Le siècle de Rivesaltes

Transcription

Le siècle de Rivesaltes
Marco Noris
Le siècle de Rivesaltes
Project artistique sur le camp Joffre de Rivesaltes
Version 2.2
Le siècle de Rivesaltes
Project artistique sur le camp Joffre de Rivesaltes par Marco Noris
Histoire
“Le lieu c’est les gens” (J. Boldú)
Le Camp Joffre de Rivesaltes, nommé communément « Camp de Rivesaltes » est un camp militaire qui fut
utilisé, entre 1939 et 2007, comme camp de concentration ou de regroupement de civils. Rivesaltes se trouve au nord de Perpignan, dans le sud-est de France, près de la frontière avec l’Espagne.
Le camp a accueilli des exilés espagnols de la guerre civile ; des juifs et d’autres victimes du régime nazi de
Vichy. Durant l’après-guerre, y ont été incarcérés des prisonniers de guerre russes, italiens et allemands.
Durant l’époque de reconstruction de la France, le camp a hébergé des Nord-Africains pour y être formés
dans la construction. Lors de la guerre d’Algérie, il servit de centre pénitencier, de centre de formation militaire et de centre de transit pour une vaste communauté Harki (à partir de 1962 et successivement jusqu’en
1977). A peu près 20.000 personnes passèrent par le camp entre 1962 et 1964.
Entre 1984 et 2004 ce fut un centre d’incarcération administrative qui regroupait les résistants espagnols
en situation irrégulière sur le territoire français. Il fut un des centres de détention d’immigrés clandestins les
plus importants en France.
Le camp est aujourd’hui en ruines. Vers la fin de 2007 le centre s’est transformé en Musée Mémorial, toujours en cours de construction.
Le projet
L’histoire de Rivesaltes est un récit dramatique qui traverse tout le XXe siècle et qui pour cela se prête à
être utilisée comme guide pour une étude sur les évènements les plus tragiques de l’histoire européenne
contemporaine.
Rivesaltes n’est pas exclusivement un lieu géographique, c’est aussi – ou surtout, maintenant que les ruines
ont laissé place à la mémoire – un espace émotionnel collectif.
Mon projet ne prétend pas être une recherche historique; ici l’histoire est un guide pour un voyage dans la
mémoire émotionnelle, intemporel et universel.
Dans ce sens, il traite de l’universalité de l’expérience individuelle, au-delà des nationalités, cultures et époques : les ruines du camp sont le passé qui connecte avec le présent et avec la politique d’immigration actuelle de l’Union Européenne.
La mémoire de Rivesaltes est la réalité actuelle des camps de réfugiés, partout dans le monde, où s’abritent
des milliers de vies, des milliers d’exilés et des milliers de drames.
Le projet naît des décombres du camp, en son jour bourreau et témoin de la douleur de l’humanité qui y
vécut et dans le présent, à travers ses ruines, lieu de mémoire et témoin physique de l’horreur des déportations nazies et du drame de l’exil de milliers d’êtres humains.
Rivesaltes est une recherche sur l’exil et le déracinement. C’est une réflexion sur la perte d’identité, sur
l’anéantissement de l’être humain et de ses valeurs morales et sociales.
Les concepts principaux qui se développeront sont :
•Le camp et ses ruines comme bourreau, témoin et témoignage.
•La ruine comme métaphore.
•L’absence, l’anéantissement, l’oubli et la mémoire.
•L’universalité de l’expérience individuelle, au-delà des nationalités, cultures et époques : le présent
est le passé.
•Des ruines à la renaissance.
Le projet a obtenu une bourse en 2013 par le centre de création « La Escocesa » et est toujours en phase de
développement.
Développement
Le projet complet se développera en quatre phases. Les deux premières sont le noyau, tandis que les deux
autres peuvent se considérer comme des annexes que je développerai selon la façon dont évoluent les deux
premières phases, la budget dont je dispose et les caractéristiques des espaces d’exposition disponibles.
J’ai commencé à travailler sur ce projet l’été 2013, avec comme idée de développer le projet tout au long de
l’année 2014 et le présenter lors du premier semestre de 2015.
Phase 1. Œuvre picturale
Cette première phase se compose exclusivement d’œuvres picturales, en alternant des techniques et des
styles avec pour objectif de développer, de la façon la plus complète possible, les thèmes expliqués précédemment.
Les premières ébauches de cette phase sont présentées à la fin de ce document, encore limitées à la réalité
de Rivesaltes : les ruines du présent et la vie du passé.
Phase 2. Collage et œuvre photographique
Dans une phase successive, je travaillerai avec le collage et avec des interventions – manuelles et digitales
– sur la photographie. Cette technique se prête bien au travail sur le présent (les ruines et les centres de réfugiés contemporains) et le passé (matériel historique d’archive).
Premiers pas: Une partie de l’oeuvre photographique sera dédiée a la relation entre le passé et le futur.
Phase 3. Cartes
Une série basée sur l’élaboration/distorsion/destruction de la carte géographique d’Espagne et de France
en excluant la zone du Camp. L’anéantissement du territoire extérieur à la zone de Rivesaltes comme métaphore de l’anéantissement de l’identité du réfugié, et comme destruction de toute réalité alternative à
l’existence dans le Camp.
Phase 4. Installations
Je prévois la réalisation d’installations in situ, en m’adaptant à l’espace d’exposition. Cependant deux installations sont déjà pensées pour le futur Mémorial de Rivesaltes.
Ruines
Une installation réalisée en couvrant une zone de la salle avec des ruines des barraques du Camp.
La réalisation de cette installation dépendra de l’obtention d’un permis du Mémorial de Rivesaltes pour
prélever le matériel des zones effondrées du Camp. Le nom est provisoire.
Installation audiovisuelle
Cette phase prévoit la réalisation d’une installation audiovisuelle (temporaire ou permanente selon
l’Administration du Mémorial), directement dans le Camp.
L’installation prévoit une série de projections sur les murs des baraques, comme hommage à tous ceux qui
sont passés par ce Camp.
Premiers pas
Ici quelques images des premières oeuvres.
De la série “Ruines et ombre”.
Du haut vers le bas :
Ruines et ombre I
100x130 cm, huile sur toile, 2013
Ruines et ombre II
32x40 cm, huile sur toile, 2013
Réfugiés I, 130x89 cm, huile sur toile, 2014
“¿Qué hicieron de vos, hijo que no acabó de vivir? ¿acabó de morir?”
(Qu’ont-ils fait de vous, fils qui ne termina de vivre? termina de mourir?)
130x97 cm, huile sur toile, 2014
Du haut vers le bas:
Réfugiés II, 146x146 cm, huile sur toile, 2014
“Le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle”, 22x35 cm, huile sur toilet, 2014
Déclaration de l’artiste
Une partie de ma carrière à été dédiée à l’exploration de mondes intérieurs avec pour objectif de rapprocher
le spéctateur d’une autre réalité, en l’invitant à la contemplation et à l’introspection. La spiritualité dans l’art
est un chemin partagé entre celui qui crée et celui qui reçoit et mon oeuvre abstraite est le lieu de rencontre
et de repos que j’offre au spéctateur.
Plus récemment, ce fût alors un besoin personnel que celui de me confronter directement avec la réalité,
de focaliser mon regard vers le monde extérieur pour me situer et donner un sens réel à mon point de vue
critique envers les valeurs individuelles et sociales de notre époque. C’est dans cette direction que s’oriente
mon oeuvre picturale actuelle ainsi que les projets prévus pour l’année à suivre.
Dans cette dialectique entre l’intérieur et l’extérieur, j’ai commencé à introduire le portrait depuis quelques
années. Le portrait est le lieu où s’exprime le conflit et la rencontre entre le matériel et le spirituel, ainsi que
le miroir dans lequel se reflète ma propre lutte et mon propre chemin.
L’auteur
Marco Noris (Bérgamo, Italie, 1971) vit et travaille à Barcelona.
Dessinateur et peintre depuis son enfance, il se rapproche du vidéo art vers la fin des années quatre-vingtdix. En 2000 il fonde, à Bologne (Italie), le groupe audiovisuel Basterra (actuellement dissout) avec lequel il
participe au Festival Polyphonix 4 (París, Centre Pompidou, 2002) et au Festival Parma Poesia (Parma, Italie,
2002).
En 2003 il déménage à Barcelone et s’installe en 2004 comme artiste résident à La Escocesa. Il participe
depuis à diverses expositions collectives (5ª Biénale de Vic, 2006; XI prix de peinture Miquel Viladrich, 2007;
Galería Contrast, 2007, Livesoundtracks, 2007). Cette étape culmine en 2008 avec sa propre exposition individuelle, dans la Galerie Contrast à Barcelone, avec la série de peintures «Lugares Remotos».
Lors des années suivantes il se consacre à l’expérimentation en dessin, peinture, vidéo et photographie. Il
continue sa participation à des expositions collectives (Galería Montoriol, FAD, DeeBee, Can Felipa, Casa
Elizalde, Cyan Gallery, entre autres) et des festivals de vidéo art (D_Fest, Matadero, Madrid; Off Loop, Barcelone; HFM, Galería H20, Barcelone; Fresh!, The Private Space, Barcelone; Different Pulses I, Italie, entre
autres).
En 2012 et 2013 il gagne la bourse de production et d’exposition de La Escocesa (Barcelone, Espagne). En
2014 il participe à sa première exposition collective à New York, Seeking Space à The Active Space.
Contacts
Marco Noris
www.marconoris.com
[email protected]
Tel. +34 663.493.415
Studio: La Escocesa – Pere IV, 345 - 08020 Barcelona (Espagne)