cartographie du commerce de produits halieutiques en en Afrique
Transcription
cartographie du commerce de produits halieutiques en en Afrique
Réseau sur les Politiques de Pêche en Afrique de l’Ouest - REPAO - Cartographie des échanges de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest Préparé par : NDIAYE Papa Gora DIOP Ndiaga DIOUF Mame Betty Lette BAKANOVA Dieudonné Adresse : Bureau de coordination et d’animation du REPAO Sicap Liberté 4 Villa n°5000 BP : 47076 Dakar-liberté, Sénégal Tél : +221 33 825 27 87 Fax : +221 33 825 27 99 Mail : [email protected] Octobre 20100 Sommaire Liste des tableaux : .................................................................................................................................. 2 Liste des figures : .................................................................................................................................... 2 Résumé Exécutif ..................................................................................................................................... 3 1. 2. 3. Introduction : la pêche en Afrique de l’Ouest ............................................................................. 5 1.1. Contexte du développement de la pêche et de l’aquaculture en Afrique de l’Ouest ........ 5 1.2. Etat de la production halieutique en Afrique de l’Ouest ................................................... 7 Les exportations en quantité et en valeur des produits halieutiques en Afrique de l’Ouest . 11 2.1. Les exportations de produits halieutiques en volume ....................................................... 11 2.2. Les exportations de produits halieutiques en valeur ........................................................ 13 Les importations de produits halieutiques de l’Afrique de l’Ouest : ...................................... 18 3.1. Importation de produits halieutiques en volume .............................................................. 18 3.2. Natures des produits halieutiques importations ............................................................... 20 4. Les accords de pêche : des accords commerciaux ? ................................................................. 22 5. Le Commerce informel de produits halieutique ....................................................................... 23 6. Revue des principaux obstacles au commerce de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest 23 Bibliographie ....................................................................................................................................... 27 1 Liste des tableaux : Tableau 1 : Production en tonnes des secteurs halieutiques en Afrique de l'ouest .................... 8 Tableau 2: Disponibilité alimentaire en quantité (tonnes) ....................................................... 11 Tableau 3: Exportation de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en 2006 en volume et par nature de produits .............................................................................................. 14 Tableau 4: Exportation de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en milliers de $ US et par nature en 2006 ....................................................................................................... 15 Tableau 5 : Exportations des produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’Ouest ............. 16 Tableau 6 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en tonnes 19 Tableau 7 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en milliers de $ US ..................................................................................................................................... 19 Tableau 8 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en tonnes et par nature en 2006 .................................................................................................................... 20 Tableau 9 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en milliers de $ US et par nature en 2006 .................................................................................................. 21 Tableau 10 : Importations en produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en volume et par provenance ..................................................................................................................... 22 Liste des figures : Figure 1 : Typologie des pays d'Afrique de l'Ouest en matière de commerce des produits de la pêche . 7 Figure 2 : Production des quatre grands producteurs de l’Afrique de l’ouest ......................................... 9 Figure 3 : Production en ressources halieutiques des pays continentaux de l'Afrique de l'ouest .......... 10 Figure 4 : Exportation de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest en volume pour 2006 et 2007 ................................................................................................................................................... 12 Figure 5 : Exportations de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest en valeur pour 2006 et 2007 ................................................................................................................................................... 13 Figure 6 : Exportation de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest vers l’Afrique ......... 18 2 Résumé Exécutif o Etat de la production et du commerce de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest L’Afrique de l’ouest dispose d’énormes potentialités halieutiques. Sa production moyenne annuelle en produits halieutique tourne autour de 2 millions de tonnes. En fonction de l’importance et de l’origine de la production halieutique les pays de l’Afrique de l’ouest peuvent être partagés en trois grands blocs. (1) Pays grands producteurs halieutiques que sont le Nigéria, le Sénégal, le Ghana et la Mauritanie. En 2008, la production halieutique est pour le Nigeria, le Sénégal, le Ghana, le Burkina Faso et la Mauritanie de respectivement 533 531 tonnes, 444 783 tonnes, 344 909 tonnes, 202 225 tonnes et 195 329 tonnes. Par ailleurs, le Nigeria, le Sénégal et le Ghana représentent 1 323 233,5 tonnes soit 63 % de la production halieutique des pays de la CEDEAO. En outre, l’importance de la production halieutique du Nigéria se trouve rehausser par le développement de l’aquaculture et de la pêche continentale. (2) Pays ayant de fortes potentialités halieutiques (la Guinée Bissau, la Sierra Leone et le Liberia) mais dont la production est essentiellement extravertie. En effet, ces potentialités halieutiques sont exploitées par des navires de la pêche étrangère qui ne débarquent pas leur capture dans les pays concernés. En plus, l’absence de stabilité politique et économique (guerres, coups d’état, etc.) profite au développement de la pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN) entrainant ainsi un manque à gagner considérable pour les économies nationales. (3) Pays continentaux (Mali, Niger et Burkina Faso) où la pêche se développe respectivement sur les Fleuves Niger et Sénégal. La production cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger correspond à 8 % de la production régionale soit moins de 150000 tonnes par an. De même, la valeur commerciale des espèces capturées dans la pêche continentale est faible par rapport à celle de la pêche maritime. o Le commerce des ressources halieutiques en Afrique de l’Ouest Les produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest sont exportés vers tous les continents. Cependant, certaines destinations à l’instar de l’UE ont toujours été privilégiées par rapport à d’autres pour plusieurs raisons : l’existence de la demande, l’accès facile, l’existence d’accords, etc.). Aujourd’hui, d’autres marchés potentiels à l’image des pays de la CEDEAO, de l’Asie et de l’Amérique commencent à se développer. Ainsi, l’Afrique occupe une place importante dans les échanges de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’Ouest. En effet, en 2008, l’Afrique est la principale destination des exportations de produits halieutiques, avec 54 % des produits exportés en volume ; les pays de la CEDEAO représentent les 44 % de ces exportations. Bien qu’ayant perdu sa première place de destination des exportations de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’Ouest, l’Europe vient à la seconde place avec 35 % des exportations totales. Cette situation sur la destination des produits halieutiques vers UE est due aux barrières non tarifaires qui constituent une casque-tête pour les pays de la CEDEAO. En tant que productrice et importatrice de produits halieutiques, l’Afrique de l’ouest a une opportunité réelle de développer le commerce entre les pays de la CEDEAO avant de se 3 tourner vers les autres zones (Asie, UE etc.). En effet, la demande en produits halieutiques des grands importateurs (Nigéria, Ghana et Côte d’Ivoire) ne peut pas être satisfaite par les premiers pays exportateurs (Sénégal et de la Mauritanie) de l’Afrique de l’Ouest. o Les obstacles aux échanges internationaux Les produits halieutiques des états ouest africains sont généralement confrontés aux problèmes de qualité. Pour répondre aux normes exigées par le marché international, les Etats Ouest Africains sont tenus de renforcer leurs réglementations en matière de normes sanitaires. Ces dernières constituent le plus souvent des barrières au commerce international des produits africains. Les marchés extérieurs étaient les principaux réceptacles de la plus grande partie de la production halieutique des pays ouest africains au détriment des marchés sous régionaux. En effet, le commerce interétatique sous-régional est marqué par des difficultés d’acheminement des produits liées aux barrières fiscales, aux crises sociopolitiques ou aux procédures administratives et douanières non maîtrisées ou parfois très contraignantes. Parallèlement, les échanges commerciaux entre ces états sont limités par les différences entre les monnaies des pays de la sous-région Ouest Africaine. Quant aux échanges commerciaux entre les pays d’Afrique de l’Ouest et l’UE, plusieurs problèmes se posent notamment la compétitivité avec les produits provenant d’autres régions du globe ; la politique de pêche commune Européenne ; les règles d’origine, et les normes et mesures Sanitaires et phytosanitaires imposées par l’Union Européenne. Le choix porté sur le marché européen pour les exportations de produits halieutiques provenant des pays de la sous région se justifie par l’acquisition de meilleurs prix. Néanmoins, une focalisation des exportations sur l’importance des revenus tirés du marché européen peut à coup sur entraîner une exploitation incontrôlée des ressources mais aussi des menaces sur la sécurité alimentaire locale. 4 1. Introduction : la pêche en Afrique de l’Ouest 1.1. Contexte du développement de la pêche et de l’aquaculture en Afrique de l’Ouest La consommation mondiale de poisson et autres produits aquatiques a atteint 143 millions de tonnes en 2008 soit une moyenne de près de 17 kilos par habitant (France : 35 kilos). Le commerce international du poisson est toujours très porteur ; c’est le plus dynamique de tous les produits alimentaires. Près de 37% de la production de la pêche et de l’aquaculture est négociée sur le marché international pour un montant total de 102 milliards dollars (76 milliards d'euros) en 2008. Au cours des 10 dernières années, la croissance est imputable essentiellement au développement de l’aquaculture. Les productions aquacoles, poissons, coquillages, crustacés et algues, représentent dorénavant 47% de la consommation humaine en produits halieutiques (Pêche + Aquaculture). Les Pays en Développement fournissent près de 80% de la production mondiale et plus de 50% du commerce mondial. La Chine loin devant avec une production de 48 millions de tonnes en 2008, dont 33 millions en aquaculture. Pour ces Pays du Sud, les produits de la pêche et de l’aquaculture représentent les revenus nets d’exportation les plus importants parmi les produits de base. Les négociations sur la libéralisation du commerce mondial sous l’égide de l’OMC auront des conséquences sur l’accès aux ressources halieutiques et aux marchés. Car, faut-il le noter plus de 38 millions de personnes travaillent dans les secteurs halieutiques dans le monde, alors qu’un milliard de personnes dépendent du poisson comme leur première source de protéine animale. Malgré cette importance économique et sociale, les secteurs halieutiques vivent une crise sans précédent dans le monde caractérisée par la raréfaction des ressources. Selon la FAO près de 70 % des stocks halieutiques du monde sont pleinement exploités à surexploités en 2004. Les facteurs de la surexploitation des ressources halieutiques dans le monde sont des politiques de gestion des pêches inadéquates, incohérentes ou non durables, la pêche illégale, non enregistrée et non réglementée et l’existence de surcapacités de pêche par rapport à l’état de la ressource. Le commerce international de produits halieutiques revêt une importance particulière notamment pour les pays en voie de développement. En effet, ces derniers représentent 50 % des exportations mondiales alors que les pays développés représentent 80 % des importations mondiales (l’UE est le plus gros importateur suivi du Japon et des Etats Unis). Pour les pays en développement les recettes nettes d’exportation du poisson s’élèvent à 118 milliards $. L’aquaculture, quant à elle, s’est développée de façon considérable durant les vingt dernières années, spécialement en Asie (Chine et Inde). Les produits de l’aquaculture représentaient déjà en 1993, à l’échelle mondiale, 16 millions de tonnes soit 19% de la production de la pêche. Pour que l’humanité maintienne son niveau actuel de consommation de poissons et autres produits aquatiques, la production de l’aquaculture devra doubler au cours des vingt prochaines années. Il est à noter que l’aquaculture est le système de production alimentaire qui a connu le taux de croissance le plus rapide du monde (10% par an) entre 1984 et 1996, alors que la production mondiale de la pêche a enregistré un taux inférieur à 2% pendant la même période. Les importations et les accords de pêche sont les deux principaux modes d’approvisionnement des marchés internationaux. A ces deux modes, il faut ajouter la pêche pirate qui est très présente dans les eaux des pays du Sud et qui est difficilement quantifiable. La compétition pour accéder aux ressources halieutiques est aujourd’hui de plus en plus rude entre les différentes formes de pêcheries (pêche étrangère / pêche nationale, pêche industrielle / pêche 5 artisanale, pêche autorisée / pêche illégale) pour satisfaire des marchés de plus en plus demandeurs. Aussi, est-il évident que les pays ACP, notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest pour faire face à ces différents enjeux des secteurs halieutiques, doivent mettre en place des politiques de pêche cohérentes qui concilient augmentation des revenus tirés des exportations, satisfaction de la demande interne de poisson et autres produits halieutiques tout en veillant à une gestion durable des ressources halieutiques. En Afrique de l’Ouest, la pêche est devenue une activité multifonctionnelle car elle revêt une importance économique, sociale, sportive et culturelle, mais aussi à cause des énormes potentialités halieutiques qu’elle renferme. En effet, la pêche pour les pays de l’Afrique de l’Ouest est un secteur stratégique pour le développement et la lutte contre la pauvreté et constitue un élément essentiel pour la croissance économique et la réduction de la balance des paiements. La pêche contribue aussi à la sécurité alimentaire et est une source importante de création d’emplois. Les exportations de produits halieutiques de l’Afrique de l’Ouest sur le marché Européen se chiffraient à plus de 642 millions d’Euros en 2003. En effet, le marché Européen absorbe la part la plus importante des exportations en provenance de l’Afrique de l’Ouest. Cette forte absorption est facilitée par le régime préférentiel mis en place dans le cadre des conventions UE-ACP. Les pays d’Afrique de l’Ouest couvrent ensemble, une superficie totale de 6,13 millions de km² et disposent d’une population totale de 241,8 millions d’habitants. Ils bénéficient de 6069 km de littoral maritime et d’une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 2 016 900 km2. Les trois pays sans littoral sont le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Cette zone maritime ouest africaine fait partie des zones les plus poissonneuses du monde. La présence d’un upwelling le long des côtes du Sénégal et de la Mauritanie et dans le golfe de Guinée est la principale raison de cette richesse halieutique. La pêche joue un rôle capital sur les plans économique, social et alimentaire avec l’entrée de devises étrangères par le biais des exportations et des accords de pêche, la création d’emplois et la sécurité alimentaire car environ 40 % des besoins en protéines animales de la population sont satisfaits par les produits halieutiques. Les secteurs halieutiques sont une composante essentielle du développement économique et social des pays d’Afrique de l’Ouest. Ils contribuent considérablement au PIB de ces pays : environ 7% en Guinée Bissau, 4,2% au Mali, 2,5% en Guinée et 1% en Côte-d’Ivoire. La pêche contribue également aux recettes des Etats à travers les redevances et les contreparties financières perçues dans le cadre des différents accords de pêche. Le poisson constitue la source de protéine animale la plus accessible pour les populations des pays Ouest Africains, qui disposent pour la majorité de faible pouvoir d’achat. Il joue donc un rôle important dans la satisfaction des besoins nutritionnels des populations. Par ailleurs, les secteurs halieutiques constituent une source notoire d’emplois. Les secteurs halieutiques emploient en Afrique de l’Ouest plus de 3 000 000 de personnes à plein temps ce qui correspond à plus de 10% de la population active. La plupart de ces emplois sont rattachés au secteur de la pêche artisanale. Malgré le rôle central que joue la pêche dans l’économie des pays de la sous région ouest africaine, le secteur reste confronté à de nombreuses difficultés résultant de la mauvaise exploitation des ressources halieutiques, aux problèmes liés au commerce notamment l’expansion du commerce intra-régional de poisson mais également la distribution efficiente 6 des poissons transformés vers les marchés intérieurs. D’autres obstacles sont : le manque de plans de crédits appropriés, d’infrastructures, les technologies inadéquates entraînant des pertes élevées, les barrières douanières et non tarifaires, l’absence de routes, de véhicules de transport adéquats et de cargos pour couvrir les longues distances. 1.2. Etat de la production halieutique en Afrique de l’Ouest L’histoire et la géographie régionales, jointes à l’évolution du marché mondial, ont imprimé des morphologies différentes et des objectifs distincts entre les pays de la région. En ce sens, il serait difficile de chercher à appliquer une approche uniforme sur la totalité des pêcheries ouest-africaines. Dans ce domaine, la localisation spatiale, les influences climatiques ou celles du relief, les dynamiques de peuplement, les spécificités de la parenthèse coloniale et la forme d’intégration à l’économie internationale ont déterminé des différences considérables, concernant tant la quantité que la qualité des ressources disponibles, ainsi que les formes de leur exploitation. L’Afrique de l’Ouest peut être partagée en trois grands blocs de pays. Il existe d’abord un premier clivage opposant les pays côtiers aux pays continentaux. En termes de volumes de production, les différences sont déjà considérables. Ceci est non seulement dû aux différences d’abondance relative des ressources, mais également aux modalités de leur exploitation. Les pays côtiers disposent de ressources depuis longtemps consommées sur le marché international, qui ont suscité l’intérêt de la demande européenne – notamment pendant la colonisation – et la capitalisation du secteur par des armateurs autochtones et étrangers. Il en est résulté un développement et une innovation remarquables qui, loin d’entraîner la crise de l’artisanat et son remplacement par une flottille industrielle, ont puissamment alimenté son essor, en particulier dans les pays disposant d’une longue tradition de pêche, comme le Sénégal ou le Ghana. Les différences opposant certaines « puissances » de pêche et des pays pourvus d’une moins longue tradition, d’une façade maritime plus étroite, de ressources moins abondantes ou de moindre valeur marchande, l’emportent en général largement sur les éléments de comparaison à l’intérieur d’un même bloc. Figure 1 : Typologie des pays d'Afrique de l'Ouest en matière de commerce des produits de la pêche 7 Alors qu’elle plafonnait à moins de 300 000 tonnes au début des années 1960, la production halieutique des pays de la CEDEAO est estimée aujourd’hui à plus de 2 millions de tonnes en 2010. Selon les données les plus récentes de la FAO, la production halieutique totale de l’Afrique de l’Ouest, toutes provenances confondues est de 2 122 137,2 tonnes en 2008, soit près de 3,5 % du total de la production mondiale. Tableau 1 : Production en tonnes des secteurs halieutiques en Afrique de l'ouest Pays Nigéria Sénégal Ghana Sierra Leone Mauritanie Mali Guinée Côte d'Ivoire Gambie Bénin Niger Cap-Vert Togo Burkina Faso Libéria Guinée-Bissau Total 2006 550039 390641 361470 148146,5 165312,5 100000 98489 54831 36912 37007,5 29835 24590 24879 9500 8895 7310,5 2047858 2007 528048 434256 315630 144535 223207 100000 74823 47290 43574 31786,6 29728 18328 19905 10200 12889 6750,5 2040950,1 2008 533531 444783 344909,5 202225 195329 100000 74000 58001 42645,5 31731,7 29960 21910 17870 10600 7891 6750,5 2122137,2 Source : Fishstat ; FAO 2010 Cette production est assurée par les seize états de l’Afrique de l’Ouest et concerne la pêche continentale, la pêche maritime et l’aquaculture. La production halieutique en Afrique de l’Ouest a connu une croissance moyenne soutenue entre 1960 et 2000 de l’ordre de 15 % par an. Cependant, du fait de la crise dans le secteur de la pêche caractérisée par la déplétion des stocks, causée à la fois par une pêche artisanale de plus en plus efficace et moderne, et une pêche industrielle étrangère et locale dont la flottille n’a cessé d’augmenter. De 2000 à nos jours la production halieutique en Afrique de l’Ouest a quasi stagné avec une croissance moyenne relative de moins de 4 % en 10 ans. Cette croissance relative de la production halieutique en Afrique de l’Ouest est essentiellement due au développement de la production aquacole. Cependant, il faut même noter une baisse de la production halieutique de 1 % entre 2006 et 2007, avant qu’elle ne connaisse à nouveau une hausse de 4 % entre 2007 et 2008, toujours selon les données de la FAO. 8 Production halieutiques des quatre grands producteurs de l'Afrique de l'ouet 600000 Production 2006 500000 Production 2007 Tonnes 400000 Production 2008 300000 200000 100000 0 Nigéria Sénégal Ghana Mauritanie Figure 2 : Production des quatre grands producteurs de l’Afrique de l’ouest Source de données FAO, 2010 L’importance de la production halieutique en Afrique de l’Ouest cache de fortes disparités entre les différents pays. En effet, on peut remarquer qu’il existe un groupe de pays grands producteurs halieutiques que sont le Nigéria, le Sénégal, le Ghana et la Mauritanie. Il existe un autre groupe de pays ayant de fortes potentialités halieutiques mais dont la production est essentiellement extravertie, c’est-à-dire que les potentialités halieutiques bien qu’importantes sont exploitées par les navires de la pêche étrangère qui ne débarquent pas sur les ports locaux de pêche. Dans ce groupe de pays on peut noter la Guinée Bissau, la Sierra Leone et le Liberia. Dans ces pays, du fait de l’absence de stabilité politique et économique (guerres, coups d’état) la pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN) s’est beaucoup développée. Enfin on peut noter un autre groupe de pays continentaux où la pêche s’est développée grâce à l’existence de cours d’eau importants (Fleuves Niger et Sénégal). Il s’agit du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Ainsi, ce n’est pas étonnant de constater que les plus grands pays producteurs de ressources halieutiques en Afrique de l’Ouest en 2008 sont respectivement le Nigéria avec 533 531 tonnes, suivi du Sénégal 444 783, du Ghana 344 909, de la Sierra Léone 202 225 tonnes et de la Mauritanie 195 329 tonnes. A eux seuls, le Nigeria, le Sénégal et le Ghana représentent 1 323 233,5 tonnes soit 63 % de la production halieutique ouest-africaine en 2008. Cependant pour le cas du Nigeria il faut noter l’importance de la production aquacole qui a connu un essor considérable durant cette décennie. Les volumes de production halieutique en Afrique de l’Ouest pris en compte dans les statistiques officielles n’intègrent pas souvent les captures de la pêche étrangère qui sont très importantes et difficilement estimables. De même, les prises de la pêche pirate, très importantes en Afrique de l’Ouest ne sont jamais capitalisées dans les statistiques de pêche. 9 Production en ressources halieutiques des pays continentaux de l'Afrique de l'ouest 120000 100000 Production 2006 Tonnes 80000 Production 2007 Production 2008 60000 40000 20000 0 Mali Niger Burkina Faso Figure 3 : Production en ressources halieutiques des pays continentaux de l'Afrique de l'ouest Source de données FAO ; 2010 Comparativement, les niveaux de production des pays continentaux sont bien moins significatifs que ceux des pays côtiers. De ce fait, la production cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger n’a jamais atteint 200 000 tonnes ; moins de 150 000 tonnes entre 2006, 2007 et 2008, soit moins de 8 % de la production régionale. De surcroît, la valeur commerciale des espèces capturées dans la pêche continentale est inférieure à celle des poissons de mer. La pêche continentale, dans les pays sahéliens, ne représente donc pas les mêmes enjeux que dans les pays côtiers, ni en termes économiques, ni en matière de sécurité alimentaire. Malgré une production halieutique relativement importante en Afrique de l’Ouest, force est de reconnaître que les ressources halieutiques ont atteint un niveau de pleine exploitation et montrent des signes de fatigue qui se traduisent par un essoufflement, voire un ralentissement de la production halieutique. Si des mesures de restauration des ressources halieutiques ne sont pas prises, c’est un pan important de la sécurité alimentaire des populations ouestafricaines qui risquent de s’effondrer, car le poisson demeure une source importante d’alimentation pour les populations. Pour s’en convaincre, il faut regarder de plus près les niveaux de consommation de produits halieutiques dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. En effet, la consommation per capita de produits halieutiques de la sous-région Ouest Africaine est en moyenne de 11,8 kg/habitant/an ce qui est largement supérieur à la moyenne Africaine de 8,2 kg/habitant/an. Toutefois, certains pays de la sous-région ont des moyennes inférieures à la moyenne africaine. Il s’agit de la Mauritanie (4,3 kg/h/an), le Niger (2,1 kg/h/an) et le Burkina Faso (1,8 kg/h/an). Les pays ayant les consommations per capita les plus élevées de la sous-région sont : le Sénégal (27 kg/h/an), le Cap-Vert (26 kg/h/an), le Ghana et la Gambie (25 kg/h/an). Ces niveaux de consommations du poisson ne sont pas uniquement liés aux productions nationales ou aux potentialités mais à la culture alimentaire et aux moyens financiers des populations. 10 Tableau 2: Disponibilité alimentaire en quantité (tonnes) pays Bénin 2000 55276,05 2001 50154,14 2002 63196,14 Année 2003 72417,84 2005 87596,67 2006 58316,89 2007 65575,13 Burkina Faso Cap-Vert Ghana Guinée Guinée-Bissau Mali Mauritanie Niger Nigéria Sénégal Côte d'Ivoire Gambie Libéria Sierra Leone Côte d'Ivoire Togo 26978,44 9882,32 557762,96 103845,88 3983,98 102581,15 38268 13555,59 820283,1 309392,35 207329,31 28313,64 16474,52 70838,88 207329,31 48958,27 20103,5 8740,21 546123,33 114049,18 3802,12 94463,98 41920,12 7227,81 1209388,7 301372,27 235364,59 34750,74 13237,22 72476,68 235364,59 42512,51 20485,8 8133,18 533576.97 95011,99 3065,22 99556,53 48284,47 4920,48 1149046 271274,38 244541,26 47552,06 12596,56 77717,49 244541,26 36405,95 20610,26 24397,36 24217,24 8417,83 8341,76 6903,08 448799,82 623739,42 604485,71 122541,19 97459,17 99578,91 2405,54 1676,22 2474,97 105785,67 107470,22 105756,36 49568,23 51809,5 53861,92 42094,03 43234,11 45972,93 1233542,9 1165552,73 1269468,1 313682,08 312954,82 311071,7 258919,44 231113,32 279397,43 40417,43 35602,81 35441,31 14321,45 16724,09 16027,80 93197,55 130733,44 141818,36 258919,44 231113,32 279397,43 45000,33 38475,51 50271,53 24202,37 5186,02 640412,83 99578,91 2474,97 105756,36 53861,92 45972,93 1306173,9 270496,8 279397,43 40556,53 13872,41 143950,17 279397,43 44534,92 26955,11 5683,53 676052,33 99578,91 2474,97 105756,36 53861,92 45972,93 1327067,4 288491,12 279397,43 45178,88 18245,14 141648,25 279397,43 43953,45 2004 70338,95 Source : FAOSTAT | © OAA Division de la Statistique 2010 2. Les exportations en quantité et en valeur des produits halieutiques en Afrique de l’Ouest Entre 1960 et 2007, la part du secteur agricole dans le PIB en Afrique a subi une régression, passant de 41 % à 22 %. Cependant, les exportations africaines ne se sont pas diversifiées, et l’agriculture (y compris la pêche) ne représente que 30 % de la valeur des exportations totales. Pour le secteur de la pêche, avec une production de plus de deux millions de tonnes par an, l’Afrique de l’Ouest est à la fois exportatrice et importatrice de produits halieutiques. Les échanges intra régionaux de produits halieutiques connaissent un essor sans précédent en Afrique de l’Ouest, alors que les revenus d’exportation sont très importants pour l’équilibre de la balance commerciale des pays côtiers grands producteurs comme le Sénégal et le Ghana. Il faut cependant noter certaines disparités entre les pays qui sont essentiellement exportateurs (Sénégal, Guinée Bissau, Gambie) et d’autres qui sont obligés de recourir à des importations pour satisfaire leur consommation nationale (Nigeria, Côte d’Ivoire). Les importations de ces derniers ne proviennent pas forcement des autres pays de la sous-région même s’il faut noter une amélioration des échanges intra régionaux de produits halieutiques. Les parties ci-dessous permettent d’analyser les exportations et les importations en volume et en valeur des produits halieutiques en Afrique de l’Ouest selon les pays, les destinations et les natures de produits. 2.1. Les exportations de produits halieutiques en volume Avec une production de plus de deux millions de tonnes, l’Afrique de l’Ouest a exporté 365 286 tonnes de produits halieutiques en 2007 pour une valeur commerciale qui s’élève à 807 millions 438 mille US dollars. Le volume des exportations de l’Afrique de l’Ouest représente 18 % de la production halieutique en 2007. Les deux grands pays exportateurs de 11 produits halieutiques en Afrique de l’Ouest sont la Mauritanie et le Sénégal qui à eux deux représentent 247 544 tonnes de produits exportés soit 68 % de l’ensemble des exportations de la sous-région. Cependant, il faut noter que ces statistiques bien qu’étant officielles sousestiment très fortement le volume réel des exportations ouest-africaines car ne tenant pas compte des prises effectuées par les navires étrangers et qui ne sont pas débarqués sur les ports ouest-africains et qui sont directement acheminés sur les marchés des pays développés. Elles ne tiennent pas compte également des produits commercialisés issus de la pêche pirate et ceux qui sont commercialisés sur les circuits informels sans pour autant être comptabilisés officiellement. Vraisemblablement, les volumes des exportations en provenance de l’Afrique de l’Ouest sont sous-estimés. Mais cela dénote encore une fois que les pays de l’Afrique de l’Ouest ne profitent pas pleinement de leurs potentialités halieutiques pour créer de la richesse, car les redevances des licences de pêche monnayées et les contreparties financières des accords de pêche signés ne compensent pas la valeur réelle des captures effectuées par les navires étrangers qui ne sont pas débarquées et n’ont aucun effet positif sur les économies des pays côtiers. Exportation en produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest 140000 120000 Tonnes 100000 80000 Exportations 2006 Exportations 2007 60000 40000 20000 o Fa s ia kin a er r Ni ge o To g ali nin Bé M Lib Bu r M au rit a nie Sé né ga Co l te d' I vo ir Gh an a Gu iné e Ca p Ve rt Ni ge Si ria er ra Le Gu on iné e e Bi ss au Ga m bie 0 Figure 4 : Exportation de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest en volume pour 2006 et 2007 Source de données ; FAO 2010 Les exportations des pays de la région ouest africaine ont connu une augmentation croissante dans les années 1990, surtout les pays de la zone franc qui ont profité de la dévaluation de leur monnaie en 1994. La dévaluation de franc CFA en 1994 a rendu très compétitifs les produits halieutiques en provenance des pays de la zone Franc sur le marché international. Cette dévaluation qui a conduit à une augmentation des investissements dans le secteur de la pêche, à l’exemple du Sénégal où on a noté durant cette même période un développement fulgurant du parc piroguier de la pêche artisanale qui approvisionne les industries de pêche exportatrices à hauteur de 70 à 80 % en matières premières. Les pêcheurs artisans au lieu de rester dans leur vocation première qui consistait à approvisionner les marchés locaux ont plutôt réorienté leur effort de pêche sur les espèces destinées à l’exportation comme les démersaux. Cependant, il faut noter que la demande de plus en plus croissante d’espèces 12 pélagiques par les pays asiatiques consolide cette croissance des exportations de produits halieutiques des pays d’Afrique de l’Ouest. A partir des années 2000, il faut remarquer que les recettes d’exportation issues de la pêche en Afrique de l’Ouest stagnent et baissent pour certains pays du fait de la surexploitation des ressources halieutiques mais surtout du fait de la conjoncture économique internationale qui a un effet sur la demande de poisson. Mais également, il faut noter que les pays importateurs de produits halieutiques (ceux de l’Union Européenne et de l’Asie) privilégient maintenant beaucoup plus dans leurs stratégies d’approvisionnement l’accès direct aux ressources halieutiques des pays du Sud plutôt que d’avoir recours aux importations. Cet accès direct se fait par le biais des accords de pêche négociés ou même parfois par une prise de la nationalité de l’Etat côtier par les navires étrangers mais tout en continuant d’opérer pour les consommateurs de leurs pays d’origine. 2.2. Les exportations de produits halieutiques en valeur Les exportations des produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’Ouest restent dominées par les poissons congelés, suivis des mollusques, des poissons frais, des crustacés et d’autres produits halieutiques. Figure 5 : Exportations de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest en valeur pour 2006 et 2007 Source de données FAO 2010 Les principaux produits halieutiques exportés sont les thonidés, les espèces démersales (poissons et céphalopodes) et les mollusques qui sont essentiellement destinés à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique. Les espèces pélagiques que sont les maquereaux, sardines et sardinelles sont essentiellement destinées au marché africain. La valeur des exportations de produits halieutiques de l’Afrique de l’Ouest a connu une hausse de 24 % entre 2006 et 2007, passant de 618 millions 859 mille US Dollars à 807 millions 438 mille US Dollars. Cette hausse est essentiellement due à l’augmentation du 13 volume des exportations couplée avec la baisse de la production durant cette même période. Ce sont surtout le Sénégal, la Mauritanie et la Côte d’Ivoire qui en ont profité, car ces trois pays totalisent en 2007 81 % de la valeur totale des exportations de l’Afrique de l’Ouest, soit 654 millions 458 mille US Dollars sur une valeur totale de 807 millions 438 mille US Dollars. Tableau 3: Exportation de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en 2006 en volume et par nature de produits Détails des exportations de 2006 en tonnes Crustacés Poissons Mollusques Total Mauritanie 1201 80118 14376 95695 Sénégal 4080 44586 10734 59400 Cote d'Ivoire 233 36941 56 37230 Ghana 300 23422 340 24062 Cap Vert 10 18172 186 18368 Togo 0 6051 0 6051 Guinée 909 5644 65 6618 Guinée Bissau 61 5373 561 5995 Sierra Leone 1916 3552 0 5468 Niger 0 2120 1 2121 Mali 0 410 14 424 Liberia 7 229 0 236 Nigeria 6435 224 272 6931 Gambie 7 67 12 86 Bénin 70 4 29 103 Burkina Faso 0 0 0 0 Total 15229 226913 26646 268788 Source de données : © FAO - Fisheries and Aquaculture Information and Statistics Service Pays Pour ce qui est de la nature des exportations, il faut toujours noter que les poissons congelés et transformés artisanalement représentent le plus grand volume et la plus importante valeur pour les exportations de produits halieutiques en provenance de l’Afrique de l’Ouest. Ceux-ci font 85 % du volume des exportations en 2006 soit 226 913 tonnes sur un volume global de 268 788 tonnes. Cependant, pour ce qui est de la valeur des exportations, les poissons ne représentent que 63 % de la valeur totale des exportations. Cette situation s’explique aisément par le fait que les autres catégories de produits halieutiques commercialisés sur le marché international ont des valeurs marchandes plus élevées que les poissons pour le même poids. Il s’agit des céphalopodes, des crustacées et des mollusques. 14 Tableau 4: Exportation de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en milliers de $ US et par nature en 2006 Détails des exportations de 2006 Pays Crustacés Poissons Mollusques Total 2006 Sénégal 27208 126648 40671 194527 Cote d'Ivoire 791 123578 711 125080 Ghana 1217 49484 1255 51956 Mauritanie 1683 39991 88507 130181 Guinée 6142 17790 1877 25809 Cap Vert 464 10595 242 11301 Sierra Leone 6348 4733 0 11081 Burkina Faso 24 3690 40 3754 Guinée Bissau 234 2986 1026 4246 Togo 13 2892 3 2908 Nigeria 50716 2468 572 53756 Niger 0 2129 1 2130 Liberia 46 593 0 639 Mali 0 266 34 300 Gambie 55 260 40 355 Bénin 745 27 64 836 Total 95686 388130 135043 618859 Source de données : © FAO - Fisheries and Aquaculture Information and Statistics Service En Afrique de l’Ouest, les exportations de produits halieutiques proviennent essentiellement de la pêche maritime même s’il ne faut pas perdre de vue la part importante des échanges de produits halieutiques entre les pays de l’hinterland de l’Afrique de l’Ouest (Mali, Niger, Burkina Faso). Pour ces pays, les produits proviennent de la pêche continentale et de l’aquaculture ; tandis pour les pays côtiers, les produits proviennent essentiellement de la pêche maritime, à l’exception du Bénin où la pêche continentale a une production supérieure à la pêche maritime, soit 30 200 tonnes pour la pêche continentale (80 % de production totale) contre 7 495 tonnes pour la pêche maritime. 2.3. La destination des exportations de produits halieutiques en provenance de l’Afrique de l’Ouest Les Etats Ouest Africains négocient leurs produits de pêche entre eux et avec presque tous les pays du monde entier. Cependant, l’UE représentait jusqu’à un passé récent leur principal client. En effet, le marché Européen absorbait la part la plus importante des exportations en provenance de l’Afrique de l’Ouest. Cette forte absorption était facilitée par le régime préférentiel mis en place dans le cadre des conventions UE-ACP. L’UE importe entre 2 800 000 et 3 200 000 tonnes de produits halieutiques de l’extérieur dont 60% importés principalement des pays ACP. En 2002, les importations de l’UE en provenance de sept pays Ouest Africains (Sénégal, Mauritanie, Nigeria, Ghana, Guinée, Togo, Côte-d’Ivoire) s’élevaient à 120 297 tonnes pour une valeur de 452,8 millions d’Euros. En 2003, ses importations de produits halieutiques, en provenance de toute l’Afrique de l’Ouest, se chiffraient à plus de 642 millions d’Euros. Cependant, depuis 2008, il semble que les données ont changés. 15 Tableau 5 : Exportations des produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’Ouest Pays Destination CEDEAO Bénin Burkina Faso Cap Vert Côte d'Ivoire Gambie Ghana Guinée Guinée Bissau Liberia Mali Mauritanie Niger Nigeria Sénégal Sierra Leone Togo Total Afrique Europe Asie 96 96 185 0 Amériq ue 0 0 7 338 379 13 747 5 381 2 215 7 554 570 13 747 5 381 7 680 2 385 1 143 4 389 0 3 785 1 395 410 2 479 1 125 50 85 67 52 2 497 2 497 0 0 45 0 17 0 459 22 38 742 251 2 542 69 456 459 181 50 754 306 3 048 84 810 0 8 720 30 723 18 125 55 368 0 370 5 392 76 0 12 583 0 2 054 1 102 394 69 5015 Quantité totale en tonnes Valeur en $ US 281 0 14 435 9 990 2 193 18 613 7 912 ND 64 497 ND 459 11 325 87 971 794 3 242 157 776 212 000 0 9 540 000 21 687 000 3 428 000 24 092 000 2 816 000 1 253 000 723 000 130 000 453 468 000 377 000 73 255 000 211 476 000 1 063 000 4 026 000 807 546 000 Source : Centre du Commerce International / CNUCED-OMC (www.trademap.org) L’analyse des exportations des pays de l’Afrique de l’Ouest (pays de la CEDEAO + la Mauritanie) montre un net glissement des exportations des produits halieutiques des pays de la région ouest africaine vers les marchés africains en général, et de la CEDEAO en particulier. Contrairement à la situation des exportations en 2005 où l’Europe était la principale destination des exportations de produits halieutiques en provenance de l’Afrique de l’Ouest, depuis 2008 l’Afrique, notamment l’Afrique de l’Ouest commence à devenir la première destination des produits des pays de la sous-région. Selon les statistiques du Centre du Commerce International la CNUCED et de l’OMC, sur les 157 776 tonnes de produits halieutiques exportés par les pays de l’Afrique de l’Ouest, 69 456 sont destinés à l’Afrique de l’Ouest, c’est-à-dire les pays membres de la CEDEAO. Autrement dit, 44 % des exportations de produits halieutiques en provenance de l’Afrique de l’Ouest font l’objet d’échanges intra-régionaux. Ce qui est une nouvelle tendance remarquable, indicatrice d’une redynamisation des échanges intra-régionaux de produits halieutiques. Car, nous le verrons plus tard, l’Afrique de l’Ouest bien qu’étant exportatrice nette de produits halieutiques, reste un grand importateur aussi du fait de la demande très forte dans certains pays comme le Nigéria, le Ghana et la Côte d’Ivoire. L’Afrique toutes régions confondues, représente 54 % du volume des exportations en provenance de l’Afrique de l’Ouest, soit 84 810 tonnes sur 157 776 tonnes. L’enseignement qui peut être tiré de cette nouvelle dynamique dans les échanges intra-régionaux et africains de produits halieutiques est que le marché africain, malgré les différentes entraves qui se posent le développement du commerce régional, commence à se positionner comme une alternative crédible au marché européen qui polarisait l’essentiel des exportations de produits halieutiques originaires de cette région. L’Asie devient de plus en plus un marché important pour les exportations de produits halieutiques en provenance de l’Afrique de l’Ouest alors que le marché américain continue d’être anecdotique pour les exportateurs ouest-africains malgré l’AGOA. L’Europe, qui était 16 jadis la principale destination des exportations de produits halieutiques en provenance de l’Afrique de l’Ouest (plus des deux tiers avant 2000) ne représente en 2008 que 35 % des exportations ouest-africaines. Cette situation est explicable par deux facteurs : -‐ Les conditions d’accès au marché européen de plus en plus difficile pour les produits en provenance de l’Afrique du fait des mesures tarifaires et non tarifaires, telles que les normes d’hygiène et de qualité de l’Union Européenne qui sont plus élevées que les normes standard internationales. -‐ La stratégie de l’Union Européenne pour approvisionner son marché qui privilégie l’accès direct de ces flottilles aux ressources halieutiques des pays africains, plutôt que l’importation en provenance de ces pays. Quatre tendances majeures se dessinent en 2008 pour ce qui est de la destination des exportations en provenance des pays de l’Afrique de l’Ouest : v des pays qui exportent la totalité de leurs produits halieutiques dans l’espace CEDEAO : c’est le cas du Mali et du Niger. Pour le Mali, il s’agit essentiellement des poissons transformés (497 tonnes) en destination de la Côte d’Ivoire. Pour le Niger, 93 % des produits halieutiques exportés sont aussi des poissons transformés (429 tonnes), en destination du Nigéria et du Mali. v des pays qui exportent une grande partie de leurs produits halieutiques vers les Etats membres de la CEDEAO et de l’Afrique : la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Sénégal et la Sierra Leone exportent une quantité important de leurs exportations en poissons et congelés vers les pays de la CEDEAO et d’Afrique. Le Ghana exporte 83 % des poissons frais vers la Côte d’Ivoire, soit 321 tonnes ; et la Sierra Leone exporte 111 tonnes des poissons frais vers le Sénégal, soit 96 % de ses exportations en poissons frais. Quant au Sénégal, ses exportations en poissons transformés vers les pays de la CEDEAO et de l’Afrique sont de 2 685 tonnes, dont 1 048 tonnes en destination de la République du Congo ; tandis que la Guinée exporte 59 % des poissons transformés vers le Ghana (106 tonnes), et le Niger en exporte vers le Nigéria et le Mali à hauteur de 429 tonnes, soit 93 % de ses exportations en poissons transformés. La Côte d’Ivoire exporte 6 347 tonnes des poissons congelés vers les pays africains et de la CEDEAO, qui constituent 75 % de ses exportations en poissons congelés ; contre 30 466 tonnes pour le Sénégal, soit 66 % de ses exportations en poissons congelés. En outre, la Sierra Leone exporte 67 % des crustacés vers le Sénégal et la Tunisie, soit 2 tonnes des langoustes non congelés. v des pays qui exportent peu dans l’espace CEDEAO et l’Afrique mais surtout vers l’Europe, l’Amérique et l’Asie : Il s’agit du Bénin, du Libéria et du Nigéria qui exportent surtout en destination de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique ; nonobstant des exportations moins importantes par rapport aux destinations précitées, en poissons transformés, poissons frais et crevettes. v le Cap-Vert qui n’exporte pas du tout vers les pays de la CEDEAO, mais vers les autres destinations : les exportations du Cap-Vert sont surtout destinés aux pays non membres de la CEDEAO, notamment vers l’Europe avec 7 680 tonnes (53 % des exportations totales), l’Asie avec 3 415 tonnes (24 % des exportations totales), l’Afrique qui ne constitue que 15 % de ses exportations totales en produits halieutiques (2 215 tonnes) ; et l’Amérique, avec 1 125 tonnes, soit 8 % de ses exportations totales. 17 Figure 6 : Exportation de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest vers l’Afrique Source de FAO, 2010 L’Afrique est la principale destination des exportations de produits halieutiques en 2008, avec 84 810 tonnes, soit 54 % des produits exportés en volume ; les pays de la CEDEAO représentent 44 % de ces exportations en volume, avec 69 456 tonnes. Bien qu’ayant perdu sa première place de destination des exportations de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’Ouest, l’Europe vient à la seconde place avec 55 368 tonnes, soit 35 % des exportations totales de produits halieutiques d’Afrique de l’Ouest. 3. Les importations de produits halieutiques de l’Afrique de l’Ouest : Avec une production halieutique de plus de deux millions de tonnes en 2008, l’Afrique de l’Ouest exporte plus de 300 milles tonnes de produits halieutiques mais les importations des pays ouest-africains se situent à 1 371 221 tonnes en 2007, soit plus de la moitié du volume de sa production. Ce qui est énorme et fait de cette région un importateur net de produit halieutique. 3.1. Importation de produits halieutiques en volume Les importations de produits halieutiques de l’Afrique de l’Ouest ont connue une hausse de 12 % entre 2006 et 2007, passant de 1 209 943 à 1 371 221 tonnes. Le Nigeria à lui tout seul a importé 596 943 tonnes de produits halieutiques soit 44 % des importations totales de la sous-région en 2007. Les trois grands importateurs de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest sont le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire qui représentent à eux trois 92 % des exportations totales en volume et 94 % de celles-ci en valeur des pays de l’Afrique de l’Ouest en 2007. 18 Tableau 6 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en tonnes Pays 2006 2007 Nigeria 573787 596943 Ghana 302012 372592 Cote d'Ivoire 262077 283285 Togo 17865 42015 Bénin 17832 30845 Mali 9093 14753 Burkina Faso 11141 12904 Guinée 8924 8030 Gambie 1940 2416 Sierra Leone 622 1778 Niger 592 1544 Liberia 2395 1150 Sénégal 453 1013 Guinée Bissau 282 699 Cap Vert 607 686 Mauritanie 321 568 Total 1209943 1371221 Source de données : © FAO - Fisheries and Aquaculture Information and Statistics Service La valeur de ces exportations de produits halieutiques entre 2006 et 2007 a augmenté de 16 %, passant de 849 millions 703 mille US Dollars à un milliard douze mille quatre cent cinquante trois US Dollars. Ce qui est important de noter à ce niveau est que la valeur des importations de produits halieutiques en 2007 est supérieure à la valeur des exportations de produits halieutiques pour la même période pour l’Afrique de l’Ouest. En effet, en 2007, les exportations de produits halieutiques de l’Afrique de l’Ouest étaient chiffrées à 807 438 US Dollars alors que les importations pour cette même année sont de 1 012 453 US Dollars. Le solde commercial des échanges de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest est négatif de 205 015 US dollars. Autrement dit, le taux de couverture des importations par les exportations de produits halieutiques est de 80 %. Tableau 7 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en milliers de $ US Pays 2006 2007 Nigeria 454376 498814 Cote d'Ivoire 230519 279699 Ghana 125321 170804 Bénin 7253 18705 Guinée 857 9102 Togo 8337 8635 Mali 8583 6852 Burkina Faso 3754 5976 Sierra Leone 1420 3591 Liberia 4009 2936 Sénégal 1085 2080 Cap Vert 1691 1977 19 Guinée Bissau 269 1452 Gambie 579 907 Niger 1479 763 Mauritanie 171 160 Source de données : © FAO - Fisheries and Aquaculture Information and Statistics Service Les importations des pays de l’Afrique de l’ouest en produits halieutiques proviennent de l’Afrique (51%), de l’Europe (24%), de l’Asie (16%) et de l’Amérique (9%). Elles tournent autour de 900000 tonnes en 2008. Les produits importés dans la zone Afrique proviennent à 17% des pays de l’Afrique de l’ouest et à 87% des autres pays africains hors CEDEAO. Le Nigéria, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont les principaux pays importateurs de produits halieutique en Afrique de l’ouest. 3.2. Natures des produits halieutiques importations Les importations de produits halieutiques des pays de l’Afrique de l’ouest sont composées de trois produits à savoirs : (1) Poissons, (2) Crustacés et (3) Mollusques. Les sous produits des poissons importés sont (1) Poissons vivants, (2) Poissons frais, (3) Poissons congelés, (4) Poissons transformés et (5) Filets de poissons. Ces importations sont essentiellement dominées en volume par les poissons congelés (98% des importations en produits halieutiques). Tableau 8 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en tonnes et par nature en 2006 Détails des importations de 2006 Crustacés Poissons Mollusques Total Nigeria 5 573772 10 573787 Cote d'Ivoire 26 301726 260 302012 Ghana 593 261001 483 262077 Bénin 3 17862 0 17865 Guinée 648 17181 3 17832 Togo 54 8949 90 9093 Mali 1 11136 4 11141 Burkina Faso 0 8924 0 8924 Sierra Leone 0 1937 3 1940 Liberia 3 618 1 622 Sénégal 25 567 0 592 Cap Vert 13 2275 107 2395 Guinée Bissau 21 390 42 453 Gambie 20 261 1 282 Niger 56 232 319 607 Mauritanie 11 296 14 321 Total 1479 1207127 1337 1209943 Source de données : © FAO - Fisheries and Aquaculture Information and Statistics Service Pays En afrique de l’ouest, les poissons congelés sont de loin les produits les plus prisés par les pays importateurs. En 2008, la valeur des importations en poissons congelés tournait autour de 1803 milliers de dollar US, viennent ensuite les poissons frais avec 1535 suivi des poissons 20 vivants et des mollusques 1314 (TradMap). L’importation de produits transformés bien que importante avec 785 milliers de dollars est de loin devancée par les produits précités (Fig 8). Cependant, il est nécessaire de souligner l’importance de la valeur marchande des produits d’autant plus que les produits transformés sont marqués par leur diversité mais également par leur accessibilité à des franges importantes de la population. Tableau 9 : Importations de produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en milliers de $ US et par nature en 2006 Détails des importations de 2006 Pays Crustacés Poissons Mollusques Total 2006 Nigeria 101 454243 32 454376 Cote d'Ivoire 1866 228517 136 230519 Ghana 130 125056 135 125321 Bénin 3 7240 10 7253 Guinée 1 855 1 857 Togo 27 8309 1 8337 Mali 301 8077 205 8583 Burkina Faso 24 3690 40 3754 Sierra Leone 9 1386 25 1420 Liberia 71 3816 122 4009 Sénégal 56 909 120 1085 Cap Vert 217 998 476 1691 Guinée Bissau 64 201 4 269 Gambie 0 579 0 579 Niger 65 1414 0 1479 Mauritanie 19 120 32 171 Total 2954 845410 1339 849703 Source de données : © FAO - Fisheries and Aquaculture Information and Statistics Service Concernant les poissons congelés, ils représentent 98% du volume des importations alors qu’ils correspondent à 24% de la valeur totale des importations des produits halieutiques. Les 2% du volume des importations (poissons vivants, crustacés, poissons frais, mollusques, poissons transformés et filets de poissons) valent 76 % de la valeur commerciale des importations. La plupart de ces produits sont directement destinés à la consommation. Les produits importés vivants sont généralement les langoustes, calmar etc et ceux transformés sont les soles, sardinelle etc. 21 Tableau 10 : Importations en produits halieutiques des pays de l'Afrique de l'ouest en volume et par provenance Provenance Destination Bénin Burkina Faso Cap Vert Côte d'Ivoire Gambie Ghana Guinée Guinée Bissau Liberia Mali Mauritanie Niger Nigeria Sénégal Sierra Leone Togo CEDEAO 664 Nd 58 62 334 115 2 323 0 Afrique 29 830 nd 59 209 941 142 211 624 51 Europe 21 927 nd 286 62 742 8 37 126 0 Amérique 2 787 nd 0 34 364 43 4 341 0 Quantité totale en Asie tonnes 28 55 236 Nd 25 672 1 346 19 888 326 935 0 193 4 603 257 694 31 82 974 14 064 Nd 2 345 49 553 22 4 145 87646 2 231 14 436 nd 2 349 26 356 553 22 4 385 501979 180 1 nd 11 106 849 482 1 3 397 233010 123 0 nd 0 119 737 0 34 0 161429 386 0 nd 0 58 594 54 673 130 84388 2 920 14 437 nd 2 360 311 536 1 089 730 7 912 1007142 Source: Centre du commerce international (www.trademap.org) 4. Les accords de pêche : des accords commerciaux ? Presque tous les Etats côtiers d’Afrique de l’Ouest ont signé des accords de pêche entre eux et avec d’autres Etats Africains, Européens ou Asiatiques. Les accords de coopération entre Etats Ouest africains affichent généralement les dispositions suivantes : - octroie de licences de pêche réciproques moyennant le paiement de redevances ; - exploitation en commun de zone maritime source de conflit ; - commerce de produits de pêche ; - harmonisation de politiques en matière de pêche et d’aquaculture ; - coopération et échanges d’expériences dans les domaines techniques, scientifique et de la formation. Les plus importants accords sont ceux conclus avec l’Union Européenne. Ces accords autorisent les navires des Etats membres de l’UE à exploiter les ressources halieutiques des eaux territoriales des Etats Africains signataires de ces accords. En effet, l’UE qui n’arrive qu’à satisfaire que 5% de sa demande intérieure avec ses propres ressources, se tourne sur les eaux maritimes extérieures et notamment celles de la côte Ouest Africaine réputées riches en ressources halieutiques. Les accords négociés individuellement par les Etats Africains, prévoient des contreparties financières versées par l’UE. Ces contreparties financières sont en partie destinées au développement du secteur de la pêche (financement de programmes techniques ou de recherches scientifiques destinés à améliorer les connaissances halieutiques et biologiques des 22 zones de pêche, appui au suivi, au contrôle et à la surveillance des pêches y compris la mise en place de systèmes de surveillance par satellite des navires de pêches (VMS), appui aux organismes et institutions impliqués dans la pêche, amélioration des statistiques des pêches, bourses d'études...). Ces contreparties financières varient en fonction de la capacité de négociation de chaque Etat. Elles se chiffrent à 44 milliards de FCFA pour le Sénégal (accord 2002-2006), 44,52 millions d’Euros pour la Guinée Bissau, 680 000 Euros par période triennale pour le Cap-Vert, 1,4 millions d’Euros pour la Gambie, 430 millions d’Euros pour la Mauritanie (accord 20012006) et 1,19 millions d’Euros pour la Côte-d’Ivoire. Dans le cadre de ces accords, plusieurs centaines de navires Européens exploitent les eaux d’Afrique de l’Ouest. En marge de ces accords, d’autres navires de pêche de l’Union Européenne, prenant la nationalité de certains Etats Ouest Africains qui n’ont pas d’accord avec leur pays d’origine, exploitent les eaux territoriales de ces pays Africains. 5. Le Commerce informel de produits halieutique Le commerce informel des ressources halieutiques est difficilement quantifiable dans les pays de la CEDEAO. Cependant depuis quelques années les services des pêches du Sénégal s’intéressent à ce type de commerce des produits halieutiques. Les produits passent à travers la route et les marchés transfrontaliers (exemple du Diaobé) pour être écoulés dans les pays de la sous région. Ainsi, en 2008, plus de 23 milles tonnes de produits frais et/ou transformés correspondant à 8,2 milliards de francs CFA ont quitté le Sénégal en destination des pays de l’Afrique de l’ouest à travers la route. Depuis janvier 2010, il existe une nouvelle règlementation de la pêche INN de l'Union européenne (certification, liste EU navires INN, listing des pays qui ne coopèrent pas, contrôle sur les ressortissants européens). Ce nouveau règlement de pêche INN qui doit entrer en vigueur fournit un cadre pour empêcher, dissuader et éliminer la pêche INN et établir des règles administratives convenues d’un commun accord avec les pays tiers pour faciliter la mise en œuvre du système de certification de capture. Toutefois, il risque de créer de nouvelles barrières non tarifaires à l'entrée des produits de la région sur le marché européen. Face à ce contexte, les pays de l’Afrique de l’ouest doivent négocier avec l’UE un plan d’action à mettre en œuvre en fonction des réalités de chaque pays afin de satisfaire la nouvelle réglementation et lutter contre la pêche INN dans les eaux ouest africaine. 6. Revue des principaux obstacles au commerce de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest Les Etats Ouest Africains renforcent leurs réglementations en matière de normes sanitaires afin que les produits destinés aux marchés répondent aux exigences des nouvelles normes du marché international. Des systèmes d'assurance qualité sont développés afin de protéger la santé des consommateurs et de rehausser la valeur marchande des produits échangés avec l’étranger. Les politiques commerciales ayant un lien avec la pêche, concerne aussi les points suivants : - la libéralisation des prix ; la valorisation des produits de pêche par la mise sur le marché de poissons d’espèces dits nobles ; 23 - la mise en place d’infrastructures de contrôle afin de se conformer aux normes et sécurité des produits alimentaires découlant des règles de l’OMC ; - la promotion de filières de commercialisation régionale de poisson en créant des liens commerciaux sud-sud par la signature d’accords de coopération en matière de pêche entre pays de la CEDEAO. La plus grande partie de la production sous-régionale était destinée aux marchés extérieurs. Ceci à une période où les marchés nationaux et sous-régionaux sont insuffisamment approvisionnés. Ce qui influe sur la sécurité alimentaire si l’on sait que la pêche assure, par exemple plus de 60% des besoins en protéines des populations au Sénégal et au Mali. Le commerce interétatique sous-régionale rencontre des difficultés d’acheminement des produits liées aux barrières fiscales, aux crises sociopolitiques ou aux procédures administratives et douanières non maîtrisées ou parfois très contraignantes. L’harmonisation des politiques de pêche pourrait mettre fin à ces problèmes. Les différences entre les monnaies des pays de la sous-région Ouest Africaine ne favorisent pas toujours les échanges commerciaux entre eux. Quant aux échanges commerciaux entre les pays d’Afrique de l’Ouest et l’UE, plusieurs problèmes sont à relever. Malgré les préférences commerciales accordées aux ACP par l’Union Européenne, les produits halieutiques de la sous-région Ouest Africaine ont d’énormes difficultés pour accéder aux marchés internationaux. Ces difficultés sont dues essentiellement à : - la compétitivité avec les produits provenant d’autres régions du globe ; la politique de pêche commune Européenne ; les règles d’origine, et les normes et les mesures SPS imposées par l’Union Européenne. Il existe une concurrence déloyale entre les flottes locales et les navires de l’UE pêchant dans les eaux de la sous-région du fait des subventions que ces derniers reçoivent et qui leur permettent de faire profit dans des situations défavorisantes ; La promotion du commerce international des produits de la pêche peut avoir des effets négatifs sur la ressource et sur la sécurité alimentaire locale. La recherche du maximum de profit encourage les pays Ouest Africains à exporter les produits vers les marchés Européens plus offrant au détriment des marchés locaux. ð Contraintes normatives et sanitaires Les normes internationales en matière d'hygiène alimentaire, de contaminants, de technologie alimentaire, d'importation et d'exportation alimentaire, de microbiologie et de produits de la pêche constituent parfois des barrières au commerce international des produits Africains. Plusieurs pays ACP disposent de très peu ou pas du tout d’infrastructures techniques adéquates en matières sanitaire pour satisfaire les normes de qualité et de salubrité édictées par l’OMC ou l’UE. Aussi, tous les pays de la sous-région ne sont-ils pas inscrits sur la liste I des pays autorisés par l’Union Européenne (UE) à exporter leurs produits de pêche sous toutes les formes vers sa communauté. Les Etats Ouest Africains inscrits sur la liste I sont la Guinée, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal, le Nigeria, la Mauritanie, le Ghana, la Gambie et le CapVert. Ceux faisant partie de la liste II des pays autorisés sous certaines réserves à importer leurs produits de pêche vers l’UE sont le Bénin et le Togo. 24 Certains pays ACP, du fait de la non-conformité de leurs produits aux normes sanitaires Européennes, ont perdu leur marché d’échanges commerciaux avec l’Europe. En Afrique de l’Ouest, seule la Guinée Bissau se trouve dans cette situation. Le pays appartient donc à la liste III constituée des pays qui ne sont pas en mesure de fournir les garanties nécessaires pour figurer sur les Listes I et II. Ces contraintes normatives de qualité et de salubrité, limitent considérablement le commerce international des produits halieutiques issus des secteurs de pêche artisanale, continentale et aquacole des Etats Ouest Africains. Les pays ACP et l’UE, signataires de l’Accord de Partenariat de Cotonou, ont convenu de conclure des Accords de Partenariat Economique (APE) dont les dispositions commerciales seront compatibles avec les règles de l’OMC. Dans cette perspective l’UE et les pays ACP doivent unir leurs efforts afin que les dispositions du Traitement Spécial et Différencié (TSD) de l’OMC s’appliquent aux Accords Régionaux Nord – Sud tels que les APE. L’objectif primordial de l’A.P.E consiste à promouvoir l’intégration progressive et harmonieuse des Etats ACP dans l’économie mondiale, dans le respect de leurs choix politiques et de leur priorité de développement, encourageant ainsi le développement durable et contribuant à l’éradication de la pauvreté dans les pays ACP. A partir de ce moment, toute politique qui a un effet sur la pêche est déterminante dans la lutte contre la pauvreté. La libéralisation des échanges entre l’Afrique de l’Ouest et l’U.E pourra avoir un impact important sur les économies et l’état de la pauvreté des pays de la région. Il est donc important que des mesures soient prises en vue d’atténuer les effets négatifs et de promouvoir les opportunités. Mais malgré les préférences commerciales unilatérales accordées aux ACP dont les pays de l’Afrique de l’Ouest et malgré les énormes efforts déployés par les pays pour se mettre aux normes européennes, les produits halieutiques de la région CEDEAO éprouvent encore beaucoup de difficultés à accéder au marché européen. Ces difficultés relèvent pour l’essentiel : - des questions de compétitivité avec les produits de l’U.E et avec ceux provenant d’autres pays du monde ; de la politique de pêche commune, du mode de définition des règles d’origine, des normes et des mesures SPS imposés par l’U.E aux produits de pays qui n’ont pas toujours les moyens de les respecter. Aussi, dans le cadre de la libéralisation des échanges entre l’Afrique de l’Ouest et l’U.E, il est nécessaire que ces deux régions uniformisent aussi leurs règles d’origine non préférentielles conformément à l’accord de l’OMC en la matière. Le modèle de coopération issu des Accords de Lomé, remplacé depuis 2000 par l’Accord de Cotonou, permet aux pays ACP d’exporter la totalité des produits de la pêche sans rencontrer les barrières douanières, imposées aux autres pays fournisseurs de l’Europe. Ce système rentre en contradiction avec les règles de l’OMC pour deux raisons. D’une part, l’accord est discriminatoire car les préférences commerciales ne concernent que les pays ACP, et non l’ensemble des pays en développement. D’autre part, l’accord est non-réciproque car les exportations européennes ne bénéficient pas de préférence à l’entrée des pays ACP. Lors de la réunion de l’OMC à Doha en 2001, le groupe ACP-UE a obtenu une nouvelle dérogation aux règles de l’OMC, jusqu’au 31 décembre 2007. Dans le sillage de l’accord de Cotonou, des négociations ont débuté en septembre 2002 pour mettre en place une nouvelle coopération d’ici 2008. 25 En réalité, les concessions tarifaires accordées par l’UE aux pays ACP pour les produits de la pêche sont de moins en moins préférentielles. D’une part, le différentiel tarifaire a connu une forte érosion en raison de la réduction générale des tarifs douaniers, engendré par les accords du GATT. D’autre part, de plus en plus des pays bénéficient d’un accès en franchise de droit de douane au marché européen. Ainsi, l’ensemble des Pays les Moins Avancés (PMA) bénéficie des mêmes préférences que les pays ACP depuis 2001 avec l’initiative « Tout Sauf les Armes» (TSA). Ce phénomène de réduction tarifaire s’accompagne depuis plusieurs années de profonds changements dans les conditions d’accès au marché communautaire. Les principaux pays importateurs ont ainsi mis en place des mesures sanitaires et techniques, que tout exportateur potentiel doit désormais respecter. Si les règles de l’OMC permettent de limiter les mesures discriminatoires, pour les pays en développement, ces nouvelles mesures sont souvent considérées comme des distorsions aux échanges, les marginalisant encore davantage de la sphère du commerce international. Les dispositifs commerciaux tels que les accords de Cotonou associant l’Europe aux pays de la Sous-région ont mis les filières halieutiques dans une situation de fausse compétitivité et de dépendance accrue vis-à-vis du marché européen à cause des privilèges accordés (exonération des droits de douane et non limitation des quantités à l’entrée). C’est ainsi que les volumes d’exportation des pays comme la Mauritanie ou le Sénégal sans cesse croissants, ont généré des tensions aussi bien sur la sécurité alimentaire que sur les ressources. Sans compter que les accords de pêche signés avec l’UE accentuent davantage ces tensions. 26 Bibliographie BAILLEUX, R et FAILLER, P, 2009, Vers une meilleure compréhension des enjeux du commerce des produits de la mer en Afrique de l’Ouest, PRCM, 27 p CATANZANO. (J.) , FAILLER (P.) et Rey ( H.) ; (2000) : Accords de Pêche Communauté Européenne et Pays Africains : Quelques rappels pour comprendre. IDDRA/CEMARE et CEP (Atelier CRSP Praia/Cap-vert, nov. 2000), p 31. CATANZANO. (J.), (2000) ; Accords de Pêche Communauté Européenne et Pays Africains : Réflexion sur leur raison d’être et l’idée de leur régionalisation. IDDRA (Atelier CRSP Praia/Cap-vert, nov. 2000), p 11. DIOUF. (P.S.), SANE (K), LANKESTER (K) et TOUEILIB (C.O.) ; (2001) : Les Conditions Minimales Régionales d’Accès aux Zones de pêche. Rapport. WWF (WAMAER),MPEM (Mauritanie), NOVIB, CRSP, CBDD, Scomber Consultancy, ; Financé par la David and Lucile Parckard Fondation (USA) et le Benei-Netherlands Sustainable Developpement Treaty, p 29. DIOUF. (P.S.), SANE (K) et LANKESTER (K); (2001) : La Promotion d’Accords de Pêche Equitables Compatibles avec une Exploitation Durable des Ressources Halieutiques. Rapport. WWF (WAMAER),MPEM (Sénégal), NOVIB, Fénagie-Pêche, Scomber Consultancy, ; Financé par la David and Lucile Parckard Fondation (USA), p 31. DURAZZO. C, Notes sur les Accords de Partenariat dans le domaine de la pêche FAO, 1993.- Accord visant à favoriser le Respect par les Navires de Pêche en haute Mer des mesures internationales de conservation et de gestion . Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, Rome, 1995 FAO, 1995.- Le Code de Conduite pour une pêche Responsable. Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, Rome, 1995, 46 pp. FAO, 1998.- La situation Mondiale des pêche et de l’Aquaculture. Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, Rome, 1998. FAO, 1999.- Plan d’action international visant à réduire les captures accidentelles d’oiseaux de mer par les palangriers. Plan d’action international pour la conservation et la gestion des requins. Plan d’action international pour la gestion de la capacité de pêche. Rome, FAO. 1999. 27pp. FAO/CSRP, 2000.- Appui au Secrétariat Permanent de la CSRP (Elaboration d’un régime d’accès sous-régional à la pêche étrangère en Afrique de l’ouest), Document de travail préparé par KELLEHER (K.). GCP/INT/722/LUX. 45 pp. Ministère de la Pêche, 2000.- Coopération sous régionale et internationale : Rapport de la Commission 4. Concertations Nationales sur la Pêche et l’Aquaculture (Méridien Président, 6 – 8 novembre 2000). 8 pp. Ministère de la Pêche, 2000.- Système de gestion durable de la pêche maritime : Rapport de la Commission 1. Concertations Nationales sur la Pêche et l’Aquaculture (Méridien Président, 6 – 8 novembre 2000). 15 pp. NDIAYE, PG ; SEDJI, M et COULIBALY, D ; 2005 ; Accords de partenariat économique (APE) et la pêche en Afrique de l’ouest : enjeux, défis et opportunités pour les pays de la CEDEAO, document CEDEAO, 94 pp. OMC, 2010, Rapport sur le commerce mondial : le commerce mondial des ressources, 256 p 27 SANE 2003, Principes Directeurs D'accords De Peche Compatibles Avec Une Gestion Et Exploitation Durable Des Ressources Halieutiques, extrait du document modèle sur les accords de pêche. WWF 2003, 23 pp. WWF, 2001.- Manuel de Négociation des Accords d’accès aux zones de pêche, Promouvoir la conservation et la gestion durable des zones de pêche, Fonds Mondial pour la Nature, Programme pour la Conservation Marine, Washington DC 20037, Etats Unis. 133 pp. Web site visités : http://faostat.fao.org http://countrystat.org http://www.trademap.org http://www.accordsdepeche.org http://www.cape-cffa.org 28