Le dernier potier d`étain ferme boutique à Vevey

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Le dernier potier d`étain ferme boutique à Vevey
23
24 heures | Mercredi 8 janvier 2014
Riviera - Chablais
Vevey
Le dernier potier d’étain
ferme boutique à Vevey
Le goût de l’étain s’est
perdu et Dominique
Moriggi a dû mettre
la clé sous la porte.
Il laisse derrière lui
une longue tradition
familiale
Malgré le redoux, l’or blanc n’a pas disparu du petit domaine
skiable des Pléiades, sur les hauts de Vevey. PATRICK MARTIN
La neige n’a pas boudé
les stations de la Riviera
Claude Béda
Ses aïeuls et son père lui ont transmis les gênes de Vulcain, dieu du
feu et de la forge. Mais Dominique
Moriggi (64 ans) a finalement dû
fermer son entreprise familiale de
potier d’étain, dont l’enseigne a
fait la fierté de la rue du Centre à
Vevey depuis 1869. «Les objets en
étain ne sont plus à la mode, déplore le dernier représentant
d’une dynastie de cinq générations de potiers d’étain. Auparavant, bon nombre de personnes
voulaient posséder leur channe
vaudoise et les gobelets qui vont
avec. Mais ce n’est plus le cas.»
(lire ci-dessous.)
A l’époque où la vaisselle
d’étain était d’usage courant –
dans les années 1980 encore –, le
canton de Vaud dénombrait plusieurs ateliers. La ville de Vevey,
fief cantonal de l’étain, a abrité
longtemps ceux des Angelin, des
Doret, des Utin, des Goldner, de
Scalia et de Gippa, tous disparus
au fil des années. Mais la famille
Moriggi avait survécu jusqu’ici.
Elle est originaire de Brissago (TI),
où est né Dominic, en 1805, puis
Achille, quelques années plus
tard. Les deux frères ont émigré à
Neuchâtel pour y ouvrir une fonderie d’étain.
En 1835, Dominic déménageait
à Vevey, d’où il s’est mis à rayonner de manière itinérante. En
1869, son fils Charles s’établit à la
rue du Centre. Son fils, également
nommé Charles, lui succède en
1905. Depuis 1945, Louis Moriggi
a, à son tour, maintenu l’atelier en
activité, avant de le remettre à son
fils Dominique, en 1979.
Travail à l’ancienne
«C’était encore les belles années,
explique ce dernier. Des channes,
des cafetières ou des présentoirs à
vaisselles constituaient alors le cadeau traditionnel. Même les entreprises se mettaient à offrir des
objets en étain à leurs collaborateurs. Aujourd’hui, les salaires et
le coût de l’étain ont rendu les
objets trop onéreux aux yeux des
gens. Et nous devons payer des
impôts sur nos stocks.» Les Moriggi ont toujours travaillé à l’an-
La Tour-de-Peilz
Les citoyens aux
urnes le 2 mars
Elu à la Cour des comptes le
mois dernier, Frédéric Grognuz
s’apprête à quitter l’exécutif de
La Tour-de-Peilz. En charge des
Finances de sa ville depuis seize
ans, le municipal PLR a annoncé
sa démission pour le 28 février
prochain. Les électeurs boélands
seront donc appelés aux urnes
pour désigner son successeur:
une élection complémentaire a
été agendée au dimanche 2 mars, avec un éventuel
deuxième tour le 23 mars. La
date du dépôt des candidatures
a quant à elle été arrêtée au
lundi 3 février. R.D.
VC3
Contrôle qualité
Aux Pléiades (1350 mètres
d’altitude) comme à
Orgevaux (1300 mètres),
familles et férus
d’acrobaties peuvent skier
dans des conditions
correctes. Tour d’horizon
Dominique Moriggi a fermé son magasin de la rue du Centre 6 à Vevey, mais il continuera
à restaurer des objets en étain dans son atelier qui se trouve au 1er étage. PATRICK MARTIN
«Les objets en étain
ne sont plus à la
mode. On n’achète
presque plus de
channes vaudoises
et les gobelets
qui vont avec»
Dominique Moriggi,
potier d’étain
cienne. Un seul changement est
intervenu: les moules ne sont plus
en bronze, mais en acier. Les
channes, elles, ont gardé les formes d’antan, toujours en métal
pur, jamais en fausse patine grise
d’un goût douteux. «Nous avons
envoyé nos objets dans le monde
entier à des touristes qui ont dé-
couvert notre atelier», glisse Dominique Moriggi.
Cette passion de dompter la
matière, de la transformer en liquide brûlant et de lui imposer ses
formes a incité chaque jeune Moriggi à suivre la voie tracée par son
père. «Le mien ne m’a jamais imposé ce métier, c’est moi qui lui ai
demandé de pouvoir reprendre
notre enseigne familiale, confie
Dominique Moriggi. De même,
avec mon accord, mon deuxième
fils, Vincent, s’est spontanément
lancé dans un apprentissage de
potier d’étain à Zurich. Mais lorsqu’il l’a achevé, je n’ai plus été en
mesure de l’engager. Il s’est reconverti dans la gravure.»
Ces passations des pouvoirs figurent d’ailleurs parmi les moments forts de la carrière du dernier potier d’étain veveysan.
«Quand nous avons amené mon
fils Vincent – qui avait alors à
peine 20 ans – à Zurich, j’ai
pleuré.»
Atelier toujours actif
Sa boutique fermée, Dominique
Moriggi ne délaissera pas le métier qui lui a permis de le faire
vivre lui et sa famille. Il continuera à restaurer des objets en
étain, à réaliser des commandes
spéciales et à faire des gravures
dans son atelier situé au premier
étage de la rue du Centre 6. «Je ne
suis pas du genre à prendre la
retraite, précise-t-il. Et puis,
j’adore restaurer les objets anciens – par exemple une théière
que m’apporte une dame âgée
parce qu’elle lui est chère. Et,
quand je travaille, j’essaie de
m’imaginer l’histoire de ces objets, dont certains ont été façonnés par mes aïeuls.»
Des objets devenus hors de prix
U «Avec un cours de l’étain à
25 francs le kilo, nos objets sont
devenus hors de prix. Et nous
perdons jusqu’à 20% de matière
première en la fondant», explique
Giuseppe Piano, directeur de
l’entreprise Potier d’Etain à
Sugiez (FR). Il est le dernier potier
d’étain du canton de Fribourg. Et
continue à vendre ses œuvres,
«mais à un rythme bien moins
soutenu que par le passé». Son
entreprise ne compte d’ailleurs
plus que quatre ouvriers contre
vingt-sept il y a vingt ans.
A l’origine de ces prix élevés,
une forte demande du métal gris
pour les circuits imprimés des
téléphones portables et l’électronique. En revanche, le revêtement en étain prévu pour la
toiture du futur Parlement
vaudois a été abandonné au profit
de tuiles en terre cuite…
Même les sociétés sportives
préfèrent acheter des coupes en
acier pour les champions. Mais
les spécialistes confirment aussi
les propos de Dominique Moriggi:
les objets en étain ne sont plus à
la mode. Ce qui profite aux acheteurs qui jouent avec les cours de
la Bourse. «Les gens m’amènent
toutes sortes d’objets que je
vends pour la fonte, commente
l’un d’eux. Et ça rapporte.»
Le chiffre
Monthey
Trois objets de
vote, un débat
Le Boulevard fait
halte aux Remparts
8
C’est le nombre de classes
de 5e primaire des écoles de
Monthey à prendre part, dès
cette semaine, à l’opération
Robin des Watts, qui les
sensibilisera aux écogestes.
Amenés à promouvoir des
actions écologiques à l’échelle
de leurs bâtiments scolaires,
les enfants vont permettre
d’économiser de l’argent, et le
montant sera ensuite reversé
à une école au Pérou. Cette
opération de solidarité est
menée sous la houlette de
l’association Terragir et de Terre
des hommes Suisse. F.W.D.M.
Le prochain Débat du Théâtre,
mercredi 15 janvier, réunira
autour d’une même table quatre
politiciens vaudois et valaisans,
qui évoqueront les trois objets
soumis aux citoyens suisses
le 9 février prochain. Fabienne
Despot, présidente de l’UDC
Vaud, Roger Nordmann,
conseiller national du PS
Vaudois, Philippe Nantermod
député PLR au Grand Conseil
valaisan, et Jérôme Desmeules,
coprésident de l’UDC du Valais
romand, en découdront dès 19 h
au foyer du Théâtre du Crochetan. L’entrée est libre. F.W.D.M.
La Tour-de-Peilz De vendredi à
dimanche, les Amis du Boulevard Romand jouent Stationnement alterné, de Ray Cooney, à
la salle des Remparts. Vendredi
et samedi à 20 h, dimanche
à 17 h. Réservations www.triadediffusion.ch ou 078 676 37 21.
Prix des billets: de 35 francs à
55 francs. F.W.D.M.
Rencontre des
Suisses allemands
Vevey Situé rue du Clos 9,
le centre de jour du Panorama
organise sa traditionnelle
rencontre des Suisses allemands
de la région, lundi prochain à
14 h 30. R.D.
«Skier sans prendre l’autoroute»,
clame la publicité électronique
sur l’écran géant situé à l’entrée
de Vevey. L’argument fait mouche
sur la Riviera, où les amateurs de
glisse désireux d’éviter bouchons
et files d’attente privilégient la station des Pléiades. Situé à 1342 mètres d’altitude, sur le territoire des
communes de Blonay et de SaintLégier, le petit domaine skiable
n’est qu’à un quart d’heure de
route depuis Vevey.
Moins haut perchée que ses
consœurs chablaisiennes, la station a souffert d’un début d’hiver
particulièrement doux. «Nous
n’avons pas pu ouvrir les installations au début des vacances scolaires, faute de neige. Mais notre
cadeau de Noël est arrivé les 25 et
26 décembre, sous forme de précipitations abondantes», relate Sébastien Dumusque, coadministrateur de la Coopérative des Pléiades et moniteur de ski.
Résultat, les six pistes du domaine ont été prises d’assaut pendant la seconde semaine de vacances, où plus de 220 cours collectifs ont été dispensés. Aujourd’hui, si le manteau neigeux a
quelque peu souffert du redoux
de ces derniers jours, les conditions de ski sont jugées «convenables» et quatre pistes sur six restent ouvertes.
«On scrute le ciel avec attention et on espère de nouvelles
chutes de neige, d’autant que
nous n’avons pas recours à l’enneigement mécanique ici», poursuit le responsable.
Aux Avants (commune de
Montreux) une équipe de passionnés gère depuis plus de dix ans
l’arrache-mitaine du vallon d’Orgevaux. Réunis sous la bannière
d’Orgiride, ces férus de glisse et
d’acrobaties y ont aménagé un
snowpark ouvert en nocturne les
mercredis et vendredis lorsque
l’enneigement est suffisant. «Nous
avons démarré le 1er janvier après
avoir changé la disposition du
snowpark et fabriqué deux nouveaux modules. La couche de
neige atteint 50 à 60 centimètres,
les conditions sont bonnes», note
Luca Salvadore, président d’Orgiride.
Au Vallon de Villard, sur la
commune de Montreux également, un autre arrache-mitaines,
le téléski des Prévondes, fait le
bonheur des enfants depuis le
27 décembre: «Nous ne sommes
qu’à 1000 mètres d’altitude, mais
la piste se trouve dans l’ombre,
donc la neige tient bien», se réjouit Yves Greppin, responsable
de l’installation.
Cap sur les Rochers-de-Naye, à
2045 mètres d’altitude. Là aussi,
la saison a démarré juste après
Noël. «Nous bénéficions d’un
manteau neigeux moyen mais
d’assez bonne qualité», signale
Christophe Anderegg, en charge
du service des pistes de la région.
Il ajoute qu’en raison des dangers
d’avalanches, l’itinéraire à ski de
la piste du diable – qui va de
La Perche à Caux – a été fermé.
Quant aux installations de Jaman,
elles ouvrent cet après-midi.
Raphaël Delessert
Un Aiglon dirigera
les caves de L’Etivaz
Alexandre Deladoey sera,
dès le 1er mars, le nouveau
directeur de la coopérative
fromagère. Il succède
à Christophe Magne
A la tête de la Coopérative des
producteurs de fromages d’alpages «L’Etivaz» depuis huit ans,
Christophe Magne rendra son tablier à la fin du mois de février.
Depuis hier, le nom de son successeur est connu: il s’agit d’Alexandre Deladoey, a dévoilé Henri-Daniel Raynaud, président du comité de la coopérative.
Agé de 36 ans, domicilié à
Aigle, marié et père de famille,
Alexandre Deladoey est bien
connu dans l’Est vaudois: il est
originaire du village d’Yvorne et a
exercé la fonction de secrétaire
municipal et de boursier à Veytaux. Ce fils de vigneron a par la
suite occupé la fonction de gérant
au sein du groupe Mövenpick
Vins, avant de devenir directeur
des ventes de Laurent-Perrier
Suisse en 2011.
«Il était important pour moi de
rejoindre une structure qui valorise un produit du terroir d’une
saveur et d’une qualité reconnue,
issu de traditions familiales et artisanales», explique celui qui envisage l’avenir du succulent fromage à pâte dure selon deux axes:
«Pérenniser le développement
sur le marché national et viser une
croissance à l’exportation.»
Aujourd’hui, quelque 450 tonnes de L’Etivaz sont produites annuellement; un peu plus du tiers
est exporté. La coopérative
compte une septantaine de producteurs et a vu ses caves entièrement modernisées et agrandies en
2012, au terme d’un chantier à
5,5 millions de francs. Elles peuve nt dé s o rm a is a ccu e il l ir
30 000 meules, soit 7000 de plus
qu’auparavant, et bénéficient
d’un système de refroidissement
et de ventilation dernier cri.
Quant à Christophe Magne, il
ne tourne pas le dos au monde du
fromage, puisqu’il rejoindra l’interprofession du Gruyère en tant
que taxateur-contrôleur. R.D.