15.12.2013 Discours hommage à Nelson Mandela – Héricourt

Transcription

15.12.2013 Discours hommage à Nelson Mandela – Héricourt
Discours
Jean-Michel Villaumé,
Député de la 2ème circonscription de Haute-Saône
Héricourt, dimanche 15 décembre 2013
Hommage à Nelson Mandela
Monsieur le Sénateur Jean-Pierre Michel,
Mesdames,
Messieurs,
Ce dimanche est un jour funèbre : l’Afrique du Sud enterre Nelson Mandela, le père
de la Nation. Depuis sa disparition, beaucoup de voix se sont élevées aux quatre
coins du monde, pour raconter, et saluer le combat de sa vie : celui de la lutte contre
le régime ségrégationniste de l’Apartheid. Celui de la lutte pour l’égalité entre les
races.
Des milliers de gens se sont relayés pour témoigner d’une personnalité hors du
commun. D’un charisme, d’une détermination extraordinaires, et d’une droiture
exemplaire. Je suis ému de constater qu’aujourd’hui, dimanche 15 décembre 2013,
l’hommage de la communauté internationale est presque unanime, car il n’en a pas
toujours été de même.
En effet, sous le ciel ténébreux de la ségrégation, lorsqu’aucune lumière ne semblait
pouvoir percer, Nelson Mandela a dû vaincre l’immobilisme complice des plus
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puissantes démocraties occidentales. Pour des motifs mesquins, elles avaient fait le
choix de fermer les yeux, et de s’accommoder de l’Apartheid.
Les soutiens étaient rares, mais Nelson Mandela a triomphé. Il a traversé 27 longues
années d’enfermement grâce à une vie intérieure immensément riche.
En sortant, toujours fidèle à ses convictions de non-violence, quand un être humain
normal serait pétri de haine et de désirs belliqueux, Nelson Mandela a pardonné à
tous, avant de reprendre son combat. Il a montré que le pardon est la voie la plus
difficile, mais aussi la plus salutaire.
C’est ainsi qu’avec Frederik De Klerk, ils ont pu, main dans la main, entamer la
construction d’une Afrique du Sud multiraciale. Le pardon de Mandela a permis que
pour la première fois, un Noir et un Blanc empruntent ensemble le chemin de la
réconciliation. Ils ont marché, résolus, en direction de la Paix jusqu’à ce que le
monde le reconnaisse, en 1993, lorsqu’il leur a conjointement attribué le Prix Nobel
de la Paix. C’est également le pardon, la non-violence, et même la bienveillance qui,
après sa libération, alors qu’il était âgé et fatigué, lui ont permis de vivre une
troisième vie.
Le refus de l’injustice, et l’ouverture au pardon sont l’héritage qu’il laisse à la
jeunesse. Mandela l’a souhaité, lors de son discours d’investiture à la Présidence de
l’Afrique du Sud. Il déclarait alors « [qu’]En faisant scintiller notre lumière, nous
offrons aux autres la possibilité d’en faire autant. »
Nelson Mandela était un grand homme, depuis longtemps. Si grand que chacun se
plait à exprimer son affection pour lui en l’appelant « Madiba ».
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Pour moi, pour Héricourt, Nelson Mandela c’est le souvenir du 27 mai 1989. Nelson
Mandela a 72 ans. Il n’est pas encore le premier Président noir d’Afrique du Sud : les
lois de l’Apartheid lui interdisent d’être un homme politique.
Ce 27 mai 1989, Nelson Mandela ne milite plus activement pour l’égalité entre les
races : le gouvernement du Parti national Afrikaner lui a retiré sa voix, et l’a privé de
ses libertés. Nelson Mandela est interdit d’échanges avec le monde extérieur, interdit
de vie familiale et sociale, interdit de tout depuis l’âge de 45 ans.
Ce 27 mai 1989, Nelson Mandela est en prison depuis un quart de siècle, caché aux
yeux de tous par un régime brutal, qui craint de tomber sous les mots de son
idéologie non-violente.
Mais, ce 27 mai 1989, même sans voix, Nelson Mandela est un symbole. Il est un
message d’espoir pour tous les épris d’égalité dans le monde, et dont font partie les
héricourtois.
Ainsi, ce 27 mai 1989, lorsque rien ne laissait présager que le gouvernement sudafricain puisse le libérer, Héricourt, en présence de Laurent Fabius, Président de
l’Assemblée Nationale, et Jean-Pierre Michel, Maire de la Ville, a officiellement
baptisé cette rue en l’honneur de Nelson Mandela, et des valeurs qu’il porte.
Pour finir, et pour lui rendre un ultime hommage, je voudrais vous lire son poème
préféré : « Invictus », écrit par William Henley, et que Madiba avait fait apprendre par
cœur à ses codétenus pour les exhorter à tenir bon :
« Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,
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Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme. »
Merci.
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