danemark, lors des élections
législatives de juin 2015, le parti
d’extrême droite anti immigration
Dansk Folkeparti (DF) est devenu
le parti majoritaire à droite. Il
est arrivé deuxième derrière les
sociaux démocrates (26,3%) et
juste devant les libéraux (19,5%).
Une augmentation de 8 points
par rapport aux élections de 2011
qui confirme la première place
obtenue lors des élections européennes de 2014.
En Espagne, mais à l’extrême
gauche de l’échiquier politique,
Podemos est également parvenu
à remettre en cause le bipartisme
en plaçant deux de ses candidats
à la tête de Madrid et Barcelone,
en mai dernier.
En France, le FN pourrait remporter dimanche soir et pour la
première fois de son histoire, une
région.
Boris Teillet
Conseillers départementaux
Adrien Serrière
I Régionales-Justice I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
3
Un débat et beaucoup d’étincelles
Hier matin, Carole Delga, Louis Aliot et Dominique Reynié honoraient un rendez-vous traditionnel de l’entre-deux tours. Les trois candidats à la
présidence du Conseil régional se sont affrontés lors d’un débat électrique d’une cinquantaine de minutes.
Débriefing général et indiscrétions de buffet.
• L’avant-match
Carole Delga (PS), Louis Aliot (FN),
Dominique Reynié (LR). C’est dans
cet ordre que sont arrivés, mercredi
matin, les trois candidats à la tête
de la région LRMP dans les locaux
de La Dépêche du Midi. Le patron
de la maison, Jean-Michel Baylet,
accueille la tête de liste du Front
National et sa cravate rose par un
mot de félicitations : « Même si ça
me fait mal au coeur de le dire, bravo
pour votre campagne ».
Installés dans leur fauteuil noir
quinze minutes avant l’ouverture
des débats, Carole Delga (24,4%
au 1er tour) et Louis Aliot (31,8%)
ont le temps de relire leurs fiches.
Cartonnées et en ordre pour Delga,
volantes pour Aliot. Dominique
Reynié, lui, arrive sans fiches,
quelques minutes avant la prise
d’antenne. Pourtant, le candidat
de Les Républicains joue cher. Ce
débat est, pour le professeur de
sciences politiques (18,4%) celui
de la dernière chance. Au premier
rang d’une audience de quarante
personnes, Martin Malvy, le président socialiste sortant, et Gérard
Onesta, tête de liste EELV, sont
assis côte à côte pour soutenir Carole Delga.
• Le match
Sans surprise, la favorite du second tour, Carole Delga, est vite
prise d’assaut. Sur sa droite, par
Aliot, qui s’indigne devant l’ « imposture » que représente, selon lui,
l’alliance de la candidate socialiste
avec Onesta : « Mais vous avez l’ha-
bitude d’escroquer les gens, Carole
Delga ». Hostilités lancées. Sur sa
gauche, Reynié a travaillé ses phrases coup de poing, et joue à quitte
ou double : « Madame Delga souhaite cumuler les mandats. Moi, si
je suis élu président, je renoncerai à
mes autres missions. (…) Vous faîtes
l’éloge de la République mais vous la
pratiquez assez peu » adresse-t-il à
l’ex-secrétaire d’Etat. Très offensif,
Reynié attaque et sort quelques
dossiers : « Myriam Martin (FDG),
qui est sur votre liste en Hérault, a
publié sur Facebook un texte nommé
« Fuck the PS ». Il semblerait que
vous les respectez plus qu’ils ne vous
respectent…». En évitant le conflit,
Carole Delga, tempérée, se défend.
« Comme une lionne » dira après
coup John Palacin, son directeur
de campagne. Economie et subventions aux associations, transports,
social, leçons de Sivens…de nombreuses questions sont balayées
pendant les cinquante et quelques
minutes de discussion. Sur plusieurs d’entre elles, Louis Aliot
et Dominique Reynié font front
contre Carole Delga, notamment
lorsqu’il s’agit du train à 1 euro, une
« propagande électorale » dixit le
candidat LR. La défense d’Aliot est,
elle aussi, éprouvée, par Philippe
Palat. Le journaliste, directeur de
la rédaction du Midi Libre, l’attaque
de plein fouet : « Monsieur Aliot,
vos idées sont aussi fumeuses que
vaseuses ». Pas d’emportement chez
le candidat FN, qui esquive le coup
habilement et garde son calme.
Fin des débats. Alors qu’il est don-
Faits divers
Cinq véhicules du groupe énergétique français ont été brûlés. ©AFP
Les écolos ne porteront pas
plainte
D’après une responsable du local d’Europe Ecologie Les Verts
(EELV) de Toulouse, vandalisé
dans la nuit de lundi à mardi,
« il n’y aura pas de suite ». Les
écologistes ont décidé de ne
pas por ter plainte après que
leur devanture ait été taguée
par un « Collabo anti-COP21 ».
Un acte incompréhensible pour
les membres du local du boulevard des Récollets, si ce n’est
peut-être une insinuation à
l’alliance avec le Parti socialiste
pour le second tour des élections
régionales. Une stratégie pour
contrer le candidat frontiste arrivé en tête au premier tour.
Ce mercredi 9 décembre, Carole Delga, Dominique Reynié et Louis Aliot se sont affrontés à l’occasion d’un débat houleux, au siège de la Dépêche
du Midi à Toulouse. © Jonathan Sollier
né à chacun l’occasion de conclure
en rappelant ses priorités en cas
d’élection, Louis Aliot met l’accent
sur la « nécessité de tout mettre en
oeuvre pour réussir la fusion ». Et
tandis que Dominique Reynié
repart sur le cumul des mandats,
une intervention d’Olivier Roirand,
présentateur de TV Sud, qui l’interrompt, le met hors de lui. Survolté,
il s’engage dans un combat perdu
d’avance contre l’animateur des
débats : « Il n’y a qu’à moi que vous
coupez la parole. Pourquoi ? Vous ne
pouvez pas le justifier moralement,
cela ». Calmement, toujours, Carole
Delga conclut en parlant création
d’emplois pour une année 2016
qui doit être « porteuse d’investissements dans les secteurs du bâtiment
et du tourisme ».
• L’après-match
Debout devant son fauteuil, Dominique Reynié, le doigt pointé
vers Olivier Roirand, continue de
fulminer en s’interrogeant sur les
temps de parole et la façon dont
ont été menés les débats. Karine
Clauzade, sa directrice de communication pour la campagne et sa
compagne à la ville, lui jète un regard froid doublé d’un péremptoire
: «Tu te calmes, maintenant» pour
mettre fin à la scène. Trop tard,
sans doute. S’’il restait encore à Dominique Reynié une infime chance
de l’emporter dimanche prochain,
il l’a grillée mercredi autour de la
table des discussions en craquant
sous la pression. Près du buffet et
des effluves de foie gras, Jean-Michel Baylet félicite Delga et salue,
à nouveau, Louis Aliot pour, cette
fois, son « attitude parfaite lors
des débats ». Auteurs d’une prestation efficace, les deux candidats
préservent leurs chances à l’aube
du second tour, ce dimanche.
Désormais presque seul dans le
hall avec l’équipe de production, en
train de démonter le décor, Olivier
Roirand revient sur l’embrouille finale avec Gil Bousquet, journaliste
de La Dépêche et intervenant lors
du débat : « Aucune règle du CSA ne
dit qu’une conclusion ne peut être
interrompue il me semble, clame
Bousquet. Reynié n’est pas dans son
amphithéâtre à donner des cours.
Il est dans l’arène politique, là !».
L’arène politique, impitoyable.
Albert Marie
Trois questions à ...
Des anti-COP 21 revendiquent
avoir incendié les voitures
d’ERDF
Un mystérieux collectif nommé
« les cramé-e-s » a revendiqué
l’incendie de cinq véhicules situés sur le parking d’ERDF au
Nord de Toulouse le week-end
dernier. C’est sur le site Internet
se revendiquant anti-capitaliste
et anti-autoritariste, paris-luttes.infos, que l’infor mation,
reprise par plusieurs médias,
est apparue. Le site, semble-t-il
parisien, recense divers articles,
organise et rédige des comptesrendus d’actions militantes.
Impossible de savoir qui se cache
derrière ce site web puisque les
différents contributeurs prennent les précautions nécessaires
pour garder l’anonymat en utilisant par exemple des messageries sécurisées. Une véritable
équipe doit cependant être aux
commandes étant donné l’activité intense du site. Une activité
amplifiée par la COP 21, réfutée
par ces cybermilitants. Ce site
militant compte plus de 2300
abonnés sur Twitter et plus de
4500 sur Facebook.
M arie -L aure
L ejeune
Olivier Ciappa, photographe et auteur de l’exposition
vandalisée « Couples imaginaires ».
n’iraient pas la voir si elle était
présentée dans un lieu clos.
Quand les clichés seront-ils à
nouveau visibles à Toulouse
?
O.C : L’impression est déjà partie, elle a commencé dès vendredi. Cela prendra du temps
jusqu’à la livraison mais les
photographies devraient arriver
vendredi ou samedi matin à
Toulouse.
© Nathalie Holmberg
La municipalité toulousaine
a indiqué vouloir réinstaller
l’exposition en intérieur,
confirmez-vous cette information ?
Olivier Ciappa : Non, c’est faux.
Il y a quelques problèmes de
communication avec la mairie
car j’ai eu des interlocuteurs
différents à chaque fois. Ce sera
toujours en extérieur et cette
fois les clichés seront deux fois
plus grands. C’est sa vocation
puisque cette exposition est
faite pour les homophobes. Ils
Comptez-vous les ré-exposer
sur les grilles du Grand Rond
à Toulouse?
O.C : Nous sommes en train de
rechercher un lieu très passant,
le but étant de créer un impact
auprès du plus large public possible. Nous ne voulons pas agir
dans la précipitation, comme
cela a été fait ces derniers jours,
lorsque la municipalité a voulu
à tout prix remettre sur pied
l’exposition et la faire durer,
dans de mauvaises conditions.
par
Propos recueillis
Marie-Laure Lejeune
4
I Société I
Le Toulousain - Jeudi 10 décembre 2015
Laïcité : la prudence des enseignants
Moins d’un mois après les attentats qui ont frappé Paris, la France célèbre la
« Journée nationale de la laïcité ». Un symbole fort au succès pourtant mitigé.
«J
ournée
contre
l’homophobie », journées
du « Souvenir de la
traite négrière, de l’esclavagisme
et leurs abolitions », semaine
de « Lutte contre le racisme et
l’antisémitisme »… L’école est un
terrain propice pour inculquer aux
jeunes républicains les principes de
notre démocratie. Pour la deuxième
année consécutive (la première fois
dans les établissements scolaires),
le 9 décembre met ainsi à l’honneur
la laïcité, ce concept essentiel qui
instaure « les bases fondamentales de
liberté et de tolérance sur lesquelles
notre République s’est construite ».
Mais, si tous partagent ces valeurs,
son application n’est pas toujours
aisée et, dans le contexte actuel, la
journée mobilise peu d’enseignants.
Car pour beaucoup d’entre eux,
la date est mal choisie et dans de
nombreuses écoles, l’urgence n’est
pas vraiment à la commémoration de
la laïcité. Après les attentats qui ont
meurtri la France, les enseignants
ont préféré parler de laïcité au
quotidien, rappelant qu’il ne s’agit
pas d’une valeur qui se célèbre mais
qui s’inculque.
Liberté, égalité, laïcité
Un avis que partage Ingrid Saëgëart,
institutrice à l’école primaire de
Rochegude à Albi. « L’organisation
d’une telle journée est une bonne
chose en soi mais c’est un peu comme
la journée de la femme, on ne doit
pas en parler que maintenant mais
tout le temps », explique-t-elle avant
d’insister, « la laïcité, les élèves la
comprenne mais c’est un principe qui
est complexe, une journée n’est pas
suffisante pour faire comprendre ce que
c’est ! » A Rochegude comme dans
de nombreux établissements, les
enseignants n’ont donc pas attendu
cette journée pour rappeler à leurs
élèves les valeurs républicaines. Avec
les évènements tragiques qui ont
marqué l’année 2015, professeurs
et équipes pédagogiques ont tenu
à instaurer un dialogue avec les
élèves sur la durée. C’est le cas de
Gaël Le Du, professeur d’éducation
socioculturelle au lycée agricole du
gros Chêne à Pontivy : « Aujourd’hui,
rien de particulier n’a été effectué
mais un groupe de pilotage a été mis
en place et des actions sur le long
terme ont été engagées pour rendre les
élèves conscients de leur implication
citoyenne. »
Clémence Renard, professeur de
français en classes de 6ème et de
5ème au collège Raymond-Badiou à
la Reynerie, indique pour sa part
ne pas avoir souhaité « en rajouter
une couche dans un contexte difficile
comme celui-ci ». Dans un collège où
la grande majorité des élèves sont
de confession musulmane, il s’agit
d’être prudent, et l’enseignante
met en garde : « Les élèves sont très
concernés par toutes les questions de
laïcité et de sensibilisation aux questions
républicaines mais attention à ne pas
faire du bourrage de crâne non plus. »
Car si l’idée de laïcité est simple, sa
compréhension et son application
sont complexes. La méfiance
de certains tient en la difficulté
à défendre un principe que l’on
comprend mal. Les établissements
n’ont pas tous la même implication
et ne sont pas concernés dans les
mêmes mesures, particulièrement
dans un contexte de préoccupation
autour de la sécurité.
Pourtant préparée depuis de
nombreux mois, avant même les
attentats de janvier, la journée de
la laïcité n’avait jusqu’alors suscité
que peu d’intérêt. Mais, rattrapée
par les évènements, elle prend
une connotation singulière : il est
désormais question de prouver
la force de l’école républicaine
obligatoire, gratuite et laïque face aux
fanatismes religieux.
Charles Deluermoz
Une journée
institutionnalisée
Issue d’une proposition de loi faite
le 24 février 2011 à l’Assemblée
Nationale par le député Jacques
Myard, la « journée nationale de
la laïcité » est entrée en vigueur en
2013. Organisée le 9 décembre,
date anniversaire de la loi de 1905
sur la séparation de l’Église et de
l’État, cette journée est « l’occasion de saluer les initiatives pour
la protection et la promotion de
la laïcité. » Pour accompagner ce
projet, une « Charte de la Laïcité »
a été publiée en septembre 2013.
Affichée dans tous les établissements scolaires, elle a été élaborée
à l’intention des personnels, des
enseignants et des élèves. Cette
charte explicite les sens et les enjeux du principe de laïcité à l’école,
dans son rapport avec les autres
valeurs et principes de la République. En début d’année, au lendemain des attentats du 7 janvier,
François Hollande avait annoncé
la création de « réserves citoyennes » qui interviendraient dans les
écoles, souhaitant que la journée
de la laïcité soit désormais célébrée dans tous les établissements
publics de France.
Après les fouilles, Saint-Sernin révèle ses secrets
De la basilique à l’ancien collège
Saint-Raymond, la place SaintSernin raconte l’histoire de
Toulouse. En surface, mais aussi
sous terre. De juin à août, en
amont du projet d’aménagement
de la place, des fouilles
archéologiques ont été réalisées,
décidées par la municipalité.
À raison d’un sondage par jour,
les archéologues ont ainsi réalisé
62 tranchées, creusées le matin
et rebouchées le soir. Hier, à la
médiathèque José-Cabanis, en
marge de l’exposition « SaintSernin,
patrimoine
oublié,
patrimoine révélé », le chef du
service archéologique de Toulouse
Métropole, Pierre Pisani, est venu
présenter au public les objets
découverts par ce diagnostic
archéologique. « Ces fouilles ont
fait l’objet d’un rapport remis à
la Drac (Direction régionale des
affaires culturelles). Elle décidera
si des recherches plus approfondies
sont nécessaires, et quelles
conséquences nos découvertes
auront sur le projet d’aménagement
de la place », précise Pierre Pisani.
En attendant, celui-ci préfère se
plonger dans le passé. Devant
une dizaine de curieux, il détaille
l’intérêt historique de ses
découvertes. La première révèle
la présence de 185 sépultures
d’époque médiévale, tout autour
de l’actuelle basilique. « Elles
dévoilent l’existence de trois
cimetières, à l’est, à l’ouest et au
sud de la basilique. La datation des
os au carbone 14 montre que le plus
ancien squelette date du VIIe siècle.
Mais la plupart sont du XIIe et
XIIIe. C’est donc à cette époque que
ces cimetières se sont développés. »
Parmi les pierres,
des chapiteaux
Point d’ossement exposé à la
médiathèque,
en
revanche,
les regards des visiteurs se
tournent vers deux chapiteaux
romans, retrouvés… dans un
mur. L’archéologue raconte leur
histoire : « Après la Révolution et
la réquisition des biens du clergé,
le cloître de la basilique Saint-
Sernin a été réparti en cinq lots,
mis aux enchères. Un certain
Arnaud Traverse achète l’un
d’eux, il y bâtit une maison et en
démolit une partie. Ensuite, pour
délimiter sa propriété, il construit
un mur à partir des matériaux
récupérés par la démolition. »
Ainsi, parmi les galets et les
pierres qui consolident le mur,
enfouit deux mètres sous terre,
les archéologues ont-ils découvert
des morceaux de colonnes de
marbre et deux chapiteaux,
restés intacts. « C’est la première
fois que nous faisons une telle
découverte, précise Pierre Prisani.
Ces chapiteaux datent du XIIe siècle
et sont restés en très bel état. On
considère que dans le cloître, dont
il ne reste que les fondations, une
centaine de chapiteaux de ce type
ornaient les colonnes. »
Gravé dans le marbre
Autre attraction de l’exposition :
une imposante plaque de marbre,
ornée de gravures. On peut y lire
en latin : « An 1283. 12ème jour
Le chapiteau aux «lions anthropophages», présenté par Pierre Pisani. © Elaine Cordon
d’Avril, décède un maître discret :
Jean Dominique. » Cette plaque
n’est autre que l’épitaphe d’un
influent notaire toulousain, Jean
Dominique. « Cette découverte
apporte un témoignage précieux
de la vie de ce notaire, raconte
l’archéologue. Son histoire est
fascinante. On retrouve sa trace
jusque dans la Tour de Londres, où
figure un contrat qu’il a signé avec le
Roi d’Angleterre pour l’importation
de tonneaux de vin. »
Les Toulousains ont jusqu’au
7 février pour admirer cette
plaque et les deux chapiteaux,
dans le hall de la médiathèque
José-Cabanis. Les pièces seront
ensuite restituées à l’Etat,
puis retrouveront les flashs
des spectateurs, au musée des
Augustins.
Florent Le Dû
I Local I
Le Toulousain - Jeudi 10 décembre 2015
5
« J’ai eu le coup de foudre avec la matière »
Julie Daô Van Ô, 36 ans, est émailleuse sur lave. Au sein du salon des artisans d’art, qui se tient au parc des expositions de
Toulouse jusqu’au 13 décembre, elle fait partie des « Jeunes créateurs ». L’occasion de mettre en lumière son savoir-faire.
Quel est votre parcours ?
Je travaillais dans la grande
distribution mais ça ne me plaisait
plus. À 30 ans, j’ai fait le choix de
me reformer pour faire quelque
chose de mes mains. La pierre
m’attirait dès le début. Et comme
mes parents sont brocanteurs, je
suis habituée depuis mon enfance
à voir de beaux objets, de la
décoration originale.
Comment avez-vous rencontré
cette technique méconnue ?
Je suis allée sur le site de l’Artisanat,
où j’ai trouvé une école de gravure
sur pierre, à Volvic. Je suis allée
la visiter, sans connaître quoi
que ce soit sur l’art d’émailler. Le
directeur m’a emmenée voir l’atelier
d’émaillage sur lave, et là j’ai eu le
coup de foudre avec la matière.
J’ai ensuite suivi une formation
d’un an, à la fois intense mais
courte. J’ai obtenu mon CAP
d’émailleur sur lave. J’en suis fière,
d’autant plus que l’école de Volvic
est la seule au monde à dispenser
une formation d’émaillage sur lave.
Comment se sont passés vos
débuts en tant qu’artisan ?
C’est grâce au Fongecif (structure
de conseils, d’orientation et de
financement de salariés) que ma
reconversion a pu être effective.
Il m’a fallu quand même trois
ans pour arriver à économiser
de l’argent, afin de financer le
matériel, trouver un atelier, réunir
toutes les conditions pour arriver
à émailler. À l’heure actuelle, cela
fait un an et demi que je suis à
mon propre compte. C’est donc
un processus long, mais j’ai pu
compter sur des aides de la région,
de la communauté de communes,
qui ont facilité mon installation.
Ce n’est pas très commun,
comme artisanat…
week-end, j’ai fait presque autant de
chiffre d’affaire que pendant tout
cet été, sur les marchés artisanaux.
Julie Daô Van Ô, quand la lave se fait art. © Lucas Simonnet
Je ne pourrais pas dire combien
d’émailleurs sur lave il y a en France,
peut être une cinquantaine. Ce qui
est sûr, c’est que la plupart est basée
autour de Volvic. C’est normal :
c’est là où se trouve la matière
première, issue des fameux volcans
d’Auvergne.
J’ai conscience d’être la défenseure
d’un savoir-faire qui se perd.
D’autant plus que l’école a eu des
problèmes, elle a même dû fermer,
avant que des professionnels
permettent sa réouverture.
Il faut dire qu’il n’y a seulement
qu’un ou deux élèves formés par
an. Et sur les deux, il n’y en a peutêtre qu’un seul qui va réussir à se
mettre à son compte.
C’est très difficile de s’en sortir, de
tenir. J’ai une amie qui a tenu trois
ans, avant de devoir tout vendre
malheureusement… Moi ça ne
fait qu’un peu plus d’un an, donc
impossible de dire l’avenir.
J’espère bien sûr tenir, avec
l’ambition de devenir Maître
artisan, et d’embaucher un
apprenti.
Comment en vivez-vous
actuellement ?
Sur les marchés, le discours « c’est
beau mais c’est cher » est fréquent.
Les gens recherchent des babioles,
des souvenirs de vacances. Ici,
même s’ils sont timides, les gens
comprennent la profondeur du
travail. Malgré la période des fêtes,
ils ne viennent pas forcément pour
faire des cadeaux, mais plutôt pour
s’offrir des objets décoratifs. Ils
veulent des pièces qui sortent de
l’ordinaire, voire uniques.
Pour parler franchement, en un
Les réalisations hautes en couleurs de la créatrice. © Lucas Simonnet
Que vous apporte ce genre de
salon ?
La plupart du temps, je suis
présente sur des marchés, mais ce
n’est pas évident : le public n’est
pas forcément sensible aux métiers
d’art, et ne se rend pas compte
du travail que cela représente.
Les salons, comme celui-ci, sont
d’habitudes inabordables quand
on débute notre activité.
Cette
année,
« Toulouse
événements » nous a donné une
vraie chance d’exposer notre
travail auprès d’un public averti, en
proposant un pôle dédié aux jeunes
créateurs et des tarifs préférentiels
pour les stands.
Pour moi, c’est le premier salon.
C’est une expérience bénéfique, qui
permet aussi de rencontrer d’autres
artisans, certains plus anciens, qui
sont toujours de bon conseil. Je
compte bien en faire d’autre.
Comment avez-vous abordé cet
événement ?
Je me suis mis beaucoup de
pression avant, pour être prête et
mettre toutes les chances de mon
côté. J’ai dû faire 250 heures en
deux semaines. J’ai dormi, travaillé,
dormi, travaillé…
C’est agréable de sortir de son
atelier, de rencontrer des gens.
Nous avons parfois tendance, nous
autres artisans, de rester enfermés
dans nos ateliers, alors qu’il est
primordial de partager notre
passion.
Souvent il est beaucoup plus facile
d’aborder les enfants. Ils sont plus
curieux, n’hésitent pas à poser des
questions. Alors qui sait, si l’on
peut susciter des vocations ?
Propos recueillis par Lucas Simonnet
Drôle de commerce
Les kimonos chics et exquis de Kabuki
Depuis quinze ans, la mode asiatique possède son écrin à Toulouse : le magasin Kabuki,
tenu par une truculente vendeuse chinoise.
Des fleurs, des dragons et des
bouddhas, pleins de couleurs,
habitent la petite boutique de Miss
Xiang, rue Cujas. Les vêtements
côtoient les bibelots et les estampes
japonaises. Dans ce petit bout
d’Asie, tout est directement
importé du Japon, de la Chine et
du Viêt-nam. Yen Xiang s’agite
dans tous les sens, un large sourire
solidement accroché aux lèvres.
Elle range, réajuste, conseille les
clients. « Le chemisier se ferme avec
des boutons : monsieur aura de quoi
s’occuper », indique malicieusement
la vendeuse à une cliente. Yen Xiang
tient la boutique depuis 10 ans.
Avant, elle faisait les marchés.
Originaire de Chine, la pétillante
trentenaire est arrivée en France il
y a 15 ans. « Je me suis mariée à 18
ans, beaucoup trop tôt ! plaisante Yen
Xiang, avec son accent chantant. Je
suis venue en France pour accoucher.
Comme mon enfant était français, je
ne pouvais plus repartir. » Elle devait
travailler et s’est lancée dans le
commerce. Une réussite. Dans le
magasin aux murs bleu ciel, les
clients réguliers semblent venir
autant pour les vêtements que pour
les blagues de la commerçante. « Il
faut rigoler, s’exclame Yen Xiang,
un kimono à la main. Sinon, on
s’ennuie. » On ne passe pas la porte
de Kabuki par hasard. La mode
asiatique, originale et raffinée,
séduit les connaisseurs. « Une bonne
partie des articles en magasin ne se
trouve qu’ici », souligne fièrement
Yen Xiang. On flânerait des heures, à
regarder les kimonos et les chemises
à col mao, à toucher les foulards en
soie naturelle et à écouter les airs de
musique chinoise. Bizarrement, les
quelques T-shirts occidentaux aux
motifs de dragons détonnent, face
aux modèles originaux.
Elaine cordon
Demain, Le Toulousain
vous fera découvrir
l’univers de la mode canine.
Yen Xiang propose des objets et des vêtements asiatiques. © Victor Miget
6
I Sport
Le Toulousain jeudi 10 décembre 2015
Le rugby poursuit sa métamorphose
Comme tout sport qui se professionnalise, le rugby a changé. Seulement les profondes mutations encourues touchent l’enseignement de cette
discipline aux plus jeunes. Dominique Balesi, éducateur au Blagnac Sporting Club Rugby explique.
«D
epuis que je suis arrivé
au club beaucoup de
choses ont changé»,
confie Dominique Balesi, entraîneur à Blagnac depuis 27 ans. Cet
ancien moniteur de ski arrivé au
rugby en 1988 en a vu passer «des
gamins». Dominique a coaché toutes les catégories d’âge, des plus
petits aux plus grands.
En parallèle, ce passionné travaille
aussi pour la Ville en transmettant son amour du ballon ovale
aux collégiens et lycéens. Un parcours qui a nourri sa réflexion
et sa vision de la balle ovale qui
«n’a rien à voir avec ce qui se faisait avant». L’éducateur décrit un
sport en mutation. Des changements qui se répercutent jusque
chez les enfants: «le rugby c’est
professionnalisé avec des conséquences pour les plus jeunes. Si hier
on commençait a parler de poste
vers 15 ans, aujourd’hui dès 10 ans
ils poussent les mêlées, apprennent
des combinaisons et connaissent
leurs rôles sur le terrain».
En cet après-midi, les enfants
s’adonnant à de nombreux exercices de passe, de coup de pied
et de placage donnent un sens
aux explications de Dominique.
D’autant plus que le club de Blagnac «fait participer beaucoup de
joueurs de son équipe première
pour apporter une plus-value aux
sessions d’entraînement», détaille
l’éducateur.
Des enfants devenus
compétiteurs
Des entrainements plus tactiques
et plus techniques ont remplacé
les mercredis après-midi où les
petits se défoulaient dans un
«joyeux désordre». «Même les
gamins ont changé, leur esprit de
compétition s’est développé. On
en parle pas toujours mais pour
un éducateur c’est gratifiant de
voir son équipe gagner», explique
Dominique.
Ces propos mettent l’accent sur
la révolution de ce rugby passé de
l’engouement rural à national. Un
aspect tout nouveau pour ce sport
longtemps choisi par les parents
pour son coté convivial et éducatif. «Après on est pas encore arrivé
au niveau d’élitisme du foot», tempère l’éducateur. «Ici tout le monde
joue, ça reste tranquille, l’objectif
numéro un c’est l’épanouissement
de l’enfant et qu’il se sente comme
chez lui au club».
L’arrivée des filles
Les enfants entrainés par Dominique sont chanceux. «Pas de pression, ni de la part des autres éducateurs et encore moins des parents»,
détaille-t-il. Pourtant au moment
d’énoncer les voisins de l’US Colomiers et du Stade Toulousain,
son côté compétitif ressurgit : «
Dominique Balesi explique l’art du «ballon porté» à ses jeunes joueurs ©Hugo Cisterne
Ce sont les deux seuls matchs où
il y a peu plus d’attentes» lâche
t-il avec le sourire. Dominique se
plait dans ce rugby moderne. Une
récente rigueur qu’il juge «bénéfique» pour l’ovalie. Désormais les
enfants «savent où ils vont» et le
niveau avec les clubs qui ont des
centres de formation c’est équilibré. Autre innovation, l’arrivée
en masse des filles qui désertent
les salles de danse, gymnases et
autres clubs d’équitation pour
le gazon des terrains de rugby.
Autre innovation «Entraîner les
filles c’est un bonheur», glisse Dominique. «Elles sont sérieuses et
investies. En plus en tant qu’éducatrices elles sont pédagogues et
très compétentes.» Plus exigeant
Les Warriors ont trouvé leurs armes
Les Golden State Warriors restent invaincus après leur
23ème victoire face aux Pacers d’Indianapolis. L’enfant
maudit de la NBA est définitivement sorti de sa longue
traversée du désert.
E
n s’imposant 131-123 face
aux Pacers dans la nuit de
mardi à mercredi, les Warriors menés par Stephen Curry,
confirment un peu plus leur statut
de leader. Pour le moment incontesté et incontestable. Les Pacers,
pourtant en forme (12 victoires
pour 8 défaites), se sont vu distancés dès la fin de la première mitemps (79-60). Les Warriors ne
connaissent pas la défaite depuis
le début de la saison régulière.
C’est une 23eme victoire pour Golden State. 23 comme le numéro
de Michael Jordan, qui détenait
depuis 1996 avec les Chicago Bulls,
le précédent record du meilleur
départ de saison avec 12 victoires
consécutives.
D’autres records sont désormais à
la portée de Golden State. Il faudra
encore 10 victoires et surtout vaincre les Cavaliers de Lebron James
le jour de Noël pour espérer battre
la performance des Los Angeles
Lakers de 1971-1972 et leurs 33
victoires d’affilée.
Autre exploit possible, le meilleur
bilan en saison régulière, à ce jour
détenu par les Bulls de Michael
Jordan (1996-1997). Soit 72 victoires pour 10 défaites. Golden
Hugo Cisterne
Maxime Brossard
En bref
Szarzewski prend sa retraite internationale
Après Thierry Dusautoir, c’est
Dimitri Szarzewski qui a annoncé
la fin de sa carrière internationale.
Agé de 32 ans, il quitte les Bleus
en ayant remporté le Tournoi des
Six nations à trois reprises et porté
le maillot de l’équipe de France à
quatre-vingt-trois reprises. State avait déjà remporté 67 rencontres l’année dernière. Il n’y a
plus qu’à.
Petit Bémol tout de même. Déjà privés d’Harrison Barnes et Leandro
Barbosa, les Warriors connaissent
un nouveau coup dur. Dans la nuit
de mardi à mercredi, après avoir
inscrit 39 points (10 sur 16 à trois
points), Klay Thompson s’est tordu
la cheville à 58 secondes de la fin
du match. À cause de cette entorse,
l’équipe pourrait ne pas pouvoir
compter sur l’un de ses meilleurs
éléments face à Boston vendredi
et Milwaukee samedi.
Sorti de nulle part
L’ascension de l’équipe californienne a de quoi surprendre. Résultats médiocres, sucession de
blessures, Golden State a enchaîné
les coups durs durant de longues
décennies.
Pourtant, les débuts étaient encourageants avec un premier titre
gagné en 1974-1975. Mais c’est
à partir des années 1980 que les
Warriors entament leur décente
aux enfers. Malgré leur statut de
meilleure attaque de la ligue, ils ne
disputent aucun play-offs de 1977
à 1986. La décennie 1990 est minée
envers les jeunes et ouvert aux
femmes, tel est le nouveau visage
de ce rugby qui continue sa métamorphose.
Dan Carter pour une premiere avec les ciel et blanc
L’ouvreur des All Blacks va faire ses débuts avec le Racing 92
à l’occasion du match de Coupe
d’Europe contre Northamton ce
samedi à 16h15. Quelques mois
après avoir été une nouvelle fois
sacré champion du monde, le
meilleur joueur de 2015 devrait
enfin fouler la pelouse de Colombes.
Le meneur des Warriors, Stephen Curry ©DR
par les blessures, malgré l’arrivée
de joueurs talentueux comme Tim
Hardaway et Chris Mullin. Pour les
années 2000, toujours pas de phases finales à l’horizon. La disette se
poursuit...
Il faut attendre la saison 2006-2007
et les performances de Baron Davis
pour que les Warriors refassent
parler d’eux. Ils grimpent jusqu’en
demi-finale avant d’être sortis par
les Utah Jazz. Cette saison inaugure une lente phase de reconstruc-
tion, ponctuée de quelques coups
d’éclats. L’actuelle star de l’équipe,
Stephen Curry vient gonfler l’effectif californien en 2009.
Dès lors l’équipe renoue peu à peu
avec le succès pour remporter un
premier titre en 2014-2015. Cette
année, Golden State pourrait devenir la meilleure équipe de l’histoire
de la ligue sur une saison. Le désert
est traversé.
Victor Miget
La finale de la Ligue des
Champions sur D8
Coup dur pour TF1 qui ne diffusera pas la finale de la ligue des
champions cette saison. C’est
sur D8 que les téléspectateurs
devront zapper pour regarder le
match qui se déroulera à Milan
le 28 mai prochain. La chaine du
groupe canal retransmettra aussi
les finales des éditions 2017 et
2018.
I International I
Le Toulousain jeudi 10 décembre 2015
Conflit de l’ombre
9 098 morts, 20 732 bléssés, 20 mois de conflit. Le bilan du Haut-Commissariat de
l’ONU aux droits de l’homme des Nations unies (HCR), annoncé hier, vient entacher
le processus de paix dans l’est de l’Ukraine alors que Kiev termine le retrait de ses
En vingt mois de conflit, l’Ukraine compte 9098 morts. Crédit : DR
A
lors que Kiev a affirmé samedi avoir achevé la dernière
étape du retrait des armes
par les Ukrainiens dans la région
de Donetsk, le bilan est lourd. Le
conflit fait état de 9 098 morts et 20
732 blessés, a annoncé, hier, dans
son rapport le Haut-Commissariat
de l’ONU aux droits de l’homme
des Nations unies (HCR).
Des chiffres qui ont de quoi choquer. En Europe des hommes continuent de se tuer. Néanmoins, en
novembre, il n’y a eu « que » 47
civils tués et 131 blessés, relève
l’ONU qui souligne que « le conflit
dans certaines parties de l’est de
l’Ukraine a fortement baissé en
intensité ». Pour cause, ces nouvelles pertes ont essentiellement été
causées par des restes d’explosifs
de guerre, indique le rapport. Ces
morts qui ne sont pas causés par
une pression sur une gâchette ou
une bombe larguée au sol, laisse
espérer un éventuel futur processus de paix.
Une guerre peut en cacher une
autre
Depuis les prémices des affrontements dans le Dombass, il y a
vingt mois, le conflit Ukrainien
évolue dans l’ombre de la Syrie.
Les séparatistes russes semblent
moins préoccuper la communauté
internationale que les jihadistes.
Les pro-Poutine, eux aussi, ne font
pas le poids face aux pro-Assad,
géopolitiquement parlant.
Pourtant, c’est notre continent
qui est atteint. Or, ce n’est pas la
distance qui inquiète nos politiques, mais les intérêts qu’un conflit
peur représenter. Ainsi, dans l’est
de l’Ukraine, quelques 3 millions
de personnes sont touchées dans
la quasi-indifférence du reste du
monde. Ces hommes, femmes et
enfants doivent faire face à des difficultés d’accès aux traitements médicaux, au logement, aux services
sociaux, voire même aux pillages
et aux viols ...
En réalité, il suffit de se pencher sur
le dossier ukrainien pour comprendre que la véritable interrogation
n’est pas la manière dont le pouvoir
doit être exercé, mais dans quelle
mains il doit être placé.
Guillaume Almalech-Asmanoff
9098
Le nombre de mort depuis le
début du conflit en Ukraine,
dont une grande majorité de
civils.
Mais qui est Donald Trump?
Donald Trump, candidat à la primaire républicaine aux Etats-Unis, a (une fois encore!)
récemment fait parler de lui. À la suite de l’attentat de San Bernardino, en Californie,
il a déclaré « vouloir fermer temporairement les frontières aux musulmans ». Qui
est cet homme considéré, par le New-Yorker, comme étant la version américaine de
Marine Le Pen ?
Donald Trump©AFP
D
onald Trump est découvert
par l’opinion publique dans
les années 80. C’est l’époque où Ronald Reagan est président
et où l’ultralibéralisme apparaît.
Promoteur immobilier, il inaugure
en 1983 son premier gratte-ciel,
la Trump Tower, sur la célèbre Ve
Avenue à New-York. Il ne s’arrête
pas là et construit de plus en plus
allant au-delà de la frontière newyorkaise. Trump est alors marié à
Ivana, ancienne championne de
ski et mannequin tchécoslovaque.
Mais infidèle, il la trompe avec celle
qui deviendra sa deuxième épouse,
l’actrice Marla Maples. Au début
des années 1990, leur divorce
est un réel feuilleton médiatique
Outre-Atlantique. Ivana obtient
une quarantaine de millions de dollars pour élever ses trois enfants.
Une crise de l’immobilier arrive et
Trump se trouve quasiment ruiné
et très endetté. Il se redresse et
construit de nouveaux édifices aux
Etats-Unis, au Canada, en Amérique Latine ou en Asie. En 2004, il
se lance dans la télé-réalité avec
« The Apprentice » sur NBC, une
émission qu’il produit et anime.
Le concept est de confronter des
Américains voulant décrocher un
job chez lui. La particularité ? A
la fin de chaque épisode, Donald
Trump élimine un candidat en le
désignant du doigt et en lui lançant
« tu es viré ». Le public américain
adore et la finale de la première
saison réunit près de 28 millions de
téléspectateurs. Trump ne s’arrête
pas là. Il possède une agence de
mannequins, la patinoire de Central Park ou encore des terrains de
golf. Il vend en septembre dernier
la totalité des parts du concours
de Miss Univers qu’il organisait
depuis 1996. Bref, il propose son
nom un peu partout.
Aujourd’hui, Donald Trump souhaite intégrer la Maison-Blanche. Il
avait déjà tenté de le faire en 1996
lors des primaires républicaines. À
la suite de sa dernière déclaration,
les Anglais ont lancé une pétition
sur le site du Parlement britannique
visant à le bannir du Royaume-Uni.
Hier, près de 200 000 signatures
avaient été recueillies et pourrait
être soumise aux députés.
Elsa Tabellion
Top 5 de ses pires
déclarations
• Je construirai un grand, grand mur
à la frontière sud et je le ferai financer
par le Mexique.
Juillet 2015
• Il faut empêcher les patients atteints
par Ebola d’entrer aux Etats-Unis.
Soignez-les, très bien, mais là-bas. Les
Etats-Unis ont assez de problèmes!
Août 2014
• Une source « extrêmement crédible
» a appelé mon bureau et m’a dit que
l’acte de naissance de Barack Obama
est un faux.
Août 2012
•Si Ivanka n’était pas ma fille, je sortirais peut-être avec elle.
Août 2015
•Rosie O’Donnell (humoriste) est
grossière, vulgaire, odieuse et stupide
– mais à part ça, je l’aime beaucoup!
Juillet 2014
7
Les rebelles syriens
quittent Homs
Evacutation des rebelles et des civils du quartier de Waer.©AFP
Selon l’Observatoire syrien des
droits de l’Homme (OSDH), des
rebelles syriens ont commencé,
hier, l’évacuation de Waer, dernier
quartier qu’ils contrôlent dans
la ville de Homs, parfois appelée
« Capitale de la Révolution ».
Cet accord, conclu entre les insurgés et le régime syrien le 1er
décembre sous la supervision de
l’ONU, prévoit le départ de ce
quartier de deux mille rebelles
et de leurs familles. Homs, troisième ville la plus peuplée de Syrie, est considérée comme étant
le bastion du soulèvement contre
le régime du président Bachar alAssad.
Les hostilités ont débuté à la suite
d’une campagne de répression
contre les manifestants antigouvernementaux. Des manifestants
pour la plupart armés et qui ont
répliqué sur les policiers.
Par la suite, ces différentes oppositions se sont sensiblement
transformées en de véritables
combats de rue entre les forces
de sécurité et l’Armée syrienne
libre.
En décembre 2011, une mission
d’observateurs de la Ligue arabe
fut envoyée pour évaluer et maitriser la situation. La mission,
vouée à l’échec, a été suivie deux
mois plus tard par une offensive
de l’Armée syrienne. Le quartier
de Baba Amr, situé au sud-ouest
de la ville est bombardé. En mai
2012, les combats et les bombardements se font de plus en plus irréguliers. Le gouvernement prend
alors le contrôle de la plus grande
partie de la ville. Début octobre,
trois quarts de la ville se trouve
sous le contrôle de l’armée.
Quatre années après le début
de la guerre civile, près de 250
000 personnes ont été tuées et
l’annonce du retrait des rebelles
syriens peut être vécue comme
une trêve d’espoir.
En bref
Procès d’Echirolles
Au procès d’Echirolles, les avocats de la défense ont plaidé,
hier soir, l’acquittement pour sept des douze accusés des
meurtres de Kevin et Sofiane en 2012. Lundi, le parquet avait
requis des peines de 10 à 20 ans de réclusion criminelle
à l’encontre des accusés, âgés de 19 à 24 ans, dont deux
mineurs au moment des faits. Tous sont jugés à huis-clos
depuis le 2 novembre pour le double meurtre de Kevin, étudiant en master de 21 ans, et Sofiane, éducateur de 22 ans,
dans un parc d’Échirolles, près de Grenoble. Le verdict devrait
être rendu d’ici à la fin de la semaine.
Le président vénézuélien demande la démission de son gouvernement
Au Venezuela, le président Nicolas Maduro, a demandé hier
la démission de son gouvernement deux jours après l’écrasante victoire de l’opposition aux législatives. Quelques heures auparavant, les résultats définitifs de l’élection avaient
confirmé l’obtention par l’opposition des deux tiers des
sièges de l’Assemblée. La coalition de l’opposition vénézuélienne, la Table de l’unité démocratique (MUD), a remporté
110 des 167 sièges que compte le Parlement.
Ethiopie : « la pire sécheresse depuis 50
ans »
En pleine COP 21, l’Ethiopie connaît un épisode de sécheresse inédit, dû au phénomène météorologique El Nino. Selon le
gouvernement, 10% de la population devrait être en besoin
d’alimentation d’urgence début 2016. Une famine directement due au changement climatique. Peut-être cette crise
alimentaire permettra t-elle aux pays participants à la COP
21 de réaliser l’urgence d’un accord entre eux à deux jours de
la clôture de la conférence sur le climat.
La Mongolie, 105e pays à abolir la peine
de mort
La Mongolie est devenu le 105e pays à abolir la peine de
mort, après l’adoption par son Parlement d’un nouveau code
pénal excluant les exécutions. Une décision qui a été saluée
hier par les Nations unies.
8
I RegardsI
Le Toulousain - Jeudi 10 décembre 2015
Six pieds sous terre
L’humeur
Coluche : « Le FN fait pas Tanguy ?
avancer le schmilblick » A
Coluche, est mort à 41 ans. Son humour acerbe nous manque aujourd’hui, alors que
le FN est au plus haut et que les Français se désintéressent de la politique. Retrouvailles avec le clown bariolé et hirsute.
Bonjour Coluche, ça fait du bien
de vous revoir parmi nous…
Salut camarade ! Oh et puis tutoiemoi, j’suis pas non plus le Premier
sinistre !
Quand tu entends des militants
FN te citer, tu dois vraiment te
retourner dans ta tombe…
Pas plus tard qu’il y a pas longtemps, je suis tombé sur un
forum où des militants FN reprenaient une phrase à moi :
« La gauche est achetée par Moscou, la droite est à jeter par la fenêtre », pour justifier leur théorie
de l’UMPS. D’autres vannes sur
les Juifs, les Noirs et les Arabes
sont reprises sans aucun recul,
sans second degré. Ça pique les
yeux. Sur Internet, on dit carrément que j’étais antisémite et
raciste, pareil pour mon pote
Desproges, et on me compare
à l’autre fumiste de Dieudonné.
Enfin… L’important c’est qu’on
parle encore de moi !
Cela t’arrive-t-il de te demander où on en serait si tu avais
été élu Président, en 1981 ?
Ça aurait été un sacré merdier !
(rires) Mais j’aurais peut-être
été moins pourri que les
autres…
Aujourd’hui, le FN est le premier parti de France. Qu’est ce
que ça t’inspire ?
Une profonde tristesse. Et le plus
improbable, c’est cette mode du
« c’était mieux avant ». Franchement
les gars, non, c’était pas mieux avant.
Aujourd’hui, vous êtes plus libres
que jamais, avec Internet, les réseaux
sociaux… C’est une ère magnifique
que la vôtre. Celle de la convivialité,
du partage, de la liberté d’expression.
Et au contraire, je vois beaucoup de
repli sur soi.
Et ces jeunes qui ne votent plus,
qu’est-ce que tu as envie de leur
dire ?
Je pense qu’il faut dépasser le vieux
cliché de l’étudiant beatnik aux cheveux gras fumant ses joints vautré
dans un pouf. Ça, c’était il y a 20 ans.
Aujourd’hui, s’ils ne votent pas, c’est
parce que vos politiques sont des
cons. Eh puis les vieux et les chômistes, apparemment ils préfèrent
jouer au Tiercé avec leur pinard en
chantant « Maréchal, nous voilà »…
Ça, c’est la faute aux politiques qui se
sont trop longtemps foutu de leurs
gueules.
Pourquoi est-on tombé si
bas ?
Je pourrais te parler corruption et
politiciens pourris, mais pour moi
c’est surtout à cause de la détresse
des gens. Le chômage, la pauvreté…
Trente ans après, les Restos du cœur
distribuent encore plus que jamais.
Comme quoi les gens sont solidaires, et heureusement, car les politiques ne sont plus dans le même
monde. Et faut vraiment comprendre que le FN ne fera pas avancer le
schmilblick. Mais en même temps
y’a de quoi être découragé. Quand on
voit l’autre là, le p’tit pingouin avec
sa Rollex et sa mannequin… Carla
Brownie ! Lui, pour piquer dans la
caisse, c’est pas un timide ! Moi je dis
ça, je m’en fous, c’est votre pognon...
Ah et l’autre là, le sinistre de l’Economie… Emmanuel Morpion. C’ui
là il qualifie les ouvriers d’illettrés.
Ah vraiment, ils se foutent bien de
vos gueules.
Tu dois regretter de ne plus
être parmi nous, t’aurais vraiment matière à faire marrer
les gens…
C’est clair, c’est pas d’bol. Tiens,
je parlais du Petit Nicolas à
l’instant : tu connais la différence entre un oiseau et un politique? C’est que de temps en
temps les oiseaux s’arrêtent de
voler ! Tu vois, j’ai l’impression
qu’aujourd’hui les gens ont besoin de rire. On les force à être
trop sérieux, ils en prennent plein
la gueule et il n’y a plus beaucoup
d’abrutis comme moi pour les
faire marrer. Et bientôt, il y aura
les élections pestilentielles. Entre
le redoublant qui s’est déjà fait
recaler à l’examen mais qui s’obstine, le gros qui pédale dans la
semoule et la fille de Jean-Marie
qui dépasse les borgnes… J’me
dis que je suis aussi bien là où je
suis. Allez, tchao pantin !
P ropos recueillis d ’ outre - tombe
par Agathe Landais
Photo du jour
ujourd’hui, en France,
plus d’un million de jeunes
majeurs quitteraient le
domicile parental s’ils en avaient
les moyens financiers. L’étude,
commandée par la fondation
Abbé Pierre, a été rendue publique
samedi 5 décembre. S’appuyant sur
les chiffres de l’INSEE, le rapport
révèle que 4,5 millions de majeurs
(dont 1,5 million de plus de 25 ans)
sont hébergés chez leurs parents
ou un tiers. Si une forte proportion
est étudiante (1,9 million), la
cherté des loyers et la précarité de
l’emploi étendent le phénomène à
1,5 million de jeunes travailleurs.
Non monsieur, ces « Tanguy » là ne
restent plus chez papa ou maman
par plaisir.
Laissons ces chiffres de côté un
moment. Le journal Le Monde a
mis aujourd’hui des visages sur de
froides statistiques. Dans un article,
un jeune couple témoigne. L’un
travaille pour le Smic (1457,52 €
brut mensuel), l’autre cumule des
emplois précaires. Avec ces revenuslà, impossible pour les tourtereaux
de trouver un nid. Encore moins en
région parisienne, où le moins cher
des loyers aspirerait près de 70% de
leurs pécules mensuels.
Ces deux jeunes, comme des
centaines de milliers d’autres,
font partie de cette catégorie de
précaires appelés « travailleurs
pauvres ».
Comment, dans ces conditions,
renouer avec la croissance en
France quand le coût du logement
par ménage excède les 40 % ?
Comment, nous génération Y,
démarrer dans la vie quand le
simple fait d’avoir un toit pompe
toutes nos ressources ? Certains,
hommes politiques ou personnages
de la société civile, avaient proposé
un encadrement des loyers. Une
remise à plan du genre « on prend
tout, on réévalue tout et on repart
de zéro ». Le fait qu’un travail de 35
heures par semaine ne puisse pas
satisfaire ces trois besoins boire,
manger, se loger, est une ineptie
sans nom.
Si rien n’est fait, le phénomène
« Tanguy » va empirer. C’est un
problème majeur qui ne sera bientôt
plus l’apanage des jeunes actifs, des
étudiants ou des smicards. Demain,
le travailleur précaire, ce pourrait
être notre médecin, notre banquier,
ou même toi lecteur.
Sylvain Labaune
Histoires courtes
Christian Estrosi veut « défendre l’honneur de son
père »
Attaqué par Jean-Marie Le Pen sur le rôle de son père durant la deuxième
guerre mondiale, Christian Estrosi a qualifié cette attaque « de saloperie
». Lors d’une interview accordée à la chaîne d’information en continu
ITélé lundi pour commenter les résultats du premier tour des régionales,
le grand-père de Marion Maréchal-Le Pen avait déclaré : « En 1942, mon
père est mort pour la France, je demande à Monsieur Estrosi où était son
père à ce moment-là. »
Spectacle d’entreprise : un dompteur perd le
contrôle de ses fauves
Lors de la soirée de Noël du comité d’entreprise d’EDF-GRDF, samedi
5 décembre à Douai, un spectacle de domptage de lions a mal tourné.
Un des trois fauves a tenté d’attaquer le dresseur après avoir pris à
parti ses congénères. Le lion dominant a été maîtrisé par la sécurité à
l’aide d’extincteurs incendies. Une faute professionnelle commise par le
dompteur serait à l’origine de l’incident.
Allemagne : 122,92 euros d’amende pour le
gardien « laboureur »
S’il n’a pas été sportivement sanctionné, le gardien d’Augsburg,
Marwin Hitz, a été condamné à une amende de 122,92 euros pour
avoir arraché un morceau de pelouse, samedi, lors du match contre
Cologne. Le gardien a provoqué la chute de l’attaquant de l’équipe
adverse Anthony Modeste (qui n’a pas pu marquer) en labourant avec
ses crampons le point de pénalty.
A l’occasion des jeux aériens mondiaux organisés par les Emirats Arabes Unis, des dizaines de montgolfières dominent le ciel de Dubaï. © Reuters
Directeur de publication :
Bertrand Thomas
Directeur d’édition :
Rémi Bouquet des Chaux
Rédacteur en chef :
Zhifan Liu
Rédacteur en chef adjoint :
Julie L’Hostis
Secrétaires de rédaction :
Rémi Rivière/ François Rieux/ Léa Stassinet/ Clarisse Watue
Responsable photo :
Antoine Miailhes