Camille la blonde

Transcription

Camille la blonde
Semaine 140
Camille la blonde
J'écoutais Camille la blonde comme on écoute Bob Dylan : les yeux fermés et la tête chancelante,
couché dans le confort du temps suspendu. Les notes tombaient, flottaient, comme des
parachutistes lents.
On décompressait autour d'une table en bois, c'était la nuit, les enfants de la colonie dormaient
depuis presque deux heures. Les chaises, de fer forgé, étaient faites pour ceux qui s'asseyent
correctement, le dos droit, les épaules ouvertes. Enrobé par sa voix et par les couvertures, je
fredonnais ce qu'elle chantait, même quand je ne connaissais pas la chanson. Au fond, c'était égal,
l'intérêt était dans l'harmonie. Quand elle chantait et qu'elle caressait les cordes rugueuses avec la
finesse de ses doigts, la balance vacillante du monde semblait se rééquilibrer. En fermant les yeux
et en ébruitant légèrement les blessures de son âme, on pouvait percevoir, intelligiblement, l'univers
retrouver une stabilité douce et apaisante.
Matthieu Corpataux

Documents pareils