1 Introduction Le promontoire du Yaudet, dans la commune de

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1 Introduction Le promontoire du Yaudet, dans la commune de
1 Introduction
Le promontoire du Yaudet, dans la commune de Ploulec’h (Côtes-d’Armor), est situé
sur la côte nord de la Bretagne, dans l’estuaire du Léguer (Fig. 1 et 2). Ses flancs oriental et
septentrional présentent de fortes pentes, descendant vers la rivière, tandis que son flanc
occidental est bordé par l’étroite Baie de la Vierge. Du côté terre, une vallée très déclive,
menant au village de Pont-Roux, au fond de la baie, isole presque entièrement le
promontoire, ne laissant subsister qu’un isthme étroit, qu’emprunte la route venant de
Ploulec’h pour accéder au Yaudet. A La Tène Finale, on fit bon usage de cette caractéristique
géographique en édifiant un énorme rempart au sommet du flanc nord-ouest de la vallée,
obstacle formidable à la progression de tout assaillant.
C’est à l’abri de ce rempart que se dresse aujourd’hui le noyau du village ancien du
Yaudet, dont les plus vieux bâtiments conservés datent du quinzième ou du seizième siècle.
L’église, autour de laquelle se pressent ces édifices, a été largement reconstruite au milieu du
dix-neuvième siècle. Aux alentours du village, des murets de pierres sèches et des talus
divisaient autrefois les terres en de multiples parcelles. Ces terres étaient encore cultivées
dans les années 1960, mais leur abandon progressif, et le danger que représentait une
rurbanisation rapide conduisirent le Département, à la demande de la commune de Ploulec’h,
à acheter le site en 1980, afin de le transformer en « Espace naturel protégé ».
Les anciens murets de pierres sèches et les vieux chemins creux sont toujours là, mais
la végétation naturelle – où dominent les genêts, les ajoncs, les prunelliers et les fougères – a
repris le dessus, et on peut la découvrir à sa guise, au gré de sentiers tortueux. La situation
maritime spectaculaire dont jouit Le Yaudet, ses bâtiments anciens et ses champs
abandonnés, livrés à une nature généreuse, donnent à ce site une beauté et une paix des plus
remarquables, que sous-tend néanmoins le sentiment de l’appartenance à un passé lointain,
mais toujours présent.
Selon des traditions très anciennes, Le Yaudet serait en effet une « vieille cité ». C’est
là que, selon la légende, se serait trouvé le siège d’un des évêchés primitifs de Bretagne,
fondés par des clercs venus de l’autre rive de la Manche (voir infra, p. XXX). Au Moyen Age
et au début de l’époque moderne, la réputation de son pardon attirait encore au Yaudet de
nombreux pèlerins (voir infra, p. XXX). Mais la croissance de la ville voisine de Lannion
entraîna le déclin du village, et, au seizième siècle, celui-ci n’était plus guère constitué que de
quelques maisons, serrées autour de l’église.
Les découvertes fortuites faites sur le promontoire au fil des temps entretinrent
l’intérêt que les historiens et les archéologues portaient au site, mais la première fouille
systématique, qui y fut opérée – par Léon Fleuriot en 1952-1954, à l’emplacement de la Porte
maritime du Bas Empire romain – mit en exergue le considérable potentiel archéologique de
celui-ci, tout en montrant que ce potentiel ne pouvait être révélé que par une étude à long
terme et de grande ampleur.
Le programme de prospections et de fouilles systématiques entamé en 1991 était
destiné à explorer l'évolution du Yaudet à travers les siècles et à placer les phases
d’occupation successives dans leur contexte régional, national et international. Le projet en
cours est axé sur une série de fouilles annuelles, qui ont livré une vaste gamme de données,
témoignant d’une occupation quasi ininterrompue du promontoire, du Mésolithique à
l’époque moderne. Le contexte de cette étude s’ouvre aussi à l’analyse du paysage, à l’examen
du bâti vernaculaire, à la recherche historique, aux riches traditions que véhicule le folklore,
ainsi qu’enfin à l’histoire sociale de périodes plus récentes.
Un tel projet n’a bien sûr pu être réalisé que grâce au concours de nombreuses
personnes, trop nombreuses en fait pour que nous puissions les nommer toutes. Nous
souhaitons toutefois particulièrement remercier Monsieur Jean Even, maire de Ploulec’h, et
son successeur, Monsieur Georges Alexandre, le secrétariat de la mairie de Ploulec’h (Mme
Patricia Le Goas), ainsi que les Services techniques de la commune (MM. Pierre Raoul,
Romain Duval, Daniel Le Roux, Michel Le Bras, Pierre Le Bot) pour l’aide précieuse qu’ils
nous ont offerte et l’intérêt qu’ils ont porté à nos travaux. Nos remerciements vont aussi à
Madame Michelle Le Brozec, présidente de l’Association pour la Recherche et la Sauvegarde
des Sites Archéologiques du Trégor, qui a largement contribué à la mise en place de ce
programme, ainsi qu'à Monsieur (†) et Madame Clairin, des Genêts d’Or, Monsieur et
Madame Minne, d’Ar Vro, qui nous ont toujours accueillis avec la plus grande gentillesse.
Michèle Girard, Catherine et André Le Baron nous ont offert, avec une remarquable
générosité, l’accès à la parcelle qu’ils possèdent aux abords de l’église et sont venus renforcer
les liens de confiance et d’amitié qui se sont noués avec les habitants du village, et tout
particulièrement avec Jean-Jacques et Renée Le Loupp et François et Michelle Kerambrun.
Ajoutons que ce programme n’a pu fonctionner que grâce à l’appui financier du Service
Régional de l’Archéologie (Ministère de la Culture), du Conseil Général des Côtes-d’Armor,
de la Society of Antiquaries, de la British Academy et de l’Arts and Humanities Research
Board.
Beaucoup de ceux qui se sont directement impliqués dans ce travail d’ensemble ont
contribué au présent volume. Parmi nos collègues et amis de l’Institute of Archaeology qui se
sont associés à cette tâche, nous voudrions également dire notre gratitude au Dr Esther
Cameron, qui a assuré la conservation de tous les objets métalliques, à Alison Wilkins et
Simon Pressey, qui ont préparé les dessins au trait, à Jennie Lowe et Ian Cartwright, à qui
nous devons la plupart de nos photographies de site, à Lynda Smithson, enfin, qui a pris en
charge le processus d’édition de ce travail. Nos remerciements les plus sincères vont enfin à
nos fouilleurs, dont la compétence et la bonne humeur ont permis l’accomplissement de cette
tâche collective. Ont ainsi participé aux fouilles du Yaudet, de 1991 à 2002 :
Gérard Anselme ; Tristan Arbousse-Bastide ; Alvaro Arizaga ; Pascal Baran ; Jaime
Bartlett ; Claire Batt ; Sally Beard ; Norbert Bernard ; Sophie Blain ; Melanie Briggs ; Lisa
Brown ; David Bukach ; Ian Cartwright ; Myriam Cibaud ; Mac Coleman ; Pierre-Yves
Connan ; Jessica Cox ; Peter Davenport ; Sarah Davenport ; Chris Day ; Philip de Jersey ;
Alexander Dennison ; Emmanuelle Ergatian ; Karen Fox ; Colin Frank ; Melanie Giles ; Juliet
Gunby ; Jean-Philippe Gury ; Peter Haarer ; Lucy Harrad ; Emma Harrison ; Véronique
Hervé ; Yannick Inizan ; Gerald Kamp ; Kathy Laws ; Michelle Le Brozec ; Gildas Le
Dauphin ; Iwan Le Mee ; Axelle Letor ; Jenny Lowe ; Philippe Maçon ; Ivan Maligorne ; Juan
Carlos Hernandez Marrero ; Esther Norton ; Tomas O’Carragain ; Erin Osborne-Martin ;
Richard Osgood ; Alastair Oswald ; Cynthia Poole ; Fabienne Pottier ; Simon Pressey ; Sabrina
Regnault ; Helen Simons ; Melanie Solik ; Vicky Winton.

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