Charles Trenet (1913-2001) Auteur

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Charles Trenet (1913-2001) Auteur
Charles Trenet
(1913-2001)
Auteur, compositeur, interprète
Né à Narbonne, il s'installe à Paris en 1930. Il est assistant décorateur aux studios de
Joinville, écrit des romans feuilleton, des poèmes et des chansons, écoute la musique de
George Gershwin, et fréquente les cabaret de jazz. Il y rencontre Johnny Hess, avec
lequel il monte un duo, Charles et Johnny, à la façon de Pills et Tabet. Son départ au
service militaire en 1936 met un terme au duo et à son retour, Trenet entame une carrière
en solo. Il se fait d'abord remarquer lors d'un passage sur Radio-Cité, dans une émission
présentée par Jean Tranchant, où il chante "Y'a d'la joie", une chanson que son éditeur
Raoul Breton avait confié à Maurice Chevalier. Mais l'explosion du phénomène Charles
Trenet date réellement de son passage en première partie à l'ABC en 1938. Avec "Je
chante", "Fleur bleue", "Le Grand café" et "Boum", il porte le public, qui réclame d'autres
chansons, au bord de l'émeute. En quelques jours, il devient une tête d'affiche. La
légende du fou chantant est en marche. Pills et Tabet avaient, en 1932 fait souffler un
vent frais avec les chansons de Mireille. Charles Trenet, lui, fait la révolution. Avec son
chapeau porté comme une auréole, il incarne le renouveau de la jeunesse : des textes
surréalistes, rythmés par des onomatopées et des allitérations qui portent au
vagabondage, une musique swing qui prend sa part de romances et de ritournelles
("Mam'zelle Clio", "Le Soleil et la lune", "Vous qui passez sans me voir"). Devenu vedette
pratiquement du jour au lendemain, il tourne dès 1938 deux films dont les titres sont aussi
ceux de ses chansons : "Je chante" et "La Route enchantée", dont il écrit le scénario.
Mobilisé en 1939 à Salon-de-Provence, il y fonde le Théâtre des Ailes, et donne des galas
pour les soldats, accompagné par le pianiste Guy Luypaerts. Début 1941, Charles Trenet
est de retour à Paris. Il effectue sa rentrée à l'Avenue Music-Hall. En pleine vogue du
swing et des zazous ("Swing troubadour", "La Poule zazou"), il se fait accompagner par
des musiciens de jazz, Django Reinhardt (présent sur "La Cigale et la fourmi"), ou Alix
Combelle, avec qui il enregistre en particulier "Verlaine", version swing du poème de Paul
Verlaine "Les Sanglots longs...". En juillet 1941, il grave "Espoir" (Jacqueline Batell),
chanson préalablement interprétée par Raymond Legrand et son orchestre. Il crée des
chansons hors du temps, "Débit de l'eau, débit de lait", écrite avec Francis Blanche,
"Douce France", "La Folle complainte" ou "La Romance de Paris", titre d'un film dans
lequel il chante aussi "Un rien me fait chanter". En 1942, il écrit et compose "La marche
des jeunes", que grave Henri Jossy en février (Trenet ne l'enregistre qu'en 1951). Cette
chanson a été quotidiennement interprétée dans les Chantiers de jeunesse mis en place
par le gouvernement de Vichy. Durant toute la période de l'Occupation, il continue de se
produire sur scène : tournée avec le cirque Bouglione (1941), l'Avenue Music-Hall
(novembre 1941), Folies Bergère (fin 1942, dans la Revue des trois millions : il n'y chante
que quatre soirs car il y a trop de soldats allemands dans la salle), Gaité Montparnasse
(février 1943), A.B.C. (automne 1943)...
En septembre 1943, Charles Trenet est réquisitionné pour aller chanter en Allemagne
devant les prisonniers français. Il s'y produit en compagnie d'Edith Piaf et de Fred Adison
et de son orchestre. A la Libération, appelé à comparaître devant le comité d'épuration
des artistes, il est blanchi, sans aucun blâme ni interdiction. L'année 1945 marque le
début d'une carrière internationale triomphale, en particulier aux Etats-Unis et au Canada.
Il fait sa rentrée en 1951 au Théâtre de l'Etoile ("L'âme des poètes", "Mon vieux ciné", "Le
Serpent python"). Il suit le Tour de France en 1952, avec un gala à chaque étape puis une
tournée, retourne en Amérique en 1953, passe à l'Olympia et à l'Européen en 1954. En
1955, il se produit de nouveau à l'Olympia, avec "Moi j'aime le music-hall", " Route
Nationale 7", "La Java du diable", puis à l'Alhambra en 1957 ("Le Jardin extraordinaire",
"A la porte du garage"). En 1958, il fait sa première tournée au Japon, où déjà l'indicatif de
la radio nationale est le thème de "La Mer". Comme tous les interprètes de sa génération,
Charles Trenet accuse le coup de la déferlante yé-yé des années 1960. Bien qu'il
rencontre un succès égal à l'étranger, le public français est plus mitigé (au Théâtre de
l'Etoile en 1961, à Bobino en 1965 et 1966). Après le Théâtre de la Ville en 1969, son
véritable retour est l'Olympia en 1971 ("Fidèle"). On entend à nouveau des chansons de
Charles Trenet à la radio. En dehors de la chanson, il s'essaye très tôt à la peinture, et
reste l'auteur de plusieurs romans : Dodo manières, La Bonne planète et Un noir
éblouissant. Vedette du premier Printemps de Bourges en 1977, il y retourne 10 ans plus
tard, il fait un triomphe devant un public de jeunes. Jacques Higelin le rejoint sur scène.
Redécouvert par toute une génération, public et artistes confondus, pour sa modernité, il
fait aussi figure de monument, avec décorations, et candidature à l'Académie Française.
En novembre 1992, il sort l'album Mon coeuur s'envole. Trois ans plus tard, Fais ta vie
paraît. Rien ne semblant l'arrêter il sort un nouvel album, Les Poètes descendent dans la
rue, comprenant quatorze nouveaux titres, le 21 mai 1999. Il se produit trois soirs de suite,
en novembre de la même année, sur la scène de la salle Pleyel. Charles Trenet décède le
19 février 2001, des suites d'une attaque cérébrale, à l'âge de 87 ans.
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