FICHE DE COURS PÂQUE ET PÂQUES…

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FICHE DE COURS PÂQUE ET PÂQUES…
Nature : Captatio benevolentiæ. But : faire connaître par le débat, les questions sur le judaïsme, et les deux
pâques chrétiennes et juives.
FICHE DE COURS
PÂQUE ET PÂQUES…
Nature : Captatio benevolentiæ. But : faire connaître par le débat, les questions sur le judaïsme, et les deux
pâques chrétiennes et juives.
Ceci est une fiche professeur qui peut devenir une « fiche élèves ».
Elle a pour but de
• clarifier les fêtes juive et chrétienne de Pâque, en tenant compte d’un
public musulman, mais aussi bouddhiste ou athée.
• donner un grand coup de pied dans l’antisémitisme
• enseigner au moins 4 ou 5 mots typiques du judaïsme.
Il est important de faire la dictée initiale en riant, de charger le pathos en
annonçant : « la dictée de la mort ». Pour ce faire, j’utilise un barème plus
sévère (moins deux par lettre fautive) : les élèves ne sont plus alors gênés de ne
pas savoir : tout le monde est à la même enseigne, le plus souvent avec moins
30 sur 20 ! Avec franchise, je leur dis que la meilleure note avec le barème
difficile a été un 8 obtenu par un parent d’élève pasteur (et donc, je n’ai pas
la meilleure note). Ce qui leur donne envie de faire cette dictée à leurs
parents : au passage, les parents verront ce qui est fait en cours. J’ai mis une
reproduction de Chagall, mais plein d’autres illustrations sont possibles. Dans
le monde de la restauration, détailler le menu de la Pâque juive ne peut
qu’intéresser élèves et collègues.
À partir de cette dictée, à chaque fois, il y a une pluie de questions sur le
judaïsme, ses rites, ses croyances : il est préférable d’avoir bien révisé avant le
cours. Il peut y avoir des questions en tous sens : les musulmans qui sont
persuadés que le bibles juive et chrétienne sont des écrits postérieurs au
Coran et sans cesse remanié pour le contrer (expliquer le rouleau du livre
d’Isaïe exposé à Jérusalem et le système massorétique de copies, si besoin
rappeler la découverte de textes coraniques du VIIe siècle en arabe Kharijite et
avec un texte différent du coran actuel en arabe littéraire… J’ai la vidéo
d’Arte sur ce sujet)
Le texte de ces fiches est distribué tout d’abord la première page pour corriger,
entrer dans le jeu. Quand la séquence est finie, les deux autres feuilles.
Cette dictée, faite dans une bonne ambiance, est un des cours les plus
populaires. Et avec le rire et le plaisir, ce qu’elle amène est mémorisé sans
aucune difficulté…
Jean Devriendt.
Nature : Captatio benevolentiæ. But : faire connaître par le débat, les questions sur le judaïsme, et les deux
pâques chrétiennes et juives.
Introduction au cours sur les fêtes pascales. La dictée de printemps…
Chaque élève peut faire seul la dictée, et corriger ensuite celle de son voisin, mais le mieux est
de créer une ambiance de questions. Donc on peut d’envoyer un élève au tableau pour prendre
note de la dictée selon les autres élèves, et inscrivant en phonétique les mots inconnus ou
douteux. Puis pendant 5 minutes, le groupe classe résout les difficultés qu’il rapportera dans
sa rédaction. La constitution d‘équipes est aussi possible. Temps final maximum 10-15
minutes. Ensuite, il faut expliquer…Ne pas hésiter à faire ce cours en accord avec les collègues
de français.
Ah, Pâque (contexte juif : singulier), enfin ! Les menoras (ou parfois Ménorahs) dorées brillaient comme des forsythias ! Le pain azyme embaumait. L’ancêtre édenté (contexte masculin donné par talith, parfois orth. talit, cf. TLF), avec son talith, décrivait les séraphins, et les sephirot ( séfirot(h), séephirot(h),
(sefirot, sefiroth, séfirot, séfiroth, seephirot, seephiroth, séephirot,
séephiroth tous ces graphies sont acceptées mais jamais d’s finale car « ot »
est une désinence plurielle), les miracles, et devenait soudain pieux, empli de zèle pour la Torah (ou thora). Le shomer que j’avais vu opérer, les malades que nous avions vus opérés : tous souriaient. Phylactères, kippas brodées et tefillins noués (ou tephillin, tefilin, tephillin, tephillin, tefillin tefillin : pas d‘s c’est un pluriel !), sortaient des placards, et le monde entier semblait kasher (casher ou kascher) de Pessah. Barème (ce barème était celui en vigueur dans mon lycée : authentique. Et tous ceux de ma génération l’ont subi…) • Faute d’accent, de majuscule : moins 2 points • Graphie fautive : moins 4 points par mot fautif • Faute de grammaire : moins 3 points • Faute de ponctuation : moins 2 points • Total du groupe = ? 1. Cette dictée serait un piège pour 99 % des français. Y compris dans la communauté juive. Cependant, des mots sont à retenir, car très fréquents pour parler du monde culturel juif : •
Menora : Chandelier à sept branches, symbole du judaïsme qu’on ne peut pas confondre avec l’étoile de David qu’il vaut mieux réserver pour Israël, •
Kasher : la base de toute la loi de pureté qui structure la vie quotidienne juive, •
Kippa : le signe extérieur masculin le plus répandu (interdit dans les lycées et collèges de l’enseignement public), •
Torah ou thora : façon la plus répandue de parler de la Bible juive, pour la distinguer de la bible chrétienne. Bible vient du grec βιβλια qui veut dire « les Livres ». Ce grec est symptomatique du monde chrétien. Torah est un mot hébreu, il veut dire la Loi, et il est symptomatique du monde juif. Nature : Captatio benevolentiæ. But : faire connaître par le débat, les questions sur le judaïsme, et les deux
pâques chrétiennes et juives.
LES DÉBATS Autre vocabulaire employé dans la dictée. Dans cette toile de M. Chagall, on peut voir le talith, châle de prière porté par les hommes. Sur le front, et autour des avant‐bras, des lanières de cuir retiennent contre le corps des extraits de la Thora. Noués sous le bras droit, M. Chagall a représenté les tephillin, dont les nœuds évoquent les commandements de la Thora. Pour ceux qui auraient envie de se moquer de tout cela, rappelons qu’un certain rabbi Jeshouah était vêtu ainsi pour prier. On le connaît plus sous son nom occidental : Jésus de Nazareth, dit Christ par les chrétiens, prophète par les musulmans et les bahaïs. Les séraphins sont une catégorie d’anges. Les séphirot le TLF dit : « Les dix entités (souffle de Dieu, air, eau, feu et les six directions de l'espace) qui comptent parmi les trente‐deux voies de la Sagesse selon lesquelles Dieu a créé le monde ». Cette définition est exacte, mais complique tout. Si le monde est une maison, les séphirot sont comme une charpente invisible par laquelle Dieu sans cesse crée chaque chose du monde. La dictée ne décrit pas la fête juive de Pessah (ou Pâque en français), ni même le seder (repas en famille, mais religieux) de Pâque. Mais le bonheur, la joie qui accompagne la plus importante des fêtes juives. La religion juive avec la religion musulmane représente les religions « légalistes ». Il y a très peu de dogmes dans le judaïsme. Même sur des sujets comme la vie après la mort, les rabbins ne sont pas tous d’accord, hormis sur l’existence d’un jugement. Ce jugement renvoie à l’identité juive : la vie juive est rythmée par l’observance des commandements : 365 interdits, 248 obligations. Donc, même si certains livres d’histoire en 5e le disent, les « dix commandements » ne sont pas l’identité juive. Le judaïsme se définit par un verset de la Thora : « Écoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un ». Le texte continu par « Tu observeras ses lois, etc. ». Dans l’Islam de même, depuis le XIIIe siècle, il est ou bien interdit ou bien très déconseillé de commenter, prolonger le texte coranique : l’islam est une soumission à un Dieu unique et la paix du cœur récompense la pleine soumission à sa loi. Ceci vient directement du judaïsme : le Coran propose une autre loi, avec moins de commandements. Cette dictée révèle que nous ignorons bien des choses du monde juif : être antisémite sans connaître le judaïsme (ou toute autre religion et racisme) est­ce logique ? Se connaître peut­il limiter le racisme ? Les différences sont connues, mais les points communs ? Nature : Captatio benevolentiæ. But : faire connaître par le débat, les questions sur le judaïsme, et les deux
pâques chrétiennes et juives.
3. Pourquoi Pâques prend­il une s dans le contexte chrétien ? Le mot PESSAH, pâque en hébreux, signifie « passage ». En ce moment de l’année, et en fonction de la pensée religieuse juive, quels sont selon vous les passages ? (brainstorming) On passe de… A : Sens symbolique ? hiver printemps Passage de la mort à la vie Jours sombres Beaux jours Passage de ce qui est mal, caché, symbolisé par la nuit, et le jour, le bien, le beau rien exister La création Nature comme morte La vie Espérer quand les apparences sont dures N’être personne Être quelqu’un (ce à quoi on occupe toute sa vie, au fond) Esclavage en Égypte par Pharaon Liberté sous la Thora en Terre Promise, rôle central de Moïse Symbole d’un passage là où il n’y en a pas par l’image des eaux qui s’ouvrent. Inutile de chercher si cela s’est passé comme ça ou pas : dans un écrit religieux, c’est le message qui est le plus important. Les chrétiens sont venus après les juifs, et même venus du judaïsme pour les premiers. Mais ils ont gardé les mots, le texte de la bible juive, hébraïque, la Thora, mais en ajoutant leur propre vision religieuse du monde, en grec. Il y a à la fois rupture et continuité. Rupture par exemple parce que les commandements de la Thora sont devenus des exemples d’obéissance, et non plus des obligations. Souvent, on a dit que 10 commandements avaient été conservés. En fait, il n’y en a qu’un : « aime Dieu et ton prochain ». Tout cela est bien flou : les chrétiens n’arrêtent pas de réfléchir, discuter, modifier des points dans leurs modes de vie : ce n’est plus une religion légaliste, mais dogmatique. Elle cherche à savoir et comprendre ce qui est à croire. Ce qu’ils ont ajouté était une relecture complète du judaïsme en fonction de la nouveauté qu’ils présentaient : la vie et la mort de Jésus de Nazareth. Désormais, tous les historiens admettent que Jésus a existé et qu’il est mort en croix. L’Islam ne peut admettre que Dieu abandonne un prophète : il y a donc, dans l’Islam seulement, l’affirmation qu’au dernier moment un autre a été crucifié, et qu’Issa (nom arabe de Jésus) a été alors enlevé aux cieux. Les chrétiens affirment que trois jours après, il s’est manifesté : donc il vivait malgré sa mort. C’est – nous l’avons vu – un des signes distinctifs du christianisme : les énoncés de foi sont composés de choses opposées (Dieu un en trois personnes, Jésus 100 % homme et 100 % dieu, Jésus mort en croix et vivant, etc.). Ce n’est pas un simple retour à la vie puisque ses proches ne le reconnaissent pas. Il restera visible quelque temps puis, selon la bible chrétienne, sera emporté aux cieux. On rejoint donc la croyance musulmane, jusque dans l’affirmation qu’il sera le juge final. Ce point coranique a été emprunté au christianisme. Cette fin de fin de Jésus de Nazareth et son retour en vie sont nommés par les chrétiens : la Pâque de Jésus‐Christ. Ils ont conservé la Pâque juive, mais en faisant d’elle une annonce de celle de Jésus. On a donc une pâque juive plus une pâque chrétienne, ce qui fait deux Pâques : au pluriel pour les chrétiens.