EGLISE SAINT MEDARD
Transcription
EGLISE SAINT MEDARD
EGLISE SAINT MÉDARD Les églises primitives du territoire de Clichy, probablement de simples édifices de bois, furent placées sous le patronage de St Sauveur (l’enfant Jésus) et reconstruites chaque fois que nécessaire. C’est après les invasions barbares que l’église prit St Médard comme patron. St Médard était le fils d’un noble franc de la cour de Childéric 1er et d’une galloromaine qui convertit son époux à la foi chrétienne. Il manifesta une grande compassion pour les plus démunis dès sa plus tendre enfance. La tradition raconte qu'il donna un jour ses habits neufs à un mendiant aveugle presque nu. Il fit ses études ecclésiastiques près de St Quentin. Il vécut ensuite à la cour de Childéric puis de Clovis (il aurait assisté St Rémi au baptême de Clovis). Il fut évêque de Noyon et Tournai. À sa mort, les moines de Tournai gardèrent précieusement ses reliques. Fuyant l’avancée des barbares, ils emmenèrent le corps du saint avec eux et placèrent ses reliques dans l’église du village à chacune des étapes de leur fuite. C’est probablement de cette manière que les églises prenaient le nom du saint évêque. Une église St-Médard est mentionnée à Clichy dès le XIIIe siècle. Elle fut reconstruite en 1525. Monsieur Vincent arriva dans cette paroisse en 1612 ; il fit restaurer l’église dès 1623 et elle fut inaugurée le jeudi saint 1630. Tous les paroissiens participèrent, dans la mesure de leurs moyens, à la restauration de l’édifice. La simplicité des éléments contemporains de St Vincent est le reflet de l’économie des moyens disponibles. En avril 1843, le curé fit refaire le dallage de St-Médard avec les anciennes pierres de l’église de la Madeleine et du château Landon (marbre blanc des Pyrénées). En 1844, l’église fut placée sous le patronage de St Vincent de Paul à la demande des paroissiens ; elle reprit son nom de "St-Médard" lors de la construction de la nouvelle église SaintVincent-de-Paul au début du XXe siècle. Cette construction fut initiée quand l’ancienne église devint trop petite pour la population. Il fut décidé d’axer le nouvel édifice perpendiculairement à St-Médard (qui, pour des raisons inconnues, n’est pas parfaitement orientée). Ce faisant, on fit disparaître le chevet en abside, qui fut remplacé par un chevet plat muni d’une simple niche, formant une légère saillie dans l’église Saint-Vincent-de-Paul. Saint Médard avant la construction de Saint-Vincent-de-Paul DESCRIPTION ARCHITECTURALE : St-Médard est une église qui présente un plan en croix latine à nef unique couverte d’une fausse voûte. Ses murs latéraux sont renforcés par des contreforts. L’entrée se fait par une tour-porche de base carrée. Une haute baie aveugle à deux niveaux abrite une porte à deux vantaux dans sa partie basse et une niche dans sa partie haute. Celle-ci est flanquée de deux autres niches, plus étroites, ménagées dans la maçonnerie, à l’extérieur de la baie. Les trois niches sont actuellement vides. La tour est couverte d’un toit à quatre pentes et abrite trois cloches : Désirée Joséphine (baptisée en 1835), Vincent-de-Paul (baptisée en 1839) et Marie Pierre Louise Émilie (baptisée en 1839). Une fois l’entrée passée, le visiteur pénètre dans le narthex qui occupe le rez-dechaussée de la tour porche. Il découvre la nef unique, éclairée d’une seule rangée de fenêtres cintrées, ornées de vitraux. Une chaire est installée sur le mur de la nef, à proximité immédiate du bras gauche du transept, qui abrite la chapelle de la vierge. Le bras droit du transept, quant à lui, est occupé par la chapelle de St Joseph. De discrets pilastres décorent les murs latéraux de part et d’autre de l’ouverture de chaque bras du transept. Le chœur, auquel on accède par une marche, accueille un autel de pierre orné du monogramme de Saint Vincent. Sur les murs à droite et à gauche, sont exposés les panneaux des anciennes portes de l’église. Le chevet plat est bordé deux autres pilastres sommés de petits frontons triangulaires. Entre ces pilastres s’ouvre la niche dans laquelle a été placée une imposante statue de St Vincent de Paul. Derrière le chœur, une ouverture et un passage couvert ont été ménagés sur la gauche pour assurer une communication avec la nouvelle église. C’est dans cet espace intime qu’a été installé le crucifix de Monsieur Vincent et la tombe du père Bauval, prêtre qui a initié la construction de la nouvelle église. En 1969, St-Médard a été inscrite à l’inventaire des monuments historiques. C’est dans cette église que sont célébrés les baptêmes, les mariages et les obsèques. MOBILIER LITURGIQUE ET DÉCORATION Fonts baptismaux : Le baptistère est une simple cuve de calcaire montée sur un pied en forme de balustre, et aujourd’hui fermée d’un couvercle de bois à deux panneaux mobiles. Sur la moulure du pied est gravée la date de 1612, année de l’installation de St Vincent comme curé. Cette cuve baptismale sert encore aujourd’hui. Vitraux : Les vitraux sont de François Fialex (1818-1886) des ateliers du Mans (1860). Ils ont été offerts par le Maire de l'époque (1858-1870), Louis Joseph Maës (1815-1898), propriétaire de la Cristallerie de Clichy. La nef possède quatre fenêtres de chaque côté. Sur les huit vitraux de la nef, seuls trois sont historiés : au "sacré-cœur de Jésus", répond le "cœur douloureux de Marie". Sur un troisième vitrail, qui présente deux médaillons superposés, le médaillon supérieur illustre Jésus accueillant les enfants tandis que le médaillon inférieur met en scène Monsieur Vincent ramassant les nourrissons abandonnés. Dans la chapelle de la Vierge, un vitrail montre la Sainte Famille avec Joseph initiant Jésus aux travaux de menuiserie et un autre évoque l’Assomption. Dans la chapelle de St Joseph, on trouve un vitrail de Ste Anne apprenant à lire à Marie et un autre figurant St Médard. Dans la partie droite du chevet, un vitrail figure Saint Vincent de Paul soignant les malades et fondant l’Œuvre des Filles de la Charité ; de l’autre côté, dans la partie gauche du chevet, il est illustré prêchant devant la cour et accompagnant l’agonie de Louis XIII. Chaire : c’est un ouvrage d’ébénisterie dépouillé mais de belle facture. Seules des moulures soulignent les différentes pièces de menuiserie qui composent l’ensemble. Le dais est surmonté d’un angelot, tandis que sa sous face s’orne de la colombe de l’Esprit Saint. Le garde-corps est décoré d’un motif centré au milieu d’un panneau dont les quatre angles sont occupés par des fleurons. Ce motif central combine plusieurs éléments eucharistiques : une petite console supporte un autel dont la face est décorée d’un livre, marqué de nombreux signets, sur lequel est couchée une croix. Un agneau est allongé sur la croix. Derrière l’autel, un lit d’épis de blé est répandu, qui sert de fond au pélican de piété qui surmonte l’autel. Bien qu’il se contente de régurgiter la nourriture qu’il a avalée, on a longtemps cru que le pélican se déchirait la poitrine pour nourrir ses petits. On voyait alors dans le sang qui coulait de son jabot une image du sacrifice volontaire du Christ. Ainsi, tous les symboles condensés en une seule image constituent une évocation puissante et redondante du Christ : le pélican, l’agneau, l’autel, la Bonne Nouvelle, le blé qui donne le pain appelé à devenir "le pain vivant descendu du ciel". C’est depuis cette chaire que "Monsieur Vincent" s’adressait à ses fidèles. Panneaux des vantaux de l’ancienne porte : Sur les côtés du chevet, ont été placés deux panneaux de bois, seuls vestiges conservés des vantaux de l’ancienne porte, déposée en 1905, au moment de la construction de Saint-Vincent-de-Paul. Abîmés par le temps et probablement par les vicissitudes de l’histoire (des coups de ciseaux sont décelables sur l’un d’entre eux), ces panneaux ont été remontés dans des montants modernes. De style Louis XIII, elle présentait, sur un des vantaux, St Médard, évêque de Noyon et Tournai, figuré entre deux églises symbolisant ses évêchés et, sur l’autre vantail, le St Sauveur, premier patron du lieu. De ce dernier, on ne distingue que les lignes générales : debout un globe terrestre, il a les bras ouverts, signe d’accueil et évocation des bras étendus sur la croix. La gravure ci-contre remonte à 1878. Elle semble mêler les deux images, ce qui tend à prouver qu’à cette date, la porte était déjà assez détériorée pour que les motifs ne soient plus évidents à distinguer. Statue de Saint-Vincent : Exécutée en marbre de Carrare, la statue monumentale de St Vincent (environ 3 m de haut), représentant le saint debout et tenant dans ses bras deux nourrissons, a été façonnée en 1873 par le sculpteur Alexandre Falguière (1831-1900). Présentée au salon de 1879, elle a été achetée après commande par l’État pour l’église Ste-Geneviève (Panthéon) où elle a été exposée jusqu’en 1944. Elle a été déposée à St-Médard à cette date. D’abord affectée au musée du Louvre (1933), elle dépend maintenant du musée d’Orsay. En 1995, Mme Pingeot, conservateur au musée d’Orsay, a officialisé son lieu d’exposition. Crucifix : au fond du chevet à gauche, près de la porte qui permet un accès direct à la nouvelle église Saint-Vincent-de-Paul, se trouve un crucifix en bois et ivoire. Il fut offert à St Vincent par son ami le cardinal de Bérulle. À son pied, se trouve la tombe du Père Blauvac, qui est à l’origine de la construction de la nouvelle église. Relique : l’église possédait autrefois une relique réputée pour être un fragment d’os de Saint Vincent. Abritée dans une châsse, cette relique a disparu au début des années 2000. Privée de sa fonction, la châsse a donc été retirée. Arbre de St Vincent : Dans la cour du presbytère, à main gauche en entrant, on peut encore voir la souche de l’arbre de Judée planté par St Vincent de Paul. Bien qu’en mauvais état, il était encore vivant au milieu du XXe siècle (voir carte postale ancienne ci-contre). S’il est désormais mort et couvert de lierre, un jeune arbre de Judée a pris le relais juste à côté. © N. Levadoux et C. Boidot, 2012.