Laurence Micro au parloir
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Laurence Micro au parloir
Politique culturelle Septième expert pour le National CULTURE LES TROIS EXPERTS DÉSIGNÉS En très bref MICK JAGGER SERA FAIT CHEVALIER par la reine Elizabeth II, le vendredi 12 décembre. Et non le 10, comme initialement prévu, jour où le rugbyman Jonny Wilkinson deviendra membre de l’Ordre de l’Empire britannique. Ceci afin de ne pas détourner l’attention du joueur vedette de l’équipe d’Angleterre, a suggéré à Buckingham le chanteur des Stones, 60 ans depuis l’été dernier. Le père de Mick Jagger, Joe, 90 ans, a prévu d’assister à la cérémonie du 12. 쐍 Scènes - CRITIQUE Laurence Micro au parloir ◗ Laurence Bibot devient Laurence Micro dans un “seule en scène” rapide mais plaisant. ◗ L’artiste gagnerait à laisser son accent belge au vestiaire. ne pirouette dans le double sens du terme, un saut périlleux arrière invisible, une armée de micros, une voix que l’on connaît bien… Jaune canari, jaune tailleur, jaune flamboyant, jaune prison ou jaune Bibot, elle a choisi l’éclat. L’heure ne sera pas à la morosité. Pas à l’hilarité générale, non plus. De plus en plus à l’aise dans son tailleur de “seule en scène”, valsant d’un rôle à l’autre en liant adéquatement la sauce dans une mise en scène de Nathalie Uffner, l’artiste se jette dans l’interprétation de textes écrits pour et non par elle, avec pour seule contrainte le micro. Hésitante, collée à son chien Kevin, désireuse soudain de prendre le large vers Pornichet, elle campe d’abord une “quinqua” déprimée, coincée derrière le guichet et imaginée par Marie-Paule Kumps qui aura écrit un texte à tonalités multiples, de celle du chien à l’employée de la SNCF. Alors timide, naïve, hystérique, désespérée, l’aventurière d’un jour tente aussi de calmer “le” Kevin atteint de mimé- disait ignorer. Unique dans ce tête-à-tête au parloir, entre un magnat de la finance maladroit au point de se faire coffrer et une épouse qui ne cherche même plus à cacher son mépris, elle incarne ce rôle avec aisance malgré un accent bruxello-belge volontaire superflu dans ce tempo très franco-actuel. U Bien dans ses pompes JULIEN POHL par les trois groupes politiques de la majorité à la Communauté française pour analyser les candidatures pour le poste de directeur du Théâtre National sont maintenant désignés. Après Franco Dragone choisi par le PS et Pascal Vrebos désigné par le MR, c’est Michel Boermans qu’a choisi Ecolo. Co-directeur du Théâtre Océan Nord, Michel Boermans est également coordinateur de la Fédération des professionnels des arts de la scène (FAS), qui était née, il y a deux ans, de la grande fronde des milieux théâtraux, lorsqu’il s’était agi de statuer sur l’avenir du National. On sait que le précédent ministre des Arts de la scène, Richard Miller, avait eu la malchance d’essuyer cette fronde mais il avait lui-même suscité la création de ce groupe de pression. La FAS avait réclamé d’être associée au dossier de la succession de Philippe Van Kessel. Indirectement, via la désignation de Michel Boermans comme expert, elle obtient gain de cause dans une partie de la procédure. (G. Dt) 쐍 Voici l’artiste, vue par Marc Moulin, en femme de prisonnier. tisme. Elle chauffe la salle, en nuances. Puis déboule, en bourgeoise agitée, préoccupée par le regard des autres, (légèrement) choquée par la leçon de trivialité que viennent de lui offrir les Scènes prisonniers aux yeux desquels le tailleur jaune canari a fait son plus grand effet. Un oiseau pour le chat… dont le féminin a pris soudain une signification que la Montmirail version belge Franche, d’une belle présence sur scène, juste, malgré un rythme trop accéléré, l’artiste est presque méconnaissable dans chacun des portraits croqués par la bande du Théâtre de la Toison d’Or comme autant d’instantanés. Bien dans ses pompes, à talons hauts ou autres, pragmatique et contemporaine dans le costume que Juan d’Oultremont lui a coupé, voici encore Laurence Bibot, mégaphone en main, pour tenter d’empêcher son rockeur de mari de se suicider alors que sa préoccupation va plutôt au stage de taï-chi qui lui passe sous le nez. Elle multiplie ici les apartés avec le public dans un texte rondement limé. Excentrique et nostalgique à souhait dans le travesti façon Ministru vu par Sébastien, rayon de soleil du spectacle, Laurence Bibot offrira surtout un final bref et intense autour de la téléréalité. Très belle sortie. Laurence Bertels ◗ Jusqu’au 31 décembre au centre culturel de Woluwe-Saint-Pierre, Bruxelles. Infos & rés., tél. : 02.51.05.10 ou 02.773.05.88, Web www.theatredelatoisondor.be. Pour tous renseignements concernant la rubrique « Antiquités • Ventes Publiques » du vendredi, contactez-nous au 02/211 29 12 Arlequin, le retour près Charleroi et avant Liège, le Palais des BeauxArts de Bruxelles a accueilli deux soirs de suite la célébrissime Commedia dell’arte “Arlequin serviteur de deux maîtres”. La pièce de Goldoni, mise en scène par Giorgio Streher, est le fer de lance du Piccolo Teatro de Milan depuis 50 ans. Ce spectacle, dans la même mise en scène, était déjà venu à plusieurs reprises en Belgique. Détail peu courant : le rôle-clef d’Arlequin a déjà été joué déjà 2 100 fois par le même acteur : Ferrucio Soleri. Ce spectacle joué en dialecte vénitien a fait quasi le plein au Palais des Beaux-Arts, rassemblant plus de 3 500 spectateurs. A le voir ou le revoir, on reste admiratif de la fraîcheur du spectacle, de l’enthousiasme de ses acteurs, de la modernité de sa mise en scène. Mais force est aussi de reconnaître que, depuis 50 ans, les techniques de la Commedia dell’arte ont irrigué tout le théâtre moderne et que le jeu très physique et la mise en scène haletante sont devenus monnaie courante. De plus, le dialecte vénitien n’empêche pas de suivre la pièce mais occulte certains aspects du texte, à en croire les rires qui fusaient des nombreux mais parfois seuls sièges occupés par des Italiens. A G. Dt 48 MERCREDI 3 DÉCEMBRE 2003 LA LIBRE BELGIQUE © S.A. IPM 2003. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.