Elphège-J. DAIGNAULT (1879-1937)
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Elphège-J. DAIGNAULT (1879-1937)
Elphège-J. DAIGNAULT (1879-1937) Issu d’une des plus anciennes familles franco-américaines de l’état du Rhode Island, Elphège-J. Daignault naît à Woonsocket le 8 juin 1879, l’un des onze enfants de Godfroy Daignault, épicier et marchand de bois et de charbon, et d’Elmire Archambault. À la suite de son cours primaire à l’école paroissiale du Précieux-Sang de Woonsocket, il traverse la frontière, comme le faisaient plusieurs Franco-Américains de 1’époque, pour entreprendre ses études classiques au Québec, d’abord au Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke et ensuite au Collège Sainte-Marie de Montréal. Rentré aux États-Unis, il poursuit son éducation au Boston College où il obtient son baccalauréat en 1900. Plus tard, Daignault se rend à New York où il suit des cours de droit à Columbia University. Ses études terminées en 1903, il s’inscrit au barreau dans l’état du Rhode Island. Époux de Florina Gaulin, également de Woonsocket, Daignault sera le père de dix enfants. Dès le début de sa carrière, il se fait élire membre de la législature d’état au Rhode Island, poste qu’il occupe de 1903 à 1905. En 1911, on le nomme juge de la Cour des Tutelles de son comté, poste qu’il retient jusqu’en 19l4, alors qu’il assume la charge de procureur municipal de Woonsocket. Fier de son héritage, Daignault est un patriote ardent et un défenseur de la langue de ses ancêtres. Il en fait la preuve en s’inscrivant à plusieurs sociétés franco-américaines, entre autres, 1’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique, les Forestiers franco-américains et la Société historique franco-américaine dont il sera vice-président. Il sert aussi comme l’un des directeurs de La Tribune, quotidien de Woonsocket. En 1922, Daignault devient membre de l’Association canado-américaine, société fraternelle d’assurances-vie, dont le siège social est à Manchester, New Hampshire. À la mort du deuxième président de l’Association vers la fin de cette même année, on choisit Daignault pour lui succéder. Il demeurera président jusqu’en 1936. À la suite de la Première Guerre mondiale, un mouvement d’américanisation se répandit à travers les États-Unis. Afin de protéger les institutions franco-américaines et surtout les écoles catholiques de langue française en Nouvelle-Angleterre que l’on croyait menacées par la hiérarchie épiscopale irlando-américaine, surtout dans le Rhode Island, Daignault collabore à la fondation d’une société secrète, les Croisés, qui se fait un devoir de lutter contre ces tentatives d’anglicisation des groupes ethniques. Au mois d’avril 1924, Daignault et ses partisans de la « cause » fondent un journal porteparole de leur organisation. Ce journal, La Sentinelle, est publié par la National Publishing Company, dont Daignault est président. Dans ce quotidien, qui deviendra, après quelques mois, un hebdomadaire, les « Sentinellistes », sous la direction de Daignault, s’attaquent aux abus du clergé irlando-américain et à la lâcheté de certains Franco-Américains qui ne veulent pas se joindre à leur cause. On y affirme que les contributions des paroisses franco-américaines subventionnent la construction et le maintien d’écoles destinées à l’anglicisation des étudiants franco-américains. Cette lutte, durant laquelle Daignault et ses collègues mènent une campagne éditoriale franche et brutale contre Mgr William Hickey, évêque de Providence, Rhode Island— ils vont jusqu’à le traduire en cours ecclésiastique de Rome et civile du Rhode Island—aboutit au désastre pour les partisans de la cause. Rome frappe La Sentinelle d’interdit et excommunie soixante-deux sentinellistes, y compris Daignault. Ne voulant pas demeurer hors de l’Église catholique romaine, Daignault et les autres feront leur soumission à l’évêque. Cependant, Daignault garde toujours 1’esprit combatif et il continue d’écrire des articles favorisant la survivance franco-américaine, dans d’autres journaux, surtout dans Le Travailleur de Worcester, Massachusetts fondé en 1931 par l’ancien sentinelliste Wilfrid Beaulieu. La crise sentinelliste rend la vie très dure à tous ceux qui y ont participé, surtout pour ceux qui jouèrent un rôle de chef. Daignault en souffre beaucoup, physiquement et moralement. En 1933, il redevient juge de la Cour des Tutelles, mais la même année il subit une attaque de paralysie due à une hémorragie cérébrale qui manque de le terrasser. Malgré tout, Daignault continue de travailler pour la cause. Il se rend plusieurs fois à Montréal entre 1933 et 1936 pour présenter, avec d’autres collaborateurs-compatriotes, des causeries radiophoniques traitant de la situation des Franco-Américains dont les textes seront publiés dans un volume intitulé Les Franco-Américains peints par eux-mêmes. Daignault rédige aussi un livre dans lequel i1 offre ses propres pensées, idées et impressions au sujet de la querelle sentinelliste. Il s’agit de Le Vrai Mouvement sentinelliste en Nouvelle-Angleterre 1923-1929 et l’affaire du Rhode Island, publié en 1936. Cette même année, l’Association canado-américaine tient son congrès quadriennal à Boston. Depuis plusieurs années, la société était restée sans aumônier à cause de Daignault et son esprit de controverse. La hiérarchie le considère comme un personnage teinté d’anticléricalisme. En conséquence, Daignault retire sa candidature à la dernière minute en faveur d’Adolphe Robert, écrivain-journaliste et ancien secrétaire général de l’Association. Ce geste, pour Daignault, lui cause beaucoup de chagrin et d’ennui. Toutefois, il reconnaît que c’est pour le bien-être de la société. Il meurt subitement d’une crise cardiaque le 25 mai 1937. Robert-B. PERREAULT ŒUVRE - Articles et éditoriaux publiés dans La Sentinelle, Woonsocket, Rhode Island (1924-1928) dont quelques-uns paraissent sous le pseudonyme de Blaise Juillet ; ses écrits continuent dans La Vérité (1928), La Bataille (1928) et La Défense (1928-1929). Ceux-ci sont des journaux de Woonsocket fondés par Daignault pour remplacer La Sentinelle. - Divers articles dans Le Progrès de Nashua, New Hampshire et dans Le Travailleur de Worcester, Massachusetts (début des années 1930). - Causeries radiophoniques dans Adolphe Robert, dir. Les Franco-Américains peints par euxmêmes. Montréal : Éditions Albert Lévesque, 1936. « La Solidarité nécessaire », p. 15-24 ; « La Langue française et sa conservation par l’aide du Québec », p. 87-94 ; « L’École des brûleurs de ponts », p. 151-157 ; « La Situation actuelle au Rhode Island », p. 209-218. - Le Vrai Mouvement sentinelliste en Nouvelle-Angleterre, 1923-1929 et 1’affaire du Rhode Island. Montréal : Éditions du Zodiaque, 1936. 246 p. BIBLIOGRAPHIE - Foisy, J.-Albert. Histoire de 1’agitation sentinelliste dans la Nouvelle-Angleterre, 1925-1928. Woonsocket, RI : La Tribune Publishing Company, 1928. 427 p. - Forget, Hélène, « L’Agitation sentinelliste au Rhode Island (1924-1929) ». Mémoire de maîtrise, Université de Montréal, 1953. 83 p. - Perreault, Robert-B. Elphège-J. Daignault et le mouvement sentinelliste à Manchester, New Hampshire. Manchester, NH : National Materials Development Center for French and Creole, 1981. 243 p. - Rumilly, Robert, Histoire des Franco-Américains. Montréal : Union Saint Jean-Baptiste d’Amérique, 1958. 552 p. - Sorrell, Richard-S. « The Sentinelle Affair (1924-1929) and Militant Survivance : The FrancoAmerican Experience in Woonsocket, Rhode Island ». Thèse de doctorat, State University of New York at Buffalo, 1975. 484 p.