Comment au quotidien, dépasser nos différences
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Comment au quotidien, dépasser nos différences
Familles Nouvelles (Focolari) WE « en couple » Les Naudières 17-18 novembre 2012 Thème 1 : Comment au quotidien, dépasser nos différences On vit tous des situations plus ou moins proches de celles que nous venons de voir. Certes ici les traits sont grossis mais on s’y retrouve bien... Et ça fait du bien de réaliser qu’on est tous confronté à ces situations de tensions non pas parce qu’on se débrouille moins bien que les autres couples mais parce que nous nous heurtons sans cesse à nos différences : différences par rapport à notre histoire familiale, à nos centres d'intérêts, notre psychologie, parce que je suis une femme et parce qu’il est un homme.... Et avec le temps, nous ne nous habituons pas à ces différences, au contraire, elles nous irritent de plus en plus. Alors deux attitudes sont possibles. Soit, nous nous résignons (ça ne changera jamais, on accumule les sujets tabous car trop explosifs, les reproches), mais nous risquons d’être déçue par notre vie de couple, et de devenir aigri et de voir notre amour s’affaiblir. Soit (deuxième attitude) : nous croyons que nous vallons mieux que cela et que notre amour peut rester toujours vivant, dynamique. Alors nous décidons de continuer à aimer l’autre mais avec la volonté cette fois. Certes cela veut dire prendre des risques celui de se mouiller pour poser des actes d’amour concrets sans savoir comment ils seront reçus, s’il y aura la réciprocité, si notre conjoint accueillera ces gestes d’amour à la hauteur de nos efforts.. Mais comme dit «Herbert Cabe (dominicain) « si vous aimez vous risquez d’être blessés, voir tués. Si vous n’aimez pas, vous êtes déjà mort ». Mais lorsque nous osons aimer avec la volonté, nous disposons alors d’une liberté extraordinaire et c’est là que se situe la vraie fidélité. Mais cette volonté d’aimer, de s’aimer, comment se traduit-elle concrètement au quotidien, dans notre vie de couple. Il existe un chemin propre à chacun, à chaque couple. Mais nous pouvons dégager quelques repères qui présupposent comme attitude intérieure que je sois disposée à changer ma manière d’être et de faire et non pas prétendre changer tel ou tel trait de caractère de mon conjoint. 1er repère : Aimer comme soi-même / fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse.. « Aimer son mari ou sa femme comme soi-même », si nous prenons cette phrase à la lettre, le «comme» n’est pas une indication un peu vague et un peu générale. Ce comme nous donne la mesure maximale de l’amour. En effet, nous nous rendons compte qu’avec le temps notre «moi» prends plus de place que l’amour pour notre conjoint. Il nous faut donc opérer une conversion et l’aimer comme un autre soi-même : s’il souffre, je souffre avec lui : pas en Jean Christophe et Gwenaëlle Foureau Comment au quotidien dépasser nos différences Week-end « en couple » 17-18 novembre 2012 Page 1 / 5 restant extérieur mais en m’identifiant vraiment à sa souffrance ; s’il a un projet ce projet devient vraiment le mien. Expérience personnelle Mais, toute la difficulté réside dans le fait que notre mari, notre femme n’a pas les mêmes besoins que nous. Nous devons donc essayer de l’aimer avec la même intensité mais le plus souvent pas de la manière dont nous nous aimerions être aimés. Cela demande un amour délicat qui prend le temps de décoder les gestes d’amour qui disent vraiment «je t’aime à notre conjoint : Se sent-il aimé lorsque je lui prépare un bon petit plat, lorsque j’arrive à organiser une soirée pour nous deux, lorsque je prends le temps de l’embrasser en le regardant dans les yeux quand il rentre du travail, quand je m'assois avec lui pour regarder un film que je n’aurai pas regardé. Mais ce n’est pas tout, non seulement nos besoins sont différents car je suis un homme et elle une femme mais ces besoins évoluent au cours de la vie. Pourtant il n’est pas toujours facile de se laisser étonner par notre conjoint, après plusieurs années de mariage. En effet, après quelques temps, nous sommes tentés de croire que nous avons cerné notre mari, notre femme. Nous avons entendu chaque histoire de son enfance, de son service militaire. Nous pouvons prévoir ses plaisanteries, ce qu'il commandera au restaurant et ce qu'il oubliera d'emporter en vacances. Le défi de l’amour est d’essayer de percer un peu plus son mystère, de découvrir ses trésors, ses cicatrices, pour l’aimer avec toujours plus de raffinement comme il a vraiment besoin d’être aimé... 2 ème repère: bien vivre l’instant présent Un secret que Chiara Lubich a redécouvert pendant la guerre et qui peut nous aider à faire grandir l’amour dans notre couple est celui de l’instant présent. Elles et ses compagnes pouvaient mourir d’un moment à l’autre dans les bombardements. Elles se sont demandées comment aimer ce Dieu d’amour qui les avait enflammées, et elles ont compris que ce ne pouvait être que maintenant, tout de suite, car elles ne savaient pas si elles auraient un après. Je la cite : « Le seul instant que nous avions entre nos mains était le moment présent. Le passé était déjà passé. Quant à l’avenir, nous ne savions pas s’il existerait un jour. En vivant le présent, nous nous préparions à bien vivre l’avenir quand il serait devenu présent.» D’autres en ont parlé avant elle. Thérèse de Lisieux disait : « Je ne souffre qu’un instant. C’est parce qu’on pense au passé et à l’avenir qu’on se décourage et qu’on désespère. » . Expé : Mais il ne s’agit pas d’un secret chrétien, dans d’autres religions, l’instant présent est aussi un élément clé de la vie. Dans l’islam par exemple, un hadith Jean Christophe et Gwenaëlle Foureau Comment au quotidien dépasser nos différences Week-end « en couple » 17-18 novembre 2012 Page 2 / 5 de Mahomet affirme : « Quand le soir tombe, ne pas attendre le matin et, quand vient le matin, ne pas attendre le soir. Quelle que soit la situation on peut toujours décider d’aimer dans l’instant présent son conjoint. Certes cela nécessite parfois de se faire violence pour nous dépouiller de tout ce qui occupe notre esprit, un souvenir, une idée, un souci, une personne, une peur, un projet ... mais qui ne concerne pas le présent et nous empêche d’avoir l’esprit libre pour aimer le prochain qui est juste à côté de nous, à ce moment-là.... Expé : 3ème repère : croire à la présence de jésus dans mon conjoint Il arrive souvent que l’on se heurte à nos limites dans l’amour. Ces limites à l’amour, je peux les expérimenter en moi, et je peux les expérimenter aussi dans l’autre. Bien sûr, chaque fois que l’on touche à l’une de ces limites, on souffre, on se décourage et on arrive plus à continuer à aimer. Les chrétiens peuvent être aidés par cette pensée, voir Jésus en son conjoint et l’aimer au-delà de ses limites, parce que Jésus attend d’être aimé en lui, comme il l’a dit dans l’Evangile « chaque fois que vous faites quelque chose pour l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites » Expé : Voir Jésus dans l’autre a une autre conséquence : Si jésus habite en mon conjoint alors il/elle peut m’exprimer la sagesse de jésus. Expé : 4ème repère : comment se mettre d’accord quand nos avis divergent Dans le quotidien, il y a sans cesse des occasions de devoir prendre des décisions : par exemple se mettre d’accord pour le prochain lieu des vacances, pour choisir les meubles de la cuisine que nous refaisons, savoir si on déjeune dehors sur la terrasse ou bien dedans... Mais dans ces momentslà bizarrement nos différences ressortent de manière exacerbée et nous sommes souvent dans l’impasse : comment faire pour se mettre d’accord ? Qui a raison ? Dans L’Evangile selon St Mathieu, au chapitre 18, Jésus nous donne la clé pour arriver à la construction de l’accord dans notre couple : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux. » Cela veut dire que si nous nous aimons, alors Dieu nous fait la promesse d’être présent au cœur de Jean Christophe et Gwenaëlle Foureau Comment au quotidien dépasser nos différences Week-end « en couple » 17-18 novembre 2012 Page 3 / 5 notre couple et de nous donner sa sagesse, sa lumière. C’est cette sagesse que l’on cherche finalement quand on veut trouver l’accord qui nous rend tous les 2 heureux. Il s’agit donc, pour nous chrétiens, de trouver la vision de Jésus pour cette situation précise et non pas d’essayer d’avoir la même idée ou de trouver un consensus mou. Pour cela, il faut avoir le courage de s’expliquer c’est-à-dire de pouvoir dire à l’autre avec précision son idée pour qu’elle soit la mieux comprise possible. Mais mon idée m’apparaissant forcément juste, sinon je ne la ressentirai pas, je risque de m’expliquer en essayant de convaincre, et donc d'agresser l’autre et de rompre l’harmonie entre nous. L’autre écueil est de me dire « je me tais puisque de toute façon, il ne me comprends pas, il ne m’écoute pas », mais je le fais en bougonnant, en me refermant. Dans ce cas-là je suis attachée à mon idée que j’estime la meilleure et au lieu de la proposer, je la garde en y restant attachée. Du coup en ne mettant pas mon idée à la disposition j'empêche l’accord d’être trouvé. Alors comment faire : tout est une question d’amour pour l’autre : si l’explication est au service de l’amour très bien mais si l’explication sert seulement à défendre sa propre idée, ce n’est pas un don d’amour, mieux vaut se taire. Si je me tais par amour pour permettre à l’autre d’exprimer son opinion, pour ne pas blesser sa sensibilité en me taisant je contribue alors à faire grandir l’amour entre nous qui permet la présence de Dieu et donc de comprendre la vision de jésus Nous pouvons donc donner notre idée et en la donnant nous la perdons. Certainement cette démarche nous coûte, nous fait prendre le risque que notre idée ne sois pas retenue. Mais n’ayons pas peur avec Dieu on s’y retrouve toujours, il nous donne toujours le centuple. Par conséquent, n’ayons pas peur de donner à notre conjoint ce que l’on pense car vouloir trouver l’accord ne veut pas dire s’écraser : chacun dans le couple a le doit donner ses compétences, ses connaissances, mais nous donnons notre idée non pas pour qu’elle soit retenue mais comme un don au patrimoine commun qu’est l’unité. Alors il n’y a plus l’idée qui est à moi et celle qui est à l’autre mais des idées dans le pot commun de l‘unité. Mais, ce n’est pas une recette magique, c’est une expérience humaine et divine à la fois, alors parfois cette expérience réussit, parfois non… Mais le fait que ça ne marche pas à tous les coups ne doit pas nous faire croire que nous faisons fausse route, mais doit nous pousser à oser recommencer cette gymnastique à chaque fois qu’il y a désaccord. 5ème repère : cultiver la confiance vis à vis de mon conjoint Dans notre couple passer notre temps à calculer ce que fait chacun pour l’autre, ne nous rend pas heureux : J’attendrais par exemple que mon conjoint Jean Christophe et Gwenaëlle Foureau Comment au quotidien dépasser nos différences Week-end « en couple » 17-18 novembre 2012 Page 4 / 5 donne un peu de lui-même lorsque que j’estimerais que je donne déjà beaucoup dans tel ou tel domaine. En effet, l’amour vrai n’attend pas, il est gratuit, il fait le premier pas, il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Nous en sommes convaincus, mais pourtant dans notre quotidien, arrivent insidieusement ce types de pensées : «c’est toujours moi qui ferme la porte du garage le soir, c’est toujours moi qui prépare le repas, c’est toujours moi qui bouge tout le monde pour ne pas arriver en retard à la messe le dimanche matin...» Alors comment passer de cette attitude de méfiance, d’attente passive à une attitude de confiance vis à vis de mon conjoint? Cela commence par penser que mon mari, ma femme veut certainement ce que je veux moi aussi. Et qu’est-ce que je veux ? Je veux aimer mon conjoint, qu’il soit heureux, je veux que dans notre famille l’amour circule, et que Dieu puisse y être présent (comme nous le disions tout à l’heure)...Etre sûr donc que notre conjoint veut la même chose et rien d’autre peut nous éviter pas mal d’interprétation, de jugements. Expé : Alors que si nous adoptons la culture de la confiance nous reconnaissons que notre femme, notre mari agit par amour pour nous, pour la famille et nous accueillons cela comme des cadeaux Avoir confiance dans la bonne volonté de l’autre, c’est aussi accepter que ses limites le font également, voire plus, souffrir et ne sont pas forcément des manques d’amour prémédités... Expé : Et qui suis-je, moi, pour m’interposer, en disant : « Tu as bien fait », ou : « tu as mal fait » ? En étant dans cette attitude de confiance on peut expérimenter une vraie liberté intérieure. Et du coup cette phrase de l’évangile prend tout son sens : « nul ne prend ma vie, c’est moi qui la donne » . Cette culture de la confiance nous permet et de choisir librement d’aimer sans se sentir manger par les autres, et d’accueillir ce que fait l’autre comme une marque d’amour pour nous Voilà ces quelques repères pour toujours raviver notre amour et être heureux d’être ensemble. Jean Christophe et Gwenaëlle Foureau Comment au quotidien dépasser nos différences Week-end « en couple » 17-18 novembre 2012 Page 5 / 5