Le journal du SNES Mayotte Edito N°1
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Le journal du SNES Mayotte Edito N°1
Le journal du SNES Mayotte N°1 Edito RENTREE 2005 : UN NOUVEL ELAN SYNDICAL Pour commencer, je tiens à souhaiter bienvenue aux collègues nouvellement arrivés sur l’île. Ils viennent exercer un métier qui n’est pas toujours facile dans un contexte très différent de celui qu’ils connaissent, un contexte dépaysant, parfois difficile mais ils trouveront toujours le SNES Mayotte à leur coté durant leur séjour.Devant la pression rectorale rencontrée en 2004/2005 ils auront bien besoin de notre soutien. L’année 2005 a vu apparaître de nombreuses nouveautés dont les seules finalités ont été d’accroître la surveillance des collègues, d’alourdir leur charge de travail et de les placer dans des situations inconfortables visà-vis de leurs élèves. Certes, le Rectorat fait le relais des politiques ministérielles désastreuses mais la méthode utilisée sur le territoire, sous couvert d’une pseudo-concertation, s’avère être le plus souvent celle de l’arbitraire et de l’opacité.Les affaires récentes concernant les inspections des chargés de mission, les pressions sur la vie privée des collègues ou celles pour évacuer du système les élèves sans papier montrent à quel point le Rectorat aime à s’affranchir de certaines règles et principes qui prévalent dans la République.Le SNES s’est opposé farouchement à tous ces dérapages.Mais notre syndicat doit aller plus loin… (suite p2) MORTS DE SCHTROUMPFS ! RIRE, LES Il était une fois un p’tit prof, deux p’tits profs, trois p’tits profs… comme les schtroumpfs qui débarquaient de leur Air Austral non natal à Dzaoudzi. Nantis de leurs paquets de diplômes, de leur idéologie niaisement et utopiquement égalitariste,bourrés jusqu’à la gueule des idéaux républicains français, hérités de siècles et de siècles, amen !gonflés de l’enthousiasme de ceux-qui-ne-veulent-pas-avoir-tropbien-compris-Lévi-Strauss, les p’tits schtroumpfsmzoungous commencèrent par se casser la gueule sur les 43 ou 40 ou 41%... bref, sur les inadmissibles « pour cents » de ponction de taxes de douane sur leur outil de travail éventuellement neuf : l’ORDINATEUR PORTABLE !!! Racket légal, histoire de faire écho au maître Balzac et à sa « prostitution légale » dont il qualifia le mariage de son époque… (Suite p3) RETARD DE PAIEMENT INDEMNITE D’ELOIGNEMENT ( I.E. ) et INDEMNITE FORFAITAIRE DE CHANGEMENT DE RESIDENCE (I.F.C.R.) Vous avez déjà dû demander ces deux indemnités à votre académie d’origine,avant votre départ. Il se trouve que de plus en plus nombreuses sont les académies qui se font tirer l’oreille pour les payer. Si vous êtes malheureusement dans ce cas, prenez contact, avec Daniel Vignal, le trésorier du S3 de Mayotte en indiquant clairement la date de dépôt de votre dossier de demande (par mail de préférence [email protected]). Nous demanderons au Vice Rectorat de Mayotte d’intervenir énergiquement auprès du service payeur de votre académie d’origine, cela peut suffire… Sinon, nous vous aiderons à déposer une plainte auprès du Tribunal Administratif de Mayotte.Dans ce cas, il faudra présenter un dossier complet de demande de paiement des indemnités assorti d’une demande de dommages et intérêts pour retard de paiement. L’ESPRIT DES LOIS (Accueil des élèves en situation irrégulière) Les élèves sans papiers ont de plus en plus de difficultés pour s’inscrire aussi bien dans l’enseignement secondaire que dans l’école élémentaire. Le Snes rappelle que le droit à l’école est régi par des règles qui interviennent à trois niveaux : international, européen et national. La convention internationale relative aux droits de l enfant, signée à New York en 1990 stipule un principe de non-discrimination qui assure à tout enfant un droit à l’éducation. Au niveau européen, le protocole additionnel n° 1 à la convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH) affirme que : « nul ne peut se voir refuser le droit à l instruction » et l’article 14 de la même convention pose le principe de la non-discrimination. Enfin, la législation nationale, par le biais du code de l’éducation définit elle aussi très clairement le principe du droit à l’école pour tout enfant, français ou étranger. Suite à des recommandations du SAIO prônant une discrimination aux inscriptions dans l enseignement professionnelle, l’intersyndicale de l’éducation à Mayotte a écrit aux chefs d’établissements pour leur rappeler la loi en leur demandant d’informer les collègues placés sous leur autorité. Nous avons d’ailleurs utilisé les mêmes références que Monsieur le Vice-recteur dans sa circulaire du 22 avril 2003(cf dossier cicontre). Le Proviseur Vie Scolaire a aussitôt réagi, au nom du Vice-recteur en affirmant que la lettre de l’intersyndicale est inacceptable et qu’il ne faut pas en informer les collègues. Nous publions également dans ce numéro un droit de réponse d’un CPE du lycée de Mamoudzou qui s’est senti visé par la lettre de l’intersyndicale. Nous lui rappelons que l’éducation nationale n’a pas vocation à faire la police ni à se substituer à la justice. Notre collègue- s’il estime qu’on peut encore considérer les CPE comme des collègues- fait peut-être allusions à «l’âge CFA », ce système instauré par la colonisation pour donner un âge apparent à « la population autochtone ». En tout cas, c’est curieux qu’une personne fasse des faux papiers pour être classé dans la catégorie des « sans papiers ». Edito (suite) Devant l’évolution de l’île, il nous parait plus que jamais important de créer une véritable force pour faire face aux pouvoirs locaux de plus en plus étendus avec la décentralisation, le SNES accompagné du SNUIPP, du SNUEP et du SNEP a décidé de mettre en place la FSU à Mayotte. Enfin les fonctionnaires d’Etat disposeront sur l’île d’une centrale forte pour faire aboutir leurs revendications. L’année 2005/2006 verra donc ce grand projet se mettre en place et le mouvement syndical à Mayotte durablement renforcé.Ainsi, nous pourrons défendre avec un véritable mouvement unitaire nos acquis, nos statuts mais aussi nos valeurs. Un dernier point pour conclure, cette unité nouvelle nous permettra aussi de peser plus lourdement sur la vie économique de l’île que nous contribuons largement à dynamiser. Bonne rentrée à tous Frédéric LOUVIER MAYOTTE secrétaire du SNES Les schtroumpfs suite Tout cela ne faisait que commencer… Les mêmes « pour cents » se reproduisirent sur les achats par correspondance en métropole que bêtement, avec la même stupide innocence, ils effectuèrent : sur une commande de 250€, il fallut bien en payer 100 de douane…LEGAL, leur rétorqua-t-on…NORMAL, leur serina-t-on…JUSTE, tenta-t-on la culpabilisation par la morale ambiante (basique ici) : « Songez à la vie économique de l’île… il y a peu de ressources… les SEULES rentrées d’argent…la VIE de l’île... rougissez de votre cupidité, coureurs de primes ! en comparaison avec les revenus des Mahorais !... »C’est vrrrré, tout ça, ma brrrrav’ dam’… cf. certains bilans financiers parus dans la presse locale récemment…Les schtroumpfs ont verdi : agents de l’état ? fonctionnaires missionnés par ce même état ? sur des mutations nationales habituelles ?...Mais alors… Mais alors… Mais alors… Mais alors… comme dirait Ionesco, les schtroumpfs payent-ils 43% de taxes sur leurs achats d’outils de travail quand ils mutent de Lille à Toulouse ?On ne cesse pourtant de leur seriner que « nous sommes en France… », en réunion de nouveaux arrivants par exemple… Prise de tête des schtroumpfs et paracétamolo de la comprenette…Les appareils neufs contenus dans tous les déménagements des centaines de schtroumpfs et scandaleusement non déclarés ne devraient-ils pas être décelés ? A quand l’ouverture de TOUS les conteneurs et TOUTES les voitures et TOUS les bagages de TOUS les schtroumpfs ?Il faudrait un peu mettre de l’ordre dans la vie de ces centaines de schtroumpfs qui représentent tout de même un bel enjeu de la vie économique de l’île de Mayotte… Et quant au poids économique qu’ils représentent, il est bien sûr inutile d’en tenir compte. Faisons encore venir des centaines de schtroumpfs, et continuons :coercition…suspicion…mépris…racket légal… Le jour où les schtroumpfs deviendront rouges de colère et d’indignation, alors la vie économique de l’île, elle, pâlira beaucoup… et les autorités concernées commenceront peut-être à réfléchir… Du côté de la CAPA La CAPA sur les révisions des notes administratives des professeurs certifiés et des AE ainsi que l’accès à la hors classe des certifiés s’est tenue le 16 juin 2005. Nous avons été frappés par la forte progression des collègues demandant la révision de leur note. En effet le Vice-recteur a baissé systématiquement les propositions de notes des collègues quand il estimait qu’il y avait une forte progression ou qu’un collègue était près de la note maximum autorisée par son échelon. Il a eu une gestion purement arithmétique de la note administrative, désavouant à l’occasion les chefs d’établissements qui pensaient au contraire et à juste titre qu’il fallait valoriser les collègues méritants. Il est vrai que les chefs d’établissements connaissant bien les enseignants qui sont placés sous leur autorité, n’ont pas tous obéi aux recommandations d’une progression homogène que le Vice-recteur veut mettre en place. Doit-on en effet, ajouter un dixième de point à tous les collègues au 9ème échelon qui ont une note administrative de 39,5 ? Le SNES se réjouit de cette prise de position et réclame la publication d’une circulaire académique sur la notation administrative d’autant plus que Monsieur le Vice-recteur a la brillante idée de supprimer les propositions de notes. En effet, il a l’intention de faire une « harmonisation des notes », entendez par là « baisse des propositions de notes des chefs d’établissements qui n’auront pas obéi à ses injonctions » avant même que les collègues n’en prennent connaissance. C’est une atteinte à la liberté de jugement des chefs d’établissements. Pour accès à la hors classe des certifiés, 22 collègues sur 144 candidats dont 80 sont au 11 ème échelon ont été promus. Le nombre de demandes (et de « promouvable », du reste) a fortement augmenté alors que le nombre de promus a stagné (21/76 en 2004). D’autre part l’attribution de la note sur les critères professionnels a pénalisé un certain nombre de collègues (cf le billet d’humeur page 8) qui aurait été promus avec l’ancien barème. Pour qu’il y ait moins d’arbitraire, le Snes a demandé et obtenu que la note sur 80 attribuée par Monsieur le Vice-recteur soit repartie en quatre critères très précis notés sur 20. Pour les mutations, le Vice-recteur n’a pas réuni de Formation Paritaire Mixte pour l’implantation des postes (notamment les postes à compétences requises ou les postes à complément de service). Il n’y a pas eu non plus de Groupe de travail pour l’attribution des postes spécifiques. Le Snes proteste contre ce non respect du paritarisme et réclame plus de transparence de la part du Vice-recteur. Toutefois les GT de vérification de barème et d’affectation se déroulés correctement et dans un très bon esprit. Nous déplorons, néanmoins un très grand nombre de postes qui n’était pas pourvus à l’issue de la réunion de l’instance paritaire le 16 juin. A la date du 4 juillet, il manquait encore 46 professeurs de collèges et LGT et 9 PLP. «L’oublie » du ministère de sortir tous les candidats qui ont obtenus Mayotte à l’inter, du mouvement pour la Polynésie Française, ne suffit pas pour expliquer ce problème. DIPLÔME DES COCOTIERS À MAYOTTE ? La lutte pour le maintien du baccalauréat comme diplôme national a été l’un des thèmes majeurs de la mobilisation contre la loi Fillon. Par cette action, nous avons signifié au ministre notre refus de voir s’instituer, au travers du contrôle continu, une régionalisation de cet examen. Nous devons, cependant, rester vigilants face à toute remise en cause, par la bande, de cet acquis des luttes du printemps 2005. De ce point de vue, ce qui s’est passé lors des oraux de français à Mayotte doit renforcer notre attention. Une collègue, affectée au jury de SADA, qui n’avait pas pu assister à la réunion d’harmonisation des notations, a pris l’initiative de laisser, par méconnaissance des règlements, le choix du texte aux élèves qu’elle devait interroger. Elle s’est ainsi retrouvée avec une moyenne bien supérieure à celle de l’ensemble de ses collègues de l’île qui avaient appliqué le règlement et choisi, à l’intérieur de la liste de textes. Dans le cas présent, le bon sens imposait de relativiser la règle selon laquelle les notes doivent être harmonisées sur celle du jury ayant la plus forte moyenne. Tel ne fut pas le point de vue du président de jury qui imposa à l’ensemble des collègues des autres lycées de l’île de relever de manière conséquente leurs notes. Cet exemple, en soi révélateur, est corroboré par un autre cas douteux au niveau des brevets des collèges. Lors de la correction de l’épreuve d’histoire géographie, l’anonymat des copies était en effet de pure forme et certains collègues ont eu la surprise de corriger les copies de leurs propres élèves... (suite de la p 4) Le SNES s’insurge contre de telles pratiques qui desservent d’abord les élèves. A quoi leur sert-il d’avoir un examen dévalué comparé aux diplômes de la métropole s’ils se retrouvent dans l’incapacité de suivre des formations supérieures en métropole ou de valoriser leurs diplômes sur le marché du travail hexagonal? Cela démotive nos collègues et porte atteinte au principe de l’égalité républicaine. Dans cette partie de dupes, seul le Vice-rectorat tire son épingle du jeu en présentant à son autorité de tutelle des taux de réussite aux examens en hausse. Si de telles pressions se renouvellent lors de l’édition 2005-2006, ne vous laissez pas faire, informez-en vos organisations syndicales pour, qu’ensemble, nous imposions le respect des textes et règlements. Droit de réponse Coup de gueule ! • Enseignants chargés de mission d’inspection qui « s’la pètent », comme disent les jeunes… • conseillers pédagogiques, en principe les mêmes que ci-dessus, qui font montre d’un autoritarisme exacerbé, particulièrement en réunion d’harmonisation du baccalauréat… • inspection qui ne sait brandir que la coercition et la menace pour « mettre au pas » l’engeance mauvaise (pléonasme) des profs… • préfecture qui ne fait aucun effort pour prévoir ou anticiper, à une rentrée de vacances, ses propres décisions sur un jour férié devenu problématique à une échelle nationale (lundi de Pentecôte), et se permet, sous pression du vice-rectorat, 3 décisions / revirements, ordres / contre-ordres, sur un calendrier républicain attribuant finalement un jour férié catholique aux personnels en majorité musulmans, mais non aux enseignants fonctionnaires soumis à l’obligation… blablabla…, l’ensemble appuyé sur un calendrier républicain pré-établi (voir le site du vice-rectorat), au plus parfait mépris des enseignants en général, des enseignants catholiques pratiquants en particulier, alors que notre revendiquée laïcité devrait faire édicter des mesures visant à l’apaisement dans la neutralité, et non au ridicule intégral de cette situation… Aucun effort non plus, et autant de mépris, pour répondre à une demande de rendez-vous du SNES à ce propos… Ignorer, dédaigner et diviser pour mieux régner… • vice-recteur ne sachant globalement brandir que les mêmes discours de menace, coercition à tous propos, dans une unique perspective de suspicion de malhonnêteté, de resquille, de tourisme sexuel… qui dit mieux ?... Le bonus du vice-recteur ! La note administrative sur 80, concoctée par l’hybride à deux têtes, vice-recteur et inspecteur d’académie, qui a permis à 5 collègues d’en supplanter 5 autres, privilégiés arbitrairement : passe-droits, arbitraire, et toujours intention lisible de diviser pour mieux régner… A QUAND un vrai climat de travail pour les enseignants de Mayotte ?A QUAND de véritables échanges de collaboration, pardon !... de coopération saine et égalitaire, sans infantilisation ni mépris des profs ?A QUAND une prise de conscience de ces autorités administratives et politiques, pour qu’elles comprennent enfin que sur le nombre grandissant d’enseignants entrant sur le territoire mahorais, la plupart sont honnêtes, mènent des vies familiales ordinaires, construisent des vies enfin, et que ce ne sont pas ces attitudes-là qui inciteront ces enseignants-ci à s’investir dans un élan de travail sain, ouvert et positif, puisqu’au départ au contraire ce sont le mépris et les comportements primaires qui les accueillent ?A QUAND le respect des profs ?A QUAND enfin un peu d’intelligence dans tout cela ?