Ensemble documentaire sur L`apport de l`archéologie

Transcription

Ensemble documentaire sur L`apport de l`archéologie
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ENSEMBLE DOCUMENTAIRE SUR L’APPORT DE L’ARCHÉOLOGIE
À L’HISTOIRE DE L’ESCLAVAGE
Présentation générale
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les esclaves n’ont guère laissé de trace matérielle. Biens meubles,
lorsqu’ils décèdent, les esclaves sont inhumés le plus souvent dans le cimetière de la plantation sans
même que leur décès apparaisse sur le registre des sépultures de la paroisse. Cependant des
campagnes de fouille récentes (une habitation coloniale en Guyane, un cimetière en Guadeloupe)
ont donné quelques résultats.
Documents : Extraits divers sur les recherches archéologiques menées en Guyane et en
Guadeloupe
1. L’habitation Loyola, à Rémire en Guyane
En Guyane, les fouilles archéologiques menées l’habitation « Loyola », la plus importante de la
colonie sous l’Ancien Régime, ont permis de dégager la réalité du fonctionnement matériel d’une
grande sucrerie :
« Ainsi, on y [sur l’habitation Loyola] trouve les restes de la plus vieille chapelle retrouvée à ce
jour ; la forge et le cimetière sont les premiers aménagements de ce genre à être étudiés. Malgré ce
constat positif, les fouilles n'ont pas permis de localiser l'emplacement du quartier des esclaves. En
effet, celui-ci était régulièrement déplacé pour faire place à de nouveaux champs de cannes. Notre
connaissance de la vie quotidienne des esclaves se limite à ce que les auteurs anciens aient bien
voulu nous dire ; leur univers matériel se composait en partie d'objets en matière organique disparus
sous l'action de l'acidité du sol. »
Source : Nathalie Croteau,
« L’habitation de Loyola : un rare exemple de prospérité en Guyane française », Journal of Caribbean
Archaeology, 2004.
Mais les fouilles n’ont rien apporté ou presque en ce qui concerne la vie quotidienne des
esclaves à l’exception des pipes d’esclaves, lesquelles constituent un maigre témoignage des
habitus et des compétences serviles :
« [Au XVIIIe siècle], pour fumer le tabac, les Noirs utilisaient des pipes en terre. [En Guyane],
les pipes sont les seuls objets spécifiques aux esclaves que l’archéologie nous ait livrés jusqu’à
présent. On a retrouvé des pipes d’esclaves sur une dizaine de sites ».
Source : Yannick Leroux,
L’habitation guyanaise sous l’Ancien Régime, Thèse de l’EHESS, Paris, 1994.
2. Le cimetière de l’anse Sainte-Marguerite en Guadeloupe
En 1995 puis en 1996, les cyclones Luis et Marylin labourent les côtes de la Guadeloupe. Ils
mettent au jour des ossements humains dans l’anse Sainte-Marguerite, sur la commune du Moule.
Les spécialistes accourent. Parmi eux, Thomas Romon, un métropolitain attaché à l’Institut national
de recherches archéologiques préventives. Les pelles révèlent quelques sépultures amérindiennes,
datant de l’an 1000. Mais d’autres fosses attirent l’attention. « Les corps n’étaient cette fois pas
disposés en position foetale, se souvient Thomas Romon. Ils étaient allongés, la tête à l’ouest. Ce
cimetière était clairement d’époque coloniale ».
En dix années de campagne, plus de 300 corps – 200 adultes et 100 enfants - ont été exhumés et
stockés au Musée archéologique du Moule. Des sondages et des extrapolations laissent penser
qu’un millier de personnes ont été enterrées là, anonymement.
L’étude des ossements ne laisse guère de doutes à Thomas Romon : « Nous avons très
probablement mis au jour un cimetière d’esclaves. » Les dépouilles ont donné de précieuses
indications sur les conditions de vie de ceux qui ont été inhumés là. « Les individus ont pour la
plupart moins de 30 ans, mais ont les ossements de gens de 60 ans. Ils sont sans doute morts de
surexploitation : ils ont tous les marqueurs du stress physique, notamment des problèmes
articulaires. Beaucoup souffrent de caries, voire n’ont plus de dents, signe de carences
alimentaires. On retrouve également de multiples cas de tuberculose osseuse, ce qui laisse penser
que cette maladie était endémique dans la population. »
Les esclaves étaient baptisés. La découverte de clous, de restes de croix permet d’imaginer que
ces individus ont été enterrés religieusement. Des couples semblent avoir été formés. Des enfants
ont été rapprochés de ce qui devait être leur mère. Une pipe, un crucifix taillé dans un os de vache
ont également été retrouvés...
Source : Benoît Hopquin, Le Monde du 16 août 2006
Pistes de travail
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Sur la carte, indiquer la Guyane française, la Guadeloupe, la mer des Caraïbes, l’océan
Atlantique, l’océan Pacifique.
Pour quelles raisons les fouilles archéologiques des quartiers d’esclaves sur les plantations
en Guyane au XVIIIe siècle, donnent-elles peu d’informations sur la vie quotidienne des
esclaves ? (document 1)
Quels sont les seuls objets spécifiques aux esclaves que les fouilles archéologiques ont
permis de retrouver ? (document 2)
Où se situe le cimetière de l’anse Marguerite ? Dans quelles conditions a-t-il été découvert
et quand ? Pourquoi s’agit-il d’une découverte importante pour l’histoire de l’esclavage ?
Qu’apprend-on sur les conditions de vie des esclaves inhumés là ? (document 3)
Mots clés
Esclavage / première colonisation / habitation / Guyane / sépulture/ archéologie / Guadeloupe
Pistes d’exploitation possibles
4e : cours sur l’esclavage aux Amériques au XVIIIe siècle
2e : module sur l’esclavage aux Amériques au XVIIIe siècle
LEP : idem

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