5 mars Mercredi des Cendres - Abbaye Sainte Anne de Kergonan

Transcription

5 mars Mercredi des Cendres - Abbaye Sainte Anne de Kergonan
Mercredi des Cendres
Sainte-Anne, le 5 mars 2014
Lectures :
Jl 2, 12-18
2 Co 5, 20-6, 2
Mt 6, 1-6. 16-18
Mes bien chers Frères,
Chers Frères et Sœurs,
Avec toute l’Église, en ce Mercredi des Cendres, nous entrons solennellement dans le
temps du Carême qui nous met en route vers Pâques.
Dans un instant, nous allons venir recevoir les cendres qui nous rappellent que nous
sommes poussière, qui nous rappellent que, tirés de la terre, nous retournerons à la terre, qui
nous rappellent que le tout de notre vie ne se déroule pas exclusivement sur la terre et que, par
voie de conséquence, nous sommes appelés, invités, au banquet des Noces de l’Agneau, en
d’autres termes, que nous sommes appelés à la vie éternelle. La clé d’accès à cette vie
bienheureuse nous est donnée par les paroles qui accompagnent l’imposition des cendres :
Convertissez-vous et croyez à l’évangile !
Cet appel est une constante de la vie chrétienne et bien sûr de la vie monastique. C’est
pourquoi, au chapitre 49ème, sur l’observance du Carême, saint Benoît déclare que la vie d’un
moine devrait en tout temps être conforme à l’observance du Carême, mais il ajoute, en fin
psychologue, comme cette perfection ne se rencontre que dans un petit nombre, nous
exhortons les frères à garder leur vie en toute pureté durant les jours du Carême, et à réparer
en ces saints jours toutes les négligences des autres temps.
À pied d’œuvre, ce matin, nous pourrions, Frères et Sœurs, être tentés de dresser, avec
générosité et enthousiasme, une bonne liste de résolutions. Mais l’expérience montre que trop
d’efforts d’un seul coup ne vont jamais très loin. On se fatigue, on s’épuise et on risque même
de désespérer en se disant : Je n’y arriverai jamais !
Alors, faut-il ne rien faire ? Bien sûr que non. Il convient d’entreprendre nos exercices
de carême avec générosité, certes, mais aussi avec prudence ou sagesse, et surtout de ne pas
les absolutiser, de bien les considérer comme étant simplement des moyens et non une fin en
soi.
L’important, nous le savons, est d’ouvrir largement notre cœur pour accueillir la grâce
et l’amour du Seigneur ; ouvrir notre cœur pour percevoir que nous avons du prix à ses yeux,
que nous sommes aimés du Seigneur. En réponse, nous sommes tous invités à nourrir, au plus
profond de notre cœur, une relation intime et personnelle avec Jésus, à entretenir une vie
d’union avec Lui. Il n’est nullement besoin d’être un grand mystique pour y accéder. Mais, il
nous revient simplement de créer, autant que cela dépende de nous, les conditions favorables
et nécessaires à cette intimité.
C’est ainsi, et notre Carême est un temps tout à fait favorable pour cela, qu’il nous faut
favoriser dans notre vie très concrète, tout ce qui va dans le sens d’un plus grand
recueillement, d’un plus grand silence du cœur, d’une plus grande intériorité. Ce qui revient, a
contrario, à lutter, dans la mesure du possible, contre tout ce qui a tendance à nous disperser, à
nous distraire de cette recherche d’unification intérieure. C’est à chacun d’envisager les
efforts qu’il peut entreprendre en ce sens, à commencer, par exemple, par l’usage que nous
faisons des moyens de communication moderne. Le but, vous l’avez compris, est de nous
centrer, non pas sur nous-mêmes, mais sur Dieu qui, selon la belle formule de saint Augustin,
est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes.
Nous percevons tous combien cette vie d’union à Jésus au-dedans de nous-mêmes est
précieuse pour chacun de nous mais aussi combien le recueillement intérieur qui la favorise
est délicat et fragile, dans notre condition terrestre. Oui, vraiment nous portons un trésor en
des vases d’argiles (cf. 2Co 4, 7).
Frères et Sœurs, ce matin, osons entreprendre notre chemin du Carême comme un
chemin de plus grande intériorité pour permettre au Christ ressuscité de vivre au-dedans de
nous, pour ensuite rayonner autour de nous. Amen.